Survivors Teaching Students : une sensibilisation accrue au cancer de l’ovaire *OUSPEVDUJPO

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Le programme Survivors Teaching Students :
une sensibilisation accrue au cancer de l’ovaire
par Margaret Fitch, inf., Ph.D., Alison McAndrew, B.A., RAP, Fran
Turner, M.S., Elisabeth Ross, M.H.Sc., et Iris Pison, B.Sc., MBA
"CSÏHÏ
De nouvelles données probantes révèlent la présence persistante
d’une combinaison de symptômes pouvant indiquer l’existence d’un
cancer de l’ovaire. Les professionnels de la santé doivent être au
courant de ces données probantes et les incorporer dans leur prati-
que. L’organisme Cancer de l’ovaire Canada (COC) a mis en œuvre
un programme novateur dans diverses universités canadiennes en
tant que méthode visant à instruire les étudiants de premier cycle
en médecine et en sciences infirmières sur le cancer de l’ovaire. Le
programme Survivors Teaching Students a été dispensé à 3620 étu-
diants de premier cycle. Le présent article présente l’évaluation du
programme réalisée au moyen de sondages menés avant et après les
séances. Dans l’ensemble, les étudiants ont fait état d’une améliora-
tion de leurs connaissances sur l’évolution du cancer de l’ovaire, les
symptômes de ce type de cancer, les facteurs de risques afférents et
aussi de leurs perspectives sur ce qu’une femme atteinte d’un can-
cer de l’ovaire pouvait bien ressentir à l’annonce du diagnostic. En
demandant à des survivantes de présenter l’exposé en classe, les étu-
diants ont pu mettre « un visage et une voix » sur l’enjeu qu’est le
cancer de l’ovaire.
*OUSPEVDUJPO
Les femmes du Canada ont, à vie, une chance sur 70 d’être
diagnostiquées d’un cancer de l’ovaire (INCC, 2009). Environ 2700
diagnostics de ce cancer sont posés chaque année. Le cancer de
l’ovaire est le plus grave des cancers gynécologiques; à la 5e place
des cancers chez les femmes par sa fréquence, il se classe au 4e
rang des causes de mortalité. On l’a surnommé « maladie silen-
cieuse » parce que ses signes et ses symptômes sont plutôt vagues
et subtils, ce qui se traduit par des diagnostics de cancer au stade
avancé dont le taux de survie ne s’élève qu’à 20 % (Jayde, White
& Blomfield, 2009). Toutefois, de récentes études ont permis de
cerner la présence persistante d’une combinaison de symptômes
(p. ex. ballonnement, augmentation du volume de l’abdomen et
symptômes urinaires) pouvant indiquer l’existence d’un cancer de
l’ovaire (Bankhead et al., 2008; Devlin et al., 2010; Goff, Mandel,
Melancon & Muntz, 2004; Hamilton, Peters, Bankhead & Sharp,
2009). En l’absence d’un test de dépistage fiable (Andersen et
al., 2008; Jayde et al., 2009; Rossing, Wicklund, Cushing-Haugen
& Weiss, 2010), la présence de cette combinaison de symptômes
justifie la réalisation d’examens cliniques en vue de voir s’il s’agit
d’un cancer de l’ovaire. Les professionnels de la santé doivent non
seulement être au courant de ces nouveaux résultats mais encore
ils doivent les incorporer dans leur pratique. Des initiatives péda-
gogiques sont nécessaires en vue d’atteindre ce but aussi bien au
niveau du premier cycle qu’à celui des cycles supérieurs.
