Dette_D‚sendettement_R‚sum‚Kossi.doc

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AFRICAN UNION
UNION AFRICAINE
UNIÃO AFRICANA
Addis Ababa, ETHIOPIA
P. O. Box 3243
Telephone:
517 700
Fax: 517844
Désendettement de l’Afrique : analyse du profil
de la dette et proposition africaine de sortie du
surendettement.
Etude Réalisée par
Professeur Moustapha KASSE
Mme Gnounka TOURE DIOUF
Rapport de la Commission
Juin 2005
1
Introduction
Cette étude sur la Dette extérieure et le désendettement de l’Afrique est une
idée lancée lors du Sommet de l’Organisation qui s’était tenu à Lomé en l’an 2000. Le
Président Abdoulaye Wade avait fait partager à ses Collègues que le surendettement
des pays africains continue de constituer un sérieux obstacle à la croissance et au
développement économique de cette région et qu’il importe enfin de prendre
l’initiative d’une proposition africaine de désendettement du continent. Depuis, la
dette fut réinscrite dans l’agenda de l’Union Africaine et de la Commission
Economique pour l’Afrique. Différentes rencontres des Experts africains et de la
Société civile (Dakar en 2004 et Addis-Abeba en mars 2005) se sont achevées par la
Réunion des Ministres Africains et de l’Economie et des Finances à Dakar le 17 mai
2005 sous la Présidence effective du Président Abdoulaye Wade et de Monsieur
Alpha Oumar Konaré Président de la Commission de l’Union Africaine.
Les informations et les évaluations les plus contradictoires courent sur la dette
africaine. Les controverses portent presque sur tous les aspects : le profil, les causes,
les montants encaissés et décaissés, l’encours et les solutions.
Aujourd’hui, le problème de la dette semble relever d’un paradoxe dans la
mesure où « on est passé d’une situation où il fallait s’endetter pour financer la
croissance à une autre où il faut renoncer à la croissance pour rembourser la dette.»
Face aux controverses incessantes sur la viabilité et la soutenabilité de la dette,
il importe de faire un diagnostic exhaustif pour dégager le profil véritable de cette
dette en vue de formaliser une position africaine rigoureuse, cohérente et soutenable.
C’est l’objet principal de cette étude.
I- Contexte général et profil de la dette africaine.
Parmi toutes les régions en voie de développement du monde, l’Afrique a été
la plus durement touchée par le problème de l’endettement extérieur. Le stock de la
dette extérieure africaine était négligeable dans les années 70. La plupart des pays du
continent n’ont pas eu recours à l’emprunt extérieur pour le financement de leur
développement. Les ressources générées par le boom des produits de base, avaient
constitué la principale source du financement du développement. Toutefois, les
décennies 80 et début 90 ont été caractérisées par une croissance rapide du stock de la
dette extérieure des pays africains. De 114 milliards de US $ en 1980, la dette a atteint
339 milliards de US $ en 1995. La tendance s’est inversée à la fin des années 90 et le
2
montant du stock de la dette extérieure des pays africains s’est élève à 281 milliards
de US $ en 2001.
Il reste vrai que l’endettement extérieur ne peut pas être résumé dans un seul
chiffre, mais doit être apprécié en comparaison avec le revenu produit par l’économie
et la capacité de l’économie à générer les recettes d’exportation nécessaires au
paiement du service de la dette d’année en année.
La classification standard1 distingue trois catégories différentes de pays sur la
base des ratios présentées ci-dessus :
- Lourdement endetté avec un ratio service de la dette/ recettes
d’exportations de plus de 220% ou ratio dette/PIB de plus de 80%),
- Modérément endettés avec un ratio service de la dette/recettes
d’exportations entre 132% et 200% ou ratio dette /PIB entre 48% et
80% ;
- Faiblement endettés avec un ratios plus favorables
Cette classification standard appliquée aux pays africains, conduit à
l’élaboration du tableau suivant :
Table 1: Countries by categories of “indebtedness”
Pays
Faible revenu (39)
(supérieur à 755 US $/hab.)
Revenu moyen (14)
(entre 756 US $ et 9 265 US $/hab.)
Total (53)
Endettement
Faible
4
Modéré
9
Lourd
26
12
1
1
16
10
27
Le moins que l’on puisse observer est la situation d’endettement du continent
est caractérisé par un fort degré d’hétérogénéité, même si la catégorie des pays à
faibles revenus lourdement endettés concerne presque plus de la moitié des pays
alors que la catégorie des pays à revenus moyens avec un faible taux d’endettement
rassemble seulement 1/5 des pays.
Dans une perspective à long terme, la structure de la dette extérieure des pays
