Université Cheikh Anta DIOP POLITIQUE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT Professeur Moustapha Kassé www.mkasse.com

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Université Cheikh Anta DIOP
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion
Dakar
POLITIQUE NATIONALE DE DEVELOPPEMENT
Professeur Moustapha Kassé
Doyen Honoraire
Officier des Palmes académiques
Officier de l’Ordre National
Membre des Académies
www.mkasse.com
4ème Année de Sciences Economiques
Année universitaire 2015/2016
1
2
CHAPITRE INTRODUCTIF :
L’évolution de l’économie sénégalaise sur un demisiècle.
Dans la déclaration d’Arusha en 1967, le Président Julius K.NYERERE a eu à
souligner les points suivants :
Suivre la voie du socialisme enraciné dans la société africaine traditionnelle et son
esprit communautaire ;
Amener le peuple à compter sur lui-même et sur son travail (le travail considéré
comme la racine du développement) ;
Construire un développement qui assure l’égalité entre les citoyens ;
Ne pas attendre l’argent des autres
Prendre l’agriculture comme base du développement
« Tout le monde désire le développement ; mais ce n’est pas tout le monde qui
comprend et accepte les conditions fondamentales du développement. La plus importante de
ces conditions est l’ardeur au travail. Nous devrions aller parler à nos populations dans les
villages pour essayer de les amener à travailler davantage… Nous rendrions un très grand
service à notre pays si nous allions dans les villages dire aux gens qu’ils possèdent ce trésor et
qu’il dépend d’eux de s’en servir pour leur bénéfice propre et pour le bénéfice de notre nation
toute entière… L’argent et le temps que nous dépensons à communiquer ces connaissances
aux paysans sont mieux employés et rapportent davantage à notre pays que l’argent et le
temps que nous consacrons à quantité d’autres choses que nous appelons développement ».
Au moment des indépendances africaines, en 1960, les visions et les stratégies
se réclamaient d‟une «voie africaine du socialisme.» présentée comme une alternative à
la fois au capitalisme libéral et au socialisme marxiste. Les ressources humaines
nationales étaient peu nombreuses et les infrastructures de base nettement
insuffisantes. Devant l‟immensité des tâches de construction d‟une nation jeune et
nouvellement indépendante, et tenant compte de l‟absence d‟un véritable secteur privé
national capable de saisir toutes les opportunités d‟investissement, l‟État sénégalais
décida de prendre en charge la promotion du développement, occupant progressivement
une position stratégique dominante dans tous les secteurs de l‟économie nationale avec
un contrôle direct des secteurs stratégiques par mise en place de monopoles publics.
C‟était le départ de la mise en place de toutes les institutions de «l’État développeur.» 1
Cette stratégie de développement visait notamment à transformer profondément
les systèmes productifs et les appareils administratifs hérités de la colonisation et devrait
conduire à la mise en place, au plan de l‟équipement et de l‟infrastructure sociale, de
larges programmes d‟investissement qui se sont révélés, par la suite, massifs, parfois
peu réalistes et d‟une faible efficacité. Dans le même temps, la grave rupture survenue
1
Disons plutôt que la bourgeoisie commerçante sénégalaise a subi un long processus de liquidation à partir de
1900 au point d’être réduite à la veille de la seconde guerre mondiale à des rôles secondaires. Ce fut d’abord le
crash du commerce de la gomme au début du siècle puis l’installation des comptoirs des grandes maisons de
commerce coloniales bordelaises et marseillaises, à partir des années 20 l’avalanche des libano -syriens et enfin
la crise des années 30. Voir à ce sujet Aamir Amin : Le monde des affaires sénégalais .Les Editions de Minuit,
180 pages
3
entre les structures de production – alimentaires en l‟occurrence – et les structures de
consommation, a fondamentalement contribué à opérer une double extraversion : celle
de la production et celle de la consommation. Il en est résulté un approfondissement du
déséquilibre entre la production intérieure et la demande globale au sein de laquelle
prédominait une consommation finale excessive et, conséquemment, un accroissement
du déficit en ressources. Celui-ci était artificiellement entretenu et financé par l‟aide
publique et l‟endettement extérieur.
Le boom pétrolier des années 70 avait favorisé des emprunts publics à des taux
relativement faibles. A la faveur de l'augmentation de la dette publique des Etats dans
les années 1980, les marchés financiers sont arrivés aux commandes. Cela s'est traduit
par une augmentation des taux d'intérêt, dont le niveau a dépassé non seulement
l'inflation, mais la croissance. Les Etats qui avaient un fort niveau d'endettement sans
être producteurs de pétrole ont alors eu de plus en plus de mal à clore leurs exercices
budgétaires. Il a fallu emprunter, pour rembourser les emprunts passés, à des taux qui
promettaient d'engendrer de nouvelles difficultés. Faute de remèdes radicaux, cette
situation vouait irrémédiablement le pays à des crises qui bloqueraient la croissance et le
développement. S‟y ajoutait dans le cas du Sénégal, une énorme distorsion entre
l‟affectation théorique et l‟utilisation effective de la dette extérieure qui n‟a pas favorisé la
création de conditions adéquates de formation et d‟extension de surplus nécessaires à
l‟amortissement régulier du service de la dette (principal et intérêts échus). Assurément,
cette situation risquait de constituer le fondement d‟une crise de paiements dont la
perpétuation, si rien n‟était entrepris, pouvait déboucher sur une crise sérieuse de
solvabilité. La cessation de paiements se traduirait alors par un retrait des financements
extérieurs et un effondrement des importations qui aurait des incidences sur la
production par le biais des nombreux secteurs qui recourent à des biens d'équipement
importés.
Pourtant, en 1960, le Sénégal était le pays le plus industrialisé et le mieux doté en
infrastructure d‟Afrique noire francophone. Le pays a joui, au plan interne, d‟une relative
stabilité politique. Malgré ces conditions favorables au développement, les performances
économiques et sociales ont été bien médiocres et sur une longue période, de 1960 à
2012, la croissance économique annuelle moyenne n‟a été que de 2,9 % ce qui
équivaut, par moment à peine, au croît démographique qui a évolué entre 3,4 à 2,6% et
dans le même temps, le taux de croissance par tête d‟habitant n‟a que rarement dépassé
1%. De 615$ en 1960 (en dollar constant de 2000), il est retombé à 560$ en 2010.
Taux de croissance moyen du Sénégal de 1960-2000 (%)
Année
1960-1969 1970-1979 1980-1984 1985-1993
Indicateurs
PIB
2,2
3,0
1,8
2,2
PIB/tête
-0,5
0,3
-0,9
-0,4
1994-2000
4,9
2,1
Cependant, en 1960, le PIB par habitant du Sénégal dépassait celui de la plupart
des pays d‟Afrique et même d‟Asie de l‟Est comme la Corée du Sud. Ce pays par les
4
réformes et l‟ouverture opérées à partir des années 1970 lui ont permis, en 2010, d‟être
une grande puissance industrielle et d‟avoir un PIB plus de 20 fois supérieur à celui du
Sénégal 2 Cette période marque le début, au Sénégal, de la mise en œuvre de
l‟ajustement structurel avec une politique de stabilisation en 1978, la mise en œuvre du
Plan de Redressement Economique et Financier (PREF). Un programme d'ajustement
structurel à moyen et long terme (PAMLT) de 1985 à 1992.
Tout au long du demi-siècle (1960 à 2012), l‟économie sénégalaise n‟a jamais été
une économie de forte croissance avec une évolution contrastée comme le montre le
schéma de croissance du PIB.
Cette évolution erratique de la croissance avec une phase enclenchée à partir de
la fin des années 70 se caractérisant par la stagnation de la production nationale, la
dégradation des équilibres financiers internes et la montée de l'endettement extérieur
trois années. Elle sera suivie par une phase un peu plus favorable mais de courte durée
ce qui apparait dans cette évolution de la croissance annuelle du PIB est la suivante 3 :
Définition. Le Produit intérieur brut (PIB) est l'indicateur le plus retenu pour évaluer la production de biens et
services d'un pays pendant une année. Il illustre l'importance de l'activité économique d'un pays ou encore la
grandeur de sa richesse générée. Quand il est formulé en dollars constants, comme c'est ici le cas, on peut
procéder plus adéquatement à des comparaisons à travers les années puisqu'on tient alors compte de
l'inflation ou de la défl ation. Cette information est une somme qui ne tient pas compte du nombre d'habitants
du pays. Dans certains cas, il sera utile d'examiner le même indicateur «par habitant». Enfin, pour des
comparaisons internationales plus adéquates on doit examiner les données formulées en PPA (parité pouvoir
d'achat). Pour mieux comprendre les possibilités de cet indicateur économique, consulter notre outil sur les
2
composantes du PIB: PIB des États -Unis. Source: La Banque Mondiale
3
Définition. La croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB) en % représente la variation relative d'une
période à une autre du volume du PIB en dollars constants d'une année de référence. Elle reflète
l'augmentation (ou la baisse dans le cas d'une croissance négative) du niveau d'activité économique dans un
pays. Il s'agit d'un indicateur souvent retenu lorsque l'on veut faire des prévisions à court et à moyen terme sur
la situation économique d'un pays. Normalement, une croissance économique équivaut à un enrichissement.
Cependant, cet indicateur pourrait s'avérer trompeur dans la mesure où la croissance du PIB serait redevable
d'une croissance démographique et non d'une amélioration de l'économie. Il importe alors de considérer la
croissance du PIB par habitant.
5
Passé de 2,2% par an dans la période 1960-1969 à 3% entre 1970-1979, son
taux est tombé à 1,8% en 1980-1984. La dévaluation du FCFA de 1994 a permis la
relance de la croissance qui, pour la première fois depuis l‟accession du pays à
l‟indépendance, s‟est maintenue pendant sept années consécutives. En dehors de 1994
(2,9%), la croissance a toujours dépassé le niveau de 5%. Sur la période 1996-2000, le
pays a enregistré des taux de croissance du PIB de 5,6% en moyenne. En effet, ce taux
a atteint les 4,9% de 1994 à 2000 et de 6% entre 2001 et 2003.
Le professeur Gaye Daffé fait la même observation quand il écrit que « Du début
des années 60 au milieu des années 90, la croissance du PIB est marquée par d‟amples
fluctuations. Passé de 2,2% par an dans la période 1960-69 à 3 % en 1970-79, son taux
est tombé à 1,8% en 1980-84 avant de remonter à 2,2% en 1985-93. Mais à partir de la
fin des années 70, la part du secteur primaire dans le PIB n‟a cessé de se contracter.
Reflétant le déclin continu de la production agricole, elle passe de près de 25% pendant
les deux premières décennies suivant l‟indépendance à moins de 20% à partir des
années 80 Depuis la dévaluation du franc CFA en 1994, l‟expansion économique
apparaît plus soutenue et un peu plus vigoureuse que par le passé, avec un taux de
croissance du PIB de l‟ordre de 5% par an en moyenne. Pour la première fois dans
l‟histoire économique du Sénégal indépendant, le taux de croissance du revenu par tête
a ainsi pu se maintenir à plus de 2% par an en moyenne pendant une dizaine d‟années
successives. Mais une telle performance ne permet pas de compenser le recul observé
dans le passé».
Au total, le retour de la croissance enregistré sur la période 1995-2001 n‟a pas
suffi à garantir une réduction significative de la pauvreté. La faiblesse de
l‟investissement, l‟atonie de l‟agriculture et de l‟industrie explique le contenu modeste en
emplois de la croissance économique et sa faible propagation vers les populations les
plus pauvres.
Une des caractéristiques les plus intéressantes de l'économie sénégalaise est le
faible taux de l'épargne extérieure qui était de 13,3% du PIB en 1997 au moment où la
zone UEMOA enregistrait un taux moyen de 16,2% (BCEAO 2000). Ce bas niveau de
6
l'épargne explique le recours constant de l'Etat aux ressources extérieures pour financer
l'investissement. Ainsi, le Sénégal fait partie des pays d'Afrique subsaharienne qui ont
reçu le plus d'aide par habitant : sur la période 1975-1997, le volume d'aide par habitant
attribué au gouvernement du Sénégal est évalué à 1500 dollars US. 4
La structure de l'économie sénégalaise est inadéquate à une meilleure réduction
de la pauvreté5. Cependant, on peut noter qu'il existe un déséquilibre considérable entre
la structure actuelle de l'économie sénégalaise et celle qui permettrait à la croissance
d'avoir un meilleur impact sur la réduction de la pauvreté. En effet, l‟incidence de la
pauvreté est de 80,7% dans le secteur primaire qui englobe plus de 81% des pauvres du
Sénégal, il ne contribue qu'à hauteur de 19% à la création de la richesse. C'est
également le secteur où le taux de croissance du PIB/tête est le plus bas (2,18%). Le
secteur tertiaire, englobant 14,3% des pauvres, contribue à fournir à lui seul plus de la
moitié (51%) de la richesse créée. Il en est de même pour le secteur secondaire qui ne
renferme que 4% des pauvres avec cependant une contribution de 18% au PIB.
Les performances économiques, sur la période allant de 1995 à 2001, n'ont pas
suffi à garantir une réduction significative de la pauvreté. La faiblesse de
l'investissement, l'atonie de l'agriculture et de l'industrie explique le contenu modeste en
emploi de la croissance économique et sa faible propagation vers les populations les
plus pauvres Sur la base d'une ligne de pauvreté correspondant à une consommation de
4
Définition. Globalement, l'épargne domestique brute représente la différence entre le PIB et les dépenses de
consommation finale (l'ensemble de la consommation dans un pays pendant une période donnée). D'une
manière plus précise, il s'agit de la partie du revenu national dis ponible qui n'est pas affectée à la dépense de
consommation finale, celle des ménages ou celle des gouvernements. L'épargne domestique brute correspond
aussi à la somme des épargnes brutes des différents secteurs institutionnels. Cet indicateur tire son utilité du
fait qu'il nous renseigne sur la capacité d'un pays à débloquer ses propres capitaux pour les investissements,
autrement dit, la non dépendance vis -à-vis les capitaux étrangers.
5 Jean Bosco KI, (2005). Croissance économique, Pauvreté et Inégalité au Sénégal. Institut de Recherche pour le
Développement Economique et Social (IRDES), Institut Nord-sud, mai
7
2400 calories par personne et par jour, la première enquête budget consommation
(ESAM-I) a permis d'évaluer la proportion des ménages en dessous du seuil de pauvreté
à 57,9% en 1994. Les premiers résultats du questionnaire unifié des indicateurs de
développement (QUID) évaluent cette proportion à 53,9% en 2001. Malgré tous ces
efforts déployés pour améliorer l‟accès aux services sociaux de base, la structure des
dépenses publiques montre que le Sénégal est encore loin des objectifs de l‟initiative
20/20 auxquels il a souscrit ainsi que des OMD qui ne seront jamais atteints.
Les fruits de la croissance sont faibles et de surcroit inégalement répartis entre le
monde rural et urbain, entre le secteur public et privé, entre les femmes et les hommes,
entre les générations, entre les différents quartiers des villes, entre les secteurs
productifs et ceux non productifs. Il faudrait revoir les circuits de production, de
distribution des richesses et passer en revue les politiques sociales du Sénégal. Il
semble que les choix opérés jusqu‟à présent en matière de politique sociale n‟ont pas
permis d‟améliorer significativement l‟accessibilité aux services sociaux de base.