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La nécessité de sensibiliser davantage les professionnels de la
santé aux signes et symptômes du cancer de l’ovaire et aux facteurs
de risque d’origine familial pouvant indiquer une prédisposition au
cancer de l’ovaire ou au cancer du sein, a été dégagée dans deux
enquêtes nationales effectuées l’une auprès des médecins de famille
(Gray, Chart, Carrol, Fitch & Cloutier-Fisher, 1999) et l’autre auprès
de survivantes du cancer ovarien (Fitch, Gray, DePetrillo, Franssen
& Howell, 1999). En particulier, les survivantes décrivaient les défis
qu’elles devaient surmonter afin d’obtenir une aide professionnelle
relativement aux symptômes qu’elles éprouvaient et afin d’obtenir
un diagnostic formel (Fitch, Deane, Howell & Gray, 2002). Ces résul-
tats ont été présentés lors de la première conférence pancanadienne
sur le cancer de l’ovaire, Forum sur le cancer de l’ovaire 1999 et ont
stimulé les initiatives pédagogiques visant le grand public et les pro-
fessionnels de la santé. Les survivantes, les chercheurs, les profes-
sionnels de la santé et les autres intervenants présents au forum ont
préparé un mandat à trois volets pour Cancer de l’ovaire Canada : 1)
appuyer les femmes atteintes de la maladie et leurs familles, 2) sen-
sibiliser le grand public et les professionnels de la santé, 3) finan-
cer la recherche pour mettre au point des techniques de dépistage
précoce et améliorer le traitement. Depuis ce temps-là, ces orien-
tations guident le personnel de l’organisation dans la planification
des programmes et de l’extension des services à la communauté
(voir http://ovariancanada.org/?lang=fr-CA).
Les premiers efforts de sensibilisation des professionnels de la
santé visaient avant tout les médecins de famille. Cancer de l’ovaire
Canada a élaboré un cours en ligne en partenariat avec l’Université
McMaster (Ontario) et l’Université Memorial (Terre-Neuve). Il
s’agit du cours fourni à http://www.mdcme.ca/cmecourse_info.
asp?Id=42 qui est offert de manière continue et gratuite aux méde-
cins de famille. À l’heure actuelle, COC met au point, à titre expéri-
mental et à l’intention des médecins de famille, un cours donné en
face à face qui fait appel à des survivantes.
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Coordonnées : Margaret Fitch, inf., Ph.D., Centre de
cancérologie Odette, 2075 Bayview Ave., Toronto, ON
M4N 3M5. l. : 416-480-5891; Téléc. : 416-480-7806;
Courriel : marg.fitch@sunnybrook.ca
Alison McAndrew, B.A., RAP, Centre de cancérologie
Odette, 2075 Bayview Ave., Toronto, ON M4N 3M5.
Fran Turner, M.S., Ovarian Cancer Canada, 145
Front Street East, Suite 101, Toronto, ON M5A 1E3.
Courriel : fturner@ovariancanada.org
Elisabeth Ross, M.H.Sc., Ovarian Cancer Canada, 145
Front Street East, Suite 101, Toronto, ON M5A 1E3.
Iris Pison, B.Sc., MBA, Ovarian Cancer Canada, 145
Front Street East, Suite 101, Toronto, ON M5A 1E3.
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L’initiative de sensibilisation suivante a étendu les efforts de
Cancer de l’ovaire Canada aux étudiants de disciplines de la santé.
L’initiative a pris la forme d’un nouveau programme canadien bap-
tisé Survivors Teaching Students [Les survivantes enseignent aux
étudiants]. Cet article a pour but de décrire le programme et de
présenter les résultats de son évaluation après ses deux premières
années de mise en œuvre dans des universités canadiennes auprès
d’étudiants de premier cycle en médecine et en sciences infirmières.
L’on s’attend à ce que ce type de programme soit utile dans d’autres
disciplines et pour d’autres sièges du cancer.
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EFTDSJQUJPOEVQSPHSBNNF
Le programme original
Le programme baptisé Survivors Teaching Students (STS) Saving
Women’s Lives avait été institué en 2002 aux États-Unis par Betty
Reiser de l’University of Medicine and Dentistry of New Jersey. Il a
fini par devenir le programme vedette de l’Ovarian Cancer National
Alliance, un organisme américain qui défend les intérêts des fem-
mes atteintes d’un cancer ovarien (www.ovariancancer.org).
Dorénavant, le programme est offert dans 60 écoles de médecine et
universités de l’ensemble des États-Unis.
