Séquelles d`une dermatose d`hypersensibilité avec

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Mme N 30 ans
Dr Pinault Anne lise
Interrogatoire
 Originaire D’Angola
 Notion de viol collectif septembre2015
 En France depuis février 2016
 Eruption ayant débuté en novembre 2015 alors qu’elle était
en Afrique
 Non constatée par un dermatologue ou un médecin
Mars 2016
Lésions pigmenté et papuleuses
Atteinte ophtalmique avec raréfaction
des cils
Synéchies des commissures labiales
Atteinte des ongles : hyper-striations longitudinales
amincissement des tablettes, ptérygion dorsal
Examen clinique
 Fissure anale antérieure superficielle
 Synéchies des sillons externes des grandes et petites lèvres
 Examen ophtalmologique : Brides conjonctivales temporales
inférieures à droite et nasales inférieures à gauche,
entropionisation, kératite ponctuée superficielle inférieure
 Suspicion de lichen avec atteinte cutanée, muqueuse
(génitale, anale, ophtalmique) et unguéale
 Diagnostics différentiels :
 érythème polymorphe / nécrolyses épidermiques toxiques
 maladie bulleuse AI
Bilan:
Biopsie
 Peau biopsie MO et IF tronc : pigmentation post-
inflammatoire, absence de dépôt immun spécifique.
 Ongle index main droite : ongle de morphologie normale.
 Marge anale : absence d’argument pour un lichen anal.
 Peau du visage : folliculite granulomateuse
Tablette unguéale x40
Tablette unguéale x100
Folliculite du visage
Marge anale x 40
Marge anale x100
Tronc
Bilan
 Anticorps anti peau négatifs
 Sérologie
 VIH, Hépatite C, syphilis, négative
 hépatite B positive.
 Infection à Chlamydia trachomatis : Sérologie positive et
PCR vaginale positive
 Sérologie herpes positive en IgG négative en IgM
Traitement
 Corticothérapie CORTANCYL ®0,5 mg/ kg sous couvert de
VIREAD®
 STROMECTOL®
 DOXYLIS ®200 mg/j 1 semaine
Évolution
 Après quatre mois : aggravation de l’atteinte ophtalmique,
stabilité des lésions cutanées, amélioration de la dystrophie
unguéale.
 Interruption spontanée de la corticothérapie par la patiente.
 Nouvel interrogatoire : la patiente a apporté des photos de la
dermatose initiale qu’un ami lui a envoyé d’Afrique sur son
portable.
Septembre 2015
Pas de prise médicamenteuse avant
l’ éruption ni de remède traditionnel
Diagnostic à postériori de cicatrice
d’érythème polymorphe majeur avec
atteinte cutanée et de toutes les
muqueuses associé à une hépatite B et
une infection à Chlamydia trachomatis
Prise en charge
 Traitement chirurgical des synéchies vulvaires et buccales
 Prise en charge ophtalmologique
Discussion
Erythème polymorphe majeure EM
 La lésion élémentaire est la cocarde (3 cercles concentriques
avec bulle centrale) mais des formes atypiques très
inflammatoires ou très bulleuses, à prédominance muqueuse
ou récurrentes sont décrites
 Les deux principales causes infectieuses chez l’enfant sont
Mycoplasma pneumoniae et l’herpès simplex
Arch Pediatr. 2016 Nov;23(11):1184-1190..
 l’herpès est responsable de plus de 50 % des cas (Herpes
Associated Erythema Multiform, HAEM). La manifestation
de l’EP se fait en moyenne 7 à 10 jours après la récurrence
herpétique
 Certains cas d’EP ont été imputés à des prises médicamen-
teuses. Ils sont dénommés Drug Induced Erythema Multiform
(DIEM)
 Réaction d’hypersensibilité de type IV
Tan ZH, Thoon KC, Koh MJ.2016 Feb;57(1):72-5. Case Series of Three Infants with Erythema Multiforme
Following Hepatitis B Vaccination.
Etat d’hypersensibilité et hépatite B
 EM peut être associé à d’autres virus : herpes zoster virus,
Coxsackie virus, hepatitis virus, adenovirus, poliovirus,
human immunodeficiency virus et parapoxvirus de type orf
virus et pseudocowpox virus 1
 La recherche dans la littérature retrouve 11 cas de EM
associés à la vaccination contre l’hépatite B et deux cas à
une infection au virus de l’hépatite B. 1-2
1-Olut AI et Al
Erythema multiforme associated with acute hepatitis B virus infection.Clin Exp Dermatol.
2006 Jan;31(1):137-8.
2-Tabata N, Kato T, Noguchi K et al.
Erythema multiforme following the exacerbation of hepatitis B virus infection.
Int J Dermatol 1999; 38: 52–7.
Etat d’hypersensibilité et hépatite B
 1557 patients avec un lichen plan.
 Le lichen plan est associé à l’hépatite C mais pas à
l’hépatite B
