La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 9 - novembre 2009 | 449
FKBP51 entraîne la déphosphorylation spécifi que
du résidu Ser473 d’Akt, phénomène qui s’accom-
pagne d’une diminution de la phosphorylation de
GSK-3ß et FoxO1, 2 cibles d’Akt.
Pour déterminer si FKBP51 est directement impli-
quée dans la régulation de la phosphorylation du
résidu Ser473 d’Akt, les auteurs ont immunopréci-
pité FKBP51 et observé quelles étaient les protéines
capables de copurifi er. Ils ont ainsi montré que
Akt et PHLPP1 – la phosphatase responsable de la
déphosphorylation du résidu 473 d’Akt – formaient
un complexe avec FKBP51 au sein des cellules SU86.
À l’inverse, mTOR ne co-immunoprécipite pas
avec FKBP51. Lorsque FKBP51 est surexprimée, le
degré d’association d’Akt et de PHLPP1 augmente,
accroissant la déphosphorylation du résidu Ser473
(schéma). In vitro, les auteurs confirment que
FKBP51 amplifi e la capacité intrinsèque de PHLPP1
et d’Akt à former un complexe.
Pour déterminer si l’action de FKBP51 sur l’état
de phosphorylation d’Akt se fait exclusivement
via PHLPP1, les auteurs ont surexprimé FKBP51
et sous-exprimé PHLPP1 dans les mêmes cellules :
l’effet de FKBP51 est complètement annihilé et Akt
reste phosphorylée. Ce phénomène s’accompagne
d’une résistance à la gemcitabine, confi rmant que
l’effet de FKBP51 nécessite PHLPP1. Lorsque la forme
mutante FD67/68DV de FKBP51, dépourvue d’acti-
vité peptidyl-prolyl isomérase, est surexprimée dans
les cellules SU86, son effet sur l’état de phosphoryla-
tion du résidu Ser473 d’Akt est le même que lorsque
la forme sauvage de l’enzyme est exprimée. Cela
montre que l’activité enzymatique de FKBP51 ne
joue pas de rôle déterminant dans ce phénomène.
En délétant les domaines FKBP1 (résidus 1-138)
et FKBP2 (résidus 138-251) de FKBP51, les auteurs
montrent que ces 2 domaines sont importants pour
la formation du complexe entre FKBP51 et Akt. En
revanche, pour le complexe formé entre FKBP51
et PHLPP, ils montrent que c’est le domaine TPR
de la région C-terminale de FKBP51 qui est impor-
tant. Ces résultats suggèrent que l’interaction de
FKBP51 avec Akt et PHLPP se fait via des domaines
distincts, renforçant l’idée que FKBP51 joue un rôle
d’ancrage favorisant et renforçant l’association
entre Akt et PHLPP.
Afi n de confi rmer leurs observations in vivo, les
auteurs ont déterminé par microarray et western-
blot les niveaux d’expression, ARN ou protéiques,
de FKBP51 dans des tissus normaux ou tumoraux
provenant de patients atteints de cancer pancréa-
tique. Dans tous les cas où l’expression de FKBP51
était détectable dans les tissus normaux, l’expres-
sion de FKBP51 était perdue dans les tissus tumo-
raux correspondants et les pertes s’accompagnaient
d’un fort accroissement de la phosphorylation d’Akt
sur le résidu Ser473 au niveau des tissus tumoraux.
Akt est souvent retrouvée activée dans les cellules
tumorales au travers d’une dérégulation de la voie
PI3K.
Dans cet article, les auteurs identifi ent un nouveau
mécanisme, indépendant de la voie PI3K, qui agit
en aval de l’activation d’Akt et qui est capable de
réduire son état de phosphorylation. En compre-
nant les mécanismes qui contrôlent l’expression de
FKBP51, il est envisageable de moduler le niveau
d’activation d’Akt en bloquant sa perte d’expres-
sion, et ce quel que soit l’état de la voie PI3K.
