ecole nationale veterinaire de lyon

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ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE LYON
Année 2008
- Thèse n°…
La leptospirose : étude bibliographique et étude rétrospective de 37
cas de leptospirose canine
THESE
Présentée à l’UNIVERSITE CLAUDE-BERNARD - LYON I
(Médecine - Pharmacie)
et soutenue publiquement le 12 septembre 2008
pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire
par
HAZART Géraldine
Née le 16 mars 1984
à Nancy
2
REMERCIEMENTS
A monsieur le Professeur Dominique PEYRAMOND,
De la faculté de médecine de Lyon,
Qui nous a fait l’honneur d’accepter la présidence de notre jury de thèse,
Hommages respectueux
A Madame le Docteur Marine HUGONNARD,
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Pour sa gentillesse et sa patience tout au long de notre travail,
Sincères remerciements
A Madame le Docteur Jaquemine VIALARD,
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Qui nous a fait l’honneur de participer à notre jury,
Qu’elle trouve ici l’expression de notre reconnaissance
A Madame le Docteur Isabelle GOY-THOLLOT,
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Pour son aide tout au long de ce projet, pour ses conseils et sa disponibilité,
Tous mes remerciements
3
A Monsieur le Professeur Angeli KODJO,
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon,
Pour les lumières qu’il aura bien voulu nous dispenser sur le sujet et pour sa patience,
Sincères remerciements
A Madame le Professeur Geneviève André-Fontaine,
De l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes,
Pour avoir contribué au recensement des résultats sérologiques de cette étude,
Qu’elle trouve ici l’expression de notre profond respect
Au laboratoire SCANELIS de Toulouse,
Pour nous avoir aidés au développement de ce travail,
Tous mes remerciements
4
A ma maman, parce que tu m’as toujours soutenue dans ce que je voulais…Parce que tu es
toujours de bonne humeur et parce que tout parait facile avec toi. Je t’aime fort…
Et à Pat, merci tout simplement de la rendre heureuse…
A ma grande soeurette Julie, mon opposée mais qui me ressemble un peu quand même…Un
vrai rayon de soleil, merci pour ta bonne humeur, merci d’être toujours là. Ne t’éloigne jamais
de moi…
A Tatie, la plus top des grandes tantes, celle qu’on voudrait tous être à son age…Continue
comme ça et on fera la fiesta pour tes 100 ans.
A Claude, merci d’avoir été si présente.
A Vava, merci d’avoir élevé tous les petits Aliot-Hazart…
A Papy François, pour tous ces Noël à Thionville avec toute la famille.
A mamie Janine, mamie Thé et papy Albert, parce que je sais que j’ai 3 bonnes étoiles…
A la famille Aliot et la famille Hazart
A Gérard et Joelle, merci pour votre gentillesse légendaire, merci d’être toujours là et merci
pour tous les bons week ends passés en votre compagnie et qui sentent toujours un peu les
vacances. Tout le monde attend votre démonstration chorégraphique de country avec
impatience…
A Olivier, M. Sauze mon parrain que je ne vois pas assez…A tes blagues téléphoniques et tes
blagues tout court. Merci d’être resté un grand gamin, merci pour les (trop rares ?) bons
moments qu’on passe quand on arrive à se voir.
A Sandra, Ju et Mia, pour l’accueil que vous m’avez offert depuis ces 3 années. Dommage
qu’on ne vous voie pas plus souvent…
5
A la prépa à Poincaré mais surtout à ceux qui ont réussi à rendre cette année de boulot
sympathique et inoubliable :
-Claire, ma binôme chérie, ma « jumelle » comme il disait, inséparables même avec la
distance (j’espère…), à nos TP de folie , notre duo d’orphelines sans carré qui ne pouvait pas
tomber mieux, notre lourdeur…A tes histoires sentimentales sans fin. Merci d’être exactement
comme tu es et exactement comme je t’adore…
-A mon Jean Philou, pour nos colles à stresser ensemble, nos soirées du Gec, les Gérardmer
tous plus inoubliables les uns que les autres, vive Balou et le CDADO. Je devrais t’en vouloir
de ne pas être là ce soir mais je n’y arriverai tout simplement pas…
-A La Dulac, parce que Chaumont comme Julien Chaumont aura été le fil rouge (mais on
avait raison…), à ta petite bouille, ton sourire qui ne disparaît jamais, nos soirées ensemble
(notamment les dernières dont on ne reparlera peut être pas…) et à toi aussi Julien
Chaumont, merci d’être aussi naze…
-A Jean Seb et Alice, les planqués nantais quand est ce que vous venez nous voir ? Merci
d’être restés les mêmes qu’en prépa, dommage que Nantes soit si loin de Lyon…
-A Bennou, merci pour toutes les soirées de folie passées dans ton super appart
…Vous me manquez fort les loulous, tout est toujours rose avec vous, on la fait quand notre
super maison tous ensemble ?…
…A Isabelle Binet…
A mon Paulo, notre rencontre, le coup de foudre, le champagne (c’est comme ça que tout a
commencé), le Voltaire, le quai Ligier Richier, pour tes conseils de débauche mais tes
conseils quand même, à notre mariage (un jour…), à la cabourotte,, à Titus et Flo, à tes gins
(Bombay s’il vous plait !) et tes cafés, au jeu des glaçons, au shopping and fucking club, au
Danton Q, au tricard express et au sunshine on the beach, à mla soirée jaune, à la vieille de
l’Olympe, à Delpèche mode et à Daphnièle, à « père Fouettard paye ton ricard »…
Un bonne fois pour toutes, je t’aime (ça va j’ai pas été trop lourde,là ?)
Un souci ? Un ennui ? Une envie de parler ? T’hésites pas, tu m’appelles…
Que le champagne et le Bombay coulent à flot ce soir…
A tous les zygomars (attention ça va être long) : Ben, Marie, Antoine, Zoé, Coquille,
Madeleine, Momo, Sergine, Thib, Xav, Nini, Pierre, Charles, Clémence, Anne (et Victorine),
Clo, Dudu, Clara, Mathilde, Loulou, Cécile, Robin, Félix, César, Gaston, Eric, Denise, Greg,
Hugo, Brigitte, Patouche, Pierro, Popo, Nenette, Aurel, Max, Victor, Jean Claude, Isabelle,
Lulu, Sophie, Juliette…Quelle grande famille…
A mes 2 Maries Chéries : la grande et la petite, pour toutes nos confidences, nos idées sur
tout, nos joies nos peines, nos vacances à Bouzey beach, nos palmes à décerner (qui la détient
d’ailleurs ?). Une grande amitié qui ne fait que commencer…
A ma Zo, ma grande sœur de cœur, pour tout ce qu’on a partagé, notre amour commun pour
nos bébés. J’attends que tu quittes Epinal pour que tu te rapproches un peu de moi (un jour
peut être…)
A Toitoine, mon pilote préféré…Un peu mon grand frère…Merci pour notre amitié et notre
complicité.
A Juju Weis, trop loin depuis trop longtemps mais qui reste en contact. Je sais que tu veux
rester dans ce pays lointain mais nous oublie pas, on est là nous…
6
A la cliquaille du Voltaire, Barreau (la volonté personnifiée), ma petite Anne que je ne vois
pas assez souvent mais le cœur y est, merci d’être toujours de bonne humeur, à Cha et
Mathilde, à la Galette.
A la (feu) Caravelle (et au chieur de fioul), mais surtout à mes supers collocs :
- Léo, le rouquin (et pas blond vénitien) du groupe, pour tous les délires que tu as pu nous
faire avoir, pour ton coté unique (si si je te jure, pas 2 comme toi…), à ton don pour la déco,
aux steaks de jeune bovin, à notre semaine blanche de la loose, à ton union spirituelle avec
Cathou, à ton chien tout pourri.
Neurologue ou pas, tu seras un super véto…
-Snoopy, parce que Caravelle n’a plus jamais été pareille quand tu es parti, merci d’avoir été
ma bouée de sauvetage pendant les partiels face à ces polards…, à nos septembre ensemble,
nos boums de folie, nos délires alcoolisés, à la petite Valou et ses pipi partout, à tes délires
téléphoniques (vive dyphillobtrium latum), à Aude la chaude, à Justin (Djustine
Timberlaique). Tu pars un peu trop loin à mon goût mon grand…
-Fanny, la grande folle kitsche, merci d’être un peu déjantée. A notre admiration pour Lionel,
à nos après-midi shopping, à nos délires vocaux à la maison. Je suis bien contente que tu
redeviennes lyonnaise avec nous…
-Brunie, la maman de la maison, madame proprette qui a subi nos écarts de ménage…A notre
colloc du rez de chaussée, nos exploits romantiques de P2, aux glaces de chez Nardonne…
Ces années de folie ont sûrement été les meilleures : on recommence quand ?
A la revue RHD, la gu’RHD gangs, et surtout à mes ékouiiiineuses préférées :
-Pépée, tu vas me manquer là bas à Ste Hyacinthe…A notre rencontre à l’accueil RHC, nos
folies de P2, nos soirées ciné et parfois m&ms. Merci d’avoir partagé toute la préparation
danse de la revue, je pense qu’on a loupé notre vocation de chorégraphe…Je te souhaite tout
le bonheur du monde la bas dans ton froid pays…reviens nous vite !
-Pipo, miss Britney…Tellement bavarde et tellement drôle…J’espère que tu nous inviteras à
Euville en Meuse. Tu vas faire craquer tout le monde avec ta super mob…qui m’a coûté un
bras (et c’est pas du second degré !). A notre duo futur pour le mariage de Béné…
A ma Béné, merci pour tous ces moments partagés…et merci de m’avoir choisie pour le 18
juillet 2009. A tous nos souvenirs et à la merveilleuse intervention de Benoit Bureau un
certain soir de garde au SIAMU (on n’en dira pas plus). Quoi qu’il arrive cette année, ne
t’inquiètes pas, rien ne changera…
A mes parents de clinique et donc au groupe 1 le meilleur :
Aymeric, mon papa à moi, pour m’avoir appris à poser mon premier cathéter…,Mel, Lob
(vive les Vosges), Nouille (tu resteras toujours le plus beau tombeur) et Matthieu
Cette année avec vous a été mémorable, à toutes ces matinées de consult pas très fraiches, à
tout ce que vous nous avez appris (entre autres les castrations de chat à 2 grammes…).
Au groupe 14 le meilleur de l’année suivante…
-Léo, Brunie, Pépée je recommence pas
-FX, le grand raleur que j’adore, vive Gunther, vive la pêche et les bières. Merci d’être mon
binome cette année, je sens que ça va être mémorable…
-Sophie, notre petit cordon bleu. Pour ta bonne humeur et (parfois) tes sautes d’humeur. A
toutes ces soirées où c’était toi la dernière debout…
-Jessie, la morue, ma copine doigt dans le cul. Tu nous manques. Comment on va faire sans
les boums? On viendra en faire en Mayenne ?
7
-Pockie, ma petite Pockie qui est devenue grande et qui a appris tout ce qu’il fallait pendant
ces 5 ans : la danse com oune salope, les culs secs (enfin presque), les plongeons dans la
piscine. J’attends toujours que tu me présentes ta « cocotte »…
A Tigrou, pour le mémorable barbecue que tu nous a offert à Dénia. Je ne suis pas prête à
effacer tous les photos et films de ce jour là…
A Doumé, mon voisin de rés qui est devenu une saloperie d’alforien mais qui restera toujours
mon teigneux préféré. A tous nos souvenirs.
A La Guite et Toinou, tout simplement parce que vous êtes un peu fous. Je regrette juste de
ne pas vous avoir connus du temps de petit Tarvel (quoi que…). A toutes ces soirées et
vacances passées et à venir (vivement le 11 juillet 2009 !)
A Emi et Céline, parce qu’il fallait bien un trio féminin pour faire face aux trois cocos…Une
amitié est née…
A Marco et Claire, « les perles ». Merci pour tous les bons moments passés et merci Marco
pour cette langue de p--- que j’adore. A la petite Vulva…
A Céline et Eloi, le Pierre Richard des temps modernes. Vive les stations services d’où on se
tire sans payer…
A Vincent, mon boulet préféré. J’espère que tu seras la ce soir, je t’ai préparé une brochette
de nenettes (oublie cette phrase si t’as trouvé avant !).
A la Stef, tu croyais quand même pas que j’allais t’oublier…Ma petite bandidas déjantée
préférée. A madame Kael…
A la promotion RHC, parce qu’aucune promo (à part la notre peut être) n’a fait aussi bien
que vous, mais surtout à mon ancien à moi, Aurélien, merci pour tout. Et aux RHQ et bien sur
ma petite poulotte, ma petite Charlotte, essayez de vous souvenir de vos anciens…
A LIOOOOOOONEEEEEEL, mon cavalier préféré, le meilleur danseur de rock, le plus
beau de toute la promo, merci de m’avoir supportée ces 5 années…Chaque piste de danse fait
résonner ton prénom dans ma tête.
A Lulu, prends bien soin de mon Snoopynou et commence à repérer tous les bons coins de
Nantes car on risque fort de débouler un de ces jours…
A mes co-internes de cette année qui s’annonce :A Ludi, merci de rire comme tu le fais,
merci pour nos délires, à Tanplan, qu’on a tardé à connaître mais on va rattraper tout ca : on
va quand au Macumba ?
A Albane, Elodie, Pauline, Ronsard, Bousse, Mélanie, Laetitia, Marie, Emilia, Marylène.
A Raoul et Mélo, à Loul, à Lolo, à Didier en souvenir de l’AFTV, à la salle de boum, aux
piliers de bar (ils se reconnaîtront), aux pelles amicales, aux podiums, à la cage à putes, à la
buvette, aux semaines blanches, à Dénia, aux crémaillères véto mais surtout à celle de
Caravelle, A Tom Chuzel mon papa de chambre, à Guytou et Gillou, à Yoko et ses sucres, à
Bernard, à la petite, à crylou, à Carlos
A tous les Nancéens qui seraient trop longs à citer : je ne vous oublie pas !
8
Le meilleur pour la fin…A mon petit Tom chéri, je ne vais pas pouvoir te remercier pour
tout…Vivement que la distance ne nous sépare plus. Je t’aime fort.
9
SOMMAIRE
ILLUSTRATIONS................................................................................................................... 13
INTRODUCTION.................................................................................................................... 15
I. Synthèse bibliographique ................................................................................................. 16
A. Etiologie de la leptospirose .......................................................................................... 16
1. Biologie des leptospires ........................................................................................... 16
2. Conditions de survie dans l’environnement ............................................................. 17
3. Conditions de multiplication .................................................................................... 17
4. Classifications .......................................................................................................... 18
5. Evolution des sérovars et recrudescence de la maladie............................................ 20
B. Caractères pathogènes des leptospires et pathogénie de la leptospirose ...................... 24
1. Pouvoir pathogène : substances élaborées et facteurs de virulence ......................... 24
a) Toxines ................................................................................................................. 24
b) Lipopolysaccharide (LPS).................................................................................... 25
2. Victimes du pouvoir pathogène des leptospires ....................................................... 26
a) Notion d’hôte principal et hôte accidentel ........................................................... 26
b) La leptospirose : une zoonose .............................................................................. 27
3. Schéma pathogénique général et notions physiopathologiques ............................... 29
a) Mode de contamination ........................................................................................ 30
b) Phase de leptospirémie puis invasion tissulaire ................................................... 30
c) Réponse immunitaire de l’hôte ............................................................................ 31
d) Complications systémiques éventuelles ............................................................... 32
4. Etude spécifique de la pathogénie à l’échelle des organes....................................... 34
a) Atteinte rénale ...................................................................................................... 34
b) Atteinte hépatique ................................................................................................ 35
c) Atteinte du système nerveux central .................................................................... 35
d) Atteinte oculaire ................................................................................................... 36
e) Atteinte cardiaque ................................................................................................ 36
f) Atteinte pulmonaire.............................................................................................. 36
C. Etude spécifique de la leptospirose canine................................................................... 37
1. Facteurs de risque chez le chien ............................................................................... 37
a) Race et activité ..................................................................................................... 37
b) Age ....................................................................................................................... 37
c) Sexe ...................................................................................................................... 38
d) Lieu de vie ............................................................................................................ 38
e) Saison ................................................................................................................... 39
f) Précipitations annuelles........................................................................................ 39
2. Présentations cliniques ............................................................................................. 40
a) Infection subclinique ............................................................................................ 40
b) Infection cliniquement exprimée.......................................................................... 40
c) Influence du sérovar sur la clinique ..................................................................... 45
3. Anomalies biologiques associées à la leptospirose .................................................. 47
a) Tableau récapitulatif des fréquences des anomalies biologiques suivant les études
…………………………………………………………………………………...47
b) Anomalies biochimiques ...................................................................................... 48
c) Anomalies hématologiques .................................................................................. 50
d) Anomalies de la bandelette urinaire ..................................................................... 50
4. Données de l’imagerie.............................................................................................. 51
a) Echographie.......................................................................................................... 51
10
b)
Radiographie ........................................................................................................ 52
Lésions ..................................................................................................................... 53
a) Lésions macroscopiques nécropsiques................................................................. 53
b) Histologie ............................................................................................................. 53
6. Diagnostic................................................................................................................. 54
a) Diagnostic indirect : tests sérologiques ................................................................ 55
b) Diagnostic direct (détection de l’agent infectieux) .............................................. 61
c) Choix des tests à utiliser....................................................................................... 67
7. Traitement ................................................................................................................ 70
a) Antibiothérapie..................................................................................................... 70
b) Traitement de soutien ........................................................................................... 71
8. Pronostic................................................................................................................... 80
a) Taux de survie ...................................................................................................... 80
b) Facteurs pronostiques ........................................................................................... 81
9. Prophylaxie............................................................................................................... 81
a) Prophylaxie médicale : vaccination...................................................................... 81
b) Prophylaxie sanitaire ............................................................................................ 84
II. Etude clinique : analyse rétrospective de trente sept cas de leptospirose diagnostiqués à
l’ENVL..................................................................................................................................... 86
A. Objectifs ....................................................................................................................... 86
B. Matériel et méthodes .................................................................................................... 86
1. Matériel .................................................................................................................... 86
a) Pré-sélection de la population .............................................................................. 86
b) Recueil des données ............................................................................................. 87
c) Sélection définitive des cas .................................................................................. 87
2. Méthodes .................................................................................................................. 87
a) PCR ...................................................................................................................... 87
b) Sérologies : lieu de réalisation et critères d’interprétation ................................... 87
c) Microscopies sur fond noir................................................................................... 91
C. Résultats ....................................................................................................................... 91
1. Chiens inclus dans cette étude.................................................................................. 91
2. Commémoratifs et anamnèse ................................................................................... 92
a) Provenance de l’animal ........................................................................................ 92
b) Races représentées................................................................................................ 92
c) Lieu et mode de vie .............................................................................................. 92
d) Statut vaccinal ...................................................................................................... 94
e) Age à l’admission................................................................................................. 95
f) Saison à l’admission............................................................................................. 95
g) Sexe et statut sexuel ............................................................................................. 96
3. Anamnèse et présentation clinique à l’admission .................................................... 97
4. Anomalies biologiques à l’admission ...................................................................... 98
a) Paramètres biochimiques...................................................................................... 98
b) Anomalies de la bandelette urinaire ..................................................................... 99
5. Examens complémentaires réalisés et conclusions diagnostiques ........................... 99
a) Type d’examens réalisés ...................................................................................... 99
b) Analyses recherchant spécifiquement la leptospirose ........................................ 100
c) Examens complémentaires non spécifiques réalisés .......................................... 103
6. Traitements............................................................................................................. 103
7. Devenir des animaux .............................................................................................. 104
a) Sortie d’hospitalisation....................................................................................... 104
5.
11
b)
Evolution post-hospitalisation............................................................................ 105
Examens post mortem ............................................................................................ 106
III.
Discussion .................................................................................................................. 108
A. Population recrutée et commémoratifs....................................................................... 108
1. Méthode de recrutement......................................................................................... 108
2. Description de la population étudiée ...................................................................... 108
B. Examen clinique à l’admission : une clinique non spécifique ................................... 109
C. Apport des examens complémentaires et des tests diagnostiques.............................. 110
1. Apport des examens complémentaires non spécifiques ......................................... 110
a) Données des analyses sanguines ........................................................................ 110
b) Bandelette urinaire ............................................................................................. 111
c) Examens d’imagerie ........................................................................................... 111
2. Sérovars détectés par le MAT ................................................................................ 112
3. Qualités des tests diagnostiques et concordance des résultats ............................... 112
a) Interprétation des résultats ................................................................................. 112
b) Résultats non concordants .................................................................................. 113
c) Cas du patient ayant présenté une séroconversion ............................................. 114
d) Conclusion sur le/les examens complémentaires et tests à choisir ................... 114
D. Pronostic..................................................................................................................... 115
E. Observations post mortem et examens histologiques ................................................ 116
F. Conclusion : éléments indicateurs, diagnostic et prise en charge d’une leptospirose
canine ................................................................................................................................. 116
C O N C L U S I O N ................................................................................................................... 118
ANNEXES ............................................................................................................................. 126
8.
12
ILLUSTRATIONS
Tableau 1 : Liste des sérogroupes et sérovars pathogènes les plus importants
épidémiologiquement chez l’animal (classification sérologique) ............................................ 19
Tableau 2 : Liste des hôtes réservoirs pour les principaux sérovars infectant le chien............ 26
Tableau 3 : Fréquence des symptômes selon les études........................................................... 42
Tableau 4 : Fréquence des anomalies biologiques selon les études ......................................... 48
Tableau 5 : Fréquence des anomalies échographiques selon les études .................................. 51
Tableau 6 : Principaux avantages et inconvénients des tests diagnostiques ............................ 68
Tableau 7 : Antibiotiques utilisés lors de leptospirose et mode d’administration ................... 70
Tableau 8 : Principaux traitements des troubles gastro-intestinaux et mode d’administration 73
Tableau 9 : Taux de survie selon les études ............................................................................. 80
Tableau 10 : Liste des races représentées................................................................................. 92
Tableau 11 : Sérogroupes infectants détectés par le MAT..................................................... 101
Tableau 12 : Concordance entre résultats sérologiques et PCR............................................. 102
Figure 1: Schéma de leptospires dans les urines et détail d'une leptospire .............................. 16
Figure 2: Pathogénie de la leptospirose.................................................................................... 29
Figure 3 : Principe de la méthode ELISA ................................................................................ 59
Figure 4 : Principe de l’immunofluorescence directe .............................................................. 63
Figure 5 : Evolution des possibilités diagnostiques en fonction du temps............................... 69
Figure 6 : Principe de l’hémodialyse ....................................................................................... 75
Figure 7 : Extrait de résultat de MAT d’un chien dont le profil est compatible avec la
vaccination ............................................................................................................................... 88
Figure 8 : Extrait de résultat MAT d’un chien dont le profil est en faveur d’une infection
leptospirosique au sérogroupe grippotyphosa. ......................................................................... 89
Figure 9 : Extrait de résultat MAT d’un chien dont le profil est en faveur d’une infection
leptospirosique au sérogroupe icterohaemorragiae .................................................................. 90
Figure 10 : Extrait de résultat MAT d’un chien non vacciné dont le profil est douteux.......... 90
Figure 11 : Lieu de vie des animaux ........................................................................................ 93
Figure 12 : Présence d’un point d’eau dans l’environnement des animaux............................. 93
Figure 13 : Mode de vie rapporté des chiens ........................................................................... 94
Figure 14 : Proportion de chiens ayant l’habitude de se baigner ............................................. 94
Figure 15 : Statut vaccinal des animaux................................................................................... 95
Figure 16 : Répartition des chiens en fonction de l’âge ........................................................... 95
Figure 17 : Répartition annuelle des consultations en fonction des saisons ............................ 96
Figure 18 : Répartition des chiens en fonction du statut sexuel............................................... 96
Figure 19 : Symptômes présentés par les chiens à l’admission ............................................... 97
Figure 20 : Répartition des paramètres rénaux à l’admission .................................................. 98
Figure 21 : Anomalies de la bandelette urinaire des chiens à l’admission............................... 99
Figure 22 : Types d’examens réalisés pour l’exploration de la leptospirose ......................... 100
Figure 23 : Répartition des différents résultats sérologiques observés .................................. 101
Figure 24 : Devenir des animaux ........................................................................................... 105
Figure 25 : Caractérisation des paramètres biochimiques lors de la sortie d’hospitalisation 105
Figure 26 : Répartition des chiens à ce jour ........................................................................... 106
13
Photo 1: Leptospire en microscopie électronique .................................................................... 17
Photo 2 : Leptospires après coloration argentique ................................................................... 61
Photo 3 : Leptospires en microscopie sur fond noir................................................................. 62
Photo 4 : Leptospires par la méthode d’immunofluorescence directe. .................................... 63
Photo 5 : Système collecteur d’urine : poche reliée à la sonde urinaire................................... 72
Photo 6 : Chien en cours d’hémodialyse .................................................................................. 75
Photo 7 : Evolution de l’ascite chez un chien avant et après hémodialyse .............................. 76
Photo 8 : Emballage étanche des prélèvements d’un individu suspect de leptospirose………85
14
INTRODUCTION
La leptospirose est une maladie zoonotique à répartition mondiale résultant d’une
infection par des bactéries pathogènes de l’ordre des spirochètes. Sa possible transmission à
l’homme et sa potentielle gravité, ainsi que le rôle épidémiologique de l’animal dans cette
transmission en font une maladie importante aussi bien en médecine humaine que vétérinaire.
Les sérovars à l’origine de l’infection sont très nombreux et la tendance dans la littérature
outre atlantique semble indiquer une augmentation du nombre de cas recensés dans l’espèce
canine ainsi que l’implication de sérovars jusque là peu ou pas représentés.
Peu d’études sont cependant effectuées sur le territoire français et aucune étude
clinique française n’a été publiée sur ce sujet dans une revue indexée. C’est pourquoi il a paru
intéressant de réaliser l’analyse rétrospective des cas présentés au service de soins intensifs
et/ou de médecine interne de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon sur une période de cinq
ans (2003-2008). Les buts de cette analyse étaient de définir les critères épidémiologiques de
la population atteinte, de recenser les signes cliniques et biologiques associés, de comparer les
performances diagnostiques des tests mis en œuvre et d’évaluer les modalités d’évolution et le
taux de survie associés.
La première partie de ce manuscrit présente une synthèse bibliographique des
données concernant la leptospirose canine. La deuxième partie expose la méthodologie et les
résultats de notre étude clinique rétrospective. Ces résultats sont discutés à la lumière des
données bibliographiques et confrontés à ceux d’études réalisées sur le même sujet dans des
pays étrangers.
15
I. Synthèse bibliographique
A. Etiologie de la leptospirose
1. Biologie des leptospires
Les leptospires sont des bactéries légèrement flexibles et filamenteuses formées de
spires très serrées et régulières, terminées en forme de crochet. Le diamètre cellulaire est de
0,1 µm et la longueur varie de 6 à 12 µm.
Elles sont composées d’un cylindre protoplasmique autour d’un filament central (axostyle)
(Figure 1). La membrane externe contient des lipopolysaccharides (LPS), des protéines et des
phospholipides.
Les leptospires sont des bactéries mobiles capables d’exécuter trois types de mouvements :
rotation autour de leur grand axe, flexion et translation [51, 73].
Figure 1: Schéma de leptospires dans les urines et détail d'une leptospire
(D’après [33].)
16
Photo 1: Leptospire en microscopie électronique (x 1500) (D’après [72].)
Les leptospires sont des bactéries fragiles pour lesquelles la croissance et la survie ne
sont possibles que dans des conditions particulières.
2. Conditions de survie dans l’environnement
L’exposition des leptospires à une température de 40°C est délétère, et devient létale à
56°C. Outre la chaleur, les leptospires sont détruites par la dessiccation, le froid (nocif à 4°C
et létal à -20°C), le savon, les détergents usuels, les environnements acides et la putréfaction.
