Médecine
& enfance
janvier 2010
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toires bien équipés et entraînés, sont
particulièrement gourmands en sang
(20-30 ml/substance), et ne sont pas
remboursés par la Sécurité sociale. En-
fin, et malgré d’importants progrès ré-
cents, la sensibilité et la spécificité de
ces tests restent faibles pour la grande
majorité des médicaments, et des faux
positifs sont fréquemment observés
chez des patients atteints d’une authen-
tique HSI médicamenteuse. De ce fait,
en pratique courante, les indications de
ces tests sont très limitées.
TESTS DE
PROVOCATION/RÉINTRODUCTION
Lorsque les TC et les tests in vitro ne
sont pas fiables, ne peuvent pas être ef-
fectués (dermatose étendue, traitements
antihistaminiques ou corticoïdes au long
cours, insuffisance rénale chronique,
etc.), ne peuvent pas être interprétés
(hyporéactivité cutanée ou dermogra-
phisme) ou sont négatifs malgré une
histoire clinique évocatrice, les TP repré-
sentent le seul moyen qui permet avec
certitude de confirmer ou d’infirmer le
diagnostic d’HS médicamenteuse.
Ces tests doivent être effectués en mi-
lieu sécurisé (milieu de type hospitalier
disposant de moyens de réanimation)
lorsqu’ils sont proposés à des patients
ayant présenté des réactions (potentiel-
lement) graves de chronologie immé-
diate ou accélérée. Certaines équipes
font aussi effectuer les TP à domicile,
sur plusieurs jours consécutifs, chez les
patients ayant présenté des réactions
peu graves de chronologie retardée. Ces
patients doivent disposer d’un plan
d’action et d’une ordonnance pour trai-
tement d’urgence en cas de réaction.
Quelles qu’en soient les modalités, les
TP sont en principe formellement
contre-indiqués chez les patients ayant
présenté des réactions graves (toxider-
mies potentiellement sévères notam-
ment) et/ou à des médicaments jugés
inutiles ou peu utiles et pour lesquels il
existe des traitements alternatifs effi-
caces. Chez ces patients, les tests de ré-
introduction sont donc effectués avec
des médicaments de la même famille,
censés ne présenter aucune réactivité
croisée avec les médicaments accusés.
CONCLUSION:
ATTITUDE PRATIQUE
Les enfants rapportant des réactions
plus ou moins évocatrices de toxidermie
doivent faire l’objet d’un bilan allergolo-
gique. Ce bilan est essentiellement basé
sur un interrogatoire détaillé, des TC,
lorsqu’ils sont réalisables et validés, et,
éventuellement, un TP, s’il est justifié.
La place des examens biologiques est
très limitée. En pratique :
➜chez les enfants rapportant des réac-
tions anaphylactiques et des réactions de
chronologie immédiate, tous les médica-
ments ou substances biologiques appar-
tenant à la même famille chimique doi-
vent être, au moins temporairement,
contre-indiqués, car il existe un risque
élevé de réactivité croisée (sauf pour les
macrolides). Un bilan allergologique,
comportant des TC avec les substances
suspectes et avec d’autres substances de
la même classe et de classes différentes,
et un TP (si justifié) doivent absolument
être effectués pour confirmer ou infir-
mer le diagnostic d’allergie médicamen-
teuse et pour déterminer si l’enfant est
sensibilisé à une ou plusieurs (classes
de) substances de la même famille ;
➜chez les enfants rapportant des urticaires
et/ou angio-œdèmes non immédiats et
sans gravité, il est aussi recommandé d’ef-
fectuer un bilan allergologique. Le risque
pour l’enfant d’être réellement allergique
et, si tel est le cas, le risque de réactivité
croisée étant relativement faibles, il est
en principe possible, dans l’attente du bi-
lan, de prescrire des médicaments de la
même famille mais d’une autre classe que
celle qui est suspectée ;
➜chez les enfants rapportant une pseu-
do-maladie sérique, la valeur diagnos-
tique des TC à lecture non immédiate
est discutée. Généralement, on considè-
re que, que les TC soient positifs ou né-
gatifs, il faut contre-indiquer définitive-
ment la substance suspecte, les autres
substances de la même classe et
d’autres classes étant autorisées. Cepen-
dant, diverses études ont montré que la
majorité des enfants ayant des TC à lec-
ture non immédiate négatifs tolèrent
parfaitement les TP effectués à dose
thérapeutique pendant 7 à 10 jours, en
dehors de tout épisode infectieux, avec
le médicament suspect (bêtalactamines
notamment) ;
➜chez les enfants rapportant un EP ou un
SSJ, lorsque le diagnostic d’infection
(mycoplasmes, HSV, coxsackies, etc.) a
été éliminé ou n’a pas été effectué, il est
possible d’effectuer des IDR à lecture
non immédiate et des patch-tests. Ce-
pendant, la négativité des tests n’exclut
pas le diagnostic d’HS non immédiate,
et l’on considère que les médicaments
suspects doivent être définitivement
contre-indiqués. Cependant, dans notre
expérience, la majorité des enfants rap-
portant un EP ou un SSJ et ayant des TC
négatifs ont toléré les TP, sur plusieurs
jours, à dose thérapeutique usuelle ;
➜chez les enfants rapportant des réac-
tions à type de NET, DRESS et PEAG, les TC
à lecture non immédiate peuvent aussi
être effectués. Toutefois, comme dans le
cas de l’EP et du SSJ, la négativité des
tests n’exclut pas le diagnostic d’HS mé-
dicamenteuse. Les TP sont formellement
contre-indiqués, compte tenu du risque
de récidive grave, et les molécules sus-
pectes et de structure proche sont défi-
nitivement contre-indiquées ;
➜dans les autres cas, comme les érup-
tions bénignes non identifiées et les RMP,
les TC sont probablement inutiles, et le
diagnostic d’HS médicamenteuse est gé-
néralement infirmé sur la tolérance des
TP, effectués à domicile pendant plu-
sieurs jours consécutifs. Cependant, il
est recommandé d’effectuer des TC chez
les rares enfants récidivant lors du TP.
En principe, le bilan devrait être effec-
tué dans un délai de six semaines à un
ou deux ans après la réaction (présu-
mée) allergique, ne serait-ce que pour
conserver une anamnèse fiable, même si
les sensibilisations retardées aux médi-
caments et substances biologiques sont
plus durables que les sensibilisations im-
médiates et peuvent être détectées de
nombreuses années après la réac tion.
Enfin, chez les enfants chez lesquels une
HS allergique ou non allergique aux mé-
dicaments est prouvée par la positivité
du bilan allergologique ou est haute-
ment probable, malgré la négativité de
ce bilan, la prévention des récidives re-
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