des signes somatiques, à l’aide
d’un entretien, de l’examen cli-
nique et parfois examens para-
cliniques. Ces derniers n’ont
pas un intérêt pour le diagnos-
tic d’un trouble psychiatrique
mais permettent d’éliminer des
diagnostics somatiques aussi
bien aux yeux du médecin que
du patient parfois convaincu
d’avoir une maladie somatique.
Il faut s’enquérir du contexte et
des événements de vie. Une
approche plus globale du pa-
tient est ainsi indispensable. Il
faut évaluer la qualité du fonc-
tionnement au travail, dans le
couple, la société…
Le médecin doit explorer systé-
matiquement le champ de la
dépression au cours de l’entre-
tien. On s’intéresse au som-
meil, à l’appétit, à la mémoire,
à la concentration, à l’humeur
mais aussi à la libido, au senti-
ment d’autodévalorisation, à
l’anxiété voire à l’anhédonie.
Le problème qui se pose assez
souvent est de faire la part des
choses en cas de comorbidités :
qu’est ce qui relève du registre
somatique, qu’est ce qui relève
du registre dépressif ? Dans
tous les cas le diagnostic de dé-
pression n’est pas un diagnostic
d’élimination : c’est un dia-
gnostic positif basé sur des
signes positifs.
L’ANNONCE DU DIAGNOSTIC
Elle est facile si le patient est
conscient de son état et de sa
symptomatologie dépressive et
s’il a des antécédents person-
nels d’épisodes antérieurs.
L’annonce est plus délicate en
revanche quand le patient pen-
se qu’il a une maladie soma-
tique alors que le médecin pen-
se qu’il est déprimé. C’est le
cas des patients qui se présen-
tent pour des plaintes soma-
tiques avec une asthénie domi-
nante et qui refusent la réalité
exprimée par le médecin par
peur de la maladie mentale et
de la « folie ».
Dans ce cas le rôle du médecin
est d’amener le patient à chan-
ger de registre en l’aidant à
évoluer de la plainte physique
aux faits psychiques. L’attitude
du médecin est de :
– s’intéresser à la vie person-
nelle du patient ;
– développer un bon niveau
d’empathie avec lui ;
– avoir un contact visuel fré-
quent afin de signifier qu’on est
là et qu’on l’écoute ;
– poser des questions ouvertes
telles que « qu’est ce que vous
pensez de… ? » ;
– ne pas interrompre trop sou-
vent le patient ;
– écouter les plaintes sans les
banaliser c’est-à-dire ne pas éli-
miner systématiquement la
plainte somatique mais la gar-
der en mémoire et s’y référer
en élargissant l’entretien ;
– faire un examen clinique
dont la négativité sera d’impor-
tance pour le sujet ; c’est par-
fois vrai aussi pour des exa-
mens complémentaires.
LE TRAITEMENT
MÉDICAMENTEUX
La mise en route d’un traite-
ment médicamenteux est facile
quand le patient et le médecin
sont en accord sur le diagnostic
et l’indication à traiter.
Elle est plus difficile quand le
patient est résistant au dia-
gnostic et donc au traitement.
Cette mise en route peut éga-
lement s’avérer difficile quand
le médecin a tendance à éviter
le diagnostic de dépression, à
ne pas rechercher les symp-
tômes dépressifs ou refuser de
prescrire des antidépresseurs.
Pour palier, au moins partielle-
ment à ces difficultés, un
contrat thérapeutique précisant
la nature du produit, la posolo-
gie et la durée du traitement
avec un travail d’éducation à la
santé est indispensable.
Enfin, la disponibilité du méde-
cin et l’accompagnement pro-
posé au patient sont d’un grand
apport pour une meilleure effi-
cacité de la prise en charge et
une bonne observance théra-
peutique.
LE SYNDROME DE FATIGUE
CHRONIQUE OU
ENCÉPHALOMYÉLITE
MYALGIQUE
Définition
Il est défini par une asthénie
sévère et handicapante au
moins à 50 % du temps depuis
au moins 6 mois. Cette asthé-
nie est augmentée par l’exerci-
ce physique léger et gêne l’ac-
tivité physique et mentale
quotidienne.
Cette asthénie est associée à
des myalgies, des céphalées,
des troubles du sommeil, des
troubles cognitifs et de l’hu-
meur. L’examen somatique et
les examens paracliniques sont
normaux.
Prévalence
La prévalence du syndrome de
fatigue chronique en médecine
générale est très variable selon
L’Encéphale (2008) Hors-série 2, 17-20 Fatigué(e) ou déprimé(e) ?
S 19
Dépressions et âges de la vie