MAGAZINE DU WSL DIAGONALE N° 1 2016
Photo: Linda Feichtinger, WSL
FORÊT Les graines des pins sylvestres indigènes
germent mieux que celles des pins sylvestres d’Europe
du Sud et de l’Est
FORÊT Des canaux d’irrigation historiques comme
expérience d’irrigation à long terme
Sur les versants sud et sud-est de la
vallée du Rhône, entre Lens et Varen
en Valais, règne une extrême séche-
resse: végétation pauvre, arbres de
petite taille dont certains ont déjà dé-
péri. Partout, sauf le long des canaux
d’irrigation historiques, les bisses.
Ceux-ci acheminent depuis plus de
500 ans l’eau dans les prairies et les
champs, l’eau qui s’inltre toutefois
sur place en cours de route. En pro-
tent alors les arbres qui se tiennent
à proximité du canal.
Dans sa thèse de doctorat, Lin-
da Feichtinger a découvert que les
pins situés le long de bisses non ex-
ploités pendant longtemps mais ache-
minant l’eau depuis peu, poussaient
mieux que ceux situés le long de ca-
naux d’irrigation utilisés de façon
permanente. L’arrivée d’eau renouve-
lée stimule la dégradation de la litière
accumulée sur une longue période;
les pins disposent ainsi brusquement
de substances nutritives supplémen-
taires. De telles expériences sont une
occasion unique d’étudier la crois-
sance des arbres en fonction d’un ap-
provisionnement en eau différent.
Elles sont aussi précieuses pour
émettre des prévisions sur le dévelop-
pement des forêts sur fond de chan-
gement climatique. (rlä)
Sur le versant sud de la vallée du Rhône, les pins protent de l’eau
d’inltration du Grand Bisse de Lens.
printemps, les arbres indigènes s’en
sortirent mieux que les arbres étran-
gers. Pendant 2011, année sèche,
toutes les plantules poussèrent au
contraire lentement et produisirent
moins de biomasse.
Barbara Moser tire deux conclu-
sions de l’expérience: s’il continue d’y
avoir occasionnellement des prin-
temps humides et des perturbations
synonymes de sources de lumière
dans les forêts de la vallée du Rhin
près de Coire, le pin sylvestre indi-
gène devrait pouvoir se rajeunir ré-
gulièrement aussi dans les stations
ensoleillées et de ce fait assurer la pé-
rennité de ces forêts. Le rajeunisse-
ment des pins ne serait potentielle-
ment menacé que sur les sols à faible
capacité de rétention d’eau. En cas de
précipitations printanières similaires,
les pins issus des régions déjà sèches
d’Europe de l’Est et du Sud ne se-
raient guère une alternative aux pins
indigènes. Si toutefois les tempéra-
tures augmentaient d’ici la n du
XXIe siècle, accompagnées presque
sans exception de printemps secs, B.
Moser recommanderait de tester des
essences alternatives. (rlä)
www.wsl.ch/more/foretdesgrisons