La répartition des revenus est marquée par de fortes inégalités. En effet, le
Sénégal se place parmi les pays où les différences dans les conditions de vie sont les
plus marquées (World Développment Indicators, 1998). Le cœfficient de Gini qui mesure
le degré d‟inégalité dans la répartition des revenus a une valeur de 0,51 en 1992 (Diagne
1997). Ainsi, 40% des ménages les plus pauvres reçoivent à peine 17% des revenus
tandis que les 10% les plus riches en reçoivent 44%. Le Sénégal se place parmi les pays
où les différences dans les conditions de vie sont les plus marquées. Un autre indicateur
qui témoigne des fortes inégalités sociales est l‟accès des différents groupes de
ménages au service de l‟éducation Diagne et al (1999) ont montré, à partir des données
de l‟Enquête Sur les Priorités (ESP), qu‟en 1992 les taux de scolarisation sont d‟autant
plus faibles que les ménages sont pauvres. C‟est ainsi qu‟on passe d‟un taux de
scolarisation primaire de 26% pour les ménages les plus défavorisés (quintile 1) à 101%
pour les ménages les plus riches (quintile 5). Les mêmes calculs effectués pour les
données de l‟ESAM I en 1995 font apparaître des taux bruts de scolarisation de 40%
pour le quintile le plus pauvre et de 99% pour le quintile le plus riche, ce qui traduit une
amélioration. L‟écart entre les ménages riches et les ménages défavorisés se creuse au
fur et à mesure que le niveau d‟enseignement s‟élève.
La forte inégalité dans la répartition du revenu s‟est accompagnée d‟une
paupérisation croissante de la population. L‟incidence de la pauvreté mesure la
proportion de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté tel que celui-ci a été
défini. Ce seuil de pauvreté a été évalué par l‟ESP par 111F CFA par jour et par
équivalent adulte en 1992, et par l‟ESAM à 392Fen 1995. Alors que selon le seuil de
pauvreté défini par l‟ESP, le Sénégal comptait 33% de ménages pauvres en 1992, selon
celui défini par l‟ESAM, la pauvreté touchait 58% des ménages en 1995. Ce dernier taux
signifie que sur les 778 000 environ de ménages que comptait le Sénégal en 1995, 450
000 vivaient au-dessous du seuil de pauvreté. Entre les deux enquêtes, la pauvreté s‟est
amplifiée. Nous allons en revenir en détail.
Si des pays comme la Corée du Sud, et le Botswana ont réalisé d‟énormes
progrès sociaux entre 1960 et 2010, c‟est surtout grâce à de forts taux de croissance
8
économique qui leur ont permis d‟améliorer considérablement les conditions de vie de
leur population. D‟ailleurs, ils figurent parmi les 13 économies recensées par la
Commission sur la croissance et le développement des Nations unies ayant réalisé une
croissance économique moyenne de 7% durant un quart de siècle. Pour comprendre
pourquoi l‟économie sénégalaise n‟a pas réalisé une telle prouesse, il faut identifier les
facteurs explicatifs de la croissance de l‟économie sénégalaise
Selon Mouhamadou Bamba DIOP si « la Corée du Sud, la Malaisie, Maurice et le
Botswana ont réalisé d‟énormes progrès économique et sociaux entre 1960 et 2010,
c‟est surtout grâce à de forts taux de croissance économique qui leur ont permis
d‟améliorer considérablement les conditions de vie de leur population. D‟ailleurs, ils
figurent parmi les 13 économies recensées par la Commission sur la croissance et le
développement des Nations unies ayant réalisé une croissance économique mo yenne
de 7% durant un quart de siècle. Pour comprendre pourquoi l‟économie sénégalaise n‟a
pas réalisé une telle prouesse, il faut identifier les facteurs explicatifs de la croissance de
l‟économie sénégalaise »6 ? L‟auteur insiste beaucoup sur la productivité globale des
facteurs de production quand il démontre que globalement, le succès économique d‟une
Nation dépend largement de l‟amélioration soutenue de la productivité. Les gains de
productivité contribuent également à l‟élévation du niveau de vie des populations et à la
participation au processus vertueux de l'accumulation du capital et de la croissance
économique. C‟est pourquoi, la compréhension de sa décomposition constitue un
élément d‟analyse extrêmement important. La productivité au Sénégal entre 1980 et
2009 indique que la période post-dévaluation a été beaucoup plus productive, laissant
entrevoir que les réformes issues du changement de parité ont eu quelques effets
positifs notamment dans le secteur tertiaire. Par contre, le secteur primaire n‟a pas eu le
même succès et a même enregistré une contribution négative à la productivité.
Toutefois, cette tendance baissière s‟est nettement atténuée durant la période 1995 2009.
Contribution sectorielle à la productivité
1980-2009
1980-1994
1995-2009
Primaire Secondaire Tertiaire
-3,1%
4,6%
11,3%
-2,5%
1,2%
-4,8%
-1,8%
3,0%
16,4%
Total
12,8%
-6,2%
17,6%
Cette réflexion rigoureuse mérite d‟être nuancée. En effet, sommairement, selon
le mot d‟A. Emmanuel, la production de richesses est fonction de matières premières,
de la quantité d‟outils et de matière grise dont les bras de l‟homme sont « assistés »
dans le travail productif. Or, nous naissons tous nus et incultes et passons par un âge de
6
Mouhamadou Bamba DIOP : Quels secteurs pour quelle croissance économique au Sénégal ? Direction de la
Prévision et des Etudes Economiques (DPEE), Ministère de l’Economie et des Finances, Sénégal. Email :
[email protected].
9
la pierre. Par la suite, ce sont ces dotations qui feront la différence des performances
économiques et sociales.
Lorsqu‟on interroge les économistes sur les voies et moyens pour accélérer les
rythmes de croissance, ils vous rétorquent de façon abrupte, quelles que soient leurs
chapelles idéologiques, qu‟il faut mettre les citoyens au travail, massifier les
investissements dans les secteurs productifs et élargir les gains de productivité pour
rendre l‟économie plus compétitive. Ces trois composantes constituent les déterminants
de l‟offre de production. Pour accélérer les rythmes de croissance dans les prochaines
années, un cadre macroéconomique pertinent ou assaini ne suffit pas, il faut
impérativement aiguillonner le potentiel de croissance des différents secteurs par des
politiques structurelles publiques judicieuses, efficaces et inscrites dans une bonne
trajectoire.
Structure organisationnelle de la Croissance
Facterurs sociodémographiques
Secteurs moteurs
Marché(s) du travail
Niveau des salaires
(relatifs)
Niveau global de la
population active
Nature de la
croissance
Volume et nature
de la demande de
travail
Volume et nature
de l’offre de travail
Substitution K / L
Rareté relative des
compétences
Etat des
techniques
Niveau de formation de la
main d’œuvre
Marché des capitaux
Niveau des taux d’intérêts
Toutes les statistiques nationales comme régionales établissent un demi-siècle
d‟une croissance économique défaillante et molle incapable d‟élever le niveau des forces
productives et d‟éradiquer la pauvreté de masse et le chômage.
Taux de croissance du PIB entre 1979 et 2000
Stabilisatio PREF
n
19801979-1980 1985
Taux
PALMT
1985-1992
Plan
d‟urgence
Ajustement
Global
1993
1994-2000
de
10
croissance
-3,30%
+2,13%
+2,71%
-2%
+5%
du PIB réel
Source : Direction de la Prévision et de la Statistique, MEF
Un demi-siècle d‟échec des politiques économiques et financières que les
pouvoirs publics maquillent par des slogans creux comme l‟éradication de la pauvreté,
l‟école et la santé pour tous, « l’an 2000 atum natangué », Sénégal 2025 et enfin le plan
Sénégal émergent en 2035. Malgré toutes ces initiatives, la croissance reste molle et
continue de peser comme une fatalité sur une société minée par la massification de la
pauvreté, du chômage et de la précarité, par des crises sociales à répétition et par des
inégalités grandissantes. Il convient de s‟interroger sur les sources de la croissance
sénégalaise et sur les défis qui la plombent : quelles sont-ils et peuvent-ils être levés
pour assurer une croissance durable (les sources de l‟accumulation productive). Quelles
sont ces politiques économiques et financières appliquées et qui échouent depuis un
demi-siècle dans leurs objectifs de réaliser une croissance forte et durable et équitable ?
Toutes les analyses des politiques économiques de l‟indépendance à nos jours
établissent cinq défis majeurs qui persistent, de l‟indépendance à nos jours, et qui
malgré une avalanche de politiques économiques, de programmes, d‟études et de
rapports continuent de plomber la croissance économique :
CHAPITRE 1
Les contraintes de l’organisation socioéconomique
11
.
Les trois facteurs de création des richesses (nécessaires à la croissance)
demeurent le travail, le capital, l'innovation. Celles-ci sont universelles, puisqu'on les
retrouve dans tous les pays et à toutes les époques, certes à des degrés divers ; ce qui
amène une question : pourquoi les rythmes de croissance sont-ils si différents d'un
pays à l'autre et d'une époque à l'autre ? C'est que la croissance n'est pas qu'une
question « d'ingrédients » qu'il suffirait d'ajouter les uns aux autres comme dans une
recette de cuisine. Le contexte économique et social est tout aussi déterminant.
Quel que soit l‟angle d‟analyse, les difficultés quasi permanentes de l‟économie
sénégalaise apparaissent dans le faible volume de création de richesses exprimé par
un indicateur de dimension nationale comme la croissance de la production marchande
ou non marchande (PIB), le niveau du revenu national ou per capita ou la dépense
nationale. Faut-il le rappeler le taux de croissance le plus significatif est le taux de
croissance potentielle que le pays peut soutenir durablement ; il dépend
fondamentalement de la capacité de chaque nation à entreprendre et à créer des
richesses.
Modelé et inséré dans l‟économie mondiale fortement productiviste, le Sénégal,
du fait de sa spécialisation régressive dans des productions primaires à faible valeur
ajoutée locale, présentait le double handicap de ne pouvoir accélérer la constitution d‟un
important fonds d‟accumulation à l‟échelle nationale, et encore moins promouvoir un
développement équilibré et autonome.
Contrairement à l‟approche sommaire des Institutions Financières Internationales
menée en termes purement quantitatifs de rétablissements des déséquilibres,
d‟assainissement et de relance, seule une analyse plus structurelle et donc plus
approfondie permet de mieux appréhender les crises et les ruptures au niveau de cette
économie. Cela commande de remonter à la racine, c‟est-à-dire à l‟organisation socioéconomique qui repose sur les Cinq éléments caractéristiques qui suivent :
Premièrement, la forte sensibilité de la croissance aux variations de la
production et de l’exportation des produits de rente principalement d’origine
agricole et minière. Pour mieux apprécier le niveau d'influence du secteur primaire sur
la croissance du Sénégal entre 1971 et 1980, la comparaison des évolutions du taux de
croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) en francs constants, de la valeur ajoutée du
secteur primaire (VASP) et du taux de croissance du PIB hors secteur primaire (PIBHSP)
de mieux apprécier le niveau d'influence du secteur primaire sur la croissance du
Sénégal.
12
Sensibilité du PIB aux variations de la valeur ajoutée du secteur primaire
40
30
Taux de croissance
20
10
PIBHSP
0
VASP
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
PIB
-10
-20
-30
-40
Années
On peut remarquer que les variables PIBHSP et VASP ont les mêmes évolutions
dans le temps. Cette situation confirme l'hypothèse selon laquelle, les secteurs
secondaire et tertiaire sont tributaires du primaire. Avec une contribution moyenne
annuelle à la formation du PIB de près de 20% entre 1974 et 1977, le secteur primaire a
pendant longtemps été le moteur de la croissance économique du Sénégal de telle sorte
que les résultats enregistrés
Deuxièmement, le système prédateur de prélèvement et d’utilisation
insuffisamment productive des ressources tirées de la rente et des apports
externes (aide et endettement) ou de l’Expansion non maîtrisée de la demande
publique et privée
En prenant le pouvoir d‟achat des producteurs d‟arachide, il a baissé par suite
d‟une absence de prix rémunérateurs et d‟incitations financièrement motivantes. A titre
illustratif le revenu rural en francs constants de 1972 est passé de 22.100francs CFA en
1960 à 8000 francs en 1980. L'analyse de l'équilibre comptable "ressources – emplois"
permet de constater que les ressources nationales générées par l'activité économique
servent pour une large part à la consommation finale (CF) des ménages et de
l'Administration.
13
Selon la Banque mondiale, pour l'ensemble de la période 1960-2011, on
enregistre une moyenne annuelle de 592 911 765,8. C'est en 2008 qu'on enregistre le
plus haut niveau (1 298 475 615) et c'est en 1961 qu'on enregistre le plus bas niveau
(42 835 460,4). Jusqu‟au milieu des années 70, on observait une relative stabilité des
rapports entre l‟évolution de la demande globale et celle du PIB. L‟épargne intérieure
avoisinait en moyenne près de 10% du PIB et finançait environ 75% de l‟investissement
global. Seulement, après l‟éclatement de la crise en 1973 et plus particulièrement à partir
de 1975, une série de déséquilibres vont s‟enclencher, entraînant la rupture brutale de
l‟équilibre économico-financier. Dans ce contexte, le maintien des niveaux de
consommation individuels et l‟exploitation de la consommation publique (environ 6,7%
par an en termes réels) alors même que la production par tête était en très net recul. La
conséquence ne se fit pas attendre : l‟épargne intérieure devint négative impliquant un
recours massif à l‟endettement extérieur pour financer les investissements et une part
importante des dépenses de consommation publique et privée. De fait, l‟aide et les
emprunts extérieurs vont jouer le rôle de fonction d‟investissement, toutefois leur impact
sera extrêmement limité faute de pouvoir se greffer sur des projets productifs rentables
et capables d‟engendrer des effets d‟entraînement sur les activités économiques
tournées vers le marché intérieur et l‟emploi.
Troisièmement, la répartition inégale du revenu national au profit d’une
hyperconsommation urbaine, publique et privée et l’amorce d’un long et
interminable processus d’appauvrissement et de dévitalisation du monde rural .
Le coefficient de Gini qui mesure le degré d'inégalité dans la répartition des
revenus a une valeur de 0.51 en 1992 (Diagne, 1997) ou 0.541 (World Development
Indicators, 1998). Ainsi, 40% des ménages les plus pauvres reçoivent à peine 17% ou
10.5% des revenus tandis que les 10% les plus riches en reçoivent 44% ou 42.8%. Par
ces inégalités, le Sénégal se place parmi les pays où les différences dans les conditions
de vie sont plus marquées. Les résultats de l'enquête sur les priorités (DPS, 1991)
montrent que 71.33% des revenus vont aux ménages urbains contre 28.67% pour les
14
ruraux. Cette répartition inégale des revenus monétaires entre les ménages s'explique
principalement par leur origine. En effet, les revenus non agricoles représentent à eux
seuls 91.9% des revenus monétaires contre 6.8% pour les revenus agricoles et 1.3%
pour les sources non spécifiées. Cette prépondérance des revenus non monétaires est
notée au niveau de la classification des sources dans chaque zone avec respectivement
98.2% pour la zone urbaine et 76.3% pour la zone rurale. L'enquête ESAM (1994-1995)
révèle que les dépenses annuelles selon le milieu de résidence suivent la même logique
de répartition des revenus avec 61% au niveau des centres urbains (dont 38% à Dakar)
et 39% en milieu rural.
Quatrièmement, la vulnérabilité chronique de l’économie à l’égard de
variables exogènes comme le climat, les cours mondiaux des matières premières,
le taux d’intérêt.
Ces variables exogènes exercent une influence. On pourrait analyser la
vulnérabilité de l'économie à l'égard de ces variables en comparant entre autres leurs
évolutions pour en déduire leurs effets directs et indirects sur l‟économie.
Cinquièmement le modèle de consommation entrainant des distorsions
entre offre de production et structures de consommation.
Le développement des cultures des rentes au détriment de la production vivrière
locale a engendré une explosion des importations de produits alimentaires telle que
l‟indique le tableau suivant. Ces importations alimentaires ont doublé en sept (7) ans
pour atteindre environ 70 milliards en 1984. Elles représentaient près de 5 fois le service
de la dette rééchelonnée en 1981, plus du double de celui de 1982, plus du triple de
celui de 1983 et prés du triple de celui de 1984. Autrement dit, si après l‟indépendance,
les structures productives agraires avaient été réorientées vers la couverture prioritaire
des besoins alimentaires internes, un problème de rééchelonnement ne se serait pas
posé en considérant toutes choses égales par ailleurs.
