Carnets d’autoroutes
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Sur le chemin du développement durable
CARNETS DAUTOROUTES
Autoroutes et biodiversité
De la chouette effraie au râle des genêts…
Le mot « biodiversité », désormais largement em-
ployé, est
récent
mais la protection des oiseaux remonte
à plus d’un siècle. Dès 1902, une convention signée à Paris
prévoyait de protéger certains oiseaux utiles pour l’agricul-
ture : ce n’était alors qu’une prise de conscience partielle de la
biodiversité. Aujourd’hui, les objectifs sont bien plus ambitieux.
Carnets d’autoroutes
, après avoir traité des corridors biologiques,
se devaient au cours de cette année 2010, dédiée à la protection de
la biodiversité, d’aborder le sujet des oiseaux. D’autant qu’il y a
presque autant d’oiseaux écrasés sur les autoroutes que de mam-
mifères, ce qui roule rencontrant parfois ce qui vole… Pour éviter
d’accroître le recul de la biodiversité des oiseaux, plusieurs actions
sont entreprises par APRR. Trois d’entre elles sont présentées dans
ce carnet, comme la pose de nichoirs à distance des autoroutes pour
assurer une meilleure reproduction de la chouette effraie, ou le
réaménagement d’une gravière pour accueillir les sternes. On verra
aussi comment un projet autoroutier s’accompagne de conventions
agri-environnementales destinées à assurer la conservation des
prairies occupées par le râle des genêts.
La sauvegarde des oiseaux passe par la conservation des habitats
utiles tant pour les oiseaux qui y nichent que pour les migrateurs
qui s’y arrêtent. Aussi, est-il désormais prévu à l’occasion de la
construction d’infrastructures et dans une logique de compensation,
de protéger et de gérer des surfaces d’habitats nécessaires à la con-
servation des espèces menacées. De telles préoccupations et inter-
ventions exigent d’associer des connaissances scienti ques et des
principes de gestion, avec une approche souvent expérimentale.
Jean-François Langumier
Délégué Prospective et développement des territoires APRR
Les Carnets d’autoroutes décrivent des
opérations, conduites par le groupe APRR
seul ou en partenariat avec d’autres
acteurs, visant à sauvegarder l’environ-
nement, à préserver la biodiversité, à
améliorer l’intégration de l’infrastructure
dans le paysage, à faciliter le développe-
ment des villes et des régions desservies
par l’autoroute, ou à assurer des condi-
tions de circulation sûres et  uides. Ils
témoignent de l’engagement d’APRR en
faveur du développement durable dans
des domaines techniques, souvent peu
connus. Cette exigence est devenue au  l
des années une préoccupation touchant
de nombreux domaines d’activité du
groupe APRR. L’ambition de ces carnets
est de partager des connaissances,
de faire connaître des réalisations, des
expériences parfois originales. Vous dé-
couvrirez ainsi qu’une autoroute est bien
plus qu’une simple autoroute…
Sommaire
Page 1 Les oiseaux et la biodiversité
Page 1 Les oiseaux et la biodiversité
Page 5 L’autoroute et la chouette effraie
Page 5 L’autoroute et la chouette effraie
Page 9 La réserve ornithologique du Carreau Franc
Page 9 La réserve ornithologique du Carreau Franc
Page 13 L’autoroute A406 et le râle des genêts
Page 13 L’autoroute A406 et le râle des genêts
Page 16 Perspectives
Page 16 Perspectives
En couverture : sterne pierregarin [ph. S. Siblet].
En couverture : sterne pierregarin [ph. S. Siblet].
En dos de couverture : réserve de Carreau Franc [ph. JP. Siblet].
En dos de couverture : réserve de Carreau Franc [ph. JP. Siblet].
Ci-dessus : courlis cendré et fritillaires pintades.
Qu’est-ce que la biodiversité ?
La diversité de la vie
Le terme
biodiversité
est la contraction des
mots
diversité
et
biologique.