Les leptospires peuvent par contre survivre dans un environnement tempéré avec des
températures comprises dans une fourchette de 0 à 25°C et un pH neutre voire légèrement
alcalin soit de 6,8 à 7,4 [51, 73].
3. Conditions de multiplication
Les leptospires sont des bactéries aérobies requérant des conditions spéciales pour leur
multiplication. La température optimale de croissance se situe vers 28-30°C. Une
multiplication plus rapide peut s’effectuer lors d’incubation à 37°C pendant un à deux jours.
17
Le pH optimal est de 7,2 à 7,4 [51, 73]. Les conditions de croissance idéales sont alors réunies
pour permettre aux leptospires d’élaborer les substances responsables de leur pouvoir
pathogène.
Les leptospires ne pouvant se répliquer à l’extérieur, la présence d’hôtes réservoirs est
indispensable pour maintenir ces dernières dans l’environnement. Les hôtes d’une maladie
infectieuse sont définis comme les organismes capables d’héberger l’agent pathogène. Pour
les leptospires, les hôtes possibles sont l’ensemble des mammifères domestiques et la plupart
des rongeurs sauvages. Les organismes infectés de façon inapparente représentent, au plan
individuel, une source très importante d’agent pathogène, compte tenu de la quantité
importante de l’agent infectieux dans certains tissus : ils constituent le réservoir de la maladie
[71].
Chez le chien, l’infection est causée par au moins huit sérogroupes distincts maintenus
dans l’environnement par un ou plusieurs hôtes réservoirs asymptomatiques. En effet, au sein
de cette population, le taux d’infection est élevé et la transmission efficace mais l’expression
clinique de la maladie est rare [15, 50].
Bien que les leptospires puissent survivre dans un environnement tempéré et humide, leur
multiplication n’est possible que dans un organisme hôte, qu’elles soient pathogènes ou non.
Cette dichotomie reste cependant la base de la classification sérologique du genre.
4. Classifications
Les leptospires font partie de l’ordre des Spirochètes, de la famille des Leptospiraceae
et du genre Leptospira.
Avant 1989, la classification sérologique utilisée divisait le genre Leptospira en deux
espèces, à savoir Leptospira interrogans et Leptospira biflexa, la première étant la seule
pathogène. Il existe plus de 200 sérovars regroupés en plus d’une vingtaine de sérogroupes.
Chaque sérogroupe est composé de plusieurs sérovars étroitement apparentés de part leurs
déterminants antigéniques situés sur leur membrane externe. La classification sérologique des
leptospires repose sur ces antigènes qui induisent la production d’anticorps agglutinants chez
les animaux infectés. Le principe du test de microagglutination repose sur la mise en évidence
de ces anticorps agglutinants dans le sérum de l’animal suspect. Ces antigènes sont en outre
responsables des réactions croisées entre certains sérovars vis-à-vis du même anticorps
18
agglutinant. Les anticorps protecteurs, quant à eux, ne présentent pas de réactions croisées,
d’où la spécificité de protection apportée par les vaccins pour les sérogroupes vaccinaux.
Cette ancienne classification est toujours utilisée. Il est cependant important de savoir
que plus de 20 sérogroupes de Leptospira interrogans autres que icterohaemorragiae et
canicola existent et sont pathogènes pour l’homme et l’animal.
Bien qu’il y ait de nombreux sérogroupes, ils ne présentent pas tous la même virulence. De
même, l’incidence clinique des sérovars à l’intérieur d’un même sérogroupe est variable.
Enfin, la prévalence et la répartition des différents sérovars ne semblent pas fixes dans le
temps mais en évolution [4, 77].
Sérogroupes
Sérovars
L. icterohaemorragiae
icterohaemorragiae ou 19
copenhageni
L. canicola
canicola
L. ballum
castellonis
L. pyrogenes
pyrogenes
zanoni
L. autumnalis
autumnalis
(32) autumnalis
L. australis
australis
munchen
bratislava
L. pomona
pomona
mozdok
L. grippotyphosa
grippotyphosa
L. hebdomadis
hebdomadis
borincana
L. panama
panama
L. sejroe
sejroe
hardjo
wolffi
saxkoebing
Tableau 1 : Liste des sérogroupes et sérovars pathogènes les plus importants
épidémiologiquement chez l’animal (classification sérologique) [44, 72]
19
Des travaux sur l’ADN des leptospires ont cependant mis en évidence des diversités
génétiques entre sérovars d’un même sérogroupe. Par conséquent, depuis 1989, une seconde
classification, dite génotypique et basée sur la séquence ADN, a été élaborée. Aujourd’hui, 16
espèces génomiques différentes sont recensées, incluant chacune des sérovars saprophytes ou
pathogènes. Cette nouvelle taxonomie représente une source de confusion. Elle demeure
d’utilisation limitée car contrairement à la classification sérologique, elle n’a pas
d’application diagnostique [4, 44].
Deux classifications existent pour le genre Leptospira (classification sérologique ancienne et
classification génotypique). La plus ancienne demeure la plus utilisée pour son utilisation
pratique et divise les bactéries en pathogènes (200 sérovars regroupés en plus de 20
sérogroupes) et non pathogènes. La prévalence et la répartition des sérovars ne sont pas fixes
dans le temps.
Dans la suite de ce travail, et par souci de simplification, les sérovars seront cités de la
manière suivante :
Leptospira interrogans icterohaemorragiae copenhageni L. copenhageni
5. Evolution des sérovars et recrudescence de la maladie
(1) Evolution de la prévalence annuelle
Avant 1960, L. icterohaemorragiae et L. canicola étaient considérés comme les plus
incriminés dans la plupart des cas de leptospiroses canines [6, 42, 68]. Entre les années 1970
et 1990, une nette diminution dans l’incidence de la maladie a été notée. Ce changement a été
attribué à la large utilisation dans les années 1970 du vaccin commercial bivalent contre cette
maladie contenant les sérovars L. icterohaemorragiae et L. canicola et apportant une
protection spécifique contre les deux sérogroupes en cause [15]. Cependant, une inversion de
tendance est remarquée depuis les 15 dernières années : la leptospirose est à nouveau de plus
en plus diagnostiquée aujourd’hui et est ainsi considérée comme une maladie en
recrudescence [77].
20
En analysant statistiquement les données fournies par 22 centres des Etats-Unis et du
Canada sur la période de 1970 à 1998, une baisse significative de la prévalence annuelle a été
détectée entre 1970 et 1982, suivie par une augmentation entre 1983 et 1998 [77].
(2) Données actuelles
Différentes notions sont à prendre en compte pour considérer les données actuelles,
l’infection pouvant être asymptomatiques chez certains sujets.
La prévalence des cas cliniques est définie comme le nombre de chiens cliniquement
atteints de leptospirose divisé par le nombre de chiens examinés pendant une période donnée
et dans une zone géographique donnée. Celle-ci a été estimée à 0,037% aux Etats-Unis et au
Canada par une étude rétrospective couvrant la période de 1970 à 1998 [77]. Toujours aux
Etats-Unis, quatre chiens sur 500 inclus sur une période de six mois en 2001 présentaient une
leptospirose clinique, soit une prévalence de 0,8% [39]. Enfin, à partir des données de
l’Université de Purdue, une étude s’étendant de 1997 à 2002 a évalué une prévalence de
0,25% [79]. Ce même pourcentage de 0,25% ressort d’une étude effectuée à New York entre
1980 et 1995 [14]. Ces résultats sont cependant dépendants de l’outil diagnostique choisi pour
confirmer l’existence d’une leptospirose. Cet outil étant le plus souvent sérologique, les
résultats peuvent être faussés par le manque de sensibilité de cette technique.
Les porteurs asymptomatiques (excréteurs urinaires) sont définis comme cliniquement
normaux mais abritant et/ou excrétant des leptospires dans leurs urines. Une étude réalisée en
2003 sur 500 chiens indépendamment de leur état de santé a mis en évidence une leptospirurie
chez 8,2% d’entre eux [39]. Cependant, les chiens inclus dans cette étude pouvant être
malades, ce pourcentage n’exprime pas uniquement l’excrétion asymptomatique mais plutôt
la prévalence totale de l’infection (chiens infectés avec ou sans signes cliniques). Une étude
Ecossaise a été menée sur 511 chiens non vaccinés et sans signes cliniques compatibles avec
une leptospirose. Huit pour cent d’entre eux avaient des cultures de leptospires sur urine
positives. Ces huit pour cent représentaient ici la prévalence des excréteurs urinaires
asymptomatiques [75]. Enfin, une étude réalisée au Michigan en 1999 sur 1241 chiens sains a
mis en évidence une réponse sérologique en faveur d’une infection leptospirosique chez 309
d’entre eux, tout en tenant compte de leur statut vaccinal. La prévalence des asymptomatiques
a ainsi été évaluée à 24,9% [69].
21
(3) Emergence de nouveaux sérovars
La recrudescence de la maladie coïncide avec l’apparition de nouveaux sérovars.
En effet, en 1991, alors que L. canicola et L. icterohaemorragiae apparaissaient encore
comme les plus fréquents malgré un déclin du nombre de cas cliniques recensés en Ecosse, de
nouveaux sérovars tels L. copenhagi, L. bratislava, L. hardjo, L. javanica ou encore L. ballum
faisaient leur apparition [75]. En Italie, entre 1991 et 1992, émergeaient L. bratislava et L.
grippotyphosa [67].
Dans des études récentes, L. grippotyphosa, L. bratislava et L. pomona ont été
identifiés comme les plus fréquents. Entre 1998 et 2000, L. pomona était le sérovar le plus
fréquemment détecté en Californie [30]. L. pomona et L. bratislava étaient prédominants en
Californie selon une seconde étude se déroulant de 1990 à 1998 [3]. L. grippotyphosa ressort
d’une étude réalisée à partir des données de l’université de Purdue entre 1997 et 2002 [79]. L.
grippotyphosa et L. bratislava avaient la prévalence la plus élevée dans le Michigan en 1999
[69]. Tous les chiens ayant subi une dialyse péritonéale comme traitement d’une leptospirose
à l’Université de Tufts étaient infectés par L. bratislava. Cependant, le très faible
échantillonnage utilisé (n=5) rend cette observation peu significative [12]. L. bratislava et L.
grippotyphosa étaient les plus fréquemment impliqués en Italie (étude publiée en 2002) [68].
Dans l’Etat de New York, c’est à nouveau L. pomona et L. grippotyphosa suspectés d’être les
sérovars infectants dans la plupart des cas entre 1996 et 2002 [31]. Il faut également noter
l’importance de L. autumnalis aux Etats-Unis [58],[31],[37].
Cependant, des variations dans les sérovars dominants étaient notées : L. pomona était
le plus fréquent en Californie du Nord [3, 30], L. gripppotyphosa dans le centre ouest et le
Sud des Etats-Unis [30, 79] ainsi qu’en Allemagne [29], L. shermani à Taiwan[81], L.
australis dans le North Queensland [57]. Ces différences seraient à mettre en relation avec la
répartition géographique des hôtes réservoirs.
(4) Actualités sur le territoire français
Peu de données sont disponibles pour le territoire français. Le professeur G. André
Fontaine, responsable jusqu’en 2007 du laboratoire national officiel de diagnostic sérologique
des leptospiroses animales (Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes), a analysé la
séroprévalence de la leptospirose à partir de 2457 sérums de chiens suspects collectés sur une
période de cinq ans. Si seuls les titres supérieurs ou égaux à 320 sont considérés (c'est-à-dire
des titres considérés comme trop élevés pour être consécutifs à la vaccination), le sérogroupe
22
icterohaemorragiae est le sérogroupe infectant dans 35% des cas contre 12% pour sejroe et
australis, et respectivement 8%, 5% et 4% pour canicola, grippotyphosa et autumnalis [4].
En outre, l’analyse de ces 2457 sérologies canines, indépendamment du titre montre
que la séroprévalence d’icterohaemorragiae est plus importante que celle de canicola (76%
contre 56%), alors qu’une même séroprévalence serait attendue sachant que les vaccins
disponibles contiennent ces deux valences à immunogénicités égales. Le profil sérologique
observé pour canicola pourrait correspondre à celui d’un effectif vacciné mais la seule
vaccination ne pourrait expliquer la séroprévalence élevée observée pour icterohaemorragiae.
Une explication peut être avancée : le chien étant l’espèce réservoir de canicola, on peut
imaginer que le développement de la vaccination et la protection qui en découle ont favorisé
une diminution de la pression infectieuse de ce sérogroupe chez le chien. Ce raisonnement ne
s’applique par contre pas à icterohaemorragiae dont les hôtes principaux sont les rongeurs
sauvages et notamment le rat. Il en résulterait une pression d’infection plus élevée pour ce
sérogroupe dans l’espèce canine, liée à des contacts possibles entre le chien et les rongeurs
sauvages ou l’environnement souillé par leur déjections [4, 8].
Depuis 2007, le laboratoire national officiel de diagnostic sérologique des
leptospiroses animales a été transféré à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon. Le rapport
d’activité de ce laboratoire pour la période allant de juillet 2007 à décembre 2007 montre une
dominance sérologique globale des sérogroupes icterohaemorragiae et canicola. En effet, sur
184 sérums testés, 73 et 65 réponses positives (quel que soit le titre) pour icterohaemorragiae
et canicola ont été respectivement enregistrées. Si seuls les titres supérieurs ou égaux à 320
sont pris en compte, 31 cas d’infection à icterohaemorragiae contre 19 cas induits par
canicola sont recensés sur cette période. Les cas imputés à australis (9 cas), autumnalis (5
cas), grippotyphosa (3 cas) ou sejroe et pyrogenes (2 cas) sont minoritaires. La persistance à
un niveau détectable des anticorps agglutinants post vaccinaux du chien est limitée dans le
temps (moins de trois mois). Par conséquent, les seuls antécédents vaccinaux ne peuvent
expliquer la séroprévalence élevée de canicola et surtout d’icterohaemorragiae, en particulier
pour les titres égaux ou supérieurs à 320, à fortiori en présence de symptômes évocateurs de
leptospirose
[48].
Contrairement
à
l‘hypothèse
émise
précédemment,
et
bien
qu’icterohaemorragiae demeure le plus représenté, canicola apparaît encore comme l’un des
sérogroupes les plus impliqués.
Ces étude soulignent l’importance de ne pas négliger les sérogroupes vaccinaux
comme cause potentielle de la maladie [38].
23
Le développement en 1960 d’un vaccin inactivé bivalent canin contenant les sérovars L.
icterohaemorragiae et L. canicola, autrefois les plus incriminés dans les cas de leptospirose
canine, a permis une réduction dans l’incidence de la maladie. Cependant, depuis quelques
décennies, cette maladie semble de plus en plus diagnostiquée. Cette recrudescence de la
leptospirose s’accompagne de l’émergence de nouveaux sérovars dans les pays étrangers et
notamment aux Etats-Unis. En France, ces informations sont peu publiées mais les sérovars
vaccinaux sont encore les plus impliqués, bien que d’autres apparaissent parfois comme
responsables de l’infection.
B. Caractères pathogènes des leptospires et pathogénie de la
leptospirose
1. Pouvoir pathogène : substances élaborées et facteurs de
virulence
a) Toxines
(1) Généralités
Les mécanismes pathogéniques ne sont pas totalement connus. Les toxines et enzymes
produites par les leptospires ou lors d’interactions avec l’hôte contribueraient à la pathogénie.
En effet, la réponse immunitaire de l’hôte peut participer à l’installation de lésions [36].
L’activité cytotoxique des leptospires a été décrite à la fois in vivo et in vitro. Les
toxines jouent un rôle direct dans le pouvoir pathogène. Des toxines agissent sur les vaisseaux
capillaires entraînant des lésions endothéliales qui ont pour conséquence un oedème tissulaire
et une diathèse hémorragique et qui peuvent jouer un rôle dans l’installation d’une
Coagulation Intra Vasculaire Disséminée (CIVD). Celle-ci est à l’origine d’une thrombopénie
et d’hémorragies, ce qui engendre des lésions tissulaires ischémiques [33]. Les toxines
produites par les leptospires à la faveur d’interactions avec l’hôte ont par ailleurs été
directement associées à des hémorragies et une hémolyse dans certains cas [36].
24
(2) Hémolysines
Les hémolysines jouent un rôle dans la pathogénie de la leptospirose par leur capacité
à lyser directement les érythrocytes. Deux types d’hémolysines ont été identifiés chez les
leptospires pathogènes. La première est une sphingomyélinase C. La seconde, une
sphingomyélinase H, crée des pores dans les membranes des cellules cibles [33, 51].
b) Lipopolysaccharide (LPS)
Le lipopolysaccharide (LPS) de la membrane externe des leptospires est un
déterminant important de la virulence des bactéries. Les composants toxiques de ce LPS sont
d’une part le lipide A qui est une endotoxine, mais aussi la chaîne des sous-unités O qui freine
l’attachement du complexe d’attaque membranaire du complément à la membrane externe.
Le LPS se lie à une protéine sérique (la « lipopolysaccharide binding protein » soit
LBP) qui facilite la liaison au CD14. Le CD14 est un récepteur à la surface des macrophages
et des monocytes. La liaison du complexe LPS-LBP sur le CD 14 déclenche la libération de
cytokines et autres médiateurs pro-inflammatoires (interleukine 1 (IL1), interféron, tumor
necrosis factor (TNF)) [33, 51, 61].
Le LPS est fortement immunogène et majore l’activité des macrophages et l’immunité
non spécifique. Il stimule l’adhérence neutrophilique et l’activation des plaquettes [42].
L’endotoxine du LPS a également une action inhibitrice sur les pompes Na+K+ATPases du rein [82].
Le pouvoir pathogène des leptospires est du à des toxines, dont certaines créent des lésions
endothéliales, alors que les hémolysines détruisent directement les érythrocytes. Le LPS joue
un rôle dans la virulence par sa capacité à induire l’inflammation et à inhiber l’attachement
du complément. Ce pouvoir pathogène s’exerce sur les hôtes des bactéries.
25
2. Victimes du pouvoir pathogène des leptospires
a) Notion d’hôte principal et hôte accidentel
Pour chaque sérovar, au moins une espèce hôte assure le rôle de réservoir, contribuant
au maintien de la maladie et à sa dissémination. L’hôte principal se caractérise ainsi par sa
haute réceptivité et sa faible sensibilité.
Les chiens sont considérés comme réservoirs naturels du sérogroupe canicola. La
prévalence de canicola a toutefois diminué depuis la large vaccination des chiens [4]. Les
ratons
laveurs
seraient
le
réservoir
pour
L.
grippotyphosa,
les
rats
pour
L.
icterohaemorragiae, les cochons pour L. bratislava et pomona, les chevaux pour L.
bratislava.
Ces hôtes sont donc une source potentielle d’agent pathogène pour d’autres animaux
dits hôtes accidentels, dont la réceptivité est faible et la sensibilité forte. La transmission de la
bactérie des hôtes réservoirs aux hôtes accidentels se produit habituellement lors de contact
avec des urines infectées, les bactéries étant essentiellement excrétées par cette voie.
L’infection peut alors être subclinique mais peut aussi s’exprimer par divers symptômes : les
hôtes accidentels développent généralement des symptômes plus marqués que les réservoirs
[50].
Sérovar
Hôte principal
L. canicola
chien
L. icterohaemorragiae
rats
L. grippotyphosa
rongeurs
L. australis
hérisson
L. autumnalis
souris
Tableau 2 : Liste des hôtes réservoirs pour les principaux sérovars infectant le chien
(D’après [33, 48, 50].)
26
b) La leptospirose : une zoonose
(1) Données actuelles
En France métropolitaine, 300 à 400 cas de leptospirose humaine sont recensés chaque
année en moyenne. Parmi eux, deux à dix pour cent conduisent à la mort.
Quarante pour cent des cas sont liés aux activités professionnelles dans lesquelles les
contacts avec des eaux contaminées ou des animaux sont fréquemment incriminés. La
leptospirose est ainsi une maladie prépondérante chez les agriculteurs [59] tandis que
vétérinaires, professionnels des animaleries et des abattoirs, propriétaires d’animaux,
égoutiers et éboueurs sont également particulièrement exposés à la maladie.
Une étude réalisée dans le cadre d’une thèse de doctorat en médecine a analysé 29 cas
humains de leptospirose survenus dans l’Ain durant l’été et l’automne 2007 et a mis en
évidence le risque représenté par certaines activités de loisir telles que jardinage, pêche,
canyoning et baignade [70]. La notion de zoonose de loisir est émergente.
(2) Les risques pour l’homme
Les chiens peuvent être considérés comme les témoins de l’exposition humaine à
l’agent zoonotique. En outre, les sérovars les plus fréquemment rencontrés dans l’étude des
cas de l’Ain étaient L. grippotyphosa et L. icterohaemorragiae. Or, le second semble
également prioritaire chez les chiens sur le territoire français, soulignant le risque potentiel
représenté par les animaux de compagnie comme vecteurs de la maladie [4, 70].
Lors de la phase de bactériémie, le sang, mais aussi toutes les sécrétions et excrétions
peuvent être contaminants pour l’homme. Ce délai passé, les leptospires se concentrent dans
les organes cibles et particulièrement le rein. Les urines deviennent donc la matière virulente
par excellence et ce, pendant quelques jours à plusieurs mois. En outre, l’environnement
potentiellement contaminé par l’animal infecté peut représenter un risque pour l’homme.
Il convient de prendre tous ces éléments en compte pour prévenir le risque encouru par les
propriétaires d’animaux malades ainsi que le personnel à leur contact [5].
27
(3) Expression clinique chez l’homme
L’expression clinique chez l’homme peut être aussi polymorphe que chez l’animal
avec atteinte d’organes variés. L’étude des 29 cas survenus dans l’Ain a montré qu’une forte
hyperthermie était présente dans tous les cas. Une myalgie touchait 80% des patients. Une
atteinte hépatique concernait 43% des cas et une atteinte rénale 39%. Des symptômes
neurologiques étaient présents chez 36% des patients. Des atteintes cutanées, oculaires,
cardiaques, ganglionnaires, pulmonaires et hémorragiques pouvaient également être
observées, mais à des fréquences plus faibles [70].
Les hôtes réservoirs ou principaux de la maladie contribuent à la dissémination et au
maintien de celle-ci. Les hôtes accidentels se contaminent à leur contact et développent
généralement des symptômes plus marqués. Le chien apparaît à la fois comme hôte réservoir
et hôte accidentel, pouvant ou non exprimer des symptômes de la maladie. Les hôtes
possibles sont la plupart des rongeurs sauvages et l’ensemble des mammifères domestiques,
ainsi que l’homme, chez qui la leptospirose est une zoonose professionnelle et de loisir. Chez
ce dernier, la symptomatologie est polymorphe avec atteinte d’organes variés.
28
3. Schéma
pathogénique
général
et
notions
physiopathologiques
Organisme dans l’environnement
Jours
Pénétration
0
Circulation systémique
1
Absence d’anticorps
Taux d’anticorps modéré
Multiplication
Leptospirémie modérée
Taux d’anticorps élevé
2
3
4 (leptospirémie)
5 Dommages vasculaires
Thrombopénie
ou courte
Elimination de
l’organisme
reins
foie
6
7
Clinique
mort
8
Signes cliniques modérés
ou inapparents
9 Augmentation des titres
Pas de signes
cliniques
hépatite chronique
en anticorps
10
11
Colonisation rénale
12
13
14
Leptospirurie
15+
Elimination de l’organisme
des reins
Portage chronique
Pas de portage
Figure 2: Pathogénie de la leptospirose (D’après [33].)
29
a) Mode de contamination
La transmission de l’agent pathogène à l’hôte accidentel s’effectue de manière directe
ou indirecte. La transmission directe peut se faire par contact avec de l’urine infectée, par voie
vénérienne ou placentaire ou par morsure. L’ingestion de tissus infectés peut également être à
l’origine d’une contamination directe. La transmission indirecte, quant à elle, s’effectue par
exposition à des eaux, sols, aliments ou couchages souillés par des urines contaminées [50].
La contamination initiale s’effectue à la faveur d’abrasions cutanées ou par voie muqueuse
saine (œil, bouche, tractus génital…). Plus rarement, et uniquement lors d’exposition
prolongée, la peau saine peut représenter une voie d’entrée supplémentaire.
La matière virulente principale est l’urine des animaux infectés (qu’ils soient
cliniquement atteints ou non). Ceux-ci peuvent excréter la bactérie de manière intermittente
pendant des semaines voire des mois et ceci dès quatre à dix jours après la contamination
initiale [15, 36]. Cette leptospirurie est observée chez les hôtes réservoirs notamment les
rongeurs néanmoins asymptomatiques [36, 73], ainsi qu’au cours de la maladie. Elle peut se
poursuivre après guérison clinique si des leptospires persistent dans le rein [15].
Une fois dans le milieu extérieur, les leptospires ne peuvent se répliquer. Cependant, lorsque
les conditions environnementales le permettent, elles peuvent y survivre pendant des mois.
Le mode de contamination le plus fréquent fait alors intervenir des eaux stagnantes favorisant
la survie de ces microorganismes [42].
b) Phase de leptospirémie puis invasion tissulaire
Le déclenchement de l’infection nécessite une charge minimale infectieuse soit un
nombre minimal de bactéries pathogènes, qui dépend du sérovar, de l’hôte et de la souche [6].
L’agent infectieux se multiplie rapidement dans l’organisme et gagne les viscères par
voie sanguine. De nombreux organes tels que les reins, le foie, la rate, le système nerveux
central, les yeux et le tractus génital peuvent être colonisés entraînant divers symptômes.
La réplication initiale tissulaire concerne cependant essentiellement les reins et le foie. En
outre, l’extension et la gravité des symptômes dépendent de la virulence de la souche et de la
sensibilité de l’hôte [42]. En effet, un hôte possédant un taux d’anticorps modéré ou élevé
présentera une phase de leptospirémie plus courte accompagnée d’une clinique modérée à
absente [33].
30
Par la suite, la mise en place de la réponse immunitaire de l’hôte lors de l’apparition
des anticorps protecteurs s’accompagne d’une disparition des leptospires dans la plupart des
organes exceptés les reins dans lesquels l’agent infectieux peut persister des semaines voire
des mois [36]. La leptospirémie est de ce fait de courte durée, contrairement à la leptospirurie
qui peut, elle, persister pendant une longue période. Cette leptospirurie peut même exister
chez des animaux n’ayant présenté aucun signe clinique [39].
c) Réponse immunitaire de l’hôte
La réaction immunitaire de l’hôte fait intervenir deux types d’anticorps. D’une part,
les anticorps agglutinants sont à la base du dépistage sérologique de la maladie mais leur titre
est sans lien avec le niveau de protection atteint, des individus correctement protégés pouvant
révéler des titres nuls [41]. D’autre part, les anticorps neutralisants confèrent
l’immunocompétence par rapport à la maladie soit à la suite d’un vaccin, soit par contact avec
un sérovar infectant dans l’environnement.
Les premiers anticorps agglutinants peuvent être détectés par le test de micro
agglutination sept à neuf jours après l’infection. La réponse sérologique maximale est
généralement atteinte après trois semaines. En effet, sur des chiens naturellement atteints par
la maladie, Harkin et Gartrell notent des titres négatifs lors de la phase aiguë [37]. Lors
d’infection expérimentale par L. bataviae, Keenan et al constatent que les anticorps
agglutinants n’apparaissent qu’après une période de dix jours post inoculation [46]. Les
anticorps
peuvent
être détectés pendant plusieurs mois après infection ou vaccination.
Cependant, Harkin et Gartrell rapportent une négativation de la sérologie dans un délai de 3035 jours après un traitement approprié lors de maladie spontanée [37].
