MISE AU POINT
La Lettre du Cardiologue • n° 430 - décembre 2009 | 21
le Pr Aliot, du service de cardiologie du CHU de Nancy
et président de l’Association régionale de la FFC, ainsi
que les médecins du Samu et du pôle des urgences du
CHU, ont pris contact avec la déléguée à la Santé de la
Communauté urbaine du Grand Nancy. La Commu-
nauté urbaine était favorable à cette demande, mais ne
pouvait mettre en place seule un projet d’implantation
de DAE et de formation du public. Elle a donc profité de
l’opportunité d’une réunion d’élus sociaux pour présenter
ce projet et diffuser différents rapports pour les alerter.
Les élus ayant accueilli favorablement le projet, un
groupe de travail a été constitué pour traiter de l’ins-
tallation et de l’assurance du matériel, et pour inciter
la population à se former. Le Samu a développé une
campagne de recrutement et de formation de citoyens
bénévoles (“sauveteurs volontaires de proximité”), à
l’aide de l’association Grand Nancy defib’, créée pour l’oc-
casion par les intervenants concernés (Pr Aliot, Commu-
nauté de communes, organismes locaux de formation).
Ce réseau de citoyens bénévoles doit constituer un
maillon supplémentaire dans la chaîne de survie entre
les secours et les victimes d’arrêt cardiaque. Afin de
simplifier les démarches, il a été décidé que le CHU
centraliserait les achats et superviserait l’installation
des 400 DAE pour la Communauté urbaine du Grand
Nancy. Chaque commune reste responsable du nombre
d’appareils qu’elle souhaite acheter et de leur implanta-
tion. Elle finance l’achat des DAE et les commande via le
CHU ; elle assure le relais de la maintenance et la mise
en place des assurances une fois les matériels livrés. Les
lieux municipaux fréquentés par le public (mairies, parcs,
gymnases) sont les sites d’implantation généralement
privilégiés.
Tous les personnels administratifs des communes ont
été sensibilisés ou suivront un module de formation sur
l’utilisation des DAE et sur les gestes qui sauvent par
l’intermédiaire du CNFPT (Centre national de la fonc-
tion publique territoriale). Des formations aux premiers
secours seront également proposées aux habitants.
Parallèlement à ces actions, l’association Grand Nancy
défib’ a commencé, en février 2008, son action de recru-
tement et de formation des sauveteurs volontaires de
proximité. Le grand public a été sensibilisé par plusieurs
campagnes par voie d’affichage, diffusion de brochures
et parution dans les médias régionaux.
DAE à domicile :
pas de bénéfice
en termes de survie
La plupart des arrêts cardiaques extra-hospitaliers
survenant à domicile, l’étude HAT (Home Auto-
mated External) a analysé l’intérêt du défibrillateur
automatique à domicile. Cette étude a randomisé
7 001 patients avec infarctus antérieur sans indi-
cation de défibrillateur implantable en un groupe
contrôle (appel aux urgences, massage cardiaque) et
un groupe défibrillateur (appel aux urgences, massage
cardiaque et utilisation du défibrillateur) [5]. Le défi-
brillateur a été utilisé à domicile par un témoin chez
32 patients ; 14 patients ont reçu un choc approprié
et seuls 4 d’entre eux ont survécu. Au final, aucune
différence de survie n’est observée entre les 2 groupes
après 37 mois de suivi moyen (tableau III). Chez les
patients avec antécédent d’infarctus antérieur sans
indication de défibrillateur implantable, la présence
d’un défibrillateur automatique à domicile n’améliore
donc pas le pronostic par rapport à une prise en charge
conventionnelle.
Conclusion
Le thème de la mort subite nécessite une approche
pluridisciplinaire réunissant surveillance épidémiolo-
gique, prévention primaire et secondaire des mala-
dies à l’origine des arrêts cardiaques – notamment la
cardiopathie ischémique –, amélioration constante
des services de secours et création de nouvelles stra-
tégies favorisant la participation des non-médicaux
à la réanimation et à l’utilisation des DAE.
La campagne grand public de la FFC (1 vie = 3 gestes),
débutée en janvier 2008 et réalisée en partenariat
avec les principaux acteurs de santé, contribue à
inciter les Français à se former aux gestes qui sauvent,
et les élus à équiper les lieux publics de DAE. Un bilan
est prévu au terme de cette campagne, qui permettra
de chiffrer l’amélioration du pronostic de l’arrêt
cardiaque extra-hospitalier, dont le taux de survie
en France n’est actuellement que de 2 à 3%. Il reste
beaucoup à faire pour atteindre les 30 % de survie
obtenus à Seattle. ■
Tableau III. Résultats de l’étude HAT : absence de bénéfice d’un défibrillateur automatique
à domicile (5).
Suivi moyen 37 mois Groupe contrôle
(n = 3 506)
Groupe défibrillateur
(n = 3 495)
Décès toutes causes confondues 228 (6,5 %) 222 (6,4 %)
Mort subite, n (%)
Décès au domicile, n
Décès à l’hôpital, n
78 (2,2 %)
60
8
82 (2,3 %)
57
10
Arrêt cardiaque réanimé
et vivant à 48 heures, n
19
24 % des TV-FV
19
24 % des TV-FV
Références
bibliographiques
1. Vacheron A, Bounhoure JP.
Groupe de travail de la Commis-
sion IV (maladies cardiovas-
culaires).Recommandations
de l’Académie nationale de
médecine. Bull Acad Natl Med
2007;191:1763-77.
2. Katz E, Metzger C, Sierro C et al.
La mort subite : de l’épidémio-
logie à la prévention. Rev Med
Suisse 2007;96:1-9.
3. Bayes de Luna A, Coumel P,
Leclercq JF. Ambulatory sudden
cardiac death: mechanisms of
production of fatal arrythmia on
the basis of data from 157 cases.
Am Heart J 1989;117:151-9.
4. Décret n° 2007-705 du
4 mai 2007 relatif à l’utilisation
des défibrillateurs automatisés
externes par des personnes
non-médecins et modifiant le
Code de santé publique. JO du
5 mai 2007.
5. Bardy GH, Lee KL, Mark DB
et al. Home use of automated
external defibrillators for sudden
cardiac arrest. N Engl J Med
2008;358:1793-804.