Rétrospective & perspective
dans les cancers urologiques
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 1 - janvier-février-mars 2014
1212
L’année 2013 a vu une révolution des pratiques, avec la mise à
disposition de l’acétate d’abiratérone avant le docétaxel, du cabazitaxel,
du MDV3100 après docétaxel et, prochainement, celle du radium 223.
Va maintenant se poser le problème des séquences thérapeutiques
qui devront tenir compte des résistances croisées entre les nouvelles
hormonothérapies (HT). Concernant les associations de radio hormono-
thérapie dans les formes à mauvais pronostic, le dogme des 3 ans
d’HT est remis en question dans une étude randomisée canadienne
comparant cette durée à 18 mois.
Mots-clés : Acétate d’abiratérone − Cabazitaxel − Enzalutamide
− Radium 223.
In 2013, practice has changed radically for patients with metastatic CRPC,
with the availability of abiraterone before docetaxel, of cabazitaxel and
enzalutamide after docetaxel. Radium 223 has also been approved. The
problem now is how to best sequence these agents. Data provide evidence
of cross-resistance between new hormone treatments. In high risk localized
prostate cancer, the standard of care of 36 months androgen deprivation
therapy combined with radiotherapy was not superior to 18 months in a
canadian randomized trial.
Keywords: Abiraterone acetate − Cabazitaxel − Enzalutamide
− Radium 223.
RÉSUMÉABSTRACT
Cancers de la prostate
Prostate cancer
P. Beuzeboc*
* Département
d’oncologie médicale,
Institut Curie, Paris.
Gènes de fusion TMPRSS2 :
la présence d’ERG chez les patients
porteurs d’unenéoplasie intraépithéliale
prostatique de haut grade prédit
ladétection ultérieure d’un cancer
delaprostate
Le protocole de phase III GTx G300104 (1) a randomisé
1 590 hommes atteints d’une néoplasie intra épithéliale
prostatique de haut grade isolée, diagnostiquée sur des
biopsies prostatiques, entre torémifène et placebo. Les
biopsies prostatiques de suivi à 12, 24 et 36 mois ont
fait l’objet d’une relecture centralisée. Dans cette étude,
11,1 % (n = 51) des 461 patients exprimaient ERG en
immunohistochimie (IHC). Un cancer de la prostate a
été diagnostiqué chez 14,7 % des patients la première
année et chez 36,9 % sur les 3 ans de l’étude. Chez les
patients exprimant ERG, le diagnostic a été porté plus
fréquemment (53 versus 35 %) [p = 0,014]. Le pourcen-
tage était le même dans les bras torémifène et placebo.
Histoire naturelle du cancer de la prostate
précoce localisé : l’expérience suédoise
d’unsuivi de30ans
M. Popiolek et al. (2) ont conduit une étude prospective sur
une cohorte de 223 patients successifs, provenant d’une
région du centre de la Suède et atteints d’un cancer de la
prostate localisé initialement uniquement surveillé. Un
traitement hormonal nétait instauré quen cas d’appari-
tion de symptômes. Au cours d’un suivi de 32 ans, tous
les patients sont décédés sauf 3 (1,3 %) ; 90 (40,4 %) ont
présenté une évolution locale et 41 (18,4 %), une progres-
sion métastatique. Au total, 38 (17,0 %) sont décédés de
l’évolution de leur cancer. Les 9 patients ayant un score de
Gleason de 8 à 10 sont décédés dans les 10 ans qui ont suivi
le diagnostic, dont 5 (55,6 %) de leur cancer. Il faut relever
que 142 patients (63,7 %) n’ont reçu ni radiothérapie (RT) ni
hormonothérapie (HT). La baisse de la survie des patients
présentant une tumeur non palpable était lente les 20 pre-
mières années, pour s’accélérer ensuite entre 20 et 25 ans. Si
maladie indolente il y a, il faut néanmoins constater quelle
présente, à long terme, dans un pourcentage important
de cas − même pour des tumeurs à bas risque −, une pro-
gression locale et métastatique source de morbidités et
d’eff ets indésirables. Il est utile, facile et objectif de consi-
dérer la mortalité spécifi que comme critère principal sur le
plan statistique ; cependant, il est plus important pour les
patients de vivre le mieux possible ces années sans subir
des résections transuréthrales, une castration prolongée
ou d’autres eff ets des traitements généraux, ni souff rir des
complications dues aux métastases osseuses… Comment
mieux identifi er les vraies tumeurs à bas risque pour éviter
les surtraitements ? Le problème reste posé en attendant
d’éventuelles signatures génomiques.
