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Correspondances en Onco-Urologie - Vol. VIII - n° 2 - avril-mai-juin 2017
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Revue de presse
Le dépistage du cancer de la prostate est un
préalable à la prescription du traitement
hormonal substitutif par testostérone unani-
mement recommandé par les sociétés savantes
concernées. L’étude de Loeb etal. montre que
ce dépistage détecte bel et bien des cancers,
avec une information nouvelle et importante : il
s’agit plus fréquemment de cancers de pronostic
favorable. Ce résultat semble être en contra-
diction avec le fait précédemment rapporté
que les patients hypogonadiques (chez qui un
traitement hormonal substitutif par testostérone
est donc justifié) développent des cancers de la
prostate plus fréquemment agressifs. Il n’en est
rien, et ce pour une raison simple : les patients de
l’étude de Loeb etal. sont des hypogonadiques
bénéficiant d’un dépistage ciblé du cancer de la
prostate. Dans les études antérieures, le cancer
de la prostate était déjà diagnostiqué – donc à un
stade plus avancé – et l’étude du statut gonadique
des patients montrait qu’il était déficitaire. La
conséquence pratique est qu’il faut traiter les
patients hypogonadiques par un traitement
hormonal substitutif par testostérone : non
seulement cela leur permettra de bénéficier d’une
qualité et d’une espérance de vie meilleures, mais
cela réduira également leur risque de développer
un cancer de la prostate agressif(8). La prévalence
de l’hypogonadisme est évaluée à 10 à 15 % dans
la population générale de plus de 50ans.
Y. Neuzillet, Suresnes
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TUMEURS UROLOGIQUES
Association entre la longueur
destélomères et le risque
decancer ou de maladies
noncancéreuses : desimplications
dans quelques tumeurs
urologiques ?
Au bout des chromosomes, les télomères
sont des structures ADN combinées à des pro-
téines qui protègent le génome. Marqueurs
physiologiques de l’âge, ils raccourcissent au
cours du vieillissement.
Le raccourcissement des télomères est non
seulement associé aux maladies cardio-
vasculaires, au diabète de type 2 et à diffé-
rentes causes non tumorales de mortalité, mais
aussi au risque de cancer. L’importance de la
magnitude de cette association a fait l’objet
de rapports contradictoires dans les études
observationnelles (1-4). Les individus présen-
tant une dyskératose congénitale, caractérisée
par des mutations avec perte de fonction au
niveau des gènes TERC et TERT composant des
télomérases, possèdent de façon chronique
des télomères courts et présentent un risque
plus élevé d’être touchés par certains cancers,
notamment des leucémies aiguës myéloïdes
et des cancers épidermoïdes cutanés (5, 6).
L’approche méthodologique de cette
très large étude anglaise (420 081 cas,
1 093 105 contrôles) des membres de la
Telomeres Mendelian Randomization
Collaboration (7) était de simuler, dans la
population générale, l’attribution au hasard de
la distribution des génotypes constitutionnels
(comme dans une étude randomisée), indé-
pendamment du style de vie et des facteurs
environnementaux.
Elle a utilisé des variants génétiques germi-
naux comme variables instrumentales de la
longueur des télomères pour aider à clarifier
son association avec le risque de cancer et
d’autres pathologies non néoplasiques. La
première étape a consisté à identifier des SNP
(Single-Nucleotide Polymorphisms) associés
avec la longueur des télomères. La sélection a
porté sur 16 SNP correspondant à 10 régions
génomiques indépendantes comptant col-
lectivement pour 2 à 3 % de la variance des
longueurs des télomères des leucocytes.
Les résultats montrent qu’une longueur des
télomères génétiquement augmentée est
associée avec un OR (IC
95
) plus élevé pour
9 cancers primaires analysés sur un total
de 22 : les gliomes (5,27 ; IC
95
: 3,15-8,81), les
cancers de l’endomètre (1,31 ; IC95 : 1,07-1,61),
du rein (1,55 ; IC95 : 1,08-2,23), du testicule
(1,76 ; IC95 : 1,02-3,04), les mélanomes (1,87 ;
IC
95
: 1,55-2,26), les cancers de la vessie (2,19 ;
IC95 : 1,32-3,66), les neuroblastomes (2,98 ; IC95 :
1,92-4,62), les adénocarcinomes du poumon
(3,19 ; IC
95
: 2,40-4,22) et les cancers séreux de
l’ovaire à faible potentiel de malignité (4,35 ;
IC95 : 2,39-7,94). Cependant, une variabilité
importante d’OR existe entre diffé rents types
de cancers allant de 0,86 (IC
95
: 0,57-1,30) pour
les cancers de la tête et du cou à 5,27 (IC95 :
3,15-8,81) pour les gliomes. Il existe aussi une
variation substantielle pour les différents
types de cancers bronchiques de 3,19 (IC
95
:
2,40-4,22) dans les adénocarcinomes versus
1,07 (IC95 : 0,82-1,39) dans les carcinomes épi-
dermoïdes, mais aussi pour ceux de l’ovaire,
4,35 (IC95 : 2,39-7,94) dans les cancers séreux à
faible potentiel de malignité versus 1,21 (IC95 :
0,87-1,68) dans les formes endo métrioïdes,
1,12 (IC
95
: 0,94-1,34) dans les cancers séreux
invasifs, 1,04 (IC95 : 0,66-1,63) dans les car-
cinomes à cellules claires et 1,04 (IC95 :
0,73-1,47) dans les carcinomes mucineux.
Commentaire. Après avoir effectué une
méta-analyse de régression, les auteurs ont conclu
qu’une longueur des télomères génétiquement
augmentée tendait à être plus fortement associée
avec des cancers rares et des sites ayant des taux
de division de cellules souches plus faibles.
P. Beuzeboc, Paris
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