africains a, cependant, considérablement changé. Alors qu’en 1980, la composition de
la dette était à 14% de type multilatéral, 33% bilatéral et 53% privé, la structure est
passée, en 2000, respectivement à 28% de type multilatéral, 48% bilatéral et 24%
1
World Bank, Global Development Finance, 2002.
3
privé. Ainsi les principales particularités sont-elles le déclin de la part des créanciers
privés qui ont été compensés par une implication croissante des créanciers publics,
notamment multilatéraux qui ont, de loin, constitué le principal créancier de
plusieurs pays africains parmi les plus pauvres.
1) Aux origines de la dette africaine : les causes internes
et externes de l’endettement.
La crise de la dette extérieure des pays africains qui s’est manifestée à partir
du début des années 80 résulte de la conjugaison de facteurs externes et externes
Les facteurs externes
L’environnement international des années 80 est marqué par des mutations
profondes (globalisation financière, développement des innovations financières,
fortes fluctuations des taux de change effectifs réels, dégradation des cours des
matières agricoles et minières,etc.) qui ont engendré des conséquences notables sur
l’équilibre macroéconomique des pays africains qui sont restés pour l’essentiel
producteurs et exportateurs de matières premières d’origine agricole et minière. La
capacité d’absorption du capital limitée des pays pétroliers ne leur avait pas permis
de transformer en investissement physique les excédents de leur balance courante
issus des deux chocs pétroliers des années 70. Le recyclage des pétrodollars par les
banques privées internationales, la conjoncture défavorable des pays industrialisés et
l’absence de régulation des marchés de capitaux internationaux notamment les
places financières off shore (déficit de surveillance, non respect par les banques
privées internationales des règles prudentielles) ont conduit à une orgie de crédit en
faveur des pays en développement.
En outre, la modification de la politique monétaire aux Etats-Unis avec le
passage d’une politique axée sur les taux d’intérêt à un contrôle de la base monétaire
a eu pour conséquence une montée vertigineuse des taux d’intérêt américains et
internationaux. Ces derniers sont passés de 12% environ à 18%.
Cependant, le surendettement (les causes du surendettement ?) de l’Afrique
ne provient pas uniquement de l’Extérieur, il tient aussi à des facteurs internes qu’il
ne faut pas occulter.
Les facteurs internes
Les politiques de développement volontaristes qui ont été mises en œuvre au
lendemain de l’accès à la souveraineté internationale des pays africains se sont
4
traduites par une forte présence de l’Etat dans la vie économique, l’application de
mesures protectionnistes par le biais des politiques d’import substitution. Le
caractère figé du modèle de développement adopté et les inefficiences y afférentes
(hypertrophie du secteur public, mauvaise gestion des entreprises d’Etat, arbitrage
en faveur des dépenses de consommation au détriment des dépenses
d’investissement, etc.) se sont traduites par une dégradation des performances
économiques. L’endettement extérieur était devenu inévitable pour des pays vivant
au –dessus de leurs moyens c'est-à-dire où le train de vie de l’Etat et l’absorption
domestique de manière générale sont nettement supérieurs aux revenus distribués.
Par ailleurs, le financement de projets non rentables et la surévaluation du
taux de change qui encourage les importations et freine les exportations ont constitué
également des facteurs déterminants du surendettement extérieur des pays africains.
Tableau 2 : Evolution du stock de la dette des pays de l’Afrique Sub-Saharienne (Unité :
milliards dollars américains)
Dette totale
Dette à long terme
Dette directe et garantie
Privée non garantie
Utilisation des crédits du FMI
Dette à court terme
1970
6,9
6,1
5,8
0,3
0,1
0,8
1980
60,9
46,7
42,1
4,6
3,0
11,2
Source: Global Development Finance
2) Profil et soutenabilité de la dette.
Quand, vers la fin des années 1970, la situation favorable à une croissance
rapide s'est détériorée, les pays en voie de développement ont continué de s'endetter;
les capitaux empruntés servaient de moins en moins à financer les investissements,
mais couvraient principalement les déficits de la balance des paiements courants et
les déficits budgétaires. Le cercle vicieux de l'endettement s'était installé. La
diminution rapide des recettes d'exportation des pays endettés et l'élévation des taux
