La mangrove : dynamique d’un écosystème complexe Exemple de la mangrove casamançaise du

BERTHUIN Tiffany & FRANCOIS Pierrick
Juillet 2009
La mangrove :
dynamique d’un
écosystème complexe
Exemple de la mangrove casamançaise du
Sénégal
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Sommaire
1.
Approches globales
1.1 Géographie
1.2 Une économie dépendante du milieu
1.3 La déforestation mangrovique en Casamance
2.
Etude écologique d’un écosystème
intertidale particulier
2.1 Définition
2.2 Composantes pédologiques et topographiques
2.2.1 Pédologie stricte
2.2.2 Le potentiel Hydrogène
2.2.3 La salinité
2.2.4 La topographie
2.3 Formations végétales
2.4 Faunes liées à cet écosystème
2.4.1 Notion de réseau trophique
2.4.2 Téléostéens, Mollusques et Décapodes
2.4.3 Ornithologie casamançaise
2.4.4 Hexapodes
2.4.5 Etude d’un cas de parasitisme des
palétuviers
3.
Conclusion
Annexe
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1. Approches globales
1.1 Géographie
L’Afrique de l’Ouest occupe une surface d’environ 6 140 000 km
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, soit
quasiment un cinquième du continent africain. La grande majorité de la région
est composée de plaines dont l’altitude est inférieure à 350 mètres, même si
quelques sommets bordent la côte. La partie septentrionale est occupée par le
Sahel, zone de transition aride à semi-aride entre le désert du Sahara et l’Afrique
intertropicale. L’Afrique de l’Ouest comprend approximativement les pays au
nord du golfe de Guinée jusqu’au Sénégal, ainsi que les états de l’arrière-pays
sahélien. Officiellement nomRépublique du Sénégal, le Sénégal est un pays
côtier situé à l’extrémité ouest du continent africain ; il est compris entre les
latitudes 12º30’N - 16º30’N et 11º30’ - 17º30’ de longitudes ouest. Le Sénégal
est limité au nord par la République islamique de Mauritanie, au sud par les
Républiques de Guinée et de Guinée Bissau, à l’est par le Mali et à l’ouest par
l’océan Atlantique (cf. annexe I).
1.2 Une économie fortement liée au milieu naturel
De part sa latitude et son réseau hydrographique national relativement
dense (cf. annexe II), le pays dispose de zones humides importantes tant sur le
plan National, avec notamment les fleuves Sénégal et Casamance,
qu’International avec, bien sûr, l’Océan Atlantique (cf. annexe III et IV). Ces
zones humides, participent largement au développement socio-économique du
Sénégal de part les énormes ressources halieutiques dont elles disposent.
Parmi les secteurs économiques les plus productifs on peut citer la pêche ;
cette dernière bénéficie de conditions naturelles favorables avec un littoral long
de 700 km reliant du nord au sud, la région de Saint-Louis à celle de la
Casamance. Les pêches les plus productives et par conséquent les plus
pratiquées au Sénégal concernent l’ensemble de l’ichtyofaune, les crustacés avec
essentiellement les nombreuses espèces de crevettes présentes et la
conchyliculture sauvage. L’espace maritime national couvre une superficie
d’environ 198 000 km². La pêche artisanale et industrielle est le pilier de
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l’économie nationale. En effet, celle-ci fournit près de 112,802 milliards de
francs CFA (soit environ 170 millions d’euros) à l’économie nationale ; elle
devance ainsi le tourisme, les produits dérivés du traitement du phosphate et la
culture de l’arachide. En Casamance la zone littorale s’étend sur 86 km la
pêche artisanale joue un rôle important dans la dynamique socio-économique,
notamment en termes d’emploi et d’alimentation des marchés locaux en
protéines animales.
Les faibles moyens de l’ensemble des acteurs de la pêche au Sénégal ont
poussés les membres du SRPSZ, Service Régional des Pêches et de la
Surveillance de Ziguinchor, à faire des recherches sur les zones de pêche les
plus couramment utilisées. D’après leur rapport paru en 2004, 95 % de la pêche
en Casamance s’effectue sur le littoral Atlantique, c'est-à-dire à moins de 20
kilomètres des côtes, et dans le réseau hydrographique du fleuve Casamance.
