Traits de personnalité et fonction dopaminergique cérébrale dans la maladie

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L
Maladie de Parkinson et
psychopathologie
E. Bacon
Inserm, Strasbourg
Traits de personnalité et
fonction dopaminergique
cérébrale dans la maladie
de Parkinson
Turku (Finlande)
I
l y a déjà près d’un siècle que
certains cliniciens ont proposé l’association potentielle de la maladie de
Parkinson à un type spécifique de
personnalité, la “personnalité parkinsonienne”, décrite comme étant
compulsive, industrieuse, introvertie,
moralement
rigide,
ponctuelle,
sérieuse, stoïque et tranquille.
Quelques études ont montré, par
ailleurs, que les patients ont des scores
plus faibles pour un trait de personnalité nommé la recherche de la
nouveauté, qui, selon la théorie de
Cloninger, serait un trait de tempérament modulé par la dopamine.
Certains ont alors posé l’hypothèse
selon laquelle, en présence de stimuli
nouveaux, l’augmentation normale de
dopamine, source de plaisir et de satisfaction, ne serait pas possible chez les
patients parkinsoniens avec, pour
conséquence, une baisse de la
recherche de la nouveauté caractéristique de la maladie. Les auteurs de cet
article se sont attachés à tester cette
hypothèse d’une personnalité particulière chez le patient atteint de maladie
de Parkinson et qui serait spécifiquement reliée à la dopamine (Kaasinen V,
Nurmi E, Bergman J et al. Personality
traits and brain dopaminergic function
in Parkinson’s disease. PNAS 2001 ;
98 : 13272-7). Pour ce faire, ils ont
examiné la structure de la personnalité
de 61 patients parkinsoniens non
traités et de 45 sujets témoins sains. La
fonction cérébrale dopaminergique a
été évaluée directement par des
mesures de tomographie d’émission
de positons (PET) avec la 18F-dopa et
des enregistrements en IRM. Le score
de personnalité de recherche de la
nouveauté, supposé caractéristique de
la personnalité parkinsonienne, était
effectivement un peu plus faible chez
les patients, mais il n’était lié significativement à la capture de la 18F-dopa
dans aucune région cérébrale. Le score
d’évitement du danger, associé à
l’anxiété et à la dépression, était clairement augmenté chez les patients et,
paradoxalement, était significativement associé à la capture de la 18Fdopa dans le noyau caudé droit.
Quoique ces résultats ne soient pas en
désaccord avec le concept d’une
personnalité avec faible recherche de
la nouveauté chez les patients atteints
de Parkinson, ce type de personnalité
ne semble pas dépendant de la dopamine. La corrélation observée entre le
trait de personnalité d’évitement du
danger et la capture de la 18F-dopa
pourrait refléter l’existence d’un
circuit spécifique de feed-back des
neurotransmetteurs qui serait associé à
l’émotionnalité négative dans la
maladie de Parkinson.
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Personnalité parkinsonienne – Recherche
de la nouveauté.
a maladie de Parkinson est un des
troubles neurodégénératifs les
plus fréquents puisque sa prévalence
se situe juste derrière celle de la
maladie d’Alzheimer. Elle s’accompagne non seulement de la dégénérescence progressive du système
dopaminergique mais aussi de dégénérescences variables des systèmes
sérotoninergique et noradrénergique
et du système cholinergique basal
antérieur. Chez le patient, ces
anomalies sont susceptibles de jouer
un rôle important dans l’initiation et
l’aggravation des perturbations
cognitives et affectives. La dépression
est un trouble commun aux patients
souffrant de maladie de Parkinson, et
l’existence possible de symptômes
dépressifs a été décrite dès 1920.
Leur identification et leur traitement
sont d’une importance critique dans
la gestion de la maladie. Malgré la
prévalence élevée de la dépression et
son impact important sur la qualité
de vie des patients, un certain
nombre de questions restent sans
réponse, notamment en ce qui
concerne l’épidémiologie et le traitement le mieux adapté. On constate
aussi, actuellement, que les grandes
revues internationales spécialisées en
psychiatrie ne semblent guère s’intéresser à ces problèmes.