Le programme STS a été conçu afin de former les femmes diagnos-
tiquées d’un cancer de l’ovaire à donner des présentations sur leurs
exriences de la maladie à des étudiants œuvrant dans des disciplines
de la santé. Les survivantes donnent le programme en groupes de trois.
Les idées clés psentées aux étudiants sont que la majorité des cas de
cancer ovarien ne sont pas diagnostiqués avant que la maladie ne soit
parvenue aux stades avancés où la survie est compromise. Ceci s’expli-
que, en grande partie, par le fait qu’il est possible que les symptômes
qui se présentent ne soient pas reconnus comme étant des symptômes
annonciateurs du cancer de l’ovaire. En outre, il se peut que les femmes
courant un risque accru ne soient pas identifiées ni surveillées comme
il faudrait (Ryerson et al., 2007; Bankhead et al., 2008). Ces idées sont
ingrées par les survivantes dans leurs récits sur leurs expériences en
matière de cancer de l’ovaire. STS fait entrer le visage et la voix des sur-
vivantes du cancer de l’ovaire dans les salles de cours des étudiants de
premier cycle en médecine, sciences infirmières, pharmacie ou travail
social. Les présentations confèrent, dans la salle de cours, une bonne
dose de réalité au cancer ou un exemple bien vivant du vécu du cancer.
Les présentations sont conçues pour faciliter l’apprentissage, tôt dans
la carrière professionnelle des étudiants des disciplines de la santé,
des points de vue ou des perspectives des patients et des survivants.
Elles ont également été élaborées pour sensibiliser les étudiants à la
manière d’annoncer une mauvaise nouvelle et à aborder valablement
les statistiques lors de la discussion du pronostic.
Importation du programme au Canada
Cancer de l’ovaire Canada a importé le programme STS en 2006.
Son contenu a été canadianisé comme il le fallait, et des survivantes
ont été recrutées et formées en vue de devenir des présentatrices
du programme. Betty Reiser a assuré elle-même la formation des 70
premières survivantes canadiennes et COC a ensuite pris le relais.
L’atelier de formation utilisé comprenait deux éléments primaires.
Le premier était d’apprendre à présenter et à renforcer les messages
primordiaux sur le cancer de l’ovaire (voir ci-dessous). Le second
était de peaufiner le récit écrit que la survivante préparait sur son
expérience en matière de symptômes, sur la façon dont elle avait été
diagnostiquée, sur ses antécédents familiaux et ses progrès au fil du
traitement. Ces récits incorporent les sentiments et les perspectives
des femmes relativement à leurs interactions avec les profession-
nels de la santé. Pendant la période de formation, les survivantes
se sont entraînées à donner leurs présentations et à répondre aux
questions de leur auditoire. La séance de formation durait habituel-
lement 50 minutes.
Sélection des survivantes qui recevront la formation
C’est dans les publications de COC (Semons l’espoir et son bulle-
tin électronique) qu’un appel a été lancé aux survivantes intéreses à
participer volement au programme STS. L’invitation précisait les
endroits particuliers puisque la formation des survivantes allait avoir
lieu dans des villes posdant des écoles de médecine et de sciences
infirmres. Il était préférable que les survivantes faisant les présenta-
tions aux étudiants reflètent une gamme étendue de stades au moment
du diagnostic et diverses durées de survivance. Quoiqu’il fût souhaita-
ble de recruter des femmes qui ne sont pas aux prises avec un cancer
actif, la réalité veut que beaucoup des survivantes qui se portent volon-
taires sont susceptibles d’éprouver des récidives, et certaines d’entre
elles sont d’ailleurs décées au cours du programme. Les femmes qui
siraient participer au programme étaient priées de contacter la direc-
trice des programmes de COC et de rédiger et d’envoyer le récit de leur
exrience du cancer et ce, avant qu’elles ne soient retenues pour une
entrevue. Cette dernière incluait l’examen du récit de la femme et une
discussion des lignes directrices du programme. Il importe que les can-
didates comprennent bien ce qui sera exigé d’elles si on leur demande
de participer à Survivors Teaching Students.