Cette notion recou-
vre plusieurs aspects : la diversité des milieux
de vie sur la Terre, la diversité des espèces au
sein de ces milieux et celle des individus au sein
de chaque espèce, ainsi que les relations qui
s’établissent entre eux. La société humaine fait
partie de la biodiversité et en tire avantage.
Une vie fragilisée
Extinction accélérée des espèces, épuisement des ressources
naturelles…, le monde vivant n’est pas au mieux. Les
inventaires et les recherches des scienti ques témoignent
chaque année de l’importance des pertes de biodiversité. La
principale cause en est l’accroissement de la consommation de
ressources naturelles avec, comme corollaire, la destruction
de certaines espèces et de leur habitat, mais également
l’altération des habitats naturels. Ces menaces concernent
toutes les espèces, tous les milieux, des plus rares aux plus
ordinaires. Elles se font toutefois plus inquiétantes quand
elles concernent des espèces rares habitant des espaces
sensibles aux modi cations.
La France accueille une
exceptionnelle diversité d’espèces
liée à sa situation de carrefour
géographique et à la variété
des conditions écologiques, des
espèces méditerranéennes aux
espèces montagnardes.
La France a également la
responsabilité de gérer, outre-
mer, des espaces naturels
s’étendant des zones polaires aux
zones tropicales. La Nouvelle-
Calédonie est par exemple un
foyer particulièrement riche en
espèces endémiques*.
Autoroutes et biodiversité 1
Les oiseaux et la biodiversité
Sensibles aux modi cations de leurs habitats, les oiseaux constituent un indicateur précieux de la biodiversité.
Un concept récent
Créé en 1985 par W.G. Rosen, le terme biodiversité a été
repris en 1992 par le Sommet de la Terre des Nations
Unies à Rio de Janeiro, à l’occasion de la convention
sur la diversité biologique. Dix ans plus tard, au Som-
met sur le développement durable de Johannesburg,
la communauté internationale a pris l’engagement de
ralentir l’érosion de la biodiversité d’ici à 2010. L’Union
européenne s’est pour sa part  xé l’objectif de stopper la
perte de diversité au même horizon. Après avoir rati é la
convention pour la diversité biologique en 1994, la France
s’est dotée en 2004 d’une stratégie nationale dans ce
domaine. Échéance importante, 2010 a été consacrée
Année internationale de la biodiversité par l’Organisation
des Nations Unies.
* Les astérisques renvoient au glossaire en fin de document.
Oiseaux et autoroutes
Toute infrastructure linéaire affecte la biodiversité en occupant
Toute infrastructure liaire affecte la biodiversité en occupant
et en modi ant l’espace qui devient son emprise ; divers habitats
et en modi ant l’espace qui devient son emprise ; divers habitats
sont détruits à cette occasion. La réalisation d’une autoroute
sont truits à cette occasion. La alisation d’une autoroute
peut se traduire aussi par la mise en œuvre d’un remembre-
peut se traduire aussi par la mise en œuvre d’un remembre-
ment des terres agricoles qui entraîne souvent la disparition de
ment des terres agricoles qui entraîne souvent la disparition de
haies et de vieux arbres. En n, la circulation des véhicules est
haies et de vieux arbres. En n, la circulation des véhicules est
cause de collisions avec les animaux sauvages. Des actions sont
cause de collisions avec les animaux sauvages. Des actions sont
entreprises pour modérer les atteintes à la vie des oiseaux. Trois
entreprises pour morer les atteintes à la vie des oiseaux. Trois
exemples sont présentés ici : en Bourgogne, dans la vallée de la
exemples sont psentés ici : en Bourgogne, dans la vale de la
Seine et dans le Val de Saône.
Les oiseaux et leurs habitats
Les oiseaux ont colonisé, au cours des années, des milieux ex-
Les oiseaux ont colonisé, au cours des anes, des milieux ex-
trêmement divers en développant des stratégies de reproduc-
trêmement divers en veloppant des stratégies de reproduc-
tion variées. Ils témoignent d’une étonnante capacité d’adapta-
tion variées. Ils témoignent d’une étonnante capacité d’adapta-
tion. Chaque espèce possède ainsi un mode de vie et d’utilisation
tion. Chaque esce possède ainsi un mode de vie et d’utilisation
du milieu qui lui est propre.
