Cellules tumorales et ADN libre circulant dossier thématique ADN circulant, PCR digitale et cancers colorectaux Circulating DNA, digital PCR and colorectal cancers » Les avancées récentes dans le domaine de la PCR digitale, dues en partie à l’apport des systèmes microfluidiques, permettent aujourd’hui la détection d’altérations moléculaires spécifiques de tumeurs directement dans les effluents biologiques. En permettant une analyse non invasive du statut mutationnel des patients atteints de cancer, ces procédures pourraient devenir un outil indispensable dans le suivi de ces patients. Summary RÉSUMÉ Valérie Taly*, Philippe Nizard*, Pierre Laurent-Puig*,** Mots-clés : ADN tumoral circulant – Cancer colorectal – PCR digitale – Microfluidique – Biomarqueurs du cancer. L * Université Paris Sorbonne Cité ; Inserm UMR­S775 ; centre universitaire des Saints­Pères, Paris. ** Département de biologie, hôpital euro­ péen Georges­Pompidou, AP­HP, Paris. 188 a recherche d’altérations génétiques dans les cellules tumorales fait partie de la prise en charge des patients atteints de cancer. En effet, ces marqueurs aident au diagnostic, au pronostic et, surtout, à orienter le traitement dans le cadre de la médecine de précision. Les avancées récentes dans le domaine de la PCR digitale ouvrent la voie à la détection et à la quantification de ces marqueurs directement dans les liquides biologiques (ce qu’on appelle une “biopsie liquide”), dont le plasma. Avec plus de 600 000 morts par an dans le monde, le cancer colorectal est une des formes les plus communes de cancer et la seconde cause de décès liés au cancer dans les pays occidentaux (plus de 300 000 nouveaux cas aux États-Unis et en Europe chaque année). Son incidence augmente en France de 1 % par an depuis 20 ans. La survie à 5 ans de ces patients est de 40 à 50 %. Le pronostic du cancer colorectal est étroitement associé au stade de la maladie au moment du diagnostic. Le taux de survie à 5 ans est de 94 % lorsque le cancer colorectal est dépisté et traité à un stade précoce (stade I). Il est par conséquent très important d’identifier au plus tôt la présence ou la récidive de ce cancer. Malgré des progrès thérapeutiques récents, le diagnostic, le pronostic et la prédiction de la réponse théra- Recent developements in digital PCR, greatly favorized by microfluidics systems contribution, are now allowing the highly sensitive detection of tumor-specific molecular alterations directly in biological samples including blood. By allowing the noninvasive analysis of the mutational status of patients with cancer, these procedures could become a major tool for patient follow-up. Keywords: Circulating DNA – Colorectal cancer – Digital PCR – Microfluidics – Cancer biomarkers. peutique posent des problèmes de santé publique encore non résolus. Des réseaux d’altérations génétiques complexes ont été décrits pour la plupart des cancers. Celles-ci sont hautement spécifiques des tumeurs et permettent donc de distinguer les cellules tumorales des cellules saines. En permettant la caractérisation des tumeurs à l’échelle moléculaire, de tels biomarqueurs sont tout particulièrement intéressants pour la recherche en cancérologie, le diagnostic et le traitement du cancer. Les biomarqueurs du cancer peuvent être de 3 types : pronostique (traiter ou non ?), prédictif (quel médicament ?) et pharmacodynamique (quelle dose ?), chacun pouvant aider au développement de stratégies thérapeutiques efficaces et de médicaments anticancéreux. Dans les tumeurs solides comme celles du côlon ou du sein, au moins une quinzaine de mutations somatiques sont présentes dans pratiquement toutes les cellules tumorales, mais qui sont absentes des cellules normales. Ces mutations peuvent servir de biomarqueurs hautement spécifiques (1). De plus, une meilleure connaissance des cibles moléculaires des chimiothérapies a permis l’identification de facteurs génétiques prédictifs de la réponse aux médicaments utilisés pour le traitement des cancers digestifs et de Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 ADN circulant, PCR digitale et cancers colorectaux leur toxicité, rendant ainsi possible dans le futur de proposer, pour chaque patient, un traitement personnalisé. Par exemple, il a été montré que la présence de mutations de KRAS est associée à l’absence de réponse aux traitements ciblés du cancer colorectal employant des anticorps anti-EGFR (2). Il a été démontré que de l’ADN libre circulant présentant des altérations génétiques spécifiques de tumeurs pouvait être détecté dans le plasma et le sérum de personnes atteintes de cancer (3). Ainsi, il a été décrit que