Les survivantes bénévoles ont exprimé une rétroaction très posi-
tive sur l’atelier de formation de STS et sur la manière de présenter
leurs récits (McAndrew, Fitch, Turner & Ross, 2008). Dans l’ensemble,
elles voyaient dans le programme une occasion d’influencer les pro-
fessionnels de la santé de demain relativement au cancer de l’ovaire
et à ses symptômes. En particulier, la formation les aidait à se sentir à
l’aise pour présenter leur histoire personnelle à un auditoire compo
d’étudiants. [Voir l’encadA sur les perspectives des bénévoles.]
Encadré A. Perspectives des survivantes
bénévoles au sujet de STS
La motivation des survivantes à participer au programme
Je voulais avoir l’impression de faire quelque chose qui puisse
aider les femmes à l’avenir – en particulier parce que je suis
porteuse du gène mutant BRCA2.Je veux essayer d’avoir un
impact sur la détection précoce pour le bien de mes enfants déjà
adultes.
Étant donnée l’expérience positive que j’ai eue tout au long du
l’étape pré-diagnostic, j’estimais qu’il importait d’aider d’autres
membres du personnel médical à réaliser à quel point il importe :
(a) de savoir identifier rapidement le cancer ovarien, b) d’y
répondre de manière positive et bienveillante.
J’ai tant reçu durant ma maladie que je veux donner à mon tour.
La réussite du programme telle que définie par les survivantes
Si mon histoire, de concert avec d’autres, a une incidence sur les
médecins de demain, de manière à ce qui soient plus à l’écoute
des préoccupations des femmes et plus susceptibles de faire
figurer le cancer de l’ovaire dans leur liste des maladies à exclure
en présence d’une vaste gamme de signes/symptômes.
…sensibiliser [les étudiants en médecine] aux signes subtils du
cancer des ovaires et aux besoins/craintes des patients lors du
diagnostic et tout au long du traitement.
L’opportunité de partager mon histoire.
Les attentes des survivantes envers ce programme
Ouvrir l’esprit des étudiants et les sensibiliser aux histoires de
leurs patients.
Faire entrer le cancer ovarien dans une « liste diagnostique
différentielle standard » pour les signes abdominaux vagues
signalés par les femmes.
Que les étudiants aient entendu notre message.
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Exécution du programme STS
Une fois que le personnel enseignant d’une université accordait
sa permission de faire la présentation en salle de cours, chaque
séance était donnée selon le format suivant :
r Chaque présentation durait une heure en présence des étudiants.
r Normalement, chaque présentation comprenait trois présentatri-
ces qui étaient des survivantes du cancer de l’ovaire. L’une était
chargée de l’animation de la séance. La présentation mettait en
jeu, dans la mesure du possible, des femmes ayant des expérien-
ces et des antécédents différents. Dans bien des cas, les femmes
qui donnaient les présentations avaient été diagnostiquées à un
stade avancé, mais il est très utile d’inclure également des fem-
mes dont le diagnostic a été posé à un stade précoce.
r Lors de la séance, l’animatrice présentait une brève introduction
et les présentatrices racontaient tour à tour leur histoire, en sou-
lignant la difficulté d’un diagnostic précoce et ce qui leur était
arrivé de ce fait. Les récits des survivantes donnaient un visage
et une voix à la maladie, un processus qui est censé constituer un
puissant outil pour accroître la compréhension des étudiants et
fournir à ces derniers l’occasion de découvrir les aspects psycho-
sociaux du cancer de l’ovaire.
r Après chacune des présentations, un dialogue animé par une sur-
vivante ouvrait les voies de communication entre les présentatri-
ces et les étudiants et favorisait une interaction directe portant
sur les questions de fond.
r Les étudiants ont participé à de brèves enquêtes pré-test et post-
test visant à évaluer leur compréhension de la maladie et la valeur
de la présentation.
r La présentation était offerte gratuitement aux facultés formant
les professionnels de la santé.