Différentes classes d’immunoglobulines sont produites après une stimulation
antigénique. Les anticorps de type IgM sont les premiers détectés (délai d’une semaine) et
sont considérés comme une réponse primaire de courte durée suivant chaque exposition à
l’antigène. Les anticorps de type IgG sont détectés plus tard (à partir de deux à trois semaines)
et ce, pour une durée supérieure. En outre, ils n’apparaissent qu’à la faveur d’un second
contact avec l’antigène [36].
Bien que nécessaire à l’élimination de l’agent pathogène, cette réaction immunitaire
peut paradoxalement résulter en des réactions néfastes inflammatoires et dégénératives si
31
l’infection persiste. En effet, des études expérimentales ont montré que la virulence des
leptospires et la réponse immune de l’organisme expliquent la gravité et les variations
cliniques de la maladie en fonction des individus [15, 81]. La persistance de l’infection peut
alors résulter en une néphrite et /ou hépatite chroniques ainsi qu’en une uvéite périodique
[36].
d) Complications systémiques éventuelles
(1) Syndrome Inflammatoire à Réponse Systémique
(SIRS)
Le Syndrome Inflammatoire à Réponse Systémique (SIRS) est une des conséquences
du large tropisme des leptospires et de leur capacité à induire le relargage de cytokines pro
inflammatoires. En effet, de nombreuses complications des maladies dues à des spirochètes
sont causées par la réponse inflammatoire de l’hôte impliquant le réseau de cytokines [55].
Le SIRS résulte de l’activation de cellules inflammatoires et de la libération
systémique de médiateurs de l’inflammation. Les principaux médiateurs intervenant dans le
SIRS sont les cytokines, les eicosanoïdes et les radicaux libres. Les macrophages, par leur
capacité à libérer une grande variété de médiateurs, jouent un rôle prépondérant. Or, il a été
développé précédemment que le LPS de la membrane externe stimule l’activité des
macrophages. Des cytokines sont libérées (IL1, TNFα…) et agissent à la fois localement et au
niveau systémique. Les médiateurs agissent sur les neutrophiles, les macrophages, les cellules
endothéliales et d’autres cellules de l’hôte [62]. Leur libération en excès est à l’origine du
SIRS. Les macrophages apparaissent comme l’élément déclencheur du SIRS mais ce sont les
cellules atteintes par les médiateurs qui sont à l’origine du tableau clinique de défaillance
multi organique [63].
Lorsqu’une étiologie bactérienne est en cause, le terme de sepsis peut être utilisé.
L’évolution peut alors se faire vers le sepsis sévère puis le choc septique [62].
(2) Hémorragies,
anomalies
de
la
coagulation
et
Coagulation Intra Vasculaire Disséminée (CIVD)
Les hémorragies apparaissent précocement au cours de la phase aiguë, généralement
avant la phase extensive de leptospirémie, pendant la réaction fébrile ou immédiatement après
32
celle-ci. Les différentes études réalisées suggèrent que ces hémorragies résultent de lésions
directes des toxines et/ou sont la conséquence d’une CIVD [36].
Le point de départ d’une CIVD peut être :
•
la pénétration de matériel étranger dans la circulation. Dans ce cas, un
traumatisme tissulaire entraîne une exposition de thromboplastine tissulaire
qui, en présence du facteur VII, active la voie exogène de la coagulation
plasmatique ;
•
l’exposition à des surfaces endothéliales anormales, ce qui active le facteur
XII de la voie endogène de la coagulation plasmatique ;
•
un traumatisme au niveau des hématies, leucocytes ou plaquettes, ce qui libère
des phospholipides membranaires qui sont utilisés dans la voie endogène et
exogène de la coagulation plasmatique [20].
Les lésions endothéliales toxiques causées par les leptospires peuvent ainsi être à
l’origine d’une CIVD.
En outre, les cytokines activent la coagulation et diminuent la fibrinolyse, pouvant
mener à une défaillance multi organique et/ou une CIVD [45].
L’urine contaminée demeure la principale source de contamination que ce soit par voie
directe (contact muqueux) ou indirecte (environnement souillé). La peau saine représente
dans la plupart des cas une barrière naturelle aux bactéries qui pénètrent essentiellement par
voie muqueuse puis se multiplient rapidement dans l’organisme et atteignent les organes
après une courte phase de leptospirémie (quelques jours). La réponse immunitaire qui se met
en place est paradoxale : si elle permet de lutter contre la maladie, elle crée également des
lésions inflammatoires néfastes pouvant mener à la chronicité de la maladie. Des anticorps de
type IgM et IgG sont produits et seuls les agglutinants sont détectés par le test sérologique de
micro agglutination. Dans certains cas, le déroulement de la maladie est à l’origine de
complications telles que SIRS et CIVD.
33
4. Etude spécifique de la pathogénie à l’échelle des organes
a) Atteinte rénale
La leptospirose est souvent accompagnée d’une insuffisance rénale aiguë.
L’inoculation de L. pomona chez des souris a permis de démontrer le trajet des
leptospires dans le rein : le deuxième jour post inoculation, elles sont présentes dans la
lumière capillaire, puis elles pénètrent le tissu interstitiel en quatre à huit jours, causant de
l’œdème. A partir du dixième jour, elles atteignent les cellules tubulaires proximales,
envahissant ensuite la lumière tubulaire [54].
Des études ont montré que la migration des bactéries ainsi que l’élaboration de toxines
et les produits de leur lyse sont les facteurs principaux déterminant la survenue d’une
insuffisance rénale [26].
Certains auteurs suggèrent que les pompes Na+-K+ ATPase le long des néphrons sont
les cibles des endotoxines des leptospires, les fractions glycolipoprotéiques extraites
contenant un inhibiteur potentiel de ces pompes. Ceci affecte les co-transporteurs Na+-K+-Cl-,
et peut expliquer les différents troubles ioniques observés [82].
En effet, la membrane externe des leptospires contient des composants antigéniques et
virulents tels que polysaccharides, peptidoglycans et lipopolysaccharides.
Des extraits protéiques de la membrane externe de leptospires pathogènes ont été
inoculés à des cellules épithéliales tubulaires de souris normales en culture. En réponse, la
liaison accrue du facteur de transcription NF-ĸB a été observée, induisant par la suite une
expression accrue de l’inducible Nitric Oxyde (iNOS), de la Monocyte Chemo-Attractant
Protein-1 (MCP-1) et du Tumor Necrosis Factor α (TNFα) par rapport aux cellules témoins.
La production d’oxyde nitrique crée des radicaux libres et donc des conditions défavorables
pour les cellules. La MCP-1 est une chimiokine qui initie le recrutement et l’infiltration des
monocytes lors de néphrite interstitielle. Le TNFα est une cytokine pro inflammatoire. Les
conséquences de l’expression de ces gènes sont des dommages cellulaires et le recrutement de
cellules inflammatoires à l’origine d’une néphrite tubulo-interstitielle. Au contraire, des
protéines extraites de leptospires non pathogènes n’induisent aucun changement sur les
cellules en culture, soulignant le rôle de la membrane externe des leptospires dans leur
pouvoir pathogène [81].
En outre, les multiples lésions endothéliales stimulent la synthèse de thromboxane A2
et d’Endothéline 1 (ET-1), à action vasoconstrictrice. Or, le rein est l’organe le plus sensible à
l’ET-1. Parallèlement à cela, les cellules lésées cessent de synthétiser les prostaglandines
34
rénales à action vasodilatatrice [21]. Or, la vasoconstriction de l’artériole rénale afférente
induit une réduction du flux sanguin rénal et du débit de filtration glomérulaire. Les
dommages ischémiques engendrés stimulent la libération de cytokines et un cercle vicieux se
met en place avec production de nouveaux vasoconstricteurs [56].
La fonction rénale chez les chiens survivant à l’infection peut par la suite revenir à la
normale en quelques semaines ou au contraire rester altérée, le chien développant alors une
insuffisance rénale chronique [42]. Les lésions rénales chroniques associées à certaines
formes de leptospirose sont non spécifiques : infiltration lympho-plasmocytaire et fibrose
interstitielle [27]. L’apparition de cette affection chronique peut parfois résulter d’une
persistance de l’agent infectieux dans le rein. Les lésions de néphrite chronique pourraient
également correspondre à des réactions d’hypersensibilité. Ces lésions peuvent alors persister
pendant des mois voire des années, voire être irréversibles lorsque la fibrose s’est installée
[36].
b) Atteinte hépatique
Une nécrose focale centrolobulaire est la lésion la plus fréquemment observée, ainsi
qu’une désorganisation cellulaire [36]. L’atteinte hépatique est caractérisée par une atteinte à
l’échelle
cellulaire
(destruction
des
membranes
hépatocytaires
par
les
toxines
leptospirosiques). Cependant, le dysfonctionnement hépatique peut exister sans modification
histologique majeure à cause de lésions subcellulaires [42]. La lésion initiale et la persistance
de l’organisme dans le foie peuvent alors causer une altération de la circulation hépatique, une
fibrose et des perturbations immunologiques à l’origine d’une réponse inflammatoire
chronique. Ainsi, une fibrose hépatique extensive ainsi qu’une insuffisance hépatique peuvent
s’ensuivre [50].
Le dysfonctionnement hépatique résulte par ailleurs de lésions des canaux biliaires
sous l’action des toxines leptospirosiques, à l’origine d’une cholestase intra-hépatique.
c) Atteinte du système nerveux central
L’atteinte du système nerveux central est supposée être due à l’entrée de la bactérie
dans le liquide céphalorachidien lors de la phase de bactériémie initiale. Les signes
apparaissent souvent dans la seconde semaine de maladie, lorsque les anticorps dirigés contre
35
les bactéries sont synthétisés : il se forme des complexes antigène-anticorps qui seraient
responsables d’une inflammation à l’origine des symptômes [50, 53].
Cependant, la présence et la persistance des leptospires dans les méninges suggèrent
que le tissu cérébral constitue un excellent lieu de multiplication des bactéries ainsi qu’un site
moins accessible aux anticorps circulants [36].
d) Atteinte oculaire
Les leptospires peuvent également atteindre l’humeur aqueuse lors de la phase
bactériémique et y persister pendant plusieurs mois, entraînant une uvéite [50]. Cette atteinte
évolue du mode aigu au mode chronique. En effet, il a été démontré que l’injection
intraoculaire d’antigènes leptospirosiques induit des réactions locales chroniques, si toutefois
le sérovar utilisé est homologue à celui impliqué dans la première infection. Les lésions
oculaires chroniques résulteraient alors d’une infection persistante ou de la réinfection par le
même sérovar [36].
e) Atteinte cardiaque
Le syndrome urémique peut être considéré comme une des causes de lésions
cardiaques telles que péricardite, endocardite et myocardite [24]. Cependant, le manque de
corrélation entre les marqueurs d’atteinte cardiaque et l’urémie suggère plutôt que les lésions
pourraient être directement dues à l’action des leptospires [55].
f) Atteinte pulmonaire
La vascularite causée par les leptospires est considérée comme à l’origine des
hémorragies pulmonaires parfois rencontrées et ce, le plus souvent en médecine humaine
[14]. En effet, cette atteinte est peut être sous-estimée en médecine vétérinaire car non
systématiquement recherchée [11, 14, 65].
De multiples organes sont la cible des leptospires mais les reins et le foie sont les plus
fréquemment atteints. Le système nerveux central, les yeux, le cœur et les poumons peuvent
également être touchés.
36
C. Etude spécifique de la leptospirose canine
1. Facteurs de risque chez le chien
a) Race et activité
Il existe une disparité dans les résultats des différentes études concernant les facteurs
de risque « race » et « activité ».
Les chiens de grande race sont parfois cités comme significativement plus atteints
dans certaines études [3, 31]. Ceci est peut être à mettre en relation avec le mode de vie de ces
chiens qui sont supposés passer plus de temps à l’extérieur et ainsi être plus exposés à l’agent
pathogène. Ainsi, l’activité plutôt que la taille en elle-même serait impliquée ici.
La race Berger Allemand est fortement représentée dans de multiples études
[17],[28],[31],[37]. Par exemple, dans une étude parue en 2006, cette race était la plus
représentée parmi les 28 citées. Cependant, aucune significativité de ce résultat n’a été mise
en évidence [31].
Les chiens de troupeau, de travail et de chasse ont été considérés comme exposés à un
risque supérieur par rapport aux chiens de compagnie dans une étude [77]. Là encore, ceux-ci
sont censés être plus actifs et plus souvent à l’extérieur que leurs congénères et donc plus
exposés. Cependant, ce critère apparaît sans influence significative dans d’autres études
[30],[69],[79],[14].
Enfin, une étude récente a montré le risque significatif que représente la baignade dans des
cours d’eau ou des lacs et l’abreuvement associé [30].
b) Age
La surreprésentation de certaines classes d’âge est souvent mentionnée dans les
critères épidémiologiques de suspicion de la leptospirose canine. En fonction des études
cependant, les tranches d’âge à risque varient : chiens d’âge moyen (4 à 9,9 ans) pour
certaines [77],[79], animaux très jeunes ou âgés [30], ou encore jeunes adultes (plus de deux
ans) [75].
Les chiens d’âge moyen sont peut être plus actifs à l’extérieur que leurs congénères plus
jeunes ou au contraire plus âgés, ce qui augmenterait leur exposition potentielle à l’agent
infectieux [79]. D’autre part, le statut immunitaire naïf des animaux jeunes ou l’interruption
37
des protocoles vaccinaux des chiens âgés pourrait également expliquer que ces classes d’âge
soient prioritairement touchées selon certaines études.
c) Sexe
Il semble d’après plusieurs études que les mâles soient prédisposés par rapport aux
femelles [57], [75], [68]. Les mâles entiers présenteraient notamment un risque supérieur
statistiquement significatif en comparaison aux femelles non stérilisées [77],[79]. Bien que les
mâles entiers soient fortement représentés dans leur étude, Birnbaum et al n’ont mis en
évidence aucune prédisposition sexuelle significative [14].
d) Lieu de vie
Habiter ou se promener régulièrement dans ou à proximité d’une zone rurale a été cité
à plusieurs reprises comme un facteur de risque significatif [30, 78]. Ces observations
contrastent avec celles d’Adin et Cowgill qui ont remarqué que la majorité des cas inclus dans
leur étude provenaient d’une zone urbaine ou suburbaine [3].
Le fait d’habiter à moins de 1000 mètres d’une zone dont l’urbanisation s’est déroulée
entre 1990 et 2000 était significativement associé au risque de contracter la maladie dans une
étude réalisée en 2004 [78]. L’explication avancée était que l’urbanisation récente favorise le
contact entre la faune sauvage initialement résidente et la population canine, voire humaine,
nouvellement installée [78].
La proximité d’une zone hydrographique joue également un rôle : en effet, la
probabilité d’infection augmente si l’animal vit à proximité d’un point d’eau [30].
La densité animale du lieu de vie semble également liée au nombre de cas recensés.
Une forte densité de troupeaux laitiers est en effet significativement associée à la leptospirose
[78].
Enfin, la vie en communauté, c'est-à-dire en chenil, facilite la transmission de l’agent
pathogène et la circulation active de celui-ci. En outre, les conditions d’hygiène sont loin
d’être négligeables dans les facteurs de risque puisqu’il a été démontré que la propreté au sein
d’un chenil est corrélée à un moindre taux d’infection [68].
38
e) Saison
Les cas de leptospiroses rencontrés ne sont pas distribués uniformément au cours des
saisons [57] : les cas recensés dans plusieurs études étaient plus fréquents en fin d’été et début
d’automne, particulièrement dans les régions humides [57], [79], [14]. En effet, pendant ces
périodes, les conditions environnementales facilitent la survie des leptospires à l’extérieur.
Cependant, certaines études situaient la majorité des cas recensés un peu plus tard dans
l’année, c’est-à-dire en automne et au début de l’hiver [31]. La répartition des cas en fonction
des saisons est donc étroitement liée au climat du pays considéré.
f) Précipitations annuelles
Adin et Cowgill ont identifié une corrélation positive entre le nombre annuel de cas de
leptospirose canine et les précipitations dans la baie de San Francisco [3]. Ward a confirmé
ces observations en travaillant cette fois sur des données mensuelles. Il a observé un pic
épidémiologique trois mois après d’abondantes précipitations et a établi un lien de causalité
entre ces deux événements. Dans cette étude, les précipitations ont été considérées comme un
facteur prédictif d’un pic épidémiologique de la maladie [76].
En outre, les zones fréquemment inondées et celles présentant un faible drainage
enregistrent une incidence plus forte de cas de leptospirose [78]. En effet, l’apparition de cas,
aussi bien chez l’homme que chez l’animal, est souvent liée à des inondations qui créent des
conditions environnementales propices à la survie des leptospires pathogènes.
Par conséquent, la prévention de la leptospirose chez les chiens implique d’éviter les
promenades dans des zones récemment inondées.
De multiples facteurs de risque ont été évalués au cours de différentes études. Certains (âge,
race) sont inconstants mais d’autres apparaissent comme plus significatifs. L’activité et le
mode de vie à l’extérieur, les mâles entiers, la proximité d’une zone hydrographique, un
climat tempéré et humide (précipitations) sont ainsi énoncés comme facteurs de risque chez
le chien.
39
2. Présentations cliniques
La clinique dépendrait de l’hôte, des facteurs environnementaux et du sérovar infectant.
a) Infection subclinique
Une étude a été menée dans le Michigan sur 1241 chiens sains, vaccinés ou non, en
2007. Ces chiens ont été soumis au test de microagglutination et l’exploitation des résultats a
tenu compte du statut vaccinal de l’animal. Ceci a permis d’évaluer une séropositivité de
24,9% parmi les chiens sains [69].
Une autre étude a été menée en Italie en 2002 sur des chiens cliniquement sains de
provenances variées (chiens errants, chiens effectuant une visite de routine chez leur
vétérinaire et chiens de chenils). Le test de microagglutination a été réalisé sur chacun d’eux,
le statut vaccinal ayant été pris en compte pour l’interprétation des résultats lorsque celui-ci
était connu (à l’exclusion des chiens errants). Un pourcentage de séropositivité de 29,4% a été
mis en évidence. Cependant, tous les titres détectés pour les sérogroupes icterohaemorragiae
et canicola chez les chiens errants on été considérés comme positifs, pouvant entraîner un
résultat surestimé puisque leur statut vaccinal était inconnu[68]. En effet, la vaccination peut
entraîner la positivation du test.
Cinq cent onze chiens non vaccinés et sans signe clinique compatible avec une
leptospirose ont été inclus dans une étude réalisée par Van Der Broek et al. à Edinbourg et
Glasgow en 1991. Cent trente sérologies sont revenues positives, soit 25,4%. En outre, huit
pour cent des cultures sur urines réalisées ont révélé une leptospirurie [75].
Enfin, Adin et Cowgill ont détecté des titres de microagglutination supérieurs à 1/800
chez des chiens cliniquement sains qui côtoyaient des cas confirmés de leptospirose dans leur
étude réalisée sur 36 cas en 2000 [3].
b) Infection cliniquement exprimée
La leptospirose peut se présenter comme une affection suraiguë, aiguë, subaiguë ou
chronique. Les symptômes sont souvent non spécifiques.
(1) Infections suraiguës
Les infections suraiguës entraînent la mort très rapidement avec très peu de signes
cliniques avant-coureurs.
40
(2) Infections aiguës à subaiguës
(a) Tableau récapitulatif des fréquences des signes
cliniques suivant les études
Hyperthermie
Hypothermie
Abattement
Douleurs musculosquelettiques
Anorexie
Vomissements
Déshydratation
Polyuro-polydipsie
Oligo-anurie
Hyperhydratation
Ictère
Diarrhée
Méléna
Hémochésie
Douleur abdominale
Epistaxis
Pétéchies/ecchymoses
Conjonctivite
Perte de poids
Hématurie
Dyspnée
Pas d'anomalie
Birnbaum et al. Mastrorilli et al. Goldstein et al. Geisen et al.
New York 1998 Bologne 2007
New York 2006 Munich 2007
36 chiens [14] 20 chiens [55] 55 chiens [31] 42 chiens [29]
11%
15%
9%
36%
30%
17%
58%
70%
78%
81%
25%
67%
50%
36%
50%
6%
11%
33%
3%
3%
33%
44%
6%
3%
55%
65%
75%
64%
26%
31%
76%
57%
31%
10%
30%
15%
13%
29%
11%
45%
40%
30%
15%
10%
22%
19%
35%
17%
35%
5%
35%
20%
41
Hyperthermie
Hypothermie
Abattement
Douleurs musculosquelettiques
Anorexie
Vomissements
Déshydratation
Polyuro-polydipsie
Oligo-anurie
Hyperhydratation
Ictère
Diarrhée
Méléna
Hémochésie
Douleur abdominale
Epistaxis
Pétéchies/ecchymoses
Conjonctivite
Perte de poids
Hématurie
Dyspnée
Pas d'anomalie
Harkin et Gartrell Brown et al.
Adin et Cowgill
New Jersey et
Michigan 1996
Athènes 1996
Californie 2000
17 chiens [37]
11 chiens [17]
36 chiens [3]
6%
36%
15%
12%
22%
53%
100%
65%
24%
65%
71%
91%
73%
Miller et al.
North
Queensland 2007
40 chiens [57]
10%
3%
28%
68%
88%
25%
53%
20%
18%
39%
17%
24%
6%
9%
35%
64%
29%
65%
10%
42%
13%
3%
45%
8%
18%
Tableau 3 : Fréquence des symptômes selon les études
(b) Signes généraux
Le premier signe apparaissant après une période d’incubation de 2 à 16 jours est une
élévation de la température corporelle qui persiste généralement de 6 à 48 heures [36].
L’hyperthermie n’est toutefois pas systématique (6 à 36% des cas suivant les études), l’animal
pouvant au contraire présenter une hypothermie (3 à 30% des cas).
De l’abattement (28 à 81% des cas), des tremblements et des douleurs
musculo-squelettiques sont également fréquemment rapportés en début d’évolution (24-25%
des cas) [14, 37]. Anorexie (76% des cas), vomissements (57 à 64% des cas) et déshydratation
(31 à 36% des cas) surviennent secondairement.
42
(c) Signes dus à la détérioration de la fonction rénale et
signes urinaires
L’insuffisance rénale aiguë est rapportée comme l’élément du tableau clinique le plus
commun lors de leptospirose chez le chien [37].
L’insuffisance rénale est le plus souvent initialement polyurique (polyuro-polydipsie
dans 18 à 50% des cas selon les études) puis secondairement oligo-anurique dans certains cas.
Elle peut néanmoins être d’emblée oligo-anurique (6 à 39% des cas). Par conséquent,
oedèmes, ascite et autres signes d’hyperhydratation peuvent être détectés à l’examen clinique
[3].
Le syndrome urémique explique en partie les vomissements observés dans une grande
partie des cas (50 à 88%).
(d) Signes dus à la détérioration de la fonction hépatique
La cholestase intra-hépatique et la nécrose hépatique peuvent entraîner un ictère (9 à
65% des cas) voire l’émission de fèces acholiques [29, 31]. Une anorexie peut également être
présente (55 à 91% des cas). Les signes digestifs observés sont également expliqués en partie
par cette atteinte hépatique.
(e) Symptômes digestifs
Outre les vomissements (50 à 88% des cas) et la diarrhée (6 à 40% des cas)
essentiellement dus aux insuffisances rénale et/ou hépatique, une douleur abdominale peut
être présente (13% à 64% des cas). Un iléus paralytique peut se mettre en place et se
compliquer d’une intussusception comme décrit après inoculation expérimentale de L.
grippotyphosa (1 seul cas sur 31 soit 3%) [35], ou lors d’infection spontanée [37].
(f) Saignements
Les saignements se traduisent par de l’hématémèse, de l’hémochésie (3% des cas), du
méléna (3 à 15% des cas), de l’épistaxis (15% des cas), des pétéchies et des ecchymoses (3 à
10% des cas), ces signes pouvant être isolés ou associés (diathèse hémorragique).
Lorsqu’elles sont présentes, ces hémorragies siègent essentiellement au niveau des
muqueuses, des poumons et des reins [36].
43
(g) Symptômes nerveux
Des signes de méningite, voire d’encéphalite (convulsions, ataxie) ont été associés à la
leptospirose chez l’homme et l’animal [36].
(h) Symptômes oculaires
La première lésion détectable est une congestion vasculaire de l’oeil. Une
conjonctivite, une épisclérite, une uvéite et une opacification de la cornée peuvent également
être observées (45% des cas) [36].
(i) Symptômes respiratoires
Une dyspnée est observée dans 3 à 35% des cas.
(3) Infections chroniques
(a) Insuffisance rénale chronique
Lors de la progression de la maladie, et si les chiens survivent à la phase aiguë, une
insuffisance rénale chronique (séquelle de la phase aiguë) peut se mettre en place [50]. Les
symptômes présentés sont alors ceux habituellement observés lors d’insuffisance rénale
chronique : anorexie, perte de poids, vomissements et polyuro-polydipsie.
(b) Atteinte hépatique chronique
Des séquelles de fibrose hépatique ou d’hépatite chronique peuvent persister chez
l’animal. La fibrose hépatique extensive et l’insuffisance hépatique sont à l’origine d’anorexie
chronique, de perte de poids, d’ascite ou de signes digestifs, le tableau clinique étant non
spécifique et variable d’un animal à l’autre. Dans les cas les plus graves, des signes
d’encéphalose hépatique peuvent apparaître (convulsions, ataxie…) [50].
(c) Atteinte oculaire chronique
Des leptospires ont été mises en évidence dans les yeux d’animaux infectés pendant
une durée importante. Une uvéite chronique voire une cataracte peuvent se développer [36].
44
c) Influence du sérovar sur la clinique
Si les symptômes sont souvent non spécifiques, ils peuvent cependant varier en
fonction du sérovar à l’origine de l’infection.
Il est généralement suggéré que les infections dues au sérogroupe canicola sont associées à
une insuffisance rénale et une gastroentérite, tandis qu’un syndrome hémorragique et une
atteinte hépatique sont plutôt attribués à icterohaemorragiae, bien que ces affirmations soient
aujourd’hui remises en question [4]. Par conséquent, l’émergence de nouveaux sérovars
pourrait avoir une influence sur la clinique observée.
(1) Sérogroupe australis
Une étude rétrospective réalisée par Mastrorili et al. sur 159 chiens n’a inclus que les
20 chiens séropositifs pour le sérogroupe australis. Celui-ci est fréquemment associé à des
manifestations systémiques tels que Syndrome Inflammatoire à Réponse Systémique,
Coagulation Intra Vasculaire Disséminée et lésions organiques multiples [55].
(2) Sérovar pomona
L. pomona a été rapporté comme responsable de sept fois plus de vomissements et
cinq fois plus de thrombopénie que les autres sérovars après son inoculation au cours d’une
étude réalisée en 2006 par Goldstein et al.. L’azotémie et l’hyperphosphatémie étaient
également plus fréquentes. Au bilan, l’infection semblait particulièrement grave et de moins
bon pronostic que les autres formes étudiées : le taux de guérison était seulement de 50% pour
ce sérovar, dans cette étude de 55 cas réalisée à New York, contre 81%, pour L.
grippotyphosa, et 100% pour L. autumnalis et L. bratislava [31].
Rentko et al. rapportent que l’atteinte hépatique n’est pas prédominante chez les
chiens infectés par ce sérovar [65]. Ceci semble en accord avec l’observation de Harkin et
Gartrell qui ont noté que les chiens de leur étude séropositifs uniquement pour ce sérovar ne
présentaient pas d’atteinte hépatique [37].
45
(3) Sérovar grippotyphosa
Sept jours après inoculation de L. grippotyphosa, les signes observés se limitent à de la
léthargie et de l’hyperhémie conjonctivale, tandis que des signes plus graves apparaissent dès
neuf jours (abattement, vomissements, anorexie) et évoluent vers une aggravation [35].
