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Direction des Affaires européennes et internationales
Session du Conseil régional
Octobre 2014
ACTION INTERNATIONALE DE LA REGION
RAPPORT D'ETAPE
L’internationalisation de la Bretagne est une réalité ancienne. Par son positionnement géographique,
par son histoire mais surtout par les convictions et la volonté des Bretons, le développement régional
s'est constamment appuyé sur une large ouverture à l’international.
Le Conseil régional, très tôt et de manière volontariste, a commencé à mener des actions à
l'international. Plusieurs leviers d'intervention ont ainsi été mobilisés, qui, articulés au fil des années,
ont bâti la politique d'ouverture internationale en place aujourd'hui. Cette politique, à la fois dynamique
et singulière, traduit des choix et concrétise des valeurs. Elle fait sens, dans un contexte mondial en
pleine transformation, où la crise financière comme la « crise climatique » ont démontré le degré
croissant d’interdépendance des territoires entre eux et la persistance des déséquilibres et des inégalités
économiques, sociales et écologiques.
Dans un contexte institutionnel qui, parallèlement, a évolué pour prendre en compte progressivement la
dynamique impulsée par les collectivités dans le domaine international, il est utile de porter un regard
global sur cette politique, qui depuis de nombreuses années tout à la fois accompagne les acteurs
bretons et initie ses propres actions pour assurer une meilleure insertion de la Bretagne dans le monde.
L'objet de ce document est donc tout à la fois de clarifier les principes qui ont présidé à sa mise en place
et sous-tendu son évolution jusqu’à son état actuel, de les réaffirmer et les affiner à la lumière de ces
années d’expérience, et de préciser les objectifs que servent, et que doivent continuer de servir, ces
actions.
I – Une dimension européenne et internationale qui se construit progressivement :
L'émergence de la dimension européenne et internationale dans la politique régionale
Dans la période de l'après-guerre, la nécessité de reconstruction de la paix en Europe a fait émerger les
jumelages franco-allemands. Le mouvement, essentiellement le fait des villes, et dans une moindre
mesure, des départements, s'est progressivement étendu à l’Europe entière. Plus récemment, les années
1980/90 ont été marquées par le développement d’actions de solidarité avec les peuples des pays du
sud, puis – après 1989 - avec ceux des pays de l’est. C’est ainsi que la Région Bretagne s’est engagée dès
1985 dans l’accompagnement des projets de solidarité internationale portés par des acteurs associatifs
régionaux. Le partenariat avec la Saxe, signé en 1995, et la coopération avec la Wielkopolska, qui s’est
développée au cours des années 80-90 en Ille-et-Vilaine avant formalisation d'un accord régional en
2005, sont nés également de ce double mouvement. Au fil des années, une structuration progressive de
ces relations a conduit à les recentrer autour de thèmes stratégiques, puis à les transformer en de
véritables partenariats. Concomitamment, la dimension européenne a progressivement été intégrée par
les régions. Pour la Bretagne, son engagement s'est traduit par l'installation d’un bureau à Bruxelles, et
par la structuration d'une politique de coopération européenne.
En matière de solidarité internationale, l'accompagnement, dès 1985, des initiatives des nombreux
acteurs bretons a précédé l'instauration de relations directes avec des autorités locales dans des pays en
développement. La décision de consacrer 1‰ du budget de la Région aux projets de solidarité
internationale portés par des acteurs bretons a permis une progression régulière des moyens et, dès le
début, une attention particulière a été portée aux projets émanant des jeunes.
Les premiers dispositifs spécifiques de soutien financier ont été mis en place entre 2000 et 2004. Une
exclusivité géographique a tout d'abord concentré nos interventions sur cinq pays-cibles : le Cambodge,
le Niger, le Sénégal, Madagascar et Haïti. En 2005, cette exclusivité devient une simple priorité, avec
une modulation du niveau d'accompagnement, permettant de préfigurer l'établissement de relations
durables sous la forme de coopérations décentralisées. L'accent est mis sur les échanges de jeunes,
étudiants et stagiaires, et la mobilité enseignante.
La période 2005-2014, outre l'émergence de nouvelles thématiques de coopération (agriculture
familiale, égalité entre les femmes et les hommes, promotion et respect des droits de l'homme, et de la
démocratie, notamment), voit la signature des premiers protocoles de coopération : en 2007 avec les
deux régions malgaches d'Anosy et d'Analanjirofo, en 2011 avec la région Centre du Burkina-Faso, dans
le prolongement des échanges engagés avec l'UEMOA depuis 2008 ainsi qu'avec l'association des maires
de Grand'Anse en Haïti.
Parallèlement, depuis 2004 le Conseil régional anime la concertation des acteurs de la solidarité
internationale par l'organisation, tous les deux ans, d'Assises de la solidarité, ainsi que par la mise en
place d'une plate-forme collaborative regroupant les représentants des associations régionales, la plateforme ABCIS, et par la création d'un site internet dédié.
Le même mouvement a pu être observé en matière de relations avec les pays européens.
Ainsi, la Bretagne s'est dotée rapidement d'une représentation à Bruxelles, afin de renforcer son action
auprès des institutions communautaires et rendre plus efficace la veille informative sur les programmes
et règlements européens.
En 1995 a été signé l'accord de coopération qui nous lie au land allemand de Saxe, puis en 2004 et 2005
les accords avec le pays de Galles et la Wielkopolska.
Dans le même temps, la Bretagne s'est impliquée dans plusieurs réseaux d'échange d'expérience et de
réflexion, thématiques, circonscrits ou non au territoire communautaire. Ce faisant, elle n'a fait que
poursuivre une démarche qu'elle avait elle-même initiée en créant, dès 1973, la Conférence des régions
périphériques maritimes d'Europe. Les thèmes traités sont nombreux, et touchent aussi bien à
l'innovation, l'énergie, qu'à la recherche, au climat, à la formation, à la question linguistique, etc...
L'intégration progressive du territoire breton dans les programmes de coopération territoriale
européenne, à partir des années 1990, a renforcé ce travail en réseaux : dans l'initiative Interreg- Espace
Atlantique en 1996, dans l'initiative Interreg- Espace Nord Ouest et interrégional en 2000, puis dans le
programme de coopération territoriale France (Manche)-Angleterre en 2007. Le dynamisme des
territoires bretons et la valeur ajoutée des expériences en matière de coopération territoriale européenne
justifient cette implication active de la collectivité dans les différentes missions d’accompagnement de
ces programmes. En complément, la Région est également investie dans la gouvernance de ces
programmes de coopération territoriale et participe ainsi activement à leur définition et leur mise en
oeuvre, notamment dans la période actuelle de transition vers de nouveaux cadres stratégiques. A
travers les opportunités de réflexion, d’apprentissage mutuel et de réalisations conjointes qu’elles
permettent, ces formes de coopération se sont progressivement fondues dans le spectre des activités
directes des collectivités et des structures du territoire.
