Mise en scène Lucie Gougat
Avec Jean-Louis Baille, Paul Eguisier et Julien Michelet
Lumières, machinerie, effets spéciaux Franck Roncière
Construction Alain Pinochet (chef datelier CDN l‘Union)
Bande son et musique Julien Michelet
Création vidéo Lucie Gougat, Jean-Louis Baille et Paul Eguisier
Vidéo effets spéciaux Paul Eguisier
Avec la participation de Philippe Bouret, Robert Delage, Marine de Bernard de Bayser,
Marie Loret et Bernard Sirieix
Cie des Indiscrets
de Lucie Gougat et
Jean-Louis Baille
ET APRÈS
Et après… fait partie du projet 1, 2, 3 qui comprend Pseudo, Plouf et Et Après. Coproduction : Théâtre de lUnion – Centre Dramatique
National du Limousin, Théâtre des 7 collines – scène conventionnée de Tulle, Théâtre du Cltre – scène conventionnée de Bellac.
Soutiens : Centres culturels – Ville de Limoges, Le Transfo – Art et Culture en région Auvergne, Scène Nationale dAubusson, Fabrique
Éphéméride à Val-de-Reuil, Centre culturel Robert Margerit à Isle, Mairie de Billom et Théâtre de la Marmaille à Limoges.
Avec le concours de l’État (ministère de la culture et de la communication – direction des affaires culturelles du Limousin).
Compagnie conventionnée par la Région Limousin et subventionnée par la Mairie de Limoges.
En résumé
Et Après est un spectacle à propos d’un spectacle inspiré d’un spectacle…
Cest pas clair ?
Reprenons dans lautre sens.
Au départ il y a Fugues, un projet sur le thème de la fugue et inspiré de la forme musicale de la fugue avec
une équipe importante qui n’a pu aboutir et a été abandonné il y a trois ans par la compagnie.
Après il y a Et Aps, le spectacle prévu qui fait « suite » à Fugues avec une équipe réduite, sur le même
thème mais autrement.
Et encore après, il y a ce spectacle, le vrai, auquel assiste le public en direct, qui nest ni Fugues ni le Et
Aps prévu – même si un peu quand même – mais une sorte de fausse improvisation provoquée par le fait
que le musicien du spectacle a disparu, donc que le spectacle ne peut pas commencer et qu’en attendant
il faut bien soccuper du public.
Et le pire c’est que même quand le musicien réapparaît ça continue… Enfin, non, justement, ça continue
pas, ça continue à ne pas commencer
Cest toujours pas clair ?
Prenez le temps de lire la suite…
Le spectacle raconté aux directeurs de théâtres (interdit au public)
Au début donc, l’acteur entre. Il explique au public quil y avait ce projet appelé Fugues qui a été annulé et
qu’ils ont décidé de reprendre. Et que comme le temps est passé, ils lont appelé Et Aps. CEST PARTI !
Cest parti, sauf que le musicien n’entre pas. Il a disparu. Le spectacle ne peut pas commencer et y va falloir
attendre un peu… Donc pour le moment ce que fait l’acteur, c’est s’occuper du public. Il occupe pas le
public. Il lui fait pas de numéros de claquettes. Il s’en occupe. Il lui parle. Il lui lit un peu le programme de la
saison. Fait distribuer une partie du buffet prévu après Et Aps, sans le consistant malheureusement, qui
est trop salissant. Propose une séance de relaxation collective, un exercice de visualisation, parce qu’il
sent bien quil y a risque de tension musculaire et mentale. CEST PARTI !
Cest parti, sauf quà un moment, le vidéaste en peut plus. Parce que quand même, on est au théâtre et
qu’au théâtre on y vient pour voir du théâtre ! Pas pour bouffer ni visualiser… Et lacteur y reconnaît que
c’est vrai, qu’il sest fourvoyé, et il se lance, en lançant le vidéaste sur scène pour quil en fasse du vrai
théâtre, comme ça, hop, impro ! À partir de rien cest tout un monde qui surgit, un véritable hommage au
théâtre mais par la négative. C’EST PARTI !
Cest parti, sauf quà un moment, le vidéaste en peut plus (bis). Parce qu’il se sent pas bien. Il sent quil lui
manque quelque chose, dindéfinissable, qui le taraude. Alors lacteur lui propose de le chercher ailleurs,
dans les coulisses, en le filmant pour que les spectateurs puissent suivre tout ça en direct sur écran géant,
la déambulation des deux, dans les couloirs du théâtre à la recherche de quelque chose dont on sait pas ce
que c’est sauf que c’est nécessaire à la continuation de quelque chose… C’EST PARTI !
