munies, et ses flottes équipées. ». D’une part le terme « orgueil » reprend le terme « vanité ». Le
locuteur établit une généralisation. Celle-ci montre que la référence ne constitue pas un simple
exemple, mais au contraire un principe de fonctionnement universel. D’autre part, l’allitération en /p/
rattache le terme prodige à la caractérisation du souverain « plus puissant prince », vient soutenir la
cohérence du raisonnement.
B°) La critique du système politique
Montesquieu schématise outrageusement les fonctionnements, de sorte que ceci paraissent
absurdes. On remarque le système de reprise syntaxique qui s’étend des lignes 8 à 13 : « S’il n’a qu’un
million d’écus dans son trésor, et qu’il en ait besoin de deux, il n’a qu’à leur persuader qu’un écu en
vaut deux, et ils le croient. S’il a une guerre difficile à soutenir, et qu’il n’ait point d’argent, il n’a qu’à
leur mettre dans la tête qu’un morceau de papier est de l’argent, et ils en sont aussitôt convaincus. ».
L’auteur substitue une systématique aux décisions politiques, c’est-à-dire que ce système suggère à la
fois l’automatisme de la pratique et conjointement la facilité de son application. De plus, on remarque
l’évolution du vocabulaire : le terme « persuader » s’efface devant l’expression familière « leur mettre
dans la tête ». Le registre familier insiste sur le subterfuge primaire utilisé et d’autre part sur la sottise
du peuple, comme l’indique la remarque « et ils en sont aussitôt convaincus ». On note une
progression de la ligne 10 à la ligne 12. D’une part, la deuxième expression suggère un degré de
confiance supérieur et d’autre part l’adverbe de temps exprime la progression de la manipulation et
son efficacité. La dernière phrase : « Il va même jusqu’à leur faire croire qu’il les guérit de toutes
sortes de maux en les touchant, tant est grande la force et la puissance qu’il a sur les esprits. ».
L’adverbe « même » souligne la position du locuteur qui insiste sur l’absence de scrupules du
monarque en montrant qu’il s’agit d’une action délibérée de sa part et non pas d’une conséquence
indépendante de sa volonté. Encore une fois, Montesquieu fait référence à un fait historique, à savoir
la notion de thaumaturgie, le principe invoqué par les monarques, qui dit que « le roi te touche, Dieu te
guérit », pour mieux la dénoncer. L’allitération en /t/ : « toutes sortes ; en touchant ; tant » insiste sur
l’immoralité d’une telle pratique. On voir un chiasme : « Le roi de France est le plus puissant […] il
exerce son empire sur l’esprit même de ses sujets […] tant est grande la force et la puissance qu’il a
sur les esprits ». On remarque le transfert du verbe être au verbe avoir : « il est le plus puissant […] la
puissance qu’il a sur les esprits ». D’autre part, on remarque l’emploi du pluriel qui remplace le
singulier : « esprit[…]esprits ». Ces deux opérations signalent une dégradation qui constitue une
condamnation du régime politique et de la population qui se laisse inconsidérément manipuler.
C°) La critique du pouvoir religieux
Le dernier paragraphe tend à discréditer le pouvoir religieux, dans la mesure où il apporte sa
caution au pouvoir politique, notamment dans le cadre de la monarchie de droit divin. La reprise du
terme « esprit » : « qui n’est pas moins maître de son esprit qu’il l’est lui-même de celui des autres »
vient le confirmer. On remarque l’introduction d’un jeu sur le terme « même ». D’autre part,
l’allitération en /m/ introduit un jeu de paronomases10 qui insiste sur la notion de pouvoir et de
manipulation, comme l’indique la reprise du terme « magicien ». D’autre part, on remarque
l’allitération en /p/ qui lie toutes les figures du pouvoir. Le texte s’ingénie à démentir les différents
rapports de subordination qui assurent le fonctionnement de la monarchie de droit divin avant de les
discréditer de l’intérieur en soulignant leurs failles respectives.
Conclusion :
10Emploi de phonèmes proches