En matière de relations internationales avec des pays hors Europe, un premier accord de
coopération avec la province chinoise du Shandong a été conclu dès 1985. Cet accord est né de la
convergence d’une proposition de la partie chinoise, qui souhaitait à l'époque tisser des liens
économiques avec des autorités infra-étatiques occidentales, avec la demande d'entrée en Chine des
entreprises bretonnes de l’agro-alimentaire, relayée à l’époque par la MIRCEB (Mission régionale de
coordination du commerce extérieur breton – actuelle Bretagne commerce international). C'est donc
une mutuelle volonté de rapprochement économique qui a permis de souligner les similitudes et les
complémentarités des deux territoires - malgré leur disproportion ! Cet accord, mis en sommeil après
les événements de la place Tien an Men, a été réactivé dans les années 2000 seulement, et réaffirmé et
élargi en 2005. Depuis, les thématiques d'échanges se sont multipliées - formation, recherche, échanges
culturels, sport, etc...- et une assise territoriale a été donnée à cette relation, par la conclusion d'accords
entre plusieurs villes.
En 2009, un mémoire d'intention de coopération avec la province vietnamienne du Dong Naï a été
signé. Il instaure une première expérimentation de coopération de cinq ans dans les domaines agricole
et agro-alimentaire, tout en prévoyant une ouverture possible aux secteurs culturels et académiques.
Une proposition de travail commun sur la filière lait a été formalisée par la partie bretonne, qui jusqu'ici
n'a pu aboutir.
En 2011, un protocole d'intention de coopération a été signé avec l'Etat de Rio de Janeiro. Ce document
porte essentiellement sur la dimension maritime des deux territoires, même si les développements
récents ouvrent de nouveaux thèmes : la construction, sur le modèle breton, de deux établissements
d'enseignement professionnel est envisagée, un établissement hôtelier et un lycée maritime.
Sa traduction progressive dans les textes législatifs et réglementaires :
L'évolution des textes traduit ce mouvement d'ouverture porté par les collectivités territoriales : le terme
de « coopération décentralisée » apparaît pour la première fois dans la loi de décentralisation de
1992, dont le titre IV est véritablement le texte fondateur.
Cette lente évolution vers le concept que nous connaissons aujourd’hui, et l’appropriation de ces
préoccupations par les collectivités, s’est opérée progressivement, sur la base de convictions de leurs
dirigeants. Elle ne découle en rien d'une quelconque obligation. Chaque collectivité s’est appuyée bien
souvent sur sa propre histoire, histoire elle-même génératrice d'un tissu associatif différencié dans
chaque territoire. Dans l’exemple breton, on pourrait souligner une tradition d’ouverture, une tradition
d’expatriation, notamment vers des zones lointaines, mais aussi la prise en compte très précoce de la
dimension maritime du territoire. On peut en voir une illustration dans la création, dès 1973, de la
Conférence des régions périphériques maritimes sous l’impulsion du CELIB. ( Comité de liaison des
intérêts économiques bretons). Il est bien entendu tentant de rationaliser a posteriori les choix
géographiques qui ont pu être faits à un moment ou à un autre. Pourtant, force est de reconnaître que
bien des relations, qui se sont établies et enrichies sur la durée, ont pour fondement une simple
opportunité, qui a pu se présenter à un moment donné.
En 2007, la loi Thiollière entérine cette évolution. Elle fait de la coopération décentralisée une
compétence d’attribution des collectivités territoriales et sécurise ainsi juridiquement leur intervention.
Plus récemment, le rapport Laignel, et le discours du Ministre Laurent Fabius devant la commission
nationale de coopération décentralisée du 29 janvier 2013, insistent sur la dynamique nationale dans
laquelle doit s’inscrire à terme l’action extérieure des collectivités territoriales :
« Au-delà des formes traditionnelles (jumelages, coopération décentralisée) l’accent est porté sur
l’ensemble des actions internationales engagées par les Régions, les Départements, les communes et
leurs groupements. Aux actions classiques d’échange et d’appui à la gestion de services publics locaux
ou d’aide à la mise en place d’infrastructures de base chez les partenaires du Sud, se sont
progressivement ajoutés des champs d’intervention innovants : développement rural, planification
urbaine, schéma de transport, tourisme durable, administration numérique. Nos collectivités
territoriales jouent un rôle essentiel en matière de développement et de solidarité internationale, et
elles ont progressivement acquis une compétence globale d’action extérieure. Dans le respect des
engagements internationaux définis par l’État, les collectivités territoriales constituent donc des
acteurs à part entière de notre diplomatie. »
La loi d'orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité
internationale, promulguée le 7 juillet 2014, décline ces principes. L’élaboration de ce texte a été menée
en concertation avec l’ensemble des acteurs du développement et de la solidarité internationale dans le
prolongement des Assises du développement et de la solidarité internationale (novembre 2012 - mars
2013). En cela, il marque une véritable reconnaissance de l’action des collectivités dans le domaine :
participant au renforcement de la présence française dans le monde, les collectivités y sont reconnues
pour la première fois comme des acteurs à part entière de la politique internationale de la France.
Dans le même temps, à l'échelle européenne, la reconnaissance progressive de la dimension régionale et
locale et l'inscription du principe de cohésion territoriale dans les principes mêmes des politiques
communautaires ont conforté l'implication croissante des régions dans la définition et la mise en œuvre
des politiques européennes, et la prise en mains progressive des décisions européennes les concernant,
jusqu'à l'étape la plus récente : leur rôle de gestionnaire des fonds européens. Ces évolutions ont
démultiplié les formes de relations en Europe et encouragé l’intégration progressive de nos coopérations
européennes et leur mise en cohérence avec notre action européenne globale, d'une part, et notre action
publique régionale, d'autre part.
Les formes de coopération ont évolué, avec le passage d'une dimension très large, issue des fondements
initiaux de réconciliation et de solidarité, à une coopération plus thématique et partenariale. C'est cette
volonté qui a guidé l'évaluation, puis à l'actualisation des plans d'action de nos coopérations bilatérales
européennes .
La nécessité d'une approche globale et durable à l'international
Depuis les années 2000, on assiste à une prise de conscience croissante des inter-relations entre le
niveau local et le niveau global. « Penser mondialement, agir localement » : la formule résume la
conviction, désormais partagée, de l’impact, positif ou négatif, sur d’autres territoires d’autres pays, des
décisions politiques et des actions menées sur le territoire régional. Cette prise de conscience est
fondatrice des politiques de développement durable. On a assisté à un renforcement de la mise en
réseau des autorités locales dans le monde.
En 1992, la déclaration de Rio promeut le concept de développement durable, et inspire une politique
publique nouvelle, transversale, tournée vers la préservation des grands équilibres de la planète : les
agendas 21.
