de la naissance. Les immunoglobines
confèrent une protection immédiate au
nouveau-né ; les injections de vaccin doi-
vent être répétées les mois suivants pour
procurer une immunisation définitive à ces
enfants. Un nouveau-né contaminé au
moment de la naissance a un système
immunitaire immature et toutes les
chances de rester porteur chronique du
virus de l’hépatite B. L’aspect génétique
de la réponse immune a été mis en éviden-
ce par une étude immunogénétique du
CMH, qui a permis d’isoler un gène régis-
sant la réponse à l’antigène HBs : la répon-
se normale est correlée à un gène récessif
lié au CMH (9). Cette notion n’a pas d’im-
plication pratique sur l’utilisation des vac-
cins.
Les problèmes de vigilance virologique
et pharmacologique sont particulière-
ment à l’ordre du jour concernant la vac-
cination. Le bilan des grandes cam-
pagnes de vaccination a permis d’isoler
des mutants induits par la vaccination. Le
virus de l’hépatite B est un virus relative-
ment stable. Néanmoins, des mutants ont
été décrits dans toutes les régions du
génome du virus de l’hépatite B et en
particulier dans la région S. Dans une
population de sujets vaccinés de façon
efficace, quelques sujets ont développé,
malgré la vaccination, une infection par
le VHB. Le séquençage du génome du
virus des sujets infectés a montré l’exis-
tence de mutations portant sur les diffé-
rentes régions du gène S (10). Dans ce
cas, les anticorps anti-HBs produits par
la vaccination ne sont pas reconnus par
l’antigène viral et sont donc non protec-
teurs. L’incidence de ces mutants est
actuellement très ponctuelle, mais mérite
une surveillance attentive, car leur exten-
sion poserait le problème d’une mauvai-
se couverture liée à la vaccination et
d’une inefficacité potentielle du vaccin.
Les mutants de la région pré-C et de la
région de l’ADN polymérase ne compor-
tent pas de mutation au niveau de la
région de surface et sont reconnus par les
anticorps de la vaccination qui est donc
protectrice.
Dès le début des campagnes de vaccina-
tion, on a noté des complications locales
(11) – érythème, douleurs au point d’in-
jection, rougeurs –, et des effets secon-
daires généraux cliniques – céphalées,
malaises, perte d’appétit, nausées, syn-
drome pseudo-grippal et douleurs articu-
laires. Le problème majeur à l’heure
actuelle est celui de l’incidence de com-
plications neurologiques et auto-
immunes dues à la vaccination (12).
Celles-ci sont étudiées de façon extrê-
mement attentive en France à l’aide des
données d’une enquête de pharmacovi-
gilance actuellement en cours depuis
1994. Les données de cette enquête
recouvrent l’ensemble des cas rapportés
depuis la mise sur le marché des vaccins.
L’examen des complications neurolo-
giques rapportées n’a pas permis d’ap-
porter d’élément scientifique sur un lien
de causalité entre la vaccination contre
l’hépatite B et les complications neuro-
logiques démyélinisantes (atteintes
démyélinisantes centrales ou périphé-
riques). Le problème est en effet de
déterminer dans une population jeune,
très largement vaccinée contre le virus
de l’hépatite B, si l’on observe une
variation de l’incidence des affections
démyélinisantes centrales. En effet, la
population cible de la vaccination est
celle chez laquelle surviennent les pre-
mières poussées des affections démyéli-
nisantes centrales. Néanmoins, depuis
1995, le résumé des caractéristiques du
vaccin comporte, au chapitre “précau-
tions d’emploi”, la phrase suivante :
“toute stimulation immunitaire comporte
le risque d’induire une poussée chez les
patients atteints de sclérose en plaques.
En conséquence, chez les malades
atteints de sclérose en plaques et dont les
examens sérologiques spécifiques mon-
trent une absence d’immunisation contre
le virus de l’hépatite B, le bénéfice de la
vaccination doit être évalué en fonction
des risques d’exposition au virus et du
risque encouru” (13). L’Agence du
médicament poursuit la surveillance des
effets neurologiques indésirables surve-
nus après vaccination et en assure une
analyse continue et régulière. D’autres
manifestations auto-immunes ont été
rapportées et seules des études de phar-
macovigilance permettront d’établir s’il
existe ou non un lien entre la survenue
de ces maladies et la vaccination contre
le virus de l’hépatite B. Il paraît donc
raisonnable de ne pas recommander la
vaccination en cas d’antécédent person-
nel ou familial proche de sclérose en
plaques ou de maladie auto-immune
évolutive. Cette précaution respectée, les
effets secondaires sérieux devraient être
de plus en plus rares. Par aillleurs, il faut
signaler que la vaccination des nouveau-
nés permettrait de lever ce risque poten-
tiel puisque aucun cas d’infection
démyélinisante n’a été rapporté chez le
nourrisson et le petit enfant.
Au total
Le problème de la vaccination contre le
virus de l’hépatite B a largement évolué
au cours de la dernière décennie. On dis-
pose de vaccins produits par génie géné-
tique dont le coût est supportable par les
organismes internationaux. Les stratégies
vaccinales s’adressent non plus aux
sujets à risque, mais font l’objet de larges
campagnes de vaccination des nouveau-
nés et des adolescents, visant à prévenir
les complications à moyen et long termes
de l’infection par le VHB. Les résultats
récemment obtenus en termes de réduc-
tion de l’incidence du carcinome hépato-
cellulaire à Taiwan, démontrent le succès
des politiques de prévention. Le problè-
me des complications neurologiques et
dysimmunitaires survenant dans la popu-
lation des sujets vaccinés doit faire l’ob-
jet d’études extrêmement attentives. À
l’heure actuelle, près de la moitié de la
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (12), n° 9, novembre 1998
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Mise au point