COMPTE-RENDU DE LA CONFÉRENCE DU 7 OCTOBRE 2015
À L’ÉCOLE DES MINES DE PARIS
« UNE FEUILLE DE ROUTE POUR FINANCER UNE ÉCONOMIE DÉCARBONÉE »
PAR M. ALAIN GRANDJEAN
Organisée par les Clubs Mines Développement Durable et Environnement et
Mines Énergie
Les notes de bas de page ont été ajoutées par les auteurs du compte-rendu
Exposé de M. Alain Grandjean
M. Alain Grandjean a écrit «Le plein s’il vous plait » avec J.M. Jancovici, publié en 2006 et « Miser
vraiment sur la transition énergétique »
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en 2014.
Les données sur le changement climatique ne seront pas discutées lors de la présente conférence.
Il faut parvenir à réduire de 50% des émissions mondiales de CO₂ en 2050 mais les taux de réduction
différeront selon que les pays sont avancés, émergents ou moins avancés. En 2050 l’émission de CO₂
devra être limitée à 2 tonnes par habitant. La production d’électricité ne devra pas dégager plus de
100 g/kWh, et tendre vers 50.
A la COP 20 de Lima, il a été demandé à chaque pays de proposer ce qu’il pouvait faire de mieux pour
limiter ses émissions de gaz à effet de serre. La plateforme AZCA
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a été créée pour suivre les
engagements pris par tout organisme public ou privé relatif aux actions relatives au changement
climatique. Pour le contrer il faudra investir massivement.
Contrairement à une idée répandue, la Conférence de Copenhague de 2009 (la COP 15) n’a pas été
échec, en effet :
· le seuil de 2° à ne pas franchir a été acquis
· les pays développés se sont engagés à financer les autres à hauteur de USD 100 Mrd par an
au travers d’un fonds climat. Une fraction de ses ressources viendrait de la taxe sur les
transactions financières qui sera discutée à la COP 21.
Les modèles d’affaires (business models) de la réduction des émissions et de l’adaptation au
changement climatique ne sont pas les mêmes. Ceux-ci ne produisent pas des cash-flows permettant
le remboursement des emprunts contrairement à ceux-là.
Les 100 Mrd annuels seront un mix d’argent public et privé.
Le World Resource Institute est un think tank US, mais à rayonnement mondial, dont l’une des
missions est de promouvoir le financement de projets destinés à lutter contre le changement
climatique ou à s’y adapter. Il agit en conseiller des organismes publics et privés. Il participera
activement à la COP 21.
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Avec Hélène Le Téno , Ed. L’Atelier
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Site climateaction.unfccc.int
La part des financements liés au climat des banques de développement s’accroît. Dans le cas de
l’Agence française du développement (l’AFD) elle atteint 50%. Contrairement aux agences de
développement des autres pays, l’AFD est soumise aux règles de Bâle 3. Cela entrave son action ;
aussi le rapport Canfin-Grandjean
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(CG) recommande-t-il que ces règles ne lui soient plus appliquées.
L’AFD intervient en prêts alors que les pays les moins avancés (PMA) veulent des dons.
Le rapport CG ne doit pas être considéré comme la position officielle de la France.
Dans le financement d’une économie décarbonée on considère surtout les infrastructures alors qu’il
ne faudrait pas négliger les bâtiments, l’agriculture, les forêts, etc…
CG recommandent d’inciter la communauté financière à prendre en compte les risques liés au
dérèglement climatique et les effets des financements qu’elle attribue sur les émissions de CO₂. Plus
généralement il faut qu’un ensemble d’acteurs publics et privés deviennent concernés par l’évolution
du climat alors qu’ils ne le sont pas actuellement.
Lorsque le Fonds Monétaire International (FMI) fait des prévisions sur le prix du baril de pétrole, il se
refuse à préciser s’il a intégré la contrainte carbone.
Dans l’ensemble, les économistes sont d’accord pour fixer un prix du carbone mais cela est un débat
politique majeur. La COP 21 ne parviendra pas à fixer un prix unique du carbone mais au mieux un
corridor. Le prix du carbone pour les PMA devra être très inférieur à celui des pays avancés.
CG suggèrent que le FMI suive la feuille de route des émissions de carbone (c’est un complexe et
minutieux travail) et que le G20 s’occupe du climat. Il doit d’abord être traité par un nombre limité
de pays représentant la plus large part des émissions
Les banques de développement ont un poids considérable sur les financements privés lorsqu’elles
concourent avec eux à un même projet.
La Banque Mondiale est disposée à accorder des garanties de risque pays liés à des financements de
projets verts.
Discussion
Q. : La prépondérance des financements privés ne réduit-elle-pas les chances de respecter la feuille
de route ?
R. : il faut justement y recourir du fait de l’endettement considérable des états. Sans financements
privés les investissements indispensables pour contrer le changement climatique ne seront pas
réalisés.
Q. : Pourquoi ne parle-t-on plus des plans climat nationaux ?
R. : Ils restent nécessaires. Les engagements sérieux reposent sur de tels plans.
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Remis au Président de la République en juin 2015
Q : Les banques de développement des PMA ne vont-t-elles pas tomber sous la coupe de celles des
pays avancés ?
R : Il faut organiser les marchés financiers dans les pays en développement pour qu’ils puissent
réaliser par eux-mêmes des projets à long terme.
Q. : Le prix du carbone fait-il partie des négociations internationales sur le commerce ?
R. : L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) n’a pas été interpelée sur la question du prix du
carbone.
Q. : Y-aura-t-il des financements pour la recherche sur les technologies bas-carbone ?
R. : CG n’ont pas examiné la question des technologies bas carbone.
Q. : Pourquoi des pays dont l’économie dépend fortement de l’extraction de combustibles fossiles
coopéreraient-ils ?
R. : Les plus gros sites en Europe sont soumis à un système de quota de CO₂. Les dépasser oblige à
acheter des droits d’émettre. Les systèmes de CSC (captage et stockage du carbone) seraient une
autre option mais ils ne deviendront rentables qu’avec un CO₂ à 70 USD / tonne. Il est indispensable
que les futures hausses du prix de la tonne de CO₂ soient crédibles. La question est délicate parce
qu’une forte pression à la hausse sur le prix du carbone inciterait les pays pétroliers et charbonniers à
baisser les prix des combustibles fossiles, voire à se coaliser contre la décarbonation.
Q. : Pourquoi ferait-on demain ce que l’on n’a pas fait hier ?
R. : Il y a une prise de conscience de plus en plus large dans les sociétés d’une part et les solutions
techniques s’améliorent constamment d’autre part.
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