La prise de conscience de l’enjeu de la restauration d’un équilibre entre les territoires à l’échelle
mondiale donne pleine légitimité et essor à la coopération décentralisée.
Développement durable et coopération décentralisée sont donc très liés. Devenus cadre de référence
pour les stratégies d’aide au développement, les OMD, pour l'essentiel axés sur la lutte contre la
pauvreté et pour le développement humain, listent les leviers d’une approche durable du
développement :
- la participation et l’interaction entre les acteurs institutionnels et privés ;
- le renforcement des droits humains et la politique de genre ;
- la préservation du capital naturel et l’anticipation du dérèglement climatique ;
- l’éducation, et notamment l’éducation à l’environnement et aux comportements durables
Les Assises nationales du développement et de la solidarité internationale, initiées en novembre 2012
par le Ministre délégué au développement, ont réuni 600 participants : services de l'Etat, collectivités,
ONG, entreprises, établissements de recherche, syndicats, en vue de poser les bases d'une redéfinition
de la politique nationale d'aide au développement. Elles ont réaffirmé la nécessaire convergence des
agendas du développement et du développement durable. Cette exigence a été également soulignée par
les sept collectivités bretonnes signataires d'une contribution commune à ce débat national1 : « les
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) devraient être rénovés au profit d’une approche
intégrée, transversale et qualitative qui réaliserait la synthèse des agendas « développement durable »
de Rio et « développement humain » des OMD. Une telle réorientation nous semble en effet plus apte à
intégrer la dimension territoriale du développement et constitue un argument fort pour la prise en
compte par l’Etat et par l'Europe des collectivités territoriales, acteurs reconnus du développement
durable et solidaire. »
Sa mise en œuvre dans les politiques régionales bretonnes
La dimension européenne et internationale dans la conduite des politique publiques est désormais
reconnue. C’est une évidence pour les politiques européennes intégrées (pêche, agriculture), mais c’est
vrai aussi dans de nombreux autres domaines : climat, recherche, formation, etc... On pourrait citer à
titre d'exemple, dans le domaine de la formation, l'implication de la Région dans les expérimentations
menées au Québec sur le décrochage scolaire, ou le partage d'expérience mené, en matière de formation
professionnelle, sur l'orientation tout au long de la vie, avec les régions européennes du Baden
Württemberg, de Catalogne, du Jämland, du Trento et de l'East Sweden. De même, la réflexion sur
l'égalité des genres, inclut désormais cette dimension internationale : la 4ème Biennale de l'égalité
femmes-hommes qui s'est tenue en mai 2014 avait une forte connotation internationale.
Au sein des politiques régionales, la démarche Padus² adoptée en juin 2012, et la deuxième génération
des agendas 21 confèrent à l'international un caractère transverse : l'empreinte internationale de
1
2
La Région, les Départements des Côtes d'Armor, du Finistère, d'Ille et Vilaine et du Morbihan, Brest Métropole
Océane et la Ville de Rennes
La démarche Padus est une démarche intégrée de prise en compte systématique des impératifs du développement
durable de la conception à la mise en œuvre et à l'évaluation des politiques régionales.
chacune des politiques sectorielles régionales est maintenant systématiquement envisagée.
La coopération territoriale européenne et la participation du Conseil régional aux réseaux européens
offrent aussi des exemples particulièrement éclairants de cette irrigation des dimensions européenne et
internationale dans l’ensemble des interventions publiques de la collectivité.
La mise en oeuvre des coopérations bilatérales, singulièrement européennes, de la Région, a
naturellement évolué en fonction de ce nouveau contexte. Ainsi, les accords initiaux de coopération
signés avec l’Etat Libre de Saxe, le Gouvernement du pays de Galles et la Voïvodie de Wielkopolska,
s’appuyant sur les domaines de compétences et d’intérêt des collectivités, intégraient initialement de
vastes secteurs et sujets de coopération potentielle. La montée en puissance et la reconnaissance de la
coopération décentralisée, l’intensification de la participation des Régions et de leurs acteurs dans les
réseaux et programmes européens, la multiplication des opportunités de coopération induite par le
développement des dispositifs européens et l’implication quasi généralisée des autorités locales dans ce
champ de l’action publique ont créé une situation nouvelle dont les stratégies de coopération
européenne ont dû tenir compte.
Une évaluation de ces coopérations européennes a conduit la collectivité à réviser et recentrer la
coopération sur un nombre plus restreint de sujets, identifiés comme les plus pertinents et porteurs
d’intérêt commun. Le nouveau plan d’action de la coopération avec la Wielkopolska a ainsi été signé en
avril 2012, et avec le Pays de Galles en octobre 2013. Concernant la Saxe, les échanges institutionnels
ont conclu à la pertinence de l'exercice de concentration déjà réalisé en 2005 et aucun nouveau
document-cadre n’a été élaboré, mais des échanges techniques ont permis de clarifier les axes de travail,
dans une optique de concentration renforcée. L’ensemble de cette démarche et de ses résultats ont
précédemment fait l’objet d’une validation par l’Assemblée régionale.
II - Principes et objectifs de la politique d’ouverture européenne et internationale de la
Bretagne:
Appuyer notre action et celle de nos partenaires sur des principes et des valeurs partagées est un
préalable. Ces principes et valeurs sont :
- le partenariat et la réciprocité, qui suppose une recherche de relations égalitaires et équilibrées entre
les territoires partenaires et le territoire breton ( la recherche de ce rapport « gagnant-gagnant » est un
objectif plus lointain dans nos échanges avec les pays les moins avancés tant les écarts de ressources
entre collectivités partenaires sont importants et les niveaux de structuration différents) ;
- le développement durable dans toutes ses dimensions ;
- la solidarité ;
- la promotion de l'engagement citoyen.
La Région Bretagne réaffirme sa détermination à conduire ou accompagner des projets qui
participent à un développement global et durable des territoires et des populations partenaires, en
prenant appui sur une réelle participation des acteurs locaux à leur définition et leur mise en oeuvre.
Cette double exigence de durabilité des projets et de partenariat, affirmée depuis plusieurs années par la
Région, est placée aujourd’hui au cœur de nos actions, dans nos propres projets comme dans ceux de
nos partenaires bretons.
A cet égard, le partenariat dans la mise en œuvre des projets doit respecter l’égalité des parties, se
baser sur l’échange, la confiance et la réciprocité et prendre en compte les dynamiques territoriales et la
légitimité des partenaires locaux à être les acteurs de leur développement.
Parallèlement, mieux connaître l'impact des actions menées est une étape essentielle, à prévoir dès la
mise en oeuvre des projets, et qui oblige à s’interroger régulièrement sur les objectifs des interventions
et les résultats attendus. Elle permet, comme pour toute action publique, de faire des bilans réguliers
des actions conduites, d’apprécier leur pertinence au regard des objectifs fixés.