d'intérêt réels ont fini par rendre patent l'échec de ce système d’endettement.
Après avoir connu un vent de panique en 1982, à la suite de la défaillance du
Mexique, les créanciers occidentaux ont développé plusieurs systèmes pour
augmenter la sécurité de leurs créances. Parmi ces mesures, la première fut un quasiarrêt des flux de prêt, notamment privés, à destination des pays en voie de
développement. Ainsi, depuis le milieu des années 1980, la somme des flux financiers
5
en provenance des pays en voie de développement à destination des pays
occidentaux est devenue supérieure à la somme des flux dans le sens inverse.
Source : Banque mondiale (1999a). Global Development Finance, CD-ROM.
Graphique 2: Evolution du ration Dettes/Exportations.
1400
1200
(en %)
1000
800
600
400
200
0
1975
1980
1985
1990
1995
1996
Années
Afrique Subsaharienne
Ghana
PPTE
Mali
Burkina Faso
Ouganda
Côte d'Ivoire
Tanzanie
Source : Banque mondiale (1999a). Global Development Finance, CD-ROM.
II- Radioscopie de la dette africaine pour connaître le
véritable profil et l’utilisation des ressources.
1) Fiabilité et la cohérence des chiffres de la dette.
En lisant les statistiques de la dette africaine dans les publications des grandes
Institutions Financières Internationales (Banque mondiale, FMI, OCDE, Banque
Africaine du Développement) on constate de grands écarts quant au montant de la
dette encore dû par les pays africains. Dans ces conditions, il devient à la fois
indispensable et urgent nécessaire d’établir une méthodologie visant une évaluation
exacte de la dette pour savoir avec précision ce que les pays doivent réellement, ce
qu’ils ont déjà payé et les créances qui restent à liquider.
Dans le cas du Sénégal illustre les profondes dissensions quant au montant de
la dette encore dû par les pays africains. Il servira d’exemple d’analyse. En effet, le
pays dispose de sources nationales de données statistiques de la dette publique
extérieure en plus des sources d’institutions internationales.
6
En faisant ici le choix des statistiques nationales, on bute sur deux types de
problèmes , d’une part, l’existence d’écarts très importants entre les données publiées
par la Direction de la Dette et de l’Investissement ( DDI) et celles de la Banque
Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et d’autre part, l’absence de
cohérence entre les données de la dette provenant de la DDI, du Tableau des
Opérations Financières de l’Etat (TOFE) et de la balance des paiements .
Il se pose le délicat problème de fiabilité et de cohérence entre les données
officielles . Il importe de résoudre ce problème pour une meilleure connaissance du
profil à partir d’une radioscopie de la dette.
Cette idée est du Président sénégalais Maître Abdoulaye Wade, qui a
vivement plaidé, lors de la récente réunion des Ministres de l’Economie et des
Finances de l’Union Africaine (Dakar, 17 mai 2005) pour d’une part l’établissement
de la radioscopie de la dette africaine et d’autre part la création d'un Fonds Africain
de Désendettement. La "radioscopie" de la dette est qualifiée de "procédé
scientifique" susceptible de bien faire comprendre l'approche africaine du traitement
de la dette. Pour le président Abdoulaye Wade, « une dette, ça se paye. Mais
auparavant, il s'avère extrêmement important de lever le voile sur le montant à
payer et de comprendre toutes les raisons qui sont à l'origine de cette dette ». Ainsi,
a-t-il proposé d'appliquer la "radioscopie" à un échantillon représentatif de pays, ce
qui, selon lui, permettra d'analyser scientifiquement la dette et de dégager les
enseignements qui s'imposent.
2)
La méthodologie de la Radioscopie d’une dette
La première étape est de délimiter la période d’étude. Dans le cas d’étude
pour le Sénégal la période couverte est 1960 –1999.
La deuxième étape est relative à l’élaboration et l’exploitation des fichiers
relatifs :
 Bailleurs de fonds
- Multilatéraux
- Bilatéraux
- Commerciaux
 Conventions de financement
- Multilatéraux (378)
Bilatéraux (382)
Commerciaux (590)
7
La troisième étape consiste à analyser le système d’information et de gestion
de la dette pour en tirer les enseignements du diagnostic
 Respect des procédures légales.
Dans le cas sénégalais on observe, une absence d’irrégularité dans
l’échantillon de conventions passées en revue (dette contractée par Ministre de
l’Économie et des Finances ou une autre autorité (membres du gouvernement,
ambassadeur) bénéficiant d’une délégation de signature du ministre de l’Économie et
des Finances).
 Lourdeurs du système de gestion de la dette