Une étude a mis en évidence une prédominance d’atteinte rénale avec ce sérovar avec
90% des chiens présentant une insuffisance rénale aiguë alors que les perturbations hépatiques
étaient mineures [17]. A l’inverse, Geisen et al. ont noté une atteinte hépatique prédominante
[29]. Enfin, une troisième étude a montré de sévères lésions à la fois rénales et hépatiques sur
la base des analyses biochimiques et histologiques [35]. La clinique est donc très variable
selon les études disponibles, ce qui pourrait être du à des variations de la souche infectante.
Ainsi, Greenle et al ont étudié en 2004 les caractéristiques des infections causées par
deux souches différentes de L. grippotyphosa, à savoir la souche RM 52 et la souche 82.
Après inoculation à des chiens séronégatifs, des différences ont été notées, la souche 82 étant
à l’origine d’un plus haut taux d’infection clinique. Cependant, les différences observées
n’ont pu être attribuées avec certitude à une réelle différence de virulence naturelle entre les
souches, divers facteurs devant être pris en compte (hôte d’origine, passages sur culture…).
En effet, contrairement à la souche 82 qui n’est passée qu’une seule fois en culture, la souche
RM 52 a subi plusieurs passages avant d’être inoculée et a donc pu avoir une virulence altérée
[35].
La relation entre symptômes exprimés et sérovars en cause semble peu caractéristique.
Contrairement aux présentations cliniques particulières attribuées dans le passé aux
sérogroupes canicola et icterohaemorragiae, aucune tendance aussi nette concernant les types
de symptômes ne se dessine dans les études plus récentes qui s’intéressent à d’autres sérovars.
Seules des différences de fréquence de symptômes et de pronostic semblent ressortir. Il faut
en outre rester prudent face à ces études qui déterminent le sérovar infectant comme celui
ayant le plus haut titre au test de micro agglutination, cette méthode souffrant de problèmes de
spécificité (voir paragraphe I.C.6.).
La leptospirose peut se présenter sur un mode subclinique, avec des chiens apparemment
sains infectés par la bactérie. Lorsqu’elle est clinique, elle évolue du mode suraigu (mort
46
rapide), au mode chronique en passant par le mode subaigu. Dans ce dernier cas, les
symptômes sont polymorphes et varient en fonction de l’organe atteint. Des symptômes
généraux peu spécifiques sont très fréquents (abattement, anorexie, déshydratation), plus ou
moins accompagnés de signes rénaux (polyuro-polydipsie, oligo-anurie), hépatiques (ictère),
digestifs (vomissements, diarrhée, douleur abdominale), mais aussi nerveux (convulsions),
oculaires (uvéites) et respiratoires. Des saignements d’origines diverses peuvent aussi
apparaître. Les différentes présentations cliniques ne semblent pas en relation avec le sérovar
à l’origine de l’infection.
La clinique étant peu spécifique des cas, le recours à des examens complémentaires est
nécessaire pour réaliser le diagnostic différentiel de certitude ainsi que pour évaluer les
répercussions biologiques de la maladie.
3. Anomalies biologiques associées à la leptospirose
a) Tableau récapitulatif des fréquences des anomalies
biologiques suivant les études
Anémie
Leucocytose
Thrombopénie
PAL augmentées
γGT augmentées
AlAT augmentées
AsAT augmentées
Créatinine élevée
Urée élevée
Hyperphosphatémie
Hyperbilirubinémie
Hématurie
Protéinurie
Glucosurie
Hyperkaliémie
Hypochlorémie
Hyponatrémie
Mastrorilli et
Birnbaum et al
al.
Goldstein et al.
Geisen et al.
New York 1998
Bologne 2007 New York 2006
Munich 2007
42 chiens [29]
36 chiens [14]
20 chiens [55] 55 chiens [31]
33%
30%
53%
45%
31%
50%
37%
81%
30%
53%
56%
50%
57%
81%
33%
39%
83%
81%
50%
17%
27%
28%
9%
55%
55%
80%
80%
75%
45%
89%
90%
60%
25%
20%
15%
32%
56%
93%
93%
78%
41%
76%
30%
41%
46%
17%
74%
57%
57%
79%
71%
71%
47
Brown et al.
Athènes 1996
11 chiens [17]
Anémie
Leucocytose
Thrombopénie
PAL augmentées
γGT augmentées
AlAT augmentées
AsAT augmentées
Créatinine élevée
Urée élevée
Hyperphosphatémie
Hyperbiilirubinémie
Hématurie
Protéinurie
Glucosurie
Hyperkaliémie
Hypochlorémie
Hyponatrémie
30%
Miller et al.
North Queensland
2007
40 chiens [57]
17%
55%
61%
55%
94%
Adin et Cowgill
Californie
2000
36 chiens [3]
11%
100%
100%
100%
100%
20%
22%
83%
83%
26%
Harkin et Gartrell
New Jersey et
Michigan 1996
17 chiens [37]
18%
53%
24%
65%
12%
61%
35%
50%
100%
83%
100%
83%
94%
47%
94%
41%
42%
33%
22%
78%
28%
12%
Tableau 4 : Fréquence des anomalies biologiques selon les études
b) Anomalies biochimiques
(1) Marqueurs de la fonction rénale
Une azotémie (augmentation combinée dans le sang de l’urée et de la créatinine) est
présente dans la grande majorité (57 à 100%) des cas. Occasionnellement, l’urée peut être
augmentée sans que la créatinine soit majorée, révélant ainsi une insuffisance rénale prérénale.
L’hyperphosphatémie est également présente dans 47 à 94% des cas [14, 31, 50].
(2) Marqueurs de la fonction hépatique
Les différentes enzymes hépatiques peuvent être augmentées.
Il semble que les marqueurs de cholestase (Phosphatases Alcalines (PAL) et γ
Glutamyl Transpeptidases (γGT)) soient plus fréquemment modifiés que les marqueurs de
cytolyse (Alanine Amino Transférases (AlAT) et Aspartate Amino Transférases (AsAT)) [37,
57]. Ainsi, dans une étude réalisée dans le North Queensland, les PAL étaient augmentées
dans la quasi-totalité des cas, alors que les AlAT ne l’étaient que dans 61% des cas [57]. La
48
prédominance d’une modification des marqueurs de cholestase ne fait cependant pas
l’unanimité dans les études : Geisen et al ont mis en évidence une augmentation des PAL dans
81% des cas et une augmentation des AlAT dans 74% des cas [29].
Une hyperbilirubinémie est en outre fréquemment rapportée (17 à 94% des cas) [29, 57].
(3) Anomalies ioniques et acido-basiques
Les troubles ioniques et acido-basiques sont causés par l’atteinte tubulaire rénale et les
pertes gastro-intestinales.
L’acidose métabolique est la perturbation de l’équilibre acido-basique la plus
fréquente lors d’insuffisance rénale aiguë, en particulier dans les formes oligo-anuriques.
Cependant, en cas de vomissements incoercibles induits par les perturbations métaboliques
(stimulation du centre du vomissement par les toxines urémiques), une alcalose métabolique
peut survenir [21].
Concernant les électrolytes, une hyponatrémie et une hypochlorémie sont fréquentes
[57], ainsi que l’hyperphosphatémie, l’hypocalcémie, l’hyperkaliémie ou l’hypokaliémie [21].
L’hyperkaliémie est le désordre ionique le plus fréquent mais aussi le plus grave lors
d’insuffisance rénale aiguë. Elle est liée à la diminution de l’excrétion urinaire de potassium.
A l’inverse, l’hypokaliémie peut être due à une augmentation de la fraction d’excrétion
urinaire du potassium lors de la polyurie qui accompagne l’insuffisance rénale et aux pertes
digestives. Les lésions des tubules proximaux induisent une baisse de la réabsorption d’eau et
de sodium, à l’origine de l’hyponatrémie. L’oligo-anurie peut à l’inverse entraîner une
rétention hydrosodée. L’hypochlorémie découle des vomissements fréquents dans la maladie.
L’hyperphosphatémie est associée à la baisse de la filtration glomérulaire [21].
(4) Marqueurs de rhabdomyolyse
L’ augmentation des AsAT et des Créatine Kinases (CK) dans environ la moitié des
cas d’une étude réalisée dans le North Queensland témoigne d’une atteinte musculaire qui est
probablement une conséquence de la vascularite [57]. En effet, ce phénomène peut
s’accompagner d’une hypoxie et donc d’une souffrance cellulaire y compris musculaire.
49
c) Anomalies hématologiques
Les anomalies hématologiques les plus souvent rapportées varient en fonction des
études. Ce sont :
- une anémie présente dans 17 à 53% des cas ;
- une leucocytose neutrophilique dans 31 à 81% des cas ;
- une thrombopénie dans 24 à 55% des cas.
.
Les modifications hématologiques révèlent généralement plutôt un profil inflammatoire non
spécifique.
L’anémie peut provenir d’une hémolyse secondaire à la production de toxines hémolytiques
par les leptospires ou résulter des lésions vasculaires et hémorragies associées. En outre, une
relation directe a été mise en évidence entre la présence d’hémagglutinines et l’anémie
hémolytique, indiquant un rôle potentiel des anticorps de l’hôte dans la genèse de l’anémie.
Cependant, cette observation a été effectuée dans une étude déjà ancienne et mériterait peut
être des recherches supplémentaires [13, 51].
La thrombopénie est probablement due aux lésions endothéliales et saignements ou à la CIVD
qui peut se produire [57].
d) Anomalies de la bandelette urinaire
Lors d’une étude effectuée sur 36 chiens, 23 chiens ont fait l’objet d’une analyse
d’urine. Une hématurie et une protéinurie ont été mises en évidence chez 19 d’entre eux
(83%), et une glucosurie chez six (26%) [3]. L’absence d’hyperglycémie associée à la
glucosurie témoigne de l’atteinte tubulaire.
Dans l’ensemble des études, l’hématurie a été rapportée dans 27 à 89% des cas, la
protéinurie dans 28 à 90% des cas, et la glucosurie dans 9 à 60% des cas [3, 29, 37, 55, 57].
Les anomalies biochimiques présentées par l’animal atteint de leptospirose dépendent de
l’organe concerné. L’insuffisance rénale aiguë s’accompagne d’une azotémie et de désordres
ioniques variables (hyponatrémie, hypochlorémie, hyperphosphatémie, hypocalcémie,
hyperkaliémie ou hypokaliémie). L’existence de troubles gastro-intestinaux influe également
sur ces désordres ioniques. Les enzymes de cytolyse et de cholestase sont les témoins d’une
50
atteinte hépatique. La numération et formule sanguine peut révéler un profil inflammatoire
non spécifique associé ou non à une anémie. Enfin, protéinurie, hématurie et glucosurie
peuvent apparaître sur la bandelette urinaire. Cette dernière information doit être interprétée
en fonction de la glycémie.
4. Données de l’imagerie
a) Echographie
L’échographie est souvent réalisée lors de suspicion de leptospirose et permet parfois
de conforter la suspicion clinique.
Les résultats des différentes études sont rapportés dans le tableau 5.
Harkin
Mastrorilli et al.
Forrest et al.
Birnbaum et al.
Adin et Cowgill
Gartrell
17
20 chiens [55]
20 chiens [28]
36 chiens [14]
36 chiens [3]
et
chiens
[37]
8
12 échographies
20 échographies 18 échographies 32 échographies échographies
New
Bologne 2007
Wisconsin 1998
New York 1998
Californie 2000
1996
8%
75%
33%
22%
25%
Néphromégalie
50%
55%
Pyélectasie
45%
17%
Jersey
Hyperéchogénicité
corticale rénale
13%
Epanchement
périrénal
25%
Epanchement
péritonéal
25%
44%
Anneau
médullaire
hyperéchogène
30%
Congestion
hépatique
8%
44%
Tableau 5 : Fréquence des anomalies échographiques selon les études
51
Certaines anomalies rénales rencontrées sont non spécifiques de la leptospirose. Il
s’agit d’une hyperéchogénicité corticale rénale (8 à 75% des cas de la littérature), d’une
néphromégalie (50 à 55% des cas), ainsi que d’une pyélectasie (13 à 45% des cas). Un
épanchement péritonéal est remarqué dans 25 à 44% des cas. D’autres anomalies ont été
relevées dans l’étude de Forrest et al. : un anneau médullaire hyperéchogène (30% des cas) et
un épanchement périrénal (25% des cas) [28]. Macroscopiquement, un liséré congestif
médullaire est observé et correspond à cette image échographique en anneau (zone nécrotique
et hémorragique). Cette bande médullaire n’a été observée que lors de forme rénale de
leptospirose [28]. Cependant, elle n’est pas rapportée dans d’autres études et n’est pas
systématiquement observée.
En ce qui concerne le foie, une congestion est notée dans 8 à 44% des cas.
b) Radiographie
(1) Radiographie abdominale
L’anomalie la plus fréquemment rencontrée chez des chiens atteints de leptospirose est
une néphromégalie [37].
(2) Radiographie thoracique
En médecine humaine, les anomalies radiographiques pulmonaires des patients atteints
de leptospirose sont plus fréquentes que les signes cliniques respiratoires. Ces anomalies
apparaissent trois à neuf jours après le début de la maladie et se résolvent après six à dix jours
de traitement [11].
Une étude a analysé les clichés thoraciques de cinq chiens atteints de leptospirose.
Bien qu’un seul présentait des signes modérés de dyspnée, tous avaient des anomalies
radiographiques. Les lobes dorsaux présentaient des anomalies radiographiques chez tous les
sujets tandis que les ventraux n’en présentaient que chez trois d’entre eux. Les lésions étaient
le plus souvent des opacifications alvéolaires ou nodulaires, et moins fréquemment un
épanchement pleural [11]. Harkin et Gartrell ont également observé des opacifications
pulmonaires suggérant la présence d’hémorragies [37].
52
La néphromégalie et l’hyperéchogénicité des corticales rénales sont les anomalies
échographiques non spécifiques les plus fréquemment observées chez un animal atteint de
leptospirose. La découverte d’un anneau médullaire hyperéchogène semble plus spécifique
de la forme rénale de la maladie. Les examens radiographiques thoraciques sont peu réalisés
en médecine vétérinaire sur les malades mais révèlent pourtant très fréquemment des
opacifications pulmonaires.
5. Lésions
a) Lésions macroscopiques nécropsiques
Des chiens inoculés avec L. pomona et autopsiés plus de 10 jours après l’inoculation
présentaient les lésions suivantes :
- des pétéchies multifocales et des hémorragies pulmonaires ;
- des pétéchies rénales, des hémorragies sous capsulaires et parenchymateuses ainsi qu’un
œdème périrénal ;
- un foie friable avec des foyers blancs multifocaux de un à deux millimètres de diamètre et
des nodules hépatiques [34].
Des lésions de gastrite hémorragique étaient également rapportées [14].
b) Histologie
(1) Reins
Les études de Mastrorilli et al. (20 chiens dont 8 sujets à une analyse histologique), de
Birnbaum et al. (36 chiens dont 6 biopsiés) et de Harkin et Gartrell (17 chiens dont 3 biopsies
rénales) se sont intéressées aux lésions histologiques présentées par des chiens atteints de
formes aiguës de leptospirose en pathologie spontanée [14, 37, 55].
Une néphrite tubulo-interstitielle multifocale à coalescente avec infiltration lymphoplasmocytaire et neutrophilique était présente dans tous les cas biopsiés dans ces études,
l’atteinte tubulaire variant de l’hyperplasie épithéliale à l’atélectasie. Mastrorili et al.
rapportaient également une dégénérescence et une fibrose modérées dans 87% des cas. Enfin,
des anomalies glomérulaires étaient présentes dans 87% des cas et allaient de l’hyperhémie à
la nécrose [55].
53
(2) Foie
Dans l’étude de Birnbaum et al., des analyses histologiques hépatiques ont été
réalisées sur six chiens. Dans la moitié des cas, une congestion hépatique a été mise en
évidence. Trente pour cent des cas ont présenté une infiltration neutrophilique et
lymphocytaire, tandis qu’une dissociation des hépatocytes a été notée dans 17% des cas [14].
(3) Poumons
Peu d’analyses histologiques ont été réalisées sur les poumons dans les études traitant
de la leptospirose canine. Dans la même étude que précédemment, une congestion alvéolaire,
de l’œdème et une infiltration lymphocytaire et neutrophilique ont été révélés [14].
Macroscopiquement, les organes atteints présentent des foyers hémorragiques. Les lésions
histologiques observées touchent plusieurs organes et présentent une composante à la fois
hémorragique et inflammatoire peu spécifique. Le diagnostic étiologique de la maladie ne
peut alors se faire sur des critères histologiques seuls.
6. Diagnostic
Une suspicion de leptospirose peut être formulée en présence d’un tableau clinique
évocateur et/ou dans un contexte épidémiologique particulier, mais force est de constater que
les symptômes d’appel sont le plus souvent non spécifiques (abattement, anorexie,
déshydratation, vomissements). La biologie clinique permet souvent d’étayer utilement une
suspicion clinique ou d’inclure à posteriori la leptospirose dans le diagnostic différentiel.
Ainsi, la leptospirose doit être évoquée face à toute insuffisance rénale et toute hépatite
aiguës. Cependant, aussi utile soit elle, la biochimie sanguine ne permet en aucun cas d’établir
le diagnostic de leptospirose, de même que l’imagerie médicale, les lésions étant non
spécifiques. Aujourd’hui, le test diagnostique de référence est sérologique. L’avènement de la
biologie moléculaire ouvre par ailleurs de nouvelles perspectives diagnostiques.
54
a) Diagnostic indirect : tests sérologiques
(1) Test de microagglutination (MAT)
(a) Principe et réalisation
La technique de microagglutination est la plus utilisée pour le diagnostic de
leptospirose canine et est considérée par beaucoup comme la méthode de référence [31, 55,
58, 79].
Elle consiste à mettre en présence le sérum de l’individu suspect à une dilution donnée avec
des souches vivantes de leptospires de différents sérovars. La présence d’anticorps
agglutinants (seuls détectés par ce test) se traduit par l’agglutination des leptospires. Le
résultat du test, donné sous la forme d’un titre, représente la dilution maximale du sérum qui
permet encore d’agglutiner au moins 50% des leptospires en présence.
Si les sérovars les plus souvent testés sont L. canicola, L. icterohaemorragiae, L.
grippotyphosa, L. pomona, L. hardjo et L. bratislava, le choix des sérovars à tester est
déterminé par le laboratoire en fonction de la région géographique et de la séroprévalence
locale [15, 50].
(b) Principes généraux d’interprétation des résultats
Des critères d’interprétation quantitatifs sont nécessaires afin de conclure sur le statut
de l’animal, notamment en raison de l’interférence de la vaccination avec les résultats du test.
(i) sérologie simple
Dans de nombreuses études, un seuil de positivité est fixé pour conclure à une
infection leptospirosique. Le seuil de positivité est le titre minimum requis pour considérer
l’animal infecté tout en tenant compte de son statut vaccinal. Le seuil choisi varie en fonction
du laboratoire qui se base sur la séroprévalence dans la zone géographique considérée.
En général, le sérogroupe présentant le plus haut titre est considéré comme sérogroupe
infectant [57].
Ainsi, un titre supérieur ou égal à 1/800 chez un animal non vacciné présentant des
symptômes évocateurs d’une leptospirose est généralement considéré comme très en faveur
d’une infection leptospirosique, bien que certaines études utilisent des seuils plus élevés :
1/3200 [67] ou 1/1600 [14, 29].
55
Il est important de connaître le statut vaccinal du patient car celui-ci a un impact sur
l’interprétation des résultats (voir paragraphe correspondant). En effet, les titres consécutifs à
la vaccination peuvent demeurer élevés pendant un à trois mois.
Ainsi, certains auteurs utilisent un seuil de positivité plus élevé pour les sérogroupes
vaccinaux chez les chiens vaccinés. Par exemple, dans leur étude réalisée en 2006, Goldstein
et al. ont fixé un seuil de 1/800 pour les sérogroupes non vaccinaux, alors que le seuil pour les
sérogroupes vaccinaux était de 1/3200 afin d’éviter de considérer comme infecté un chien
dont la réponse sérologique pouvait être uniquement vaccinale [31].
(ii) cinétique sérologique
Une cinétique sérologique consiste en une double analyse sérologique réalisée sur
deux échantillons prélevés à quelques semaines d’intervalle (en général deux à trois
semaines).
La réalisation d’une cinétique sérologique présente plusieurs intérêts :
- d’une part, et essentiellement chez les jeunes chiens, les anticorps peuvent ne pas être
décelables pendant la première période de la maladie, d’où l’intérêt d’un second prélèvement.
Sept à dix jours sont en effet requis post contamination avant toute détection d’anticorps.
Ainsi, des titres négatifs en phase précoce de la maladie quels que soient les sérovars, peuvent
se positiver lors de la phase de convalescence [37].
- d’autre part, l’augmentation du titre en anticorps du sérogroupe infectant de quatre fois sa
valeur initiale permet d’éliminer les hypothèses d’une origine vaccinale des anticorps ou
d’une infection plus ancienne et subclinique dont les titres sont en déclin [42].
La confirmation d’une infection leptospirosique peut s’appuyer sur la mise en
évidence d’une séroconversion, soit l’observation d’un titre qui a augmenté de quatre fois sa
valeur initiale lors d’un second prélèvement deux à trois semaines après le premier. Le
diagnostic établi sur la base de cette conversion est un diagnostic tardif.
Les indications d’une cinétique sérologique sont les suivantes :
-
L’obtention de titres négatifs lors de la première sérologie MAT pour tous les
sérogroupes malgré une suspicion clinique et/ou épidémiologique forte ;
-
Une première sérologie MAT dite douteuse (titres existants mais considérés comme
faibles pour conclure à une infection et exclure la vaccination ou le portage) ;
56
-
Une première sérologie MAT qui ne permet pas de déterminer le sérogroupe infectant,
des titres élevés ayant été observés pour plusieurs sérogroupes (phénomène des
réactions croisées détaillé ci-dessous).
(c) Limites d’interprétation
Un des avantages de la sérologie MAT réside en théorie dans la détermination du
sérogroupe infectant. Cependant, cette spécificité est loin d’être absolue. En effet, on
rencontre souvent chez un même chien des titres élevés dirigés contre différents sérovars, ce
qui complique la détermination du sérogroupe infectant [67]. L’interprétation est difficile et
doit prendre en compte deux phénomènes :
- les réactions croisées entre sérovars dues à des similitudes antigéniques ;
- les éventuels anticorps post vaccinaux dont les titres peuvent demeurer élevés pendant un à
trois mois.
(i) Réactions croisées
Les anticorps agglutinants produits par un animal en réponse à l’infection par un
sérovar réagissent souvent avec d’autres sérovars. Par conséquent, le sérum d’un chien
infecté par un sérovar unique peut entraîner l’agglutination de plusieurs sérovars [15]. Ces
réactions dites croisées reposent sur l’existence d’épitopes communs entre différents sérovars
n’appartenant pas au même sérogroupe. Ce phénomène semble se produire essentiellement au
début de la maladie, un seul titre étant prédominant après deux à quatre semaines [67].
Différentes observations ont permis de mettre en évidence ces réactions. Dans une
étude menée en 1991, L. ballum a été détecté à plusieurs reprises par le MAT mais n’a jamais
été isolé en culture [75]. D’autre part, des animaux naïfs inoculés avec un sérovar donné ont
réagi à plusieurs sérovars testés une semaine plus tard [17].
Ainsi, il est admis qu’une réponse multiple à plusieurs sérovars lors du MAT est due à des
similitudes antigéniques entre ces sérovars plutôt qu’à une multi infection et le sérogroupe
induisant le titre le plus élevé est habituellement considéré comme l’agent étiologique.
57
(ii) Impact de la vaccination
(a) Vaccin inactivé
Le vaccin le plus couramment utilisé contient les valences canicola et
icterohaemorragiae et engendre une augmentation des titres vaccinaux [15]. Cependant, cette
augmentation est spécifique des souches vaccinales et transitoire, n’excédant généralement
pas trois mois. Ainsi, il est probable que des titres correspondant aux valences vaccinales
détectés dans les trois mois suivant la vaccination soient plutôt dus à la vaccination qu’à une
infection en cours [10].
A l’inverse, un titre élevé pour un sérogroupe non vaccinal associé à des titres faibles à
nuls pour les sérogroupes vaccinaux, à fortiori en présence de signes cliniques compatibles
avec une leptospirose, peut être considéré comme un bon indicateur d’une infection en cours
[14, 37].
(b) Vaccin sous-unité
Le vaccin sous-unité n’est pas commercialisé en France. Il existe peu d’informations
concernant son impact sur la réponse sérologique. Lors d’une étude, des tests sérologiques ont
été effectués régulièrement sur des chiots et des adultes vaccinés avec un vaccin sous-unité
contre L. pomona et L. grippotyphosa. Les titres sérologiques observés pour L. pomona
augmentaient et atteignaient des valeurs suffisamment élevées pour suggérer une infection
active. Ensuite, ils diminuaient et disparaissaient au bout de 16 semaines. Concernant L.
grippotyphosa, les titres demeuraient nuls chez les chiots tout au long de l’étude et faibles
chez les adultes. Pour L. autumnalis, les titres étaient élevés dès la deuxième semaine et
persistaient plus longtemps : certains chiens étaient encore positifs six mois plus tard [10].
Contrairement au vaccin classique, des titres hétérologues aux souches vaccinales
peuvent apparaître avec les vaccins sous-unités à des valeurs élevées. Par exemple, il n’est pas
possible de diagnostiquer une infection leptospirosique à L. autumnalis chez un chien
présentant un titre élevé mais ayant été vacciné avec un vaccin sous-unité au cours des six
derniers mois. La seule solution pour trancher demeure alors la réalisation d’une seconde
sérologie à quelques semaines d’intervalle [10].
58
(2) Dosage des IgM et des IgG par la méthode « Enzyme
Linked Immuno Sorbent Assay » (ELISA)
(a) Principe et réalisation
La méthode ELISA permet, à partir de préparations d’antigènes mis en présence du
sérum à tester, de mesurer les taux d’anticorps IgG et IgM produits contre les leptospires.
Cette méthode fait intervenir une enzyme qui engendre une réaction colorimétrique en cas de
positivité de l’échantillon, comme schématisé sur la figure 3. La lecture du résultat se fait
alors par densité optique ou par titre de dilution du sérum.
Figure 3 : Principe de la méthode ELISA (D’après [74]).
(b) Résultats et interprétation
Au cours d’une infection, les anticorps de type IgM sont détectables dès la première
semaine, de manière relativement fugace (le titre maximal est obtenu deux semaines après
l’infection puis décroît rapidement). La méthode ELISA apparaît alors plus sensible que le
MAT pour déterminer les infections au stade précoce [33]. Les IgG ne sont détectables qu’à
partir de deux à trois semaines après l’infection mais persistent plusieurs mois (titre maximal
un mois après l’infection). L’intérêt spécifique de cette méthode est de permettre de
différencier un animal récemment infecté (taux d’IgM prépondérant), d’un animal vacciné ou
ayant été en contact avec l’agent infectieux plus de trois mois auparavant (taux d’IgG élevé)
[15, 50]. Un fort taux d’IgM associé avec un faible taux d’IgG (inférieur aux IgM voire nul)
chez un chien dont la vaccination remonte à plus de trois mois peut être considéré comme
diagnostique d’une infection leptospirosique récente [29]. A l’inverse, un taux d’IgG élevé
associé à un titre IgM faible à nul correspond à un profil vaccinal ou une infection subclinique
ancienne.
59
Contrairement au titre MAT, les titres mesurés d’IgG sont un reflet du niveau de
protection atteint ce sont ces anticorps qui possèdent le rôle de neutralisation et de
phagocytose [80].