B. Birkenfeld S et Al,J Eur Acad Dermatol Venereol. 2011 Apr;25(4):436-40. A study on the
association with hepatitis B and hepatitis C in
Etat d’hypersensibilité et hépatite B
Un cas de lichen plan pemphigoïde associé à une hépatite B
chronique
Jang SH et al
lichen planus pemphigoides associated with chronic hepatitis B virus infection. Clin Exp Dermatol. 2015
Dec;40(8):868-71.
Etat d’hypersensibilité et hépatite B
Grigorescu I, dumitrascu DL.World J Gastroenterol. 2014 Nov 14;20(42):15860-6.
Spontaneous and antiviral-induced cutaneous lesions in chronic hepatitis B virus infection.
Diagnostics différentiels
 Devant l’atteinte cutanée et muqueuse y compris conjonctivale :
 lichen plan
 Devant des érosions et des ulcérations post-bulleuses :
 Nécrolyses épidermiques toxiques : syndrome de Lyell / Stevens-
Johnson dont l’expression clinique buccale est similaire à celle de
l’EP, et dans lesquels le pronostic vital peut être rapidement engagé
la distinction entre l’EP et le SJS peut être complexe, la présence de
lésions cutanées est inconstante mais permet de différencier les
cocardes typiques de l’EP de celles atypiques du SSJ et du Lyell.
 Maladie bulleuse auto-immunes
Lichen plan
 Le lichen plan peut être responsable de sténose du canal
lacrymal et de conjonctivite cicatricielle.
Huerva V.Cutan Ocul Toxicol. Lichen planus on the
ocular surface.2015;34(3):232-3.
Nécrolyses épidermiques toxiques
 Causes médicamenteuses
 Susceptibilité génétique SJS and TEN notamment dans la
population chinoise
 Médecine traditionnelle
Bentele –Jaberg N et al.Dermatology. 2015;231(2):99-102. The Phytotherapeutic Fenugreek as Trigger of Toxic Epidermal
Tan WP, Goh BK, Tan SH. Clin Exp Dermatol. 2006 Mar;31(2):291-3.Extensive erythema multiforme-like eruption due to traditional Chinese
herbal drug 'Dong Ling Hou Tong Pian’.
Kumar Das K et Al Int J Dermatol. 2014 Apr;53(4):510-5.
Unidentified drugs in traditional medications causing toxic epidermal necrolysis: a developing country experience.
Fellahi et al.
Séquelles cutanéo-muqueuses et oculaires des SLS et de Lyell
Annales de dermatologie et vénérologie 2011:138,88-92
Fellahi et al.
Séquelles cutanéo-muqueuses et oculaires des SLS et de Lyell
Annales de dermatologie et vénérologie 2011:138,88-92
Il n’y a pas de recommandations
officielles de prise en charge de l’EP
 Pour les formes majeures
 Hospitalisation : éviter une déshydration et/ou une malnutrition et adapter un
traitement antalgique de palier 2 ou 3.
 Traitement antiseptique local des érosions cutanées et muqueuses
+/- traitement par corticoïdes locaux ou systémiques en cas d’atteinte sévère.
 Les lésions oculaires requièrent une consultation spécialisée dans les plus brefs
délais.
 Pour les formes récidivantes post-infectieuses, le traitement vise à neutraliser
le facteur déclenchant la poussée avec du valaciclovir (500 mg/jour pendant 6
mois) quand il s’agit de l’herpès ou une antibiothérapie active sur Mycoplasma
pneumoniae en présence d’une pneumopathie atypique (macrolides).
 formes récurrentes idiopathiques
 La corticothérapie générale est controversée
 thalidomide (100 mg/jour)
 la dapsone, l’azathioprine ou encore du méthotrexate
 rituximab
Etude rétrospective
monocentrique de janvier 2004 à
février 2013. 81 malades
Le traitement des séquelles est symptomatique, il repose sur plusieurs
axes : la lutte contre le syndrome sec oculaire, la chirurgie reconstructrice
de la conjonctive et des paupières, et la réparation de la surface oculaire
MouafikSB et Al.
Ann Dermatol Venereol. 2015 Jun-Jul;142(6-7):393-8..
Ophthalmic manifestations after Lyell and Stevens-Johnson syndromes.
Complications

La complication chronique ophtalmique associée au SJS/TEN peut persister malgré les
traitements locaux.

étiologie immunogène sous-jacente.

inflammation de la surface oculaire continue + fibrose conjonctivale progressive + absence de facteurs
aggravants exogènes = intérêt pour la thérapie immunomodulatrice systémique (IMT).
Chang VS, Chodosh J , Papaliodis GN Semin Ophthalmol..Chronic Ocular Complications of Stevens-Johnson Syndrome and
Toxic Epidermal Necrolysis: The Role of Systemic Immunomodulatory Therapy. . 2016;31(1-2):178-87
 Merci pour votre attention…
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