Dans le secteur des activités industrielles, la distorsion s‟exprime en termes de
coûts pour les produits de l‟industrie légère de transformation et en termes de nature du
produit pour les biens manufacturés livrés par l‟industrie lourde des pays développés. En
effet, la politique de promotion d‟industries légères substitutives d‟importations a généré
dans la plupart des cas des coûts de production non compétitifs ; cela a engendré des
importations massives de biens manufacturés pourtant localement fabriqués. Par
ailleurs, l‟inexistence d‟industries lourdes intégrées implique la nécessaire importation
des biens de consommation de luxe comme les voitures, des appareils électro ménagers, etc. En somme, la distorsion industrielle se traduit d‟une part par la production
locale de biens manufacturés “légers” difficilement écoulable tant à l‟intérieur qu‟à
l‟extérieur parce que non compétitifs, et d‟autre part par l‟importation massive de biens
industriels “lourds” que le tissu industriel national ne produit pas
En définitive, un tel mode de fonctionnement ne peut que générer des crises
récurrentes. En effet, on ne peut pas indéfiniment ponctionner sur un surplus sans pour
autant mettre en place une politique d‟accumulation susceptible de le rendre pérenne
pour financer le développement. D‟autre part, une économie de cette nature réagit mal
15
aux chocs externes comme la morosité de l‟économie mondiale, la baisse des cours des
matières premières dont l‟arachide, les dérégulations brutales du système monétaire.
Ces chocs externes intervenus tout au long des années 70 ont entraîné des effets
désastreux sur le déficit budgétaire, le taux d‟inflation, la croissance du PIB,
l‟endettement et le taux de change.
Au-delà des polémiques stériles et des études fortement instrumentalisées,
l‟observation sur une longue période montre que la croissance au Sénégal est atone et
fluctuante. Elle ne permet pas au pays d‟être au bon niveau et de coller au peloton des
meilleurs dans un espace de coopération régionale comme l‟UEMOA. Pour y parvenir, il
faut retrouver le chemin de la très vieille Loi des débouchés de J.B.Say par son fameux
enchainement : augmentation de l‟offre de production qui entraine l‟accroissement des
revenus qui entraine à son tour l‟augmentation de la demande. 7
Il revient aux politiques sectorielles d‟amorcer les moteurs de la croissance dans
l‟agriculture, l‟industrie et les services pour déclencher l‟enchainement vertueux de Say
en exploitant les dotations factorielles naturelles disponibles, les ressources humaines,
en mobilisant la recherche développement pour développer les capacités d‟innovation
etc.
L‟architecte des politiques sectorielles est l‟Etat et ses institutions de
développement qui ont mission de créer et gérer un cadre macroéconomique pertinent
et de fixer la politique économique comprise comme un interventionnisme permanent de
l‟Etat sur les secteurs économiques en vue d‟atteindre les objectifs clairement spécifiés
et résoudre toutes les contraintes qui s‟opposent à leur réalisation. La politique
économique peut être conjoncturelle ou structurelle surtout lorsqu‟elle vise à modifier le
fonctionnement de l'économie sur le moyen ou long terme (ans et au-delà). Les
principaux instruments sont la politique monétaire et la politique budgétaire. Le premier
opère la gestion monétaire avec la fixation des taux directeurs de la banque centrale et
les taux de change pour contrôler l‟inflation et régulariser la valeur des devises sur les
marchés. Le second instrument est la politique budgétaire qui fixe la répartition des
prélèvements obligatoires (droits de douane, taxes) et leurs affectations.
16
CHAPITRE2
Trois décennies perdues du développement :
1980-2012.
Mandéla : « Une vision qui ne s‟accompagne pas d‟action n‟est qu‟un rêve. Une action
qui ne découle pas d‟une vision, c‟est du temps perdu. Une vision suivie d‟action peut
changer le monde ».
Au moment de l‟indépendance, il a été mis en place (après bien de péripéties
politiques diverses) un Etat développeur fort qui devait conduire des politiques
sectorielles adéquates, capables d‟impulser la croissance et le développement et de
répondre aux demandes d‟emploi, de protection sociale, de santé, d‟éducation, de
logement, avec une implication des acteurs.
I/ Les politiques économiques de l’Etat développeur de 1960 à 1980
Au niveau de l‟agriculture, les dynamiques régionales de croissance étaient
impulsées par diverses sociétés qui valorisent les potentialités locales comme la SAED,
la SOMIVAC, la SODEVA, la SODEFITEX, la SODAGRI, la SONACOS et l‟ONCAD. Le
monde rural était encadré et regroupé en coopératives appuyées par des programmes
de modernisation (facteurs modernes de production, semences sélectionnées, machinés
agricoles etc.) et un crédit agricole spécifique (CNCAS). Le système industriel reposait
sur quatre piliers : les industries agroalimentaires (NSOA, SOCOSAC, SOBOA, SOCAS,
CSS, SENELAIT, BATA, SIV, SEIB, SOTIBA SYMPAFRIC, SOTEXKA etc.) les
industries de valorisation des matières premières (phosphate (ICS), ciment (SOCOCIM),
raffinerie de pétrole (SAR), IRANSENCO, minerais de fer (MIFERSO) etc., les industries
de la façade maritime (PAD, Dakar Marine pour les réparations navales, pêche maritime
et artisanale et des réceptacles touristiques dans toutes les zones à vocation
touristique) et les industries du Bâtiment. Un début d‟industrialisation automobile
(voiturette Gaindé) et des usines de montage étaient mises en place. Les services
étaient particulièrement développés dans les domaines surtout des transports (réseau
routier, ferroviaire et aéroportuaire) l‟assurance et la réassurance, des communications
et télécommunications (SONATEL). Des entreprises de promotion des exportations
furent aussi lancées (la ZFID, FIDAK, ASEPEX, Trade Point). Dans le secteur social, des
sociétés étaient mises en place comme la SICAP, l‟OHLM, la Caisses de Sécurité
sociale, la Caisse de Sécurité alimentaire, la Caisse de Stabilisation et de Péréquation
des Prix etc. L‟électricité et l‟eau étaient confiées à la SENELEC et la SONEES. Tout cet
édifice était accompagné par un système bancaire et financier diversifié : la BNDS,
l‟USB, la BCS, des banques d‟investissement comme Banque sénégalo Koweitienne, la
17
SOFISEDIT et le début de la microfinance. La SONEPI fut créé pour réaliser des études
de marché et des prises de participation au niveau des PME/PMI.
La planification fut adoptée avec l‟objectif de maîtriser de manière cumulative et
irréversible le processus d‟accumulation productive et le développement soutenu de
l‟économie nationale. De telles politiques économiques et sociales avaient conduit les
pays asiatiques à l‟émergence. Elles ont été systématiquement liquidées, par
l‟aveuglement et l‟entêtement des recettes néolibérales sous prétexte de construction
d‟un capitalisme local.
II/ Les politiques néolibérales et le blocage de l’économie productive : 1980-2000
La crise mondiale des années 80 (fin de la convertibilité du dollar le 15 août 1971
et le premier choc pétrolier) va déséquilibrer et accentuer les difficultés internes et
externes du Sénégal : explosion des importations (produits alimentaires et énergétiques),
amplification des déficits de la balance des paiements, massification de l‟endettement,
dégradation de la compétitivité, distorsions entre structures de production et structures
de consommation. Face à la montée de ces déséquilibres le Sénégal est transformé en
champ d‟expérimentation des politiques d‟ajustement structurel: Programme de
stabilisation à court terme (1979-1980) ; Plan à moyen terme de Redressement
Economique et Financier (P.R.E.F.) 1980-1985 ; Programme d‟Ajustement structurel à
Moyen et Long Terme (P.A.M.L.T.) 1985-1992 ; Plan d‟Urgence mort-né de 1993 ; Plan
Post dévaluation 1994-1999).
Ces programmes fondés sur la trilogie libéralisation, privatisation et dérégulation
visant à construire un capitalisme local sans Etat providence, ont arrêté tous les moteurs
du système productif par démantèlement des politiques sectorielles et des entreprises
appelées à les réaliser (plus d‟une centaine). En détruisant toutes ces usines, comment
va-t-on faire pour résorber le chômage et la pauvreté ?
Au bout du compte, les mécanos du néolibéralisme ont complètement éteint le
début d‟industrialisation, au moment même où l‟extension du système éducatif et la
démographie galopante augmentaient, à rythme effréné, les demandes d‟emploi.
L‟agriculture est retournée à l‟économie de rente avec l‟abandon des options de
diversification et de réalisation de l‟autosuffisance alimentaire : « importer le riz, c‟est
moins couteux que de le produire localement » proclamait, de docte manière, la banque
mondiale. L‟agriculture n‟est pas seulement bloquée, elle est également déstabilisée par
le système des prix imposé par l‟ouverture sans protection.
Manifestement, si ces politiques se sont avérées aussi peu efficaces, c‟est parce
qu‟elles ont confondu les moyens avec les fins : la libéralisation, la recherche des grands
équilibres, les privatisations sont prises comme des fins plutôt que comme des moyens
d‟une croissance durable, équitable et démocratique. Les moyens d‟intervention de l‟Etat
sont réduits avec la faiblesse des ressources fiscales. Elles n‟ont pas su reconnaître que
le renforcement des institutions financières est aussi important pour la stabilité
économique que la maîtrise des déficits budgétaires et de la masse monétaire. Elles se
sont concentrées sur les privatisations, mais n‟ont guère attaché d‟importance à
18
l‟infrastructure institutionnelle nécessaire au bon fonctionnement des marchés, et
particulièrement de la concurrence.
Le quart de siècle d‟ajustement structurel a produit des désastres sociaux qui ont
conduit les citoyens à sanctionner, en 2000, le gouvernement socialiste. Du reste,
l‟alternance a coïncidé avec le mea-culpa et le nouveau crédo du développement de la
Banque mondiale : le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté rebaptisé
Document de Politique Economique du Sénégal.
III/ La première alternance politique de 2000 et le développement des
infrastructures, de la GOANA et du système patrimonial régressif.
L‟avènement de Maître Wade avait suscité d‟énormes espoirs : l„enthousiasme et
la mobilisation populaire donnaient aux pouvoirs publics la capacité de construire un
véritable new deal. Au cours du premier mandat des efforts ont été réalisés dans
plusieurs secteurs avec la mise en place de l‟Agence chargée de la Promotion de
l‟Investissement et des grands Travaux (APIX) qui procède à une mobilisation de
ressources substantielles mais largement insuffisantes comparativement à des pays
comme le Ghana. Le cadre macroéconomique a été amélioré mais certains déficits
persistent : au niveau des finances publiques, de la balance commerciale et de
l‟endettement interne comme externe. Des investissements ont été réalisés dans les
infrastructures mais elles sont restées mal réparties et coûteuses (Corniche et les voies
de dégagement, autoroute à péage longue de 34 km et aéroport de Diass) si bien le
déficit infrastructurel estimé à 20% du PIB (Banque mondiale) n‟est point résorbé. Des
efforts ont été consacrés à la formation des ressources humaines mais sans réforme
consistante du système éducatif et formation avec beaucoup d‟effets d‟éviction sur les
ressources affectées. Les accès aux services publics sont restés largement
insatisfaisants. Au demeurant, la mauvaise allocation des ressources en faveur des
secteurs productifs porteurs d‟emplois et de génération de revenus n‟a point animé, la
croissance.
Tout cela éloigne le pays de l‟atteinte des Objectifs du Millénaire pour le
Développement. Le coût des facteurs, notamment l‟électricité, plombent complètement la
vie des entreprises et des particuliers. Aucune politique sérieuse de promotion du
secteur privé et des PME/PMI n‟est élaborée alors même que le Président se proclame
comme un libéral.
Dans ce contexte, les rangs des déçus du wadisme se sont élargis à la quasitotalité du gotha politique. Le mécontentement se généralise, le malaise social gangrène
toutes les couches sociales, le peuple sénégalais est, de nouveau, monté à l‟assaut du
pouvoir avec la jeunesse aux avants postes. La seconde alternance se dessine à
l‟horizon de la présidentielle du 26 février 2012 pour celui qui clamait que son « départ
créerait au Sénégal un chaos pire que celui de la Côte d‟Ivoire ». Une nouvelle
aspiration au changement, à la rupture est désormais inscrite dans l‟agenda populaire.
Au terme de 12 années d‟exercice d‟un pouvoir sans partage, le Président
A.Wade, s‟est attelé, à partir de 2007, à implanter progressivement un système
19
patrimonial qui se caractérise par un gonflement du budget de la présidence, un
gigantisme ministériel à partir d‟une fragmentation des champs de compétence, un
accroissement des agences, une boulimie foncière etc. Il s‟installe, alors, une véritable
entreprise de déconstruction des institutions. Deux phénomènes apparaissent et finiront
par perdre le régime.
En premier lieu, durant cette période, un profond malaise social s‟est emparé de
toutes les couches populaires au premier rang desquelles la jeunesse. La triptyque
chômage, précarité et pauvreté s‟est approfondie. Près de deux ménages sur trois (64%)
ne sont ni chômeurs ni précaires, mais pauvres (des adultes sans revenu). La situation
de cette catégorie s‟est aggravée au cours des cinq dernières années du régime. Le coût
de la vie a atteint des niveaux inacceptables et les inégalités sociales se sont creusées :
moins de 10% de la population contrôlent plus de 80% de la richesse nationale.
En second lieu, progressivement, un modèle d‟Etat bonapartiste s‟installe sous
prétexte de construire un système économique émergent. On a vanté, dans les arcanes
du Palais présidentiel, l‟efficacité de la «dictature éclairée» de type Ben Ali. Il s‟est alors
instauré une politique patrimoniale avec un pouvoir patriarcal fortement centralisé,
exercé par un chef charismatique qui gouverne par le canal de sa famille, de ses fidèles,
de ses serviteurs et d‟une clientèle captive. La gestion est assimilée à celle d‟un «père
de famille» qui amalgame les affaires personnelles et les affaires publiques,
administratives et judiciaires. Le Trésor public se confond quasiment avec la caisse du
chef tandis que les stations de pouvoir se transforment en instruments d‟accumulation
qui permettent à ceux qui les exercent d‟extraire et de redistribuer les ressources et le
patrimoine national.
Dans un tel système, l‟argent des malversations financières, de la corruption et du
blanchissement, va contribuer à donner l‟apparence d‟une augmentation de la masse
monétaire, en fait, il s‟est agi de faire disparaître l‟argent sale dans des circuits non
officiels et des méandres de circuits incontrôlables.
Ce système est fortement décrié. En mars 2012, l‟opposition politique a réussi un
consensus national sans, pour autant conclure, un programme de gouvernement allant
bien au-delà des recettes concoctées à la « Concertation Nationale ». Toutes les
éminentes personnalités qui ont formé le Benno Book Yakaar, ont allègrement traversé
la cinquantenaire de notre indépendance. Elles devraient observer une posture
autocritique pour que le pays ne retombe pas dans le mal développement : elles en ont
l‟expérience et la compétence. Mais il n‟en fut rien. Arrêtons les platitudes du genre
alternance générationnelle : le problème est ailleurs, il est de savoir si ces personnalités
auront la volonté politique, au moment où le peuple s‟impatiente, de s‟atteler sans
fioriture à se mettre ensemble, derrière le Président de la République, pour la résolution
des urgences sociales ?
20
CHAPITRE 3
La deuxième alternance et les politiques de l’émergence : De la Stratégie Nationale
de Développement Economique et Social (SNDES) 2013-2017, à la Stratégie de la
Croissance Accélérée (SCA) et au Plan Sénégal Emergent (PSE)
Pour relever le défi de la croissance soutenue et durable, et continuer ainsi à relever le niveau
du revenu par habitant, le Sénégal doit réussir la transition vers des produits de plus grande valeur
économique à travers un processus de transformation structurelle de son appareil de production. Or, un
tel processus va de pair avec des changements dans la qualité des facteurs productifs à travers
l‟accumulation de capital humain, physique et institutionnel. En outre, dans le contexte actuel de la
mondialisation, le meilleur indicateur d‟une performance réussie de la structure productive est sans
doute les performances réalisées en matière d‟exportations, domaine dans lequel le Sénégal réalise
affiche des résultats décevantes depuis plusieurs décennies.