La dépression dans la
maladie de Parkinson
Takamatsu (Japon)
L
a dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquemment
rencontré dans la maladie de
Parkinson. Bien que la survie des
patients ait été améliorée, les
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problèmes psychiatriques qui s’additionnent aux troubles moteurs restent
difficiles à gérer. Selon les études, la
prévalence de la dépression pourrait
être de 20 à 70 %. Les taux rapportés
varient en effet selon la composition
de l’échantillonnage, la manière de
poser le diagnostic (évaluation par le
médecin ou déclaration par le patient)
et la présence ou l’absence d’un
groupe contrôle. Les études les plus
récentes font état de 2 à 8 % de dépression grave (selon le DSM-III-R) chez
les patients, et les femmes atteintes de
Parkinson sont les plus sensibles à la
dépression. Toujours d’après ces
travaux, la dépression grave et la
maladie de Parkinson pourraient
coexister et les troubles dysthymiques
constitueraient une caractéristique
essentielle dans le Parkinson. Certains
chercheurs ont observé des fluctuations d’humeur en parallèle aux fluctuations motrices. Si l’on considère le
substrat neurochimique, on constate
que les taux de l’acide 5-hydroxyindole-acétique (un métabolite principal de la sérotonine) sont réduits
dans le liquide céphalo-rachidien, ce
qui suggère l’existence de dysfonctionnements de la transmission sérotoninergique dans le cerveau des
patients. Cependant, les arguments
expérimentaux sérieux qui font défaut,
indiqueraient l’implication effective
dans la dépression, chez les patients
souffrant de Parkinson, des inhibiteurs
de la recapture sélective de la sérotonine. Les autopsies révèlent que les
taux de sérotonine, mais aussi de
dopamine, de noradrénaline et
d’autres neurotransmetteurs, sont
diminués dans le cerveau des patients.
Toutefois, tous les patients ne développent pas une dépression. Il se pourrait
que la maladie de Parkinson soit non
une entité homogène mais plutôt un
groupe hétérogène de troubles et de
symptômes. Du fait des modifications
des taux cérébraux de nombreux
neurotransmetteurs, la mise en œuvre
du traitement peut être difficile et délicate. Les stratégies de traitement
futures devront se fonder sur une
meilleure compréhension du soubassement neurochimique de la pathologie (Yamamoto M. Depression in
Parkinson’s disease : its prevalence,
diagnosis and neurochemical background. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) :
III/5-III/11).
Insomnie, symptômes
dépressifs dans la maladie
de Parkinson et leur
relation avec la qualité
de la vie
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Dépression – Neurotransmission –
Sérotonine.
Lund (Suède)
L
Les patients présentant un
trouble affectif grave
sont-ils plus susceptibles
de développer une
maladie de Parkinson ?
Copenhague (Danemark)
D
es chercheurs danois ont essayé de
répondre à cette question en
comparant trois cohortes de patients
sélectionnés à partir des registres
hospitaliers couvrant la période allant
de 1977 à 1993 : un groupe de patients
ayant présenté des épisodes de
troubles affectifs graves (manie ou
dépression), un groupe de patients
présentant de l’arthrose et un groupe
de patients diabétiques (Nilsson F,
Kessing L, Bolwig T. Increased risk of
developing Parkinson’s disease for
patients with major affective disorder :
a register study. Acta Psychiatr Scand
2001 ; 104 : 380-6). Plus de 164 000
patients ont ainsi été inclus dans
l’étude. Les auteurs ont estimé le
moment du diagnostic initial de la
maladie de Parkinson. Ils ont pu
observer que le risque de diagnostic de
Parkinson était significativement
accru chez les patients présentant un
trouble affectif par rapport aux deux
autres pathologies. Cette étude
renforce l’hypothèse d’une étiologie
commune pour la maladie de
Parkinson et les troubles affectifs graves.
