Le Mur de l´Atlantique
en Aquitaine 1940-1944
Peter GAIDA
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La France dans l´Europe d´Hitler
La France fut avec la Belgique le seul pays lequel Hitler
aurait vue de ses yeux. L´expérience des tranchées dans
le Nord de la France évacuée et détruite pendant la Pre-
mière Guerre mondiale marque profondément le jeune
Hitler, alors que la langue et la culture française lui de-
meurent étrangères. Son image de la France reste domi-
née par la guerre.
Issue de cette expérience, il développe dans l´entre-
deux-guerres une idéologie, fixée dans les deux tomes
de son ouvrage « Mein Kampf », qui anticipe tous les
buts de sa future politique : La révision du traité de
Versailles et la conquête de « l´espace vital à l´Est
» pour le peuple allemand. La seule possibilienvisa-
geable pour la reconquête des territoires perdus de-
meure une nouvelle guerre contre la France. En juin
1920, il écrit dans le premier tome : « (…) même si
nous sommes sans défense, nous ne craignons pas une
guerre contre la France ».
Dans son deuxième tome, il rectifie sa vision de l´avenir
de l´Allemagne. La reconquête de l´Alsace-Lorraine,
qualifiée désormais de « sottise politique », cède à
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l´idée d´ une « politique d´espace » : la conquête de
nouveaux territoires pour le peuple allemand dans le
monde. La France demeure un « ennemi héréditaire »,
dont il souhaite toujours la destruction, mais son rôle se
transforme d´un but à un moyen afin d´avoir les mains
libres pour une fin plus grande : La conquête de l´Union
soviétique. Bien avant d´accéder au pouvoir, il dessine
ainsi les lignes de sa politique pour deux nouvelles
guerres en Europe.
Avec son accès au pouvoir, Hitler entame la réalisation
de son programme politique guidé par son idéologie. La
conquête de la Tchécoslovaquie et de la Pologne, toutes
les deux alliées de la France, restent nécessaire afin
pouvoir entamer l´attaque contre la France, et une al-
liance avec l’Italie reste indispensable en vue une at-
taque de la Union soviétique.
Deux évènements mondiaux dirigent Hitler vers une al-
liance avec l´Italie. En mai 1936, l´Italie de Mussolini
entame la conquête de Abyssinie en Afrique. Hitler
soutient cette mainmise italienne sur l’Afrique et ob-
tient en contrepartie l´abandon italien d´une annexion
du Tyrol, territoire revendiqué par Mussolini. Le deu-
xième évènement, la guerre civile en Espagne, mènent
les deux dictatures vers un premier engagement com-
mun pour soutenir le putsch militaire du général Franco,
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aboutissant à un « axe Berlin - Rome », alors que la
France et l´Angleterre poursuivent une politique de
non-intervention : La guerre Espagne devient ainsi le
prologue de la Deuxième Guerre Mondiale.
Après le rapprochement avec l´Italie, Hitler signe le 23
août 1939 un pacte de non-agression avec Staline. Ain-
si, il écarte le danger d´une attaque soviétique pendant
sa guerre à Ouest, seule la Pologne reste encore à con-
quérir pour avoir le « dos libre ». Le 31 août, Hitler
signe sa directive n°1 pour l´attaque de la Pologne et
déclenche ainsi la Seconde Guerre mondiale. Le lende-
main commence attaque de l´armée allemande contre
la Pologne, et deux jours plus tard, la France et l´Angle-
terre déclarent la guerre à l´Allemagne. Quatre se-
maines plus tard seulement, la Pologne vaincue présente
sa capitulation pendant que les armées alliées demeu-
rent dans la défensive à la frontière allemande : C´est la
« drôle de guerre ».
Après dix mois d´attente, les chars allemands percent le
11 mai 1940 les lignes françaises dans les Ardennes et
parviennent en onze jours à traverser le Nord de la
France jusqu´à Calais. Ainsi, le front allié est coupé en
deux. Les six semaines suivantes, la Wehrmacht occupe
plus de la moitié de la France, et le plus grand pouvoir
militaire sur le continent est vaincu. Par la défaite fran-
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çaise, Hitler achève son premier but : La révision de la
défaite allemande de 1918 et la destruction de «en-
nemi héréditaire ». La victoire sur la France devient la
« plus grande victoire d´Hitler ».
Ensuite, il se tourne vers l´Angleterre. Puisqu´une en-
tente politique avec l´Angleterre reste inconcevable, Hi-
tler décide sa soumission par un débarquement sur l´île,
l´opération « Otarie ». Cependant, l´autre coté de la
Manche, les avions allemands se heurtent à un système
de défense anglais très efficace qui permet à l´aviation
anglaise de gagner la guerre dans air. En décembre
1940, Hitler doit déclarer que la « bataille aérienne de
Angleterre » est perdue, et que l´invasion de l´île est
abandonnée.
De ce fait, déjà en 1940, Hitler perd sa première ba-
taille. Il se détourne de l´Angleterre, imbattable dans
une guerre « éclair », et il entame les préparatifs pour sa
deuxième guerre, la conquête de « l´espace vital à
l´Est ». En décembre 1940, il signe sa directive no 21
pour une attaque contre l´Union Soviétique, l´opération
« Barbarossa ». Bien que la menace à l´Ouest ne soit
pas maitrisée, Hitler modifie de ce fait profondément sa
stratégie et prend le risque d´une guerre sur deux fronts.
Pour l´historien allemand E. Jäckel, ce changement
dans sa stratégie fut « la décision la plus lourde de con-
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