L‟expérience du Sénégal sur la période 1994-2008, et celle des autres pays en développement
établissent que la qualité du cadre macroéconomique est une condition nécessaire, mais ne suffit pas à
créer les conditions permettant de maintenir la croissance au-delà du niveau tendanciel de 5% observé
durant ces quinze dernières années.
La SCA vise à consolider cette dynamique de croissance et vise à diversifier les sources de
créations de richesses par la consolidation de la position concurrentielle du pays sur les créneaux
traditionnels qui seront élargis par la suite par la conquête d‟autres marchés porteurs.
I/ Schéma de la croissance au Sénégal : sources et
contraintes
Des années 60 à nos jours, l‟économie sénégalaise a connu une évolution erratique et mitigée,
marquée par des périodes successives de croissance faible et irrégulière.
Longtemps arrimée aux fluctuations du secteur primaire dominée par la monoculture de
l‟agriculture où la productivité était faible, la croissance de l‟économie a réalisée des mitigées au cours
des premières décennies. En dépit de longs efforts d‟ajustement durant les années 80, la situation
économique du Sénégal a continué de se dégrader. La dévaluation du franc CFA intervenue en 1994 et
le programme des réformes engagés ont permis quelque peu d‟inverser les tendances antérieures et de
stimuler l‟économie en portant le taux de croissance annuelle à 5%, contre une tendance lourde de
2,7% sur la période 1960-1994.
Les sources de la croissance au Sénégal
La décomposition de l‟offre globale montre que la moitié de la croissance économique s‟est
concentrée autour de cinq secteurs, pendant la période 1995-2004, avec : le commerce, qui contribue
pour 18% à la croissance du PIB, les postes et télécommunications (9%), l‟agriculture (8%), la
construction (7%) et les activités immobilières (6%).
La période 2000-2005 est marquée par une consolidation des performances avec un taux de
croissance fluctuant autour de 5% en moyenne, malgré les chocs exogènes tels que la sécheresse,
21
l‟invasion acridienne, les pluies de contre saison, la flambée du baril de pétrole, les inondations, entres
autres, et à la faveur de l‟inflation maîtrisée en dessous de 2% en moyenne annuelle, d‟un déficit
budgétaire global maîtrisé autour de 3%. Les ressources additionnelles importantes induites p ar
l‟éligibilité du Sénégal à l‟Initiative PPTE ont permis de renforcer de manière significative l‟intervention
de l‟Etat dans les secteurs sociaux prioritaires, notamment la santé et l‟éducation.
On note ainsi entre 2000-2007 une confirmation de la dynamique de croissance des années 90
et de la qualité du cadre macroéconomique. Toutefois, la baisse de régime observée ces depuis
quelques années a montré encore une fois la vulnérabilité de l‟économie devant les chocs exogènes. La
conjonction des effets de la crise énergétique, de la crise alimentaire et de la crise financière de 2008
Les contraintes à une croissance forte et soutenue
Une analyse de la compétitivité sectorielle du Sénégal 8 fait ressortir d‟une manière générale
que les entraves les plus importantes à l‟essor de la croissance et de compétitivité s‟articulent autour de
la faiblesse de l‟accumulation du capital humain, de la baisse à long terme de la productivité des
facteurs, de l‟insuffisance de l‟implication du système financier et enfin tout ceci conduisant à une
spécialisation peu dynamique, régressive et instable.
Aussi, les performances économiques encourageantes au cours de la dernière décennie ne
doivent pas occulter la vulnérabilité de l‟économie aux chocs externes et aux phénomènes naturels.
Cette fragilité peut être illustrée par les chutes brutales de la croissance en 2002 et en 2006
lorsque l‟économie a subi des chocs externes, du fait de la succession de facteurs conjoncturels
défavorables : une mauvaise configuration de l‟hivernage, la hausse des cours mondiaux des produits
pétroliers, la crise des Industries Chimiques du Sénégal (ICS), d‟autre part. La progression de
l‟économie sénégalaise a aussi marqué le pas en 2008 du fait d‟un contexte international difficile. Il faut
aussi noter la faible capacité d‟offre et de diversification des produits à l‟exportation.
A ces contraintes exogènes il faut ajouter des contraintes liées aux facteurs endogènes :
difficulté d‟accès au financement pour le secteur privé (les PME surtout), cadre institutionnel inadapté,
contraintes liées aux opportunités d‟affaires, coûts élevés des facteurs de production…
A/ Les objectifs de la SCA
Le Document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSRP) est le
cadre de référence dans la lutte contre la pauvreté, la recherche du développement économique et
social et l‟atteinte des OMD. Etabli en 2000, son but est d‟améliorer de manière durable le bien-être des
populations en réduisant l‟incidence de la pauvreté des populations en dessous de 30% d‟ici à 2015,
par une croissance accélérée, forte, équilibrée et mieux répartie. Le DRSP est bâti autour de 4 axes
stratégiques : la création de richesse, l‟accès aux services sociaux de base, la protection s ociale, la
prévention et gestion des risques et catastrophes et enfin la bonne gouvernance 9.
L‟axe 1 est opérationnalisé à travers la stratégie de croissance accélérée (SCA) qui vise à créer
les conditions de nouveaux gains de productivité. En effet, depuis 2000, l‟économie sénégalaise s‟est
inscrite dans une certaine dynamique de croissance économique, avec des taux annuels dépassant
souvent les 5%. La SCA vise à consolider ces résultats par le renforcement du capital humain et des
infrastructures afin de porter le taux de croissance à plus de 7% l‟an.
8
BCEAO, BOAD : Compétitivité sectorielle des économies des pays membres de l’UEMOA , rapport
provisoire pays (Sénégal), janvier 2004.
9
Gouvernement du Sénégal, Document de Stratégie pour la croissance et la Réduction de la
Pauvreté 2006-2010, Octobre 2006.
22
Objectif général
L‟objectif général de la SCA est de doter le Sénégal d‟‟un appareil de production restructuré,
bénéficiant d‟un cadre macroéconomique stable et sain, à même de s‟adapter aux mutations nées de la
mondialisation, restant sur un sentier de croissance forte, génératrice d‟emplois et réductrice des
inégalités parce que bâtie sur l‟exploitation du plein potentiel des individus, des communautés de base
et des régions.
Objectifs spécifiques
Sur la base de cet objectif général intégrant les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD), les objectifs du NEPAD et ceux du DSRP, la SCA devra se traduire par une croissance
soutenue sur la longue période, portée par les facteurs fondamentaux de co mpétitivité suivants :
Des ressources humaines qualifiées et adaptables ;
L‟accès au financement pour le soutien aux nouveaux investissements et à l‟expansion des
entreprises existantes ;
Le développement des infrastructures de transport, de communication, d‟accès à l‟énergie,
à l‟eau et à l‟assainissement ;
Un cadre juridique et une structure fiscale adaptés ;
Un environnement des affaires et des conditions de vie attrayants respectivement pour les
entreprises et les personnes.
La SCA bénéficie de l‟appui de plusieurs partenaires au développement comme l‟Afd (Agence
Française de Développement), la Banque mondiale, l‟ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le
Développement Industriel), le Centre de Développement des Entreprises (CDE). L‟approche consiste à
cibler des secteurs avec un effet de croissance sur l'ensemble de l'économie. Cette stratégie, bâtie
autour de « l‟approche grappe », vise à assurer une forte croissance des secteurs ciblés avec un effet
d‟entraînement sur l‟ensemble de l‟économie et à renforcer la synergie intersectorielle. Celle-ci devrait
permettre d‟augmenter la contribution encore faible des exportations à la croissance économique.
B/ Les orientations stratégiques de la SCA
Les éléments fondamentaux de la SCA sont la vision qui la sous-tend, mais aussi les
orientations et options stratégiques inspirées des contraintes à l‟accélération de la croissance. Dans
cette lancée, la SCA repose sur deux piliers que sont l‟environnement des affaires de classe
internationale et les grappes de croissance y compris les clusters locaux et les pôles économiques.
La mise en place d’un environnement des affaires de classe internationale
La préservation du cadre macroéconomique est l‟un des aspects les plus importants de la SCA.
Il s‟agit de mettre l‟accent sur les réformes microéconomiques articulées autour de l‟épanouissement de
l‟entreprise. Dans cette optique, deux domaines sont spécifiquement explorés pour leur
développement : l‟investissement et la production, à travers notamment les relations entre l‟épargne et
l‟investissement et entre la productivité et le progrès technologique.
Pour la mise en place d‟un environnement général porteur, la SCA s‟appuie sur quatre aspects.
Il s‟agit de :
La promotion de l‟innovation, de l‟initiative entrepreneuriale et des PME ;
23
La productivité des facteurs de production, notamment le facteur travail ;
La qualité des politiques et des services publics ;
L‟émergence de pôles économiques dans les régions.
L‟approche des grappes de croissance permet d‟installer les acteurs dans une dynamique de
mise en place et d‟exploitation d‟un tel environnement porteur.
L’approche par les grappes de croissance et les clusters
La prise en charge de l‟objectif de développement durable repose dans le cadre de la SCA sur
une approche territoriale à la faveur de laquelle l‟initiative et la diversification des activités économiques
et sociales reviennent principalement au secteur privé et aux communautés de base, sous l‟impulsion
de l‟Etat.
La dynamique grappe
Secteurs
de tête
Commercialisent les
produits et services
hors de la région
Activités de soutien
Entreprises fournissant des matières premières,
des produits semi-transformés et des services
Infrastructure économique de base
Ressources
Humaines
Technologie
Financement
Climat de
Infrastructures
et capital
l’investissement
physiques
L‟approche des grappes de croissance symbolise à la fois le cadre d‟analyse des contraintes à
la compétitivité et la démarche partenariale entre deux ou plusieurs acteurs représentants l‟Etat, le
secteur privé et la société civile, tel qu‟il ressort de la représentation pyramidale de la dynamique
grappe.
L‟approche grappes de croissance utilisée pour développer des filières porteuses devrait
permettre de créer de nouvelles marges de croissance à Dakar et dans les autres régions. Une grappe
se constitue autour d‟un système structurant d‟entreprises approvisionnant les marchés ciblés et
opérant dans un même secteur, sur un produit ou un groupe de produits auxquels il s‟agit de donner
une visibilité nationale ou internationale. Outre le système structurant d‟entreprises produisant le produit
générique de la grappe, celle-ci comprend les entreprises fournissant intrants, matières premières et
24
services à ces entreprises génériques ainsi que les centres de recherche, les établissements de
formation et les institutions de financement.
Il est attendu de la grappe une efficience collective supérieure à la somme des efficiences
individuelles des entités membres. La politique de promotion des grappes porteuses dans la SCA
consiste à maximiser la puissance des chaînons les plus faibles des différentes grappes tout en
consolidant les équilibres macroéconomiques fondamentaux.
Le développement des pôles économiques
L‟appropriation de la SCA par les communautés de base devrait se traduire par des
opportunités de croissance. La SCA offre, à travers les clusters locaux, les zones économiques
spéciales ainsi que la collaboration avec les grandes entreprises ou les grappe s de PME, des cadres
pour un accompagnement plus efficace des initiatives locales.
Dans la SCA, un cluster local représente une grappe de croissance concentrée essentiellement
sur une aire géographique à l‟intérieur d‟une région. C‟est le cadre minimum po ur organiser la
compétitivité d‟une filière porteuse.
L‟expérience de zone économique spéciale est initiée en 1979 en Chine pour stimuler la
coopération économique et les échanges techniques avec les pays étrangers. La formule s‟est enrichie
progressivement pour comprendre la gestion des infrastructures de la zone. Ainsi, la zone économique
spéciale expérimente un développement intégré des infrastructures, du cadre juridique, des projets
industriels, de la construction, du tourisme et des investissements étrangers.
Quant au cadre de collaboration avec les grandes entreprises, il s‟agit surtout de l‟insertion de
ces dernières dans l‟économie locale d‟accueil. Plus précisément, il est de plus en plus question que les
entreprises de dimension internationale entretiennent avec les collectivités et les populations locales un
cadre de collaboration qui leur permette d‟identifier de nouveaux créneaux qui exploitent les capacités
locales, notamment celles des populations pauvres.
Les grappes de compétitivité sont des ensembles d‟entreprises ou d‟activités interconnectées
entre elles, à la faveur d‟une démarche partenariale, de façon à leur faire partager un même bassin de
facteurs de compétitivité tels que main d‟œuvre spécialisée, technologies, infrastructures physiq ues,
cadre de vie, ou réglementation propice à la croissance de la grappe.
II/ Stratégie Nationale
Economique et Social
de
Développement
Vision et stratégie d'intervention sur la période 2013-2017
La société sénégalaise s'est accordée sur une vision à long terme reposant sur la finalité
d‟une « émergence dans la solidarité intra et intergénérationnelle ». « L‟émergence dans
la solidarité » concilie la responsabilité et la liberté, l‟efficacité et la justice et enfin,
l‟économique et le social. A travers cette vision, le Sénégal a misé sur les valeurs
politiques qui régissent les rapports entre les êtres et également sur les principes de
rationalité, de maîtrise et d‟efficacité. Ainsi, en 2035, la société sénégalaise devrait jouir
d‟une forte accumulation de biens matériels et immatériels, caractérisée par des niveaux
de vie élevés.
25
La SNDES, s'inspirant de cette vision, trace la voie jusqu‟en 2017, afin de circonscrire la
trajectoire de l‟horion 2035. Toutefois, le succès de la politique économique et sociale est
conditionné par une bonne assise des fondements structurels aptes à impulser le
développement. En effet, le progrès économique et l‟épanouissement social ne peuvent
se concevoir sans l‟assurance d‟une paix durable aussi bien au niveau national
qu‟audelà des frontières. Le contexte actuel de la mondialisation est d‟autant plus réel
qu‟il rappelle l‟obligation d‟intégrer les implications de la géopolitique, de l‟intégration
régionale et des engagements internationaux.
1.
2.
3.
4.
5.
Le premier Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté, DSRP-I, défini sur la période
2003-2005, a été mis à profit pour consolider les performances économiques des programmes
structurels. En plus d‟avoir permis la correction de quelques insuffisances aux plans social et
politique, il a été un véritable instrument de mobilisation de ressources et de recentrage des
politiques de développement autour d'objectifs clairement définis et assortis d'indicateurs de
performance et d'impact.
Le DSRP-II couvrant la période 2006-2010, s'était engagé dans la mise en œuvre de la Stratégie
pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (SRP). C'est ainsi qu‟il a associé la Stratégie de
Réduction de la Pauvreté à la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA) pour une meilleure
réorientation des objectifs de développement économique et social prenant en compte la réduction
des inégalités sociales et l‟accélération de l‟atteinte des OMD.
L'élaboration de la Stratégie Nationale de Développement Economique et Social (SNDES) pour l a
période 2013-2017 obéit à la volonté politique d‟inscrire le Sénégal sur la trajectoire de l‟émergence
et à la nécessaire prise en compte des préoccupations des populations. Elle s'effectue dans un
contexte économique international difficile, marqué par la flambée des prix des produits
alimentaires et énergétiques, doublée d‟une incertitude sur la volatilité future. Par ailleurs, la
persistance de la crise financière illustrée par les turbulences sur les marchés financiers ainsi que
les difficultés rencontrées par les économies avancées, devront sans doute accentuer des risques
de repli de la croissance économique mondiale, mais à l‟inverse réorienter une partie des flux
d‟IDE.
Le développement économique et social du Sénégal nécessite la mise en œuvre d ‟une stratégie
prenant en compte le redressement des finances publiques, le développement de l'épargne
intérieure et son orientation efficace par les outils incitatifs, une évolution soutenable à terme de la
balance commerciale et l‟équilibrage de celle de s paiements, devant conduire à une croissance
économique à fort impact positif sur les conditions de vie des populations. A cet égard, le défi
majeur porte essentiellement sur la relance de l'économie, la voie vers laquelle le Sénégal devra
s'engager davantage dans un contexte de gouvernance vertueuse et efficace.