les niveaux d’ADN tumoraux circulants chutent après résection complète de la tumeur et augmentent à nouveau si de nouvelles lésions apparaissent. Des études préliminaires ont établi la valeur pronostique de telles altérations et ont montré que la présence d’ADN libre circulant associé aux tumeurs dans le plasma peut être utilisée pour identifier des patients avec un fort risque de récidive (3). Les avancées des connaissances moléculaires sur les tumeurs solides ainsi que le développement de techniques permettant une grande sensibilité de détection des mutations (dont les procédures de PCR digitale que nous développerons plus loin dans cet article) autorisent aujourd’hui la détection de l’ADN tumoral dans des effluents biologiques. En effet, la détection de l’ADN tumoral circulant de manière non invasive dans le plasma, les selles ou les urines requiert des méthodes très sensibles et, idéalement, quantitatives. La transposition de ces techniques à grande échelle avec un nombre important de mutations différentes est une limitation encore non résolue. En effet, la détection de tels ADN demeure un défi, puisqu’ils représentent une très petite fraction de l’ADN total circulant, souvent moins de 0,01 % (1). ADN circulant libre dans le sang La présence d’acide nucléique dans le sérum ou le plasma a été décrite dès 1948 par Mandel et Metais (4). La présence d’ADN circulant chez des patients atteints de maladies systématiques a été mise en évidence une vingtaine d’années plus tard (5). C’est en 1977 que Leon et al. mettent en évidence de l’ADN circulant dans le sérum de patients atteints de cancers (6) en quantité plus importante que chez des sujets non cancéreux. Ces résultats ont ensuite été confirmés dans une série de cancers colorectaux (7). La concentration moyenne de l’ADN libre circulant dans le sérum était de 118 ng/ml chez les patients atteints de pathologie intestinale bénigne et de 412 ng/ml chez les patients atteints de cancers digestifs. Dans une étude plus récente, la concentration moyenne de l’ADN circulant libre mesurée dans le plasma était de 194 ng/ml (extrêmes : 25-980 ng/ml) chez les patients atteints de cancer colorectal et de 3,7 ng/ml chez les sujets sains (8). Depuis ces publications, de nombreux travaux ont été publiés (pour une revue, voir Lecomte et al. [9]) ; ils ne montrent pas de corrélation claire entre la quantité d’ADN circulant et le stade tumoral. Comme nous l’avons vu plus haut, des niveaux élevés d’ADN circulant dans le plasma ou le sérum ne sont pas spécifiques d’une maladie maligne, mais ont également été trouvés dans des maladies non tumorales (infarctus du myocarde, traumatisme ou maladie inflammatoire telle que la polyarthrite rhumatoïde). Les comparaisons entre les niveaux d’ADN circulant et les marqueurs tumoraux couramment utilisés dans le cancer du côlon (antigène carcinoembryonnaire [ACE]), le cancer de la prostate (antigène prostatique spécifique [PSA]) et le cancer du sein (CA 15-3) ont démontré qu’ils sont corrélés de manière significative. La valeur diagnostique des niveaux sériques de l’ADN libre circulant semble être supérieure à celle de l’ACE pour le cancer colorectal (10). Dans le cadre d’une étude portant sur une série de 26 patients ayant subi une résection potentiellement R0 des métastases hépatiques du cancer colorectal, un niveau élevé de l’ADN circulant libre préopératoire était prédictif d’une récidive (11). Une étude récente suggère que l’augmentation des niveaux d’ADN circulant au cours du suivi des patients ayant subi une chirurgie R0 pour un cancer colorectal est associée à la survenue d’une récidive (12). En outre, dans cette étude, qui portait sur 70 patients, la baisse des niveaux d’ADN circulant librement, mesurée sur des échantillons de plasma prélevés 4 et 10 mois après la chirurgie, était associée à l’absence de récidive de la maladie. La nature tumorale de l’ADN circulant a été montrée en 1994 par Sorenson et al. (13), par la détection des mutations de l’oncogène KRAS dans le plasma des patients atteints de cancer du pancréas. Les mutations de l’oncogène KRAS détectées dans l’ADN du plasma circulant librement étaient identiques à celles détectées dans la tumeur primaire pancréatique de ces mêmes patients (14-17). Depuis ces premiers travaux, des altérations somatiques spécifiques de l’ADN tumoral ont pu être détectées dans le plasma ou le sérum de la majorité des tumeurs solides (18). De même, la plupart des altérations génétiques somatiques décrites dans les tumeurs solides ont pu être détectées dans l’ADN circulant plasmatique ou sérique chez des patients atteints de cancer (18). Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 189 Cellules tumorales et ADN libre circulant dossier thématique L’origine précise de l’ADN circulant n’est pas connue. Plusieurs hypothèses ont été proposées. L’ADN tumoral proviendrait des cellules tumorales apoptotiques ou nécrotiques de la tumeur primitive. Il pourrait aussi être activement transporté à travers la membrane des cellules tumorales. Enfin, il pourrait provenir de la lyse des cellules tumorales circulantes ou de micrométastases. Altérations moléculaires de l’ADN circulant libre dans le cancer colorectal Parmi les altérations génétiques fréquemment observées dans le cancer colorectal, les mutations de l’oncogène KRAS et des gènes suppresseurs de tumeur TP53 et APC ont été détectés dans le sérum ou le plasma des patients atteints de cancer colorectal (pour une revue, voir Lecomte et al. [9] et les références associées). Les mutations de l’oncogène KRAS ont été les premières altérations génétiques identifiées dans l’ADN circulant libre chez les patients atteints d’un cancer colorectal. Elles peuvent être détectés dans le plasma ou le sérum de 25 à 30 % des patients atteints de cancer colorectal. Ce faible taux de détection est lié au fait que seuls 40 % des cancers colorectaux sont porteurs d’une mutation de KRAS. Si l’on ne considère que les tumeurs mutées pour l’oncogène KRAS, le taux de détection de la même modification dans l’ADN circulant est d’environ 50 %. Cette fréquence augmente avec le stade de la maladie, et les patients ayant une maladie métastatique sont plus fréquemment détectés positifs dans leur plasma ou leur sérum que les malades ayant une maladie localisée. Cependant, la comparaison des différentes séries de la littérature est rendue difficile, car diverses techniques ayant des sensibilités différentes sont utilisées. Ces différents travaux, bien qu’ils aient montré la faisabilité de la détection d’ADN tumoral circulant au sein d’échantillons biologiques, ont également mis en évidence la nécessité d’augmenter la sensibilité des tests. Méthodes d’identification d’altérations moléculaires au sein de l’ADN circulant libre Comme nous l’avons vu plus haut, les altérations génétiques spécifiques de la tumeur peuvent être détectées à partir de l’ADN tumoral présent dans le plasma et le sérum de patients atteints de cancer colorectal. Cependant, les techniques classiques de détection de 190 mutations ne sont pas suffisamment sensibles : leur seuil de sensibilité est de l’ordre de 0,1 à 1 %, alors que l’ADN tumoral circulant représente souvent moins de 0,01 % de l’ADN total circulant (19). Le développement des procédures de PCR digitales pourrait permettre de franchir le saut technologique nécessaire à l’analyse systématique de l’ADN tumoral circulant (pour des revues, voir Taly et al. [20] et Baker [21]). Dans le but d’utiliser au mieux les différentes altérations génétiques mises en évidence en tant que biomarqueurs en oncologie clinique, il est nécessaire de distinguer des altérations spécifiques de tumeurs au sein de grandes quantités d’ADN provenant des cellules normales (19). Les méthodes utilisées communément, dont la discrimination allélique par sondes TaqMan®, l’ARMS (Amplification Refractory Mutation System) ou le SNaPshot®, revendiquent un seuil de détection minimal d’ADN muté de l’ordre de 0,1 à 1 % (copies mutées au sein d’un excès de copies sauvages). De plus, ces méthodes sont généralement qualitatives ou ne donnent qu’une estimation vague de l’abondance des molécules d’ADN mutantes (22). La majorité des méthodes utilisées pour caractériser les altérations génétiques incorporent une étape de PCR. Cette technique présente de nombreuses limitations (amplification préférentielle de petits fragments, production de séquences chimériques, difficulté de détecter des ADN peu représentés), en particulier pour l’amplification de mélanges complexes d’ADN (comme l’ADN extrait de tumeurs, du plasma ou des selles). En effet, l’ADN issu de ces échantillons biologiques est en fait un mélange d’ADN issu de cellules normales et cancéreuses. Le signal obtenu lors d’un test représentera en réalité un signal moyen qui englobera l’ensemble des signaux correspondant aux différents ADN présents. Dans ces conditions, la présence d’un ADN d’intérêt peut échapper à une analyse s’il ne représente qu’une infime fraction de la population totale, comme lors des études diagnostiques (recherche de cellules cancéreuses circulantes, mise en évidence de génotypes minoritaires, etc.). De plus, les tumeurs sont des tissus génétiquement hétérogènes, ce qui limite l’utilité de ce type d’analyse globale. En compartimentant