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L’origine arabe de certains noms d’étoiles (1)
Dans une prochaine série d’articles, nous aurons le plaisir de nous promener sur la voûte céleste en
compagnie de Faissal Bakkali Taheri, étudiant marocain en physique à l’UMH, avec lequel nous nous
entretiendrons des noms arabes des étoiles ; nous vous proposons en préambule un article introductif de ce dernier
qui vous permettra de mieux en apprécier l’origine.
Il est notoire que les noms d’un nombre important d’étoiles proviennent de la langue
arabe. Ils trouvent souvent leur origine dans le substrat culturel sémitique – que l’on peut
rapprocher de celui des Araméens, Hébreux ou Akkadiens (suivant la classification établie par les
assyriologues, on peut joindre à ces derniers les Babyloniens et Assyriens). Mais on y décèle aussi
une influence hellénique très antérieure aux premières traductions d’œuvres grecques dans le
monde musulman ; celle-ci remonte en effet au processus d’hellénisation d’une très grande partie
du Moyen-Orient, amorcée par les conquêtes d’Alexandre le Grand au quatrième siècle avant J.-
C., et qui va se poursuivre pendant plusieurs siècles.
Cette influence est en particulier visible chez certains des peuples arabes du début de
notre ère. C’est par exemple le cas des Nabatéens, dont le royaume, qui recouvrait le nord de
l’Arabie, la Jordanie et une partie du sud de la Palestine
(de Jéricho au désert du Néguev inclus), s’est développé
du
IV
e
siècle av. J.-C. au
I
e
siècle après J.-C. ; leur capitale
Pétra (en Jordanie) connaîtra un développement florissant
jusqu’à l’annexion de toute la région par Trajan en
l’an 106 de l’ère chrétienne. L’exemple du royaume
nabatéen a une double importance : il montre que,
contrairement à une idée reçue, les Arabes ne sont pas
apparus subitement avec l’Islam sur la scène moyen-
orientale voici quatorze siècles, mais qu’ils y jouaient déjà
un rôle, certes mineur, avant cette date ; et que l’influence
de la culture grecque était déjà une réalité : la domination
romaine ne l’évincera d’ailleurs pas, mais tendra à s’y
superposer.
L’apparition de l’Islam au début du
VII
e
siècle est
cependant une époque charnière. Nous venons de voir
qu’il existait déjà des peuples arabes hors de l’Arabie, et c’est précisément à cette période qu’ils
vont jouer un rôle crucial. À l’époque, les deux grandes puissances sont Byzance et la Perse
Sassanide. Elles sont séparés par deux états-tampons, qui sont précisément deux royaumes
arabes : celui des Ghassanides, qui occupent la Palmyrène (en Syrie) et une partie de la Palestine –
ce royaume est le vassal de Byzance ; et le royaume lakhmide, situé sur le moyen-Euphrate et
vassal de la Perse. Même si chacun de ces royaumes est plus ou moins loyal à son suzerain,
frictions et révoltes ne sont pas rares. Ainsi, les Byzantins sont perçus par les Ghassanides
Pétra, la capitale des Nabatéens.