Les indicateurs sur la période 2005-2011 révèlent une baisse relative de la pauvreté qui a été
accompagnée par une augmentation absolue du nombre de pauvres sur la période. Cette situation
s‟explique, en partie, par un taux de croissance annuel du PIB par tête d‟environ 0,5% en moyenne
sur la période. La pauvreté est plus élevée en zone rurale que dans les centres urbains. Ce
26
phénomène de la ruralité de la pauvreté n‟a pas été influencé par les po litiques menées jusque là.
Ces résultats mettent en évidence la fragilité de l‟économie sénégalaise et l‟urgence d‟améliorer de
manière durable les conditions de vie des populations. Cette situation doit être inversée rapidement
afin d‟inscrire le Sénégal dans la réduction de la pauvreté et l‟accélération de l‟atteinte des
Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), à l‟horizon 2015.
6.
Par ailleurs, Il est apparu de nouveaux défis auxquels le Sénégal doit faire face à savoir :
l‟émergence économique, l‟optimisation de la politique énergétique, l‟adaptation aux changements
climatiques, la sécurité alimentaire, la paix et la sécurité. Ces défis appellent à la formulation et la
mise œuvre d‟une Stratégie Economique et Sociale susceptible de pouvoir améliorer les niveaux
de croissance économique, de lisser ou d‟amortir les chocs exogènes tout en préservant les
options futures et la résilience et d‟inscrire le Sénégal dans une perspective de développement
durable. Cette stratégie nationale qui se veut réaliste et innovante, sera le cadre de référence pour
tous les acteurs du développement. Elle s‟inscrit dans une vision inclusive à long terme et appelle
à une mise en œuvre optimale des politiques publiques aux niveaux central et local, pour faciliter
l‟atteinte des OMD et poser les jalons de l‟émergence.
Encadré 1: Méthodologie d'actualisation de la formulation
En 2011, le Sénégal a formulé le Document de Politique Economique et Sociale (DPES), validé
pour servir de cadre de référence à l’action de l’Etat et des partenaires au développement sur la
période 20112015. Toutefois, au regard des récentes mutations intervenues, le Sénégal se trouve
confronté à de nouveaux défis aux plans politique, institutionnel, économique et social. Il importe
à ce titre d’opérer les ajustements nécessaires sur le Document de politique afin de mieux
adapter la Stratégie au nouveau contexte, d’insuffler un nouvel élan et de forger un partenariat
plus ambitieux.
De surcroît, la disponibilité de données statistiques récentes sur l’état de la pauvreté et la
vulnérabilité, ainsi que les développements notés dans certains secteurs et la problématique de la
décentralisation viennent renforcer l’impératif d’actualiser et de finaliser le projet de DPES 20112015.
Le nouveau document qui définit les priorités économiques et sociales doit suffisamment prendre
en considération les aspirations réelles des populations ainsi que l’impératif de développer une
économie compétitive porteuse de croissance. A cet effet, le DPES révisé, devenu Stratégie
Nationale de Développement Economique et Social, 2013-2017, a été élaboré suivant un
processus participatif, tant au niveau central qu’au niveau décentralisé. Cette démarche a permis
d’associer les acteurs régionaux, avec la tenue de consultations locales et de procéder à la revue
des contraintes sectorielles avec l’ensemble des ministères techniques et les forces armées
nationales.
L’accent a été mis sur la création de richesses, le renforcement de la gouvernance, le
développement des secteurs stratégiques ayant des impacts significatifs sur l’amélioration du
bien-être des populations et la demande sociale. Dans un contexte particulier de transition
démographique, la prise en charge les questions transversales telles que l’emploi, le genre, la
protection sociale et le développement durable s’est avérée opportune.
Le processus de formulation a reposé sur une synergie entre les instruments de politique
économique et sociale tels que la SCA, le Plan d’Orientation pour le Développement Economique
et Social (PODES), l’Instrument de Soutien à la Politique Economique (ISPE) et les initiatives
citoyennes, en droite ligne des nouvelles orientations de l’Etat du Sénégal. Sous ce rapport, il
27
s’agit d’exploiter toutes les potentialités nationales, susceptibles d’améliorer le niveau de revenus
et les conditions de vie des populations.
8. Le présent document se présente comme suit : le premier chapitre dresse le profil de la croissance,
de la pauvreté et des inégalités et retrace les défis qu‟il pose. La Stratégie est décrite au second
chapitre, à travers la vision à long terme, les orientations stratégiques sectorielles et les politiques
et programmes qui l‟opérationnalisent. Enfin, le troisième c hapitre esquisse le dispositif identifié
pour assurer la mise en œuvre de la Stratégie. Il présente le financement de la stratégie, les rôles
et responsabilités des acteurs ainsi que les mécanismes de revues à mettre en place. Ce dernier
chapitre définit également le cadre de suivi et d‟évaluation externe ainsi que les facteurs de risques
liés à la mise en œuvre de la Stratégie.
L‟avenir du Sénégal repose entre les mains de sa population qui croit au mérite, à l‟ambition et
l‟engagement, quel que soit le domaine d‟activité. Ces valeurs sont défendues, appliquées et
sauvegardées par des citoyens imprégnés d‟éthique, de déontologie et de civisme. Mener le
Sénégal au développement est une responsabilité collective, bannissant toute exclusivité
corporatiste ou élitiste. Enfin, une forte implication des citoyens imposera aux décideurs politiques
la transparence et la reddition de compte dans la gestion publique ainsi que la technicité et
l‟humilité dans les orientations stratégiques dont toute la nation assumera les conséquences.
100.Par ailleurs, il importe de mettre en place un environnement juridique propice au
développement et veiller à la déconcentration et la décentralisation des ressources humaines et
financières, à l‟aune des compétences transférées. La cré ation d‟un niveau de richesses soutenu et
durable, apte à réduire les inégalités sociales, implique un respect strict des règles de gestion des
finances publiques ; d‟où un impératif de résorption des déficits macroéconomiques et de maîtrise
du niveau et du rythme d‟endettement.
101.Les volumes significatifs d‟investissement productif et la dynamique en diplomatie économique
concourent à l‟éclosion des initiatives privées et l‟afflux de capitaux étrangers. En outre, le rôle du
système bancaire et financier dans la fourniture de capital est recentré et élargi en facilitant, d‟une
part l‟accessibilité des PME/PMI au crédit bancaire classique et promouvant, d‟autre part le recours
au marché financier. Dans cette même veine, le cadre juridique et règlementaire des affaires est
adapté, en concertation avec les acteurs ciblés. La restauration du tissu économique qui en résulte
permet aux entreprises créées de pallier la dépendance à la commande publique et d‟absorber la
main d‟œuvre disponible, en alternative au recrutement dans la fonction publique.
102.Ces initiatives de soutien à la croissance concourent à accroître la compétitivité nationale en ce
qu‟elles constituent des facteurs de productivité globale. Au demeurant, la Stratégie ambitionne
d‟intensifier la production de biens et services, par l‟entremise du développement de l‟économie
agricole, le redressement de la filière industrielle et l‟augmentation de la fourniture de services.
Dans cette dynamique, les pôles régionaux de croissance sont mis en exergue afin d‟impulser un
nouvel élan de développement économique et social sur l‟ensemble du territoire national. Ainsi,
l‟atteinte de la sécurité alimentaire et la promotion des exportations en seront d‟autant plus
facilitées que la production nationale couvre les besoins exprimés.
103.Eu égard à son rôle crucial, la Stratégie met un accent particulier sur la promotion du capital
humain. En effet, l‟efficience du niveau de production est tributaire de la qualité de la main d‟œuvre
employée. Ceci implique l‟existence d‟un système éducatif et sanitaire capab le de fournir des
ressources humaines satisfaisant les exigences du marché du travail. Par ailleurs, la mise en place
d‟un cadre propice au développement durable, à la gestion des risques et catastrophes et à la
réduction des vulnérabilités et inégalités de genre, participe de cet effort.
99.
A/ Objectifs stratégiques
28
Dans son ensemble, la SNDES vise l‟accélération de la croissance économique et
l‟amélioration de la productivité. Elle pose de manière stratégique les orientations
dans les secteurs productifs et d‟appui à la production dans le premier pilier. La
composante principale de ce pilier est la Stratégie de Croissance Accélérée (SCA).
Par cette stratégie, l‟approche grappe invite les parties prenantes à bâtir des
partenariats féconds autour des filières porteuses dont les produits peuvent avoir une
visibilité nationale ou internationale. Cette approche est rendue opérationnelle à
travers, d‟une part, la structuration des principales filières productives en chaînes de
valeur et, d‟autres part, la mise en œuvre de projets de clusters locaux dans des
secteurs à haut potentiel de création de valeur, articulés à des incubateurs et
réseaux d‟incubateurs d‟entreprises sur tout le territoire national. A cet effet, faire de
chaque région (ou territoire), en fonction des avantages comparatifs qu‟elle présente,
un exportateur de produits spécifiques vers le reste du pays, de la sous-région ou du
monde, devient un impératif.
108.Pour ce premier pilier, la SNDES préconise la territorialisation des activités
productives, en initiant des projets de zones économiques spéciales, de parcs
scientifiques ou technologiques, d‟incubateurs et de création d‟autres pôles
économiques, avec la collaboration des collectivités locales. Ainsi, la mise en œuvre
de la SCA devient un objectif principal de la SNDES sur la période 2013-2017.
109.Les conditions de réussite d‟un développement durable sont soutenues à travers
le développement du capital humain, pour lequel les objectifs déclinés dans le
deuxième pilier vont contribuer. Le troisième pilier encadre l‟environnement de la
production et du développement social à travers la gouvernance, le renforcement
des institutions, la construction d‟une paix durable, la justice et la sécurité humaine.
110.En termes d‟objectifs stratégiques, la SNDES s‟articule d‟une part, à l‟étude
prospective « Sénégal 2035 », pour laquelle elle constitue une déclinaison
quinquennale, et d‟autre part, aux orientations politiques gouvernementales, à la
SCA, aux engagements internationaux (OMD et post-OMD), aux politiques
multisectorielles (par exemple : Stratégie Nationale de Protection Sociale) et
sectorielles.
111.Ainsi, au niveau sectoriel, les outils de planification stratégique tels que les Lettres
de Politique Sectorielle (LPS) et les Cadres de Dépenses Sectorielles à Moyen
Terme (CDSMT), doivent prendre en compte la totalité des objectifs stratégiques,
lignes d‟actions et mesures de la SNDES. Les documents sectoriels peuvent
comporter des orientations opérationnelles, contribuant à l‟atteinte des objectifs
nationaux de développement économique et social. Enfin, l‟enjeu ultime réside dans
la capacité à initier, concevoir et mettre en œuvre des projets/programmes sectoriels
qui concourent directement à la réalisation optimale des attentes de la SNDES,
exprimées au niveau des lignes d‟actions et mesures.
107.
2.3.1. AXE 1 : Croissance, productivité et création de richesses
29
112. La consolidation du cadre macroéconomique sain et stable dans un environnement
des affaires propice à l‟investissement permet de promouvoir une productivité globale de
l‟économie. Sous ce rapport, la mise en œuvre de politiques de développement des
secteurs productifs et d‟appui à la production garantissant la compétitivité, exige a u
préalable, le renforcement des facteurs de production. Il s‟agit principalement de
l‟énergie et des infrastructures, qui constituent les secteurs clés d‟intégration du tissu
économique et des facteurs technologiques comme les Technologies de l‟Information et
de la Communication (TIC) et les télécommunications. Ainsi, dans le but d‟accélérer la
croissance, le développement de l‟agriculture et de l‟économie rurale devra être
accompagné de la promotion des PME/PMI et du soutien du secteur industriel et des
autres activités de services marchands. En outre, la dynamique de structuration des
filières productives, déjà engagées dans le cadre des grappes de croissance, devra être
maintenue et renforcée, afin de tirer profit des potentialités qu‟offrent ces secteurs et
filières en termes de contribution à la croissance économique et à la diversification des
sources de la croissance. Dans ce contexte, une intégration efficace à l‟environnement
extérieur garantit les chances de redéploiement de l‟économie nationale.
2.3.1.1.
Stabilité du cadre macroéconomique
113.Le maintien d‟un cadre macroéconomique stable est la base des stratégies à
mettre en œuvre pour impulser et entretenir, dans la durée, une croissance
économique significative à large base sectorielle et sociale. En effet, la stabilité
macroéconomique
est essentielle pour contenir l‟inflation et la volatilité du taux d‟intérêt, réduire les risques
et incertitudes pour les investisseurs et créer les conditions propices à la croissance
soutenue du revenu. L‟objectif d‟assurer la stabilité du cadre macroéconomique, attendu
de la SNDES, sera poursuivi à travers l‟amélioration du climat des affaires,
l‟assainissement des finances publiques et la maîtrise de l'inflation.
114.Tirer parti d‟un cadre macroéconomique sain et stable demande des politiques
convergentes de développement et de diversification des sources de la croissance, à
l‟actif de l‟initiative de l‟entreprise privée et des collectivités locales. En effet, la prise
en compte des dynamiques territoriales et leur articulation aux politiques sectorielles
constituent certainement l‟un des plus grands défis du développement économique
national. De ce point de vue, il convient de concevoir et mettre en œuvre une
approche territoriale du développement qui relie aménagement du territoire et
décentralisation, intègre le processus de régionalisation et donne corps à de grands
pôles régionaux de développement.
115.L‟objectif d‟un taux de croissance annuel moyen de 6,8% est à portée, compte
tenu des interventions attendues dans le secteur productif, la mise en œuvre du plan
de redressement du sous-secteur de l‟électricité et l‟ensemble des mesures
prioritaires de la SNDES. Les actions de gouvernance économique aideraient à
améliorer l‟efficacité marginale de l‟investissement public, surtout avec le
développement du partenariat public-privé. Compte tenu des contreperformances
enregistrées depuis 2006, l‟économie sénégalaise a comme alternative la réalisation
30
d‟investissements massifs à fort contenu en FBCF, pour réduire sensiblement la
pauvreté en milieu rural et la faim à l‟horizon 2017.
116.Dans la perspective d‟une maîtrise des dépenses publiques, la Stratégie prévoit
un accroissement substantiel des recettes budgétaires annuelles qui devraient
passer de 1569 milliards de FCFA en 2012 à 2206 milliards de FCFA en 2017. Les
recettes fiscales croîtraient de 1492 milliards de FCFA en 2012 à 2152 milliards de
FCFA en 2017, sous réserve d‟une mise en œuvre de la nouvelle réforme fiscale
plus incitative et efficiente. Les dépenses totales évolueraient de 2 190 milliards de
FCFA en 2012 à 2 912 milliards de FCFA en 2017. En conséquence, les finances
publiques devraient mieux se porter en 2017 et présenteraient un solde budgétaire
global en dessous de 3,6% du PIB en 2017, contre 5,9% projeté en 2012. Les
ressources additionnelles prévues durant la période s‟élèvent à hauteur de 1 493
milliards de FCFA, dont la moitié est attendue des ressources de l‟Etat. Le reste
sera soumis en recherche de financement auprès des Partenaires Techniques et
Financiers, sous forme de dons et de prêts à taux concessionnels. La détérioration
nette du déficit public est imputable à l‟augmentation sensible des dépenses
d‟investissement pour soutenir l‟effort de rattrapage du retard enregistré dans les
secteurs d‟infrastructures.
117.Par ailleurs, le solde des transactions courantes pourrait passer à 5,3% du PIB en
fin de période. Cette performance résulterait d‟une légère amélioration de la balance
commerciale, en particulier. Le solde global de la balance des paiements est
excédentaire sur toute la période, traduisant une hausse des avoirs extérieurs nets
sur la période qui passent de 826,6 milliards F CFA en 2013 à plus de 2 600 milliards
de FCFA en 2017, une amélioration significative des taux de croissance moyens par
an du crédit intérieur et de la masse monétaire. A cet effet, la Stratégie intègre un
renforcement du potentiel d‟exportation et des flux rentrants d‟investissements
directs étrangers.
