L’Encéphale (2008) 34 Supplément 2, S47–S48 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com journal homepage: www.elsevier.com/locate/encep INTRODUCTION J.-P. Olié S.H.U. de Santé Mentale et de Thérapeutique, C.H. Sainte-Anne, 75014 Paris C’est un honneur et aussi un vif plaisir d’accueillir la 5ème journée « Troubles mentaux, vieillissement et démences » dans le cadre du Service Hospitalo - Universitaire de l’Hôpital Sainte-Anne. Une fois encore le Dr T. Gallarda a construit un programme de haut niveau scientifique orienté sur le thème de la dépression du sujet âgé : votre nombreuse présence ce matin plébiscite ce programme. Merci à T. Gallarda et aux intervenants qui, malgré des emplois du temps chargés, ont accepté de venir aujourd’hui participer à cette réunion multidisciplinaire puisqu’il est vrai que ces questions du vieillissement normal et pathologique concernent diverses spécialités médicales. Permettez moi de m’arrêter quelques instants sur le plaisir de travailler auprès de T. Gallarda partagé par l’ensemble des soignants de ce service en constatant de surcroît tout ce que la psychiatrie peut apporter à des personnes âgées souffrant de symptômes émotionnels, comportementaux et cognitifs. Chaque semaine 5 à 10 nouveaux patients de plus de 50 ans sont admis dans l’unité d’hospitalisation que dirige T. Gallarda, afin de discerner ou tenter de discerner ce qui relève d’un simple trouble dépressif ou d’une maladie tantôt dégénérative, tantôt vasculaire. Ce bilan n’a pas le simple objectif de faire un diagnostic même si ceci n’est pas négligeable mais l’ambition de mettre au point une thérapeutique : les résultats d’un tel bilan psychiatrique clinique et para-clinique permettent d’informer patient et famille sur la nature du trouble, ses possibilités évolutives et les solutions thérapeutiques qu’elles soient chimiques, psychologiques, sociales ou davantage biologiques par exemple la stimulation cérébrale y compris électrique. Que de patients arrivés ici désespérés d’un si long et douloureux chemin sont ensuite revus souriants, apaisés, à nouveau heureux de vivre. L’auteur n’a pas déclaré de conflits d’intérêts © L’Encéphale, Paris, 2008. Tous droits réservés. A l’occasion de cette journée, chaque année nous répétons qu’en France trop peu de psychiatres s’intéressent à la psychiatrie du sujet âgé comparativement à ce qu’il faut bien appeler un engouement pour l’adolescent auquel de nombreux psychiatres disent vouloir se consacrer. Une évolution se dessine cependant si j’en crois les demandes de jeunes psychiatres en formation désireux de faire un stage dans l’unité d’hospitalisation largement dévolue à des âgés dirigée par T. Gallarda avec l’aide d’Isabelle Fabre. Cet intérêt de jeunes psychiatres pour la psychiatrie du sujet âgé sera assurément plus fort lorsque nos tutelles mettront en place comme promis un DESC de psychiatrie du sujet âgé tout comme il existe un DESC de la psychiatrie de l’enfant et l’adolescent. Ceci permettra de mieux faire connaître les progrès et les acquis de ce secteur de la psychiatrie dont un des attraits est sans doute la complémentarité avec des spécialités voisines, neurologie, gériatrie, médecine interne. Dès à présent le psychiatre du sujet âgé est celui qui sait tout à la fois : - correctement guider l’évaluation clinique et para-clinique avec l’aide des outils neuropsychologiques mais aussi l’imagerie, la biologie ; - correctement guider les décisions sociales et familiales que peut imposer le vieillissement ; - élaborer les programmes de recherche physiopathologique et thérapeutique. Longtemps encore, malgré de nouveaux bio marqueurs susceptibles de guider les thérapeutiques vers des cibles moins complexes que le phénotype vieillissement normal ou pathologique, il est probable que l’on aura besoin d’essais thérapeutiques difficiles à mener, sur de longues périodes de temps avec des outils de mesure hautement spécialisés donc par des équipes spécialisées. La psychiatrie classique avait introduit le concept de S48 dépression pseudo-démentielle : les études de suivi ont montré qu’il s’agit plutôt de prédémences voire de « pré MCI » (Mild cognitive impairment) dont les désordres émotionnels précèdent de quelques années les manifestations cognitives. Ainsi, nous psychiatres sommes aux avant postes pour voir émerger les premières manifestations de vieillissement pathologique. Il nous revient donc de savoir mettre en œuvre la prise en charge la plus précoce possible. Ceci sera de plus en plus vrai avec les progrès thérapeutiques dont il sera question au cours de cette journée. J.-P Olié Je vous remercie de votre présence et formule donc le vœu d’une journée conviviale, nous donnant beaucoup d’ouvertures et d’espoirs pour un futur ou la médecine aura fait reculer l’appréhension du grand âge. Alors nous pourrons échapper aux nostalgies de l’adolescence pour affronter mieux les heurs et malheurs de l’heure de la sagesse : « Nous ne savons renoncer à rien. Nous ne savons qu’échanger une chose contre une autre » (S. Freud) que l’espérance serve au moins à nous guider vers la fin de la vie par d’agréables chemins.