MAI INT 03/07/02 10:12 Page 108 L Maladie de Parkinson et psychopathologie E. Bacon Inserm, Strasbourg Traits de personnalité et fonction dopaminergique cérébrale dans la maladie de Parkinson Turku (Finlande) I l y a déjà près d’un siècle que certains cliniciens ont proposé l’association potentielle de la maladie de Parkinson à un type spécifique de personnalité, la “personnalité parkinsonienne”, décrite comme étant compulsive, industrieuse, introvertie, moralement rigide, ponctuelle, sérieuse, stoïque et tranquille. Quelques études ont montré, par ailleurs, que les patients ont des scores plus faibles pour un trait de personnalité nommé la recherche de la nouveauté, qui, selon la théorie de Cloninger, serait un trait de tempérament modulé par la dopamine. Certains ont alors posé l’hypothèse selon laquelle, en présence de stimuli nouveaux, l’augmentation normale de dopamine, source de plaisir et de satisfaction, ne serait pas possible chez les patients parkinsoniens avec, pour conséquence, une baisse de la recherche de la nouveauté caractéristique de la maladie. Les auteurs de cet article se sont attachés à tester cette hypothèse d’une personnalité particulière chez le patient atteint de maladie de Parkinson et qui serait spécifiquement reliée à la dopamine (Kaasinen V, Nurmi E, Bergman J et al. Personality traits and brain dopaminergic function in Parkinson’s disease. PNAS 2001 ; 98 : 13272-7). Pour ce faire, ils ont examiné la structure de la personnalité de 61 patients parkinsoniens non traités et de 45 sujets témoins sains. La fonction cérébrale dopaminergique a été évaluée directement par des mesures de tomographie d’émission de positons (PET) avec la 18F-dopa et des enregistrements en IRM. Le score de personnalité de recherche de la nouveauté, supposé caractéristique de la personnalité parkinsonienne, était effectivement un peu plus faible chez les patients, mais il n’était lié significativement à la capture de la 18F-dopa dans aucune région cérébrale. Le score d’évitement du danger, associé à l’anxiété et à la dépression, était clairement augmenté chez les patients et, paradoxalement, était significativement associé à la capture de la 18Fdopa dans le noyau caudé droit. Quoique ces résultats ne soient pas en désaccord avec le concept d’une personnalité avec faible recherche de la nouveauté chez les patients atteints de Parkinson, ce type de personnalité ne semble pas dépendant de la dopamine. La corrélation observée entre le trait de personnalité d’évitement du danger et la capture de la 18F-dopa pourrait refléter l’existence d’un circuit spécifique de feed-back des neurotransmetteurs qui serait associé à l’émotionnalité négative dans la maladie de Parkinson. Mots clés. Maladie de Parkinson – Personnalité parkinsonienne – Recherche de la nouveauté. a maladie de Parkinson est un des troubles neurodégénératifs les plus fréquents puisque sa prévalence se situe juste derrière celle de la maladie d’Alzheimer. Elle s’accompagne non seulement de la dégénérescence progressive du système dopaminergique mais aussi de dégénérescences variables des systèmes sérotoninergique et noradrénergique et du système cholinergique basal antérieur. Chez le patient, ces anomalies sont susceptibles de jouer un rôle important dans l’initiation et l’aggravation des perturbations cognitives et affectives. La dépression est un trouble commun aux patients souffrant de maladie de Parkinson, et l’existence possible de symptômes dépressifs a été décrite dès 1920. Leur identification et leur traitement sont d’une importance critique dans la gestion de la maladie. Malgré la prévalence élevée de la dépression et son impact important sur la qualité de vie des patients, un certain nombre de questions restent sans réponse, notamment en ce qui concerne l’épidémiologie et le traitement le mieux adapté. On constate aussi, actuellement, que les grandes revues internationales spécialisées en psychiatrie ne semblent guère s’intéresser à ces problèmes. La dépression dans la maladie de Parkinson Takamatsu (Japon) L a dépression est le trouble psychiatrique le plus fréquemment rencontré dans la maladie de Parkinson. Bien que la survie des patients ait été améliorée, les 108 Revue de presse Revue de presse MAI INT 03/07/02 10:12 Page 109 problèmes psychiatriques qui s’additionnent aux troubles moteurs restent difficiles à gérer. Selon les études, la prévalence de la dépression pourrait être de 20 à 70 %. Les taux rapportés varient en effet selon la composition de l’échantillonnage, la manière de poser le diagnostic (évaluation par le médecin ou déclaration par le patient) et la présence ou l’absence d’un groupe contrôle. Les études les plus récentes font état de 2 à 8 % de dépression grave (selon le DSM-III-R) chez les patients, et les femmes atteintes de Parkinson sont les plus sensibles à la dépression. Toujours d’après ces travaux, la dépression grave et la maladie de Parkinson pourraient coexister et les troubles dysthymiques constitueraient une caractéristique essentielle dans le Parkinson. Certains chercheurs ont observé des fluctuations d’humeur en parallèle aux fluctuations motrices. Si l’on considère le substrat neurochimique, on constate que les taux de l’acide 5-hydroxyindole-acétique (un métabolite principal de la sérotonine) sont réduits dans le liquide céphalo-rachidien, ce qui suggère l’existence de dysfonctionnements de la transmission sérotoninergique dans le cerveau des patients. Cependant, les arguments expérimentaux sérieux qui font défaut, indiqueraient l’implication effective dans la dépression, chez les patients souffrant de Parkinson, des inhibiteurs de la recapture sélective de la sérotonine. Les autopsies révèlent que les taux de sérotonine, mais aussi de dopamine, de noradrénaline et d’autres neurotransmetteurs, sont diminués dans le cerveau des patients. Toutefois, tous les patients ne développent pas une dépression. Il se pourrait que la maladie de Parkinson soit non une entité homogène mais plutôt un groupe hétérogène de troubles et de symptômes. Du fait des modifications des taux cérébraux de nombreux neurotransmetteurs, la mise en œuvre du traitement peut être difficile et délicate. Les stratégies de traitement futures devront se fonder sur une meilleure compréhension du soubassement neurochimique de la pathologie (Yamamoto M. Depression in Parkinson’s disease : its prevalence, diagnosis and neurochemical background. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) : III/5-III/11). Insomnie, symptômes dépressifs dans la maladie de Parkinson et leur relation avec la qualité de la vie Mots clés. Maladie de Parkinson – Dépression – Neurotransmission – Sérotonine. Lund (Suède) L Les patients présentant un trouble affectif grave sont-ils plus susceptibles de développer une maladie de Parkinson ? Copenhague (Danemark) D es chercheurs danois ont essayé de répondre à cette question en comparant trois cohortes de patients sélectionnés à partir des registres hospitaliers couvrant la période allant de 1977 à 1993 : un groupe de patients ayant présenté des épisodes de troubles affectifs graves (manie ou dépression), un groupe de patients présentant de l’arthrose et un groupe de patients diabétiques (Nilsson F, Kessing L, Bolwig T. Increased risk of developing Parkinson’s disease for patients with major affective disorder : a register study. Acta Psychiatr Scand 2001 ; 104 : 380-6). Plus de 164 000 patients ont ainsi été inclus dans l’étude. Les auteurs ont estimé le moment du diagnostic initial de la maladie de Parkinson. Ils ont pu observer que le risque de diagnostic de Parkinson était significativement accru chez les patients présentant un trouble affectif par rapport aux deux autres pathologies. Cette étude renforce l’hypothèse d’une étiologie commune pour la maladie de Parkinson et les troubles affectifs graves. Mots clés. Maladie de Parkinson – Dépression. Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002 es troubles émotionnels, cognitifs et sensoriels dont souffrent les patients atteints de maladie de Parkinson sont à même de perturber leur fonctionnement psychosocial. Les principaux responsables des effets négatifs sur la qualité de vie du patient seraient les problèmes de locomotion, l’insomnie, les symptômes dépressifs et le faible degré d’indépendance. L’insomnie a une prévalence élevée, de 30 à 50 %, chez les patients Parkinson, les plus âgés en particulier. Les patients rapportent des problèmes d’endormissement, un sommeil perturbé et des réveils précoces. Le sommeil est léger et fragmenté, du fait de l’activité musculaire accrue, des difficultés respiratoires et de la perturbation des rythmes biologiques. Quant à la dépression, ses taux vont de 9 à 19 % dans la population de personnes âgées non parkinsoniennes et de 20 à 70 % chez les sujets âgés atteints de Parkinson. Des chercheurs suédois ont mis en œuvre une étude de grande ampleur concernant la qualité de vie en rapport avec la santé de patients atteints de Parkinson et se sont particulièrement intéressés à l’impact de l’insomnie et de la dépression (CaapAhlgren M, Dehlin O. Insomnia and depression