Revue de presse
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - no 3 - juillet-août-septembre 2013
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prostate exprimant SPINK1 par des anticorps
monoclonaux anti-SPINK1 ou anti-EGFR réduit
respectivement d’environ 60 et 40 % la crois-
sance tumorale (de 75 % quand on les associe).
Ce traitement n’a, en revanche, aucun effet
dans des modèles n’exprimant pas SPINK1
(comme les xénogreffes classiques PC3).
Commentaire. Un peu à l’exemple de HER2 dans
les cancers du sein, ces données pourraient servir
de rationnel à des traitements ciblés comme le
cétuximab ou même des anticorps monoclonaux
anti-SPINK1. SPINK1 pourrait servir de biomar-
queur, notamment dans les cancers traités par
hormonothérapie(3). La mesure de SPINK1 dans le
sérum (mais aussi dans l’urine) pourrait également
être utile à la sélection des patients qui pourront
bénéficier d’un traitement ciblé. SPINK1 jouant
physiologiquement un rôle important en inhibant
l’activation de la trypsine dans le pancréas, il
pourrait exister, pour d’éventuels anticorps anti-
SPINK1, un risque d’induire des pancréatites.
P. Beuzeboc, Paris
1.Stenman UH. Words of wisdom. Re: Therapeutic targeting
of SPINK1-positive prostate cancer. Eur Urol 2012;62(4):733-4.
2.Ateeq B, Tomlins SA, Laxman B et al. Therapeutic tar-
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3.Leinonen KA, Tolonen TT, Bracken H et al. Association of
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sis in endocrine-treated prostate cancer. Clin Cancer Res
2010;16(10):2845-51.
Androgènes sériques :
biomarqueurs pronostiques
Le maintien d’un taux de testostérone
en dessous du seuil de 0,5 ng/ ml, qui
définit de façon conventionnelle et inter-
nationale le taux de castration, est requis dans
tous les essais thérapeutiques concernant les
CPRC. Dans cette situation, les sources non
gonadiques de testostérone peuvent être les
glandes surrénales et les cellules tumorales,
qui sont capables de surexprimer les enzymes
de la synthèse des androgènes et de synthé-
tiser de la testostérone à partir du cholestérol
et de la progestérone circulante (1, 2). Les
autres androgènes, comme l’andro stènedione
et le sulfate de déhydro épiandro stérone
(DHEA), sont aussi des agonistes du RA favori-
sant la progression tumorale. Cette étude (3) a
été réalisée à partir de l’essai COU-AA-301, qui
a montré que l’association acétate d’abiraté-
rone (AA) + prednisone augmentait la survie
après docétaxel dans les CPRCm. La question
posée était de savoir si les taux d’androgènes
circulants (à défaut de pouvoir les mesurer en
intratumoral en pratique courante) pouvaient
avoir une valeur pronostique et/ ou prédictive
de la réponse à l’AA. C.J. Ryan et al. (4) ont
évalué la relation entre les taux d’androgènes
sériques mesurés par des techniques ultrasen-
sibles (seuil de précision de 0,05 ng/ ml pour la
testo stéro némie) et la survie globale (SG). Les
taux médians de testostéronémie, d’androstè-
nedione et de DHEA étaient similaires dans les
2 bras (93 % des patients avaient un taux de
testostérone inférieur à 0,1 ng/ ml). Les résul-
tats montrent que la testostérone sérique à la
baseline, mesurée par des techniques ultra-
sensibles (5), est pronostique, indépendam-
ment du bras de traitement. La médiane de
survie s’améliore avec chaque augmentation
de quartile de niveau de testostéronémie. Une
relation similaire est observée avec les taux
d’andro stènedione et de DHEA, ce qui suggère
qu’il n’y a pas d’androgènes prédominants
responsables de cette agressivité particulière.
Commentaire. Les taux d’androgènes sériques
sont fortement corrélés à la survie (p<0,0001)
en analyse bi- ou multivariée. Les patients traités
par AA ayant des taux d’androgènes au-dessus de
la médiane présentent une médiane de survie de
17,5 à 17,9mois et survivent plus longtemps que
les patients dont le taux est inférieur à la médiane
(13,6 à 14,4mois). Ces résultats sont concordants
avec l’hypothèse que la progression tumorale
dans un contexte où le taux de testostérone
est très faible représente un état biologique et
clinique plus agressif. Comme biomarqueur
pronostique, la testostéronémie pourrait servir
de facteur de stratification dans de futures études
sur les CPRCm. Le traitement avec l’AA a montré
sa supériorité par rapport à la prednisone seule,
quels que soient les niveaux d’androgènes. L’effet
le plus important du traitement a été observé chez
les patients présentant les taux les plus faibles
d’androgènes. Cela reflète la possibilité que des
taux de testostéronémie bas peuvent se distinguer
de taux bas en intratumoral. La relation entre
les androgènes circulants et intratumoraux reste
mal comprise.
P. Beuzeboc, Paris
1.Cai C, Chen S, Ng P et al. Intratumoral de novo steroid
synthesis activates androgen receptor in castration-
resistant prostate cancer and is upregulated by treat-
ment with CYP17A1 inhibitors. Cancer Res 2011;
71(20):6503-13.
2.Locke JA, Guns ES, Lubik AA et al. Androgen levels increase
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sion of castration-resistant prostate cancer. Cancer Res
2008;68(15):6407-15.
3.Fizazi K, Scher HI, Molina A et al. Abiraterone ace-
tate for treatment of metastatic castration-resistant
prostate cancer: final overall survival analysis of the
COU-AA-301 randomised, double-blind, placebo-
controlled phase 3 study. Lancet Oncol 2012;13(10):
983-92.
4.Ryan CJ, Molina A, Li J et al. Serum androgens as prognostic
biomarkers in castration-resistant prostate cancer: results
from an analysis of a randomized phase III trial. J Clin Oncol
2013;31(22):2791-8.
5.Riggs SB, Lee G, LaRochelle J et al. Development of an
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tant prostate cancer: an important tool for future research
and clinical decisions. Presented at the American Society of
Clinical Oncology Genitourinary Meeting, San Francisco, CA,
February 14-16, 2008.
Résistance croisée
entre l’AA etl’enzalutamide
dans les CPRCm prétraités
par docétaxel
L’AA en association avec la prednisone et
l’enza lutamide (MDV3100) a obtenu l’AMM
après docétaxel dans les CPRCm à la suite
des résultats des études de phase III COU-
AA-301 (1) et AFFIRM (2) qui ont montré
une amélioration de la SG. Cette expé-
rience monocentrique de l’institut Gustave-
Roussy (3) est la première analysant les
réponses thérapeutiques à l’AA chez des
patients ayant déjà reçu de l’enzalutamide.
Elle repose sur les données de 38 sujets
traités par enzalutamide dans le cadre de
l’étude AFFIRM. La durée médiane du trai-
tement par l’enzalutamide a été de 8 mois ;
17 patients (45 %) n’ont pas présenté de
baisse du taux de PSA de plus de 50 %, 4
ont été retraités par docétaxel, 1 par caba-
zitaxel avant AA. Trois patients (8 %) ont
obtenu une réponse biologique (baisse du
taux de PSA ≥ 50 %), et 7 (18 %), une baisse
supérieure ou égale à 30 % du taux de PSA.
Sur les 12 sujets avec des cibles mesurables,
seul 1 (8 %) a présenté une réponse objective
confirmée. La médiane de survie sans pro-
gression (SSP) a été de seulement 2,7 mois
(IC
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: 2,3-4,1 mois), pour une durée médiane
de traitement de 3 mois. La médiane de SG
a été de 7,2 mois.