A. Escargueil,
université Pierre-et-Marie-Curie, Paris
MACC1, un nouveau régulateur
clé de la voie de signalisation
HGF/Met, prédit la survenue de
métastases dans le cancer du
côlon
’ Stein U, Walther W, Arlt F, Schwabe H, Smith J, Fichtner I,
Birchmeier W, Schlag PM. Nat Med 2009;15(1):59-67.
D
es progrès considérables ont été accomplis dans
la prise en charge du cancer colorectal au cours
des 15 dernières années, qui ont permis de doubler
la survie des patients. Cependant, d’emblée ou de
façon métachrone, la moitié des patients déve-
loppe des métastases, cause la plus fréquente de
mortalité par cancer colorectal. À l’heure actuelle,
les critères clinico-pathologiques et moléculaires
sont insuffi sants pour permettre une identifi cation
précoce des patients à haut risque de développer
des métastases, et les mécanismes moléculaires
impliqués dans la métastagenèse sont mal connus.
La voie de signalisation HGF (hepatocyte growth
factor)/Met occupe une part importante dans les
processus de croissance cellulaire, de transition
épithélio-mésenchymateuse, d’angiogenèse, de
mobilité cellulaire, d’invasion et de diffusion méta-
statiques. Le récepteur à activité tyrosine kinase
Met, exprimé à la surface des cellules épithéliales,
est un récepteur du HGF décrit initialement comme
le facteur de croissance des hépatocytes mais
faisant également partie de la famille des scatter
factors (SF), qui jouent un rôle important dans
l’invasion cellulaire. Le récepteur Met transmet
des signaux intracellulaires antiapoptotiques, de
survie, de migration et d’invasion cellulaire, via les
voies de signalisation Ras/MAPK (mitogen activated
protein kinase) et PI3K/Akt. Ainsi une dérégula-
tion de HGF/Met est-elle associée aux processus
de carcinogenèse et de diffusion métastatique,
comme cela a été décrit dans plusieurs types de
cancers, dont le cancer colorectal, où une hyper-
expression de Met a été rapportée comme facteur
clé de l’invasion cellulaire précoce et du risque
métastatique (1, 2).
Les auteurs se sont intéressés au gène MACC1
(metastasis associated in colon cancer 1), localisé sur
le chromosome7, préalablement identifi é comme
un gène d’intérêt hyperexprimé dans les métastases
de cancer colique. Ils ont examiné l’expression de
l’ARNm de MACC1 dans de la muqueuse colique et
hépatique normale, dans des adénomes coliques
(n = 13) et des tumeurs primitives coliques, et dans
des métastases hépatiques de patients ayant un
cancer colique opéré et ayant ou non développé
des métastases métachrones ou d’emblée métasta-
tiques (17, 23, 22 et 28 cancers de stades I, II, III et IV
respectivement). MACC1 était signifi cativement
surexprimé dans les tissus tumoraux comparés à
la muqueuse normale et adénomateuse, de même
que dans les tumeurs coliques de patients avec
cancer de stade II-III ayant développé des métas-
tases métachrones comparés à ceux qui n’avaient
pas eu de métastases. L’expression de MACC1 était
similaire dans les tissus coliques et dans les méta-
stases correspondantes d’un même patient.
L’analyse multivariée a montré que MACC1 était un
facteur prédictif de métastases de cancer colique,
indépendamment de l’âge, du sexe, de l’invasion
pariétale tumorale, du statut ganglionnaire et
de l’invasion vasculaire. Le taux d’expression de
MACC1 était également corrélé à la survie sans
métastases, puisque les patients avec un fort taux
d’expression de l’ARNm de MACC1 au niveau
colique avaient une survie sans métastases signifi ca-
tivement diminuée comparés à ceux avec un faible
taux d’expression (survie à 5 ans : 80 % versus 15 %),
indépendamment du taux d’expression de Met.
Sur un plan plus fondamental, la transfection de
MACC1 au sein de la lignée cellulaire de cancer
colique SW480 – qui, normalement, n’exprime pas
ce gène – était associée à une augmentation impor-
tante de l’expression de l’ARNm de MACC1, mais
également de Met, ce qui a été confi mé au niveau
protéique. La transfection de siARN spécifi que de
MACC1, destinée à obtenir un gene-silencing du