Messages clés partagés dans le cadre de la présentation
Le programme STS vise à véhiculer des messages clés particu-
liers. Il n’était pas exigé de chaque présentatrice qu’elle aborde cha-
cun d’entre eux mais l’ensemble de la présentation en salle de cours
était conceptualisé de manière à souligner tous ces messages. Les
messages relatifs aux symptômes sont au cœur même des objectifs
du programme. Chaque survivante présentant son histoire dirigeait
l’attention sur les aspects de cette dernière qui aident à souligner et
à renforcer ces messages clés. Si certains points ne sont pas abor-
dés par les présentatrices de la séance, l’animatrice les soulèvera
lors de la discussion tenue avec les étudiants à la suite des présen-
tations individuelles. Les messages clés véhiculés par le programme
sont les suivants :
r Le cancer de l’ovaire a le taux de mortalité le plus élevé de tous
les cancers gynécologiques et constitue l’une des cinq premières
causes de décès par cancer parmi les Canadiennes.
r La majorité des femmes sont diagnostiquées d’un cancer de
l’ovaire aux stades avancés.
r Il n’existe présentement aucun test de dépistage fiable pour la
détection précoce du cancer de l’ovaire.
r Lorsque ce cancer est détecté aux stades précoces, les taux de
survie au cancer de l’ovaire sont nettement meilleurs.
r Les symptômes du cancer de l’ovaire comprennent les suivants :
ballonnement ou gonflement de l’abdomen;
douleur ou lourdeur pelvienne;
douleur au dos ou à l’abdomen;
fatigue;
gaz, nausées, indigestion;
changements du transit intestinal;
besoin fréquent d’uriner;
irrégularités du cycle menstruel;
perte ou gain de poids.
r Si la femme éprouve l’un ou plusieurs de ces symptômes pendant
au moins trois semaines, il importe d’entrevoir la possibilité qu’il
s’agit du cancer de l’ovaire.
r Si la femme présente des signes et des symptômes indicatifs du
cancer de l’ovaire, il convient de réaliser un examen pelvien com-
plet, une échographie transvaginale et une analyse du CA 125
dans le sang.
r Si l’on soupçonne la présence d’un cancer de l’ovaire, les femmes
doivent être aiguillées vers un gynéco-oncologue.
r Les femmes ayant des antécédents personnels ou familiaux de
cancer des ovaires, du sein ou colorectal peuvent courir un risque
accru d’être atteintes d’un cancer ovarien.
r Quoique les statistiques ayant trait aux conséquences du can-
cer de l’ovaire ne soient guère reluisantes, il faut se rappeler
l’unicité de l’expérience de chaque femme. Il importe donc de
faire preuve de sensibilité dans le cadre des communications
avec les patientes.
"QQSPDIFTEÏWBMVBUJPO
L’évaluation de l’apprentissage des étudiants a été effectuée
en administrant un pré-test et un post-test. Avant que ne débute
la séance en salle de cours, on demandait aux étudiants de rem-
plir une brève enquête et de la remettre à l’animatrice de la séance.
Personne ne devait inscrire son nom sur les feuilles. Après la pré-
sentation par les survivantes et la discussion collective, on deman-
dait aux étudiants de remplir une seconde enquête et de la remettre
à l’animatrice. Celle-ci envoyait toutes les feuilles de données à la
coordonatrice de la recherche à Toronto.
Les étudiants étaient également invités à remplir une seconde
enquête post-test—en ligne cette fois—six mois après la tenue de la
séance en salle de cours. Cette enquête post-test en ligne a été men-
tionnée à la fin de la séance et un rappel électronique a été envoyé
aux étudiants six mois plus tard. Ceux-ci ont alors reçu une adresse
Internet pour accéder à l’enquête en ligne.
Les enquêtes ont été conçues expressément aux fins de cette
évaluation. Le questionnaire des enquêtes pré- et post-séance s’in-
téressait avant tout aux connaissances liées au cancer de l’ovaire,
aux facteurs de risque, aux symptômes, aux approches d’évalua-
tion initiale et à la compréhension des inquiétudes des patientes.
