
JESFC 2016
CNCH - CARDIO H - N°36 45
CNCH - CARDIO H - N°36
JESFC 2016
*ces pathologies chroniques augmentent en
prévalence [du fait de l’allongement de la durée
de vie, en relation avec notre ecacité thérapeu-
tique]
*leurs coûts sont astronomiques (du moins à
l’échelle d’une population) et sont susceptibles,
par simple transfert, de limiter les investisse-
ments dans la recherche
*un tiers des décès et réhospitalisations pour-
raient être annulés/retardés par une meilleure
prise en charge personnelle de ces pathologies
chroniques
*essayer de guérir une maladie sans l’adhérence
du patient est voué à l’échec.
Un exemple concerne la perception du traite-
ment anticoagulant dans la FA (Lane DA et coll.
Int J Cardiol 2006 ; 28 : 354-8) :
*seuls 49% des patients pouvaient nommer leur
maladie cardiaque au début, bien que la plupart
savaient que la FA est un trouble du rythme car-
diaque (80%, vs. 91% dans le suivi ultérieur)
*la moitié des patients pensaient que la FA est
une pathologie sérieuse, autant que le traite-
ment anticoagulant prévient les caillots
*et 21% pouvaient corréler la prévention des
AVC avec le traitement anticoagulant.
L’ETP commence à marquer des points quant à
sa validation scientique, comme en témoigne
le registre ICARES (réduction de 30% de la mor-
talité à 720 jours (p < 0.001). Mais ce programme
a été initié voici 12 ans et depuis, les technolo-
gies de l’information ont avancé à pas de géant,
rendant le partage d’informations bien plus
simple, avec un bénéce net sur l’interactivité.
Le Dr Jourdain rappelle que pendant des millé-
naires, le médecin a été perçu comme un univer-
sitaire empirique (donc plutôt hautain, arrogant
et imbu de sa personne) et que très récemment
(en fait dans les années 1980) avec l’avènement
de la Médecine Fondée sur les Preuves (EBM) il
est devenu un scientique. Quant à savoir si la
perception des patients a évolué…
Une séance a été consacrée à « L’insusance
cardiaque chronique, les questions de tous
les jours », sous la présidence de Patrick Jour-
dain (Pontoise) et François Roubille.
Le Docteur Emmanuelle Berthelot (CHU Bi-
cêtre) a traité : « Du régime hyposodé aux asso-
ciations de diurétiques »
Chez l’adulte normal de 70 kg, le total des uides
représente 60% soit 40% en intracellulaire (28
litres) et 20% en extra-cellulaire (14 litres, dont
2/3 de liquide interstitiel soit 9.4 litres, 1/3 de
plasma dont 85% en veineux et 15% en artériel).
Le coeur insusant engendre une rétention
d’eau et de sodium, à l’origine des symptômes
(dyspnée, oedèmes…) et un enchaînement
d’activations de mécanismes (dont le SRAA) qui
aggravent la situation : le rein réabsorbe du so-
dium et de l’eau !
La première approche pour venir en aide aux
insusants cardiaques chroniques est la restric-
tion sodée ; en 2e, on s’adresse aux diurétiques,
ceux de l’anse (furosémide, bumétanide), les
thiazidiques, la métolazone, et surtout les anta-
gonistes des minéralocorticoïdes (spironolac-
tone, éplérénone) ; on dispose aussi de l’ultral-
tration, et d’autres approches ont été évoquées :
antagonistes de l’ADH, de l’adénosine... Pourtant,
contre toute attente, les recommandations ESC
2012 n’évoquent pas la réduction sodée, mais la
restriction douce des apports liquidiens ! (NDLR
: ce qui montre, si on en doutait, le niveau de
présence des rédacteurs de recommandations
auprès des patients « de la vraie vie » !)
Se lançant allégrement dans le hors-sujet, l’ora-
trice s’est permis d’aborder la vaste question du
sodium : les études observationnelles (Mozaa-
rian D. et al. NEJM 2014 ; 371 : 324-34) ont attri-
bué au sodium 1/10 des décès CV, ces décès pré-
dominant en ex-URSS et en Chine.
De manière plus pragmatique, on sait que dans
l’insusance cardiaque, la réduction du Na+
alimentaire permet de baisser fortement les dé-
compensations aiguës et la mortalité (série sur
123 patients suivis 3 ans : tertiles < 1.9 g/j vs. ≥
2.8 g/j) (Arcand J. et al. Am J Clin Nutr 2010 ; 93 :
332-7). Mais la modicité de la cohorte et du jour-
nal de parution montrent bien le faible intérêt
général attribué au sujet ! Une autre étude, par
Lennie TA et al. (J Card Fail 2011 ; 17 : 325-30) va
dans le sens inverse mais elle est basée sur le re-
cueil des urines des 24 h, où le Na peut exprimer
seulement la prescription de diurétiques, donc
la qualité de la prise en charge de la congestion
et non l’absorption de Na !
Dans les recommandations de l’ESC 2012 (Eur
Heart J 2012 ; 33 : 1787-847 et EJHF 2012 14 :
803-69), le diurétique est situé en 1ère approche
pour soulager les signes et symptômes conges-
tifs. En 2e, il est proposé de traiter par IEC ou
ARA2, puis par BB, puis en cas de stade persis-
tant > 1, par un anti – aldostérone. L’ivabradine
arrive en dernier en cas de FEVG ≤ 35% et de FC
≥ 70/mn + rythme sinusal.
L’ESC mentionne bien que les diurétiques n’ont
fait l’objet d’aucune étude de morbi-mortalité,
mais qu’ils soulagent ecacement la dyspnée
et les oedèmes congestifs. Les thiazidiques ont
cnchg_36_v3.indd 45 09/06/2016 15:46:38