94 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 3 - mars 2014
Résumé
registres régionaux de cancers (Francim [France
cancer incidence et mortalité]), était d’estimer
l’amplitude du “sur diagnostic” et du “surtraitement”
potentiels en fonction des comorbidités. Cette étude
n’a pris en compte que les tumeurs localisées de
stade T1 (31,7 % ; n = 583) et T2 (68,3 % ; n = 1 257).
En ce qui concerne les patients atteints de
tumeurs T1, l’âge moyen était de 70,8 ans ; 28,2 %
présentaient 1 ou 2 comorbidités, 7,4 % plus de 2 ;
57,8 % ont reçu un traitement invasif à visée cura-
tive (prostatectomie ou RT). La proportion de sur-
traitement potentiel en utilisant l’espérance de vie
ajustée aux comorbidités variait de 29,5 à 53,3 %.
Pour les auteurs, 7,7 à 24,4 % des patients traités
par prostatectomie et 30,8 à 62,5 % de ceux traités
par RT ont été surtraités. Ils en ont conclu que, en
fonction de l’incidence, 3 200 à 4 800 patients sont
surtraités en France, dont beaucoup présentent des
comorbidités. C’est dire l’importance de la place qu’il
faudra attribuer à la surveillance active dans le futur
et l’absence d’intérêt d’un diagnostic précoce chez un
patient âgé, a fortiori s’il présente des comorbidités.
Baisse spectaculaire de 40 %
de la mortalité par cancer
de la prostate aux États-Unis
depuis 1991
Entre 1991 et 2005, la mortalité par cancer de la
prostate a baissé de 40 % aux États-Unis, passant
de 103 à 60 décès pour 100 000 hommes âgés de 50
à 84 ans (4). Les données concernant les traitements
primaires ont été tirées des registres SEER, celles sur la
fréquence de l’HT ont été obtenues à partir des bases
de données de CaPSURE. Cette remarquable “success
story” (comme il est dit dans l’article) coïncide avec la
pratique du dosage du PSA (qui a débuté aux alentours
de 1987). Il faut aussi relever que l’utilisation de l’HT
a fortement augmenté depuis les années 1990. Cette
baisse majeure de la mortalité s’explique par le dépis-
tage individuel, le traitement précoce et l’améliora-
tion de la prise en charge globale des traitements des
récidives et des progressions. Le traitement primaire
expliquerait environ un tiers (33 %) de la différence
entre la mortalité observée et la mortalité attendue.
Traquer l’origine clonale
du cancer de la prostate létal
Les tumeurs primaires sont souvent multifocales
et hétérogènes. Néanmoins, malgré leur hétéro-
généité, le fait que les lésions de différents sites
anatomiques partagent une majorité d’altéra-
tions génétiques suggère que les cellules méta-
statiques létales ont une origine clonale. À partir
du séquençage de l’ensemble du génome et des
analyses moléculaires de différents prélèvements
d’un patient décédé de sa maladie (17 ans après
le diagnostic, établi à l’âge de 48 ans), une équipe
du Johns Hopkins hospital (États-Unis) [5] a traqué
l’évolution du clone létal, depuis la tumeur primi-
tive jusqu’à l’évolution métastatique. De façon
surprenante, ces analyses ont révélé qu’il provenait
d’un site primaire de petite taille, relativement
de bas grade et non d’une lésion volumineuse
de plus haut grade ni d’une métastase ganglion-
naire sur la pièce de prostatectomie avec curage
ganglionnaire. Ce cas illustre également l’intérêt
de prélèvements répétés au cours de l’évolution du
cancer. Un conseil : lisez l’article, il est disponible
gratuitement sur PubMed.
Pronostic des cancers
de la prostate survenant dans
le contexte d’une mutation
constitutionnelle d’un gène
BRCA
Le risque relatif de cancer de la prostate est évalué à
plus de 8 pour les hommes âgés de moins de 65 ans
porteurs d’une mutation de BRCA2, et à plus de 3
dans le contexte des mutations de BRCA1. Diffé-
rentes séries, portant sur de faibles effectifs, parfois
restreintes à des mutations spécifi ques fondatrices
(mutations “islandaise” et “ashkénaze”, notamment),
suggèrent que le pronostic de ces cancers serait
moins bon. L’objectif du travail de E. Castro et al. (6)
était de préciser ce point. Les résultats peuvent se
résumer de la façon suivante :
➤
fréquence significativement plus élevée des
formes peu différenciées (score de Gleason ≥ 8),
»L’année2013 a vu une révolution des pratiques, avec la mise à disposition de l’acétate d’abiratérone
avant le docétaxel, du cabazitaxel, du MDV3100 après docétaxel et, prochainement, celle du radium223.
Vamaintenant se poser le problème des séquences thérapeutiques qui devront tenir compte des résistances
croisées entre les nouvelles hormonothérapies. Concernant les associations de radio hormono thérapie dans
les formes à mauvais pronostic, le dogme des 3ans d’hormonothérapie est remis en question dans une
étude randomisée canadienne comparant cette durée à 18mois.
Mots-clés
Acétate d’abiratérone
Cabazitaxel
Enzalutamide
Radium 223
Summary
In 2013, practice has changed
radically for patients with
metastatic CRPC, with the
availability of abiraterone
before docetaxel, of cabazi-
taxel and enzalutamide after
docetaxel. Radium 223 has also
been approved. The problem
now is how to best sequence
these agents. Data provide
evidence of cross-resistance
between new hormone treat-
ments. In high risk localized
prostate cancer, the standard
of care of 36 months androgen
deprivation therapy combined
with radiotherapy was not
superior to 18months in a
canadian randomized trial.
Keywords
Abiraterone acetate
Cabazitaxel
Enzalutamide
Radium 223