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Dépression.
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002
es troubles émotionnels, cognitifs et
sensoriels dont souffrent les
patients atteints de maladie de
Parkinson sont à même de perturber
leur fonctionnement psychosocial. Les
principaux responsables des effets
négatifs sur la qualité de vie du patient
seraient les problèmes de locomotion,
l’insomnie, les symptômes dépressifs
et le faible degré d’indépendance.
L’insomnie a une prévalence élevée, de
30 à 50 %, chez les patients Parkinson,
les plus âgés en particulier. Les
patients rapportent des problèmes
d’endormissement, un sommeil
perturbé et des réveils précoces. Le
sommeil est léger et fragmenté, du fait
de l’activité musculaire accrue, des
difficultés respiratoires et de la perturbation des rythmes biologiques. Quant
à la dépression, ses taux vont de 9 à 19 %
dans la population de personnes âgées
non parkinsoniennes et de 20 à 70 %
chez les sujets âgés atteints de
Parkinson. Des chercheurs suédois ont
mis en œuvre une étude de grande
ampleur concernant la qualité de vie
en rapport avec la santé de patients
atteints de Parkinson et se sont particulièrement intéressés à l’impact de
l’insomnie et de la dépression (CaapAhlgren M, Dehlin O. Insomnia and
depression in patients with Parkinson’s
disease. Relationship to health-related
quality of life. An interwiew study of
patients living at home. Arch Gerontol
Geriatr 2001 ; 32 : 23-33). Cent deux
patients, vivant à leur domicile et
atteints de formes modérées à sévères
de la maladie, ont été interrogés. Le
groupe comprenait 43 femmes et l’âge
des patients s’échelonnait de 56 à 80 ans
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(âge moyen : 70 ans). La période
écoulée depuis le diagnostic était de
moins de 2 ans pour 57 % des patients,
de 2 à 10 ans pour 31 % d’entre-eux et
de plus de 10 ans pour les 12 % restants.
Presque tous les patients (98 %)
étaient traités par la L-dopa, dont les
effets secondaires habituels sont la
confusion, les hallucinations et l’insomnie. Les auteurs ont utilisé
l’échelle de dépression gériatrique
(GDS) et l’échelle d’insomnie de
Livingstone. Les résultats étaient
corrélés avec la qualité de vie,
mesurée avec l’échelle SF-36. Cet
instrument permet de mesurer huit des
domaines essentiels de la santé : fonctionnement physique, rôle physique,
souffrance corporelle, état de santé
global, vitalité, fonctionnement social,
émotion et santé mentale. La prévalence de l’insomnie était de 80 %. Des
symptômes dépressifs modérés étaient
observés chez 47 % des patients et 5 %
des patients présentaient des symptômes dépressifs sévères. Toutes les
dimensions de l’échelle de qualité de
vie étaient significativement altérées
chez les patients souffrant d’insomnie
ou de dépression. Une analyse de
régression linéaire permettait de
constater que la douleur et les symptômes dépressifs étaient liés de
manière significative à l’insomnie.
Les variables les plus fortement reliées
aux symptômes dépressifs étaient l’insomnie et les perturbations physiques
fonctionnelles les plus importantes
(selon l’échelle de Hoehn et Yahr,
1967). L’insomnie et les symptômes
dépressifs ont donc une prévalence
élevée dans la maladie de Parkinson. Il
est important de prendre en compte
ces symptômes lors de l’évaluation
des patients, vu leur impact important
sur la qualité de vie de ces derniers.
Mots clés. Parkinson – Insomnie –
Dépression – Qualité de vie.