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 1 - janvier-février-mars 2014
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13
Cancers de la prostate
Estimation de l’espérance de vie,
facteur clé du surtraitement
En pratique quotidienne, on considère qu’une espérance
de vie de plus de 10 ans justifi e le traitement à visée cura-
tive d’un cancer de la prostate localisé. Un des problèmes
essentiels est d’analyser au mieux les comorbidités sus-
ceptibles de limiter l’espérance de vie. Lobjectif de cette
étude (3), réalisée par l’équipe d’épidémiologie et de
santé publique Inserm UMR 1027 de Toulouse à partir
de 1 840 patients diagnostiqués en 2001, tirés de registres
régionaux de cancers (Francim [France cancer incidence et
mortalité]), était d’estimer lamplitude du surdiagnostic” et
du surtraitement potentiels en fonction des comorbidités.
Cette étude na pris en compte que les tumeurs localisées
de stade T1 (31,7 % ; n = 583) et T2 (68,3 % ; n = 1 257).
En ce qui concerne les patients atteints de tumeurs T1, l’âge
moyen était de 70,8 ans ; 28,2 % présentaient 1 ou 2 comor-
bidités, 7,4 % plus de 2 ; 57,8 % ont reçu un traitement
invasif à visée curative (prostatectomie ou RT). La propor-
tion de surtraitement potentiel en utilisant l’espérance
de vie ajustée aux comorbidités variait de 29,5 à 53,3 %.
Pour les auteurs, 7,7 à 24,4 % des patients traités par pros-
tatectomie et 30,8 à 62,5 % de ceux traités par RT ont été
surtraités. Ils en ont conclu que, en fonction de l’incidence,
3 200 à 4 800 patients sont surtraités en France, dont beau-
coup présentent des comorbidités. C’est dire l’importance
de la place quil faudra attribuer à la surveillance active dans
le futur et l’absence d’intérêt d’un diagnostic précoce chez
un patient âgé, a fortiori s’il présente des comorbidités.
Baisse spectaculaire de 40 %
delamortalité par cancer de la prostate
auxÉtats-Unis depuis1991
Entre 1991 et 2005, la mortalité par cancer de la prostate
a baissé de 40 % aux États-Unis, passant de 103 à 60 décès
pour 100 000 hommes âgés de 50 à 84 ans (4). Les données
concernant les traitements primaires ont été tirées des
registres SEER, celles sur la fréquence de l’HT ont été obte-
nues à partir des bases de données de CaPSURE. Cette
remarquable success story” (comme il est dit dans l’article)
coïncide avec la pratique du dosage du PSA (qui a débuté
aux alentours de 1987). Il faut aussi relever que l’utilisa-
tion de l’HT a fortement augmenté depuis les années
1990. Cette baisse majeure de la mortalité sexplique par
le dépistage individuel, le traitement précoce et l’amé-
lioration de la prise en charge globale des traitements
des récidives et des progressions. Le traitement primaire
expliquerait environ un tiers (33 %) de la diff érence entre
la mortalité observée et la mortalité attendue.
Traquer l’origine clonale
du cancer de la prostate létal
Les tumeurs primaires sont souvent multifocales et
hétérogènes. Néanmoins, malgré leur hétérogénéité,
le fait que les lésions de diff érents sites anatomiques
partagent une majorité d’altérations génétiques
suggère que les cellules métastatiques létales ont une
origine clonale. À partir du séquençage de l’ensemble
du génome et des analyses moléculaires de diff érents
prélèvements d’un patient décédé de sa maladie
(17 ans après le diagnostic, établi à l’âge de 48 ans),
une équipe du Johns Hopkins hospital (États-Unis) [5]
a traqué l’évolution du clone létal, depuis la tumeur
primitive jusqu’à l’évolution métastatique. De façon
surprenante, ces analyses ont révélé qu’il provenait
d’un site primaire de petite taille, relativement de bas
grade et non d’une lésion volumineuse de plus haut
grade ni d’une métastase ganglionnaire sur la pièce
de prostatectomie avec curage ganglionnaire. Ce cas
illustre également l’intérêt de prélèvements répétés au
cours de l’évolution du cancer. Un conseil : lisez l’article,
il est disponible gratuitement sur PubMed.
