entre les structures de production – alimentaires en l‟occurrence – et les structures de
consommation, a fondamentalement contribué à opérer une double extraversion : celle
de la production et celle de la consommation. Il en est résulté un approfondissement du
déséquilibre entre la production intérieure et la demande globale au sein de laquelle
prédominait une consommation finale excessive et, conséquemment, un accroissement
du déficit en ressources. Celui-ci était artificiellement entretenu et financé par l‟aide
publique et l‟endettement extérieur.
Le boom pétrolier des années 70 avait favorisé des emprunts publics à des taux
relativement faibles. A la faveur de l'augmentation de la dette publique des Etats dans
les années 1980, les marchés financiers sont arrivés aux commandes. Cela s'est traduit
par une augmentation des taux d'intérêt, dont le niveau a dépassé non seulement
l'inflation, mais la croissance. Les Etats qui avaient un fort niveau d'endettement sans
être producteurs de pétrole ont alors eu de plus en plus de mal à clore leurs exercices
budgétaires. Il a fallu emprunter, pour rembourser les emprunts passés, à des taux qui
promettaient d'engendrer de nouvelles difficultés. Faute de remèdes radicaux, cette
situation vouait irrémédiablement le pays à des crises qui bloqueraient la croissance et le
développement. S‟y ajoutait dans le cas du Sénégal, une énorme distorsion entre
l‟affectation théorique et l‟utilisation effective de la dette extérieure qui n‟a pas favorisé la
création de conditions adéquates de formation et d‟extension de surplus nécessaires à
l‟amortissement régulier du service de la dette (principal et intérêts échus). Assurément,
cette situation risquait de constituer le fondement d‟une crise de paiements dont la
perpétuation, si rien n‟était entrepris, pouvait déboucher sur une crise sérieuse de
solvabilité. La cessation de paiements se traduirait alors par un retrait des financements
extérieurs et un effondrement des importations qui aurait des incidences sur la
production par le biais des nombreux secteurs qui recourent à des biens d'équipement
importés.
Pourtant, en 1960, le Sénégal était le pays le plus industrialisé et le mieux doté en
infrastructure d‟Afrique noire francophone. Le pays a joui, au plan interne, d‟une relative
stabilité politique. Malgré ces conditions favorables au développement, les performances
économiques et sociales ont été bien médiocres et sur une longue période, de 1960 à
2012, la croissance économique annuelle moyenne n‟a été que de 2,9 % ce qui
équivaut, par moment à peine, au croît démographique qui a évolué entre 3,4 à 2,6% et
dans le même temps, le taux de croissance par tête d‟habitant n‟a que rarement dépassé
1%. De 615$ en 1960 (en dollar constant de 2000), il est retombé à 560$ en 2010.
Taux de croissance moyen du Sénégal de 1960-2000 (%)
Cependant, en 1960, le PIB par habitant du Sénégal dépassait celui de la plupart
des pays d‟Afrique et même d‟Asie de l‟Est comme la Corée du Sud. Ce pays par les