118.En termes d‟emplois du PIB, la consommation finale devrait connaître une légère
amélioration avec 5% en moyenne sur la période 2013-2017. En termes réels, elle
progresserait un peu moins vite que le PIB (environ 6,7%) tandis que la Formation
Brute de Capital Fixe (FBCF) pourrait atteindre un taux de croissance moyen de
9,5% imputable aux efforts d‟amélioration du contenu en FBCF des investissements
publiques et des initiatives nouvelles d‟impulsion de l‟investissement privé. En ce qui
concerne la FBCF privée, elle croitrait de 5,7% en moyenne. Par conséquent, le taux
d‟investissement mesuré par la FBCF pourrait atteindre environ 26% du PIB sur la
période de mise en œuvre de la SNDES notamment avec la poursuite des travaux
relatifs aux programmes d‟infrastructures structurantes pour la densification du tissu
économique.
119.S‟agissant de la demande extérieure nette, les exportations de biens et services
augmenteraient en moyenne de 7,5% en termes réels, tandis que les importations de
biens progresseraient de 6,3% en termes réels. Le niveau général des prix, mesuré
par le déflateur du PIB est projeté en dessous de 1,3% sur la période après les
poussées inflationnistes liées à la hausse des cours du pétrole observées les
31
dernières années. Toutefois, la conduite d‟une bonne politique monétaire et
budgétaire permettrait de maintenir l‟inflation bien en dessous du seuil
communautaire de 3%.
120.Le Sénégal s‟est engagé sur la période 2013-2017 à : (i) porter le taux de
croissance économique, en moyenne, à l‟ordre de 7% ; (ii) ramener le déficit public
en-dessous de 3,6% du PIB, en fin de période ; (iii) améliorer le solde du compte
courant à (-) 4,5% du PIB et (iv) stabiliser le ratio d‟endettement à moins de 30% du
PIB.
2.3.1.2.
Promotion de l’emploi
121. La Nouvelle Politique Nationale de l'Emploi (NPNE) s‟appuie sur le spectre des
politiques publiques pertinentes en matière de promotion de l‟emploi. Le nombre moyen
annuel de nouveaux demandeurs d‟emplois potentiels 10 est de 202000. Pour assurer le
plein-emploi et contenir l‟évolution démographique, l‟économie doit générer, chaque
année, près de 150000 emplois. Sur la période 2013-2017, la création d‟au moins
500000 emplois est attendue. Les emplois visés concernent le secteur privé formel et la
fonction publique avec la mise en place progressive de la fonction publique locale. Sont
également concernés les emplois comptabilisés dans le cadre de la poursuite de la
modernisation des entreprises traditionnelles du secteur informel. Pour les cinq
prochaines années, la Stratégie s‟articule autour des objectifs stratégiques majeurs
suivants :
i.
promouvoir la création massive d'emplois, à travers la promotion
des investissements publics à haute intensité de main-d'œuvre (HIMO) et
de l'auto-emploi des jeunes par la valorisation des compétences, la mise en
œuvre de mesures incitatives pour favoriser l'investissement et la création
d'emplois dans le secteur privé, l‟appui à l'insertion et à la réinsertion des
personnels militaires et paramilitaires libérés du service actif ;
ii.
améliorer le suivi et la gestion du marché du travail, par
l‟organisation et mise à niveau du secteur informel, la mise en place d'un
système d'information sur l'emploi, la régulation du marché du travail et la
rationalisation des structures de financement des projets, la mise en place
d'un système national d'évaluation des apprentissages techniques et
professionnels et de validation des acquis de l'expérience , la mise en
place de l'observatoire national de l'emploi et des qualifications
professionnelles et l‟opérationnalisation du répertoire des métiers et
emplois.
2.3.1.3.
Développement du secteur privé
122.Le secteur privé est l‟acteur moteur de la création de richesses. Dans la
perspective de son développement, la promotion de nouvelles opportunités
d‟activités économiques, particulièrement des activités créatrices d‟emplois, devra
être renforcée par des programmes ciblés d‟appui à l‟accroissement de la
productivité et des revenus des populations. Des programmes spéciaux cibleront des
10 Situation économique et sociale du Sénégal, 2010, ANSD.
32
groupes comme les microentreprises et les petites entreprises, les jeunes des
campagnes et des banlieues et l‟artisanat. Sera également encouragée la mise en
place de programmes spécifiques ciblant les femmes dans la production, pour
l‟approvisionnement des grands centres urbains et pour l‟exportation. Sous un autre
registre, les producteurs indépendants ainsi que les grandes entreprises – nationales
ou internationales- ont un rôle important à jouer pour une croissance significative des
exportations.
123.De telles interventions devront se faire dans le but de créer plus d‟emplois
qualifiés en milieu rural et réduire la taille du secteur informel. Ainsi, les pôles
régionaux de développement seront mis à contribution dans le processus de
conquête du marché intérieur, par l‟exportation de produits et de services diversifiés
et compétitifs. Le renforcement du dialogue public-privé permettra d‟identifier
d‟autres obstacles à lever en priorité, en vue de consolider la viabilité et la
compétitivité des entreprises.
124.La facilitation de l‟accès au financement fait l‟objet de nouvelles initiatives pour
une plus grande efficacité des fonds de garanties et pour le développement de
l‟affacturage, du crédit-bail, du capital-risque et du crédit à l‟exportation. Il a été
retenu de rationaliser la création de lignes de crédit et de mutualiser les coûts de leur
gestion au sein d‟une banque des PME. En retour, l‟accès à l‟information sur les
entreprises et les emprunteurs sera rendu plus fluide par la création de bureaux
d‟information sur le crédit, à côté de la centrale des bilans et de celle des risques.
Toutefois, les mesures à mettre en œuvre pour une amélioration conséquente de la
compétitivité requièrent de plus en plus un engagement fort de tous les segments de
l‟administration publique, du secteur privé et des partenaires sociaux.
125.Le développement et la promotion des PME sont articulés autour des objectifs
stratégiques suivants :
i.
améliorer l’environnement des affaires en promouvant
l'entrepreneuriat chez les jeunes, la création et le développement
d‟entreprises par les femmes, la mise en œuvre des décisions du Conseil
Présidentiel sur l‟Investissement et le renforcement de la part du capital
privé national dans l'économie ;
ii.
faciliter l’accès aux services financiers et non financiers, à
travers la création du Fonds de Garantie et d‟Investissements Prioritaires
(FONGIP) et d'un Fonds Souverain d‟Investissement Stratégique
(FONSIS), l‟encadrement des entreprises en difficulté, la finalisation de la
concertation sur le crédit et le renforcement des fonds dédiés aux femmes
entrepreneures ;
iii.
consolider le dispositif d’appui technique et de pilotage, par
l‟appui à la création de sociétés de prestation de services dans chaque
pôle économique intégré, la création d'un « Pacte Petites Entreprises et
PME-PMI » intégrant et renforçant les dispositifs d‟appui aux entreprises, la
dynamisation des parcs industriels, la mise en place d‟un observatoire des
33
PME, la révision du code des investissements et le suivi de la «
démographie des entreprises ».
2.3.1.4.
Développement des secteurs d’appui à la production
2.3.1.4.1. Infrastructures et services énergétiques
126.Le sous-secteur de l‟énergie joue un rôle transversal dans la mise en œuvre des
politiques publiques. Cependant, le faible taux d‟accès aux services énergétiques
modernes constitue un facteur limitant le développement économique et social. La
CEDEAO a entériné dans son Livre Blanc 11 des objectifs chiffrés, auxquels le
Sénégal a souscrit, pour l‟accès aux services énergétiques. La vision sectorielle est
d‟assurer une distribution géographique plus équitable des services énergétiques
modernes et couvrant les besoins en termes d‟électrification rurale et urbaine, de
force motrice et de combustibles domestiques pour lutter contre la pauvreté et
préserver l‟environnement, notamment à travers la promotion d‟énergies propres.
127.Le sous-secteur de l‟énergie poursuit les objectifs stratégiques suivants :
i.
favoriser l'accès aux services énergétiques, à travers
l‟accélération de l'électrification rurale, l‟accroissement de l‟offre d‟énergie
renouvelable, l‟augmentation des capacités de production d'électricité,
l‟amélioration de l'accès aux hydrocarbures et à l'énergie domestique,
l‟intégration du solaire photovoltaïque dans le bâtiment et les édifices
publics et la sécurisation des capacités et des conditions de stockage;
ii.
promouvoir la maîtrise et l'économie d'énergie par l‟incitation à
l'utilisation d'appareils électroménagers économes d'énergie et la
promotion d'équipements économes d'énergie et de substitution ;
iii.
améliorer le cadre de pilotage du sous-secteur de l'énergie,
grâce à l‟amélioration de la régulation, la poursuite de la réforme
institutionnelle de la SENELEC et au renforcement du Système
d‟Information Energétique (SIE).
2.3.1.4.2. Infrastructures et services de transport
128.Le développement des infrastructures et services de transport est essentiel pour
asseoir une économie compétitive et une croissance forte. La réalisation des
infrastructures revêt un caractère prioritaire du fait de son impact positif dans la
desserte des principaux pôles économiques du pays. Il est également attendu un
effet d‟entraînement des dépenses d‟investissements publics dans la création
d‟emplois, pourvu que des possibilités de fabrication locale des intrants de
construction existent. Sous ce rapport, les infrastructures publiques rendent les
investissements privés plus efficaces, jettent les bases de la création d‟industries et
ouvrent les voies de l‟intégration.
129.Le sous-secteur des infrastructures et services de transport poursuit les objectifs
stratégiques suivants :
i.
développer les infrastructures routières, ferroviaires,
aéroportuaires et portuaires, à travers la construction, réhabilitation et
11 Livre Blanc pour une politique régionale, Décision A/DEC.24/01/06 du 12 janvier 2006.
34
l‟entretien de pistes rurales dans les zones de production, la construction et
la réhabilitation des routes et ouvrages d‟art et des infrastructures
ferroviaires, la modernisation des gares routières et des infrastructures
aéroportuaires, le renforcement des infrastructures de la plateforme
portuaire et la réalisation d'études techniques pour tout projet/programme
d'infrastructure de transport ;
ii.
développer et moderniser les services de transport, par le
développement d'un système de transport public moderne dans les
grandes villes, le renouvellement et le renforcement des parcs automobiles
de transport public, l‟ amélioration et la sécurisation des voies navigables,
le renforcement de la compétitivité du Port de Dakar et l‟ amélioration de la
prévention des risques liés à toute forme de pollution ;
iii.
promouvoir la bonne gouvernance sectorielle, avec le
renforcement de la sécurité routière, le renforcement des capacités des
acteurs et du pilotage du sous-secteur ainsi que l‟élaboration d'un Code
des ports.
2.3.1.4.3. Infrastructure financière et services financiers
130.L‟objectif global est d‟assurer la stabilité et la solidité du système financier, à
travers la consolidation du secteur bancaire et la pérennisation du secteur de la
microfinance. La nouvelle réglementation introduit des dispositions relatives à la
protection des déposants. A ce titre, un chantier relatif à la mise en place d‟un fonds
de garantie des dépôts bancaires et des SFD se poursuit et un accent sera mis sur le
renforcement de la transparence dans la tarification des services bancaires et
financiers et sur l‟accroissement de la concurrence entre les établissements de
crédit, au bénéfice des usagers des services bancaires et financiers. Pour ce qui est
des perspectives d‟adaptation aux normes internationales, la révision du Plan
Comptable Bancaire visant à le rendre conforme aux normes IAS/IFRS en vigueur,
sera poursuivie.
131.En direction du nouveau cycle de programmation, le sous-secteur de la
microfinance entend se consolider et se pérenniser, à l‟intérieur d‟une dynamique
d‟intégration progressive au secteur financier global. Ce mouvement devra toutefois
se faire dans le respect de l‟identité du sous-secteur et de son apport spécifique à
l‟économie nationale. Deux objectifs stratégiques sont poursuivis:
i.
diversifier et adapter l'offre de produits et services financiers, à
travers la facilitation de l'accès au crédit pour les jeunes et les femmes, le
développement des nouveaux moyens de paiement, le renforcement de la
présence des institutions de microfinance en zones rurales, la promotion de
la finance islamique, la promotion de la culture de l'épargne et
l‟amélioration de l'accès des SFD à des services non financiers et en appui
technique ;
ii.
améliorer l'environnement de la microfinance, par le
renforcement du cadre régional légal et réglementaire de la microfinance,
la promotion des mécanismes de garantie adaptés pour les SFD, la
35
promotion des mécanismes de garantie adaptés pour les SFD,
l‟amélioration des systèmes d'information et de gestion des SFD et la mise
en place d'une Centrale des Risques pour les Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD).
2.3.1.4.4. Communication, infrastructures et services de télécommunication
132. Globalement, les réformes et politiques mises en œuvre dans le sous-secteur des
TIC et télécommunications ont permis de noter des avancées significatives. Pour jouer
un rôle capital dans la croissance et la production, le sous-secteur des TIC et
télécommunications poursuit les objectifs stratégiques suivants:
i.
développer l'économie numérique, grâce à l‟extension vers une
licence globale pour tout opérateur, la création des pôles technologiques et
consolidation des incubateurs d‟entreprises en TIC, l‟ appui à l'émergence
de l'industrie des TIC, l‟élaboration et mise en œuvre d'une stratégie
nationale de développement de l‟économie numérique et la mise en œuvre
des mesures incitatives prévues dans le cadre de la loi sur la société de
l‟information ;
ii.
réduire la fracture numérique à travers la mise en place
d'infrastructures d‟accès aux TIC, la promotion de l'Internet à très haut
débit, le développement du service universel des Télécommunications et le
parachèvement du passage de l'audiovisuel analogique au numérique ;
iii.
démocratiser l'accès et l'utilisation des TIC par la formation et
sensibilisation de la population sur les opportunités offertes par le secteur ;
iv.
promouvoir la bonne gouvernance numérique grâce à
l‟amélioration du fonctionnement de l‟administration avec les services en
ligne, l‟élaboration d'un Plan National Géomatique (PNG) et l‟élargissement
et la consolidation des missions de régulation et d'observatoire ;
v.
promouvoir la bonne gouvernance audiovisuelle à travers
l‟adoption d'un nouveau Code de la Presse, de textes et d'instruments
législatifs et réglementaires adaptés, la mise à niveau du dispositif de
radiodiffusion nationale par rapport aux standards internationaux et la
promotion de contenus éducatifs, culturels, économiques, médicaux dans
la production audiovisuelle.
2.3.1.5.
Développement intégré de l’économie rurale
133.Toutes choses égales par ailleurs, une croissance de 6% du PIB agricole
contribuerait substantiellement à ramener la croissance de l‟économie nationale sur
le trend des années 1995-2005, à réduire la dépendance du Sénégal vis-à-vis des
importations alimentaires et le déficit de la balance commerciale. Elle améliorerait, en
même temps, le niveau de sécurité alimentaire. La cible 12 de l‟OMD-1 serait
quasiment atteinte aussi bien au niveau national que dans les villes, mais les zones
rurales resteraient encore relativement pauvres. L‟extension des efforts de relance
12 Réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population dont le revenu est inférieur
à un dollar par jour.
36
de l‟agriculture au reste de l‟économie rurale serait alors nécessaire pour faire
bénéficier plus équitablement les populations rurales du partage des fruits de la
croissance. Il s‟agira de procéder à un meilleur aménagement du territoire, à travers
une réallocation des investissements agricoles et ruraux et une plus grande
participation de toutes les autres zones rurales à l‟animation de la dynamique de
croissance.
134.Le Programme National d'Investissement Agricole (PNIA) dont la finalité consiste
à répondre aux défis que la Politique Agricole Commune de la Communauté
Economique des Etats de l‟Afrique de l‟Ouest (ECOWAP), pendant sous-régional du
Programme Détaillé pour le Développement de l'Agriculture Africaine (PDDAA), se
propose de relever ce défi. Ainsi, l‟objectif de réduction de moitié de l‟incidence de
l‟extrême pauvreté et la faim sera plus à portée si l‟Etat s‟inscrit dans la perspective
de consacrer progressivement jusqu‟à 10% de ses ressources internes au
développement de l‟agriculture. Les interactions très fortes qui se produisent entre
les branches agricoles, ainsi que les flux également importants entre ces dernières et
le reste de l‟économie renforcent les effets de la complémentarité entre
investissements publics et investissements privés pour constituer un déterminant
important de la croissance du PIB global.