Tableau 1. Observations choisies sur l’échantillon
Étudiants en
médecine
Étudiants en
sciences infirmières
Nombre % Nombre %
Étudiants ayant
assisté aux
présentations en
salle de cours
798 100 2822 100
Enquêtes pré-
séance soumises 344 43 1156 41
Enquêtes post-
séance soumises 352 44 1203 42,6
Hommes qui ont
soumis l’enquête
pré-séance
121 35,2* 87 7,5*
Femmes qui ont
soumis l’enquête
post-séance
215 62,5* 1,027 89*
Enquêtes soumises
en ligne 31 3,9 59 2,1
* La proportion est calculée par rapport à l’ensemble des
soumissions.
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Ces domaines représentaient 11 questions (voir les tableaux 3 et 4).
Le questionnaire de l’enquête post-séance incluait également trois
questions supplémentaires sur l’efficacité de la démarche pédagogi-
que. Pour les réponses, les options étaient les suivantes : Tout à fait
d’accord, D’accord, En désaccord, Tout à fait en désaccord ainsi que
l’option Incertain(e). Un autre item demandait aux étudiants d’énu-
mérer les symptômes du cancer de l’ovaire et ceux-ci avaient la pos-
sibilité d’inscrire une réponse ouverte à la fin du questionnaire.
L’enquête en ligne avait exactement le même contenu que l’enquête
administrée immédiatement après la séance.
"OBMZTF
Une analyse a été effectuée pour chaque classe prise dans son
ensemble. L’analyse des résultats des enquêtes pré-post séance
était de nature descriptive. Les distributions statistiques et les
pourcentages pour chacune des réponses aux items ont été calcu-
lés séparément pour les étudiants en médecine et ceux en sciences
infirmières. La Gynecologic Cancer Foundation (2007) des É.-U. a
annoncé un consensus national sur les symptômes du cancer de
l’ovaire : ballonnement, douleur pelvienne ou abdominale, diffi-
culté à manger ou sensation d’être rapidement pleine, symptômes
urinaires (mictions urgentes ou fréquentes). Ces quatre symp-
tômes ont servi à coder les données de l’item de l’enquête qui
demandait aux étudiants d’« énumérer trois symptômes qui vous
amèneraient à penser qu’il s’agit du cancer de l’ovaire si la femme
les éprouvait de manière persistante. » Lorsque l’étudiant répon-
dait à la question en fournissant un des quatre symptômes ci-des-
sus, sa réponse était encodée « Oui ». Le contenu de la réponse à la
question ouverte était passé en revue et les différentes réponses,
fusionnées. Les commentaires étaient regroupés en fonction d’une
analyse de contenu simple des perspectives communes.
3ÏTVMUBUT
Échantillon et taux de réponse
Entre l’automne 2006 et mars 2009, des séances STS ont été pré-
sentées dans sept facultés de médecine et douze facultés de scien-
ces infirmières du Canada. Trente-cinq séances ont été offertes à
798 étudiants en médecine; 35 séances ont été données à 2822 étu-
diants en sciences infirmières. En tout, 94 survivantes bénévoles ont
été formées à la présentation des séances STS à l’échelle du Canada.
À l’heure actuelle, 78 bénévoles participent activement au pro-
gramme STS. L’érosion des effectifs est avant tout la conséquence
directe du haut taux de mortalité chez les bénévoles.
Les taux de réponse généraux pour les enquêtes pré- et post-
séance se montaient à 41,4 % et 43,0 %, respectivement (voir le tableau
1). Le taux de réponse pour l’enquête de suivi en ligne aux six mois
s’élevait à 19 % des participants qui avaient fourni une adresse élec-
tronique lors de l’enquête initiale réalisée en salle de cours.