Psychose intrinsèque et
extrinsèque dans la
maladie de Parkinson
Amsterdam (Pays-Bas)
L
a maladie de Parkinson est une
pathologie
neurodégénérative
progressive, induite par une combinaison encore mal élucidée de facteurs
génétiques et environnementaux à
l’origine d’un stress oxydatif, menant
directement ou indirectement à la
nécrose et à l’apoptose des neurones
dopaminergiques de la substantia
nigra en particulier. Des corps de
Lewy vont apparaître, comme conséquence de l’incapacité locale à gérer
les protéines endommagées. D’autres
systèmes de neurotransmission sont
affectés par la suite à des degrés
divers, notamment les systèmes
adrénergique, sérotoninergique et
cholinergique. Ces dégénérescences
diverses mènent à un ensemble de
perturbations motrices et non
motrices, la maladie de Parkinson. Les
signes et les symptômes directs et
indirects de la maladie de Parkinson
sont extrêmement invalidants pour les
patients, en particulier les plus âgés.
Parmi les facteurs intrinsèques, outre
les signes bien connus que sont les
anomalies motrices comme la bradykinésie, l’hypokinésie, la rigidité et le
tremblement, il faut considérer les
problèmes liés à l’hypotension orthostatique, l’incontinence urinaire, l’impotence ainsi qu’aux anomalies
comportementales non motrices :
troubles de l’humeur, déficits cognitifs, délires et hallucinations. Ces
symptômes sont provoqués par la
dégénérescence des cellules productrices de dopamine dans la substantia
nigra et l’aire tegmentale ventrale, en
parallèle avec un délabrement des
systèmes noradrénergique (le locus
coeruleus), cholinergique (le noyau
basal de Meynert) et sérotoninergique
(les noyaux du raphé dorsal) (Wolters
E. Intrinsic and extrinsic psychosis in
Parkinson’s disease. J Neurol 2001 ;
248 (suppl. 3) : III/22-III/27). Vingt à
trente pour cent des patients peuvent
présenter des troubles de l’humeur
comme l’anhédonie, l’aboulie, de
l’anxiété et/ou des symptômes dépressifs. Les symptômes extrinsèques,
induits par la pharmacothérapie, se
manifestent principalement par des
fluctuations de la réponse motrice, un
délire toxique et une psychose dopaminomimétique. Le délire toxique se
développe sur un laps de temps assez
court et tend à fluctuer tout au long de
la journée. Il est caractérisé par des
altérations de la vigilance, de l’agitation, des difficultés d’attention et de
concentration et des altérations du
cycle veille/sommeil. Des distorsions
des perceptions, des craintes et des
idées de persécution sont également
souvent rencontrées. Le trouble
psychotique dopamino-induit se
caractérise par un délire avec manque
de coopération, un retrait émotionnel,
de la suspicion, l’hostilité et/ou des
hallucinations principalement visuelles,
avec perturbation du sens de la réalité.
Cette condition est observée chez
environ 20 % des patients. Au départ,
les hallucinations sont agréables et
amicales, avec des visions colorées et
souvent fragmentées de personnes ou
d’animaux familiers décédés. Par la
suite, les hallucinations peuvent
changer avec l’apparition d’insectes
effrayants, de rats et de serpents,
provoquant de l’anxiété et des attaques
de panique. Ce type d’hallucinations
est surtout présent chez les patients
âgés et présentant une démence. Les
déficits cholinergiques pourraient
jouer un rôle facilitateur important. Un
traitement adéquat des symptômes
psychotiques améliore considérablement la vie des patients et des
personnes qui prennent soin d’eux.
Les antipsychotiques atypiques,
comme la clozapine, l’olanzapine et la
quetiapine ont prouvé leur efficacité
dans le traitement de la psychose
dopaminomimétique ainsi que pour la
démence à corps de Lewy. Les symptômes psychologiques et psychiatriques de la maladie de Parkinson
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sont des prédicteurs importants pour la
qualité de la vie des patients. Étant
donné que ces symptômes sont potentiellement accessibles à une thérapeutique, il est important de les identifier
en temps utile, pour pouvoir maintenir
les patients à domicile le plus longtemps possible.
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Psychose.