Cest parti, sauf quà un moment dans le film, au détour dune porte, en un tour de main, ça fait tour de
magie… Parce que derrière cette porte, y a une plage avec la mer au bout et plus loin en train de pêcher,
Julien Michelet le musicien du spectacle… Et comme y a le public, y faut rentrer maintenant. Cest ce qu’y
font en laissant quand même la caméra sur le sable qui filme le coucher de soleil, ça fera un fond pour le
spectacle qui peut enfin commencer. C’EST PARTI !
Cest parti, sauf quà un moment, y a une énorme vague qui surgit dans lécran comme si elle se déversait
sur le théâtre. Bruits bizarres, gouttes deau tombants des cintres, poissons, filet, bateau, projos qui lâchent,
explosions, fumée… Là, on peut dire que le réel en a pris un sacré coup. Et par la même occasion, le
spectacle… Et c’est ce qu’il finit par avouer lacteur après réflexion, que le moment est arrivé. C’EST FINI!
Cest fini, sauf qu’aujourdhui c’est son anniversaire… Et que léquipe décide de le lui souhaiter comme ça
devant le public histoire de relancer la machine parce quon fait toujours un discours pour son anniversaire,
que les discours c’est toujours un moyen de parler de soi, et que pour lacteur, parler de soi, ça va de soi,
c’est parler de Et Aps, le spectacle prévu que le public n’a pas pu voir et quil aurait tellement aimé jouer,
selon ses dires. Ça fait que finalement le discours glisse imperceptiblement vers un monologue coup de
poing que le musicien qui est quand même pas venu pour rien va accompagner à la contrebasse. Parce que
la question dEt Aps ça reste quand même celle de la fugue, de la fuite, c’est à dire de notre rapport au
monde et du comment quon fait pour lhabiter malgré tout...
Note d’intention
Le thème de la fugue comme toile de fond. Manière de questionner notre rapport au monde et
particulièrement ce moment où on entre en crise, où on se cogne à la réalité et où on ressent le désir
impérieux daller voir ailleurs. Être ailleurs. Être un autre. Disparition. Diffraction. Ré-incarnation.
Échappée (belle ou pas). Lignes de fuite… L’essentiel étant de ne plus être là où on est comme on est.
Cest vrai que la réalité bien souvent ne nous donne pas trop envie d’y rester. Mais le problème c’est
qu’elle nous colle aux basques. Même dans lailleurs, elle est toujours là. Elle verrouille en tous sens.
Etala fâcheuse habitude de tracer des lignes. Pas de fuite, justement.
La fugue, en tant que forme. Spectacle traversé de tout son long par cette forme de la fugue musicale,
construit, structuré autour de cette sensation. Dun cô, donner limpression que le spectacle
s’improvise au fur et à mesure, en temps réel, dans un mouvement de fuite en avant et de sensation
vertigineuse et de lautre, écrire un spectacle très construit sous forme demboîtements, déchos, de jeux
de miroirs et de mise en abyme. On aurait pu appeler Et Aps : Poupées Russes – ces petites poupées
imbriquées les unes dans les autres. On en ouvre une et hop y en a une autre dedans. Et puis hop, encore
une... etc. sauf que dans Et Aps ce sont comme des surprises, des imprévus qui souvrent les uns sur les
autres, les uns après les autres, daprès en après, sur fil tendu de la fuite en avant, broderie ou mosaïque
sur ce thème de la fugue. Il n’y a donc pas, à proprement parler, dhistoire, mais plutôt une tentative
impressionniste de ce que ça peut être ça, la fugue, vu de l’intérieur, dans lici et maintenant d’un endroit
qu’on appelle le théâtre et où ce qui se reflète c’est quand même sacrément la vie.
Le musicien a disparu donc le spectacle ne peut pas commencer. Ce qui nous intéresse dans cette
situation, ce n’est pas tant le côté coup de théâtre burlesque (vu et revu) que la possibilité quelle offre
de bousculer les codes de la représentation, de perturber le déroulement du spectacle et de mettre en
scène limprévu. Cest son caractère purement subversif. Et la possibilité de créer une perturbation –
ludique et jubilatoire – chez le public en le plaçant au cœur de cette situation inattendue. En faisant de
lacteur, une sorte de passeur, dintermédiaire qui ne cesse de s’adresser directement à lui, loccupe, le
nourrit, le public est amené à devenir partie prenante, à « jouer un rôle » comme le dit lacteur, à suivre le
mouvement sans savoir sur quel pied danser
« Comment s’en sortir sans sortir ? » comme disait Gherasim Luca. Cest la question qu’on souhaite poser.
