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I. LES STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT DANS UN MONDE DE PLUS EN PLUS
INTERDÉPENDANT : APPLIQUER LES LEÇONS DU PASSÉ POUR FAIRE
DE LA MONDIALISATION UN INSTRUMENT EFFICACE AU SERVICE
DU DÉVELOPPEMENT DE TOUS LES PAYS ET DE TOUS LES INDIVIDUS
A. Évaluation des effets de la mondialisation sur le développement
1. Avec l'accélération de la mondialisation au début des années 90,
on s'attendait que la croissance et le développement, animés par les forces
du marché planétaire, deviennent plus rapides, plus durables et plus
équitables, contribuant à combler l'écart entre les pays en développement et
les pays industrialisés, entre les pauvres et les riches. Force est
malheureusement de constater qu'il n'en est rien. La croissance économique
mondiale dans les années 90 est restée inférieure à la moyenne de
l'après-guerre, le fossé des revenus entre le Nord et le Sud s'est encore
creusé et le risque de marginalisation est devenu bien réel. À cela s'ajoute
une aggravation de l'inégalité et de l'insécurité des revenus à l'intérieur
même des pays, de la précarité de l'emploi et de l'instabilité financière.
Ces tendances ont été accentuées par une série de crises financières
inattendues, qui ont frappé l'économie mondiale avec une fréquence et une
intensité croissantes.
2. On prend de plus en plus conscience des graves lacunes du consensus de
Washington, fondement des stratégies de développement menées ces dernières
décennies sous la houlette des institutions financières multilatérales.
La communauté internationale doit donc élaborer de nouveaux principes de
développement, pour remédier aux effets négatifs de la mondialisation
économique et financière et tenir aussi pleinement compte d'objectifs plus
généraux.
3. L'expérience récente donne à penser que les simples lois de l'économie
ne sauraient faire automatiquement converger les revenus des pays en
développement vers ceux des pays développés. C'est que les forces du marché
s'exercent dans un monde caractérisé par des asymétries et des déséquilibres
dont la répartition internationale du pouvoir économique nous fournit
l'exemple le plus frappant. Il y a également déséquilibre entre les forces
économiques internationales elles-mêmes. La vitesse de la libéralisation
financière a dissocié la finance du commerce international et de
l'investissement. On a privilégié la liquidité et le prompt va-et-vient sur
les marchés de capitaux, en quête de profits rapides. Cela explique
l'instabilité croissance des flux financiers.
4. Vu ces asymétries de l'économie mondiale, l'ampleur et la chronologie de
la libéralisation sont également déséquilibrées. Dans le domaine commercial,
de nombreux secteurs d'exportation importants pour les pays en développement
font encore l'objet d'une forte protection. Les pays développés protègent
toujours leurs marchés du travail, alors que les pays en développement ont
ouvert leurs marchés de capitaux. Qui plus est, les travailleurs qualifiés
sont devenus beaucoup plus mobiles, mais la main-d'oeuvre non qualifiée se
heurte encore à des obstacles importants. Si cela continue, les pays en
développement ne pourront pas devenir compétitifs dans les domaines où les
perspectives de croissance durable sont les meilleures.