(c) Intérêt spécifique
Une étude parue en 1999 a mis en évidence l’intérêt du test ELISA qui est une
méthode reproductible, standardisable et plus facilement réalisable que le MAT. En
considérant comme référence le MAT avec un seuil de positivité établi à 1/100, l’ELISA
présentait une sensibilité de 100 % et une spécificité de 95,6% pour un seuil de densité
optique à 0,29 [66].
Une étude parue en 1986 et réalisée sur 41 chiens par Hartman et al. a évalué cette
méthode en parallèle de la méthode MAT. Les chiens étaient inclus dans l’étude lorsqu’ils
présentaient des signes cliniques compatibles avec une atteinte rénale et/ou hépatique. Ils
étaient ensuite répartis en deux groupes (chiens fortement suspects de leptospirose (21 cas) et
chiens pour lesquels un autre diagnostic avait finalement été posé (20 cas)). Chaque chien
était alors l’objet de deux analyses sérologiques (MAT et ELISA). Un seuil de 1/200 était
utilisé pour le MAT : seuls six chiens parmi les 21 hautement suspects avaient un profil MAT
en faveur d’une infection leptospirosique. Ces chiens présentaient par contre des titres IgM de
160 à 10240, associés à des titres IgG faibles voire nuls (20 à 2560). Dans le second groupe
pour lequel d’autres maladies avaient été diagnostiquées, les résultats ELISA étaient restés
négatifs ou montraient des titres IgG de 20 à 2560 associés à des titres IgM n’excédant pas
320. La sérologie ELISA a donc permis confirmer l’infection fortement suspectée chez 21
chiens, alors que le MAT n’était en faveur d’une infection que chez six d’entre eux [40].
Le recours à la sérologie ELISA permet de s’affranchir de la réalisation d’une
cinétique, souvent indispensable avec le MAT pour parvenir à une conclusion. Cependant,
cette méthode est peu utilisée en routine et peu d’études la prennent en considération. En
outre, l’étude de Hartman et al. remonte à plus de vingt ans [40]. De nouveaux travaux de
recherche pourraient être intéressants afin d’essayer de développer cette technique encore peu
maîtrisée.
La méthode de microagglutination est encore considérée par beaucoup comme méthode de
référence pour le diagnostic de la leptospirose. Son interprétation demeure cependant
60
difficile et doit tenir compte de la vaccination de l’animal et de la durée des symptômes au
moment du prélèvement de sérum. Ces renseignements sont donc indispensables à préciser
lors de l’envoi d’un prélèvement (sang sur tube sec) à un laboratoire. En outre, les réactions
croisées rendent souvent impossible la détermination du sérogroupe infectant. Une cinétique
sérologique est souvent nécessaire pour aboutir à un diagnostic. La méthode ELISA permet
de s’affranchir de cette cinétique car elle permet de différencier IgM et IgG dans le sérum de
l’individu testé. Cependant, cette méthode est encore très peu exploitée dans le diagnostic de
la leptospirose et reste peu accessible en routine. Les progrès des méthodes directes
permettent également une avancée dans les perspectives diagnostiques.
b) Diagnostic direct (détection de l’agent infectieux)
(1) Evaluation au microscope
(a) Colorations standards et argentiques
Les leptospires ne peuvent être observées à l’aide de la coloration de Gram et sont
faiblement colorées par les méthodes de Giemsa ou Wright, rendant ces techniques de
détection inintéressantes. La méthode de coloration usuelle est celle d’imprégnation
argentique, les corps bactériens sont alors colorés en brun, comme le montre la figure 4. Les
prélèvements utilisés sont des coupes histologiques ou des étalements directs [33]. Les
échantillons histologiques sont placés dans du formol pendant 24 heures puis inclus en
paraffine. Les tissus sont sectionnés en épaisseurs de 3 à 5 µm. La coloration argent de
Warthin-Starry est ensuite effectuée pour la détection des leptospires [47].
Photo 2 : Leptospires après coloration argentique (x200). (D’après [2]).
61
(b) Microscopie sur fond noir
La microscopie sur fond noir permet d’identifier des leptospires vivantes dans l’urine
de chiens infectés. L’avantage théorique de cette technique réside dans sa rapidité d’exécution
mais sa sensibilité et sa spécificité sont faibles.
En effet, la visualisation directe des leptospires n’est pas aisée et occasionne souvent de faux
négatifs. Ainsi, 100 000 leptospires/mL d’urine sont nécessaires pour atteindre le seuil de
détection [15]. Une centrifugation préalable du prélèvement est recommandée avant
observation.
De plus, l’excrétion urinaire s’effectue dans les quatre à dix jours après l’apparition des
symptômes et n’est qu’intermittente, entraînant de nombreux faux négatifs.
Finalement, des filaments de fibrine, d’autres spirochètes mobiles tels que Borrelia
Burgdorferi et de nombreux artéfacts peuvent donner de faux positifs.
Dès lors, cette technique peu fiable est actuellement déconseillée et dans le cas où elle est
néanmoins utilisée, une grande prudence d’interprétation est requise [50].
Photo 3 : Leptospires en microscopie sur fond noir (x100) (D’après [1]).
62
(c) Méthode d’immunofluorescence directe
L’immunofluorescence directe s’effectue sur tissus, urine, sang et humeur aqueuse.
Les prélèvements sont mis en présence d’anticorps spécifiques conjugués à un composé
fluorescent, comme le montre la figure 4. Le test est positif lorsque des organismes
fluorescents avec la morphologie typique des leptospires sont observés (photo 4) [18].
Figure 4 : Principe de l’immunofluorescence directe (D’après [1]).
Photo 4 : Leptospires par la méthode d’immunofluorescence directe (x100). (D’après
[1]).
La sensibilité de cette méthode est conditionnée par le nombre de leptospires présentes
mais pas par leur viabilité, contrairement aux cultures bactériennes. Elle dépend également de
l’intégrité des organismes : plus ils sont altérés, moins bonne est la sensibilité. Enfin, les
conjugués étant préparés à partir d’anticorps polyclonaux, des réactions croisées peuvent se
produire et l’identification des sérovars n’est pas permise [18]. Finalement, cette méthode est
peu accessible en routine.
63
(d) Technique immunohistochimique
Cette technique histologique utilise des biopsies rénales et hépatiques.
Les lésions sont observées au microscope et l’utilisation de marqueurs immunohistochimiques
permet la détection d’antigènes. Sa sensibilité demeure relativement faible à cause de la faible
quantité de bactéries présentes, surtout lors d’infections chroniques ou de traitement
antibiotique préalable.
(2) Culture bactérienne
La culture peut s’effectuer sur des échantillons de sang, d’urine, de liquide
céphalorachidien ou de tissus.
(a) Choix et conservation des prélèvements
Les prélèvements doivent être réalisés avant tout traitement antibiotique et le choix du
matériel d’étude doit tenir compte de la pathogénie de la maladie. En effet, la leptospirémie
est contemporaine de la première semaine d’infection et est de courte durée, tandis que
l’excrétion urinaire est plus tardive et n’est qu’intermittente [50]. Ces prélèvements doivent
également être réalisés de manière stérile.
(i) Sang
Le sang est le matériel de choix durant la première semaine d’infection. Les
échantillons doivent être placés dans des tubes avec anticoagulant de type héparine ou
EDTA. Le citrate doit être évité car il inhibe la croissance des bactéries [25].
(ii) Urine
L’urine peut être mise en culture à partir du dixième jour post infection. Afin d’assurer
la stérilité de l’échantillon, une cystocentèse est nécessaire. La mise en culture doit être
effectuée le plus rapidement possible après la réalisation du prélèvement. L’urine peut être
alcalinisée, les leptospires ne pouvant survivre plus de quelques heures dans une solution
acide [25]. Les échantillons d’urine doivent être dilués au dixième dans une solution saline,
une solution à 1% d’albumine sérique bovine (BSA) ou un milieu de culture pour minimiser
les effets de substances inhibitrices, tels que les anticorps, sur la pousse bactérienne [25].
64
(b) Protocole de culture bactérienne
La culture des leptospires est difficile et requiert des semaines voire des mois. Les
bactéries nécessitent en outre des conditions de culture particulières : milieux spécifiques et
sélectifs.
Le milieu d’Ellinghausen-McCullough-Johnson-Harris (EMJH) est largement utilisé [39],
ainsi que ceux de Fletcher, Ellinghausen et Stewart. Les trois premiers cités sont des milieux
semi solides qui facilitent la croissance des leptospires. En effet, les milieux solides ne sont
pas recommandés, la multiplication des leptospires y étant moins probable que dans les
milieux liquides ou semi solides [51]. La croissance des leptospires en culture étant
facilement inhibée par la croissance concomitante d’autres organismes, l’utilisation de 5fluorouracil ou de néomycine seuls ou avec du sulfathiazole ou de la cyclohexamide est
intéressante [25].
Les cultures sont incubées à 28-30°C avec une humidité suffisante pour éviter le
dessèchement. Par la suite, elles sont examinées de manière hebdomadaire au microscope à
fond noir.
(c) Intérêts et limites
La sensibilité de la culture bactérienne testée sur des échantillons humains post
mortem n’a été que de 2% [18]. Les cultures de leptospires nécessitent des organismes viables
et en quantité suffisante pour pallier le processus de dilution utilisé lors de la préparation des
échantillons. La sensibilité semble meilleure à partir d’échantillons d’urine que sur tissu rénal.
En effet, le prélèvement organique contient des enzymes cytoplasmiques absentes dans l’urine
et qui peuvent induire des conditions anaérobies en culture, inhibant ainsi la croissance des
leptospires [7, 9].
En pratique, la culture bactérienne n’a pas d’application clinique dans le cadre du
diagnostic de la leptospirose. Les difficultés inhérentes à cette technique ainsi que le délai
nécessaire pour obtenir des résultats la rendent peu intéressante.
65
(3) Technique PCR (Polymerase Chain Reaction)
(a) Principe et réalisation
La polymerase chain reaction (PCR) permet de détecter l’ADN des leptospires dans le
sang, le liquide céphalo rachidien, l’humeur aqueuse et l’urine avec une préférence pour cette
dernière dans laquelle la concentration en bactéries est supérieure [42].
La PCR consiste à amplifier une séquence d’ADN cible à l’aide d’amorces
spécifiques. A chaque couple d’amorces correspond un fragment amplifié de taille particulière
ensuite analysé par électrophorèse en gel d’agarose.
(b) Amorces utilisables
Une des méthodes décrites utilise le gène hap1 (hemolysis associated protein), présent
dans les sept espèces génomiques pathogènes (nouvelle classification) mais absent des
souches saprophytes [16, 52]. Les séquences ainsi amplifiées ont une taille de 262 paires de
bases.
Le gène 23S peut également être utilisé. Cependant, il est commun à toutes les
leptospires, sans distinction des souches pathogènes et saprophytes. Les séquences
correspondantes mesurent 480 paires de bases [52]. Pour différencier les pathogènes, il
convient de soumettre les séquences amplifiées à une endonucléase qui produit dans leur cas
des fragments de 260 et 220 paires de base.
Gravekamp et al utilisent les amorces LEP sec YF1 et LEP sec YR1 qui permettent
d’amplifier le gène secY et produisent un fragment de 282 paires de base [32].
Les amorces G1 et G2 ou B64I et B64II sont également utilisées [18]. Cependant, il
est à noter que les PCR utilisant les amorces G1-G2 peuvent ne pas détecter une infection due
à L. grippotyphosa. D’autre part, d’autres amorces peuvent manquer de spécificité [6].
(c) Résultats
Cette technique semble la plus sensible parmi les méthodes de détection directes [18].
Tout comme l’immunofluorescence directe, cette sensibilité est conditionnée par le nombre de
leptospires de l’échantillon mais est indépendante de leur viabilité.
Un des avantages est qu’elle autorise un diagnostic précoce, pouvant être positive alors
que la sérologie se révèle encore négative [38]. Ceci peut expliquer que de nombreuses études
66
rapportent une faible valeur prédictive positive pour la PCR en utilisant le MAT comme
référence (certains résultats positifs ne sont pas confirmés par la sérologie). Inversement, en
prenant la PCR comme technique de référence, la sérologie présente une sensibilité de 22%,
une spécificité de 79%, une valeur prédictive positive de 9% et une valeur prédictive négative
de 92% [39].
Cependant, cette procédure est sensible aux contaminations et doit être réalisée avant
toute antibiothérapie préalable. Enfin, un résultat positif doit être interprété avec précaution
puisque les porteurs sains sont non négligeables.
La technique de microscopie sur fond noir est déconseillée car son manque de sensibilité et
de spécificité la rend peu fiable. La culture bactérienne est également déconseillée dans un
but
diagnostique
car
elle
est
longue
et
difficile
à
réaliser.
Les
techniques
immunohistochimiques et d’immunofluorescence directe peuvent être intéressantes mais
manquent de sensibilité et sont peu disponibles en routine. Les progrès de la biologie
moléculaire présentent un intérêt évident. Le développement de la PCR permet un diagnostic
précoce avec une forte sensibilité. Cette méthode est de plus en plus utilisée.
c) Choix des tests à utiliser
(1) Etablissement du diagnostic
Les différents tests diagnostiques disponibles sont résumés dans le tableau 5.
67
Microagglutination
ELISA
Avantages
Inconvénients
Coût
Disponible en routine
Permet parfois de
déterminer le sérogroupe
infectant
Réactions croisées
Environ 40
euros
Impact de la vaccination
Cinétique souvent indispensable
Distinction IgM et IgG
Peu disponible en routine
Microscopie sur fond
noir
Facile à réaliser
Très peu sensible et très peu
spécifique
Immunofluorescence Ne dépend pas de la
directe
viabilité des bactéries
Le nombre et l'integrité des
bactéries conditionnent la
sensibilité
Peu disponible en routine
Culture bactérienne
Longue et difficile
Nécessite de bactéries vivantes
PCR
Très sensible
Diagnostic précoce
Sensible aux contaminations
Doit être réalisée avant toute
antibiothérapie
Moins de 15
euros
Environ 35
euros
Tableau 6 : Principaux avantages et inconvénients des tests diagnostiques
Aucune des techniques précitées n’autorise dans chaque cas un diagnostic de certitude.
En conséquence, il est utile de combiner plusieurs tests pour augmenter les chances d’aboutir
au diagnostic.
Certains auteurs suggèrent qu’une sérologie MAT isolée pour le diagnostic de la
leptospirose peut mener à un nombre non négligeable de faux négatifs, rendant nécessaire le
recours à un second test (méthode directe, cinétique sérologique…) [38].
68
La difficulté est en partie due à une évolution des possibilités diagnostiques en
fonction du temps :
Figure 5 : Evolution des possibilités diagnostiques en fonction du temps (t0=infection)
(2) Dépistage des risques zoonotiques potentiels
La sérologie est souvent utilisée dans les articles comme méthode de référence.
Cependant, cette méthode est peu appropriée pour détecter les animaux porteurs sains
excréteurs urinaires de leptospires. Il a en effet été démontré que des animaux cliniquement
normaux et séronégatifs peuvent excréter des leptospires dans leurs urines et ainsi représenter
un risque zoonotique potentiel : ainsi, des urines de chiens séronégatifs se sont révélées
positives en culture [75] ou par PCR [39].
Le choix des tests à utiliser doit être raisonné. Pour établir un diagnostic, il est utile de
combiner plusieurs tests. La chronologie de la maladie entraîne en effet une évolution des
possibilités diagnostiques en fonction du temps. Pour dépister un risque zoonotique potentiel,
les méthodes sérologiques sont à proscrire au profit de méthodes directes telles que la PCR.
69
7. Traitement
Le traitement de la leptospirose revêt deux aspects : d’une part le traitement
étiologique qui consiste en une antibiothérapie ciblée et d’autre part un traitement de soutien à
visée symptomatique. Les symptômes sur lesquels on peut agir sont les troubles digestifs et
les signes secondaires à l’insuffisance rénale qui dominent souvent le tableau clinique [37].
a) Antibiothérapie
Antibiotique
Voie
Dose
Durée
Amoxicilline/ampicilline
IV puis PO
22 mg/kg toutes les 8 heures 2 semaines
Doxycycline
PO
5 mg/kg toutes les 12 heures 2 semaines
Tableau 7 : Antibiotiques utilisés lors de leptospirose et mode d’administration
Le premier objectif de l’antibiothérapie est de détruire les leptospires, et d’inhiber leur
multiplication de manière à limiter les complications de l’infection, à savoir insuffisances
rénale et hépatique. La pénicilline et ses dérivés sont les antibiotiques de choix. L’ampicilline
ou l’amoxicilline peuvent être administrées par voie intra veineuse (IV) à la dose de 22 mg/kg
toutes les huit heures. Ces molécules permettent une disparition de la bactériémie dans les
heures suivant l’administration du traitement et limitent considérablement le risques de
transmission directe de l’agent infectieux à l’homme ou à un congénère dans les 24 heures
après l’administration. Elles ne permettent par contre pas d’éliminer l’infection au niveau
rénal et le portage chronique [42].
Si l’animal réchappe, le second objectif est d’éliminer l’état de portage sain par
l’administration de molécules telles que les tétracyclines, les aminoglycosides ou les dérivés
de l’érythromycine. La doxycycline est la molécule de choix. Elle est administrée par voie
orale à la dose de 5 mg/kg toutes les 12 heures pendant deux à trois semaines [37, 42, 50].
L’administration doit être envisagée en relais de l’amoxicilline ou ampicilline. Cette molécule
peut être administrée quel que soit l’état de la fonction rénale (son excrétion est
essentiellement digestive), alors que les aminoglycosides doivent être évités lors
d’insuffisance rénale [42].
70
L’administration IV d’ampicilline ou d’amoxicilline (22 mg/kg 3 fois par jour) avec
un relais oral d’amoxicilline dès que possible à la même posologie pendant 2 semaines, suivie
par 15 jours de doxycycline par voie orale (5 mg/kg 2 fois par jour) est un protocole souvent
utilisé et efficace [37]. L’antibiothérapie doit être mise en place chaque fois qu’une hypothèse
de leptospirose est émise et ce, avant que les résultats des examens complémentaires
spécifiques ne soient connus car la précocité du traitement conditionne le pronostic.
Une réaction paradoxale à ce traitement peut se produire : la réaction de JarischHerximer qui consiste en une aggravation temporaire des symptômes en relation avec la lyse
des organismes suite à l’efficacité du traitement. Les traitements de soutien revêtent alors
toute leur importance [81].
b) Traitement de soutien
(1) Fluidothérapie
(a) Solutés et volumes à administrer
La fluidothérapie avec un soluté cristalloïde isotonique est un des premiers traitements
à mettre en place lors d’insuffisance rénale aiguë due à la leptospirose. Il convient tout
d’abord de réhydrater le patient et de stabiliser sa volémie. Si celui-ci est cliniquement
correctement hydraté, il convient tout de même de lui administrer un volume équivalent à 3 à
5% de son poids pour pallier les pertes insensibles. La diurèse et le poids du patient doivent
être évalués régulièrement afin d’adapter le débit de cette fluidothérapie et d’éviter
l’hypervolémie chez les animaux oligo-anuriques ou au contraire la déshydratation chez les
individus polyuriques [50]. La mise en place d’un système collecteur d’urine (sonde urinaire
reliée à une poche) permet de quantifier avec précision la diurèse de l’animal pendant son
hospitalisation (photo 5).
71
Photo 5 : Système collecteur d’urine : poche reliée à la sonde urinaire (photo
SIAMU ENVL)
Les patients présentant des vomissements doivent également recevoir ce traitement
pour compenser les pertes digestives qui doivent être estimées lors de la réalisation du plan de
perfusion.
(b) Restauration de l’équilibre acido-basique
L’acidose métabolique est la perturbation de l’équilibre acido-basique la plus
fréquente lors d’insuffisance rénale aiguë. Lorsque l’hydratation est restaurée, le traitement de
l’acidose métabolique est recommandé si le pH sanguin persiste à des valeurs inférieures à 7,2
ou si la concentration en bicarbonates est inférieure à 16 mEq/L. La formule permettant de
quantifier le déficit en bicarbonates est la suivante :
Poids du corps (en kg) x 0,3 x (20-[HCO3-] (en mEq/L)).
Un quart à un tiers de la dose calculée peut être administrée en bolus IV, puis un quart à un
tiers supplémentaire quatre à huit heures plus tard. Une administration trop rapide, une dose
excessive ou l’administration à un patient avec une fonction respiratoire non adéquate peut
mener à une acidose cérébrale paradoxale [50].
72
(c) Restauration de l’équilibre électrolytique
L’hyperkaliémie est le désordre ionique le plus fréquent, mais aussi le plus grave lors
d’insuffisance rénale aiguë. Elle peut causer des désordres cardiaques (arythmies et
bradycardie) et des anomalies de l’ECG (élargissement des complexes QRS, absence d’ondes
P, ondes T pointues, fibrillation ventriculaire, asystolie). L’administration d’insuline rapide à
la dose de 0,1 à 0,25 UI/kg en IV associée à du glucose (afin d’éviter l’hypoglycémie) (1 à 2
g/UI d’insuline en bolus, suivi de 1 à 2 g/UI quatre à huit heures plus tard) permet l’entrée
intracellulaire de potassium (effet attendu en 20 à 30 minutes). Une solution alternative est
l’administration de gluconate de calcium (0,5 à 1 mL/kg en bolus IV lent), bien que ce
protocole ne diminue pas la concentration plasmatique en potassium (antagoniste de K+ sur le
muscle cardiaque et effet cardioprotecteur) [50].
L’hypokaliémie quant à elle doit être corrigée par adjonction de chlorure de potassium
dans le soluté de perfusion.
(2) Traitement des troubles gastro-intestinaux
Traitement
Ranitidine
Cimétidine
Sucralfate
Métoclopramide
Voie
IV
PO
PO
Dose
0,5 à 1 mg/kg/j
2,5 à 5 mg/kg 2 fois par jour
0,25 à 1 mg/kg PO 2 ou 3 fois par jour
0,2 à 0,5 mg/kg toutes les 6 à 8
SC, IM, IV
heures
IV continue
1 à 2 mg/kg/j
Tableau 8 : Principaux traitements des troubles gastro-intestinaux et mode
d’administration
Des anti-sécrétoires (anti-histaminiques contre les récepteurs H2) sont communément
utilisés pour traiter la gastrite urémique, comme par exemple la ranitidine (0,5 à 1 mg/kg/j en
IV) ou la cimétidine (2,5 à 5 mg/kg 2 fois par jour per os).
Le sucralfate (0,25 à 1 mg/kg per os toutes les 6 à 8 heures) permet le traitement d’éventuels
ulcères.
Concernant les anti-émétiques, le métoclopramide a une action centrale et est utilisé par voie
sous cutanée ou intramusculaire (0,2 à 0,5 mg/kg toutes les 6 à 8 heures) ou en perfusion
continue (1 à 2 mg/kg/j). Cette molécule est un antagoniste de la dopamine et ne doit donc pas
être administrée simultanément à celle-ci [50].
73
(3) Restauration de la diurèse
Si la diurèse demeure basse (soit inférieure à 0,27 mL/kg/h) chez un patient
correctement hydraté avec une pression artérielle systolique supérieure à 80 mm de mercure
(Hg), les diurétiques sont indiqués.
Le furosémide, diurétique de l’anse, peut être utilisé à la dose de 2 à 6 mg/kg en bolus
intraveineux répété toutes les une à deux heures jusqu’à ce que la production d’urine
augmente et atteigne au moins 1 à 4 mL/kg/h. Si ce n’est pas le cas après trois ou quatre
heures à la posologie maximale, un autre traitement doit être envisagé [49].
Le mannitol est un diurétique osmotique contre-indiqué chez les patients
hyperhydratés et chez ceux présentant une diathèse hémorragique. Il doit être administré à la
dose de 0,25 à 1 g/kg en IV sur 20 minutes [49, 50]. La combinaison de ces deux diurétiques
est possible.
Si l’oligurie persiste, la combinaison furosémide (1-2 mg/kg/h en IV) et dopamine (13 µg/kg/min) peut être administrée. Un monitorage cardiaque est alors recommandé, la
dopamine étant arythmogène [49].
En cas d’échec des ces différents protocoles, le recours à une technique d’épuration
extra-rénale (hémodialyse ou dialyse péritonéale) est nécessaire mais requiert des moyens
importants et des compétences spécialisées (unité de soins intensifs).
(4) Dialyse
(a) Principe
La dialyse est un procédé au cours duquel la composition du sang se modifie lors
d’interactions avec une solution artificielle, appelée dialysat, à travers une membrane. Les
solutés et les toxines se déplacent du sang vers le dialysat par des mécanismes de diffusion et
de convection. Bien que la membrane utilisée et la composition du dialysat soient différents
pour une hémodialyse et une dialyse péritonéale, ces deux méthodes reposent sur les mêmes
principes [22].
L’hémodialyse utilise un circuit extra corporel appelé dialyseur dans lequel le sang du
patient et le dialysat venant du générateur se trouvent réunis, séparés par une membrane semiperméable. Le sang et le dialysat circulent à contre-courant et les échanges ont lieu au travers
de cette membrane (figure 6 et photo 4). Le transfert des solutés et de l’eau fait intervenir
plusieurs mécanismes : la diffusion, la filtration et l’osmose. La diffusion est un transfert
74
passif de solutés sous l’effet d’une différence de concentration de part et d’autre de la
membrane : les molécules effectuent un mouvement du milieu de concentration élevée vers le
milieu de plus faible concentration. La filtration est un transfert simultané de solutés et de
solvant sous l’effet d’une différence de pression hydrostatique de part et d’autre de la
membrane. L’osmose est un transfert de solvant sous l’effet d’une différence de pression
osmotique entres les solutions de part et d’autre de la membrane [22].
Figure 6 : Principe de l’hémodialyse (SIAMU ENVL)
Photo 6 : Chien en cours d’hémodialyse (photo SIAMU ENVL)
75
L’hémodialyse a été utilisée avec succès pour traiter les complications d’insuffisance
rénale aiguë due à la leptospirose [3].
La dialyse péritonéale utilise une solution dont la concentration en électrolytes est
similaire à celle du milieu extracellulaire normal. Cette solution est perfusée dans la cavité
péritonéale à l’aide d’un cathéter placé chirurgicalement ou par voie percutanée. Sa
composition s’équilibre alors avec celle du plasma à travers la membrane péritonéale : eau,
ions et électrolytes se déplacent par diffusion, convection ou ultrafiltration.
L’ultrafiltration résulte du mouvement de l’eau à travers une membrane semi perméable selon
le gradient osmotique et hydrostatique créé par la présence de dextrose hypertonique dans le
dialysat. Parallèlement, les solutés dissous suivent ce mouvement d’eau (convection). Par
conséquent, le dialysat se charge alors en urée ou autres toxines, solutés et fluides en excès
qui peuvent être drainés de l’abdomen [22].
(b) Indications
La dialyse est envisagée en cas d’insuffisance rénale aiguë oligo anurique réfractaire à
une fluidothérapie bien conduite et aux diurétiques. Elle permet également de traiter les
désordres électrolytiques et acido-basiques. Un gain de poids, ainsi que d’autres signes de
surcharge volumique tels qu’oedèmes et ascite (photo 7) sont également pris en compte tout
comme la persistance, voire l’aggravation de l’azotémie [3, 12].
Photo 7 : Evolution de l’ascite chez un chien avant (photo de gauche) et après
hémodialyse (photo de droite) (Photos SIAMU ENVL).
76
(c) Résultats
La dialyse péritonéale permet de faire baisser l’azotémie des patients qui deviennent
polyuriques dans les 24 à 72 heures [12].