les molécules cibles, il devient possible de les analyser indépendamment. Il est ainsi possible d’atteindre une très haute sensibilité, puisque celle-ci ne dépend que du nombre d’événements analysés. Ce concept est le fondement de la PCR digitale, où chaque molécule d’ADN est tout d’abord isolée dans un puits de plaque de microtitration, avant que la présence des molécules d’intérêt soit révélée par PCR (23). En utilisant les technologies actuelles (microplaques à 1 536 puits avec des Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 ADN circulant, PCR digitale et cancers colorectaux capacités de 1 à 2 μl), davantage de miniaturisation est problématique : pour des volumes inférieurs au microlitre, le comportement des liquides est dominé par l’évaporation et les forces capillaires qui vont, par exemple, conduire à la formation de ponts entre les puits. L’utilisation de systèmes microfluidiques en flux continu (non digitaux) a permis d’augmenter encore les capacités de miniaturisation. La société Fluidigm utilise des réseaux de valves pneumatiques pour confiner des réactions en microréacteurs de quelques nanolitres, réduisant de ce fait les quantités de réactifs et augmentant significativement les débits d’analyse (24, 25). Néanmoins, le débit de ces méthodes n’excède pas quelques dizaines de milliers de réactions en parallèle, et la réalisation d’expériences à très haut débit (plusieurs millions de réactions parallèles) nécessite une réduction de volume supplémentaire. La compartimentation in vitro (IVC) est une approche digitale où les réactions sont confinées dans les gouttes d’une émulsion d’eau dans l’huile (26). Des millions de compartiments d’un volume allant du picolitre au femtolitre sont produits en parallèle par émulsification, et chacun se comporte comme un microréacteur indépendant contenant l’ensemble des éléments nécessaires à une réaction. La PCR en 1. PCR émulsion (ePCR) est une des nombreuses applications de cette technologie qui permet de surpasser les limitations liées à l’amplification de mélanges complexes d’ADN. Dans cette procédure, chaque réaction sur molécule individuelle est confinée dans une gouttelette aqueuse microscopique. L’ePCR a été utilisée pour la transcription inverse de molécules uniques, la détection et la quantification de mutations génétiques rares, l’haplotypage et le criblage à haut débit de cibles pour des facteurs de transcription, et permet l’amplification de l’ADN dans 2 séquenceurs de nouvelle génération (Genome Sequencer FLX de Roche et SOLiD® de Life Technologies) [pour une revue, voir Taly et al. (27)]. L’utilisation de l’ePCR permet une très forte diminution des volumes d’échantillons et de réactifs utilisés et une très forte augmentation des débits d’analyse. Ces particularités sont autant d’avantages quand il s’agit d’échantillons cliniques. La pertinence de l’utilisation de l’ePCR pour les applications diagnostiques et pronostiques a déjà été démontrée grâce à l’utilisation d’une méthode appelée BEAMing (nommée selon ces composantes : Beads, Emulsion, Amplification et Magnetics) [28, 29] (figure 1). L’approche BEAMing a été appliquée à la détection d’ADN circulant du plasma et des selles (1, 30), et les 2. Émulsification 3. PCR 4. Désémulsification A B Séquence normale Séquence mutante ADN circulant libre Amplicons extrait de plasma avec une séquence étiquette C G Émulsion d’eau-dans-l’huile de milieu réactionnel de PCR Émulsion de billes portant de nombreux amplicons Suspension aqueuse de billes portant de nombreux amplicons C ddG C PE Séquence normale PE CyS Hybridation des amorces T A Extension des amorces T PE Séquence mutante T ddA PE FITC Figure 1. Principe de la procédure BEAMing : exemple d’une des stratégies utilisées pour détecter des séquences mutantes. A. Des billes possédant de multiples variantes d’une séquence cible sont produites par une version modifiée de la procédure originale décrite par Dressman et al. (29). B. Une procédure d’extension d’amorce est réalisée sur les séquences immobilisées sur les billes. Figure d’après Diehl et al. (1) [Copyright (2005) National Academy of Sciences, USA. PNAS is not responsible for the accuracy of this translation]. Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 191 Cellules tumorales et ADN libre circulant dossier B Création de gouttes ADN extrait de plasma de patient Gouttelettes contenant de l’ADN normal Gouttelettes contenant de l’ADN mutant Gouttelettes sans ADN cible (“vides”) Thermocyclage des réactions (PCR) Solution de PCR Sonde TaqMan® VIC spécifique de la séquence 1 (concentration haute) Sonde TaqMan® VIC Sonde TaqMan® FAM spécifique de la séquence 2 spécifique de la séquence 4 (concentration basse) (concentration haute) Sonde TaqMan®FAM spécifique de la séquence 3 (concentration basse) Lecture de la fluorescence des gouttelettes individuelles Thermocyclage des réactions (PCR) Gouttelettes contenant de l’ADN cible 1 Création de gouttes Gouttelettes contenant de l’ADN cible 2 Gouttelettes contenant de l’ADN cible 3 Gouttelettes contenant de l’ADN cible 4 Gouttelettes sans ADN cible Fluorescence rouge (VIC) Solution de PCR Sonde TaqMan® conjuguée au fluorophore VIC (spécifique de la séquence normale) Sonde TaqMan® conjuguée au fluorophore FAM (spécifique de la séquence mutante) ADN extrait de plasma de patient Séquences normales Gouttelettes “vides” Séquences mutantes Fluorescence verte (FAM) Lecture de la fluorescence des gouttelettes individuelles Fluorescence rouge (VIC) A thématique Séq. 1 Séq. 2 Séq. 3 Séq. 4 Fluorescence verte (FAM) Figure 2. Représentations schématiques de stratégies de PCR digitale dites en duplex (A) ou en multiplex (B). La première stratégie permettra, par exemple, de quantifier une séquence mutante en se basant sur la quantité mesurée de la séquence normale. La seconde stratégie permettra de détecter quantitativement de multiples séquences cibles (modifié, d’après Taly et al. [35]). Références 1. Diehl F, Li M, Dressman D et al. Detection and quantification of mutations in the plasma of patients with colorectal tumors. Proc Natl Acad Sci USA 2005;102:1636873. 2. Lièvre A, Bachet JB, Le Corre D et al. KRAS mutation status is predictive of response to cetuximab therapy in colorectal cancer. Cancer Res 2006;66:3992-5. 3. Lecomte T, Berger A, Zinzindohoue F et al. Detection of free-circulating tumorassociated DNA in plasma of colorectal cancer patients and its association with prognosis. Int J Cancer 2002;100:542-8. auteurs ont exploré la possibilité d’utiliser de l’ADN libre circulant dérivé de tumeurs pour la prise en charge du cancer colorectal (pour un commentaire dans Nature Medecine, voir Fleischhacker et Schmidt [31]). Ces limitations peuvent être résolues en utilisant des systèmes microfluidiques pour la production des gouttelettes (polydispersité < 1,5 %) et leur manipulation. Ainsi, des systèmes microfluidiques peuvent être employés pour produire, manipuler et analyser des gouttelettes d’un volume allant du picolitre au nanolitre (22, 32). Ces systèmes ont permis le développement de stratégies de PCR digitale simples permettant la détection très sensible de mutations rares au sein de mélanges d’ADN complexes (33, 34) [voir figure 2 pour des exemples de stratégies]. Ces procédures ont également été étendues à la détection en multiplex de différentes mutations de l’oncogène KRAS au sein d’échantillons d’ADN circulant issus de patients atteints de cancer colorectal avancé (35). L’ensemble des travaux visant à l’utilisation de la PCR digitale pour l’évaluation des échantillons sanguins de patients ouvre une voie prometteuse pouvant mener à l’utilisation clinique systématique de biopsies liquides dans le cadre du cancer colorectal. De nombreuses procédures ont été décrites, et différents appareils commerciaux utilisant la PCR digitale ont été développés ces dernières années, offrant la possibilité de réaliser des expériences de validation de l’utilisation de la PCR digitale pour l’analyse de ce type d’échantillons à grande échelle impliquant des collections rétrospectives et prospectives de patients. Ainsi, l’ADN circulant pourra être utilisé pour évaluer la réponse au traitement et pour identifier les événements de récurrences de cancer. Son analyse pourra fournir une image en temps réel du statut mutationnel du patient sans avoir à se reposer sur des échantillons archivés de la tumeur primitive ou à effectuer des biopsies invasives de sites métastatiques. Finalement, la possibilité de détecter l’ADN tumoral circulant ouvre également la possibilité d’un dépistage et d’un diagnostic précoces avant qu’un cancer devienne cliniquement détectable (36). ■ 5 M e N V. Taly déclare avoir des liens d’intérêts avec Raindance Technologies. P. Nizard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts. P. Laurent­Puig déclare avoir des liens d’intérêts avec Raindance Technologies, Merck et Amgen. 192 Correspondances en Onco-Théranostic - Vol. II - n° 4 - octobre-novembre-décembre 2013 14213_ ADN circulant, PCR digitale et cancers colorectaux ADN circulant, PCR digitale et cancers colorectaux Circulating DNA, digital PCR and colorectal cancers Valerie Taly*, Pierre Laurent-Puig*,** Références 4. Mandel P, Metais P. 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