Connaissances
En ce qui concerne l’ensemble des items liés aux connaissan-
ces, la proportion des répondants qui donnaient des réponses jus-
tes augmentait après la séance de présentation en salle de cours. Le
tableau 2 illustre la proportion de répondants qui étaient d’accord
Tableau 2. Connaissances relatives au cancer de l’ovaire : avant et après la séance
Item
Étudiants en médecine Étudiants en sciences
infirmières
Réponses Tout à fait d’accord
/ D’accord (%)
Réponses Tout à fait d’accord
/ D’accord (%)
Pré- (N=344) Post- (N=352) Pré- (N=1156) Post- (N=1203)
De manière générale, j’ai une bonne connaissance de base du cancer de
l’ovaire. 77,5 96,3 53,7 97,5
Bien que le cancer de l’ovaire soit relativement rare, il constitue l’une
des 5 premières causes de décès par cancer chez les Canadiennes. 87,4 96,0 73,6 92,6
Les femmes reçoivent un test de dépistage pour le cancer de l’ovaire
durant un examen annuel de routine. 8,1 11,1 26,0 13,0
La majorité des cas de cancer ovarien sont diagnostiqués à un stade
précoce. 3,8 2,2 9,8 5,5
Dans ces stades précoces, le cancer de l’ovaire déclenche des
symptômes. 7,3 36,1 8,9 58,8
Une femme ayant des antécédents familiaux de cancer du sein, de
cancer du colon ou de cancer de l’ovaire court un risque accru de
développer un cancer de l’ovaire.
95,6 98,0 85,0 97,6
Une femme qui a eu le cancer du sein court un risque accru de
développer un cancer de l’ovaire. 90,4 93,5 65,0 91,5
Si je soupçonne l’une de mes patientes d’être porteuse d’un cancer de
l’ovaire, je la référerai à un(e) gynéco-oncologue. 90,7 98,3 82,5 98,6
Je peux améliorer la survie d’une femme atteinte d’un cancer de
l’ovaire en étant au courant de ses facteurs de risque et de ses
symptômes précoces.
94,8 99,7 94,4 99,9
Je comprends ce que peut ressentir une femme lorsqu’elle est
diagnostiquée d’un cancer de l’ovaire. 52,2 97,9 47,2 93,5
$0/+r3$4*08JOUFS)JWFS
avec chaque énoncé relatif aux connaissances. Il est évident que les
étudiants ont acquis une excellente compréhension et une excellente
appréciation des perspectives des survivantes et des défis auxquels
elles font face. Ils ont également amélioré leurs connaissances sur
les principaux symptômes (tableau 3). Pourtant, il est intéressant de
noter que les réponses aux items concernant l’existence d’un test de
dépistage pour le cancer de l’ovaire et la présence des symptômes
aux stades précoces de la maladie continuent de refléter des lacu-
nes dans les connaissances.
Efficacité de la démarche pédagogique
Les étudiants en médecine et les étudiants en sciences infir-
mières indiquaient qu’ils appréciaient grandement l’efficacité de
la démarche pédagogique (voir le tableau 4). Ils trouvaient que les
récits des survivantes sur leurs expériences les aidaient à appren-
dre les symptômes et à communiquer avec les patients. Les deux
groupes d’étudiants jugeaient que la présentation donnée par des
survivantes complétait bien leurs études universitaires. Voici quel-
ques-uns des commentaires écrits formulés par des étudiants :
r J’aurai conscience des symptômes précoces, ce qui fait que dans
mon rôle d’infirmière, je pourrai aider mes patients à faire ce
qu’il faut pour voir un médecin.
r Cela me sensibilisera aux différentes façons dont le cancer de
l’ovaire peut se présenter—je réalise l’importance de faire un
suivi des symptômes vagues.
r Écouter la patiente et prendre note des signes du cancer de
l’ovaire—approfondir les recherches, ne pas assumer qu’il s’agit
de maux d’estomac.
r Communiquer plus efficacement à l’avenir.
r Ceci m’a aidée à réaliser l’importance de la communication avec
les patients et du degré d’empathie qu’il convient de manifester.
r Je n’ignorerai pas les inquiétudes de mes patients. J’accorderai
toute mon attention à mes patients et j’écouterai ce qu’ils ont à
dire.
r J’essaierai de me mettre dans les souliers de mes patients—je
manifesterai de la sensibilité lors du diagnostic et du traitement.
r Ceci influencera la façon dont j’aborderai la communication de
renseignements délicats à mes patients.
r Gce à la présentation, je suis consciente, en tant qu’infirmière,
des symptômes et de ce que les gens atteints de cancer ressentent,
je pourrai donc manifester une meilleure compréhension vis-à-vis
des patients.