Les complications possibles sont des déséquilibres électrolytiques (hypokaliémie,
hypomagnésiémie), une hypoalbuminémie, une péritonite (dialyse péritonéale uniquement) et
des complications liées au cathéter (obstruction et rétention de dialysat ou fuite en regard du
site d’entrée). Cliniquement, l’apparition d’oedèmes et de symptômes nerveux est possible
[12]. Les symptômes nerveux sont liés à un œdème cérébral consécutif à un changement
brutal de l’osmolarité plasmatique suite à la baisse trop rapide du taux d’urée dans le sang. En
effet, une baisse brutale de l’osmolarité plasmatique accompagne la baisse de l’urée
consécutive à la dialyse. Par conséquent, les fluides corporels ont tendance à quitter le
compartiment vasculaire pour le compartiment intra cellulaire et notamment le cerveau.
Dans
l’étude d’Adin et Cowgill réalisée en 2000 sur 36 chiens, 14 ont été
hémodialysés. Douze parmi eux ont survécu soit 86%. Chez les chiens traités médicalement
uniquement, une différence significative a été mise en évidence entre les survivants et les
décédés concernant les valeurs initiales d’urée et de créatinine : celles-ci étaient plus élevées
chez les chiens ayant succombé à la maladie. Au contraire, chez les individus traités par
hémodialyse, la survie s’est révélée indépendante de la sévérité initiale de l’azotémie [3].
Une seconde étude s’est intéressée à la dialyse péritonéale chez cinq chiens atteints de
leptospirose. Beckel et al. ont rapporté une survie de quatre de ces chiens (80%), le dernier
ayant été euthanasié sur demande du propriétaire [12].
La dialyse permet ainsi le maintien de l’équilibre électrolytique et acido-basique
pendant le temps nécessaire à la restauration d’une fonction rénale normale.
(5) Utilisation du diltiazem lors d’insuffisance rénale
aiguë
(a) Indication potentielle
Lors d’insuffisance rénale aiguë, en plus du traitement spécifique de la cause, des
traitements sont recommandés pour augmenter le flux sanguin rénal et le taux de filtration
glomérulaire. Les traitements communément administrés incluent la fluidothérapie, le
mannitol, le furosémide, la dopamine ou une combinaison de ceux-ci. Dans certains cas, ces
traitements ne sont pas efficaces. Lors d’insuffisance rénale aiguë anurique ou oligurique,
77
augmenter le flux sanguin rénal et le débit de filtration glomérulaire sans engendrer d’excès
de fluides devient difficile. Les dialyses deviennent nécessaires mais sont coûteuses et ne
garantissent pas un retour à une fonction rénale correcte. En considérant la pathophysiologie
de l’insuffisance rénale aiguë, le diltiazem, inhibiteur des canaux calciques, apparaît comme
un
traitement supplémentaire potentiel. Le mécanisme intéressant qu’il propose est la
réversion de la vasoconstriction rénale : il engendre une vasodilatation pré-glomérulaire.
En médecine humaine, le diltiazem a été utilisé pour traiter ou prévenir les
insuffisances rénales aiguës lors de transplantation rénale ou lors de chirurgie cardiaque
invasive. Lors des transplantations, il agit comme un modulateur de la vasoconstriction et de
l’hypoperfusion rénales induite par l’administration de cyclosporine A. L’Endothéline 1 (ET1) a été proposée comme médiateur de l’hypoperfusion induite par la cyclosporine A.
L’administration de diltiazem abolit les effets de l’ET-1 en réétablissant le taux de filtration
glomérulaire et le flux sanguin rénal pré-cyclosporine, tout en conservant une concentration
élevée en ET-1. L’inhibiteur des canaux calciques annule également la vasoconstriction rénale
induite par la thromboxane A2. Le diltiazem entraîne une vasodilatation de l’artériole
glomérulaire afférente qui augmente le flux sanguin rénal, et ce, d’autant plus que ses effets
sont moins prononcés sur l’artériole glomérulaire efférente.
Il pourrait également avoir un effet cytoprotecteur en améliorant la respiration
mitochondriale : il prévient l’accumulation de calcium et inhibe les enzymes calciumdépendantes, réduisant donc la production de radicaux libres. L’étude réalisée sur 18 chiens
par Mathews et Monteith de 1998 à 2001 s’est intéressée au bénéfice potentiel du diltiazem
dans l’insuffisance rénale aiguë du chien atteint de leptospirose [56].
(b) Protocole
Parmi les 18 chiens de l’étude, 11 ont été traités avec du diltiazem dans les 60 heures
suivant leur admission, mais préférentiellement dans les 12 premières heures. Les doses
administrées ont été identiques à celles préconisées lors de tachycardie supraventriculaire, soit
0,3 à 0,5 mg/kg en IV lente puis un relais en perfusion continue à 3-5 µg/kg/minute. Au début
de l’étude, pour des raison de sécurité, ce protocole a été initié à des doses inférieures
(0,1mg/kg en IV lente sur 30 minutes puis 1µg/kg/min) afin de minimiser les éventuels effets
sur la pression artérielle. Cependant, puisqu’aucune diminution dans la pression artérielle
systolique n’a été notée, les doses ont été augmentées ensuite. Ce traitement a été poursuivi
jusqu’au retour de la créatinine dans les valeurs usuelles [56].
78
(c) Résultats
La diminution de la valeur de la créatinine a été 1,76 fois plus rapide dans le groupe
recevant du diltiazem que dans l’autre groupe. La récupération d’une fonction rénale normale
a montré une tendance vers une association significative avec le groupe test. Enfin, aucun
effet clinique n’a été noté sur la pression artérielle systolique. La récupération rénale chez les
chiens atteints d’une insuffisance rénale aiguë secondaire à la leptospirose est améliorée par
l’administration de diltiazem [56].
(6) Nutrition
Le support nutritionnel de l’animal doit être instauré le plus rapidement possible. En
effet, les conséquences de la malnutrition chez les patients sont une baisse de
l’immunocompétence et une amplification du catabolisme protéique. Les patients présentant
des troubles digestifs présentent un risque accru de malnutrition. L’animal anorexique
mobilise ses propres protéines et son tissu adipeux pour maintenir sa glycémie. Les patients
dont la prise alimentaire est inférieure aux besoins énergétiques quotidiens au repos depuis
plus de trois jours sont des candidats à la nutrition assistée [64]. Celle-ci peut se faire par voie
entérale si les vomissements peuvent être contrôlés ou par voie parentérale dans le cas
contraire. Enfin, des chélateurs du phosphate tels que l’hydroxyde d’aluminium peuvent être
utilisés pour traiter l’hyperphosphatémie [50].
Le premier traitement à instaurer est l’antibiothérapie qui doit être la plus précoce possible.
L’amoxicilline est la molécule de choix pendant les 15 premiers jours, suivie de la
doxycycline pendant les 15 jours suivants. Les autres traitements à mettre en place dépendent
des symptômes présentés par l’animal. Dans tous les cas, une fluidothérapie doit être
instaurée. Elle doit tenir compte de l’état d’hydratation du patient et de ses éventuelles pertes
digestives et doit être adaptée à sa diurèse, d’où l’intérêt de sonder l’animal pour mettre en
place un système collecteur des urines. Elle permet également de traiter les déséquilibres
électrolytiques et acido-basiques engendrés par l’insuffisance rénale et les troubles gastrointestinaux, dont l’acidose métabolique et l’hyperkaliémie sont les plus fréquents.
Chez les individus insuffisants rénaux, l’administration précoce de diltiazem permet
d’améliorer le débit de filtration glomérulaire et le flux sanguin rénal.
79
Si l’insuffisance rénale est oligo-anurique, le rétablissement de la diurèse est primordial.
L’utilisation de diurétiques (furosémide, mannitol) et/ou de dopamine est préconisée si la
fluidothérapie ne permet pas d’obtenir une diurèse correcte (<0,27 mL/kg/h).
En cas d’échec de ces molécules, et si l’azotémie tend à s’aggraver, le recours à une méthode
de dialyse est nécessaire mais ne peut s’effectuer que dans des centres spécialisés.
Anti-acides, anti-émétiques et sucralfate permettent de traiter les troubles gastro-intestinaux.
Enfin, le support nutritionnel de l’animal doit être envisagé le plus rapidement possible.
8. Pronostic
a) Taux de survie
Taux
de
survie
Birnbaum et al.
36 chiens [14]
78%
Geisen et al.
42 chiens [29]
52%
Brown et al.
11 chiens [17]
73%
Mastrorilli et al.
16 chiens [55]
56%
Goldstein et al.
55 chiens [31]
78%
Harkin et Gartrell
17 chiens [37]
82%
Adin et Cowgill
36 chiens [3]
83%
Tableau 9 : Taux de survie selon les études
Suivant les études, une survie de 52 à 83% est rapportée suite à une infection
spontanée, les décès survenant de manière naturelle ou suite à une euthanasie.
80
b) Facteurs pronostiques
Les facteurs pronostiques sont aujourd’hui largement méconnus. Parmi plusieurs
facteurs pronostiques évalués, Mastrorilli et al ont identifié la valeur de la troponine
cardiaque, de l’albumine sérique et des rapports protéines sur créatinine urinaire, albumine sur
créatinine urinaire, protéine C réactive sur haptoglobine comme prédictifs de l’évolution,
alors que d’autres facteurs tels que SIRS et CIVD n’étaient pas liés au devenir de l’animal
[55].
Miller et al ont mis en évidence un taux de mortalité plus élevé chez les mâles que
chez les femelles [57]. Ils ont également trouvé une mortalité plus importante chez les
animaux présentant un ictère.
Enfin, dans une étude réalisée par Adin et Cowgill, parmi les chiens traités sans
dialyse, l’azotémie initiale était significativement plus élevée chez les animaux qui n’ont pas
survécu [3].
9. Prophylaxie
a) Prophylaxie médicale : vaccination
(1) Vaccins disponibles et possibilités actuelles
Depuis les années 1960, le vaccin largement utilisé en Europe et aux Etats-Unis
contient les valences canicola et icterohaemorragiae. L’utilisation large de ce vaccin dans le
monde semble initialement avoir permis une diminution dans l’incidence de la maladie entre
1970 et 1990. Parallèlement, la littérature rapporte que cette vaccination coïncide avec
l’émergence de nouveaux sérovars [6, 42, 67, 68, 75]. En 2000, un vaccin a été commercialisé
aux Etats-Unis contenant les valences pomona et grippotyphosa isolément ou en association
avec les valences anciennes [10].
Parmi les types de vaccin, il existe les vaccins inactivés contenant des bactéries
entières et les vaccins sous-unités. Ces derniers contiennent des antigènes de surface soumis à
une purification [10]. Plus récents, ils ne sont cependant commercialisés qu’aux Etats-Unis et
seuls les vaccins inactivés sont utilisables sur le marché français.
La liste des vaccins vétérinaires disponibles en France est fournie en annexe 1. Tous
sont à base de bactéries entières inactivées.
81
(2) Protocole vaccinal
Le protocole de vaccination en France avec un vaccin inactivé est le suivant :
- Pour les chiots de moins de trois mois, la primo vaccination consiste en deux injections à 1421 jours d’intervalle, la deuxième injection intervenant à l’âge de trois mois accomplis ;
- Pour les chiots de plus de trois mois, elle consiste en deux injections à intervalle de 14-21
jours.
Les rappels sont ensuite annuels.
Lors de la vaccination, les IgM, anticorps agglutinants, apparaissent rapidement,
contrairement aux IgG, véritables anticorps protecteurs. La seconde injection de primo
vaccination est indispensable à la synthèse d’IgG, qui nécessite un premier contact préalable
avec l’antigène. Cependant, le taux d’IgG qui en résulte décline rapidement (quelques mois),
ce qui pourrait rendre intéressant un rappel environ trois mois plus tard [41]. Ceci s’oppose
aux données plus récentes de Klaasen et al. qui montraient une immunité d’au moins 13 mois
après la deuxième injection de primo-vaccination [47].
Le rappel annuel engendre quant à lui des titres importants et persistants chez la
plupart des chiens, le rendant satisfaisant [41]. Cependant, un rappel juste avant une
exposition au risque est à préconiser, ainsi que des rappels plus fréquents pour certains chiens
plus exposés.
(3) Protection apportée
Afin de déterminer la qualité de l’immunité conférée par la vaccination, il convient
surtout de tenir compte de la production spécifique d’IgG. En effet, le degré d’immunité
conférée n’est pas lié au titre d’agglutination. Un animal peut demeurer protégé même avec
des titres agglutinants non détectables [41].
Dans une étude de 2003, Klaasen et al. ont inoculé L. icterohaemorragiae et L.
canicola à plusieurs groupes de chiens dont certains étaient vaccinés avec les souches
inactivées et d’autres ne l’étaient pas. Ils ont également effectué des tests sérologiques de
microagglutination sur chaque chien, avant et après cette infection expérimentale. Ils ont
ainsi remarqué le faible niveau d’anticorps agglutinants détectés chez les animaux vaccinés
avant l’infection. Cependant, le suivi de la température rectale, des éventuels symptômes de la
maladie, des paramètres hématologiques et des cultures sur sang et urine de chaque individu
après infection ont permis de mettre en évidence une protection des animaux vaccinés par
rapport aux témoins. Aucun animal vacciné n’a en effet présenté de symptômes de la maladie,
82
contrairement à certains témoins [47]. De même, André-Fontaine et al. ont inoculé L.
canicola à quatre lots de chiens dont trois étaient vaccinés mais avec des formes
commerciales différentes. Les titres de microagglutination observés après la deuxième
injection de primo vaccination étaient faibles, mais les animaux vaccinés présentaient peu
voire pas de signes cliniques par rapport aux témoins [7]. Une immunité à médiation cellulaire
semble également intervenir [47].
Les inoculations effectuées par Klaasen et al. en 2003 ont eu lieu à différents
intervalles de temps par rapport à la date de deuxième injection de primo-vaccination du
groupe test, intervalle allant jusqu’à 56 semaines. Ils ont observé une diminution de la
prévalence et de la durée, voire une prévention totale de la leptospirémie chez les individus
vaccinés par rapport aux témoins. Les cultures et PCR réalisées sur urine ont révélé une
leptospirurie inexistante chez les individus vaccinés, et ce quel que soit l’intervalle de temps
considéré. La durée de protection conférée allait jusqu’à 56 semaines. Les cultures sur tissu
rénal réalisées 4 semaines après inoculation sont également restées stériles chez les individus
vaccinés, alors que la majorité des témoins ont présenté des résultats positifs [47]. Cependant,
cette étude met déjà en évidence l’existence possible d’une leptospirémie chez des animaux
vaccinés, et ce, sans symptômes cliniques détectables. L’accent est mis sur ce phénomène par
André-Fontaine et al. qui ont observé que deux vaccins sur trois testés ne garantissaient pas
une totale prévention de la leptospirémie et/ou du portage rénal. En effet, certaines cultures
sur sang et urines étaient positives chez des chiens vaccinés, bien que ce phénomène soit
moins fréquent que chez les chiens témoins. Le risque zoonotique existe donc avec des
animaux vaccinés présentant des infections subcliniques, dont l’incidence est sûrement sousévaluée [7].
Il n’existe pas de protection croisée entre sérogroupes, ce qui explique que les sérovars
appartenant à un sérogroupe contre lequel un animal n’est pas vacciné puissent déclencher la
maladie. Cependant, des vaccinations annuelles répétées ainsi que des contacts avec les agents
pathogènes améliorent la réponse immune des animaux vaccinés [6]. Ainsi, des chiens
peuvent être infectés par de multiples sérovars, mais possédant une réponse immunitaire de
base contre L. interrogans, ils ne développent pas de formes aiguës.
En outre, il est probable que les souches sauvages puissent changer leurs propriétés
antigéniques et ainsi échapper à la réponse immunitaire générée par les souches contenues
dans le vaccin [6].
83
Un vaccin à usage humain existe, ne contenant que la valence icterohaemorragiae.
Dans certains cas, il peut être prescrit par le médecin du travail [5]. Cependant, la prévention
de la contamination humaine passe essentiellement par une prophylaxie sanitaire.
b) Prophylaxie sanitaire
(1) Prévention de la contamination du chien
Les animaux sauvages demeurent une source constante de bactéries. C’est pourquoi la
lutte contre les rongeurs dans les chenils et le maintien d’un environnement défavorable à la
survie des leptospires dans le milieu de vie sont des étapes importantes dans la prévention de
la contamination [42].
L’éviction des zones récemment inondées, des baignades ou de l’abreuvement du
chien dans des eaux stagnantes et potentiellement contaminées peut permettre de limiter les
contacts de l’animal avec des sources d’infection [76].
(2) Prévention du risque de transmission du chien à
l’homme ou à ses congénères
(a) Personnel soignant
Les matières virulentes étant le sang et les urines, la tenue vestimentaire adaptée est
composée de vêtements de protection légers, voire facultatifs. En revanche, le port de gants
est obligatoire dès que les muqueuses de l’animal, le sang et les urines sont manipulés. De
même, le manipulateur doit protéger ses propres muqueuses par le port d’une paire de lunettes
et d’un masque. L’isolement de l’animal dans un chenil contagieux n’est pas nécessaire, mais
l’évacuation des urines de l’animal en cage par la mise en place d’un système collecteur
d’urine (sonde urinaire reliée à une poche) permet de limiter le contact au maximum.
Les prélèvements destinés aux analyses doivent être clairement identifiés et emballés
de façon étanche (dans un gant par exemple) que ce soit en utilisation interne (laboratoire de
la clinique) ou pour un envoi à un laboratoire extérieur (photo 8). Le port des gants est
recommandé pour toute personne manipulant ces prélèvements biologiques [43].
84
Photo 8 : Emballage étanche des prélèvements d’un individu suspect de leptospirose
(photo SIAMU ENVL).
(b) Propriétaires et congénères
L’information des propriétaires est primordiale. Ceux-ci doivent notamment rester
prudents avec les urines de leur animal qui peuvent rester contaminantes pendant plusieurs
semaines. Le port de gants est obligatoire en cas de contact avec les urines. La consultation
chez un médecin est recommandée et permettra éventuellement de mettre en place une
antibiothérapie préventive [50].
En ce qui concerne les congénères canins, les contacts avec le chien avéré atteint de
leptospirose doivent être surveillés.
Le vaccin disponible en France est inactivé et contient les valences canicola et
icterohaemorragiae. Le protocole de vaccination prévoit deux injections à deux ou trois
semaines d’intervalle pour la primo vaccination suivies de rappels annuels. La protection
conférée va jusqu’à un an et prévient l’apparition de signes cliniques mais elle est spécifique
des souches vaccinales (pas de protection croisée entre sérogroupes) et ne garantit pas une
immunité totale (l’animal peut présenter une leptospirémie et/ou une leptospirurie).
La prophylaxie sanitaire passe par l’éviction des zones humides et des baignades de l’animal
et par la lutte contre les rongeurs. Au cours de l’hospitalisation, l’animal ne doit pas
nécessairement être isolé en chenil contagieux mais il convient de limiter les contacts avec
les urines (système collecteur des urines). Le port de gant et la protection des muqueuses sont
nécessaires. L’information du propriétaire est primordiale et la consultation médicale
vivement conseillée.
85
II. Etude clinique : analyse rétrospective de trente sept cas
de leptospirose diagnostiqués à l’ENVL
A. Objectifs
Cette étude a pour objectif de réaliser une analyse rétrospective des cas de leptospirose
suivis à l’ENVL afin d’essayer de dégager un profil épidémiologiques d’animaux
éventuellement « à risque », de décrire les symptômes les plus fréquemment rencontrés et de
considérer les anomalies biochimiques des animaux concernés à l’admission. Une attention
particulière sera ensuite portée aux différents tests diagnostiques et traitements utilisés afin de
mettre en place une démarche diagnostique puis thérapeutique la plus efficace possible.
B. Matériel et méthodes
1. Matériel
a) Pré-sélection de la population
Les chiens inclus dans cette étude ont été présentés entre 2003 et 2008, de manière
spontanée ou référés par un confrère au service de médecine ou au service d’urgences et de
soins intensifs de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon (unité SIAMU).
Une pré-sélection s’est effectuée à partir du logiciel informatique Clovis, à l’aide des
mots clés « Chien », « Leptospirose » et « Insuffisance rénale aigue ». Ce logiciel répertorie
l’ensemble des consultations effectuées au sein de l’ENVL, et ce, quelque soit le service
concerné. Chaque consultation y est détaillée et est associée à des mots clés. Ainsi, des
recherches peuvent être effectuées à partir du nom de l’animal, de son propriétaire, de la date
de consultation, mais aussi à partir des mots clés enregistrés. Ont été retenus les dossiers pour
lesquels une forte suspicion clinique et épidémiologique de leptospirose a entraîné la demande
d’une PCR et/ou d’une sérologie.
86
b) Recueil des données
Les dossiers médicaux ainsi sélectionnés ont permis de recueillir les données
pertinentes, à partir du fichier informatique, des dossiers papiers et quand cela a été possible,
d’appels téléphoniques aux propriétaires concernés. Lorsque les propriétaires n’ont pas pu
être joints ou lorsqu’ils n’ont pas souhaité répondre à nos questions, les renseignements
manquants ont été qualifiés de « non déterminés ».
Les informations ont ensuite été saisies dans le logiciel informatique Excel® selon un
formulaire produit en annexe 2.
c) Sélection définitive des cas
Grâce aux informations récoltées, ont été définitivement sélectionnés les dossiers répondant à
au moins une des trois conditions suivantes :
-PCR positive ;
-Conclusion sérologique émise par le laboratoire de type « profil en faveur d’une infection
leptospirosique » ;
-Séroconversion observée lors d’une cinétique sérologique.
2. Méthodes
a) PCR
Deux laboratoires ont effectué les analyses. Dans un premier temps, les analyses PCR
ont été envoyées au laboratoire SCANELIS à Toulouse. A partir de septembre 2007, les
analyses ont été confiées au Laboratoire Vétérinaire Départemental de l’ENVL. La recherche
a concerné Leptospira interrogans par technique de PCR et hybridation par sonde Taqman®.
Le seuil de détection a été de 50 copies de génome bactérien dans la prise d’essai.
b) Sérologies :
lieu
de
réalisation
et
critères
d’interprétation
Les tests sérologiques ont été réalisés soit à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes
(laboratoire de référence jusqu’en juillet 2007), puis à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon
(laboratoire de référence depuis juillet 2007). Ils ont été effectués par le test d’agglutination
87
microscopique avec des souches vivantes entretenues sur place et utilisées entre six et douze
jours de culture. Les souches employées représentent les sérogroupes estimés dominants
épidémiologiquement en France. Dans certains cas, des tests ELISA ont été effectués en
parallèle.
Les différentes souches testées pour chaque échantillon sont présentées en annexe 3. La
dilution seuil employée est de 1/40.
Les résultats sérologiques sont formulés de quatre manières différentes: absence
d’anticorps anti-leptospirosiques détectables; profil compatible avec les antécédents
vaccinaux; profil douteux; profil en faveur d’une infection leptospirosique.
En général, chez des animaux vaccinés dans les trois mois précédents la réalisation
d’une sérologie MAT, les titres détectés pour les sérogroupes vaccinaux à l’exclusion de tout
autre sérogroupe n’excèdent pas 320. Ainsi, un animal vacciné depuis moins de trois mois et
présentant des titres ≤ 320 pour les sérogroupes vaccinaux est considéré comme ayant un
profil dit compatible avec la vaccination.
Exemple :
Figure 7 : Extrait de résultat de MAT d’un chien dont le profil est compatible avec la
vaccination
Un chien vacciné et infecté par un sérogroupe différent des sérogroupes vaccinaux
présente des titres positifs pour les sérogroupes vaccinaux (ceci correspond au phénomène de
relance vaccinale) associés à des titres élevés soit ≥ 160 pour les autres sérogroupes. Son
profil est considéré comme en faveur d’une infection leptospirosique.
88
Exemple :
Figure 8 : Extrait de résultat MAT d’un chien dont le profil est en faveur d’une infection
leptospirosique au sérogroupe grippotyphosa.
Un chien vacciné et suspect sérologiquement d’infection leptospirosique présente des
titres positifs pour les sérogroupes vaccinaux (relance vaccinale), associés à des titres
considérés comme faibles soit < 160 pour les sérogroupes non vaccinaux. Son profil est alors
considéré comme douteux, il peut correspondre à un début d’infection ou à une infection
ancienne.
Un chien vacciné et infecté par des souches bactériennes appartenant aux sérogroupes
vaccinaux présente des titres positifs élevés pour ces sérogroupes (≥640), associés à de
nombreuses réactions positives pour les différents sérovars des autres sérogroupes. Son profil
est alors considéré comme en faveur d’une infection leptospirosique.
89
Exemple :
Figure 9 : Extrait de résultat MAT d’un chien dont le profil est en faveur d’une infection
leptospirosique au sérogroupe icterohaemorragiae
Un chien non vacciné et infecté peut présenter un ou des titres sérologiques ≥ 160, que
le sérogroupe soit vaccinal ou non (pas de relance vaccinale). Son profil est alors considéré
comme en faveur d’une infection leptospirosique.
Un chien non vacciné et suspect sérologiquement présente un ou des titres
sérologiques peu élevés (<160). Son profil est alors considéré comme douteux.
Exemple :
Figure 10 : Extrait de résultat MAT d’un chien non vacciné dont le profil est douteux
L’interprétation d’un profil sérologique nécessite la connaissance de la date du dernier
rappel vaccinal de l’animal ainsi que le délai entre le début des symptômes et la réalisation du
prélèvement pour le MAT. Si un animal présente un profil douteux, une cinétique sérologique
peut être recommandée, à moins que le délai entre la prise de sang et les symptômes ne soit
90
considéré comme suffisant (soit environ une semaine). Dans ce cas, le profil de l’animal
correspondrait plutôt à un contact ancien qu’à un début de réponse. Le doute peut également
être levé par la réalisation de test ELISA et l’obtention d’une densité optique supérieure pour
les IgM par rapport aux IgG.
La détermination du sérogroupe infectant lorsque le profil est en faveur d’une
infection n’est pas toujours réalisable:
- Chez un animal vacciné, un sérogroupe hétérologue peut être supposé infectant si les titres
de celui-ci sont ≥160 avec une relance vaccinale. La relance vaccinale peut alors être
responsable de titres supérieurs à ceux détectés pour le sérogroupe sauvage.
- Chez un animal vacciné, le sérogroupe vaccinal peut être incriminé lorsque les titres de
celui-ci sont élevés (≥640) et accompagnés de titres faibles et multiples pour les autres
sérogroupes (≤ 80).
- Chez un animal non vacciné, il s’agit du plus haut titre détecté, que le sérogroupe
correspondant soit vaccinal ou non, à condition que celui-ci soit unique.
c) Microscopies sur fond noir
Les examens microscopiques à fond noir ont été pratiqués par le Laboratoire Vétérinaire
Départemental de l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon.
C. Résultats
1. Chiens inclus dans cette étude
Entre 2003 et 2008, 37 cas ont été inclus dans cette étude parmi les 51 présélectionnés.
Pour ces 37 chiens et conformément aux critères d’inclusion utilisés, le diagnostic de
leptospirose a été considéré comme certain (PCR positive) ou hautement probable (profil
sérologique en faveur d’une infection leptospirosique ou séroconversion).
L’ensemble des résultats rapportés sous le logiciel Excel® est fourni en annexe 4.
91
2. Commémoratifs et anamnèse
a) Provenance de l’animal
Parmi les 37 chiens inclus, 17 (46%) étaient référés par un vétérinaire, les 54% restant s’étant
présentés spontanément à l’ENVL.
b) Races représentées
Vingt cinq races étaient représentées avec une prédominance de Beaucerons (4 cas) et
de Bergers Allemands (4 cas).