Les objectifs qui découlent de ces principes peuvent se décliner et s'illustrer ainsi:
1 - Renforcer le rayonnement de la Bretagne sur la scène internationale :
La valorisation de la Bretagne, de ses atouts et de ses savoir-faire est un des objectifs de l'association
Bretagne développement innovation (BDI) qui conduit des actions en faveur de l'attractivité régionale,
s'appuyant essentiellement sur le développement de l'image économique de la Bretagne et de ses
secteurs d'excellence auprès de publics ciblés, et s'appuyant sur la marque BRETAGNE.
Mais le rayonnement de la Bretagne à l'international passe aussi largement par son rayonnement
culturel. Et cette dimension culturelle est très présente dans les relations avec les régions partenaires,
pouvant être à la fois à l’origine de la proximité entre les territoires, comme avec le Pays de Galles, ou
facteur de développement des échanges entre les citoyens et de promotion réciproque, comme avec la
Saxe, la Wielkopolska, mais aussi le Shandong, par exemple.
La coopération en matière culturelle avec le Pays de Galles repose notamment sur la proximité entre les
deux langues et sur nos racines communes. La dimension interceltique constitue un élément marquant
de la relation entre les deux territoires, bien que la relation culturelle s’appuie sur des échanges dans un
champ bien plus large. Le spectacle vivant, et notamment la musique et la danse, sont depuis longtemps
au cœur de la relation britto-galloise, aspects qui ont pu être soulignés à l’occasion de la participation
bretonne au festival Womex dédié aux musiques du monde à Cardiff en octobre 2013.
La connaissance réciproque entre les territoires se développe également par le biais des initiatives de
diffusion culturelle organisées entre la Bretagne et ses régions partenaires. Les actions locales et le
programme culturel développé chaque année à Poznan par la Maison de la Bretagne (intégrant des
expositions, conférences, concerts, ateliers de théâtre, danse bretonne, ou encore la retransmission en
direct du cyber fest-noz de Quimper), en constituent des illustrations. De même, la culture bretonne
traditionnelle a été régulièrement présentée en Saxe à l’occasion de la fête régionale, le Jour des Saxons.
Les exemples pourraient être multipliés, y compris hors Europe : il faudrait évoquer la création de l'
Institut Confucius de Bretagne, directement issu de notre coopération avec le Shandong, qui, en cinq
ans, a su assurer son rayonnement régional. Cet institut, co-créé et co-financé avec nos partenaires
chinois, qui a pour vocation la diffusion de la langue et de la culture chinoise, a été élu parmi les vingt
meilleurs Instituts mondiaux en 2012. Parallèlement, depuis de nombreuses années est organisée, à
Pékin et dans le Shandong, la célébration de la Fête de la Bretagne, qui permet à un nombre croissant de
personnes de participer à une soirée de danse et de musique bretonnes.
Ajoutons que les initiatives nombreuses portées par les comités de jumelage développent aussi très
fréquemment une dimension culturelle, socle important de l’échange citoyen.
2 – Renforcer l'ouverture économique de la Bretagne
L’ouverture économique de la Bretagne et de ses entreprises est un enjeu majeur de la politique
d’internationalisation de la région : attirer sur son territoire activités et investissements, mais aussi
exporter services et produits de ses PME. Pour cela elle a besoin de faire connaître ses atouts et ses
savoir-faire, mais également de mobiliser et d’accompagner ses acteurs économiques, collectivement ou
individuellement.
Cet accompagnement est une mission dévolue à Bretagne commerce international (BCI), désormais
unique outil régional dédié à l’appui à l’internationalisation des entreprises bretonnes. Elle bénéficie du
soutien du Conseil Régional de Bretagne et de la CCI Région Bretagne. Ses deux missions principales
sont d'aider les entreprises bretonnes à se développer à l’international, et de prospecter et
d'accompagner les entreprises étrangères dans leurs projets d’investissements en Bretagne. BCI a réalisé
en 2013 plus de 4000 accompagnements individuels sur les marchés extérieurs, organisé des ateliers et
réunions d’information auxquels ont participé plus de 1800 entreprises, et des stands collectifs, parfois
doublés de missions sectorielles collectives, sur 45 salons internationaux, auxquels ont participé plus de
500 entreprises.
Naturellement, l'action de cette association « dédiée » peut être relayée, valorisée ou utilisée pour
développer les échanges économiques dans nos coopérations bilatérales.
A titre d'exemple, la Région a organisé, avec l'appui de BCI, un séminaire sur la sécurité alimentaire
dans le Shandong. De la même façon, au Vietnam, au Brésil, où pour le moment sont explorées des
pistes de travail, prémisses possibles de coopérations bilatérales futures, mais aussi en Afrique, avec
l'UEMOA, nos partenaires se révèlent fortement demandeurs de relations économiques. Ces démarches,
plus générales et collectives, touchent alors des secteurs d'activité prioritaires pour nos partenaires, que
la Bretagne, par ses savoir-faire et son expérience, peut aider à développer. Il s'agit principalement de
l'élevage/agro-alimentaire et de l'économie « bleue » au sens large. Ainsi, à l'instar de l'importante
opération de transfert de savoir-faire menée en Algérie dans le domaine laitier, l'opération ALBAN, au
Vietnam des discussions ont été engagées avec la province du Dong Naï sur l'appui au développement de
ce même secteur, par exemple.
3- Développer des partenariats éducatifs, scientifiques, et faciliter les échanges de bonnes
pratiques :
Au niveau de l’enseignement secondaire, l’accompagnement particulier de la Région auprès des
lycées a permis d’accompagner les partenariats avec des établissements de nos régions partenaires, dans
le domaine de l’enseignement général ou professionnel (de 7 à 10 appariements entre lycées de Bretagne
et de chacune des régions partenaires, et de nombreux échanges ponctuels). Le partenariat du Conseil
régional avec la Saxe a également abouti à la mise en place de relations privilégiées entre le Rectorat et
le Ministère saxon de l’éducation, permettant par exemple de favoriser la participation de jeunes
bretons aux programmes de mobilité développés par l’OFAJ. Même chose avec le Shandong : la
signature d'un partenariat direct Rectorat- autorités de l'éducation vient, depuis octobre 2013, conforter
l'action régionale dans ce domaine.
Ces échanges entre établissements ont également eu vocation à être stimulés par la participation de
professeurs bretons d’allemand à des rencontres entre enseignants en Saxe chaque été, et
réciproquement; dans une volonté de développement plus multilatéral, l’IUFM de Bretagne a ouvert ces
séminaires à la participation de professeurs de français de nos régions partenaires à deux des sessions
organisées en Bretagne.