Pronostic des cancers de la prostate
survenant dans le contexte d’une mutation
constitutionnelle d’un gène BRCA
Le risque relatif de cancer de la prostate est évalué à
plus de 8 pour les hommes âgés de moins de 65 ans
porteurs d’une mutation de BRCA2, et à plus de 3 dans
le contexte des mutations de BRCA1. Diff érentes séries,
portant sur de faibles eff ectifs, parfois restreintes à des
mutations spécifi ques fondatrices (mutations “islan-
daise” et ashkénaze, notamment), suggèrent que le
pronostic de ces cancers serait moins bon. Lobjectif du
travail de E. Castro et al. (6) était de préciser ce point.
Les résultats peuvent se résumer de la façon suivante :
fréquence signifi cativement plus élevée des formes
peu diff érenciées (score de Gleason ≥ 8), des stades T3
ou T4 et des métastases ganglionnaires ou à distance
au moment du diagnostic ;
survie spécifique significativement plus longue
pour le groupe de patients sans mutation de BRCA
(15,7 versus 8,6 ans ; HR = 1,8 ; p = 0,015 en analyse
multivariée) ;
survies spécifi que et sans métastase à 5 ans signi-
cativement plus longues pour le groupe de patients
sans mutation de BRCA atteints de formes localisées lors
du diagnostic (respectivement 96 versus 82 %, HR = 2,6,
p = 0,01 ; 93 versus 77 %, HR = 2,7, p = 0,009).
Rétrospective & perspective
dans les cancers urologiques
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Figure 1. Durée de l’hormonothérapie adjuvante avec la radiothérapie dans les formes à mauvais
pronostic (9).
0
0
310
320
Patients à risque (n)
Essai randomisé de phaseIII comparant 18mois versus 36mois d’HT
pourdespatientsT3/T4, PSA>20 et/ou score de Gleason>7, N0
630 patients inclus, suivimédian : 77 mois
SG à 5 ans : 92,1 versus86,8 % (p = 0,052)
Survie spécifi que à 5 ans : 97,6 versus 96,4 % (p = 0,473)
Pas de diff érence entre les2bras en termes derechute biologique, rechutelocale
ouàdistance
36 mois d’HT nestpas supérieur à 18mois
20
301
306
60
243
212
Mois
120
41
32
40
283
290
HR = 1,15
(0,83-1,59) ;
p = 0,398
p = 0,052
86,8 (83,0-90,6)
92,1 (89,1-95,1)
p = 0,429
63,2 (54,7-71,7)
63,6 (55,7-71,5)
HT pendant 36 mois
HT pendant 18 mois
100
94
83
80
152
143
140
3
3
20
60
40
80
Survie globale (%)
100
Ce travail conclut à la plus grande sévérité des cancers de
la prostate associés aux mutations des gènes BRCA, en
particulier en cas de mutation de BRCA2. L’histoire natu-
relle des cancers associés aux mutations de BRCA1 semble
plus favorable et se rapproche de celle des cancers non
associés à une mutation. Ces données viennent appuyer
la mise en place d’un dépistage systématique chez les
hommes porteurs d’une mutation de BRCA.
Essai de prévention PCPT
(Prostate Cancer Prevention Trial) :
résultats de survie àlongterme (7)
Le fi nastéride diminue signifi cativement le risque de
cancer de la prostate mais est associé à une augmen-
tation du risque de tumeur de haut grade. Sur plus
de 18 ans de suivi, 989 (10,5 %) des 9 423 patients du
groupe fi nastéride et 1 432 (15,1 %) des 9 457 patients
du groupe placebo ont eu un cancer de la prostate ; 333
(3,5 %) patients du groupe fi nastéride et 286 (3,0 %) du
groupe placebo avaient une tumeur de haut grade. Les
survies ont été respectivement de 78 et 78,2 % à 5 ans
et de 83 et 80,9 % à 10 ans.
Dans les cancers de la prostate localisés
depronostic intermédiaire, undélai
supérieur à 9mois entrelediagnostic
etlaprostatectomie augmente lerisque
derécidive biologique etdemarges
positives
À l’heure où l’on insiste sur la notion de maladie indolente
et sur l’intérêt de la surveillance active dans les cancers
localisés de la prostate afi n d’éviter des traitements inu-
tiles ou de retarder la morbidité des traitements, cet
article (8) rend compte, a contrario, de la nécessité de
ne pas laisser passer le moment d’un traitement curatif.
