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l’économie globalisée, n’ont pas les moyens appropriés pour soutenir la
concurrence. Ils sont aspirés, balayés par la loi du plus fort. En vertu de sa logique
de concurrence et la suppression du protectionnisme, la mondialisation est un
processus de polarisation ou de marginalisation des pays sur base de leur puissance
économique et commerciale. C’est le règne de l’avoir où l’être n’a pas de place. La
compétition actuelle a pour centre de gravité le contrôle des ressources de
l’environnement et de la nature, des technologies de l’espace et de l’information, du
progrès scientifique et du commerce. Il s’agit des domaines où, faute de moyens et
en raison de la division du travail en vigueur, l’Afrique est simplement un acteur de
seconde zone.
b) Le domaine politique
Les institutions politiques constituent le second champ des implications du
processus de mondialisation en Afrique. La mondialisation économique requiert
une mondialisation politique, si pas de droit, au moins une polarisation politique de
fait. "A vin nouveau, outres neuves". Les nouvelles institutions économiques exigent
comme cadre de leur développement, des nouvelles institutions politiques, un autre
modèle de gestion des affaires publiques -au niveau national et international-
favorable à l’esprit du libéralisme. L’Etat africain, déjà fragilisé par nombre des
facteurs endogènes (voir Stephen Smith, La négrologie, pourquoi l’Afrique meurt, 2003),
voit sa souveraineté confisquée et sa sphère d’action réduite au profit de l’entreprise
privée et de la concurrence du marché. L’Etat africain est réduit à assurer
l’existence d’un environnement macro-économique, social et juridique propice au
développement de l’entreprise privée et du marché. En d’autres termes, l’Etat est
instrumentalisé au service du marché dont il est loin de contrôler les rouages.
Les programmes d’ajustement structurel sont, à ce propos, un outil politique
important ayant contribué, dans les années 1980-1990, à la transformation des Etats
africains en agences d’exécution des projets favorables à la mondialisation néo-
libérale. Les concepts de bonne gouvernance, de démocratie, de nouvelle
génération des leaders politiques ou de la prétendue lutte contre la corruption,
trouvent largement leur explication dans ce contexte.
c) Le secteur social
La mondialisation est une véritable machine d’intégration, de polarisation, de
hiérarchisation et surtout d’exclusion sociale. Il y a au cœur de cette dynamique un
réel processus d’appauvrissement et d’exclusion de pans entiers de populations
africaines des dividendes socio-économiques. Nombreux sont ceux qui, en vertu
des exigences de la nouvelle économie, sont projetés dans la précarité de l’emploi
ou le chômage. Les budgets pour les services publics, notamment l’enseignement
et la santé, sont chaque fois revus à la baisse. La mondialisation se présente ici
comme une source de conflits sociaux et politiques.