L’enseignement supérieur est lui aussi largement ouvert à la coopération européenne, et a
notamment constitué le point d’ancrage initial de la coopération entre la Bretagne et la Saxe (échanges
d’étudiants, enseignants et chercheurs, colloques scientifiques organisés entre les universités bretonnes
et saxonnes). Les échanges d’étudiants, les programmes de recherche conjoints, l’organisation de
séminaires, et jusqu’à la mise en œuvre de cycles conjoints (double diplôme franco-polonais entre
l’Institut supérieur de gestion de rennes et l’Université des Sciences Economiques de Poznan par
exemple), ont ainsi pu être développés entre les universités bretonnes et les structures d’enseignement
supérieur de nos régions partenaires, dans des disciplines très variées (droit, économie,
télécommunications, sciences du vivant, chimie, informatique, avec la Saxe et la Wielkopolska mais
également études celtiques, sciences politiques, sciences appliquées et technologies avec le Pays de
Galles).
Le champ de la recherche est également un des secteurs très fortement porteurs d’autres formes de
partenariats en Europe. La Région est par exemple membre du réseau NEREUS qui regroupe les
Régions utilisatrices de technologies spatiales. Elle est également impliquée dans le réseau ERRIN, qui
regroupe 90 régions dans une réflexion sur la recherche et l'innovation . De nombreux centres de
recherche et d’innovation sont aussi impliqués dans des projets européens, au travers de programmes
spécifiques ou dans le cadre des programmes de coopération territoriale européenne, que ce soit sur les
espaces Atlantique, Europe du Nord- Ouest ou Franco-britannique.
Construits sur le principe de réciprocité, les partenariats sont vecteurs d’échange et travaux conjoints
sur des problématiques que peuvent rencontrer les territoires, structures et institutions de régions
différentes. Parce que les difficultés et questionnements sont de plus en plus partagés, soit par ce qu’ils
sont rencontrés par différentes communautés, soit parce que leurs effets dépassent les simples limites
géographiques de notre région, la coopération offre la possibilité d’une réflexion partagée et de
transferts d’expériences.
C’est l’un des objectifs des coopérations bilatérales, sur de nombreuses thématiques, comme par
exemple:
- en matière agricole: cette thématique est au centre de nos échanges avec la Wielkopolska, largement
conduits au travers de l’association ADEVIA pilotant l’action internationale des chambres d’agriculture
bretonnes. Différents sujets d’actualité dans le domaine agricole et rural sont développés au travers de
ces échanges, notamment en matière de diversification des activités (agro-tourisme, vente à la ferme),
d’organisation de circuits courts, de problématiques énergétiques dans les exploitations
(méthanisation), ou encore de façon plus conventionnelle d’organisation des producteurs (filière
porcine). De manière plus transversale, des relations ont été initiées entre les structures concernées
(animation et mise en oeuvre) dans le cadre de la mise en oeuvre du programme de développement
rural (volet LEADER). Ces relations doivent se pérenniser et pourront être particulièrement activées
dans le cadre de la nouvelle génération des programmes européens pour faciliter la recherche de
partenaires.
- en matière culturelle: la participation conjointe, pendant plusieurs années, des deux régions Pays de
Galles et Bretagne au Réseau européen pour la promotion de la diversité linguistique (NPLD), les
relations privilégiées entretenues par les structures de promotion et développement des langues dans
chacune des régions, en sont également des illustrations. Les orientations de la Région en matière de
promotion linguistique se sont d’ailleurs largement inspirées du plan de politique linguistique voté par
l’Assemblée nationale galloise en décembre 2004.
Les échanges de bonnes pratiques sont également au cœur des programmes européens de coopération
territoriale européenne auxquelles la Région participe directement et à travers lesquels elle trouve un
terrain porteur de valeur ajoutée pour ses propres interventions. On pourrait citer à cet égard la
définition de modalités d’intervention communes pour faire face aux conséquences des accidents
maritimes, ou pour la mise en oeuvre de nouveaux dispositifs d’accompagnement de l’innovation dans
les entreprises. Ce dernier exemple a consisté en un partenariat impliquant les structures de soutien à
l'innovation de onze régions européennes – BDI pour la Bretagne. Il a permis de valoriser certains
dispositifs bretons et de promouvoir une Bretagne innovante, ainsi que d’optimiser et de mettre en place
de nouveaux dispositifs de soutien à l’innovation grâce aux expériences des autres régions européennes
partenaires. Au nombre des « bonnes pratiques » transférées grâce à ce projet, le dispositif
Innov’acteur , qui consiste en l'accompagnement individualisé des entreprises par des conseillers
référents, la mise en réseau et le développement de « parrainages » et de coaching spécifiques, afin
d’aider les PME à développer leurs capacités d’innovation.
C’est enfin l’une des raisons majeures de la constitution de réseaux européens sur de très nombreuses
thématiques; la Région s’est par exemple fortement impliquée dans le réseau EARLALL dans le domaine
de la formation tout au long de la vie, coordonnant notamment les travaux d’un groupe particulier
autour des questions d’orientation.
4- Faciliter la circulation des personnes et des idées, et la rencontre interculturelle :
La charte d’engagement pour les jeunes en Bretagne intègre une politique en faveur du développement
de la mobilité européenne et internationale des jeunes. La mobilité individuelle est ainsi encouragée par
le dispositif "Jeunes à l'international", qui permet d’allouer 2500 bourses (année scolaire 2013/2014)
aux différents publics apprenants : lycéens, apprentis et étudiants.
Parallèlement, une réflexion globale sur la mobilité collective vient d'aboutir à la mise en place d'un
soutien pour les apprentis, les élèves et étudiants de formation sanitaire et sociale, les stagiaires de
centres de formation continue, et plus généralement les publics en formation pré-bac, pour des séjours
pédagogiques à l'étranger en lien avec la qualification préparée.
Par ailleurs, les démarches collectives éducatives portées par Karta Bretagne et le Conseil régional des
jeunes (CRJ) comportent un volet « ouverture des jeunes au monde », qui permet notamment
d’appuyer des déplacements internationaux dans le cadre de partenariats éducatifs entre
établissements. Les projets menés dans les régions partenaires bénéficient d’une prise en charge
renforcée ; les projets de coopération nord/sud sont également accompagnés.
La Région a également développé depuis de nombreuses années un accompagnement de la mobilité
internationale et de l’engagement solidaire des jeunes qui repose sur deux dispositifs : un
soutien aux projets collectifs, d’une durée de quelques semaines, et un accompagnement de projets
individuels solidaires de plus longue durée, appuyant le volontariat de solidarité internationale. A
compter de 2013, un appui au montage des projets collectifs de jeunes a été proposé. Fait de rencontres
individuelles avec chacun des groupes et de temps d'échanges entre l'ensemble des jeunes impliqués, cet
appui a permis d'approfondir les motivations et les objectifs des démarches des bénéficiaires, de mieux
préparer les actions sur place et de travailler sur les suites à donner à ces initiatives solidaires.