Utilisation d’un gros système informatique:
problème d’exploitation du système en
temps réel, indisponibilité (dans des délais
courts) de l’information sur le service de la
dette en termes de réalisation

Mobilité du personnel et déficit de
ressources humaines
 Cohérence des statistiques de la dette



Sources nationales : DDI, BCEAO
Écarts DDI-BCEAO (1986-1995) :Écart absolu
Écart relatif ( en valeur et en %)
Traçabilité des affectations de la dette

Indisponibilité des rapports d’achèvement
des projets

Informations incomplètes des rapports
d’achèvement des projets existants

Inexistence d’un service de documentation dans
la plupart des structures impliquées dans le
circuit de la dette
 Sous-optimalité des conditions d’endettement
Politique d’endettement (années 70) non orthodoxe et allocation inefficiente de
la dette durant cette période
La quatrième étape devrait aboutir à la répartition sectorielle de la dette pour
bien cerner les opérations financées par endettement et les critères d’efficacité interne
des investissements peuvent être utilisés. A titre d’illustration on obtient :
8
3)
Analyse macroéconomique de l’expérience
Sénégal
du
La contraction de prêt par le Sénégal obéit à des règles clairement établies :
seul le Président de la République est habilité à engager l’Etat du Sénégal en matière
d’emprunts.
Le Président de la république peut toutefois donner délégation de pouvoirs au
Ministre chargé des finances qui peut dès lors «signer au nom du Président de la
République, avec les sources de financement extérieures bilatérales ou multilatérales,
toutes conventions ou accords relatifs au financement d’opérations d’investissement,
de pré-investissement, d’aides en nature, en personnel et formation, pour le compte
de l’Etat ou d’une collectivité publique» (décret 97-735 du 19 septembre 1997).
Le ministre chargé des finances peut à son tour donner pouvoirs à d’autres
membres du gouvernement ainsi qu’aux ambassadeurs accrédités dans les pays où
se trouvent les sources de financement pour signer les convention de financement au
nom de l’Etat du Sénégal.
Une revue d’un échantillon de prêts a permis de constater que cette règle est
appliquée.
Evaluation de la dette publique extérieure
L’évaluation de la dette publique extérieure du Sénégal est faite sur la base de
réconciliation entre les données détenues par la Division de la Dette Publique de la
Direction de la Dette et de l’Investissement du Ministère de l’Economie et des
Finances du Sénégal et celles détenues par les créanciers.
Il peut être considéré que les données sur la dette publique extérieure du
Sénégal sont fiables dans la mesure où celles-ci proviennent d’un pointage
contradictoire des deux parties concernées.
Les emplois de la dette publique extérieure
La radioscopie de la dette publique extérieure du Sénégal conduite récemment
montre qu’une grande proportion des ressources générées par la dette est affectée au
financement du programme d’ajustement structurel.
Synoptique de l’endettement du Sénégal.
 Profil de la dette et croissance de l’encours
9
Moyenne 1969-1999 (%)
Dette publique
Dette multilatérale
Dette bilatérale
Dette commerciale
Dette rééchelonnée
74,0
45,3
28,7
19,9
6,1
 Évolution de quelques indicateurs de la dette
o Encours/PIB > 70% (fin années 90)
o Encours/Export > 235% (fin années
90)
o Probabilité crise dette > 60%
o Service dette/Export = 23% (19771999)
o Service dette/Recettes fisc. = 36% (7799)
o Service dette/Inv.public = 100,4%
(90/00)
 Conséquence surendettement : éligibilité à l’initiative PPTE
 Soutenabilité de la dette
Solvabilité de l’Etat
stabilité dette publique (ratio Dette/PIB)
 En résumé, les principaux emplois de la dette se présentent comme suit :






Trésor Public : soutien BP, aide budgétaire, prêts
ajustement structurel (930 milliards FCFA, soit
32, 3%)
Industrie : 520 milliards FCFA, 18,1%
Agriculture : 433 milliards FCA, 15,1%
Transport : 330 milliards FCFA, 11,5%
Education: 88,6 milliards FCFA, 3,1%
Santé : 17,6 milliards FCFA, 0,6%
 Les dysfonctionnements constatés dans la gestion
du Contraintes
institutionnelles du portefeuille de projets financés par la dette.
La Radioscopie de la dette même dans sa forme expérimentale révèle deux types
de dysfonctionnement dans la gestion du portefeuille de projets financés par la
dette :
10
Les dysfonctionnements identifiés :
 Non-respect engagements de l’Etat (fonds de contrepartie)
 Lenteurs administratives
 Durée approbation des marchés
 Insuffisance des évaluations et/ou audits
 Insuffisance formation et sensibilisation des bénéficiaires
(difficulté d’assurer l’entretien et le renouvellement des
équipements, faiblesse contribution des bénéficiaires)
Autres dysfonctionnements

Non prise en compte facteurs liés à l’amont et à l’aval
(production---commercialisation---au

Augmentation des revenus---recul pauvreté)

Faible soutien du système financier (concours limité au
crédit à court terme)
La conclusion que l’on peut tirer de ces résultats est que :

L ‘Etat du Sénégal s’est surtout endetté pour financer ses
différents programmes de stabilisation et d’ajustement mis en œuvre depuis les
années 1980

Les financements dans les secteurs productifs ou de
soutien à la production n’ont pas permis de créer un dynamisme pour porter une
croissance forte apte à réduire progressivement la pauvreté.

Le sous-secteur des transports en dépit d’une amélioration
certaine connaît encore des difficultés liées au manque d’infrastructures (routes,
pistes, etc).

