des formes chroniques classiques de la
maladie, d’autres des formes sévères à évolu-
tion rapide, ou encore des personnes infectées
ne présentant aucun symptôme de la trypano-
somose humaine africaine, malgré une longue
période d’infection. Cette diversité de présen-
tation clinique de l’hôte à l’infection peut avoir
plusieurs origines : la capacité de l’hôte à
répondre à l’infection, le degré de virulence ou
de pathogénicité du parasite et l’environnement.
Une équipe de l’IRD s’est penchée en parti-
culier sur le rôle de la diversité génétique de
l’hôte dans la réponse à l’infection par T. b.
gambiense (développement ou non de la mal-
adie). L’expérimentation humaine étant
exclue, des méthodes génétiques, épidémio-
logiques et statistiques, regroupées sous le
terme d’épidémiologie génétique, ont été
développées pour identifier des régions
chromosomiques et/ou des mutations de
l’ADN impliquées dans le développement de
la maladie.
Les chercheurs ont notamment utilisé les étu-
des d’associations, afin de déterminer l’in-
fluence de certaines mutations sur l’ADN de
gènes codant pour des protéines particulières
du système immunitaire (les cytokines) dans
l’apparition de la maladie. Ce type d’étude
consiste à comparer la fréquence d’une muta-
tion chez des individus atteints et chez des
individus sains. Lorsque la fréquence d’une
mutation est significativement plus élevée
chez les individus malades que chez les indi-
vidus sains, cette mutation est associée à un
risque plus élevé de développer la maladie. À
l’inverse, une fréquence significativement plus
faible traduit un effet protecteur de la mutation.
Les deux études réalisées dans deux
foyers distincts de la maladie, respective-
ment à Sinfra en Côte d’Ivoire et à Bandundu
en République Démocratique du Congo (1),
ont en effet mis en évidence trois associations
entre une mutation de l’ADN et le développe-
ment de la maladie. Suivant leur position sur
certains gènes de cytokines, les mutations
étudiées se sont révélées capables d’induire
chez l’individu qui les porte un risque accru de
développer cette trypanosomose humaine, ou
au contraire un effet protecteur (2).
Les associations mises en évidence entre
ces mutations et la maladie nécessitent d’être
confirmées dans des populations et des envi-
ronnements différents. De nouvelles études,
d’épidémiologie génétique notamment, sont
actuellement mises en place afin de valider les
effets de prédisposition génétique déjà obser-
vés. Les résultats obtenus vont permettre
d’améliorer la connaissance des interac-
tions entre l’hôte et le parasite, notamment
par l’identification de marqueurs génétiques
de risque. Il sera alors possible d’envisager, à
plus long terme, la mise au point de moyens ori-
ginaux de lutte contre la maladie du sommeil.
(1) L’étude ivoirienne a porté sur 200 sujets atteints
et 302 sujets non atteints. L’étude menée en
République Démocratique du Congo comprenait
353 sujets dont 135 malades.
(2) L’étude ivoirienne suggère que les individus
porteurs de la mutation A (substitution d’une base
cytosine par une adénine), située en position -592
du gène codant l’Interleukine 10, ont moins de
risque de développer la maladie. En revanche, les
individus porteurs de deux allèles mutés en posi-
tion -308 du gène codant pour le facteur a de
nécrose tumorale (Tumor Necrosis Factor-a) pré-
sentaient un risque accru de développer cette try-
panosomose, rapidement après être exposés au
risque infectieux.
Chez les individus de République Démocratique
du Congo, la mutation T (substitution d’une base
cytosine par une thymine) en position 4339 du
gène codant l’Interleukine 6 pourrait conférer une
protection au développement de la maladie. Une
tendance à l’association a également été obser-
vée entre la mutation T en position 5417 du gène
codant pour l’Interleukine 1a et un risque augmen-
té de développer cette trypanosomose.
Rédaction IRD : Aude Sonneville (DIC)/
David Courtin
CONTACTS :
DAVID COURTIN
IRD, UR 010 "Santé de la
mère et de l’enfant en milieu
tropical",
01 53 73 96 21 ;
RELATIONS AVEC LES MÉDIAS :
01 48 03 75 19 ;
INDIGO, PHOTOTHÈQUE DE L’IRD
01 48 03 78 99 ;
RÉFÉRENCES :
COURTIN D., ARGIRO L.,
JAMONNEAU V., N’DRI L.,
N’GUESSAN P., ABEL L.,
DESSEIN A., COT M.,
LAVEISSIÈRE C. AND GARCIA A.
Interest of tumor necrosis
factor-alpha -308 G/A and
interleukin-10 -592 C/A poly-
morphisms in human African
trypanosomiasis. Infection,
Genetics and Evolution
2006; 6; 123-9.
COURTIN D., MILET J.,
JAMONNEAU V., YEMINANGA
C.S., KUMESO V.K.B.,
BILENGUE C.M.M., BETARD C.
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panosomiasis and the IL6
gene in a Congolese popu-
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Infection, Genetics and
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GARCIA A., COURTIN D.,
SOLANO P., KOFFI M. AND
JAMONNEAU V. HUMAN African
trypanosomiasis epidemiolo-
gy, clinic and diagnosis:
connecting parasite and
host genetics (sous presse,
TRENDS in Parasitology).
MOTS-CLEFS :
TRYPANOSOMOSE AFRICAINE,
SENSIBILITÉ GÉNÉTIQUE,
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Pour en savoir plus
Marie Guillaume-Signoret, coordinatrice
Délégation à l’information et à la communication
Fiche n°249 - Septembre 2006
Tb. Gambiese
©IRD/Cirad S. Ravel