L’internationalisation et le développement des échanges favorisent la rencontre interculturelle,
source d'enrichissement personnel et élément essentiel de la vie collective, du « vivre ensemble ». La
rencontre avec l’autre se fait autant ici (accueil de partenaires étrangers, rencontres avec les migrants…)
que par des mobilités internationales. Favoriser la rencontre interculturelle, c’est également
accompagner des initiatives (festivals, expositions…) qui permettent de découvrir tel ou tel aspect de la
création artistique et des pratiques culturelles de populations vivant sur d’autres territoires.
5 - Participer à la lutte contre la pauvreté et à la réduction des inégalités de
développement :
En septembre 2000, lors du Sommet du Millénaire pour le développement, les 189 États membres de
l’ONU ont retenu huit objectifs pour éradiquer la pauvreté de la planète, les Objectifs mondiaux pour le
développement (OMD). Depuis, des évolutions sensibles ont été observées concernant notamment la
réduction de l’extrême pauvreté et de la faim, l’accès à l’éducation ou la réduction de la mortalité
infantile. Toutefois, des disparités importantes subsistent entre grandes régions ou au sein des
différents territoires. Quelques chiffres illustrent l’ampleur des enjeux : plus d’un milliard d’êtres
humains vit avec moins d’un dollar par jour, 20% de la population mondiale détient 90% des richesses,
plus d’un milliard de personnes n’a pas accès à de l’eau salubre. Les projets de développement devront
être menés afin de satisfaire aux besoins d’une population toujours croissante, en particulier en Afrique,
qui devrait compter 2,4 milliards d’habitants en 2050 (contre 1,1 aujourd’hui).
Face à ces défis, la Région inscrit son action dans une double perspective :
- contribuer à un développement économique et social durable des territoires partenaires.
L’intervention de la Région dans des pays en développement vise en l'espèce, en renforçant la capacité
des acteurs et les initiatives économiques locales, à appuyer les dynamiques internes de développement
et d’amélioration des revenus. Dans ce cadre bien entendu une attention particulière est portée aux
activités agricoles et rurales, à la sécurité alimentaire, ainsi qu’à la formation professionnelle et à
l’alphabétisation, facteurs d’insertion professionnelle, de développement économique et de lutte contre
l’exode rural.
- accompagner les initiatives en matière d’accès aux services de base (éducation, santé, eau et
assainissement) et soutenir prioritairement la promotion sociale et civique des femmes, le dialogue
interculturel, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.
La Région promeut ses objectifs tant dans les projets qu’elle accompagne dans ses coopérations avec des
collectivités du Sud que dans les actions portées par des acteurs bretons de la coopération et de la
solidarité internationale.
A titre d'exemple, la priorité aux programmes de lutte contre l'insécurité alimentaire se traduit dans nos
partenariats de coopération :
- avec la Région Centre du Burkina Faso, par un programme de promotion d'une filière maraîchère bio
équitable : 464 producteurs membres des 6 coopératives concernées en 2013 ont bénéficié d'actions de
formation, d'appui technique et de soutien à la diversification. En 2014, l'Agence Française de
Développement s'est associée au financement d'équipements de conservation, élément essentiel de la
filière.
- en région Anosy à Madagascar, par un transfert de compétences entre professionnels de la pêche
sénégalais et malgaches à la fois pour la construction d'embarcations et pour les techniques de pêche.
- dans le département de la Grand'Anse en Haïti, par un programme de développement des activités
agricoles est mené, en lien avec le Conseil général des Côtes d'Armor. Dans le même temps, le lycée
maritime d'Etel s'est mobilisé sur l'engagement d'un programme d'appui aux activités de pêche.
De la même façon, depuis 2012, dans une exigence de cohérence avec les axes stratégiques
d’intervention régionaux en faveur du développement durable et de la jeunesse, la Région privilégie le
soutien aux projets des acteurs qui s’inscrivent dans une perspective de développement global et
durable. La pérennité des projets, le partenariat avec les acteurs locaux, la cohérence avec les
orientations prioritaires arrêtées par ces acteurs locaux et la contribution au renforcement de
l’autonomie des partenaires sont devenus des prismes d'évaluation des projets.
6- Faire progresser la bonne gouvernance, la démocratie locale et les processus de
décentralisation mais aussi soutenir l'émergence de réseaux d’autorités locales :
Les collectivités territoriales françaises, devenues des acteurs déterminants du développement et de
la solidarité internationale, inscrivent leurs interventions dans une logique de long terme et de
durabilité, et contribuent au renforcement de la légitimité et des capacités internes des collectivités du
Sud partenaires (transferts de compétences et de méthodologies), en favorisant le développement de la
décentralisation.
Par ailleurs, au Nord comme au Sud, les collectivités territoriales ont un rôle d'ensemblier sur leur
territoire, de mobilisation des compétences pour la définition et la mise en œuvre des actions,
d’animation et de mise en cohérence des initiatives dans le cadre d’une approche territoriale du
développement. La coopération internationale des collectivités se donne aussi comme objectif le
renforcement de cette mission d'animation des autorités locales partenaires. Ainsi, à titre d'exemple, la
Région et les collectivités de l’ouest partenaires apportent un appui concerté au renforcement des
moyens de l’Association des Maires de la Grand’Anse en Haïti afin de lui permettre d’assurer au mieux
ses missions d’animation et de coordination des projets sur son territoire.
7- Sensibiliser les Bretons aux enjeux de la citoyenneté internationale :
En complément aux actions menées à l'extérieur du territoire régional, la Région accompagne depuis
plusieurs années les initiatives de sensibilisation des Bretons aux grands enjeux du développement
et de la solidarité internationale.
La Quinzaine du commerce équitable et la Semaine de la solidarité internationale sont des temps forts
de la mobilisation des acteurs bretons. Au moment de la semaine de la solidarité internationale, la
Région anime avec la CASI-Bretagne (coordination des associations de solidarité internationale), dans le
cadre de la plate-forme ABCIS, une campagne d’affichage autour d’un visuel commun, mettant en avant
les événements se déroulant en région et proposant un lien vers le site Internet d’ABCIS. Cette initiative
de communication concertée a associé 25 collectivités bretonnes en 2013.
Le projet ‘En résonances’, initié en 2010, a débouché sur la mise en place de formations à la citoyenneté
internationale, en prenant appui sur les documents produits dans le cadre de l’action (bande dessinée,
livret pédagogique) d'une part, sur le soutien d'initiatives remarquables d’éducation à la citoyenneté
internationale portées par les acteurs bretons (actions d’information, de formation et/ou de
sensibilisation), d'autre part. Cette dynamique se poursuit en particulier au sein de la plateforme ABCIS.