Race
Nombre de cas
Beauceron
4
Caniche
Berger allemand
4
Epagneul
Golden Retriever
2
picard
Labrador
2
Berger
Bichon
2
Pyrénées
1
Croisé
2
Yorkshire
1
Bouledogue français 2
Epagneul Français
1
Lhassa apso
2
Cocker
1
Fox terrier
1
Husky
1
Bearded collie
1
Jack russell
1
Bull terrier
1
Beagle
1
Boxer
1
Springer spaniel
1
Samoyède
1
Malinois
1
Dogue argentin
1
1
bleu
1
des
Tableau 10 : Liste des races représentées
c) Lieu et mode de vie
Quatre chiens (11%) vivaient essentiellement en intérieur et ne sortaient que pour les
sorties hygiéniques avec leur propriétaire, huit (22%) vivaient exclusivement à l’extérieur, 22
(59%) avaient un mode de vie mixte. Aucune information n’était disponible pour trois cas
(8%).
92
8%
11%
Intérieur
22%
Extérieur
Mixte
Non Déterminé
59%
Figure 11 : Lieu de vie des animaux
Un point d’eau était situé à proximité du lieu de vie des chiens dans 49% des cas.
Selon les propriétaires, aucun point d’eau n’était présent dans l’environnement pour dix cas
(27%). Aucune précision n’a été rapportée pour les 24% restant.
24%
49%
Oui
Non
Non déterminé
27%
Figure 12 : Présence d’un point d’eau dans l’environnement des
animaux
Vingt huit chiens (76%) étaient des animaux considérés de compagnie par leur
propriétaire. Deux chiens (5%) pratiquaient la chasse et deux chiens (3%) étaient des chiens
de travail (un chien de traîneau et un chien de recherche sous décombres). Pour cinq chiens
(13%), l’information n’a pas été fournie.
93
28
30
25
20
Nombre de
cas
15
10
5
5
2
2
0
Chasse
Travail
Compagnie
Non Déterminé
Activités
Figure 13 : Mode de vie rapporté des chiens
Six chiens se baignaient régulièrement soit 16%, tandis que 26 (70%) ne présentaient
pas cette habitude. L’information est manquante pour cinq animaux.
14%
16%
oui
non
Non Déterminé
70%
Figure 14 : Proportion de chiens ayant l’habitude de se baigner
d) Statut vaccinal
Vingt-six chiens (70%) avaient reçu un protocole de vaccination adéquat contre la
leptospirose. Ceci signifie pour les jeunes de moins d’un an une primo vaccination complète
et pour les adultes un dernier rappel remontant à moins d’un an. Pour quatre chiens (11%), le
protocole n’était pas à jour, et cinq chiens (14%) n’étaient pas vaccinés. Pour les deux chiens
restant (6%), le statut vaccinal est demeuré indéterminé.
94
5%
14%
Vacciné
Inadéquat
11%
Non vacciné
Non Déterminé
70%
Figure 15 : Statut vaccinal des animaux
e) Age à l’admission
L’âge des animaux à l’admission variait de 3,5 mois à 13 ans. L’âge moyen des chiens
était de cinq ans et trois mois avec un écart type de trois ans et sept mois. Onze cas étaient
âgés de plus de huit ans (29,5%). Onze étaient âgés de 4 à 8 ans (29,5%), dix de 1 à 4 ans
(27%) et les cinq restants (14%) avaient moins d’un an.
14%
29,5%
< 1 an
1-4 ans
27%
4-8 ans
> 8 ans
29,5%
Figure 16 : Répartition des chiens en fonction de l’âge
f) Saison à l’admission
Onze consultations (30%) se sont déroulées au printemps, en été, à l’automne et quatre
se sont effectuées en hiver (10%). Il faut néanmoins noter que le SIAMU est fermé en août et
le service de médecine en juillet et en août.
95
Nombre de cas
12
10
8
6
4
2
11
11
11
4
0
Printemps
Eté
Automne
Hiver
Saisons
Figure 17 : Répartition annuelle des consultations en fonction des saisons
g) Sexe et statut sexuel
La majorité des animaux était des mâles (29 soit 78%). Parmi eux, 26 étaient entiers
(70%) et trois étaient castrés (8%). Les huit femelles (22%) étaient également réparties en
femelles entières (11%) et stérilisées (11%).
30
3
20
Nombre de
cas
26
Castré/stérilisée
10
4
4
0
Mâle
Entier/entière
Femelle
Sexe
Figure 18 : Répartition des chiens en fonction du statut sexuel
96
3. Anamnèse et présentation clinique à l’admission
Les symptômes présents à l’admission sont rapportés dans la figure 19.
Les symptômes les plus fréquents à l’admission étaient un abattement et une anorexie
(respectivement 36 et 35 cas soit 97 et 95%).
Les symptômes digestifs se répartissaient en vomissements (30 cas soit 81%) et en
diarrhée pour 11 cas (30%), dont deux (5%) étaient hémorragiques. Une douleur abdominale
était rapportée pour 11 cas (30%). De l’hématémèse était présente dans cinq cas (14%).
Une oligo-anurie était présente chez 18 cas soit 49% et une polyurie chez six cas
(16%). Sept cas (19%) présentaient une polydipsie et cinq cas (14%) une adipsie.
Une hyperthermie a été notée dans dix cas (27%) et une hypothermie dans 12 cas
(32%).Une déshydratation a été rapportée dans 20 cas (54%) et une hyperhydratation dans un
cas (3%).
Sept chiens (19%) étaient ictériques. Six chiens (16%) avaient perdu du poids. Des
pétéchies, une uvéite et des oedèmes périphériques ont été rapportés chez respectivement
deux cas (6%), un cas (3%) et un autre cas (3%).
Abattement
Anorexie
Vomissements
Déshydratation
Oligo-anurie
Hypothermie
Douleur abdo
Diarrhée non hémorragique
Hyperthermie
Ictère
Symptomes
Polydipsie
Polyurie
Perte poids
Adipsie
Hématémèse
Pétéchies
Diarrhée hémorragique
Uvéite
Oedèmes
Hyperhydratation
36
35
30
20
18
12
11
11
10
7
7
6
6
5
5
2
2
1
1
1
0
5
10
15
20
25
30
35
40
Nombre de cas
Figure 19 : Symptômes présentés par les chiens à l’admission
97
4. Anomalies biologiques à l’admission
a) Paramètres biochimiques
(1) Paramètres rénaux
Vingt-neuf chiens soit 78% étaient azotémiques. L’urée seule était augmentée chez
quatre animaux (11%). Enfin, les 11% restant (quatre cas) avaient des paramètres rénaux
normaux.
11%
11%
Normaux
Urée augmentée
Azotémie
78%
Figure 20 : Répartition des paramètres rénaux à l’admission
(2) Paramètres hépatiques
Les paramètres pris en compte dans cette étude sont les Phosphatases Alcalines (PAL),
marqueurs de la cholestase et les Alanine Amino Transférases (AlAT), marqueurs de la
cytolyse. Les PAL étaient augmentées chez 18 chiens (49%) et les AlAT chez neuf chiens
(24%). Sept chiens (19%) avaient ces deux paramètres augmentés simultanément. Dans deux
cas, ni les PAL ni les AlAT n’ont été évaluées (6%).
(3) Glycémie
La glycémie n’a pas été mesurée chez six chiens soit 16%. Pour les autres, elle était
normale dans 65% des cas (24 chiens), basse dans 5% des cas (deux chiens) ou au contraire
au-delà des valeurs usuelles pour cinq chiens soit 14%.
98
b) Anomalies de la bandelette urinaire
Trente trois chiens (89%) ont fait l’objet d’une analyse d’urine à leur admission. Les
résultats sont reportés dans la figure 18. Vingt-six d’entre eux (79%) ont présenté une
hématurie, 25 (76%) une protéinurie, 21 (64%) une glucosurie. Une bilirubinurie et une
leucocyturie ont été mises en évidence chez sept chiens chacune (21%). Enfin, deux chiens
(6%) n’ont présenté aucune anomalie à la bandelette urinaire.
30
26
25
21
20
Nombre de cas
10
7
7
2
0
Sang
Protéines
Glucose
Leucocytes Bilirubine
Pas d'anomalie
Anomalie
Figure 21 : Anomalies de la bandelette urinaire des chiens à l’admission
5. Examens
complémentaires
réalisés
et
conclusions
diagnostiques
a) Type d’examens réalisés
Parmi les 37 chiens inclus, 27 ont subi une ou plusieurs analyses sérologiques (deux
cinétiques seulement ont été effectuées). Quarante huit pour cent des sérologies ont été
réalisées à l’ENVL, contre 52% à l’ENVN. Un test ELISA a été fait pour deux chiens en
parallèle. Une PCR a été réalisée sur 29 chiens. Dix-neuf chiens seulement ont été soumis à la
fois à une PCR et à une sérologie.
En complément, une bactérioscopie sur fond noir a été effectuée pour cinq chiens.
99
40
Nombre de cas 30
29
25
20
10
2
5
2
0
Sérologie
simple
Cinétique
sérologique
PCR
ELISA
Bactériologie
Type d'analyse
Figure 22 : Types d’examens réalisés pour l’exploration de la leptospirose
Enfin, des examens d’imagerie ont été réalisés chez 26 chiens et un chien a subi une
biopsie rénale.
b) Analyses recherchant spécifiquement la leptospirose
(1) Résultats des sérologies et des PCR
(a) Résultats sérologiques
Pour 22 chiens sur 27, l’analyse sérologique (MAT et/ou ELISA) a permis de conclure
à une leptospirose hautement probable, le profil sérologique étant en faveur de celle-ci. L’un
de ces 22 chiens a présenté une séroconversion (aucun anticorps n’avait été détecté à la
première analyse sérologique). Quatre profils n’ont révélé aucun anticorps et un résultat a été
douteux.
100
15%
0%
4%
Pas d'Ac
En relation avec la vaccination
Douteux
En faveur d'une infection
81%
Figure 23 : Répartition des différents résultats sérologiques observés
Parallèlement au MAT, deux échantillons sérologiques ont fait l’objet d’un test
ELISA. Dans le premier cas, le résultat a permis de confirmer celui du MAT. Dans le second
cas, le résultat du MAT seul avait conclu à un profil douteux avec des titres exclusivement
pour les sérovars vaccinaux et tels qu’une relation avec la vaccination n’aurait pu être exclue.
Dans ce cas, le test ELISA a montré une densité optique pour les IgM supérieure à celle des
IgG.
(b) Sérogroupes détectés
Les sérogroupes ont pu être déterminés pour 15 cas (tableau 5). Le sérogroupe
icterohaemorragiae a été le plus représenté. Or, parmi les six chiens présentant un profil
sérologique en faveur d’une infection leptospirosique à icterohaemorragiae, quatre
présentaient une vaccination adéquate. En outre, un des deux chiens infectés par canicola était
également vacciné.
Sérogroupe
Nombre de cas
Icterohaemorragiae
6
Australis
3
Autumnalis
2
Canicola
2
Grippotyphosa
1
Bratislava
1
Tableau 11 : Sérogroupes infectants détectés par le MAT
101
(c) Résultats PCR
Pour 20 chiens sur 29 (69%), la PCR a permis de conclure à une leptospirose.
Le test a été effectué sur prélèvement de sang dans 11 cas, sur urine dans un cas et sur
les deux échantillons du même individu dans 17 cas.
(d) Concordance des résultats sérologiques et de la PCR
Seuls 19 chiens (51%) ont été soumis aux deux tests. Parmi les dix qui présentaient
une PCR positive : quatre n’avaient aucun anticorps détectable, un avait un profil sérologique
douteux et cinq avaient un profil sérologique en faveur d’une infection leptospirosique. Parmi
les neuf qui avaient une PCR négative, huit avaient un profil sérologique en faveur d’une
infection et un présentait une séroconversion. Les cas concordants sont les chiens pour
lesquels la sérologie est en faveur d’une infection leptospirosique et la PCR est positive. Seuls
cinq chiens sur les 19 (26%) sont concordants.
Sérologie
Pas
Profil à mettre Profil
Profil
d’anticorps
en relation avec douteux
d’une
la vaccination
leptospirosique
en
faveur Séroconversion
infection
PCR
Positive
4
0
1
5
0
Négative
0
0
0
8
1
Tableau 12 : Concordance entre résultats sérologiques et PCR
(2) Résultats des bactérioscopies sur fond noir
Sur les cinq chiens qui ont été soumis à une bactérioscopie sur fond, trois
bactérioscopies révélaient la présence de leptospires, une était douteuse et la dernière était
négative.
102
c) Examens complémentaires non spécifiques réalisés
(1) Résultats des examens d’imagerie
Une échographie a été pratiquée chez 26 chiens, deux d’entre eux ont également eu
des radiographies abdominales.
L’échographie a révélé une hyperéchogénicité du cortex rénal chez 16 chiens (62%),
une pyélectasie chez quatre chiens (15%), des kystes rénaux chez deux chiens (8%), un
épanchement périrénal chez deux chiens (8%) et une perte de différenciation de la jonction
cortico-médullaire chez un chien (4%).
Huit chiens (31%) présentaient un épanchement abdominal. Une hyperéchogénicité
hépatique était notée chez six chiens (23%) et une hypoéchogénicité chez trois chiens (12%).
La taille du foie était augmentée pour deux cas (8%) et diminuée pour un cas (4%). Une
dilatation de la vésicule biliaire était signalée chez un chien (4%), une cholestase chez un
autre (4%).
Les radiographies abdominales montraient un iléus chez un individu (4%), et une perte
de contraste abdominal chez le second (4%).
(2) Résultats histologiques
La biopsie rénale échoguidée a conclu à une néphrite tubulointerstitielle
lymphoplasmocytaire et à une tubulopathie diffuse.
6. Traitements
Tous les chiens ont reçu une antibiothérapie associée à une fluidothérapie par voie
veineuse. Certains chiens ont également subi une hémodialyse.
Les antibiotiques utilisés étaient l’amoxicilline associée à l’acide clavulanique à la
dose de 12,5 mg/kg deux fois par jour par voie intraveineuse (IV) et/ou doxycycline à la dose
de 10 mg/kg per os (PO) une fois par jour. Trente six chiens ont été traités avec
de
l’amoxicilline et de l’acide clavulanique deux jours à six semaines. Parmi ces 36 chiens, dix
ont ensuite reçu un relais avec de la doxycycline pendant une à deux semaines. Enfin, un
chien est mort avant la mise en place de tout traitement antibiotique.
103
Des traitements symptomatiques des troubles digestifs ont été mis en place en
parallèle:
- Anti-vomitifs : 19 chiens ont reçu du métoclopramide et six chiens de la métopimazine à
1mg/kg/j en trois prises en IV ou en perfusion IV continue ;
-Anti-acides : 21 chiens ont reçu de la ranitidine à 2 mg/kg en IV trois fois par jour ;
-Protecteurs de la muqueuse gastrique : 22 chiens ont reçu du sucralfate à 0,25 à 1 g/animal
PO trois fois par jour.
En cas d’insuffisance rénale aiguë oligo-anurique persistante après correction de la
déshydratation et rétablissement d’une perfusion rénale correcte, un protocole de diurèse
forcée a été instauré. :
- Trois chiens ont reçu du Furosémide seul à la dose de 2,2 à 10 mg/kg/j en IV et dix chiens
l’ont reçu en association au mannitol à 0,5 mg/kg en IV sur 20 minutes ;
- Cinq chiens ont été traités avec de la dobutamine en perfusion IV à 5µg/kg/min.
Enfin, trois chiens ont reçu du diltiazem PO à la dose de 1mg/kg toutes les six heures.
- Trois chiens (8%) ont été hémodialysés, chacun à deux reprises. Ils présentaient une
hyperhydratation (gain de poids, oedèmes, ascite) ou une aggravation des paramètres rénaux
associées à une anurie réfractaire au protocole de diurèse forcée.
7. Devenir des animaux
a) Sortie d’hospitalisation
Vingt-deux chiens parmi les 37 (59%) ont été rendus à leur propriétaire après leur
hospitalisation, dont un (3%) contre avis médical. Celui-ci est actuellement toujours vivant et
en bonne santé.
Quinze animaux sont morts, le taux de mortalité en sortie d’hospitalisation s’élevait
ainsi à 40%. Six chiens (16%) ont été euthanasiés en raison d’un état clinique très
défavorable, d’une dégradation importante de l’état général ou d’un pronostic vital très
compromis. Les neuf autres (24%) sont décédés spontanément.
Parmi les trois animaux traités par hémodialyse, deux ont survécu et ne présentaient
pas de séquelles rénales. Leur hospitalisation a duré deux semaines. Le troisième est décédé
spontanément en cours d’hospitalisation.
104
3%
16%
Guérison
Mort naturelle
Euthanasie
57%
24%
Sortie sous décharge
Figure 24 : Devenir des animaux
Parmi les 22 chiens vivants à la sortie d’hospitalisation, sept (32%) avaient des
paramètres rénaux et/ou hépatiques (urée, créatinine, PAL et AlAT) normalisés et 15 (68%)
présentaient seulement une amélioration de ces paramètres. L’état clinique de ces derniers a
permis leur sortie sou réserve de contrôles biochimiques réguliers.
32%
68%
Paramètres normalisés à
la sortie
Paramètres encore audelà des valeurs usuelles
à la sortie
Figure 25 : Caractérisation des paramètres biochimiques lors de la sortie
d’hospitalisation
b) Evolution post-hospitalisation
Parmi les 15 animaux dont les paramètres devaient être contrôlés, six (40%)
ont présenté une normalisation de ceux-ci au cours du mois suivant leur sortie. Cinq (33%)
ont conservé une majoration de ces paramètres : urémie et créatininémie pour quatre d’entre
eux, paramètres hépatiques pour le cinquième. Un cas (7%) a récupéré de son hépatite mais a
récidivé quelques mois plus tard. Les trois chiens restant (20%) n’ont pu être suivis.
105
A ce jour :
•
Quinze chiens (41%) sont vivants. Douze chiens sont considérés comme sains
cliniquement et biologiquement. Deux chiens (5%) conservent des paramètres
biochimiques rénaux élevés. Un chien a présenté une hépatite après une normalisation
complète de ses paramètres biochimiques hépatiques. Une autre cause est actuellement
recherchée pour cette hépatite.
•
Trois animaux (8%) sont décédés après leur sortie. Deux d’entre eux conservaient des
paramètres rénaux majorés ; un est mort un an après la sortie et l’autre deux ans après.
Le troisième est décédé deux mois plus tard d’une hépatite avec rupture des voies
biliaires.
•
Quatre animaux (11%) n’ont pu être suivis, les coordonnées de leur propriétaire
n’étant plus valides.
•
Au total, 18 animaux sont décédés.
Non Déterminé
8%
11%
Mort
32%
En bonne santé
49%
Paramètres biochimiques majorés
Figure 26 : Répartition des chiens à ce jour
8. Examens post mortem
Cinq chiens ont été autopsiés, dont deux ont fait l’objet d’une analyse histologique.
Pour deux chiens, le tableau lésionnel était un ictère généralisé avec congestion,
pétéchies et ecchymoses diffuses, ainsi qu’une dégénérescence du foie et des reins.
Le troisième chien présentait une congestion généralisée. Ses poumons montraient des
oedèmes et des hémorragies et ses reins une néphrose épithéliale massive. L’analyse
106
histologique hépatique révélait une stase centrolobulaire, tandis que les poumons présentaient
congestion et hémorragies et les reins, hémorragies et désorganisation des tubules.
Pour ces trois animaux, les examens post mortem confortaient l’hypothèse de leptospirose.
Le quatrième chien présentait une endocardiose mitrale, un œdème cérébral et une
anthracose pulmonaire. Le cinquième chien ne montrait qu’une congestion passive
pulmonaire avec transsudat thoracique. Aucun élément, chez ces deux chiens, ne permettait de
conforter l’hypothèse de leptospirose.
107
III.Discussion
A. Population recrutée et commémoratifs
1. Méthode de recrutement
Les animaux considérés dans cette étude pour la période de 2003 à 2008 ne constituent
pas une liste exhaustive de tous les cas de leptospirose traités à l’ENVL, leur recensement
étant conditionné au renseignement du logiciel de gestion clinique CLOVIS.
Il est important de considérer que 46% des cas étudiés ont été référés par le vétérinaire
traitant, pouvant ainsi induire un biais quant à la gravité et au type de symptômes présentés.
2. Description de la population étudiée
La prédominance de la race Berger allemand, bien que discrète dans cette étude,
concorde avec les données de la littérature [17, 28], [31], [37]. Cependant, le trop faible
nombre de cas recensés ne permet pas de conclure sur la significativité de ce résultat. La race
Beauceron apparaît également représentée, ce qui ne semble pas être rapporté dans la
littérature.
Le profil épidémiologique qui se dégage de cette étude montre des chiens vivant à la
fois à l’intérieur et à l’extérieur, à proximité d’un point d’eau sans forcément être habitués aux
baignades fréquentes. Les animaux de compagnie sont ici surreprésentés contrairement à
diverses études énonçant les activités de chasse et de travail comme des facteurs de risque
[77]. Les animaux de cette étude sont d’âge moyen 5 ans et 3 mois sans dominance d’une
classe d’âge en particulier. Les chiens sont très majoritairement des mâles non castrés
conformément aux résultats de différentes études [77], [79].
La répartition annuelle indique des consultations moins fréquentes en hiver en accord
avec plusieurs études [14, 57, 79]. La répartition des cas est assez similaire entre les trois
autres saisons. Les conditions météorologiques dans le département du Rhône sont propices à
la survie des organismes bactériens à l’extérieur sauf au cours de l’hiver avec ses
températures trop froides. La fréquence estivale peut cependant être sous estimée, le SIAMU
étant fermé au mois d’août et le service de médecine en juillet et en août.
La majorité des chiens de cette étude (70%) étaient correctement vaccinés. Plusieurs
hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce phénomène. D’une part, il est connu qu’il
108
n’existe pas de protection croisée entre sérogroupes, ce qui explique que les sérovars
appartenant à un sérogroupe contre lequel un animal n’est pas vacciné puissent déclencher la
maladie [6]. Or plus de 200 sérovars regroupés en une vingtaine de sérogroupes existent et
sont pathogènes pour l’homme et l’animal, la réalisation d’un vaccin immunisant contre
toutes ces souches étant illusoire [4]. D’autre part, la possibilité a été évoquée par le
professeur Geneviève André Fontaine que les souches appartenant à canicola et
icterohaemorragiae puissent changer leurs propriétés antigéniques et ainsi échapper à la
réponse immunitaire induite par la vaccination [6]. Ceci permettrait notamment d’expliquer
que des chiens vaccinés puissent être infectés par les sérogroupes contenus dans le vaccin,
comme ce fut le cas dans cette étude pour cinq chiens.
B. Examen clinique à l’admission : une clinique non
spécifique
Abattement et anorexie, symptômes les plus souvent présentés à l’admission sont peu
spécifique et rendent le diagnostic clinique difficile. Les fréquences d’observation de ces deux
symptômes sont plus élevées dans cette étude que dans la littérature, une seule étude
rapportant des fréquences similaires (97% et 95% des cas contre 28 à 100% et 25 à 91%) [3,
14, 17, 29, 31, 37, 55, 57].
Les symptômes digestifs sont dominés par les vomissements. Leur fréquence est
comprise dans la fourchette présentée par les diverses études publiées (81 % contre 50 à
88%).
L’oligo-anurie et la déshydratation sont des symptômes fréquemment présentés.
L’oligo-anurie est un symptôme spécifique de l’insuffisance rénale et oriente le diagnostic.
Les autres anomalies du comportement dipsique et urinaire représentent par contre moins de
20% des cas. L’ictère, rapporté comme présent dans 9 à 65% des cas de la littérature, n’est
observé que pour 19% des cas de cette étude.
L’interrogation précise du propriétaire est nécessaire concernant le comportement
dipsique et urinaire de l’animal, ces symptômes pouvant être discrets ou considérés comme
peu importants aux yeux des propriétaires mais permettant une orientation possible des
hypothèses.
D’autres symptômes peuvent être présentés mais sont cependant beaucoup plus rares.
Les oedèmes et l’hyperhydratation peuvent notamment être cités mais ceux-ci n’ont été
présentés que dans un cas chacun et un biais du au fait que ces deux cas étaient référés peut
109
être éventuellement mis en cause. En effet, ces deux chiens avaient reçu une fluidothérapie
pendant plusieurs jours.
Une uvéite représentait le motif de consultation chez un chien. Ce symptôme peu
fréquent constitue un signe d’appel de la leptospirose. Dans ce cas, l’orientation diagnostique
a été confortée par l’existence d’une polyuro-polydispie.
Le manque de spécificité et la diversité des symptômes rendent le diagnostic clinique
difficile. La présence de symptômes évocateurs d’insuffisance rénale aiguë comme l’oligoanurie ou de symptômes plus rare comme une uvéite doit nécessairement faire penser à une
leptospirose.
C. Apport des examens complémentaires et des tests
diagnostiques
1. Apport des examens complémentaires non spécifiques
a) Données des analyses sanguines
Face au manque de spécificité des symptômes présentés lors de leptospirose, le
diagnostic s’oriente souvent lors de la découverte d’une insuffisance rénale aiguë ou d’une
insuffisance hépatique, d’où l’intérêt de réaliser un examen biochimique rapidement.
L’observation de symptômes tels qu’ictère ou oligo-anurie motive la réalisation d’un bilan
biochimique lors de la consultation. La réalisation quasi-systématique d’examens
biochimiques pour les chiens admis au SIAMU constitue certainement une aide au diagnostic.
Soixante dix huit pour cent des chiens de cette étude présentaient une insuffisance
rénale aigue parenchymateuse avec azotémie, affection pour laquelle la leptospirose fait partie
d’un diagnostic différentiel plus restreint. La classification de l’insuffisance rénale aiguë
parenchymateuse proposée par Francey et Cowgill [23] permet de différencier quatre
niveaux : dysfonctionnement rénal faible, modéré, sévère ou extrême. Dans cette étude, parmi
les 78% d’insuffisance rénale aiguë parenchymateuse, trois étaient de faible gravité (8%), sept
étaient modérément graves (19%), 11 étaient sévères (29%) et huit étaient extrêmes (22%).
Les insuffisances rénales grave et extrêmes étaient prépondérantes dans cette étude, mais un
biais peut survenir du fait que 46% des chiens étaient des cas référés pour insuffisance rénale
grave et/ou oligo-anurie réfractaire à la fluidothérapie et au traitement classique.
110
L’urée seule était augmentée chez quatre animaux, déterminant ainsi 11%
d’insuffisance rénale pré-rénale.
Les paramètres hépatiques apparaissaient moins souvent élevés que les paramètres
rénaux, semblant indiquer une prédominance de l’atteinte rénale. De façon similaire à
certaines études, les PAL étaient plus souvent augmentées que les AlAT (49% contre 24%)
[37, 57].
b) Bandelette urinaire
La protéinurie et l’hématurie ont été rapportées dans cette étude à des fréquences
semblables à celles déjà publiées (respectivement 76 et 79% contre 28 à 90% et 27 à 89%) [3,
29, 37, 55, 57].
La glucosurie a par contre été plus fréquente dans cette étude que dans la littérature
(64% contre 9 à 60%). Celle-ci doit être exploitée en tenant compte de la glycémie. En effet,
une glycémie supérieure à 1,8 g/dL [60] entraîne une glucosurie par saturation du mécanisme
de réabsorption rénale tubulaire de glucose. Dans cette étude, seuls 14% des chiens
présentaient une hyperglycémie. Or, parmi ceux-ci, un unique chien avait une valeur de
glycémie supérieure à ce seuil (3g/dL). Ainsi, la glucosurie observée témoignait d’une atteinte
tubulaire. Cette tubulopathie n’est pas spécifique de la leptospirose. Cependant, la réaction
positive de la plage glycémie sur la bandelette urinaire lors de la consultation d’un chien
suspect de la maladie apporte un argument supplémentaire.
c) Examens d’imagerie
L’anomalie échographique la plus souvent détectée était l’hyperéchogénicité des
corticales rénales. Cette anomalie n’est pas spécifique de la leptospirose et peut également
être présente lors de glomérulonéphrite, amyloïdose, pyélonéphrite, intoxication à l’éthylène
glycol, dysplasie rénale, néphrite interstitielle et néphropathie hypercalcémique[19].
