Introduction
Transport et traitement de l’information optique, capteurs ultrasensibles de molécules chimiques
et biologiques, imagerie médicale, traitement du cancer, superlentilles, matériaux invisibles, énergie
solaire photovoltaïque... Qui aurait pu imaginer, à l’aube de sa mise en évidence à la fin des années
cinquante, qu’un mécanisme a priori simple comme l’oscillation collective des électrons confinés à la
surface d’un métal, jouerait un rôle dans autant de domaines d’applications différents ?
En 1957, quand R.H. Richie [1] prédit théoriquement l’effet du confinement d’un mince feuillet
métallique sur la résonance du gaz d’électrons, la seule méthode alors connue pour mettre en évidence
cette prédiction est de faire interagir un faisceau d’électrons avec le film de métal [2]. Ce n’est qu’une
dizaine d’années plus tard qu’A. Otto [3], H. Raether et E. Kretschmann [4] rendent ce do-
maine accessible en démontrant la possibilité d’induire le mouvement collectif des électrons, appelé
plasmon de surface, avec une source de lumière. Cette découverte aura des répercussions dans deux
domaines d’application en particulier : la détection de molécules [5], qui exploite l’influence du milieu
environnant le métal sur la résonance des électrons, et la spectroscopie Raman, dont la sensibilité
se trouve grandement améliorée grâce à la forte amplification du champ électrique au-dessus du film
métallique, en particulier s’il est rugueux [6]. Il faut alors attendre les années 90 et le développement
d’outils de caractérisation morphologique (microscopes électronique à balayage et à force atomique),
de nano-structuration du métal (lithographie électronique et ionique) et de mesure du champ élec-
trique au voisinage immédiat du métal (microscopie optique en champ proche), pour assister à une
multiplication considérable d’études sur les plasmons et à un réel essor de ce domaine, qui prend alors
le nom de plasmonique [7].
Ces travaux mettent en évidence plusieurs propriétés remarquables des plasmons de surface. Par
exemple, ces oscillations de la densité de charge surfacique propagent l’énergie électromagnétique sur
plusieurs microns parallèlement à l’interface métallique, tout en assurant un confinement de cette éner-
gie sur quelques nanomètres perpendiculairement à la surface de métal. Cette spécificité est exploitée
pour la conception de guides d’onde [8] et pour l’adressage de molécules fluorescentes. Outre une lo-
calisation du champ électrique local, les plasmons de surface sont à l’origine d’une exaltation de ce
champ au voisinage de la surface métallique. Plusieurs études ont montré qu’un confinement bi- ou tri-
dimensionnel du gaz électronique modifie spectralement et spatialement les propriétés de confinement
et d’exaltation du champ électrique [9]. L’assemblage de nanoparticules et le couplage plasmonique
qui peut en résulter est un second levier de contrôle de la réponse optique des structures de métal [10].
Pour ces raisons, les nanoparticules métalliques de différentes formes supportant plusieurs modes de
résonance plasmon ont un énorme potentiel applicatif, par exemple pour la fabrication de dispositifs
plasmoniques à l’interface entre l’électronique et l’optique. De plus, ces structures présentent généra-
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