Les partenariats européens de la Région Bretagne comportent également une forte dimension
citoyenne. C’est particulièrement vrai pour le Pays de Galles autour de l’action des comités de jumelages
(34 communes de Bretagne entretiennent un jumelage avec des communes galloises, auxquelles
s’ajoutent 12 communes de Loire-Atlantique). La Région Bretagne a souhaité favoriser l’échange
d’expériences et la mise en réseau des jumelages, par l’organisation de rencontres régionales permettant
aux associations, parfois distantes de seulement quelques kilomètres, de construire une relation de
proximité et développer des projets communs. Les effets concrets de cette mise en réseau peuvent être
aujourd’hui observés, à travers l’organisation de projets communs entre les comités de jumelage,
l’accueil mutualisé de délégations galloises, la participation à une programmation commune
(organisation des Semaines Galloises en 2013).
Les partenariats européens développés dans le champ de la citoyenneté européenne participent ainsi de
façon active au rapprochement entre les territoires et leurs populations et à la construction d’une
Europe plus unie. Dans cet ensemble, parce qu’ils présentent une sensibilité particulière à
l’apprentissage et à la découverte, et qu’ils constituent les citoyens européens de demain, les jeunes
forment un public cible privilégié dans le champ des coopérations européennes de la Région Bretagne.
La Région Bretagne a d’ailleurs ouvert depuis 2012 un appel à projet spécifique afin d’encourager la
participation des jeunes dans les actions collectives de coopération avec les 3 régions européennes
partenaires.
Une centaine de jeunes sont impliqués chaque année dans de tels projets.
Afin d’asseoir ces partenariats dans la durée, la Région favorise également la structuration de réseaux.
On peut citer, à titre d’illustration, le séminaire jeunesse organisé par l’association Gwennili en
novembre 2013 à Logonna Daoulas, destiné à favoriser la rencontre et la mise en réseau de structures
d’accompagnement jeunesse de Bretagne et de nos trois régions partenaires (échanges sur les dispositifs
d'accompagnement financier européens et régionaux, développement de projets de mobilité jeunesse).
Par ailleurs, la Région Bretagne a rejoint le réseau ERY (Réseau des Régions Européennes pour la
Jeunesse), regroupant dix régions européennes, et notamment le Pays de Galles et la Wielkopolska déjà
partenaires de la Bretagne. Ce réseau encourage les échanges d’expériences entre ses membres, de
meilleures pratiques en matière de politique jeunesse et le développement de projets communs et
concrets en faveur de la jeunesse en utilisant les opportunités offertes par le programme européen «
Jeunesse en action ».
8- participer à la lutte contre le changement climatique :
La Région Bretagne a joué un rôle moteur dans la reconnaissance du rôle des autorités régionales dans
la lutte contre le changement climatique. A cet égard, l’organisation en 2008 du premier Sommet
mondial des Régions à Saint-Malo rassemblant près de 600 participants du monde entier, a marqué
l’entrée des autorités régionales dans les négociations internationales.
Cet engagement commun sur les problématiques de développement durable et de changement
climatique est également très fortement articulé avec certaines de nos coopérations bilatérales.
C’est particulièrement le cas pour le partenariat entre la Bretagne et le Pays de Galles, moteurs du
développement du réseau NRG4SD (réseau des gouvernements régionaux pour le développement
durable), et plus récemment du Climate Group. La Bretagne, Vice-Présidente pour l'Europe du réseau
NRG4SD, participe à double titre à un groupe de travail mis en place par l'ARF dans le cadre de la
préparation de la 21è conférence Climat prévue à Paris à l'automne 2015. Au sein du Climate group, elle
anime un groupe de travail qui s'est assigné pour mission d'explorer les trois volets de la transition
énergétique :
- quelles sont les bonnes formes de décentralisation pour assurer la transition énergétique ?
- quelles sont les modalités d'assistance appropriées à la détection de projets innovants dans les PME ?
- quelles sont les modalités appropriées de fonctionnement des clusters ?
De même, la communauté d’intérêt en matière de développement des énergies marines renouvelables
permet l’organisation de contacts réguliers sur le sujet entre les deux régions (présence des services du
gouvernement gallois et du Low Carbon research Institute au salon Thétis de Brest en 2013), et plus
particulièrement dans le champ de la formation, des compétences et des emplois relatifs à ce secteur
émergent.
La lutte contre le changement climatique est aussi l’une des thématiques nouvelles que la
Wielskopolska et la Région Bretagne ont souhaité placer au coeur de leur plan d’action révisé, plus
particulièrement sous l’angle des impacts en matière de gestion de l’eau, ainsi qu’en matière agricole.
Sur ce dernier point, des échanges se sont développés autour du développement des énergies
renouvelables dans les exploitations, notamment la méthanisation, et de leur efficacité et autonomie
énergétiques.
_______________________________________
Les principes d'action qui viennent d'être rappelés ont des implications différentes, et leur
concrétisation prendra bien évidemment des formes différentes, dans les mois qui viennent, selon les
territoires concernés.
D'une manière générale, avec les collectivités des pays européens comme des pays émergents ou
développés, notre objectif est d'accompagner les acteurs bretons, ou de nous impliquer directement,
dans des partenariats inscrits dans des stratégies mutuellement bénéfiques. En revanche, avec les pays
en développement, cet équilibre ne peut être un objectif à court terme, et les domaines d'action
privilégiés sont plutôt la gouvernance locale, le développement agricole et rural, la sécurité alimentaire
et l'accès aux services de base ( eau, santé, éducation). Dans les deux cas, une implication dans la durée
s'impose : gage de réussite avec les pays développés, elle se double d'une exigence morale avec les pays
en développement.
En matière de coopérations européennes, la réflexion, déjà largement engagée, sera
poursuivie de façon approfondie.
Les coopérations, désormais concentrées sur un nombre restreint de sujets d'intérêt mutuel retenus
dans les plans d'action révisés, seront poursuivies et développées, notamment :
- dans le domaine des énergies marines renouvelables, en particulier du point de vue de la formation et
de la recherche, avec le Pays de Galles ;
- dans le domaine agricole et dans le domaine du développement des territoires ruraux, incluant les
problématiques environnementales et énergétiques associées à ces sujets, avec la Wielkoposka
notamment ;
- dans le domaine de la promotion et de la diffusion culturelle réciproque ;
- en matière de citoyenneté européenne et d'échange de jeunes, domaine dans lequel une meilleure
mobilisation des nouveaux dispositifs communautaires devrait permettre une dynamisation des
partenariats existants. La Région en favorisera la connaissance et l'usage auprès des acteurs bretons ;
Les relations institutionnelles qui restent dynamiques ne seraient pas remises en cause. Mais elles ne
devraient pas exclure de se saisir d'autres opportunités de coopération plus ciblées et thématiques avec
d'autres régions européennes, et non plus seulement nos trois régions partenaires actuelles.
