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Le discours des élèves fait ressortir un ensemble d'éléments
impliqués dans la décision d'abandonner les sciences. Les facteurs
identifiés relèvent à la fois de la structure scolaire et de l'enseignement des
sciences. Parmi les plus criants, se trouve la difficulté du cours de Sciences
physiques de quatrième secondaire. Un enseignement qui fait davantage
appel à la mémoire qu'à la compréhension, explique en partie que le choix
des élèves se tourne vers les sciences humaines où la critique et la réflexion
sont sollicitées. Aussi, l'appréhension des mathématiques et la peur des
devoirs en sciences dites "fortes" les conduisent à délaisser les sciences.
Enfin, la structure rigide des cours de sciences de cinquième secondaire
contribue à la défection des élèves.
Sur le plan de la structure, la filière "sciences normales" représente
un obstacle à l'étude des sciences. Cette voie ferme pratiquement tout accès
aux sciences au-delà de la quatrième secondaire. D'autre part, l'école
oblige l'élève à faire très tôt des choix de cours déterminants pour le futur.
L'orientation se fait alors plus en fonction des choix survenus au cours du
cheminement, qu'en fonction des aspirations de l'individu. Aussi, la
décision d'abandonner les sciences ne semble par émerger d'un long
processus de réflexion. Par ailleurs, le curriculum des sciences au
secondaire présente d'importantes lacunes, dont l'absence de fil conducteur
entre ses quatre cours obligatoires. Enfin, une image négative des cours
de sciences est véhiculée entre les jeunes. Du point de vue pédagogique, les
facteurs impliqués dans l'abandon des sciences touchent plusieurs éléments:
la complexité des contenus de Sciences physiques et de Biologie, une
pédagogie qui introduit parfois maladroitement le constructivisme et
l'absence de réflexion qui persiste encore dans les cours de sciences.
D'autres facteurs appartiennent à l'élève lui-même; son attitude négative
face à des résultats scolaires plus faibles dans les disciplines scientifiques et
le peu d'importance accordé à l'étude des sciences.
Finalement, parmi les voies de solution, il est suggéré d'alléger les
cours de Sciences physiques, d'unifier les cours de sciences du secondaire et
de former davantage les enseignants de sciences à une approche
constructiviste en éducation. De plus, il importe d'expliquer davantage aux
élèves, les enjeux des choix de cours, de faciliter la transition de la filière
"sciences normales" vers la filière "sciences fortes" et de varier les
formules pédagogiques dans les cours de sciences.