Le cas des mines de fer de Lorraine
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L’Institut a une expérience riche dans l’analyse et le suivi de l’ennoyage des anciennes mines
de fer de Lorraine. En tant que membre du GISOS
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, l’INERIS a participé à plusieurs études
(analyses de laboratoire, expérimentation in situ, modélisations…) dont certaines conclusions
portent sur l’impact des eaux souterraines sur le comportement des massifs rocheux.
• La baisse de la résistance à la compression du minerai de fer en fonction de son degré
de saturation est voisine de 50% pour une humidité relative passant de 80 à 100%.
• Une accélération nette des déformations intervient lorsque l’humidité relative passe de
90% à 100% (ennoyage total des échantillons analysés). En conditions saturées, on
constate une plus grande propension à la rupture de l’échantillon à long terme.
• Lors d’expérimentations in situ (ennoyage artificiel de deux piliers isolés par des murs de
coffrage), les méthodes d’auscultation ont mis en évidence une progression de la frange
des terrains « déconsolidés » en bordure de piliers entre la fin et le début de l’ennoyage.
• Les dégradations induites par l’ennoyage concernent les secteurs déjà dégradés
préalablement ou dans lesquels on observe la présence de minéraux sensibles à l’eau.
L’effondrement de la carrière de Lorroy (Seine et Marne)
Un bon exemple d’interactions entre les instabilités d’ouvrages souterrains et les phénomènes
climatiques exceptionnels est illustré par les crues catastrophiques de janvier 1910 qui
affectèrent l’Ile-de-France et dont c’est l’anniversaire cette année. Le 21 janvier 1910, la carrière
de craie de Lorroy, près de Château-Landon (Seine et Marne) s’est effondrée, en lien direct
avec la crue d’un affluent de la Seine, le Loing, faisant 7 morts et 7 blessés.
Les témoignages d’époque ont souligné la remontée brutale d’eau dans les galeries, jusqu’alors
sèches, le matin de la catastrophe. La nature du matériau (très forte sensibilité de la craie à
l’eau) semble avoir joué un rôle majeur dans le déclenchement de certaines zones
d’effondrement proches des entrées.
L’INERIS effectue actuellement un travail d’analyse en retour d’expérience, en étroite
collaboration avec le Laboratoire Régional de l’Est Parisien, pour mieux comprendre les
mécanismes qui ont joué dans la catastrophe de 1910.
La remontée des nappes en Picardie en 2001
Dans le cadre de l’élaboration de Plans de Prévention des Risques Naturels (Courcelles
Epayelles…), l’INERIS a étudié le rôle de la remontée exceptionnelle des nappes du plateau
picard, au printemps 2001, dans les effondrements d’habitations de plusieurs communes du
nord de la France (Artois, Picardie, Normandie…).
Les phénomènes d’effondrement de ces habitations, sous-minées par des cavités à faible
profondeur situées en partie dans la craie, étaient dus à la perte de résistance des structures
(toit des cavités, soutènements maçonnés) à l’occasion de grands événements pluvieux ayant
conduit à la remontée exceptionnelle de la nappe phréatique. Lors des études techniques
postérieures réalisées pour la mise en place de PPRN, les observations ont mis en évidence
que la saturation des sols avait affecté des couloirs de fracturation naturelle karstifiés, dans la
craie, au droit des vallées sèches.
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M. Ghoreychi,
Coupled processes involved in post-mining
, Invited Lecture, Proc. of the Intenat. Symp. EUROCK2006, 9-12 mai
2006, Liège (Belgique), A. Van Cotthem, R. Charlier, JF. Thimus, JP. Tshibangu (Eds), Tayler and Francis 2006, London, pp. 45-53.
Wassermann, J., Senfaute, G., Homand, F., Amitrano, D., 2004.
Auscultation microsismique de l'ennoyage du site expérimental de
Tressange - Bassin ferrifère lorrain
. Journées Nationales de géotechnique et de géologie de l'Ingénieur (JNGG), Lille, 28-30 juin
2004, 425-434. Souley, M., Thoraval, A., 2004.
Modélisation hydromécanique de l'ennoyage partiel d'un site expérimental dans une
mine de fer de Lorraine
. Journées Nationales de géotechnique et de géologie de l'Ingénieur (JNGG), Lille, 28-30 juin 2004, 493-502.
INERIS,
Rapport de synthèse de la mission d'expertise Internationale sur l'ennoyage ou le non-ennoyage du bassin nord ferrifère
lorrain
. Rapport référencé INERIS-DRS-01-27861/R02 daté du 23 novembre 2001.
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Groupement d’Intérêt Scientifique sur la sécurité des Ouvrages Souterrains, qui comprend l’INERIS, le Bureau de Recherches
Géologiques et Minières (BRGM), l’Institut National Polytechnique de Lorraine (INPL) et l'École Supérieure Nationale des Mines de
Paris (ENSMP). www.gisos.org.