Éditorial et bilan Bilan 2011 De la connaissance des populations animales à celle des facteurs influant sur leur évolution E n 2011, les études et recherches conduites par l’ONCFS se sont poursuivies dans le respect du Contrat d’objectifs avec l’État. La sauvegarde de la biodiversité, l’accroissement des connaissances sur la faune sauvage et ses habitats ainsi que la définition de pratiques conduisant à une gestion durable des espèces chassables en partenariat avec l’ensemble des acteurs du monde cynégétique constituent les lignes directrices de l’activité de l’Établissement public dans le domaine scientifique et technique. Ce rapport annuel en souligne la richesse au travers d’exemples variés, significatifs de l’étendue du champ de compétences des équipes de la DER engagées dans ces travaux, conduits pour certains avec l’appui des délégations interrégionales et des services départementaux. Pierre Migot Directeur des études et de la recherche Parmi celles-ci, les dénombrements, estimations d’abondance ou inventaires forment un socle fondamental lorsqu’il s’agit de statuer sur l’état de conservation d’une espèce. La méthode non invasive fondée sur le suivi photographique, développée pour les populations françaises de lynx, est à la fois originale et prometteuse. Sur les espèces qui se déplacent sur de grandes distances, comme les oiseaux migrateurs, le problème peut se révéler plus complexe. Un même site de dénombrement accueille des oiseaux sans cesse renouvelés par le flux migratoire. L’approche proposée pour le courlis corlieu, fondée sur le bilan énergétique, apporte une solution qui pourrait être mise à profit pour d’autres limicoles côtiers soumis à des plans de gestion. Plus classique, mais non moins difficile, le dénombrement des couples reproducteurs de perdrix (grise et rouge) et de faisans apporte une vision plus précise d’une partie de notre capital en petit gibier sédentaire. Plus facile en théorie mais tout aussi utile, l’inventaire des espaces clos détenant des ongulés en France, résultat de trois années d’enquête, a conclu à la captivité de 90 000 individus. Au-delà de cette statistique, ce sont les risques génétiques liés à des échappées relativement fréquentes auxquels il faut faire face. Cette composante génétique de la faune sauvage est un volet de recherches important pour l’ONCFS. Si, dans le cas des ongulés en enclos, le retour à la liberté reste fortuit, il n’en est pas de même pour les lâchers volontaires de gibier comme le canard colvert. Une étude montre toutefois que, contrairement à ce que l’on pouvait craindre, la disparition de la souche sauvage de canard colvert ne semble pas d’actualité. Dans ce domaine, un autre résultat rassurant concerne la martre qui ne paraît pas connaître de perte globale de diversité génétique malgré le fractionnement des populations. En revanche, la pression de sélection du virus de la RHD conduit à une modification de la structure génétique des populations de lapins. Enfin, dans les Petites Antilles, c’est la fragmentation des habitats qui pourrait être à l’origine d’une différenciation génétique chez la grive à pieds jaunes, espèce chassable en Guadeloupe. Malgré cela, un tiers seulement de la surface en habitats potentiellement favorables à cet oiseau bénéficie d’un statut de protection dans le Parc national. Pourtant, la conservation des espèces passe inévitablement par la gestion de leurs habitats. Pour les espèces inféodées aux milieux agricoles, c’est le choix des cultures qui peut contribuer au maintien des espèces. En milieu méditerranéen, la fétuque élevée a la préférence de la perdrix rouge, et plus généralement de l’ensemble du petit gibier. Dans d’autres cas, ce sont les pratiques agricoles qui jouent le rôle le plus important. Retarder la fenaison dans les prairies inondables dans le cadre de mesures agro-environnementales (MAE) à grande échelle conduit à une augmentation de la densité en passereaux nicheurs et favorise la biodiversité dans ces habitats sensibles. Les effets des intrants chimiques sont une autre problématique pour laquelle l’ONCFS apporte sa contribution, même si leur mise en évidence peut se révéler difficile comme dans le cas du methiocarbe, un molluscicide utilisé principalement sur le colza d’hiver. Lorsque cela est possible, la prévention est une arme efficace contre la dégradation des milieux. Ainsi, grâce à la modélisation, les diagnostics concernant les habitats d’hivernage du tétras-lyre ont pu être améliorés pour proposer aux gestionnaires des domaines skiables un outil opérationnel de prise en