estiment les participants à cet atelier : « elles ne peuvent qu’essuyer les plâtres de la politique
économique ».
Ces politiques de développement, dans notre région, favorisent d’ailleurs plutôt le tourisme.
Quand elles s’intéressent à l’agriculture, elles ont leurs limites : la Politique agricole
commune est orientée vers le soutien aux grandes exploitations, de plaine, et n’aide pas
beaucoup la petite installation.
« Que reste-t-il alors, sinon la solidarité ? », se demandent les Amis de François de Ravignan.
On parle beaucoup aujourd’hui de « relocalisation ». L’arrivée, dans le sud-ouest de l’Aude,
de néo-ruraux (dont tous ne vivent pas de la terre) ces quatre dernières décennies est bien une
relocalisation spontanée. Cette « nouvelle économie », d’initiative privée, a apporté une
vitalité indéniable à ces cantons. Elle ne suffit pas toutefois à contrecarrer les effets de la
politique économique.
L’accompagnement de petits projets
La solidarité, c’est l’esprit de l’action de l’Adear (Association pour le développement de
l’emploi agricole et rural) de l’Aude, qu’a présentée son co-président, Frédéric Tedesco. Cette
action, auprès des candidats à l’installation « qui ne rentrent pas dans les clous de
l’installation classique », se concrétise par des formations, de l’entraide, du tutorat et aussi,
depuis peu, une couveuse qui accompagne une dizaine de projets (à Carcassonne et
Galinagues).
« De marginale, l’Adear est devenue un élément important de l’installation », note Frédéric
Tedesco. En 2012, elle a reçu 220 personnes ; elle a accompagné 75 personnes à long terme et
en démarrage d’installation et 50 personnes déjà installées.
Luttes locales dans le monde
Ces rencontres ont été l’occasion de diffuser des informations sur un certain nombre de luttes,
dans le monde, pour la terre et pour le travail. Silvia Perez Vitoria a fait le point sur les
dernières rencontres de Via Campesina, fédération mondiale d’organisations paysannes et de
travailleurs de la terre.
Elle a rappelé les luttes que mène Via Campesina, contre l’Organisation mondiale du
commerce, contre l’accaparement des terres et pour l’accès des paysans à la terre, sur les
semences paysannes, sur le climat (campagne « les paysans refroidissent la planète », qui fait
allusion à l’effet de serre), la récupération des savoirs paysans (création de centres de
formation à l’agroécologie), combats des migrants agricoles, luttes des femmes…
François de Ravignan, souligne-t-elle, avait travaillé sur nombre de ces questions. Il avait en
particulier mis en évidence le fait que seuls les petits paysans peuvent répondre aux questions
de la faim (voir notamment « La faim pourquoi ? », La Découverte, 1983, réédité en 2009).
Le lendemain, Nick Bells, de Longo Maï, a évoqué le combat du Soc (Syndicat des
travailleurs de la terre) en Andalousie pour l’accès au travail (la mécanisation du coton,
notamment, a fait régresser le besoin de journaliers) et l’accès à la terre.
Daniel Cérézuelle, pour sa part, a détaillé les résultats d’une étude sur les jardins familiaux
(voir encadré) et Jacques Prades a dépeint l’évolution de la coopération (voir autre encadré).
Autant de témoignages d’initiatives, alternatives au modèle dominant, qui illustrent la
possibilité d’organiser différemment la société et l’économie. Ces exemples participent à
l’évolution des idées et des modèles en place. Ce qui n’est pas contradictoire avec l’avis de
Jacques Berthelot (2) selon qui « il faut agir à la base, dans le milieu associatif mais aussi