La lettre du neurologue - n° 4 - vol. V - avril 2001
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La mesure de la CV est un outil de sur-
veillance incontournable et doit donc être
absolument effectuée à l’admission et
réitérée au cours du temps afin de détec-
ter les volumes seuils en dessous desquels
une surveillance en réanimation ou une
assistance ventilatoire sont impératives.
En effet, l’avènement d’une insuffisance
respiratoire est difficilement prévisible.
Aucune étude des facteurs cliniques pré-
coces prédictifs de l’assistance ventila-
toire n’a été à ce jour réalisée.
L’expérience montre que les patients pré-
sentant pendant la phase d’extension une
tétraparésie, des troubles de la déglutition
ou une CV inférieure à 60 % doivent être
considérés à risque d’insuffisance respira-
toire et surveillés en unité de réanimation.
Il semble qu’une chute de 50 % de la CV
par rapport à la valeur initiale soit prédic-
tive d’une intubation dans les 36 heures
(2). Ce résultat incite à une surveillance
au moins quotidienne de la CV dans les
premiers jours. Une valeur inférieure à
15 ml/kg ou à 30 % de la norme théo-
rique est, en soi, retenue comme une
indication d’assistance ventilatoire (2).
Évidemment, la spirométrie ne dispense
pas d’une surveillance clinique et para-
clinique, décrite ultérieurement.
La mesure de la fréquence cardiaque, de la
pression artérielle, le dépistage d’une
hypotension orthostatique et l’électrocar-
diogramme sont nécessaires à la recherche
de signes dysautonomiques cardiocircula-
toires. Chacun de ces signes justifie une
hospitalisation dans un service de réani-
mation, d’autant plus que le patient a
des antécédents cardiovasculaires.
Planification des examens
complémentaires
La planification des examens complé-
mentaires à réaliser en urgence et dans
les premières 24 à 48 heures dépend des
diagnostics différentiels suspectés. En
pratique, il s’avère qu’un nombre res-
treint d’affections impose une prise en
charge diagnostique immédiate.
L’urgence majeure est l’élimination d’une
lésion médullaire en cas de niveau sen-
sitif, de troubles sphinctériens impor-
tants ou de para/tétraparésie flasque
s’aggravant sans que des signes neurolo-
giques aux membres supérieurs ou des
signes céphaliques apparaissent. La
paralysie hypokaliémique, suspectée
devant une atteinte motrice pure, sera
confirmée par la régression du déficit
après la correction de l’hypokaliémie.
Les porphyries sont un diagnostic extrê-
mement difficile mais essentiel à évo-
quer car le pronostic vital est en jeu et
des mesures thérapeutiques spécifiques
existent. Le déficit moteur s’accom-
pagne habituellement de douleurs,
notamment abdominales, de troubles
psychiatriques, de troubles sensitifs,
subjectifs et objectifs de topographie
insolite et de troubles dysautonomiques
cardiocirculatoires et sphinctériens.
L’existence d’un facteur déclenchant et
d’urine pourpre conforte le diagnostic
qui est attesté par le dosage urinaire des
porphyrines.
Il n’est pas indispensable de pratiquer
dans les formes typiques une ponction
lombaire en urgence mais elle doit être
effectuée dans les 24 heures suivant
l’admission. Son objectif est de recher-
cher une hyperprotéinorachie isolée évo-
catrice du diagnostic de polyradiculo-
neuropathie aiguë, bien que non spéci-
fique. Une hypercytorachie, définie par
un comptage cellulaire supérieur à 50
par mm3, exclut le diagnostic de syndro-
me de Guillain-Barré. L’absence d’hyper-
protéinorachie isolée n’élimine pas un
syndrome de Guillain-Barré, car elle est
habituellement retardée de 3 à 15 jours
par rapport au début clinique. Une
hypercytorachie oriente vers une ménin-
goradiculite d’origine soit infectieuse,
notamment une maladie de Lyme, soit
inflammatoire ou néoplasique, en parti-
culier un lymphome.
L’électromyogramme n’a pas été retenu
comme critère diagnostique dans la clas-
sification d’Asbury et Cornblath (5). Ses
indications diagnostiques se limitent
donc au cas où le diagnostic de syndrome
de Guillain-Barré est cliniquement dou-
teux. Les anomalies électrophysiolo-
giques précoces sont une augmentation
des ondes F et un bloc de conduction
motrice de siège proximal et distal (1).
L’altération de la conduction distale et
des potentiels sensitifs apparaît secon-
dairement. Une dénervation est
observée dans 10 % des cas (1). En
revanche, l’électromyogramme a un
intérêt pronostique. Il a été montré que
la diminution de l’amplitude de la répon-
se motrice et l’inexcitabilité nerveuse
sont des facteurs prédictifs indépen-
dants des séquelles fonctionnelles à un
an (2). Le caractère péjoratif des formes
axonales de syndrome de Guillain-Barré
a été récemment remis en cause.
Le syndrome de Guillain-Barré est par
définition idiopathique, ce qui implique
qu’une affection générale notamment
une maladie de système, un cancer, un
lymphome ou une infection par le virus
VIH ait été récusée. Un examen général
complété par un bilan immunologique
simplifié (immunoélectrophorèse et
dosages des facteurs antinucléaires, du
latex Waaler-Rose, des fractions C3 et C4
du complément, des complexes immuns
circulants, de la protéinurie des 24
heures), hématologique (numération
formule sanguine, vitesse de sédimenta-
tion) et une sérologie VIH est en pra-
tique suffisant. Le bilan étiologique sera
approfondi si les atypies mentionnées
dans le tableau I sont présentes.
Le syndrome de Guillain-Barré est pré-
cédé d’un épisode infectieux, respiratoi-
re ou digestif, dans 80 % des cas. Les
agents pathogènes fréquemment incri-
minés sont Campylobacter jejuni, le
cytomégalovirus, le virus Epstein-Barr et
le mycoplasme. Les explorations sérolo-
giques, les recherches virologiques et les
coprocultures n’ont qu’un intérêt des-
criptif et éventuellement pronostique. Il
semblerait que les syndromes de
Guillain-Barré associés à une infection
par Campylobacter jejuni aient un pro-
nostic fonctionnel plus sévère. Le dosage
des anticorps antigangliosides qui sont
incriminés dans la pathogénie du syn-
drome de Guillain-Barré reste du domai-
ne de la recherche physiopathologique.
À ce jour, l’identification de l’agent
infectieux ou la détection d’anticorps
antigangliosides n’ont aucune consé-
quence thérapeutique.
Par ailleurs, une hyponatrémie en rap-
port avec un syndrome de sécrétion
inapproprié d’ADH et une cytolyse hépa-
tique sont d’observation courante au
cours du syndrome de Guillain-Barré.
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