Il recadre la nécessité de bien juger, dans le temps, la
fenêtre appropriée de la prostatectomie de façon à ne pas
réduire les chances du patient. Cette étude rétrospective
a été réalisée à partir des données de 1 561 patients à
risque bas (52 %) ou intermédiaire (48 %) de la base
SEARCH. Ils avaient été traités entre 1988 et 2011. Les
formes à risque intermédiaire étaient subdivisées en
formes intermédiaires avec un taux de PSA bas (< 6 ng/l),
à faible volume tumoral (stade ≤ T2a et moins de 33 %
des biopsies positives) ou avec un score de Gleason infé-
rieur ou égal à 3 + 7. Les patients ont été stratifi és selon
le délai à partir du diagnostic (< 3 mois, 3 à 6 mois, 6 à
9 mois ou > 9 mois). Sur un suivi médian de 52,9 mois,
437 patients (38,9 %) ont présenté une récidive.
Pour les patients de risque intermédiaire, cette étude
a montré qu’un délai supérieur à 9 mois était signifi -
cativement associé à un risque plus élevé de récidive
biologique (HR = 2,10 ; p = 0,01) et de marges posi-
tives (OR = 4,08 ; p < 0,01), et ce quel que soit le sous-
groupe. En revanche, le délai n’aff ecte pas le pronostic
des formes à bas risque. Si elles sont confi rmées, les
conclusions de cette étude devraient être intégrées
dans des recommandations de bonnes pratiques.
Peut-on diminuer la durée de blocage
andro génique à 18mois dans les cancers
de la prostate à haut risque traités parRT
pelvienne ?
La durée de traitement standard dans les cancers de la
prostate localisés à haut risque est de 3 ans depuis l’essai
EORTC de M. Bolla. Un essai de phase III canadien (9)
a comparé à cette durée une durée réduite à 18 mois
chez 730 patients présentant un cancer de la prostate
sans atteinte ganglionnaire à haut risque, défi ni par un
stade T3-T4, un PSA supérieur à 20 ng/ ml ou un score
de Gleason supérieur à 7. Ils étaient traités par l’associa-
tion d’une RT (70 Gy/7 sem. au niveau de la prostate et
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15
Cancers de la prostate
44 Gy/4,5 sem. sur le pelvis) avec une HT néo-adjuvante,
concomitante et adjuvante (bicalutamide pendant
1 mois + goséréline 10,8 mg tous les 3 mois). Sur un
suivi médian de 77 mois, 71 (22,9 %) des 320 patients
du groupe 18 mois et 76 (23,8 %) des 320 patients du
groupe 36 mois sont décédés (p = 0,082). Au bout de
60 mois, les taux de survie globale (SG) et de survie
spécifi que étaient respectivement de 92,1 (89,1-95,1)
versus 86,8 % (83,0-90,6) [p = 0,052] et 97,6 (95,9-99,4)
versus 96,4 % (94,2-98,6) [p = 0472]. À 10 ans, ils étaient
de 63,6 (55,7-71,5) versus 63,2 % (54,7-71,7) [p = 0,429]
et 87,2 (81,0-93,3) versus 87,2 % (80,9-93,6) [p = 0,838]
(figure 1). Il n’y avait pas de différence concernant
l’échec biologique, régional ou à distance.
Essai randomisé de RT hypofractionnée
danslescancers localisés (10)
Lobjectif de cet essai était de déterminer si une escalade
de dose, utilisant un schéma d’hypo fractionnement, était
susceptible de réduire le taux de rechute des patients
irradiés pour un cancer prostatique. De 2002 à 2006,
303 patients atteints d’un cancer de la prostate ont été
randomisés entre un bras classique de 76 Gy en 38 frac-
tions de 2 Gy et un bras hypofractionné délivrant 70,2 Gy
en 26 fractions de 2,7 Gy (ce schéma est équivalent, selon
les calculs des auteurs, à 84,4 Gy administrés selon un
fractionnement et un étalement classiques). Le recul
médian est de 68,4 mois ; les taux de rechute à 5 ans
sont similaires dans les 2 bras : 21,4 % dans le bras clas-
sique et 23,3 % dans le bras hypo fractionné. En termes
de toxicité, aucune diff érence na été trouvée entre les
2 bras en analyse globale de la population. En revanche,
pour les patients dont le score urinaire initial (IPSS) était
supérieur à 12, la toxicité urinaire a été très signifi cative-
ment (p < 0,001) supérieure dans le bras hypofractionné.