%JTDVTTJPO
Le programme Survivors Teaching Students était déjà salué
comme une grande réussite aux États-Unis lorsque COC a décidé
de l’introduire dans le contexte canadien. L’adaptation d’un pro-
gramme existant était perçue comme une solution raisonnable per-
mettant d’épargner des efforts et d’offrir le programme plus tôt
que si l’on élaborait un programme complètement neuf en partant
de zéro. Une évaluation formelle du programme canadien revêtait
une grande importance puisqu’aucune évaluation n’avait été inté-
grée dans les diverses incarnations du programme américain. COC a
pris l’engagement d’assurer l’efficacité de ses programmes et donc
d’évaluer l’ensemble de ses programmes au fur et à mesure de leur
mise en œuvre.
Le format de l’évaluation, des enquêtes pré- et post-séance de
présentation, a donné des résultats assez satisfaisants pour ce qui
est de la rétroaction sur le programme. Le taux de réponse était
acceptable (Balajti, Daragó, Adá & Kósa, 2010). Malheureusement,
l’approche stipulant une enquête de suivi aux six mois n’a pas
donné d’aussi bons résultats. La principale raison de l’échec de
cette approche était que beaucoup d’étudiants n’avaient pas fourni
d’adresse électronique à la fin de la séance. À ceux qui avaient
laissé une telle adresse, on a envoyé un rappel pour participer à
l’enquête de suivi aux six mois. Toutefois, une proportion assez
importante de ces messages de rappel nous sont revenus comme
étant non délivrés. Cela illustre bien la mobilité du corps étudiant.
Du fait de la faible participation à l’enquête aux six mois, nous
pouvons seulement discuter des résultats concernant les effets
immédiats de la séance en salle de cours (enquêtes pré-/post-
séance).
Les présentations par des survivantes dans des salles de cours
de médecine et de sciences infirmières donnaient aux étudiants
une perspective particulière, et ces derniers y voyaient une démar-
che pédagogique efficace. Ils indiquaient qu’ils avaient désormais
une vraie personne—un visage et une voix—à qui associer une
histoire de cancer de l’ovaire. On pourrait faire valoir que les étu-
diants se souviendraient longtemps de cette expérience et qu’elle
influencerait leur futur comportement en matière de pratique
professionnelle. La personne qui a traversé l’épreuve du cancer
confère un élément de crédibilité aux commentaires et aux récits
Tableau 3.
Symptômes
énumérés
Étudiants en médecine Étudiants en sciences
infirmières
Pré-séance
(N=344)
Post-
séance
(N=352)
Pré-
séance
(N=1156)
Post-
séance
(N=1203)
% correct % correct % correct % correct
1er symptôme 57,3 60,5 31,9 58,4
2e symptôme 31,1 41,2 14,0 40,1
3e symptôme 18,3 30,1 7,6 26,7
Tableau 4. Efficacité des stratégies d’enseignement
Items de l’enquête
post-séance
Médecine (N=352) Sciences infirmières
(N=1203)
% de réponses Tout
à fait d’accord /
D’accord
% de réponses Tout
à fait d’accord /
D’accord
Les récits des
survivantes
m’ont enseigné
efficacement les
symptômes et les
facteurs de risque
du cancer de
l’ovaire.
94,6 99,6
Les récits des
survivantes
m’ont aidé(e)
à comprendre
l’importance de la
manière dont je
communique de
l’information à mes
patients.
98,9 98,5
Cette présentation
complétait bien
mes études
universitaires sur le
cancer de l’ovaire.
97,4 98,9
1 / 6 100%
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