Cest ça. On est là, ensemble, dans ce théâtre, dans ce lieu, dans cette place, dans ce monde. On est là et
les choses ne se passent pas comme prévu et comme on voudrait, alors, qu’est ce qu’on fait ? Qu’est-ce
qu’on peut faire quand on est là sur un plateau et qu’on arrête de (se) raconter des histoires, de jouer au
personnage et rabâcher du texte en bouche-trou… ?
Reprendre lexpression dAlain Badiou à propos de Beckett, « lincrevable désir » ? De quoi ? De continuer,
malgré tout, malgré le monde, malgré laujourdhui, malgré la place effilochée du théâtre et de lart en
général, malgré les doutes, les projets abandonnés, les accidents de parcours, les trucs qui vous tombent
sur la tête au propre comme au figuré… Le désir, quand même et toujours de mettre tout ça, tous les
côtés, les à-côtés, les bons et les mauvais jours, les stops et les élans sur une scène de théâtre. À faire
tenir ça en équilibre instable, en direct, comme on dit pour dire le risque de limprévu qu’est la vie.
La Compagnie des Indiscrets
La Compagnie des Indiscrets est une compagnie de théâtre créée par Lucie GOUGAT et Jean-Louis
BAILLE. Elle tente dinventer des formes nouvelles et singulières où se croisent radicalité et humour,
modernité et ludisme. Un théâtre jubilatoire à la fois exigeant et accessible.
Pendant plusieurs années l’activité des Indiscrets s’est concentrée essentiellement à la création dun
univers tragicomique et absurde, profondément inspiré du clown et du burlesque, privilégiant le théâtre
visuel, linventivité, et la force de limaginaire, et mettant en scène des personnages aux prises avec les
chausses trappes de notre monde et la difficulté d’agir et dexister.
À partir de 2011, la compagnie décide dabandonner les codes de jeu et décriture propres à l’univers
clownesque pour s’orienter vers un théâtre plus radicalement contemporain, mettant en avant un besoin
impérieux de questionner au centre de ses spectacles, lacte même de la création théâtrale.
Avec une grande liberté de ton, se jouant des genres (de l’adresse public la plus directe au monologue
coup de poing, des dialogues absurdes et décalés aux effets de réel, de la profération en langue sonore
et déglinguée au murmure de lintime, du plus grand dépouillement d’un être-là de l’acteur dans le vide du
plateau, à l’utilisation du visuel et du sonore comme incursions soudaines dun imaginaire et d’un ailleurs)
la compagnie tente, d’un spectacle à l’autre, de mettre en scène – sur scène – et en vie, cette traversée
des possibles qu’est lécriture aujourdhui d’un théâtre
Une écriture daujourdhui, en ce sens qu’il n’est plus possible dêtre dupe. Dupe d’une forme, d’une
dramaturgie, d’une illusion, même, qui refuserait de dire son nom. Écriture qui se doit au contraire dêtre
mise à nu, en abyme, révélée, au sein d’une dramaturgie nouvelle libérée de ses codes, avançant par
rebonds, ricochets, sensations, intuitions, impacts et uppercuts…
Il ne s’agit pas pour autant de faire « du théâtre sur le théâtre ». Pour les Indiscrets, mettre en scène et en
écriture cette question, celle de la théâtrali, ou plut celle de leur rapport au théâtre et à la création,
est forcément une manière de questionner notre rapport au monde. Comment on fait pour lhabiter ce
monde ? Comment on fait pour pas fuir ? À faire que ça ? Comment on le parle ? On le recrache ? On le
recrée ? On se fait une bouche pour parler au (du) monde ?
Se mettre en quête dune parole forte est donc, pour Lucie GOUGAT et Jean-Louis BAILLE, la recherche
avant tout dune parole vraie. Une parole qui n’site pas à prendre appui sur lintimité dune démarche
personnelle et d’une existence, pour tenter de révéler le vrai d’un rapport difcile mais nécessaire à soi-
même et au réel, au possible et à linacceptable.
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