SIGNAUX QUALITATIFS ET PHENOMENE DE STAR
Le phénomène de superstar décrit une situation dans laquelle une poignée d’artistes dominent l’activité
dans laquelle ils s’engagent et gagnent des sommes d’argent considérables. La plupart des modèles, tentant
d’expliquer ce phénomène, se placent explicitement sur le marché des produits sur lequel sont réunis les
artistes, qui fournissent des services finaux, et les consommateurs finaux. Nous adoptons ici une démarche
différente en nous situant sur le marché de la main d’œuvre artistique regroupant les artistes (dont les
services sont des facteurs de production) et les employeurs (i.e. les producteurs culturels finaux) et
montrons que les stratégies de minimisation des coûts d’embauche sous contrainte de maximisation de la
qualité peuvent concourir à l’émergence d’une répartition très inégale des revenus artistiques.
Pour minimiser les coûts d’embauche, l’employeur, qui souhaite engager des artistes de talent, peut
avoir recours à trois types de signaux qualitatifs : le rythme des engagements de l’artiste, son cachet et sa
réputation dans la communauté professionnelle. Le modèle des cascades informationnelles de
Bikhchandani, Hirshleifer et Welch (1992) d’une part et Towse (1992, 1995) d’autre part montrent
respectivement comment l’utilisation du nombre d’engagements antérieurs et du cachet comme signal de
qualité peut aboutir à une concentration de la demande sur un même artiste. Quant à notre contribution, elle
met en lumière le fait que la stratégie de l’employeur consistant à avoir recours au réseau-échange et à la
réputation transmise par ce réseau peut aboutir également à une concentration de la demande de travail sur
un nombre restreint d’artistes. Dès lors, le phénomène de star ne doit pas être considéré comme un
phénomène strictement économique mais comme un phénomène socio-économique puisque des structures
sociales telles que le réseau-échange concourent à l’émergence d’inégalités économiques très marquées
entre »me élite (les stars) et les autres artistes.
Mots-clés : phénomène de star, coûts d’embauche, signaux qualitatifs, rythme des engagements, cachet,
réputation professionnelle, cascades informationnelles, réseau-échange
The superstar phenomenon describes a situation wherein few artists dominate the activity in which they
engage and earn significant amounts of money. Most of models, trying to explain this phenomenon, take
place clearly on the product market where artists provide ultimate and consumers. We adopt here a
different approach by taking place on the labour market regrouping artists (whose the services are
production factors) and employers (the producers of cultural products) and we demonstrate that die
strategies, consisting in minimizing search costs under contraint of quality maximisation, can work towards
explaining the emergence of a very unequal distribution of artistic incomes.
In order to minimize search costs, the employer, who wants to take on talented people, can use three
types of qualitative signals : the engagements rythm, the fee and the reputation in professional community.
The model of informational cascades of Bikhchandani, Hirshleifer and Welch (1992) on the one hand and
Towse (1992, 1995) on the other hand demonstrate respectively how the use of engagements rythm and the
use of fee as qualitative signal can lead to a concentration of demand on the same artist. As for our
contribution, it exhibits that the employer’s strategy, consisting in using the « exchange system » (« réseau-
échange ») and the reputation diffused by this network, can also lead to a polarization of labour demand on
few artists. Then, the star phenomenon don’t must be considered like a strictly economic phenomenon but
like a socio-economic phenomenon insofar as social structures, like the « exchange-system » (« réseau-
échange ») can contribute to the emergence of economic disparities between an elite (the stars) and the
others artists.
Key words : star phenomenon, search costs, qualitative signals, engagements rythm, fee, professional
reputation, informational cascades, « exchange system » (« réseau-échange »).
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