au quotidien
34 Transversal n° 61 novembre/décembre 2011
par Kheira Bettayeb
qui secrètent l’insuline », précise Patrick Vexiau. Outre
les causes spécifiques aux PVVIH, des facteurs de risque
communs à la population générale entrent aussi en jeu :
l’âge, le surpoids et l’obésité, le sexe masculin et une
prédisposition familiale.
Comment prévenir ? En se faisant dépister et en luttant
contre les facteurs de risque. « Le dépistage annuel est
très important, souligne David Zucman, infectiologue à
l’hôpital Foch (Suresnes). Il faut s’inquiéter dès que la
glycémie à jeun atteint 1 g/L, et non 1,26 g/L, quand le
diabète est déjà là. Plus on s’en occupe tôt, plus c’est
réversible. » En cas de « prédiabète » ou de « syndrome
métabolique », il faut absolument arrêter le tabac et sur-
veiller son alimentation avec un(e) diététicien(ne). Avant
tout, diminuer les apports en graisse (fromage, charcu-
terie, beurre,…), aliments beaucoup plus caloriques que
les sucres lents (féculents, pain). « Abaisser ses apports
caloriques permet de lutter contre la graisse au niveau
du ventre et améliore la sensibilité à l’insuline », explique
David Zucman. Il faut pratiquer une activité sportive. « Son
bénéfice a pu être démontré chez les patients séroposi-
tifs », indique le rapport Yeni 2010. « Le sport stimule la
consommation de sucre par les muscles sollicités et aug-
mente la sensibilité de l’organisme à l’insuline », précise
David Zucman. Enfin, les antirétroviraux à risque peuvent
être remplacés par d’autres (comme l’atazanavir).
Définition du DT2
Le diabète de type 2 (DT2) est une maladie chro-
nique survenant lorsque l’organisme ne secrète
pas assez d’insuline et est moins sensible à l’ac-
tion de cette hormone. Normalement, cette molé-
cule fabriquée par le pancréas favorise l’entrée
du glucose (un sucre) dans les cellules et abaisse
ainsi le taux de sucre dans le sang (glycémie).
Mais dans le cas du DT2, cette insuline dysfonc-
tionne : « Plusieurs facteurs spécifiques ou non à
l’infection par le VIH peuvent induire une insu-
linorésistance, c’est-à-dire que l’insuline peine
à faire entrer le sucre dans les cellules, précise
David Zucman. La sécrétion d’insuline va alors
augmenter pour essayer de “forcer” l’entrée du
sucre dans les cellules afin de maintenir une gly-
cémie normale. Mais, à la longue, cette mesure
ne suffit plus, le pancréas s’épuise, la sécrétion
d’insuline chute et le sucre s’accumule dans
le sang (hyperglycémie). Lorsque la glycémie
atteint ou dépasse 1,26 g/L, c’est le diabète. »
Contacts
Actions Traitements
www.actions-traitements.org
Ligne d’écoute thérapeutique :
+33 (0)1 43 67 00 00
(du lundi au vendredi de 15 h à 18 h)
Pour aller plus loin
Rapport Yeni 2010 : téléchargeable
gratuitement sur www.sante.gouv.fr
Autosurveillance de sa glycémie
Toute personne diabétique peut surveiller sa gly-
cémie seule, avec un système facile d’utilisation.
L’objectif est d’assurer une surveillance régulière,
dans la vie quotidienne. Les gestes, simples, seront
appris avec un médecin traitant ou un diabéto-
logue : le sang est prélevé après une petite piqûre
quasi indolore au bout d’un doigt, avec un appareil
spécial « autopiqueur ». Une goutte est déposée
sur une bandelette ou une électrode insérée dans
un lecteur de glycémie. En France, il existe une
quinzaine de lecteurs sur le marché. Le prix moyen
d’un lecteur est de 60 €, celui de 50 bandelettes
20 €. L’ensemble est intégralement remboursé,
dans la limite de 200 bandelettes par an pour les
diabétiques sans insuline.
Comment « guérir » ? « Le diagnostic d’un diabète doit
conduire, le plus tôt possible, à une consultation en dia-
bétologie », souligne le rapport Yeni. Orchestré par un
diabétologue, le suivi est identique à celui de tous les
diabétiques : en plus des recommandations de prévention
cardio-métaboliques (lire ci-dessus), les patients diabé-
tiques devront bénéficier d’examens complémentaires et
adaptés à réaliser tous les ans, voire tous les trois mois
pour certains. Pour ce qui est du traitement même, il se
base, comme celui des diabétiques séronégatifs, sur des
antidiabétiques oraux permettant d’abaisser la glycémie
(metformine, sulfamides,…). Mais du fait de la prédomi-
nance de l’insulinorésistance dans la physiopathologie du
diabète associé au VIH, le traitement sera débuté par une
ou plusieurs molécules insulinosensibilisatrices, comme
la metformine. Et si le diabète est pris en charge trop tard,
il faudra deux à trois injections d’insuline par jour.