Les financements dans les secteurs sociaux (éducation et
santé) n’ont pas permis le Sénégal d ‘avoir des taux d’alphabétisation et de
couverture sanitaire adéquats.
III- Les différentes initiatives de la Communauté
internationale pour alléger la dette africaine.
Il convient ainsi de distinguer les initiatives pré – PPTE et de l’initiative
PPTE.
1) Les mécanismes pré – PPTE d’allégement de la dette
On enregistre successivement les termes dits de Venise (1987), les termes de
Toronto(1988), les termes de Houston (1990), les termes de Londres(1991), les termes
de Naples (1994) et au bénéfice des pays à revenu intermédiaire, le Plan Baker (1985)
11
et face aux limites de ce dernier, le Plan Brady ont été proposés pour des pays à
revenus intermédiaires (Voir Annexe)
2) L’Initiative d’allégement de la dette des PPTE.
L’initiative PPTE devrait permettra, selon les estimations du FMI, de réduire la
dette des 26 pays éligibles de 12,5 milliards de dollars en VAN de 1998 au point
d’achèvement. Les limites du PPTE ne tardent pas à apparaître.
a) Très peu de pays ont atteint le point d’achèvement d’où
beaucoup d’appelés et peu d’élus.
b) Les allégements sont demeurés modestes et n’ont pas
réussi à enrayer la massification de la dette.
c) Les limites de l’initiative PPTE : ses impacts limités sur
l’envol de la dette et les performances macroéconomiques.

Les allégements n’ont pas enrayé l’envol de la
dette et rendu celle-ci soutenable.

