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POLLUTION ATMOSPHÉRIQUE N° 217 - JANVIER-MARS 2013
ARTICLES - Recherches
3.2.2. Résultats obtenus autour des sites silos
céréaliers à l’émission
Les mesures effectuées sur les sites des silos dans
le nuage de poussières lors du chargement d’un
navire céréalier, indiquent nettement:
• la présence d’insectides à des concentrations
très largement au-dessus des limites de détection.
Celui qu’on trouve en quantité la plus importante –
à des concentrations comprises entre 18 et 80 ng/
m3 – et le plus fréquemment est le malathion (utilisé
pour le stockage des céréales, interdit à la vente
depuis 2008, mais autorisé jusqu’à écoulement des
stocks), ensuite la deltamethrine sur l’un des sites
(Silo 1) en 2008. À titre de référence, le malathion a
été mesuré sur des sites de proximité des silos 1, 2
et 3 à Quenneport en mai 2004 et à Dieppedalle en
août 2004, chez des riverains qui hébergeaient les
appareils de prélèvements. Plusieurs prélèvements
ont été faits sur chaque site d’une durée de 2 à 4
jours. Des concentrations de malathion de 1 à 35
ng/m3 ont été enregistrées à Quenneport. Des
concentrations de malathion de 1 à 51 ng/m3 ont
été enregistrées à Dieppedalle (cf. rapport d’étude
numéro 04-07 d’Air Normand);
• l’absence d’herbicide en grande quantité;
• la présence de fongicides (folpel et chlorothalonil).
Les fongicides n’étaient pas analysés en 2008 (mis
à part une substance). On dispose donc seulement
des prélèvements sur les sites Silo 3 et Silo 2 en
2009.
3.3. Résultats des dosages de mycotoxines
Les analyses de mycotoxines ont été réalisées par
le laboratoire SGS (Saint-Étienne-du-Rouvray).
Il n’a pas été détecté de concentrations de myco-
toxines supérieures aux limites de détection analy-
tiques dans les prélèvements effectués au cours de
l’année 2008. Ce qui nous avait conduits à n’effectuer
que des prélèvements en TSP au cours des cam-
pagnes de prélèvements en 2009.
Dans le prélèvement réalisé au silo 3 le 24 juin 2009
pour une coupure granulométrique TSP, il a pu être
détecté une concentration supérieure aux limites de
quantication de la méthode de mesure pour l’Ochra-
toxine A, avec une concentration de 9 ng/ltre qui cor-
respond à 0,09 ng/m3 d’air compte tenu du volume d’air
ltré (99 m3). Cette concentration est nettement plus
faible que celle rapportée par Selim et al. (1998) qui a
mesuré lors de la récolte et le déchargement de grains
de maïs des concentrations en mycotoxines dans l’air
comprises entre 5 et 421 ng/m3. Les autres prélève-
ments n’ont pas permis de détecter des teneurs en
mycotoxines supérieures aux seuils de détection ana-
lytique. Cette faible présence de mycotoxines dans le
panache de poussières céréalières lors du chargement
est sans doute le signe d’une bonne conservation des
grains au cours du stockage, mais ceci devrait être plus
directement conrmé par des analyses directes des
mycotoxines d’échantillons de blés. Sur ce point, l’ab-
sence de mycotoxines au-dessus du seuil de détection
analytique n’a pu être vériée que sur un unique échan-
tillon de blé (le 24/06/2009 silo 3), le seul qui a été pré-
levé directement au cours des campagnes.
Ces données pourront être rapprochées des résul-
tats de la ore fongique.
3.4. Résultats pour les micro-organismes
• Les analyses dans l’air des levures-moisissures
et des bactéries ont été réalisées par le laboratoire
LMSM (Laboratoire de Microbiologie Signaux et
Microenvironnement) à Évreux.
• La population bactérienne est équivalente en
concentration à celle des levures-moisissures en hiver
dans l’air urbain. Par contre, au niveau des nuages
de poussières, la ore bactérienne est globalement
plus importante que la ore fongique. Globalement,
les concentrations en micro-organismes sont
plus importantes dans l’air chargé de poussières
céréalières, que dans l’air urbain (gures 5 et 6).
De façon générale, il est connu que les moisissures
peuvent poser problème à cause des mycotoxines,
de leur pathogénie ou de leur pouvoir allergène.
Globalement, les genres Penicillium et Cladosporium
sont présents sur tous les sites et de façon majori-
taire. Concernant les espèces potentiellement pro-
blématiques, il y a la présence dans l’air urbain ou
au niveau des panaches de poussières d’Aspergil-
lus avus, et de quelques espèces préoccupantes de
Penicillium. Fusarium section Discolor n’a été détecté
qu’au niveau d’un silo.
Tout d’abord, ces espèces sont capables de produire
des mycotoxines à savoir des aatoxines (Aspergillus
avus), du déoxynivalénol, de la zéaralénone (Fusarium
section Discolor) et de l’ochratoxine A (Penicillium).
Mais les résultats ont montré que la présence de ces
souches n’est que rarement associée avec la présence
de mycotoxines dans l’air. D’autre part, Aspergillus
avus est la cause de nombreuses maladies de type
respiratoire chez les personnes immunodéprimées.
De plus, parmi les genres de moisissures trouvées,
Penicillium, Cladosporium, Alternaria et Aspergillus
sont responsables d’allergies au niveau respiratoire,
mais aucun dosage de molécules allergènes n’a été
effectué dans le cadre de cette étude.
Au nal, pratiquement les mêmes espèces préoccu-
pantes sont globalement présentes dans l’air urbain et en