in patients with Parkinson’s disease. Relationship to health-related quality of life. An interwiew study of patients living at home. Arch Gerontol Geriatr 2001 ; 32 : 23-33). Cent deux patients, vivant à leur domicile et atteints de formes modérées à sévères de la maladie, ont été interrogés. Le groupe comprenait 43 femmes et l’âge des patients s’échelonnait de 56 à 80 ans 109 Revue de presse Revue de presse MAI INT 03/07/02 10:12 Page 110 (âge moyen : 70 ans). La période écoulée depuis le diagnostic était de moins de 2 ans pour 57 % des patients, de 2 à 10 ans pour 31 % d’entre-eux et de plus de 10 ans pour les 12 % restants. Presque tous les patients (98 %) étaient traités par la L-dopa, dont les effets secondaires habituels sont la confusion, les hallucinations et l’insomnie. Les auteurs ont utilisé l’échelle de dépression gériatrique (GDS) et l’échelle d’insomnie de Livingstone. Les résultats étaient corrélés avec la qualité de vie, mesurée avec l’échelle SF-36. Cet instrument permet de mesurer huit des domaines essentiels de la santé : fonctionnement physique, rôle physique, souffrance corporelle, état de santé global, vitalité, fonctionnement social, émotion et santé mentale. La prévalence de l’insomnie était de 80 %. Des symptômes dépressifs modérés étaient observés chez 47 % des patients et 5 % des patients présentaient des symptômes dépressifs sévères. Toutes les dimensions de l’échelle de qualité de vie étaient significativement altérées chez les patients souffrant d’insomnie ou de dépression. Une analyse de régression linéaire permettait de constater que la douleur et les symptômes dépressifs étaient liés de manière significative à l’insomnie. Les variables les plus fortement reliées aux symptômes dépressifs étaient l’insomnie et les perturbations physiques fonctionnelles les plus importantes (selon l’échelle de Hoehn et Yahr, 1967). L’insomnie et les symptômes dépressifs ont donc une prévalence élevée dans la maladie de Parkinson. Il est important de prendre en compte ces symptômes lors de l’évaluation des patients, vu leur impact important sur la qualité de vie de ces derniers. Mots clés. Parkinson – Insomnie – Dépression – Qualité de vie. Psychose intrinsèque et extrinsèque dans la maladie de Parkinson Amsterdam (Pays-Bas) L a maladie de Parkinson est une pathologie neurodégénérative progressive, induite par une combinaison encore mal élucidée de facteurs génétiques et environnementaux à l’origine d’un stress oxydatif, menant directement ou indirectement à la nécrose et à l’apoptose des neurones dopaminergiques de la substantia nigra en particulier. Des corps de Lewy vont apparaître, comme conséquence de l’incapacité locale à gérer les protéines endommagées. D’autres systèmes de neurotransmission sont affectés par la suite à des degrés divers, notamment les systèmes adrénergique, sérotoninergique et cholinergique. Ces dégénérescences diverses mènent à un ensemble de perturbations motrices et non motrices, la maladie de Parkinson. Les signes et les symptômes directs et indirects de la maladie de Parkinson sont extrêmement invalidants pour les patients, en particulier les plus âgés. Parmi les facteurs intrinsèques, outre les signes bien connus que sont les anomalies motrices comme la bradykinésie, l’hypokinésie, la rigidité et le tremblement, il faut considérer les problèmes liés à l’hypotension orthostatique, l’incontinence urinaire, l’impotence ainsi qu’aux anomalies comportementales non motrices : troubles de l’humeur, déficits cognitifs, délires et hallucinations. Ces symptômes sont provoqués par la dégénérescence des cellules productrices de dopamine dans la substantia nigra et l’aire tegmentale ventrale, en parallèle avec un délabrement des systèmes noradrénergique (le locus coeruleus), cholinergique (le noyau basal de Meynert) et sérotoninergique (les noyaux du raphé dorsal) (Wolters E. Intrinsic and extrinsic psychosis in Parkinson’s disease. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) : III/22-III/27). Vingt à trente pour cent des patients peuvent présenter des troubles de l’humeur comme l’anhédonie, l’aboulie, de l’anxiété et/ou des symptômes dépressifs. Les symptômes extrinsèques, induits par la pharmacothérapie, se manifestent principalement par des fluctuations de la réponse motrice, un délire toxique et une psychose dopaminomimétique. Le délire toxique se développe sur un laps de temps assez court et tend à fluctuer tout au long de la journée. Il est caractérisé par des altérations de la vigilance, de l’agitation, des difficultés d’attention et de concentration et des altérations du cycle veille/sommeil. Des distorsions des perceptions, des craintes et des idées de persécution sont également souvent rencontrées. Le trouble psychotique dopamino-induit se caractérise par un délire avec manque de coopération, un retrait émotionnel, de la suspicion, l’hostilité et/ou des hallucinations principalement visuelles, avec perturbation du sens de la réalité. Cette condition est observée chez environ 20 % des patients. Au départ, les hallucinations sont agréables et amicales, avec des visions colorées et souvent fragmentées de personnes ou d’animaux familiers décédés. Par la suite, les hallucinations peuvent changer avec l’apparition d’insectes effrayants, de rats et de serpents, provoquant de l’anxiété et des attaques de panique. Ce type d’hallucinations est surtout présent chez les patients âgés et présentant une démence. Les déficits cholinergiques pourraient jouer un rôle facilitateur important. Un traitement adéquat des symptômes psychotiques améliore considérablement la vie des patients et des personnes qui prennent soin d’eux. Les antipsychotiques atypiques, comme la clozapine, l’olanzapine et la quetiapine ont prouvé leur efficacité dans le traitement de la psychose dopaminomimétique ainsi que pour la démence à corps de Lewy. Les symptômes psychologiques et psychiatriques de la maladie de Parkinson 110 Revue de presse Revue de presse MAI INT 03/07/02 10:12 Page 111 sont des prédicteurs importants pour la qualité de la vie des patients. Étant donné que ces symptômes sont potentiellement accessibles à une thérapeutique, il est important de les identifier en temps utile, pour pouvoir maintenir les patients à domicile le plus longtemps possible. Mots clés. Maladie de Parkinson – Psychose. Symptômes psychiatriques dans la démence à corps de Lewy et dans la maladie de Parkinson avec et sans démence Rogaland (Norvège) (Grande-Bretagne) L et Newcastle a démence à corps de Lewy est caractérisée par des fluctuations de la conscience, une démence, des signes parkinsoniens et des hallucinations et représente 15 à 25 % des cas de démence. Elle est accompagnée de la présence abondante de corps de Lewy dans le cortex et la substantia nigra, ainsi que dans d’autres zones cérébrales. Dans la maladie de Parkinson, en plus des symptômes extrapyramidaux, des symptômes neuropsychiatriques comme la dépression et les hallucinations sont assez communs, en particulier chez les patients présentant une démence. Dans la maladie de Parkinson, on a affaire à une perte neuronale et à la présence de corps de Lewy dans les neurones survivants de la substantia nigra. En outre, des corps de Lewy sont observés dans le cortex chez pratiquement tous les patients parkinsoniens et, en particulier, chez les déments. Ces deux pathologies ont donc des caractéristiques cliniques et neuropathologiques communes. Les auteurs de cet article ont réalisé une comparaison prospective de la fréquence et des corrélats cliniques des délires, des hallucinations et de la dépression dans ces deux populations de patients (Aarsland D, Ballard CV, Larsen J, McKeith I. A comparative study of psychiatric symptoms in dementia with Lewy bodies and Parkinson’s disease with and without dementia. Int J Geriatric Psychiatry 2001 ; 16 : 52836). Les symptômes neuropsychiatriques ont été évalués au préalable chez 48 patients présentant une maladie de Parkinson avec démence, 83 patients présentant une maladie de Parkinson sans démence, et 98 patients souffrant de démence à corps de Lewy. Les délires et les hallucinations étaient significativement plus fréquents chez les patients avec démence à corps de Lewy (57 % et 76 %) que chez les parkinsoniens déments (29 % et 54 %) et non déments (7 % et 14 %). Dans tous les groupes, les hallucinations auditives et visuelles ainsi que les délires paranoïdes étaient les symptômes psychotiques les plus communs. La fréquence de dépression majeure et de dépression moins intense ne différait pas significativement entre les groupes. Les corrélats cliniques des hallucinations dans la maladie de Parkinson étaient la démence et un niveau de Hoehn-Yahr de 3 ou plus. Aucune corrélation clinique significative n’était observée chez les patients avec démence à corps de Lewy. Les délires et les hallucinations apparaissent avec une fréquence qui croît de la maladie de Parkinson sans démence à la maladie de Parkinson avec démence, et à la démence à corps de Lewy (DCL). Ces observations sont en faveur de l’hypothèse selon laquelle, dans ces deux pathologies, les symptômes psychiatriques seraient associés à la présence de corps de Lewy au niveau cortical ou à des déficits cholinergiques. Mots clés. Maladie de Parkinson – Démence à corps de Lewy – Troubles psychiatriques – Hallucinations – Dépression – Démence. Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002 Options de traitement pour la dépression et la psychose dans la maladie de Parkinson Innsbruck (Autriche) et Tel-Aviv (Israël) E n dépit de la fréquence élevée des symptômes neuropsychiatriques aux stades avancés de la maladie de Parkinson, les protocoles cliniques contrôlés, destinés à établir l’effet des antidépresseurs sur ces troubles spécifiques dans des études incluant plus de 20 patients, font cruellement défaut. Une étude de la littérature menée par des chercheurs autrichiens n’a permis d’identifier que 17 articles, dont la plupart ont inclus moins de 20 patients et/ou n’ont pas mis en œuvre de mesures valables de la dépression (Poewe W, Seppi K. Treatment options for depression and psychosis in Parkinson’s disease. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) : III/12-III/21). Le seul protocole contrôlé et randomisé a été mené il a plus de 20 ans avec la nortriptyline cependant qu’un certain nombre de protocoles non contrôlés ont utilisé des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine. Trois études contrôlées récentes ont établi l’efficacité des neuroleptiques atypiques que sont la clozapine et l’olanzapine dans la psychose médicamenteuse. La clozapine semble être un antipsychotique de choix pour le traitement de la psychose médicamenteuse dans la maladie de Parkinson. En ce qui concerne la démence qui accompagne souvent les stades avancés de la maladie de Parkinson, sa pathogénie semble particulièrement complexe. Elle serait liée à des déficiences en diverses amines cérébrales, au dépôt de corps de Lewy ainsi qu’à la coexistence de modifications cérébrales liées à l’âge, de type Alzheimer et vasculaire. Enfin, la dégénérescence des neurones cholinergiques du noyau basal de Meynert pourrait contribuer de manière non négligeable au déclin 111 Revue de presse Revue de presse MAI INT 03/07/02 10:12 Page 112 cognitif. Le traitement par la rivastine, inhibiteur de la cholinestérase, semble donner des résultats satisfaisants (Korczyn A. Dementia in Parkinson’s disease. J Neurol 2001 ; 248 (suppl. 3) : III/1-III/4). Mots clés. Maladie de Parkinson – Dépression – Psychose – Traitement. Caractéristiques métaboliques dans la maladie de Parkinson : corrélation avec les symptômes mnésiques, visuospatiaux et les troubles de l’humeur New York (États-Unis) S i les anomalies cognitives et affectives sont communes dans la maladie de Parkinson, la pathophysiologie qui sous-tend ces troubles est encore largement méconnue. La démence clinique et la dépression majeure sont les troubles les mieux étudiés. Cependant, la grande majorité des patients ne présentent ni démence ni dépression grave et sont susceptibles de souffrir d’une grande variété de symptômes cognitifs et dysphoriques. La dysphorie, dans ce contexte, inclut les dysthymies ou des symptômes dépressifs de sévérité variable. Il est peu probable que ces symptômes soient la simple conséquence de la perte motrice ; de plus, la sévérité des symptômes moteurs ne semble pas être associée à la présence de dysfonctionnements cognitifs ou de dépression. Par ailleurs, contrairement à la dépression grave, la dépression légère ne semble pas associée au déclin cognitif, ce qui laisse penser que dysphorie et déclin cognitif présentent des mécanismes pathophysiologiques différents. En outre, si le traitement par la dopamine est efficace en ce qui concerne les symptômes moteurs de la maladie, ses effets sur les symptômes comportementaux restent sujets à controverse. Ces observations suggèrent que la perturbation dopaminergique ne constitue pas, à elle seule, le mécanisme pathophysiologique responsable des troubles cognitifs et dysphoriques de la maladie de Parkinson. Le but de cette étude était d’identifier des marqueurs biologiques quantifiables associés aux symptômes dysphorique et cognitif dans cette pathologie (Mentis J, McIntosh A, Perrine K et al. Relationship among the metabolic patterns that correlate with mnemonic, visuospatial, and mood symptoms in Parkinson’s disease. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 746-754). Les auteurs ont évalué 15 patients parkinsoniens non déments, ne présentant pas de dépression grave (selon le DSM-III-R), à l’aide de la tomographie par émission de positons et par des tests neuropsychologiques. L’âge moyen des patients était de 59 ans. Ils présentaient un score moyen de 3,3 dans l’échelle de Hoehn et Yahr et des scores de 24 ou plus dans toutes les échelles du MMSE (Mini Mental Scale Examination). Deux zones topographiques significatives et indépendantes ont été identifiées, qui présentaient une double dissociation dans leurs corrélats comportementaux. La première zone incluait les régions pariéto-occipito-temporales et médiotemporales. Cette zone était corrélée avec les fonctions visuospatiales et mnésiques, mais non avec la dysphorie. La deuxième zone incluait le cortex latéral frontal et limbique antérieur ; elle était corrélée avec la dysphorie mais non avec les mesures cognitives. L’observation selon laquelle de légères anomalies mnésiques et visuospatiales sont corrélées avec le même ensemble topographique suggère qu’une pathophysiologie commune serait à la base de ces troubles cognitifs dans la maladie de Parkinson. En revanche, l’indépendance de ces deux zones renforce la notion selon laquelle ce sont bien des mécanismes différents qui sous-tendent les perturbations cognitives et les symptômes dysphoriques chez les patients parkinsoniens non déments. Mots clés. Maladie de Parkinson – Dépression – Mémoire – Dysphorie. Pour en savoir plus ◗ Global Parkinson’s disease survey steering commitee. Factors impacting on quality of life of Parkinson’s disease : results from an international survey. Mov Disorders 2002 ; 17 : 60-7. La sévérité de la maladie et le type de traitement n’expliquent que 17 % de la variabilité de la qualité de vie en rapport avec la santé des patients souffrant de Parkinson. Des éléments importants sont la dépression, la satisfaction concernant les explications reçues à propos du diagnostic et le niveau d’optimisme. Cette analyse, réalisée dans six pays, constitue la première étape dans la mise au point de recommandations permettant d’améliorer véritablement et efficacement la qualité de vie en rapport avec la santé des patients souffrant de la maladie de Parkinson. ◗ Erdal K. Depressive symptom patterns in patients with Parkinson’s disease and other older adults. J Clin Psychol 2001 ; 57 : 1559-69. Pendant longtemps, on a considéré que les symptômes dépressifs de la maladie de Parkinson étaient différents de ceux ressentis par les autres personnes âgées. Cette étude montre qu’il n’en est rien et que les profils des symptômes dépressifs ne sont pas différents. 112 Revue de presse Revue de presse MAI INT 03/07/02 10:12 Page 113 ◗ Zesiewics T, Hauser R. Depression in Parkinson’s disease. Curr Psychiatry Rep 2002 ; 4 : 69-73. Une revue de l’information concernant l’épidémiologie de la dépression dans la maladie de Parkinson, les options de traitement et les interactions possibles entre les antidépresseurs et les autres médications. ◗ Fernandez H, Tabamo R, David R, Friedman J. Predictors of depressive symptoms among spouse caregivers in Parkinson’s disease. Mov Disorders 2001 ; 6 : 1123-5. L’objectif de cette étude était de déterminer les prédicteurs des symptômes dépressifs chez les conjoints de patients atteints de Parkinson. Il s’agissait de savoir dans quelle mesure la contrainte des soins à donner, la nature des complications cognitives, motrices et comportementales des patients contribuaient à la dépression chez leur conjoint. L’étude démontre que c’est la durée de la maladie qui constitue le facteur prédictif le plus puissant. ◗ Myslobodsky M, Lalonde F, Hicks L. Are patients with Parkinson’s disease suicidal ? J Geriatr Psychiatry Neurol 2001 ; 14 : 120-4. Une étude réalisée aux Etats-Unis en 1996 révèle que le taux de suicide dans la population générale est dix fois plus élevé que celui des patients souffrant de maladie de Parkinson. Par comparaison avec les patients suicidaires, les patients atteints de Parkinson et non suicidaires présentaient des taux significativement plus faibles de troubles affectifs. ◗ Norman S, Troster A, Fields J, Brooks R. Effects of depression and Parkinson’s disease on cognitive functioning. J Neuropsychiatry Clin Neurosci 2002 ; 14 : 31-6. Chez les patients atteints de la maladie de Parkinson, la diminution de la mémoire serait principalement liée à la dépression. Le traitement de la dépression pourrait améliorer certains aspects des perturbations cognitives des patients parkinsoniens atteints de dépression. Le thème de la revue de presse du mois de juin sera : Sport, psychisme et dopage Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 5, mai 2002 113 Revue de presse Revue de presse