Impact limité
performances
bénéficiaires.
de l’initiative sur
économiques
des
les
pays
Les stratégies de désendettement des pays africains appliquées durant les
décennies 1980 et 1990 n’ont pas permis de booster les économies africaines et de
réduire de manière significative la pauvreté. Ainsi le taux de croissance des pays
d’Afrique au sud du Sahara s’est élevé à 1,6% entre 1981 et 1990 et 2,3 au cours de la
décennie suivante, soit un niveau nettement inférieur au croît démographique qui est
de l’ordre de 3%.
Cela signifie que, non seulement les ressources libérées par les allégements
de dette sont marginales, mais qu'aucune perspective de sortie durable du
surendettement n'est possible.
12
III/ Consensus de la Communauté internationale
pour appuyer la réalisation des OMD en 2015.
Le revenu moyen africain qui représentait 14% du revenu des pays
développés au milieu des années 60, en 1997 le rapport n’était plus que de 7%.
1) L’Afrique entre faibles performances économiques
et pauvreté de masse
Le taux de croissance annuel moyen du PIB entre 1965 et 1993 est resté de loin
inférieur à celui de la croissance démographique (entre 2,9 à 4,1%).
La participation de l’Afrique à l’économie mondiale a fortement diminué au
des dernières décennies aussi bien du point de vue de son PIB, de ses exportations
que des IDE reçus. Selon l’OCDE, la part de l’Afrique dans le PIB mondial mesuré en
parité de pouvoir d’achat entre 1950-2000 a baissé d’un tiers alors que sa part dans
les exportations a été divisée par 3. Il en va de même pour les investissements directs
étrangers.
Pour sortir de cette situation, il était fortement recommandé aux pays africains
de poursuivre et d’approfondir les réformes seules à même de relancer la croissance
économique pour éradiquer la pauvreté.
2) Les actions projetées de la Communauté
internationale en faveur du développement de
l’Afrique.
Aujourd’hui, beaucoup d’initiatives montrent une claire volonté de la
communauté internationale pour accélérer la croissance en vue d’éradiquer la
pauvreté.
 Les OMD : un pacte pour vaincre la pauvreté.
Encadré 4 : Relation entre les visées du développement humain et les objectifs du
Millénaire pour le développement
Capacités essentielles au
Développement humain
Vivre longtemps et en bonne santé
Objectifs du millénaire
pour le développement
Objectifs 4, 5 et 6 : réduire la mortalité des
13
Accéder à l’éducation et à l’instruction
Disposer d’un niveau de vie décent
Conditions essentielles au
Développement humain
Durabilité des ressources écologiques
enfants, améliorer la santé maternelle et
combattre les principales maladies
Objectifs 2 et 3 : assurer une éducation
primaire pour tous et l’autonomisation des
femmes en oeuvrant à l’égalité des sexes dans
l’éducation
Objectif 1 : réduire la pauvreté et la fin
Objectifs du millénaire
pour le développement
Objectif 7 : assurer la durabilité des
ressources écologiques
Objectif 3 : promouvoir l’égalité des sexes
Egalité, en particulier égalité des sexes et
l’autonomisation des femmes
Environnement
économique
mondial Objectif 8 : renforcer le partenariat entre pays
favorable
riches et pauvres
Source : RMDH. 2003
 Le NEPAD acte fondateur de l’Union Africaine
nouveau partenariat de croissance durable.
pour un
Les Etats africains, après un long processus de concertation, ont initié un
processus participatif de préparation d’un programme de partenariat : le NEPAD.
Encadré 5: sur le NEPAD
Le présent Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NOPADA) est une
promesse faite par le dirigeants africains fondée sur une vision commune ainsi qu’une