Symptômes psychiatriques
dans la démence à corps
de Lewy et dans la
maladie de Parkinson avec
et sans démence
Rogaland (Norvège)
(Grande-Bretagne)
L
et
Newcastle
a démence à corps de Lewy est
caractérisée par des fluctuations de
la conscience, une démence, des
signes parkinsoniens et des hallucinations et représente 15 à 25 % des cas
de démence. Elle est accompagnée de
la présence abondante de corps de
Lewy dans le cortex et la substantia
nigra, ainsi que dans d’autres zones
cérébrales. Dans la maladie de
Parkinson, en plus des symptômes
extrapyramidaux, des symptômes
neuropsychiatriques comme la dépression et les hallucinations sont assez
communs, en particulier chez les
patients présentant une démence. Dans
la maladie de Parkinson, on a affaire à
une perte neuronale et à la présence de
corps de Lewy dans les neurones
survivants de la substantia nigra. En
outre, des corps de Lewy sont
observés dans le cortex chez pratiquement tous les patients parkinsoniens
et, en particulier, chez les déments.
Ces deux pathologies ont donc des
caractéristiques cliniques et neuropathologiques communes. Les auteurs
de cet article ont réalisé une comparaison prospective de la fréquence et
des corrélats cliniques des délires, des
hallucinations et de la dépression dans
ces deux populations de patients
(Aarsland D, Ballard CV, Larsen J,
McKeith I. A comparative study of
psychiatric symptoms in dementia with
Lewy bodies and Parkinson’s disease
with and without dementia. Int J
Geriatric Psychiatry 2001 ; 16 : 52836). Les symptômes neuropsychiatriques ont été évalués au préalable
chez 48 patients présentant une
maladie de Parkinson avec démence,
83 patients présentant une maladie de
Parkinson sans démence, et 98 patients
souffrant de démence à corps de Lewy.
Les délires et les hallucinations étaient
significativement plus fréquents chez
les patients avec démence à corps de
Lewy (57 % et 76 %) que chez les
parkinsoniens déments (29 % et 54 %)
et non déments (7 % et 14 %). Dans
tous les groupes, les hallucinations
auditives et visuelles ainsi que les
délires paranoïdes étaient les symptômes psychotiques les plus communs.
La fréquence de dépression majeure et
de dépression moins intense ne différait pas significativement entre les
groupes. Les corrélats cliniques des
hallucinations dans la maladie de
Parkinson étaient la démence et un
niveau de Hoehn-Yahr de 3 ou plus.
Aucune corrélation clinique significative n’était observée chez les patients
avec démence à corps de Lewy. Les
délires et les hallucinations apparaissent avec une fréquence qui croît de la
maladie de Parkinson sans démence à
la maladie de Parkinson avec
démence, et à la démence à corps de
Lewy (DCL). Ces observations sont en
faveur de l’hypothèse selon laquelle,
dans ces deux pathologies, les symptômes psychiatriques seraient associés
à la présence de corps de Lewy au
niveau cortical ou à des déficits cholinergiques.
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Démence à corps de Lewy – Troubles
psychiatriques – Hallucinations –
Dépression – Démence.
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002
Options de traitement
pour la dépression et la
psychose dans la maladie
de Parkinson
Innsbruck (Autriche) et Tel-Aviv (Israël)
E
n dépit de la fréquence élevée des
symptômes neuropsychiatriques
aux stades avancés de la maladie de
Parkinson, les protocoles cliniques
contrôlés, destinés à établir l’effet des
antidépresseurs sur ces troubles spécifiques dans des études incluant plus de
20 patients, font cruellement défaut.
Une étude de la littérature menée par
des chercheurs autrichiens n’a permis
d’identifier que 17 articles, dont la
plupart ont inclus moins de 20 patients
et/ou n’ont pas mis en œuvre de
mesures valables de la dépression
(Poewe W, Seppi K. Treatment options
for depression and psychosis in
Parkinson’s disease. J Neurol 2001 ;
248 (suppl. 3) : III/12-III/21). Le seul
protocole contrôlé et randomisé a été
mené il a plus de 20 ans avec la
nortriptyline cependant qu’un certain
nombre de protocoles non contrôlés
ont utilisé des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Trois études
contrôlées récentes ont établi l’efficacité des neuroleptiques atypiques que
sont la clozapine et l’olanzapine dans
la psychose médicamenteuse. La
clozapine semble être un antipsychotique de choix pour le traitement de la
psychose médicamenteuse dans la
maladie de Parkinson.
