INSTABILITÉ
DES GÉNOMES
VÉGÉTAUX
pages 2,3
I. De la téosinte au maïs
La téosinte est une espèce très buissonnante,
domestiquée vers 9 000 av. J.C., qui a commencé à
ressembler au maïs actuel (sept à huit rangées d’une
quinzaine de grains chacun) vers 4 400 avant J.C. avant
d’évoluer vers des types très différents.
La domestication du maïs a été très rapide. En moins
de 3 000 ans, des maïs primitifs ont été cultivés, les
épis comptant déjà une cinquantaine de graines, contre
une dizaine pour la téosinte. Des études ont montré
que cette domestication semble être passée par un
goulot d’étranglement, avant de s’ouvrir vers une
nouvelle variabilité. Il y a également eu une sélection
allélique très précoce. Dès 2 500 av. J.C., nous sommes
passés au maïs moderne, avec une très forte réduction
allélique sur les principaux gênes.
A partir de cette domestication, la culture du maïs s’est
propagée vers l’Amérique du Nord et vers l’Amérique
du Sud, avec d’importantes variations liées aux écarts
de température, les cycles étant deux fois plus longs
dans le Nord que dans le Sud. Les grains cultivés dans
les zones septentrionales de l’Amérique du Nord sont
dits « cornés » (Northern Flint) et ceux cultivés plus au
sud, « dentés ».
II. L’origine des maïs
européens
La culture du maïs aurait été introduite en Espagne par
Christophe Colomb avant de se développer dans les
autres pays européens, mais certains généticiens
soupçonnent l’existence d’autres trajets. Un travail
réalisé sur une centaine de lignées européennes a, en
effet, montré que la diversité des maïs européens était
incluse dans la diversité des maïs américains, avec des
similitudes très fortes entre les maïs du sud de
l’Espagne et des Caraïbes, les maïs d’Europe du Nord et
le Northern Flint, les maïs d’Italie et d’Amérique du
Sud, avec enfin un groupe original dans les Pyrénées.
L’analyse des fréquences alléliques montre donc que le
maïs européen ne serait pas seulement venu des
Caraïbes. Les résultats de l’analyse moléculaire
suggèrent même une forte contribution du matériel
Northern Flint que l’on retrouve tel quel en Europe du
Nord et qui a donné naissance, après hybridation, aux
variétés traditionnelles des latitudes moyennes.
Qui a pu ramener ces espèces en Europe ? Peut-être les
expéditions françaises du XVIème siècle (Verrazano,
Cartier…), sans doute aussi les expéditions espagnoles.
Ces expéditions ont probablement chargé du maïs pour
leur voyage de retour mais nous n’avons
malheureusement aucune trace écrite de son
introduction en Europe.
L’adaptation du maïs en Europe du Nord n’est donc pas
le résultat d’un lent processus de migration mais d’une
arrivée de matériel plus précoce.
III. Quelques exemples de
variabilité allélique
La recherche du polymorphisme allélique permet de
trouver de très fortes similitudes, mais aussi des
différences entre espèces. L’étude de la voie de
biosynthèse de la lignine – qui dépend de nombreux
facteurs (développement, stress, attaques
microbiennes, attaques pathogènes, chocs thermiques)
– sur une trentaine de lignées a par exemple révélé un
nombre très important d’haplotypes. D’autres exemples
sur des caractères différents (longueur du cycle
végétatif, qualité du grain…) ont également montré,
COMMISSION DU
Génie BIOMOLÉCULAIRE
VARIABILITÉ ALLÉLIQUE CHEZ LE MAÏS
ALAIN TOPPAN
BIOGEMMA
I
docgénome2004bis 24/05/05 12:16 Page 2