conviction ferme et partagée qu’il leur incombe d’urgence d’éradiquer la pauvreté, de placer
leur pays, individuellement et collectivement, sur la voie d’une croissance et d’un
développement durable, tout en participant activement à l’économie et à la vie politique
mondiales. Il est ancré dans la détermination des Africains de s’extirper eux-mêmes, ainsi
que leur continent, du malaise du sous-développement et de l’exclusion d’une planète en
cours de mondialisation.
Texte du NEPAD
 Les nouvelles ressources des Institutions Financières
Internationales avec les Facilités pour la Réduction de la
Pauvreté pour appuyer les Documents Stratégiques de
Réduction de la Pauvreté (DSRP)
L’analyse des programmes élaborés par les IFI montre une parfaite identité de
vue pour recentrer la croissance autour de l’homme et de l’amélioration de son bienêtre.
14
IV/ Annuler la dette africaine pour lever l’hypothèque
sur la croissance et la réduction de la pauvreté.
Dans cette direction, le Président Olusegun Obasanjo, Président du Nigeria et
de l’Union Africaine juge « la dette des Etats africains insupportable pour les
économies du continent. Nous consacrons observe-t-il des sommes considérables au
service de la dette au lieu de financer les secteurs sociaux et économiques essentiels.
Le poids de la dette étouffe tous les pays du continent. Nos partenaires doivent le
comprendre et procéder à son annulation ».
Bien d’autres raisons militent en faveur de cette annulation :
1) Les différents mécanismes d’allégement n’ont pas réglé le
fardeau de la dette africaine
Les différentes initiatives d’allégement proposées par la communauté
internationale pour résoudre la crise de la dette africaine ont montré leurs limites.
Quelques propositions de programmes d’allégement ou d’annulation, de nouvelles
mesures ainsi que de nouveaux mécanismes sont actuellement en discussions pour
une solution durable au problème de la dette des pays africains.
2) L’annulation pure et simple du stock de la dette est la meilleure
sortie de la crise de surendettement.
Aujourd’hui, il est en train de se former un nouveau consensus autour de
l’annulation de la dette c’est-à-dire une sorte de « remise à zéro des compteurs » et
cela après l’adoption par la communauté internationale des Objectifs du Millénaire
pour le Développement avec la réduction de moitié de la pauvreté en l’an 2015.
Selon une déclaration récente du Chancelier de l’échiquier du Royaume-Uni,
Mr. Gordon Brown « Au rythme actuel des choses, aucun des objectifs de
développement du millénaire ne sera réalisé en Afrique non seulement au cours des
10 prochaines années, mais au cours des 100 prochaines années. Cette situation est en
partie imputable à l’endettement insupportable qui asphyxie la croissance
économique ».
La CNUCED dans son Rapport intitulé « Endettement viable : oasis ou
mirage », établit l’impérative nécessité d’annuler la dette africaine. Le PNUD,
s’inscrit dans la même logique en observant que « La dette continue d’être un frein
au développement humain et à la réalisation des droits de l’homme »
Au niveau de la Société Civile Internationale notamment ( ATAC, le Comité
pour l’Annulation des la Dette du Tiers Monde (CADTM)), Jubilée 2000, le Forum
Social Mondial et beaucoup d’ONGs) un vaste mouvement politique émerge en faveur de
15
l´annulation de cette dette non viable. Les opinions mondiales sont également mobilisées
pour l’annulation de la Dette.
3) L’Afrique doit revendiquer une annulation non sélective
de la dette.
Plusieurs raisons militent pour que l’Afrique demande l’annulation