Parallèlement, les modalités d'une meilleure utilisation des réseaux européens ayant établi des
référentiels communs opérationnels sur des sujets intéressant la collectivité pourraient être étudiées
pour favoriser l'émergence de projets de coopération. L'articulation et la cohérence globale entre
l'ensemble des relations interrégionales européennes (relations bilatérales durables, coopérations
ponctuelles et implication dans les réseaux) devra être étudiée.
En matière de coopération avec des pays émergents ou développés, notre coopération
avec la province chinoise du Shandong, dont le trentième anniversaire aura lieu en 2015, tiendra compte
de la demande réitérée de notre partenaire d'accentuer le volet économique de nos échanges,
notamment dans le domaine agro-alimentaire. Les relations de plus en plus étroites entre entreprises
bretonnes et entreprises du Shandong dans le domaine laitier notamment, puis un séminaire sur la
sécurité alimentaire organisé par la Bretagne à Qingdao au printemps 2014, ouvrent la voie à
l'organisation d'une délégation économique de haut niveau lors du Space 2015.
Les relations récentes avec l'Etat de Rio de Janeiro devraient se concrétiser dans un premier temps,
dans le domaine éducatif, par la création, sur le modèle du lycée de Dinard et avec l'appui des
responsables académiques, d'un établissement à Rio. Un ou plusieurs autres transferts de savoir-faire
du même type pourraient avoir lieu dans le domaine de la formation maritime.
Avec la province Vietnamienne du Dong Naï, les relations, esquissées en 2008 à l'occasion d'un
projet industriel breton dans le secteur du porc, n'ont pu pour le moment aboutir à un protocole de
coopération plus construit. Nous avons en effet été sollicités pour accompagner un projet de
développement d'une filière laitière dans cette province agricole. Or, les caractéristiques de ce projet
sont apparues difficilement compatibles avec les principes décrits ci-dessus, en matière de
développement durable notamment, et le dialogue, un temps engagé, n'a pour le moment pas abouti.
En matière de partenariats avec les pays en développement, les accords de coopération
signés avec deux Régions à Madagascar (Analanjirofo et Anosy) en 2007, sont arrivés à échéance au
printemps 2012 . Malgré l'instabilité institutionnelle qui a caractérisé le pays entre 2009 et 2013, et afin
de ne pas pénaliser les populations bénéficiaires, ils ont été reconduits en février 2013 pour une période
de 18 mois sur les thématiques retenues en 2008 :maraîchage, lait, pisciculture et activités marines en
Analanjirofo, activités marines en Anosy. Les élections présidentielle et législatives de 2013 et
l'installation d'un nouveau gouvernement au printemps 2014 devraient permettre au pays de retrouver
une nouvelle stabilité. Si la Région s'orientait vers une nouvelle période de contractualisation avec des
autorités locales à Madagascar, celle-ci s'appuierait sur le renforcement de la coopération avec une des
deux régions, ainsi que sur le renforcement de la « gouvernance » de cette coopération : dialogue plus
soutenu avec la Région partenaire, vérification de la concordance des objectifs et des attentes de chacun,
et animation quotidienne des projets sur le terrain.
Le programme mené avec la Région Centre du Burkina-Faso concerne la structuration d'une
filière coopérative maraîchère bio durable et économiquement viable à Ouagadougou et dans six
communes périphériques. Le programme, dont la coordination est assurée par le Conseil régional du
Centre, touche aujourd'hui 9 coopératives et plus de 600 producteurs. Il est important de souligner la
forte mobilisation d'acteurs bretons experts dans leurs domaines (acteurs associatifs, entreprises
coopératives, entreprises de production de semences) et l'appui significatif apporté à ce projet par le
Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International (MAEDI) et par l'Agence
française de développement (AFD). Au cours des mois à venir, une nouvelle dimension sera donnée aux
actions engagées, avec notamment un renforcement de l'encadrement méthodologique des
producteurs , la diffusion des méthodes de production biologiques ainsi que la construction et la
réhabilitation d'entrepôts de produits secs et d'entrepôts frigorifiques.
Le protocole de coopération signé en 2011 avec l’Association des Maires de la Grand’Anse
(AMAGA) en Haïti a marqué la volonté de la Bretagne de participer au programme concerté de
soutien à ce Département, situé au sud-ouest du pays. Cette coopération est orientée vers deux
priorités : le développement des activités agricoles et de pêche, et l’appui institutionnel. Cette démarche
concertée associe le Conseil général des Côtes d’Armor, la Ville et l’Agglomération de Nantes,
l’agglomération de St Brieuc, la ville de Lannion, plusieurs communautés de communes des Côtes
d’Armor et Cités Unies France (CUF). Par ailleurs, le lycée maritime d'Etel s'est engagé dans une action
de formation des pêcheurs de la Grand'Anse. Les élections locales, prévues fin 2014, devraient conforter
les municipalités membres de l'AMAGA. Un nouveau programme de travail devra être établi après une
première évaluation des résultats du volet agricole, alors qu'un programme global reste à finaliser avec
l'ensemble des parties prenantes dans le domaine de la pêche.
L'ouverture internationale de la Bretagne est avant tout le fait des Bretons eux-mêmes. Elle irrigue,
aujourd'hui encore plus qu'hier, l'ensemble de la société civile : les entreprises, les établissements
d'enseignement, les associations... La Région s'est assigné la tâche d'accompagner et de valoriser les
initiatives des acteurs régionaux. Sa politique de soutien à l'internationalisation tout à la fois propose un
cadre favorable au déploiement des actions et une opportunité de mise en cohérence de ces actions.
Cet engagement à l'international, qui nécessite des efforts de longue haleine, et, sur certaines
destinations, comme les pays en voie de développement, qui constitue un véritable pari sur l'avenir, est
parfois mal perçu. Son retour sur investissement est en effet moins visible et moins immédiat que pour
certaines autres politiques. Pourtant, de tolérée, l'action extérieure des collectivités, et particulièrement
des régions, est maintenant encadrée et valorisée. Elle promeut et démultiplie l'expertise et l'influence
française. Véritable « diplomatie de proximité », elle est désormais reconnue comme une composante à
part entière de l'action de la France dans le monde. A cet égard, un rôle actif échoit aux associations de
collectivités, lieux d'échanges et de mise en cohérence.
Devenue éminemment transverse, une politique d'ouverture internationale ne peut constituer une
compétence d'attribution : elle est une des composantes de chaque grand domaine de compétences de la
collectivité, au premier rang desquels le développement économique .
Je vous demande :
- de PRENDRE ACTE du rapport d'étape de l'action internationale de la Région.
Le Président
Pierrick MASSIOT
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