41
FÉVRIER 2008 - PHARMACEUTIQUES
renforcer notre portefeuille de molécules. Nous sommes
convaincus dans notre propre capacité à travailler seul, en
nous appuyant sur notre propre R&D, dont l’excellente
qualité n’est plus à démontrer.
Prévoyez-vous de diversifier vos domaines thé-
rapeutiques ?
Nous ne voulons pas bâtir une société ●
entièrement focalisée sur un seul domaine
thérapeutique. C’est la raison pour la-
quelle nous avons souhaité nous diversi-
fier. Nous avons organisé notre recherche
autour de trois domaines thérapeutiques :
la virologie (VIH, hépatite, papillomavi-
rus), le cardiovasculaire et le respiratoire.
Nos produits sont issus, pour la plupart,
de notre recherche interne. Aujourd’hui, nous
dépensons un demi-million de dollars en R&D,
ce qui représente 1 % du budget mondial total investi
en la matière par la pharma. Nous sommes tout à fait
conscients que 99 % de la recherche se fait en dehors de
Gilead. D’où notre intérêt pour des produits se trouvant
à un stade très précoce de développement, découverts par
d’autres laboratoires, et que nous pourrions co-dévelop-
per pour renforcer nos trois domaines thérapeutiques.
Pour l’heure, notre activité reste encore très orientée vers
la virologie, en particulier les traitements du sida, sur-
tout si l’on tient compte de nos accords de licence. Ainsi,
75 % de notre chiffre d’affaires sont réalisés dans le do-
maine du VIH. L’un de nos défis est de nouer de nouvelles
alliances pour continuer à nous développer rapidement.
Quels sont les prochains lancements de produits
prévus ?
Letairis®, indiqué dans le traitement de l’hyperten- ●
sion artérielle, a été lancé avec succès aux Etats-Unis en
juin 2007. Egalement dans le respiratoire, nous prépa-
rons le lancement d’une molécule très prometteuse pour
traiter la mucoviscidose, aux Etats-Unis pour le troisiè-
me trimestre 2008 et en Europe pour le deuxième tri-
mestre. Par ailleurs, nous venons de lancer Atripla® au
Canada ainsi qu’au Royaume-Uni, en Allemagne et en
Autriche. Et nous pensons qu’il le sera dans les autres
pays européens au cours des douze prochains mois. En
France, nous attendons encore l’approbation de la Com-
mission de la Transparence. Par ailleurs, nous comptons
lancer un médicament contre l’hépatite B, dans lequel
nous nourrissons de grands espoirs, en Europe à la fin
du deuxième trimestre 2008. Ce produit, très bien to-
léré, offre un avantage indéniable pour les patients, sous
traitement de longue durée. Ensuite, une molécule pour
l’hypertension, actuellement en phase III. Enfin, nous
avons mis au point une nouvelle classe d’antiviraux
VIH que nous anticipons être en phase III de dévelop-
pement d’ici au deuxième trimestre 2008. Parallèle-
ment, nous développons aujourd’hui plusieurs molécu-
les dans l’hépatite, le papillomavirus et la bronchiatis.
Comment s’explique la forte amélioration de votre
rentabilité ?
Nous maîtrisons fortement nos dépenses, ce qui contri- ●
bue à l’amélioration de nos résultats. Notre structure de
management est réduite et notre force de vente est limitée
mais très efficace, car orientée uniquement vers les mé-
decins spécialistes, ce qui nous permet de réagir très vite
et d’améliorer la prise de décision rapidement. Nous
restons organisés comme une petite société de
biotechnologie qui contrôle fortement ses
coûts. Le secret du succès de Gilead réside
aussi dans sa forte adéquation avec son
marché. Nous sommes sûrs que nous
avons mis en place la meilleure orga-
nisation. Début 2007, notre capitalisa-
tion boursière approche les 45 milliards
de dollars alors que nous ne sommes que
4 000 personnes. A titre de comparaison,
Bristol Myers Squibb valait 51 milliards de
dollars en Bourse et possède 43 000 employés.
Que pensez-vous de l’attractivité de la France ?
C’est notre deuxième marché mondial après les ●
Etats-Unis. Gilead est présent dans l’Hexagone depuis
1996. Chaque mois, 25 000 patients y reçoivent notre
traitement contre le VIH, Truvada® et 9 000 patients
Viread®. Un grand nombre est par ailleurs sous trai-
tement Hepsera® contre l’hépatite B. Nous commer-
cialisons également un antifongique majeur contre les
infections fongiques sévères. En France, nos effectifs se
montent à une centaine de personnes. Nos essais clini-
ques et notre développement sont menés notamment
avec des institutions académiques et des organismes de
recherche étatiques comme l’Agence nationale de re-
cherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS). n
Les traitements du
VIH représentent
75 % du CA
Gilead Un labo au crible
Gilead et l’accès au médicament dans
les pays en voie de développement.
« Nous ne recherchons pas à gagner de l’argent sur
les licences accordées aux génériqueurs installés
dans les pays en développement. Nous essayons de
faire accéder le plus grand nombre de personnes à
notre médecine. Les royalties demandées aux fir-
mes indiennes sont très faibles et ne couvrent que
les coûts administratifs. Nous avons également des
accords de licence avec des sociétés sud-africaines.
Nous nous sommes engagés à faciliter l’accès aux
traitements des malades dans les pays en voie de
développement. Nous avons mis en place un pro-
gramme substantiel d’accès aux médicaments contre
le sida dans les pays où les revenus sont insuffisants
pour prendre en charge le coût de tels traitements.
Et dans ceux où la situation économique est fragile,
nous réduisons les prix et ne réalisons aucun bénéfice.
Au total, nous avons d’ailleurs identifié 97 pays où
les fabricants indiens de génériques sont autorisés à
vendre sans restriction de prix ou objectif de prix. » .
DR