135.Dans le contexte global d‟accélération de la croissance, de relance de l‟économie
rurale et de développement de l‟agriculture, les filières vivrières trouvent un
maximum de débouchés et de chances de concilier l‟amélioration des revenus des
producteurs ruraux et la défense du pouvoir d‟achat des consommateurs urbains à
travers une plus grande productivité. La relance intégrée de l‟économie rurale sera,
en particulier, mise en œuvre à travers les politiques visant le développement des
secteurs primaires ou de l‟agriculture au sens large.
136.Pour ce qui concerne la valorisation de l‟économie rurale, la Stratégie met
particulièrement l‟accent sur la diversification de la production, la structuration des
filières agro-sylvo pastorales, la maîtrise de l‟eau, la réalisation d‟aménagements
agricoles, la réduction de la vulnérabilité des activités agricoles, la modernisation des
équipements des producteurs, la mise en place d‟infrastructures de soutien à la
production, l‟accès à des intrants de qualité, l‟organisation des filières productives,
l‟amélioration de la mise en marché des produits et la maîtrise des circuits de
commercialisation. La réalisation de ces actions prioritaires crée une chaîne de
valeur intra et inter sectoriel dans les sous-secteurs agro-sylvo pastoraux et les
services marchands.
2.3.1.5.1. Agriculture
137.Les fortes fluctuations et la tendance à la baisse des rendements des
spéculations appellent à mettre davantage l‟accent sur l‟irrigation, la recherche et la
vulgarisation agricoles, afin d‟inverser durablement cette tendance. La loi
d‟orientation agro-sylvopastorale définit, sur la période 2004-2024, un cadre intégré
favorable au développement de l‟agriculture, de l‟élevage et de la sylviculture et à
l‟épanouissement des populations rurales. Des initiatives se multiplient pour apporter
des réponses pragmatiques aux contraintes du sous-secteur agricole.
37
L‟agriculture dispose d‟une marge de progression pour produire davantage, du fait
de la réserve de terres arables et/ou irrigables non encore exploitées, des gains de
productivité encore possibles pour la population active rurale, notamment les
femmes. L‟agriculture moderne à grande échelle a également des marges de
progression. De surcroît, l‟agriculture dans son ensemble peut renforcer ses relations
d‟échange avec les autres secteurs, à travers le développement des chaînes de
valeur et les activités de transformation. En retour, pour la modernisation, la
croissance de l‟agriculture et le développement de PMI et PME rurales, les leviers
sur lesquels il faut agir sont les routes et les infrastructures de transport, les TIC,
notamment pour l‟accès en temps réel à l‟information sur les marchés des produits
agricoles, l‟hydraulique, l‟énergie, le crédit agricole et rural, la mécanisation,
l‟instruction et la formation des agriculteurs, l‟agroindustrie et les activités
manufacturières.
139.L‟objectif principal de la LOASP est de faire de l‟agriculture le moteur d‟une
dynamique de progrès viable. Conformément aux orientations de la LOASP, la
présente Stratégie vise à améliorer la contribution de l‟agriculture au développement
économique et social. A cet effet, les principaux objectifs spécifiques visés en 2017
sont les suivants :
i.
augmenter la production et améliorer la productivité agricoles,
à travers la modernisation des équipements des exploitations agricoles, la
promotion des Pôles d'émergence et des Domaines Agricoles Partagés
(DAP), la réalisation et la valorisation des aménagements agricoles, l‟appui
à la mise en marché des produits agricoles et maraîchers, le renforcement
de l‟accès des producteurs à des crédits agricoles adaptés à leurs besoins,
le développement des infrastructures de soutien à la production, la gestion
durable des terres et l‟ appui et la valorisation de la recherche agricole ;
ii.
améliorer le système de pilotage du sous-secteur agricole, par
le renforcement du dialogue entre l‟Etat, les organisations professionnelles
et les autres acteurs, le renforcement des capacités d‟intervention des
structures d'accompagnement, la mise en place d'un système harmonisé
de suiviévaluation sensible au genre, l‟élaboration et la mise en œuvre d‟un
schéma directeur des statistiques agricoles et l‟adoption d'une nouvelle
réforme foncière prenant en compte le cadastre rural et l'accès équitable
des acteurs à la propriété foncière.
2.3.1.5.2. Elevage
140.Le sous-secteur de l‟élevage revêt une importance capitale sur le plan
économique et social. En effet, ses grandes marges de progression devraient
permettre d‟accroître de manière considérable la productivité, les productions et les
revenus des éleveurs. Toutefois, cela suppose un changement d‟option et de
stratégie, à travers la sécurisation de l‟élevage pastoral et l'émergence
d'exploitations de type nouveau bien adaptées aux réalités des marchés. Ainsi,
l'orientation globale du sous-secteur est de satisfaire la demande nationale en
produits animaux et d‟assurer la promotion socio-économique des acteurs.
138.
38
Les objectifs stratégiques poursuivis par le sous-secteur de l‟élevage sont :
i.
améliorer la production, la productivité et la compétitivité de
l’élevage, à travers l‟intensification et valorisation de la production avicole,
l‟amélioration de la production du cheptel, le renforcement des
infrastructures et équipements pastoraux, la promotion d'unités modernes
de production animale, l‟amélioration des conditions de mise en marché
des sous-produits de l'élevage et la mise en place d'un système
d‟assurance pastorale ;
ii.
améliorer le pilotage sectoriel, avec l‟appui aux organisations
professionnelles, l‟amélioration du système de suivi-évaluation du
soussecteur de l'élevage, l‟amélioration du cadre législatif et réglementaire
et le renforcement des capacités d‟intervention des services techniques
compétents.
2.3.1.5.3.
Pêche et aquaculture
142.L‟objectif global est de faire de la pêche et l‟aquaculture un sous-secteur qui
continue d‟apporter une contribution importante à la croissance économique, au
bien-être et à l‟alimentation des populations par une gestion pérenne de la rente
halieutique et un développement accéléré de la production aquacole et la pêche
continentale.
143.Ainsi, le sous-secteur de la pêche et l‟aquaculture poursuit les objectifs suivants :
i.
gérer durablement la ressource halieutique à travers la mise en
œuvre des plans d'aménagement de pêcheries, la promotion de la
cogestion dans la pêche artisanale, la promotion d'une politique de
restauration et de repeuplement des écosystèmes dégradés et la régulation
de l‟accès aux ressources halieutiques ;
ii.
améliorer la production et la productivité de la pêche et de
l'aquaculture grâce à la promotion de l‟aquaculture vivrière et commerciale
durable, la facilitation de l‟accès au crédit pour les acteurs de la pêche et
de l'aquaculture, la mise en place d'infrastructures de base pour le
développement de la pêche continentale et l‟aquaculture et la promotion de
la recherche appliquée dans la pêche et l'aquaculture ;
iii.
valoriser la production halieutique et aquacole, par
l‟amélioration des conditions d'accès au marché et de la compétitivité de la
filière transformation industrielle, la création de plateformes d'incubation
des activités de transformation des produits de la pêche, l‟implantation de
laboratoires biotechnologiques dans les zones aquacoles et la
restructuration de l‟industrie de transformation des produits de la pêche.
2.3.1.5.4.
Hydraulique agricole
144.En plus du potentiel foncier, les ressources en eau sont d‟un niveau très
appréciable. Elles sont estimées à plus de 35 milliards de mètres cubes
renouvelables dont 31 milliards en eaux de surface (Fleuve Sénégal, Fleuve Gambie,
Casamance et la Kayanga) et 4 milliards en eaux souterraines. Ce bilan ne tient pas
compte des ruissellements non maîtrisés. Toutefois, le niveau de mobilisation des
141.
39
ressources en eau souterraine (jusque-là utilisées essentiellement pour satisfaire la
demande en eau potable) est de l‟ordre de 5,5%. Pour une meilleure visibilité dans le
diagnostic et dans la planification de la stratégie, les défis à relever dans le domaine
de l‟hydraulique rurale sont à rapporter à la faible valorisation des ressources en eau
pour la production agricole.
145.Le domaine de l‟hydraulique agricole poursuit l‟objectif de valoriser les eaux de
surface et souterraines pour les activités du secteur primaire, à travers la
protection des eaux douces de surface comme souterraines du sel marin et de la
pollution, la construction d'infrastructures hydro agricoles structurantes, le transfert
des excédents d'eau vers les zones sèches, la maîtrise de l'eau et valorisation des
aménagements
hydro-agricoles et la maîtrise de l'eau et valorisation des
aménagements hydroagricoles.
2.3.1.5.5.
Sécurité alimentaire
146.Afin de lutter contre l‟insécurité alimentaire, il faudra s‟inscrire à moyen terme
dans la dynamique d‟éradication de l‟extrême pauvreté et de la faim par la promotion
de l‟autosuffisance en riz, la diversification des produits alimentaires, l‟accessibilité
économique et physique et l‟utilisation des produits alimentaires. Ainsi, la politique de
sécurité alimentaire est liée à la modernisation de l‟agriculture et s‟intègre dans une
dynamique de développement rural qui comprend un volet important de promotion de
l‟irrigation. L‟amélioration de la productivité dans l‟agriculture est à stimuler
périodiquement par les investissements publics réalisés dans les infrastructures
rurales, la recherche et la vulgarisation agricoles, l‟irrigation et les incitations par les
prix, de façon à contribuer directement à la croissance économique, à la réduction de
la pauvreté et à l‟amélioration de l‟environnement des affaires, en milieu rural. Aussi,
la bonne nutrition et la santé résultent-elles de bonnes pratiques sanitaires et de
soins adéquats, ainsi que la consommation diversifiée d‟aliments sains.
147.Avec la formulation du Cadre Stratégique et d‟Impulsion pour l‟accélération de la
mise en œuvre des OMD, le plan d‟actions articulé aux initiatives en matière de
sécurité alimentaire et de nutrition va permettre d‟accélérer le processus de l‟atteinte
des OMD, à l‟horizon 2015. Ce cadre permettra de mieux orienter la mise en œuvre
de la SNDES, en levant les goulots d‟étranglement de la productivité du secteur
primaire et les contraintes de la nutrition. La Stratégie intègre la dimension régionale
de la sécurité alimentaire et du commerce transfrontalier de céréales afin de mieux
canaliser leur quantité et la contribution des pays limitrophes en cas de crise
alimentaire, à travers une bonne coordination des interventions.
148.Par ailleurs, l‟importation de riz malgré les dispositions idoines que constituent les
superficies de terres irrigables et les rendements élevés constitue un paradoxe. Le
pays reste dépendant d‟une agriculture sous pluie de faible productivité,
d‟infrastructures rurales encore à renforcer, de circuits de commercialisation des
produits vivriers encore à améliorer, d‟une économie rurale qui a besoin de nouveaux
gains technologiques et d‟un système de veille et d‟alerte précoce plus performant
dans la détection et la prévention des risques qui pèsent sur la production et les
marchés intérieurs comme extérieurs. Dans une optique d‟éradication de l‟extrême
40
pauvreté et de la faim, les interventions pourront se concentrer autour de la
recherche de l‟autosuffisance en riz, et
en produits alimentaires. Dans les secteurs contributifs, l‟accent sera mis sur
l‟amélioration des productions, le fonctionnement des marchés des produits vivriers et la
gestion de la qualité de l‟aide alimentaire.
149.Sur la période de mise en œuvre de la stratégie, les objectifs poursuivis sont :
i. renforcer le système de prévention et de gestion des crises
alimentaires, par l‟appui au renforcement de la sécurité alimentaire, le
renforcement du système d‟alerte précoce et du système d‟information sur les
marchés agricoles y compris l'utilisation du Cadre Harmonisé Bonifié.
ii. améliorer l’accès à une alimentation saine et nutritive avec la
promotion de la diversité alimentaire et le renforcement de la résilience des
couches vulnérables.
2.3.1.6.
Déploiement industriel et transformation agroalimentaire
150.L‟industrie agroalimentaire doit participer activement à l‟accélération de la
croissance, du fait des grandes potentialités agricoles du pays et des capacités
réelles et prouvées en matière de diversification des produits transformés d‟origine
aussi bien agricole qu‟halieutique et animale. Egalement, la confection textile et
l‟industrie automobile sont intégrées à la dynamique de déploiement industriel visée.
151.Ainsi, le déploiement industriel repose sur les objectifs stratégiques suivants :
i.
renforcer la compétitivité des industries, à travers l‟appui à
l'accès au financement des PMI et la mise à niveau des industries, la mise
en place d'un système de veille technologique, le renforcement de la
normalisation et de la culture de performance et l‟amélioration de l'offre de
services aux investisseurs ;
ii.
impulser le développement industriel endogène, grâce à la
polarisation spatiale du développement industriel, l‟implantation en milieu
rural et périurbain d'ateliers de production communautaires polyvalents,
l‟appui à la création de PMI de fabrication de matériels et outillages et
l‟amélioration du dispositif de suivi-évaluation de la politique industrielle.
iii.
améliorer la compétitivité de l'agro-industrie, par l‟appui au
développement d'unités et d'industries de transformation des productions
du secteur primaire, la promotion de l'agrobusiness dans la transformation
des produits locaux afin de créer un champion sous-régional, l‟appui à la
recherche agro-industrielle et agro-alimentaire et le renforcement des
capacités techniques et managériales des professionnels de la
transformation agroalimentaire.
2.3.1.7.
Mines et carrières
152.Le secteur des mines connaît un renouveau récent avec le démarrage de la
production d‟or, en plus des phosphates, et les perspectives associées à
l‟exploitation des gisements de fer. Pour la rentabilisation des activités minières, il
faut agir sur des leviers, en l‟occurrence, les infrastructures d‟accès aux sites miniers
41
et aux marchés, l‟accès à l‟eau, à l‟électricité, à des débouchés extérieurs et le
renforcement des capacités de transformation avant exportations.
153.Des réalisations importantes ont été faites. Mais, le sous-secteur a été marqué
par des contraintes liées à l‟insuffisance de moyens humains et matériels au niveau
de l‟administration minière et la complexité des obligations de formalisation des
orpailleurs, consécutivement à leur méconnaissance des textes réglementaires.
154.Le sous-secteur des mines poursuit les objectifs stratégiques suivants :
i.
accroître la production et améliorer la productivité des mines et
carrières, à travers le renforcement de l'implication du secteur privé
national dans l'exploitation des mines et carrières, l‟allégement des
procédures d‟instruction des titres miniers et autorisations, le renforcement
des infrastructures de soutien aux activités géologiques et minières et
l‟appui aux exploitants de carrière.
ii.
promouvoir la gestion participative et inclusive des activités
extractives, avec la création dans les régions à vocation minière des
clusters pour polariser les activités minières, l‟encadrement des populations
locales menant des activités minières, la réduction des effets de
l'exploitation des mines et carrières sur l'environnement et la santé des
populations locales, la promotion de la prospection minière et l‟amélioration
de la transparence dans la gestion des contrats.
iii.
renforcer la compétitivité du secteur minier par le renforcement
des acteurs du sous-secteur des mines.
2.3.1.8.
Promotion des autres services et secteurs de production
2.3.1.8.1.
Tourisme
155.Le tourisme est considéré comme un des secteurs clés de l‟économie nationale.
Son développement fait appel aux services et aux produits des sous-secteurs de
l‟agriculture, la pêche, l‟artisanat, la culture, les BTP et du transport. Il fait également
appel à la réalisation d‟infrastructures publiques structurantes pour un accès aux
sites touristiques, grâce au renforcement du réseau routier, de la vocation des gares
et ports et à une mise aux normes des aéroports. Donc, cette dynamique
multisectorielle peu valorisée nécessite de repenser le développement du tourisme
suivant une demande globale, avec une approche grappe et dans le cadre d‟un
partenariat public-privé efficace, associant les collectivités locales.
156.Au regard de la faible maîtrise de l‟impact économique du sous-secteur, l‟objectif
global du tourisme vise à améliorer sa visibilité et l‟attractivité de la destination
Sénégal en vue d‟accroître sa contribution au développement économique et social.