Comment peut-on expliquer une si large exclusivité des zones de pêches ?
Evidemment les faibles moyens en matériels, filets, pirogues ou bateaux etc. des
pêcheurs autochtones peuvent nous laisser imaginer qu’il est impossible voire
dangereux de s’aventurer plus au large dans l’Atlantique. Cependant, divers
témoignages allant tous dans la même direction, nous on spécifié qu’il était
inutile de s’écarter abondamment du littoral pour pêcher. En effet, la production
serait meilleure aux abords de la côte et dans le fleuve qu’en plein océan. Nous
dégageons deux grandes explications pour expliquer ces observations :
- D’abord, comme nous l’avons dit, les techniques de pêches africaines ne
permettent pas de réaliser de nombreuses prises au large, de part, la
profondeur, des importants mouvements de masse d’eau et de part les
composantes physico-chimiques des eaux profondes marines
(températures, salinité …) qui poussent les espèces biologiques à un
mode de vie différent des espèces biologiques côtières.
- Ensuite, la quasi-totalité de la côte maritime casamançaise ainsi que les
rives du fleuve Casamance sont colonisés par la mangrove ce qui
constitue une zone de reproduction et de croissance pour de nombreuses
espèces de poissons, de crevettes et de coquillages.
D’après une équipe de chercheurs de l’Université de Montpellier, le rôle de la
mangrove sur le littoral Sénégalais auraient encore une influence sur la vie
marine à une distance de 30 kilomètres au large des côtes. Peut-être faut-il y voir
un début d’explication aux observations de terrains effectuées par nos pécheurs
autochtones.
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1.3 La déforestation mangrovique en Casamance
La mangrove constitue une zone de reproduction et de croissance pour de
nombreuses espèces de poissons, de crevettes et de coquillages. Cependant, face
à la pauvreté, les pêcheurs ont tendance à pratiquer une exploitation peu
soucieuse des générations futures et de l’écologie du milieu. S’il est certain que
les choix politiques internationaux s’accordent sur la nécessité de replacer
l’Homme au cœur des activités de conservation de la nature, les options de
développement dans les pays en voie de développement menacent la survie des
zones humides et des ressources qu’elles abritent.
A partir de la fin des années 1960, le déficit pluviométrique observé dans
toute la zone sahélienne a contribué à la fragilisation voire à la dégradation de la
mangrove. De plus, dans un souci d’accroitre la production de la pêche, les
pêcheurs n’hésitent pas à réaliser des coupes abusives dans la mangrove pour
pouvoir pêcher encore davantage et encore plus loin dans les eaux. De même la
conchyliculture pousse les ramasseurs à couper les racines des arbres pour y
extirper les coquillages qui se développent sur les racines. Enfin, la mangrove
est également dégradée car elle est nécessaire aux autochtones en tant que
matière première du charbon de bois utile au fumage des produits halieutiques et
à la consommation de ceux-ci. La déforestation est telle qu’en 30 ans et selon
certaines estimations, la Casamance a perdu juste un peu moins de la moitié de
sa mangrove, soit près de 75 000 hectares. Au Sénégal, les mangroves
occupaient en 1990 un peu moins de 300.000 ha. Les mangroves occupent
actuellement l'estuaire de la Casamance, elles s'étendent de la frontière de
Guinée-Bissau au sud jusqu'à Diouloulou au nord et occupent une bande
importante sur la rive nord du fleuve qui s'amenuise après Ziguinchor pour
n'apparaître que sur des îlots ou en minces rideaux le long des rives jusqu’en
amont de Sédhiou. Sur la rive sud du fleuve Casamance, les mangroves sont
moins étendues (cf. annexe V).
En Basse-Casamance, les données récentes de la superficie de mangroves
sont lacunaires et des valeurs de 60.000 à 150.000 ha sont citées, ce qui peut
s’expliquer par la définition donnée aux mangroves, c'est-à-dire si les tannes
sont considérées comme en faisant partie ou non.
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