Caractéristiques histopathologiques
desrécidives locales après irradiation
d’uncancer de la prostate localisé, traitées
parprostatectomie totale : implications
pourles traitements de rattrapage
Ce travail (11) a étudié les caractéristiques histo patho-
logiques de 50 pièces de prostatectomies totales réa-
lisées au MD Anderson Cancer Center (États-Unis)
entre 1993 et 2008 pour une récidive locale après irra-
diation. Létude s’est intéressée à des patients à bas
risque, afi n que la prostatectomie soit faite à titre curatif.
Concernant le traitement de la tumeur primaire, le PSA
était initialement inférieur à 10 ng/ ml chez 98 % dentre
eux, et le score de Gleason, inférieur ou égal à 7 chez
36 % (18). Avant la prostatectomie de rattrapage, le PSA
médian était de 3,4 ng/ ml, et 46 % des tumeurs étaient
classées T2. Sur la pièce opératoire, le score de Gleason
était inférieur ou égal à 7 dans 34 % des cas ; les marges
se sont révélées négatives dans 86 % des cas.
La récidive était limitée à 1 site dans 33 cas (66 %), elle
était bilatérale chez 37 patients (74 %). La base et l’apex
étaient atteints dans 23 cas (46 %). Les auteurs ont conclu
que l’atteinte était souvent bilatérale et multi focale. Elle
était également souvent de haut grade, volumineuse et
proche de l’urètre (à moins de 5 mm dans 74 % des cas),
rendant diffi cile la décision d’un traitement focalisé de
la rechute si l’on veut éviter des complications urétrales.
Quelle sera la place de l’IRM et du TEP scan à la choline
pour mieux visualiser cette récidive et mieux sélectionner
ces patients pour d’éventuels traitements focaux de rat-
trapage ? De nombreuses équipes s’intéressent au sujet.
HT par privation androgénique
intermittente versus continue
danslesformes métastatiques
hormonosensibles(12)
Ce large essai intergroupe de non-infériorité, S9346
(INT-0162), avait 2 objectifs primaires : déterminer si
la survie avec privation androgénique intermittente
(IAD) nétait pas inférieure à la survie avec privation
androgénique continue (CAD) et apprécier la qualité
de vie. Dans cette étude qui a eu lieu entre mai 1995
et septembre 2008, 1 535 patients ont été randomisés
entre CAD (n = 765) et IAD (n = 770). Il faut relever
que respectivement 49 et 47 % avaient une maladie
métastatique étendue, 50 % un score de Gleason égal
à 7, 27 % un score de Gleason de 8 à 10.
La médiane de SG du groupe IAD est inférieure à celle du
groupe CAD : 5,1 versus 5,8 ans (HR = 1,09 ; IC95 : 0,95-1,24).
De ce fait, très clairement, l’HT continue reste le standard
dans cette situation.
Pas d’indication du docétaxel
danslescancers métastatiques
hormonosensibles après les résultats
négatifs de l’étude GETUG-AFU15(13)
Lobjectif principal de la première étude de phase III com-
parant une privation androgénique avec ou sans docé-
taxel (75 mg/m2/21 j) chez des patients métastatiques
hormonosensibles était de montrer un bénéfi ce en SG.
Rétrospective & perspective
dans les cancers urologiques
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. V - no 1 - janvier-février-mars 2014
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Au total, 385 patients ont été inclus d’octobre 2004
à décembre 2008 dans 29 centres français et belges.
Quatre décès toxiques sont survenus, mais aucun après
la recommandation de l’Internal Displacement Monitoring
Center d’utiliser systématiquement le G-CSF. En intention
de traiter, avec un suivi médian de 50 mois (39-63), la
médiane de SG était de 58,9 versus 54,2 mois respective-
ment dans les groupes avec ou sans docétaxel (HR = 1,01 ;
IC95 : 0,75-1,36). Si le critère de jugement principal est
négatif, il faut relever que la SSP biologique s’est révélée
significativement plus longue dans le bras chimio-
thérapie (CT) [22,9 versus 12,9 mois ; HR = 0,72 ; IC
95
:
0,57-0,91], de même que la survie sans progression (SSP)
clinique (23,46 versus 15,44 mois ; HR = 0,75 ; IC95 : 0,59-
0,94). Cette étude a le mérite d’apporter une réponse
stratégique claire. Son autre intérêt est de fournir, à partir
d’une large série récente, une information sur la médiane
de survie attendue pour les cancers de la prostate méta-
statiques hormono sensibles. Rappelons quelle était de
3,3 ans dans l’étude SWOG 9346 (Hussain M et al. J Clin
Oncol 2009), qui avait inclus 1 029 patients et servait
jusqu’à présent de référence.