157.A cet effet, le sous-secteur poursuit l‟objectif stratégique de favoriser une
meilleure structuration et améliorer la qualité de l’offre touristique, grâce à la
diversification de l‟offre touristique de qualité à travers les potentiels régionaux et les
initiatives multisectorielles de développement communautaire durable,
l‟aménagement des sites de Pointe Sarène, Mbodiène, Joal Finio, Grande Côte, Iles
du Saloum, au développement d'infrastructures structurantes et d'espaces de loisirs
au niveau des sites touristiques, à la promotion d'un système de communication et
42
de marketing, la création des conditions favorables à l‟investissement privé et la
régulation de l'offre touristique.
2.3.1.8.2.
Artisanat
158. Pour permettre à l‟artisanat d‟apporter des revenus substantiels aux acteurs, les
politiques s‟articulent autour de l‟objectif stratégique suivant : moderniser l'artisanat et
rendre ses produits compétitifs, grâce au renforcement de la base productive et du
système d'approvisionnement en intrants et en équipements des artisans, à la facilitation
de l'accès au financement des projets artisanaux, au repositionnement de l‟artisanat sur
des niches de production à haute valeur ajoutée avec le développement d‟une stratégie
de « marques », à la maîtrise et la consolidation des circuits de commercialisation et au
renforcement des capacités des artisans y compris professionnalisation.
2.3.1.8.3.
Culture
159.Le diagnostic relève que ce sous-secteur est confronté entre autres au manque
de visibilité de l‟activité culturelle, au caractère informel de l‟activité, à la dégradation
de la production culturelle, à l‟absence d‟une structure de coordination, à
l‟insuffisance des moyens alloués et aux lenteurs administratives dans la mobilisation
des ressources. La politique à mettre en œuvre a pour objectif global d‟accentuer la
promotion de l‟expression de la diversité culturelle pour une meilleure lisibilité de
l‟importance économique et sociale de l‟activité culturelle dans le développement du
pays.
160.Ce sous-secteur poursuit les objectifs stratégiques suivants:
i.
accroître le volume et la qualité de la production culturelle, à
travers la construction et la réhabilitation d'infrastructures culturelles
structurantes, l‟amélioration de l'accès au crédit pour les porteurs de projets
culturels, le renforcement de l‟implication des privés dans la promotion
culturelle, la promotion de l‟industrie cinématographique, audiovisuelle et
de l'édition et la promotion des droits de la propriété intellectuelle et
artistique et lutte contre la piraterie ;
ii.
valoriser le potentiel culturel et les atouts naturels, grâce à la
création d'un fonds de solidarité pour la retraite des artistes ;
iii.
renforcer le pilotage du sous-secteur culturel, par la
déconcentration des services culturels, l‟organisation et mise à jour
régulière des statistiques culturelles et la professionnalisation des acteurs
culturels.
III/ Plan Sénégal Emergent 2014-2018
Le Sénégal fait face à des défis critiques qu'il entend relever et par-delà mener à bien ses
ambitions à travers un agenda de transformations économiques et sociales, pour se diriger sûrement
vers l'émergence. Pour s'inscrire dans cette dynamique de long terme, l‟Etat mise sur des valeurs
comme la vertu et la gouvernance au service du développement humain durable.
43
Ainsi, en 2035 la société sénégalaise serait caractérisée par une économie compétitive
soutenue par une croissance forte aux fruits mieux répartis, sur l‟ensemble du territoire ; une population
instruite, bien formée et engagée au niveau des communautés locales et nationale, une meilleure
qualité de vie; la paix, la stabilité et la démocratie ; la bonne gouvernance et l‟aménagement dynamique
et équilibré des territoires.
Pour y parvenir, le Gouvernement mise d‟abord sur le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui vise à
mettre en place d‟ici à 2023, un ensemble de projets structurants à fort contenu de valeur ajoutée et
d‟emploi. Pour l‟étape intermédiaire de 2018, la stratégie, est déclinée autour de trois axes stratégiques
: (i) Transformation structurelle de l‟économie et croissance ; (ii) Capital humain, protection sociale et
développement durable ; et (iii) Gouvernance, institutions, paix et sécurité. Aussi, l‟opérationnalisation
de la Stratégie exige la mise en place d‟un ensemble de réformes pour accélérer le processus de
transformation structurelle susceptible d'accélérer le décollage économique.
Cadre fédérateur des interventions et politiques pub liques, le PSE 2014-2018 prend comme
repère les orientations gouvernementales et le cadre d‟accélération des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) à l'horizon 2015. Cette présente Stratégie, cherche d‟abord à infléchir d‟ici à
l'horizon 2018, les tendances lourdes identifiées par la rétrospective socio -économique. Ensuite, elle
voudrait tenir compte des facteurs déterminants et enfin intégrer le jeu des acteurs révélé par la
participation des parties prenantes dans la mise en œuvre.
Conscient des défis et obstacles susceptibles actuels, le Sénégal mise sur ses atouts et
opportunités pour enclencher la marche vers l‟émergence. Il s‟agit, entre autres, de la stabilité politique
et la solidité des institutions ; la viabilité du cadre macroécono mique ; le potentiel démographique
résultant de la jeunesse de la population ; le potentiel de ressources agricoles et hydro -agricoles ; sa
position géographique stratégique ; de réelles potentialités naturelles sous -exploitées ; et le dynamisme
de sa diaspora.
La mise en œuvre du PSE sera alimentée par les politiques sectorielles et les Cadres de
Dépenses Sectoriels à Moyen Terme (CDSMT) qui s‟érigent en instruments opérationnels. A cela
s‟ajoutent les instruments innovants de financement de l‟économie, à savoir le FONGIP, le FONSIS, la
BNDE, la CDC ou la finance islamique. Cependant, le Plan d‟Actions Prioritaires (PAP 2014-2018)
dégage un besoin de financement additionnel de 2 964 milliards de FCFA à rechercher. Pour mobiliser
ce gap, le Sénégal organise un Groupe Consultatif les 24 et 25 février 2014 à Paris au siège de la
Banque mondiale.
Pilier 1 : Transformation structurelle de l‟économie et
croissance
La transformation de l‟agriculture servira de fer de lance à celle de la structure de l‟économie.
Ainsi ses effets économiques et sociaux seront amplifies par la modernisation graduelle de l‟économie
sociale, le développement du secteur des mines et de l‟habitat social ainsi que par la mise en place de
plateformes logistiques, industrielles et de services.
Ainsi, la transformation de la structure de l‟économie se fera selon les leviers suivants :
44
•
Le développement de l‟agriculture, de la pêche et de l‟industrie agroalimentaire répond
à une triple aspiration : i) Renforcer la sécurité alimentaire du Sénégal et rééquilibrer une balance
commerciale dégradée par les importations de produits alimentaires; ii) développer des filières intégrées
compétitives, à haute valeur ajoutée ; et iii) préserver les équilibres socioéconomiques et dynamiser
l‟économie rurale.
•
Le développement de l‟habitat social et d‟un écosystème de la construction répond à la
nécessité de résorber progressivement le déficit en logements s ociaux, estimé à 300 000 logements,
tout en créant une filière de la construction intégrée.
•
La modernisation graduelle de l‟économie sociale constitue le troisième et dernier
moteur sectoriel d‟inclusion et d‟emploi. Elle entend opérer une transition pro gressive et souple de ce
secteur vers l‟économie formelle, en augmentant la part des emplois formels.
•
L‟intérêt de développer le secteur des ressources minières et des fertilisants apparaît
multiple : i) rééquilibrage de la balance commerciale, ii) effet d‟entraînement sur le reste de l‟économie
(ressources fiscales, industrie, infrastructures), iii) contribution au développement social, en particulier
via les mines artisanales.
•
Faire du Sénégal un hub logistique industriel régional répond à une logique double : i)
capitaliser sur les atouts géographiques du pays en le positionnant comme porte d‟entrée de l‟Afrique
de l‟Ouest pour les corridors, en particulier pour le Mali ; et ii) amorcer un processus d‟industrialisation
indispensable au rééquilibrage pérenne de la balance commerciale.
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L‟aspiration du hub multi-services est de : i) faire de Dakar la plateforme régionale
tertiaire (sièges d‟entreprises et d‟institutions internationales, santé, éducation, loisirs) ; ii) positionner le
Sénégal dans le top 3 des pôles offshoring en Afrique francophone ; et iii) faire du Sénégal une
destination touristique de référence (3 millions de touristes).
En outre, le PSE promeut les autres services et secteurs de production. En effet de par ses
fonctions sociales et économiques, la promotion du sport et de ses activités connexes demeure une
priorité. Parallèlement, un accent sur le secteur de la culture pe rmettra de valoriser les potentialités du
Sénégal.
Pilier 2 : Capital humain, Protection sociale et Développement durable
La hausse de la productivité souhaitée est tributaire de la qualité de la main d‟œuvre employée.
Parallèlement à la mise à profit du dividende démographique, la Stratégie mise sur la promotion du
capital humain, de la protection sociale, de l‟économie verte et du développement durable.
En effet, le renforcement de la mise en œuvre et du suivi des politiques de population est
capital pour un développement humain durable. La promotion de l‟éducation repose entre autres sur la
mise en place d‟un cycle fondamental d‟éducation de base de 10ans, l‟amélioration de la qualité des
enseignements et des apprentissages, la promotion de la formation professionnelle orientée vers le
marché de l‟emploi ainsi que le développement d‟une gouvernance efficace, efficiente et i nclusive du
système éducatif. S‟agissant du domaine de la santé et de la nutrition, un accent particulier sera mis sur
l‟hygiène et la promotion d‟habitudes alimentaires saines. Par ailleurs, la promotion du partenariat
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public-prive, notamment a travers « Dakar Medical City », permettra une meilleure prise en charge des
constructions et exploitations des infrastructures de sante.
Par ailleurs, dans les domaines de l‟eau potable et l‟assainissement, la Stratégie souligne les
objectifs tels que l‟amélioration de l‟accès à l‟eau potable des populations en milieux urbain et rural, le
développement de l‟assainissement dans lesdits milieux, la promotion de la gestion intégrée et durable
des ressources en eau et de la bonne gouvernance sectorielle. L‟amélioration du cadre de vie repose
en partie sur l‟assurance d‟une meilleure planification et gestion de l‟espace des villes et autres
agglomérations et l‟amélioration de la qualité du cadre de vie en milieux urbain et rural,.
Dans l‟optique de consolider la protection sociale, le PSE mise sur le renforcement de la
sécurité sociale des travailleurs et des retraités, l‟amélioration des conditions socio -économiques des
groupes vulnérables ainsi que l‟extension de la protection sociale au secteur informel et aux groupes
vulnérables. Quant à la prévention et la gestion des risques et catastrophes, ses priorités concernent la
prévention et la réduction des risques majeurs de catastrophe et l‟amélioration de la gestion des
catastrophes naturelles. Les domaines du développement durable et de l‟environnement poursuivent les
objectifs que sont le renforcement des capacités de gestion de l‟environnement et des ressources
naturelles, la promotion de l‟économie verte ainsi que la réduction de la vulnérabilité des écosystèmes
par rapport aux effets des changements climatiques.
Pilier3 : Gouvernance, Institutions, Paix et Sécurité
Afin de consolider la paix et la sécurité, le PSE défini des objectifs stratégiques relatifs à la
construction de la paix et la cohésion sociale et le renforcement des moyens des forces de sécurité.
L‟amélioration de l‟accès, la qualité et l‟efficacité de la justice constituent la priorité dans l e domaine de
la promotion de l’Etat de droit, des droits humains et de la justice.
S‟agissant de l‟aménagement du territoire, du développement local et de la décentralisation, le
PSE vise : la promotion de la viabilité des territoires et des pôles de déve loppement et le renforcement
des capacités des collectivités locales. Dans le domaine de la gouvernance stratégique, économique et
financière, l‟amélioration de la gestion des finances publiques, la lutte contre la corruption et la
nontransparence ainsi que l‟amélioration de la gouvernance économique, restent des objectifs et des
pré-requis incontournables de la mise en œuvre du PSE.
Stratégie de mobilisation du financement de la stratégie
Partant de trois scénarios prévisionnels, le PSE arrime les choix d‟investissements publics,
dans un plan d‟actions prioritaires (PAP). Ainsi, le scénario de décollage du PSE traduit les nouvelles
aspirations qui mettent l'accent sur l'agriculture, l'énerg ie, les infrastructures structurantes et la
satisfaction de la demande sociale. Selon ce scenario, le montant total du financement du PSE 2014 2018 s‟élève à 10 287,6 milliards FCFA, dont 2 964 milliards en ressources additionnelles (1 853
milliards de FCFA auprès des PTF et de 1 111 milliards de FCFA du secteur privé).Pour la mobilisation
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des ressources additionnelles, l‟Etat privilégiera le respect de la viabilité de la dette publique et de ses
engagements internationaux. A cet effet, il optera essentiellement pour des prêts concessionnels et
impliquera le secteur privé, à travers des mécanismes de partenariat public-privé, dans le financement
des projets structurants.
Mise en œuvre et suivi-évaluation du PSE
La mise en œuvre du PSE repose sur le Plan d‟Actions Prioritaires retraçant les actions
majeures et l‟ensemble des instruments budgétaires et sectoriels. Le suivi et l‟évaluation de la mise en
œuvre reposeront sur un dispositif institutionnel et un cadre o pérationnel. Le dispositif institutionnel de
suivi comprend au niveau stratégique le Conseil présidentiel d‟orientation, le Comité national de pilotage
et la Commission parlementaire de suivi. Quant au niveau opérationnel, y figurent les comités
ministériels et les comités régionaux de suivi et d‟évaluation.
EN CONCLUSION : Le cadrage macroéconomique :
contraintes des finances publiques et endettement
La recherche d‟un cadre macroéconomique de qualité ne doit pas se limiter
systématiquement au rééquilibrage des finances publiques par la recherche effrénée
d‟une augmentation des recettes. Plusieurs actions ont été initiées, allant de
l‟élargissement de l‟assiette fiscale par la généralisation de la TVA aux actions visant
l‟amélioration du rendement fiscal. L‟amélioration des finances publiques, ces dernières
années, s‟est plus effectuée au détriment des comptes d‟exploitation des secteurs et des
entreprises.
Or, à chaque niveau de déficit public correspond un niveau d‟efficience de
l‟économie. Pour mieux s‟inscrire dans une dynamique de flexibilité, ce sont les finances
publiques qui devront s‟ajuster au reste de l‟économie.
Ainsi, la croissance des recettes fiscales devront provenir essentiellement d‟une
augmentation réelle de la production. De plus, en raison de leur rareté une fiscalité plus
favorable aux capitaux devra être promue.
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Par ailleurs, les prérequis de la concurrence pure et parfaite et son prolongement
vers le libre échange ne sont réunis nulle part à travers le monde. Les pays industrialisés
continuent sous diverses formes à subventionner leurs produits agricoles. La protection
demeure une exigence tant pour le secteur rural, soumis à des conditions défavorables
que pour l‟industrie qui doit pouvoir ménager sa transition. La définition d‟un espace
productif et commercial protégé sur la base de critères précis en termes de valorisation
des ressources nationales et d‟intégration sectorielle des activités demeure une priorité.
L‟Etat devra parachever son désengagement du secteur productif comme par
exemple le secteur de l‟électricité dans lequel la puissance des syndicats et la lourde
fiscalité sur le pétrole continue de peser sur le compte d‟exploitation des entre prises et
des secteurs. Par exemple, l‟électricité, pour le secteur touristique, représente plus de
15% des charges d‟exploitation. L‟Etat devra également poursuivre le renforcement des
politiques de la concurrence, la déréglementation qui réduit les situations de rente et
l‟approfondissement des mesures de libéralisation internes qui réduisent les coûts des
producteurs domestiques.
L‟amélioration de l‟efficacité de la justice par la réduction des délais de procédure
judiciaire et la refonte des textes régissant les marchés publics de l‟Etat pourront
renforcer la transparence dans la gestion des affaires publiques.
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