En ce qui concerne la démence qui
accompagne souvent les stades
avancés de la maladie de Parkinson, sa
pathogénie semble particulièrement
complexe. Elle serait liée à des déficiences en diverses amines cérébrales,
au dépôt de corps de Lewy ainsi qu’à
la coexistence de modifications cérébrales liées à l’âge, de type Alzheimer
et vasculaire. Enfin, la dégénérescence
des neurones cholinergiques du noyau
basal de Meynert pourrait contribuer
de manière non négligeable au déclin
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cognitif. Le traitement par la rivastine,
inhibiteur de la cholinestérase, semble
donner des résultats satisfaisants
(Korczyn A. Dementia in Parkinson’s
disease. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) :
III/1-III/4).
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Dépression – Psychose – Traitement.
Caractéristiques métaboliques dans la maladie de
Parkinson : corrélation
avec les symptômes
mnésiques, visuospatiaux
et les troubles de
l’humeur
New York (États-Unis)
S
i les anomalies cognitives et affectives sont communes dans la
maladie de Parkinson, la pathophysiologie qui sous-tend ces troubles est
encore largement méconnue. La
démence clinique et la dépression
majeure sont les troubles les mieux
étudiés. Cependant, la grande majorité
des patients ne présentent ni démence
ni dépression grave et sont susceptibles de souffrir d’une grande variété
de symptômes cognitifs et dysphoriques. La dysphorie, dans ce contexte,
inclut les dysthymies ou des symptômes dépressifs de sévérité variable.
Il est peu probable que ces symptômes
soient la simple conséquence de la
perte motrice ; de plus, la sévérité des
symptômes moteurs ne semble pas
être associée à la présence de dysfonctionnements cognitifs ou de dépression. Par ailleurs, contrairement à la
dépression grave, la dépression légère
ne semble pas associée au déclin
cognitif, ce qui laisse penser que
dysphorie et déclin cognitif présentent
des mécanismes pathophysiologiques
différents. En outre, si le traitement
par la dopamine est efficace en ce qui
concerne les symptômes moteurs de la
maladie, ses effets sur les symptômes
comportementaux restent sujets à
controverse. Ces observations suggèrent que la perturbation dopaminergique ne constitue pas, à elle seule,
le mécanisme pathophysiologique
responsable des troubles cognitifs et
dysphoriques de la maladie de
Parkinson. Le but de cette étude était
d’identifier des marqueurs biologiques
quantifiables associés aux symptômes
dysphorique et cognitif dans cette
pathologie (Mentis J, McIntosh A,
Perrine K et al. Relationship among
the metabolic patterns that correlate
with mnemonic, visuospatial, and
mood symptoms in Parkinson’s
disease. Am J Psychiatry 2002 ; 159 :
746-754). Les auteurs ont évalué 15
patients parkinsoniens non déments,
ne présentant pas de dépression grave
(selon le DSM-III-R), à l’aide de la
tomographie par émission de positons
et par des tests neuropsychologiques.
L’âge moyen des patients était de 59 ans.
Ils présentaient un score moyen de 3,3
dans l’échelle de Hoehn et Yahr et des
scores de 24 ou plus dans toutes les
échelles du MMSE (Mini Mental
Scale Examination). Deux zones topographiques significatives et indépendantes ont été identifiées, qui
présentaient une double dissociation
dans leurs corrélats comportementaux.
La première zone incluait les régions
pariéto-occipito-temporales et médiotemporales. Cette zone était corrélée
avec les fonctions visuospatiales et
mnésiques, mais non avec la
dysphorie. La deuxième zone incluait
le cortex latéral frontal et limbique
antérieur ; elle était corrélée avec la
dysphorie mais non avec les mesures
cognitives.