LAA est maintenant agréé avant docétaxel
àla suite des derniers résultats
inter médiaires del’étude COU-AA-302 (14)
Avec une durée médiane de suivi de 22,3 mois, ces
résultats montrent une amélioration signifi cative de la
SSP radiographique (rSSP) [non atteinte versus 8,3 mois ;
HR = 0,43 ; IC
95
: 0,35-0,52 ; p < 0,0001] et une tendance
forte pour la SG (NR versus 27,2 mois ; HR = 0,75 ; IC95 :
0,61-0,93 ; p = 0,0097). Il est intéressant de noter que
10 % des patients ont reçu ultérieurement de l’AA, versus
4,8 % dans le bras AA. Les diff érences étaient nettes
en ce qui concerne le PSA (baisse ≥ 50 % : 62 versus
24 % ; p < 0,0001) et les réponses RECIST (36 versus
16 % ; p < 0,0001). Les critères secondaires étaient tous
améliorés de façon statistiquement signifi cative.
La corticothérapie dans le CPRCm :
indications et nouveaux défi s
La complexité nouvelle des options thérapeutiques
conduit à se poser des questions, notamment concer-
nant l’impact de la corticothérapie pour de plus longues
périodes (15). Les corticoïdes jouent un rôle important
dans le CPRCm. Le docétaxel, le cabazitaxel et l’AA ont
obtenu leur AMM en association avec la prednisone à la
dose de 10 mg/j, ce qui nest pas le cas du sipuleucel-T
ou du MDV3100. Les corticoïdes sont aussi utilisés
pour contrôler des symptômes (douleurs, anorexie),
diminuer les eff ets toxiques de certains médicaments
(rôle antiémétique, notamment). L’allongement de la
médiane de survie du CPRCm de 18 à près de 30 mois
ouvre un nouveau regard sur leur emploi.
Essai randomisé de phaseIII comparant
docétaxel toutes les2semaines
(50 mg/ m2 ; n=170) ou toutes
les3semaines (75mg/m2 ; n=176)
avec10mg/j deprednisone (16)
Le schéma tous les 2 semaines était associé à un temps
jusqu’à progression (5,6 versus 4,9 mois ; p = 0,014).
Les toxicités de grade 3 ou 4 ont été plus fréquentes
dans le groupe 3 semaines, en particulier les neutro-
pénies fébriles (24 versus 6 %). Ce schéma peut être une
option pour les patients fragiles ou en cas de mauvaise
tolérance.
Valeur pronostique des taux d’androgènes
circulants dans les CPRCm (17)
La relation entre les taux d’androgènes circulants à l’en-
trée dans l’essai COU-AA-301 et la SG a été analysée. Les
taux circulants de testostérone, d’androstènedione et
de DHEA ont été mesurés par des techniques de dosage
ultrasensibles. Les résultats peuvent être résumés en
quelques points.
Quel que soit le bras de traitement, la médiane
de survie augmente avec chaque quartile de testo-
stéronémie.
Les taux d’androgènes circulants à l’inclusion dans
l’étude sont très significativement associés à la SG
(p < 0,0001) en analyses bi- et multivariée.
Les patients présentant des taux de testostérone
au-dessus de la médiane ont une survie prolongée (17,8
sous AA versus 15,8 mois sous prednisone) par rap-
port à ceux dont le taux est en dessous de la médiane
(13,6 versus 9,3 mois). Il en est de même pour les taux
d’androstènedione et de DHEA.
Les auteurs ont conclu que la testostéronémie pour-
rait être utile comme facteur de stratifi cation dans les
futurs essais portant sur le CPRCm. Avec ces résultats,
qu’il convient de valider, les tumeurs évoluant dans
un contexte de faibles concentrations hormonales
d’androgènes apparaissent comme des entités bio-
logiques distinctes plus agressives, indépendamment
du traitement reçu.
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