de compétitivité sur notre territoire. Grâce à une écoute attentive des deux côtés et l’instauration de relations de
confiance, des projets collectifs ont pu être menés ! Il faut rappeler que les pôles de compétitivité sont des projets
directement portés par les entreprises !
Comment s’est fait la réappropriation du SDE par le Grand Lyon ?
Cela n’a pas été facile parce que les acteurs économiques ont eu le sentiment que la démarche était réinstitutionnalisée.
J’ai souvenir d’un entretien que j’avais eu à l’époque avec une fédération professionnelle qui regrettait un peu la
réappropriation de la démarche par le Grand Lyon. Et je pense qu’il est toujours très difficile de ne pas être tenté par
l’institutionnel et de conserver l’accroche à la base. On ne sait pas tellement comment maintenir les acteurs
économiques dans une démarche participative, car les entreprises sont portées par des préoccupations qui les
détournent naturellement de ce type de démarche ! C’est un travail en soi de mobiliser les entreprises et l’on a encore
des efforts à faire de ce point de vue là. C’est la raison pour laquelle les Etats Généraux de l’Economie Lyonnaise sont
importants car ils constituent un espace de parole et d’échanges avec les entreprises. Ils permettent de maintenir le lien
avec le tissu économique. L’idéal serait d’avoir de réels capteurs, c’est-à-dire des personnes dans les entreprises qui
seraient responsables d’une veille collective à l’échelle de l’agglomération. C’est un concept que l’on avait essayé
d’imaginer au démarrage mais qui n’a jamais abouti. Au final, ce sont les entreprises qui, à la base, sont détentrices de
l’information économique de leur secteur car elles sont en prise directe avec les tendances du tissu économique !
L’Observatoire Partenarial Lyonnais en Economie (OPALE) a lui aussi gardé sa vocation partenariale, est-ce que
vous pouvez nous en expliquer les principes ?
J’ai coutume de dire que l’OPALE est la première action concrète du SDE. Toute la masse d’information économique
était reconnue comme importante et nous souhaitions en faire un outil pérenne d’observation qui nous permette d’être en
veille et en alerte sur la situation économique du Grand Lyon. En 2000, le Grand Lyon avait lui aussi eu l’idée de
constituer un observatoire économique institutionnel pour ses besoins propres. Un audit nous a finalement orienté vers la
création d’un dispositif partenarial sous la forme d’une charte de partenariat, le pilotage technique étant dévolu à
l’agence d’urbanisme et le financement presque exclusivement assuré par le Grand Lyon. Nous aurions préféré que le
financement fût plus partagé pour répondre à l’ambition partenariale. Nous avions même émis l’idée que chaque
institution partenaire mette à disposition un chargé de mission dédié à l’observation économique mais les choses ne se
sont pas faites comme cela. On ne voulait pas que l’OPALE soit une machine à produire des statistiques. Sa vocation est
d’être un outil d’échange, de réflexion collective et de débats sur la situation et les évolutions de l’économie de
l’agglomération. C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas voulu en faire une structure mais bien un réseau
d’observation.
De quoi a-t-on besoin demain en matière d’observation économique pour être capable de prendre les bonnes
décisions de politique économique pour l’agglomération lyonnaise ?
Je pense qu’il faut élargir l’observation à l’échelle métropolitaine. L’idée qui prend forme dès à présent est de rapprocher
l’OPALE d’autres observatoires situés dans la Loire, aux portes de l’Isère ou dans l’Ain pour porter une observation
collective à l’échelle de la Région Urbaine. Le projet d’OMPREL (Observation Métropolitaine Partenariale de la Région
Economique Lyonnaise) qui date d’il y a à peu près un an, entend répondre à cet enjeu. Dans le cadre de ce projet,
conduit avec la Région Urbaine de Lyon, nous avons prévu de travailler sur cinq axes : la logistique, qui est une activité
stratégique de la métropole, des éléments de comparaison de la métropole lyonnaise avec 10 villes européennes (sur
des critères de performance, d’ouverture et d’autres), l’observation des zones d’activités, des mutations économiques et
enfin la métropole tertiaire, afin d’identifier et de suivre les différents pôles tertiaires de la métropole. Je pense que la
dimension « service » de l’économie de la région a été laissée un peu de côté jusqu’à maintenant alors qu’elle
représente près de 2/3 des emplois !
Quelle forme devrait prendre la politique économique de l’agglomération dans les années qui viennent et quels
seront les nouveaux outils qu’il faudra mettre en place pour la conduire ?
En premier lieu, concevoir la politique économique à l’échelle de la métropole (en lien avec Saint-Etienne Métropole et la
CAPI) sera incontournable si l’on veut jouer dans la cour des grands.
En second lieu, ce qui est très peu mis en avant aujourd’hui, c’est la dimension humaine du développement économique.
La volonté originelle du SDE était de créer des richesses et des emplois. Je pense que l’on a réussi dans la création de
richesses et le développement technologique, mais nous sommes peut-être passés à côté de la dimension sociale du
développement économique. Demain, j’ose espérer que notre politique économique sera plus intégratrice, c’est-à-dire
capable de mieux prendre en compte les enjeux sociaux, d’évolution de carrières et d’emplois.
Enfin, aujourd’hui, nous savons comment faire pour aider les entreprises à entreprendre ou à innover, mais nous
manquons indiscutablement d’outils pour aider nos entreprises à grandir et pour les porter à l’échelle internationale en
franchissant les différentes étapes du développement. C’est vraiment une piste d’amélioration dont les autorités locales
devront se saisir au risque de voir nos entreprises perdre en compétitivité.