Thérapeutique des troubles psycho-comportementaux de la personne âgée 27
hôpitaux, avec une hormonothérapie (PSA indétectables
en 2011), des instillations endovésicales de BCG, une résec-
tion endoscopique en janvier 2011, et une indication à une
ablation vésicale avec stomie en raison d’une incontinence
urinaire permanente.
Il a de nombreux autres antécédents somatiques : un
ulcère gastrique traité médicalement ; une sténose iliaque
externe droite, traitée par un anticoagulant qui sera inter-
rompu pour la chirurgie vésicale ; une hypertension arté-
rielle ; une dyslipidémie ; une goutte chronique ; et enfi n
une fracture traumatique de l’humérus gauche en
juillet 2010, avec séquelles fonctionnelles.
Antécédents psychiatriques
Il est possible, en explorant l’histoire de ce patient, de
trouver une notion de « dépressivité ancienne », exprimée
par des troubles du sommeil On relève également une sur-
consommation de benzodiazépines, un éthylisme chro-
nique sevré depuis 17 ans, et un tabagisme sevré depuis
7 ans.
Enfi n, il a été admis aux urgences en 2000, après avoir
été retrouvé au sol durant une absence de son épouse – avec
un doute sur un geste suicidaire. À l’entrée dans le service,
le patient recevait un traitement à visée hypnotique, avec
deux benzodiazépines et un antidépresseur sédatif.
Il n’existe pas d’antécédents psychiatriques familiaux.
Symptomatologie actuelle
À l’arrivée dans le service, le patient a une présentation
soignée, il est calme et coopérant, orienté. Il évoque sa
situation sans réticence ni complaisance. Il critique le
geste l’ayant conduit dans le service (courrier adressé au
mari de l’infi rmière), mais pas son comportement des deux
dernières années : ainsi, il estime justifi é d’avoir dénoncé
l’infi rmière depuis l’altercation qu’il aurait eue avec elle
et qui a entraîné l’interruption de son suivi médical initial.
Le discours est projectif et banalisant ; on ne retrouve
pas d’éléments d’ordre érotomaniaque.
Il existe une insomnie d’endormissement ancienne avec
abus de benzodiazépines, un ralentissement psychomoteur,
une morosité, sans idées suicidaires actives exprimées mais
avec une conscience partielle du pronostic de sa maladie
urologique.
Examens paracliniques
Une IRM cérébrale réalisée en janvier 2011 montre une
atrophie cortico-sous-corticale diffuse « en rapport avec
l’âge », sans argument en faveur de lésions secondaires.
Le seul bilan cognitif disponible est composé d’un
MMSE à 23/30, et d’une BREF (Batterie Rapide d’Évalua-
tion Frontale) à 15/18, avec diminution de la fl uidité
lexicale.
madaires à l’hôpital, accusant cette dernière d’avoir eu
des rapports sexuels avec d’autres membres du personnel
(peu ou prou, l’ensemble de la communauté médicale…),
sur son lieu de travail.
Une plainte de l’hôpital a été déposée en août 2009,
assortie d’une décision de relais des soins urologiques dans
un autre établissement.
Le patient est convoqué le jour de l’hospitalisation au
commissariat du 15e arrondissement, suite à un courrier
insultant et diffamant envoyé au mari de la dite infi rmière.
Il est transféré à l’Infi rmerie de la Préfecture, qui l’adresse
dans le service de l’hôpital Sainte-Anne en hospitalisation
d’offi ce, après avoir constaté un délire interprétatif et
intuitif, des préoccupations sexuelles, un discours projectif
et des troubles cognitifs « éventuels ».
Le patient, mi désabusé, mi goguenard, résume sa prise
en charge à l’hôpital voisin par : « Le patient est sur le
trottoir, l’infi rmière dans le lit… ».
L’éclosion délirante semble être concomitante de la
mise en place du protocole thérapeutique d’instillations
vésicales. Lors de la 1re séance, alors qu’il est accompagné
de son épouse, le patient est invité par une infi rmière à
gagner seul la salle de soins. Pour diminuer l’anxiété de ce
dernier, dans le récit qu’en fait le patient, l’infi rmière
invite l’épouse à attendre dans la salle adjacente en lui
demandant si elle n’est pas jalouse de confi er un mari qui
« porte si bien son âge »…
À l’issue des séances de soin programmées auprès de
cette infi rmière, une interprétation délirante se solde par
l’émergence brutale d’un comportement et un discours
inappropriés (« elle s’était mise dans une position qui signi-
fi ait qu’elle attendait un baiser sur la bouche de ma part,
j’ai refusé »), qui suscite l’effroi de la soignante. Celle-ci
sollicite le personnel présent pour venir à son secours.
Éléments biographiques
Mr R. est un ancien mécanicien qualifi é dans la métallurgie. Il
est retraité depuis l’âge de 60 ans, après 2 ans de chômage.
Il est marié depuis une cinquantaine d’années : selon le
patient, le mariage lui aurait été imposé par ses parents et
sa belle-famille en raison de la grossesse de sa future
épouse. Il rapporte régulièrement – sous le sceau du secret
et sans retenir ses larmes – qu’il n’a eu aucune vie intime,
ni avec son épouse, ni avec aucune autre femme depuis
plus de 45 ans.
Il a un frère aîné de 83 ans, avec lequel il a rompu tout
contact, et deux fi ls, dont le plus jeune n’a plus aucun
contact avec ses parents depuis 7 ans, en raison, semble-
t-il, des alcoolisations paternelles.
Antécédents médico-chirurgicaux
Pour son carcinome prostatique et vésical, le patient a
donc été pris en charge depuis novembre 2006 dans deux