pure simple de sa dette extérieure : des raisons économiques et financières,
juridiques, politique et sociales.
Il y a la nécessité d’abord d’une cohérence d’ensemble qui s’est reflétée
par le mandat qui avait été donné alors à un groupe de chefs d’Etats pour
aller négocier l’annulation de cette dette. Des raisons majeures et
irréfutables militent en faveur de l’annulation totale et non discriminée de la
dette africaine. Elles relèvent de plusieurs ordres : moral, politique,
économique, juridique et écologique
Compte tenu du principe d’équité (dans le monde, et à l’intérieur de
l’Afrique), de la possibilité de baisse des investissements qui suivraient une
annulation totale pour tous les pays, et de la volonté de certains pays donateurs
d’annuler la dette pour certains pays africains qui remplissent actuellement leurs
engagements de dette, mais pas pour d’autres, il est possible d’envisager deux SousScénarios :
a) Un premier Sous scénarios relatif à une annulation totale pour
tous les pays d’Afrique.
Tenant compte du fait que la dette africaine est indivisible, le groupe propose de
négocier en bloc pour l’annulation totale de la dette pour toute l’Afrique sans
distinction entre les situations des pays africains débiteurs. Cependant le risque est
qu’il y ait une diminution des fonds IDA dont dépendent beaucoup les PPTE, ou de
baisse des investissements directs étrangers en Afrique, ou d’un refus total de la part
des bailleurs de fonds.
b) Un sous-scénario de catégorisation ou de différenciation des
pays selon certains critères.
A défaut d’annulation totale pour tous les pays, on peut retenir des critères de
catégorisation et/ou de différenciation entre les différents pays africains en suivant
des critères qui relèvent de la
Dimension temps: Annuler immédiatement la dette
totale des pays les plus pauvres et dans le temps,
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progressivement, celle de pays plus nantis. C’est la prise en
compte de la dimension temps.
Adhésion au Mécanisme d’évaluation par les pairs :
Annuler la dette suivant le critère d’adhésion des pays
africains au Mécanisme africain d’Evaluation par les Pairs.
On pense encourager ainsi les pays a plus de transparence
et de bonne gouvernance.
Pays en situation Post-Conflit: Annuler la dette de pays
qui sortent de conflits pour permettre la reconstruction de
ces pays et la reconstitution de leurs économies.
Mise en place d’un Fonds Régional de Gestion
de la Dette (FOREGEDE).
3)
Cette proposition a été lancée par Maître Abdoulaye Wade, Président de la
République du Sénégal et elle tend à la création d’un Fonds Régional de Gestion de la
Dette qui ramènerait dans son portefeuille toutes les dettes des pays africains et qui
par la suite pourrait les rétrocéder selon les techniques connues comme le rachatconversion en actifs réels ou encore le « debt equity swap », les conversions en
obligations ou « exit bonds ».
Le FOREGEDE aura une personnalité juridique internationale mixte. Les
actionnaires seront les Etats membres de l’Union Africaine, dit membres régionaux
(action de série A), les créanciers multilatéraux et bilatéraux (action de série B) et les
acteurs du marché financier international privé (action série C). L’avantage de la
création de ce système est de délester les Etats africains de leur dette actuelle et de
restaurer leur capacité financière.
IV- Conclusions et recommandations pour une
position africaine de solution de la dette.
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Annexe
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