Cependant, la visualisation de telles images dans un contexte fort de suspicion, peut permettre
d’étayer l’hypothèse. La fréquence d’observation dans notre étude appartient à la fourchette
de valeurs relatée dans la littérature (62% contre 8 à 75%) [3].
La pyélectasie retrouvée dans 15% des cas doit être considérée avec prudence. A
nouveau, un éventuel biais dû à l’importance quantitative des cas référés peut en effet
intervenir : les animaux ayant déjà consulté un confrère avaient été perfusés.
111
2. Sérovars détectés par le MAT
Le sérogroupe détecté en priorité dans cette étude a été icterohaemorragiae, soit un
des deux sérogroupes vaccinaux. Ces observations sont en accord avec les données décrites
sur le territoire français [4, 48] mais contraire aux nombreuses études étrangères qui voient
apparaître en priorité des sérovars autres et émergents [3, 30, 67, 75]. Le laboratoire officiel
de diagnostic sérologique depuis juillet 2007 a rapporté le sérogroupe canicola comme
second le plus souvent détecté [48]. Cette étude voit cependant apparaître le sérogroupe
australis en seconde position. Ce résultat concorde par contre avec celui énoncé par le
professeur Geneviève André-Fontaine dans son rapport d’activité précédent [4]. Cependant, le
trop faible nombre de sérologie pour lesquelles le sérogroupe infectant a pu être déterminé
rend cette observation peu significative.
3. Qualités des tests diagnostiques et concordance des
résultats
a) Interprétation des résultats
Il est indispensable pour analyser les résultats des tests diagnostiques de disposer de
commémoratifs les plus complets possibles de l’animal. D’une part, les consultations
antérieures chez un vétérinaire doivent être connues afin de savoir si a été initiée une
antibiothérapie, pouvant rendre moins fiable une analyse PCR. En effet, la PCR peut être
négative chez un chien pourtant atteint d’une forme aiguë de leptospirose si une
antibiothérapie a été mise en place et a permis la disparition de la leptospirémie.
La réalisation de la PCR permet de détecter la présence de l’organisme dans le sang
et/ou les urines avec certitude. Il convient cependant de rester prudent quant à l’exploitation
du résultat. En effet, le portage chronique asymptomatique des leptospires est possible et une
découverte fortuite ne peut pas être exclue. Si la PCR est positive, la difficulté consiste à
établir une relation entre la présence de l’organisme et les signes cliniques de l’animal.
L’aspect quantitatif du test revêt alors toute son importance.
La connaissance de la durée d’évolution des symptômes peut également être utile pour
essayer de déterminer la date d’infection de l’animal. Si on se reporte en effet à la figure 5, on
remarque que les possibilités diagnostiques évoluent en fonction du temps. Cependant, un
délai plus ou mois long existant entre l’infection et l’apparition des signes cliniques, cette
112
durée d’évolution de la maladie ne permet pas de connaître précisément la date d’infection de
l’animal et le choix du test diagnostic à mettre en œuvre ne peut être permis.
Enfin, la connaissance du dernier rappel vaccinal est indispensable pour correctement
analyser les différents titres sérologiques présentés par l’animal lors du MAT et pour exclure
une réponse sérologique due à la réponse vaccinale de l’organisme.
b) Résultats non concordants
L’étude de la concordance des résultats sur les 19 chiens soumis aux deux tests en
parallèle ne montre que cinq chiens pour lesquels sérologie et PCR concluent dans le même
sens. Seuls 26% sont donc concordants, ce qui semble rendre indispensable le recours aux
deux tests simultanément lors de suspicion clinique.
Il est connu que la leptospirémie est contemporaine de la première semaine d’infection
et est de courte durée, alors que l’excrétion urinaire des leptospires est par contre plus tardive
et intermittente [50]. La détection des anticorps n’est quant à elle possible qu’à partir de sept à
dix jours post infection [37]. Plusieurs hypothèses peuvent alors être avancées en vue
d’expliquer ce manque de concordance de résultats:
- des prélèvements sanguins effectués de manière précoce par rapport au moment de
l’infection (première semaine) peuvent conduire à l’obtention d’une PCR sur échantillon
sanguin positive associée à une absence de détection d’anticorps par la sérologie. La cinétique
sérologique revêt alors toute son importance. D’autre part, la réalisation d’une PCR sur urines
à ce moment de l’infection peut par contre donner un résultat négatif, la leptospirurie étant
plus tardive ;
- à l’inverse, des prélèvements tardifs sur échantillon de sang intervenant après la phase de
leptospirémie peuvent être à l’origine d’une PCR négative, associée à un profil sérologique
compatible avec une infection ;
- les PCR réalisées sur urine peuvent être positives sur une durée plus longue par rapport à
l’infection mais le caractère intermittent de l’excrétion limite son intérêt.
La difficulté réside alors dans la détermination du moment de l’infection afin de
choisir le test le plus fiable, ce qui est le plus souvent irréalisable en pratique. En effet, les
animaux présentés en consultation sont souvent à traiter en urgence et on ne peut
malheureusement pas choisir le moment le plus opportun pour effectuer les prises de sang et
analyses. Il convient alors d’effectuer d’emblée les deux tests en parallèle afin de multiplier la
puissance diagnostique.
113
Enfin, la réalisation d’une PCR après mise en place d’une antibiothérapie peut
également être à l’origine de faux négatifs. Cette explication n’est pas négligeable dans cette
étude, 46% des cas ayant été référés à l’ENVL, certains étaient arrivés sous couverture
antibiotique.
La notion d’infection et de maladie est également à prendre en compte. En effet,
s’agissant d’une maladie pouvant être asymptomatique, la mise en évidence de l’agent
infectieux et/ou des anticorps dirigés contre lui doit être envisagée avec précaution, infection
n’étant pas forcément synonyme de maladie dans ce cas.
c) Cas du patient ayant présenté une séroconversion
Le chien ayant présenté une séroconversion est une excellente preuve de la difficulté
diagnostique de la leptospirose. D’une part, les données épidémiologiques étaient peu
évocatrices : il n’habitait pas à proximité d’un point d’eau, ne se baignait jamais et était
correctement vacciné. D’autre part, les symptômes à l’admission étaient très peu spécifiques
et consistaient en vomissements, abattement, anorexie, hypothermie, déshydratation et oligoanurie. Ce dernier symptôme a motivé la réalisation d’un examen biochimique, qui a mis en
évidence une insuffisance rénale aiguë, et a conduit à l’hypothèse de leptospirose.
Une sérologie et une PCR ont été réalisées et l’animal a reçu une antibiothérapie. Les
résultats ont alors été surprenants car la PCR est revenue négative et la sérologie n’a révélé
aucun anticorps détectable. Seule la séropositivation survenue 15 jours plus tard a permis le
diagnostic de leptospirose. L’animal était alors guéri.
d) Conclusion sur le/les examens complémentaires et tests
à choisir
Le choix des examens complémentaires était souvent dicté par une clinique peu
spécifique et semblait très souvent nécessaire pour s’orienter dans les hypothèses
diagnostiques. La biochimie est une aide précieuse puisqu’elle peut révéler une insuffisance
rénale et/ou hépatique. Le ionogramme et les gaz du sang sont surtout utiles pour adapter le
traitement de soutien. Enfin, la numération et formule sanguine au cours de l’hospitalisation
de l’animal
permet de mettre en évidence des éventuelles anémie et/ou thrombopénie
motivant elles aussi un traitement adapté.
114
Parmi les examens complémentaires spécifiques, il faut noter le faible intérêt de la
bactérioscopie sur fond noir qui manque de spécificité et de sensibilité. L’existence actuelle
d’autres tests plus pertinents rend son utilisation obsolète.
Les tests utilisés dans cette étude (sérologie et PCR) présentent des qualités
incontestables mais souffrent de quelques inconvénients. Les prélèvements sur l’animal
malade présenté en urgence avec une clinique d’affection aiguë doivent être faits le plus
rapidement possible. Or, un traitement antibiotique déjà mis en place, des prélèvements trop
précoces par rapport à la synthèse d’anticorps ou trop tardifs par rapport à la leptospirémie
sont des difficultés à surmonter. En outre, le délai de réponse de ces tests, qui doivent être
envoyés dans des laboratoires, oblige bien souvent à mettre en place un traitement empirique.
Il semble utile, d’après cette étude, de réaliser les deux tests à l’admission et avant toute mise
en place de traitement, afin de pallier les manques de sensibilité.
Si seule la sérologie revient en faveur d’une leptospirose, une cinétique est recommandée 15
jours plus tard pour confirmer ou infirmer ce premier résultat. La cinétique sérologique
permet d’affiner le diagnostic mais les résultats sont alors différés. Celle-ci est
malheureusement peu effectuée, car l’animal 15 jours après son admission est mort ou guéri,
le propriétaire comprenant alors mal l’intérêt de recherches supplémentaires.
Enfin, la sérologie ELISA mériterait d’être développée. Dans cette étude, seuls deux
échantillons y ont été soumis en parallèle du MAT et cette technique a alors permis de lever
un doute et de confirmer un résultat. Le grand avantage de l’ELISA réside dans sa capacité à
différencier les animaux infectés de ceux vaccinés ou porteurs, et de s’affranchir de la
réalisation d’une cinétique, trop souvent nécessaire avec le MAT. Les seules études qui s’y
intéressent semblent cependant anciennes [40, 41]. C’est pourquoi le sujet mériterait un
approfondissement afin de rendre la sérologie ELISA plus abordable en pratique.
D. Pronostic
Un taux de guérison de 59% est rapporté dans notre étude, soit un taux inférieur à
celui qui ressort de certaines études [3, 14, 17, 31, 37]. A notre connaissance, seulement cinq
animaux sur les 22 vivants à la sortie de l’ENVL (soit 23% des vivants et 13,5% du total des
animaux) ont conservé des paramètres biochimiques augmentés à long terme. Quatre ont en
effet continué à avoir des paramètres biochimiques rénaux élevés, tandis qu’un autre a
présenté une hépatite chronique. Ces insuffisances organiques chroniques peuvent être en
relation avec la dégénérescence et la fibrose qui accompagnent parfois la leptospirose. Dans
115
ce cas, le terme de séquelles de la maladie peut s’appliquer. Parmi ces cas, deux chiens sont
morts de leur insuffisance rénale, tandis qu’une rupture des voies biliaires a été responsable de
la mort de l’animal ayant une hépatite chronique. Le décès de ce dernier ne peut donc être
attribué avec certitude à la leptospirose et à ses conséquences organiques. Cependant, les deux
insuffisants rénaux viennent alourdir la mortalité, qui s’élève à long terme à 46%. Cependant,
le taux de mortalité ne peut être précisément donné du fait de l’absence de données de suivi
pour quatre chiens après leur sortie de l’école.
Un des chiens guéris après son hospitalisation a présenté une récidive d’hépatite peu
de temps après avec les mêmes symptômes. Une autre cause est actuellement recherchée et la
possibilité d’avoir attribué la clinique à tort à une leptospirose ne peut être exclue : dans ce
cas, la découverte de l’infection serait fortuite.
E. Observations post mortem et examens histologiques
Les examens nécropsiques n’étaient réellement évocateurs de leptospirose que dans
trois cas. Cependant, aucun marqueur immuno-histochimique n’a été utilisé et ces examens ne
permettent pas de poser un diagnostic définitif.
F. Conclusion : éléments indicateurs, diagnostic et prise en
charge d’une leptospirose canine
-
La consultation d’un animal abattu et anorexique présentant des vomissements doit
entraîner l’évocation potentielle d’une leptospirose dans le diagnostic différentiel.
-
La prise d’anamnèse lors d’une telle consultation doit être précise : le mode de vie de
l’animal et son potentiel contact avec des zones humides doit être évoqué. Une
consultation du carnet de santé de l’animal doit être effectuée afin de connaître
précisément son statut vaccinal. Un questionnement précis sur son comportement
dipsique et urinaire doit être réalisé.
-
Le bilan biochimique ne doit pas être négligé lors de la consultation d’un animal
abattu présentant des vomissements.
-
La bandelette urinaire est un examen simple et peu coûteux qui fournit de nombreux
renseignements. Notamment, la découverte d’une glycosurie sans hyperglycémie
associée demeure un élément fortement indicateur.
116
-
La découverte d’une insuffisance rénale et/ou hépatique aigües doit conduire à
évoquer la leptospirose et justifie la réalisation de prélèvements pour des tests
spécifiques avant la mise en place de tout traitement.
-
Une prise de sang sur tube sec pour sérologie MAT leptospirose et une sur tube EDTA
pour PCR doivent être réalisées. Un échantillon d’urine pour une PCR doit également
être récolté. Ces prélèvements doivent être emballés de façon étanche et manipulés
avec des gants.
-
Afin de renforcer la suspicion et en attente des résultats précédents, d’autres examens
complémentaires peuvent être réalisés afin de conforter éventuellement l’hypothèse de
leptospirose: imagerie, numération et formule sanguine.
-
Au cours de son hospitalisation, l’animal ne doit pas obligatoirement être isolé en
chenil contagieux mais un système collecteur des urines est recommandé.
-
Si la suspicion est forte, une antibiothérapie par voie veineuse à base d’amoxicilline
doit être entamée le plus rapidement possible.
-
D’autres traitements symptomatiques doivent être mis en place. Ceux-ci dépendent des
types de symptômes présentés par l’animal et des désordres mis en évidence par les
diverses analyses. Une fluidothérapie doit être initiée à un débit prenant en compte
l’hydratation du patient, son fonctionnement rénal et ses pertes estimées.
L’alimentation ne doit pas être négligée et doit être initiée le plus rapidement possible.
-
Lorsque l’animal ne nécessite plus d’être hospitalisé et lorsqu’il s’alimente seul et
suffisamment, sa sortie est envisagée. A ce moment, une information claire au
propriétaire est nécessaire. L’aspect zoonotique de la maladie doit être expliqué ainsi
que la nécessité d’être prudent quant aux contacts avec son animal. Le caractère
infectieux des urines essentiellement doit être évoqué. Une consultation chez le
médecin doit être vivement recommandée en cas d’apparition de symptômes tels que
fièvre, maux de tête… Une surveillance des congénères canins éventuels est à
effectuer, voire un traitement préventif de ceux-ci.
-
Un suivi de l’animal est préconisé : lors de ces consultations, un suivi des paramètres
biochimiques est intéressant, surtout si ceux-ci n’étaient pas normalisés à la sortie.
Enfin, une seconde sérologie en vue de la réalisation d’une cinétique permet de
confirmer ou d’infirmer un diagnostic douteux avant de poursuivre l’antibiothérapie
avec deux semaines de doxycycline.
117
CONCLUSION
La leptospirose est une maladie zoonotique d’intérêt mondial qui reste cependant
imparfaitement connue, notamment en ce qui concerne certains aspects de sa pathogénie et de
sa physiopathologie. Davantage encore que sa connaissance, la reconnaissance de la
leptospirose pose problème et il est vraisemblable que cette maladie soit sous diagnostiquée
chez le chien. Or, la précocité du diagnostic conditionne les chances de guérison car si le
traitement antibiotique est efficace, il doit être initié le plus précocement possible. Par
ailleurs, le risque zoonotique représenté par les chiens infectés rend importante la détection de
la maladie dans l’espèce canine, dans une optique de prévention vis-à-vis des propriétaires.
Dans la perspective d’améliorer la reconnaissance de la maladie, notre travail en
accord avec les données de la littérature a permis de montrer qu’un profil épidémiologique
uniforme se dégage dans l’espèce canine : les chiens mâles entiers ayant des points d’eau dans
leur environnement semblent prédisposés. D’autres critères tels que l’âge, le lieu de vie ou
l’activité sont par contre trop inconstants pour être pris en considération. Les symptômes
d’appel dans notre étude étaient non spécifiques (vomissements, abattement et anorexie) et
une insuffisance rénale aiguë était présente dans plus de deux tiers des cas.
Les tests diagnostiques actuellement à notre disposition (PCR et sérologie) ont des
qualités certaines mais souffrent encore de beaucoup de limites. La sérologie est notamment
d’interprétation difficile, au sein d’une population canine souvent largement vaccinée et
pouvant par ailleurs héberger la bactérie de manière asymptomatique. La complémentarité de
ces deux tests, mise en évidence dans notre étude, permet cependant d’améliorer leurs
performances diagnostiques. Dans notre étude rétrospective de 37 cas confirmés de
leptospirose, le sérogroupe majoritairement en cause était le sérogroupe vaccinal
Icterohaemorragiae et 70% des animaux infectés étaient vaccinés. Ces résultats sont en accord
avec les données bibliographiques qui mettent en évidence une prédominance du sérogroupe
Icterohaemorragiae supérieure à celle de Canicola sur le territoire français. La vaccination des
chiens demeure donc indispensable et le recours à une vaccination plus rapprochée pourrait
s’avérer bénéfique. D’autres sérogroupes (Australis, Autumnalis) ont également été
incriminés dans notre étude à des fréquences non négligeables.
118
Dans un futur proche, un réseau d’épidémiosurveillance de la leptospirose devrait se
mettre en place à l’ENVL pour le chien et le cheval. Enfin, les perspectives d’avenir
susceptibles d’améliorer la détection de la maladie sont l’utilisation d’anticorps autres que les
agglutinants, plus précoces et non stimulés par la vaccination, dont la détection pourrait être
mise à profit.
119
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Serological survey of leptospiral infection in kenelled dogs in Italy.
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Cas groupés de leptospirose dans l'Ain durant l'été et l'automne 2007
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Habitat et transmission des agents pathogènes
In: Epidémiologie appliquée à la lutte contre les maladies animales transmissibles majeures
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C. R. Acad. Csi II, 318, 619-625
125
ANNEXES
ANNEXE 1: Liste des vaccins disponibles en France (Bactéries entières inactivées)
-Valence leptospirose seule :
CANIGEN® L (VIRBAC)
DOHYVAC® L (FORT DODGE)
EURICAN® L (MERIAL)
LEPTO CI® (PFIZER)
NOBIVAC® L (INTERVET)
-Valence leptospirose associée à la valence rage:
CANIGEN® LR (VIRBAC)
DOHYVAC® LR (FORT DODGE)
ENDURACELL® LR (PFIZER)
LEPTORABISIN® (MERIAL)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré et Rubarth :
CANIFFA® (MERIAL)
CANIGEN® CHL (VIRBAC)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré, Rubarth et parvovirose :
TETRADOG (MERIAL)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré, Rubarth et rage :
CANIGEN® CHLR (VIRBAC)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré, Rubarth, parvovirose et rage :
HEXADOG® (MERIAL)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré, Rubarth, parvovirose et parainfluenza :
CANIGEN® CHPPiL (VIRBAC)
DOHYVAC® 7 (FORT DODGE)
ENDURACELL® 7 (PFIZER)
EURICAN® CHPPi2-L (MERIAL)
VANGUARD 7 (PFIZER)
-Valence leptospirose associée aux valences Carré, Rubarth, parvovirose, parainfluenza et
rage :
CANIGEN® CHPPiLR (VIRBAC)
DOHYVAC® 8 (FORT DODGE)
ENDURACELL® 8 (PFIZER)
126
ANNEXE 2: Questionnaire appliqué aux cas recensés
ANIMAL/COMMEMORATIFS/ANAMNESE
-Lieu de vie :
• Extérieur
• Intérieur
• Mixte
• Non déterminé
-Proximité d’un point d’eau :
• Oui
• Non
• Non déterminé
-Mode de vie :
• Chasse
• Chien de troupeau
• Travail
• Compagnie
• Autre
• Non déterminé
-Baignades de l’animal dans la période précédent l’apparition des symptômes :
• Oui
• Non
-Statut vaccinal :
• Vacciné (primo vaccination ou rappels à jour) : date du dernier rappel ?
• Vaccination non régulière (rappel datant de plus d’un an ou primo vaccination
incomplète)
• Non vacciné (jamais)
• Non déterminé
-Référé :
•
•
Oui
Non
•
•
•
•
Moins d’ 1 an
1 à 4 ans
4 à 8 ans
Plus de 8 ans
-Race :
-Age :
-Saison à laquelle s’est effectuée la consultation :
• Printemps
• Eté
127
•
•
Automne
Hiver
-Sexe et statut sexuel :
• Mâle
Entier
Castré
• Femelle
Entière
Stérilisée
CLINIQUE
-Symptômes à l’admission :
• Vomissements
• Diarrhée
Hémorragique
Non hémorragique
• Douleur abdominale
• Hématémèse
• Perte de poids
• Abattement
• Anorexie
• Ictère
• Température corporelle :
Hyperthermie
Normothermie
Hypothermie
• Comportement dipsique et urinaire :
Normal
Polydipsie (soit consommation d’eau > 100 mL/kg/j)
Polyurie (soit diurèse > 50 mL/kg/j)
Oligo-anurie (diurèse < 1 mL/kg/h)
Adipsie
• Oedèmes
• Etat d’hydratation :
Normal
Hyperhydratation
Déshydratation
• Douleurs musculaires
-Devenir de l’animal :
• Sortie de l’ENVL
Paramètres biochimiques normalisés à la sortie
Paramètres biochimiques encore au-delà des valeurs usuelles à la sortie
o Normalisation lors du suivi de l’animal
o Suivi non déterminé
o Séquelles de la maladie
• Mort au cours de l’hospitalisation
Euthanasie
128
Mort naturelle
BIOCHIMIE
-Paramètres rénaux
• Normaux
• Insuffisance rénale pré-rénale
• Insuffisance rénale parenchymateuse (D’après[23]).
Créatinine <221 umol/L
221 umol/L ≥créatinine< 442 umol/L
442 umol/L ≥créatinine< 884 umol/L
Créatinine ≥ 884 umol/L
-Paramètres hépatiques
• PAL
Normales
Supérieures aux valeurs usuelles
• AlAT
Normales
Supérieures aux valeurs usuelles
-Glycémie
•
•
•
Normale
Hypoglycémie
Hyperglycémie
ANALYSES D’URINE :
-Anomalies relevées à la bandelette :
• Hématurie
• Protéinurie
• Glucosurie
• Leucocyturie
• Bilirubinurie
TESTS DIAGNOSTIQUES :
-Echantillon(s) utilisé(s) :
• Urine
• Sang
• Autre(s)
-Test(s) utilisé(s) :
• Sérologie
Microscopic Agglutination Test
o Simple
o Double
(+/- ELISA)
129
•
•
•
•
-Résultats :
•
•
•
•
PCR
Bactérioscopie sur fond noir
Imagerie
Autres(s)
PCR
Positive
Négative
Bactérioscopie sur fond noir
Présence de leptospires
Douteuse
Absence de leptospires
Sérologie
Laboratoire concerné
o ENVN
o ENVL
Titre(s) le(s) plus élevé(s)
Sérovar(s) correspondant(s)
(résultats ELISA)
Conclusion selon la terminologie utilisée par le laboratoire
o Pas d’anticorps
o Profil en relation avec la vaccination
o Douteux
o Profil en faveur d’une infection leptospirosique
Diagnostic de leptospirose (en regard de toutes les données)
Confirmé : forte suspicion à certitude
Douteux
Infirmé : suspicion faible à nulle
TRAITEMENT RECU :
-Médical seul
-Hémodialyse
EVOLUTION/SUIVI :
-Décédé :
•
•
En lien avec la maladie
Sans rapport avec la maladie
-Vivant à l’heure actuelle :
• En pleine santé
• Malade
A cause de séquelles de la maladie
Sans lien avec la maladie
130
ANNEXE 3: Liste et abréviations des sérovars testés par le MAT
131
0
0
0
0
0
0
0
0
1
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1
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0
1
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extérieur
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lieu de vie
mixte
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0
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0
1
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0
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1
0
0
0
0
0
non déterminé oui
ANNEXE 4 : Données de l’étude
L07-7177
L07-5413
N° dossier
L08-3188
L08-3448
L04-3702
L08-1783
L08-1857
L05-2008
L05-3473
L05-3127
L05-1953
L05-3750
L04-4557
L06-4845
L05-1437
L06-3701
L05-2956
L05-2817
L06-1906
L04-4768
L07-4054
L06-5332
L07-4039
L07-2001
L06-5451
L06-3681
L06-4254
L05-5288
L00-15739
L06-4413
L06-1965
L03-4917
L06-4767
L03-2766
L03-3320
L04-4559
intérieur
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1
1
1
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0
0
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1
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0
0
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0
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1
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proximité d un point d eau
non
ND
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0
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0
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chasse
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troupeau
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travail
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Mode de vie
baignade
compagnie
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autres
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ND
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statut vaccinal
irrégulier
non vacciné ND
132
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L07-7177
L07-5413
N° dossier
L08-3188
L08-3448
L04-3702
L08-1783
L08-1857
L05-2008
L05-3473
L05-3127
L05-1953
L05-3750
L04-4557
L06-4845
L05-1437
L06-3701
L05-2956
L05-2817
L06-1906
L04-4768
L07-4054
L06-5332
L07-4039
L07-2001
L06-5451
L06-3681
L06-4254
L05-5288
L00-15739
L06-4413
L06-1965
L03-4917
L06-4767
L03-2766
L03-3320
L04-4559
oui
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référé
non
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1
Labrador
Malinois
Beagle
Berger allemand
Lhassa apso
Golden retriever
Berger allemand
Croisé
Berger allemand
Fox terrier
Bearded collie
Bichon
Beauceron
Bull terrier
Berger allemand
Boxer
Samoyède
Dogue argentin
Bouledogue francais
Golden retriever
Caniche
Lhassa Apso
Beauceron
Croisé caniche
Epagneul bleu picard
Berger des Pyrénées
Bichon
Beauceron
Yorkshire
Epagneul francais
Beauceron
Husky
Labrador
Cocker
Bouledogue francais
Springer Spaniel
Jack Russell
race
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1-4 ans
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age
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0
0
0
> 8 ans
printps
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été
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saison
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137
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HAZART Géraldine
La leptospirose : étude bibliographique et étude rétrospective de 37
cas de leptospirose canine.
Thèse Vétérinaire : Lyon , le 12 septembre 2008
RESUME : La leptospirose est une maladie infectieuse zoonotique de répartition
mondiale. On observe depuis une dizaine d’années une recrudescence de la
leptospirose canine aux Etats-Unis et au Canada, associée à l’émergence de nouveaux
sérovars. Une étude rétrospective des cas de leptospirose canine diagnostiqués à
l’ENVL entre 2003 et 2008 a été réalisée dans la perspective d’analyser les sérovars en
cause, les facteurs épidémiologiques, les données cliniques, paracliniques ainsi que
l’évolution. De façon inattendue, un des sérovars vaccinaux est incriminé
prioritairement. On remarque que la PCR et la sérologie concordent dans seulement
26% des cas. Il devient donc nécessaire de coupler ces 2 méthodes. Enfin, on retient
l’importance des critères épidémiologiques dans la suspicion clinique.
MOTS CLES :
- LEPTOSPIROSE
- INSUFFISANCE RENALE
- PCR
- SEROLOGIE
JURY :
Président :
Monsieur le Professeur PEYRAMOND
1er Assesseur :
2ème Assesseur :
Membre invité :
Madame le Professeur HUGONNARD
Madame le Professeur VIALARD
Madame le Docteur GOY-THOLLOT
DATE DE SOUTENANCE :
12 septembre 2008
ADRESSE DE L’AUTEUR :
9, place Henri Breton
88130 Charmes
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