L’observation
selon
laquelle de légères anomalies
mnésiques et visuospatiales sont
corrélées avec le même ensemble
topographique suggère qu’une pathophysiologie commune serait à la base
de ces troubles cognitifs dans la
maladie de Parkinson. En revanche,
l’indépendance de ces deux zones
renforce la notion selon laquelle ce
sont bien des mécanismes différents
qui sous-tendent les perturbations
cognitives et les symptômes dysphoriques chez les patients parkinsoniens
non déments.
Mots clés. Maladie de Parkinson –
Dépression – Mémoire – Dysphorie.
Pour en savoir plus
◗ Global Parkinson’s disease survey steering commitee. Factors impacting on
quality of life of Parkinson’s disease :
results from an international survey. Mov
Disorders 2002 ; 17 : 60-7.
La sévérité de la maladie et le type de
traitement n’expliquent que 17 % de la
variabilité de la qualité de vie en
rapport avec la santé des patients souffrant de Parkinson. Des éléments
importants sont la dépression, la satisfaction concernant les explications
reçues à propos du diagnostic et le
niveau d’optimisme. Cette analyse,
réalisée dans six pays, constitue la
première étape dans la mise au point
de recommandations permettant
d’améliorer véritablement et efficacement la qualité de vie en rapport avec
la santé des patients souffrant de la
maladie de Parkinson.
◗ Erdal K. Depressive symptom patterns in
patients with Parkinson’s disease and other
older adults. J Clin Psychol 2001 ; 57 :
1559-69.
Pendant longtemps, on a considéré que
les symptômes dépressifs de la
maladie de Parkinson étaient différents de ceux ressentis par les autres
personnes âgées. Cette étude montre
qu’il n’en est rien et que les profils des
symptômes dépressifs ne sont pas
différents.
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◗ Zesiewics T, Hauser R. Depression in
Parkinson’s disease. Curr Psychiatry Rep
2002 ; 4 : 69-73.
Une revue de l’information concernant l’épidémiologie de la dépression
dans la maladie de Parkinson, les
options de traitement et les interactions possibles entre les antidépresseurs et les autres médications.
◗ Fernandez H, Tabamo R, David R,
Friedman J. Predictors of depressive symptoms among spouse caregivers in
Parkinson’s disease. Mov Disorders 2001 ;
6 : 1123-5.
L’objectif de cette étude était de déterminer les prédicteurs des symptômes
dépressifs chez les conjoints de
patients atteints de Parkinson. Il
s’agissait de savoir dans quelle mesure
la contrainte des soins à donner, la
nature des complications cognitives,
motrices et comportementales des
patients contribuaient à la dépression
chez leur conjoint. L’étude démontre
que c’est la durée de la maladie qui
constitue le facteur prédictif le plus
puissant.
◗ Myslobodsky M, Lalonde F, Hicks L. Are
patients with Parkinson’s disease
suicidal ? J Geriatr Psychiatry Neurol
2001 ; 14 : 120-4.
Une étude réalisée aux Etats-Unis en
1996 révèle que le taux de suicide
dans la population générale est dix fois
plus élevé que celui des patients souffrant de maladie de Parkinson. Par
comparaison avec les patients suicidaires, les patients atteints de
Parkinson et non suicidaires présentaient des taux significativement plus
faibles de troubles affectifs.
◗ Norman S, Troster A, Fields J, Brooks R.
Effects of depression and Parkinson’s
disease on cognitive functioning. J
Neuropsychiatry Clin Neurosci 2002 ; 14 :
31-6.
Chez les patients atteints de la maladie
de Parkinson, la diminution de la
mémoire serait principalement liée à la
dépression. Le traitement de la dépression pourrait améliorer certains
aspects des perturbations cognitives
des patients parkinsoniens atteints de
dépression.
Le thème de la revue de presse du mois de juin sera :
Sport, psychisme et dopage
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002
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