Petit oiseau bleu turquoise doté
d’un long bec en forme de dague,
le martin-pêcheur d’Europe
[Alcedo atthis] est un spécialiste
des rivières et des étangs. Perché
au bord de l’eau, il attend que
l’occasion se présente pour
subitement décoller, plonger à
bonne hauteur ailes repliées vers
l’arrière et saisir le petit poisson
qu’il convoite. Il aime les berges
sableuses érodées où il creuse un
terrier assez profond pour nicher
bien à l’abri.
Parmi les nombreuses espèces qui fréquentent les forêts, les pics se
sont hautement spécialisés. Ils sont en effet capables de forer une
loge confortable dans les troncs d’arbres âgés et de capturer, à
l’aide de leur longue langue, les larves d’insectes. Chacune
des neuf espèces de pics vivant en France exploite diffé-
remment la végétation forestière. Cette spécialisation
permet de réduire la concurrence. Cela signi e
aussi qu’une forêt doit posséder des caracté-
ristiques précises pour qu’une espèce de pic
puisse trouver les conditions nécessaires
à sa survie.
Martin-pêcheur
Martin-pêcheur
Pic noir [Dryocopus martius]
Autoroutes et biodiversité 3
Grand migrateur, le martinet noir [Apus apus]
arrive en France vers la  n avril. Il capture en vol
les insectes dont il se nourrit. Il se saisit aussi de
plumes et de brins d’herbes portés par le vent
pour confectionner un nid rudimentaire sous les
toits. Le soir, il se laisse otter dans l’air, dormant
ainsi les ailes étendues. À la mi-juillet, jeunes et
adultes quittent les nids. La plupart des martinets
disparaissent brusquement dans les derniers jours
de juillet pour rejoindre, en quelques semaines,
leurs quartiers d’hiver africains.
Oiseau sédentaire de nos montagnes,
le grand tétras [Tetrao urogallus]
habite les vieilles futaies claires de
conifères. Cet oiseau farouche se
nourrit au printemps de bourgeons
d’arbres et d’arbustes et, à l’automne,
de petits fruits comme les framboises
et les myrtilles. À la mauvaise saison,
il se contente d’aiguilles de pins et
de sapins, maigres ressources qui
assurent sa survie hivernale.
Les oiseaux, indicateurs de l’état de la biodiversité
Les oiseaux sont particulièrement bien observés en Europe par
des milliers d’amateurs. Leurs comportements territoriaux, et
notamment leurs chants et leurs cris, permettent de les recen-
ser en période de reproduction. On dispose d’une quantité consi-
dérable d’informations sur l’évolution des populations d’oiseaux,
du niveau local à celui du continent.
Une évaluation européenne récente montre que les oiseaux su-
bissent les menaces dues à des changements environnementaux
de grande ampleur. Parmi les 524 espèces d’oiseaux évaluées
en 2004 en Europe, 226 se trouvent dans une situation défavo-
rable et connaissent un déclin plus ou moins prononcé. Un tel
bilan envoie un signal préoccupant sur l’état de la biodiver-
sité en Europe et sur la dégradation de l’environnement.
Oiseaux sédentaires, oiseaux migrateurs
Les oiseaux se distinguent par leur remarquable mobilité. La
faculté de voler leur permet de s’adapter aux changements
de leur milieu de vie au gré des saisons et aux variations des
ressources alimentaires dont dépend leur survie. À ce titre, deux
de leur milieu de vie au gré des saisons et aux variations des
ressources alimentaires dont dépend leur survie. À ce titre, deux
de leur milieu de vie au gré des saisons et aux variations des
grands types de comportements se distinguent : migrateur ou
sédentaire. Un oiseau sédentaire reste cantonné toute l’année
à l’intérieur d’un périmètre répondant à l’ensemble de ses
besoins. À l’inverse, un migrateur utilise deux domaines parfois
très lointains, l’un pour se reproduire, l’autre pour hiverner.
Grand tétras et martinets noirs
Grand tétras et martinets noirs
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