compte de l’espèce. ONCFS IIII RAPPORT SCIENTIFIQUE 2011 5 La qualité des habitats intervient également sur la santé de la faune sauvage qui, comme les chevreuils, dispose de réponses immunitaires innées et efficaces dans les habitats riches. Les ressources trophiques d’un habitat influent également sur le comportement. Le domaine vital des biches, par exemple, s’avère d’autant plus petit que la biomasse de nourriture est abondante. En Guyane, le domaine vital des hoccos augmente entre la saison des pluies et la saison sèche en raison d’un accès à la nourriture plus difficile. S’il est toujours envisageable de réduire l’impact de la modification des habitats, d’autres facteurs environnementaux nous échappent. C’est le cas des conditions climatiques. Une sécheresse hors-norme en été peut ainsi conduire à une baisse significative du succès reproducteur de la bécasse des bois au cœur de son aire de nidification, en Russie européenne. Dans d’autres cas, c’est la structure physiologique propre à l’espèce qui peut la mettre en péril. En raison de faibles réserves de lipides, trois jours de disette dus à d’importantes chutes de neige suffisent pour mettre en danger la perdrix bartavelle. Et tout dérangement intempestif accentue le phénomène. En termes de dérangement, la chasse peut avoir des conséquences inattendues. Chez le sanglier, le choix des bauges semble plus influencé par l’activité cynégétique que par la disponibilité en nourriture et le couvert disponible. En revanche, pour d’autres comme le lièvre, c’est le statut « social » de l’individu qui le fragilise. Ainsi, les lièvres en phase de transit entre deux territoires ou tout juste arrivés sur un nouveau territoire sont plus vulnérables à la chasse et à la prédation. © Val de Saône Ste Benigne On le voit, les activités humaines en lien avec la nature tiennent une place importante dans les études et recherches conduites à l’ONCFS. Cette spécificité de l’Établissement est portée par de nombreuses communications à des colloques nationaux et internationaux (près de 70 en 2011). En publiant des articles dans des revues scientifiques renommées, l’ONCFS relève aussi le défi de compter parmi les organismes français et européens qui se consacrent à une recherche finalisée sur la faune sauvage. Enfin, grâce à sa revue technique Faune sauvage et aux articles de vulgarisation proposés à la presse spécialisée, il n’oublie pas que la mise en pratique des résultats avec les acteurs de terrain reste l’objectif ultime des études et de la recherche initiées. 6 ONCFS IIII RAPPORT SCIENTIFIQUE 2011 Bilan Organigramme général de la Direction des études et de la recherche Directeur : Pierre Migot Directeur adjoint : Guillaume Rousset Chargé de mission Responsable administratif et financier : Hélène Melkebeke Centre de documentation Responsable : Marie-Solange Landry Traductrice : Catherine Carter Secrétariat : Évelyne Hopin Martine Aupetit Corinne Verger Assistance du directeur Assistante de direction : Brigitte Iwach Secrétaire : Bénédicte Laignel ( jusqu’en décembre 2011) Christelle Laporte (à partir d’avril 2012) Cellule d’appui à l’analyse statistique, informatique et géographique des données Philippe Aubry Philippe Landry Clément Calenge Chargée d’études « Faune de Guyane » Cécile Richard-Hansen Chargé d’études et de recherche sur les espèces invasives et déprédatrices Jean-Marc Cugnasse CNERA Petite faune sédentaire de plaine Responsable : François Reitz Secrétaire du chef de CNERA : Florence Depasse ( jusqu’en décembre 2011) Martine Macerot (à partir de février 2012) Secrétariat CNERA : Dominique Schindler CNERA Faune de montagne Responsable : Daniel Maillard Secrétaire du chef de CNERA : Katia Martinez Secrétariat CNERA : Thérèse Duchaussoy, Martine Wanner CNERA Avifaune migratrice Responsable : Jean-Marie Boutin Secrétaire du chef de CNERA : Anne Floch Secrétariat CNERA : Valérie Guérineau CNERA Prédateurs – animaux déprédateurs Responsable : Michel Catusse Secrétaire du chef de CNERA : Magalie Guillot ( jusqu’en janvier 2012) Elie Augereau (à partir de février 2012) CNERA Cervidés – sanglier Responsable : François Klein Secrétaire du chef de CNERA : Sandrine Thomas Secrétariat CNERA : Ophélie Tagnon Unité sanitaire de la faune Responsable : Olivier Mastain ( jusqu’en août 2011) Jean-Yves Chollet (à partir de mars 2012) Secrétaire du chef de l’USF : Sophie Grammont CNERA : Centre national d’études et de recherche appliquée. Chaque CNERA est organisé en équipes présentées individuellement dans ce rapport scientifique. ONCFS IIII RAPPORT SCIENTIFIQUE 2011 7