
Dossier : Cathéter centraux
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Depuis le début des années 1990, en Amérique du
Nord et dans quelques pays européens, le «PICCline
ou Peripherally Inserted Central Catheter » ou cathé-
ter central inséré par voie périphérique, est largement
utilisé pour les accès veineux remplaçant ainsi la plu-
part des voies veineuses centrales conventionnelles et
permettant un accès vasculaire stable en cas de fai-
ble capital veineux. Récemment, la Haute autorité de
santé dans ses recommandations du 15 avril 2008 sur
la nutrition parentérale à domicile a rendu les conclu-
sions suivantes : « La nutrition parentérale à domicile
doit être mise en place pour une durée supérieure ou
égale à 14 jours et doit être administrée par une voie
veineuse centrale ». Ces nouvelles données témoignent
du rôle prépondérant que va jouer le PICCline dans les
années futures et notamment au cours de l’hospitalisa-
tion à domicile. Effectivement, ces patients à domicile
pourront bénéficier pour des durées supérieures à 2
semaines d’un cathéter à insertion périphérique plutôt
que d’une voie veineuse centrale conventionnelle.
Son utilisation en France
a débuté dans quelques cen-
tres hospitalo-universitaires et se développe actuelle-
ment dans de nombreux centres hospitaliers (850 po-
ses par an dans notre institution sur l’année 2009).
Le PICCline est un cathéter en polyuréthane ou en
silicone, souple et flexible, raccordé à un segment de
tubulure plus épais et renforcé qui reste hors de la
veine (figure 1). Il peut être à simple ou double lumiè-
re. Celui-ci est muni d’une valve proximale anti reflux
évitant la caillotage de sang dans le cathéter. Sa mise
en place s’effectue après anesthésie locale de préfé-
rence sous repérage échographique dans une veine
profonde du bras de préférence la veine basilique.
L’extrémité distale du cathéter est positionnée sous
repérage fluoroscopique au niveau de la jonction vei-
ne cave supérieure –oreillette droite (figure 2). Cette
mise en place doit s’ef-
fectuer dans des condi-
tions stériles et s’effec-
tue en une vingtaine de
minutes, de façon sim-
ple, non douloureuse,
non traumatique avec
de très faibles risques iatrogènes. Cette voie veineuse
peut ensuite être conservée plusieurs semaines voire
plusieurs mois (jusqu’à 6 mois pour les cathéters en
silicone).
Les principales indications des PICClines
sont les trai-
tements parentéraux (antibiothérapie, chimiothéra-
pie...) et la nutrition parentérale. Ils sont également
très utiles au cours des chimiothérapies quand un site
implantable de type cathéter à chambre implantable
est inexploitable (infection du site, refus du patient...).
Le PICCline permet également des prélèvements san-
guins itératifs, évitant les ponctions veineuses multi-
ples et traumatiques au cours des hospitalisations de
long séjour.
La possibilité de traitements ambulatoires
sophisti-
qués peut être envisagée avec les PICClines, comme
avec des voies veineuses centrales conventionnelles
ou des cathéters à chambre implantable. Le PICCline
est bien toléré par rapport à la voie veineuse centrale
conventionnelle dont le pansement peut être vécu
comme handicapant au niveau du cou. Le degré de
satisfaction des patients ayant eu ce type de cathéter
est très encourageant avec une étude rapportant un
degré de satisfaction de 90% en insistant sur le fait
que la tolérance est nettement améliorée lorsque le
cathéter est placé au dessus du coude dans le bras
non dominant, ne gênant pas ainsi les gestes de la
vie quotidienne [1]. Le
PICCline est fixé à la peau
en utilisant un pansement
adhésif non réactif ; ce-
lui-ci devra être changé
toutes les semaines. Chez
les patients « agités » pré-
sentant un risque accru de
retrait accidentel du ca-
théter, il est possible de fixer le PICCline à l’aide de fil
à peau en réalisant deux points cutanés au niveau de
l’embase du cathéter.
Le PICCline présente globalement les mêmes types
de complications que les voies veineuses centrales
conventionnelles ou que les cathéters à chambre im-
plantable. Ces complications sont divisées en 2 grou-
pes : mécaniques comme les obstructions, les retraits
accidentels ou les ruptures de la partie extériorisée
du cathéter et organique comme les infections de
cathéters ou les thromboses veineuses centrales et
périphériques.
Figure 1
Figure 2