Cet ouvrage présente les travaux du groupe d’experts réunis par... le cadre de la procédure d’expertise collective, pour répondre aux...

Cet ouvrage présente les travaux du groupe d’experts réunis par l’Inserm dans
le cadre de la procédure d’expertise collective, pour répondre aux questions
posées par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxico-
manie (Mildt), la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés
(Cnamts) et l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé
(Inpes ex CFES, Comité français d’éducation pour la santé) sur les modes de
consommation, les dommages sociaux, l’abus et la dépendance à l’alcool.
Il s’appuie sur les données scientifiques disponibles en date du second semestre
2002. Plus de 2 000 articles et documents ont constitué la base documentaire
de cette expertise.
Le Centre d’expertise collective de l’Inserm a assuré la coordination de cette
expertise collective avec le Département animation et partenariat scientifique
(Daps) pour l’instruction du dossier et avec le service de documentation du
Département de l’information scientifique et de la communication (Disc)
pour la recherche bibliographique.
Groupes d’experts et auteurs
Philippe ARVERS, centre de recherche du service de santédes armées,
La Tronche
Jean-Pascal ASSAILLY, Institut national de recherche sur les transports et leur
sécurité, Arcueil
Philippe BATEL, unitéde traitement ambulatoire des maladies addictives,
hôpital Beaujon, Clichy
Marie CHOQUET,épidémiologie et biostatistique, Inserm U472, Villejuif
Thierry DANEL, service daddictologie, centre hospitalier régional universi-
taire de Lille, Lille
Martine DAOUST, unitéde recherche sur les adaptations physiologiques et
comportementales, universitéde Picardie, Amiens
Philippe DE WITTE, biologie du comportement, universitécatholique de
Louvain, Louvain-La-Neuve, Belgique
Françoise FACY,épidémiologie des conduites addictives, Inserm XR 302,
Le Vésinet
Jean-Dominique FAVRE, service de psychiatrie, hôpital dinstruction des
armées Percy, Clamart, président de la Sociétéfrançaise dalcoologie
Eric HISPARD, service de médecine interne, hôpital Fernand-Widal, Paris
Thérèse LEBRUN, centre de recherches économiques, sociologiques et de
gestion (CRESGE-LABORES) universitécatholique de Lille, Lille
Anne-Marie LEHR-DRYLEWICZ,médecin généraliste, Parçay-Meslay
Michel LEJOYEUX, service de psychiatrie, hôpital Louis-Mourier, Colombes
Pierre MORMÈDE, laboratoire de neurogénétique et stress, unitémixte
Inra - universitéVictor Segalen Bordeaux II, institut François Magendie,
Bordeaux
Véronique NAHOUM-GRAPPE, centre d’études transdisciplinaires, sociologie,
anthropologie, histoire, École des hautes études en sciences sociales - CNRS,
Paris
Claudine PÉREZ-DIAZ, centre de recherche psychotropes, santémentale,
société,CESAMES (UMR 8136), CNRS-universitéRenéDescartes Paris V, Paris
Myriam TSIKOUNAS, centre dhistoire sociale du XX
e
siècle/Credhess
(UMR 8058), universitéParis I, Paris
Ont présenté une communication
Patrick AIGRAIN, Office national interprofessionnel des vins - Inra, Paris
Jean-Michel COSTES, Observatoire français des drogues et des toxicomanies,
Paris
Colette MÉNARD, Institut national de prévention et d’éducation pour la santé,
Vanves, et Stéphane LEGLEYE, Observatoire français des drogues et des toxico-
manies, Paris
Michel REYNAUD,département de psychiatrie et daddictologie, hôpital Paul-
Brousse, Villejuif
Jacques WEILL, Professeur honoraire des universités, Tours
Marie ZINS,épidémiologie, santépublique et environnement professionnel et
général, Inserm U88-IFR 69, Saint-Maurice
Coordination scientifique et éditoriale
Élisabeth ALIMI, chargédexpertise, Centre dexpertise collective de lInserm,
facultéde médecine Xavier-Bichat, Paris
Catherine CHENU, attachéscientique, Centre dexpertise collective de
lInserm, facultéde médecine Xavier-Bichat, Paris
Jeanne ÉTIEMBLE, directeur du Centre dexpertise collective de lInserm,
facultéde médecine Xavier-Bichat, Paris
Catherine POUZAT, attachéscientique, Centre dexpertise collective de
lInserm, facultéde médecine Xavier-Bichat, Paris
Assistance bibliographique et technique
Chantal RONDET-GRELLIER, documentaliste, Centre dexpertise collective de
lInserm, facultéde médecine Xavier-Bichat, Paris, Claire NGUYEN-DUY,
relectrice, Paris
VIII
Préface
Partie intégrante de notre culture, de notre patrimoine et de nos traditions, la
consommation dalcool accompagne tous les événements festifs de la vie familiale
et sociale. «Àvotre santé!», disent, en trinquant, les convives autour de la table.
Paradoxe pour un produit qui affecte la santédau moins 5 millions de personnes
en France, parmi lesquelles 2 millions sont dépendantes. Par ses effets délétères sur
le foie, le système cardiovasculaire, le système nerveux et le développement de
cancers, lalcoolisation chronique est responsable chaque annéede23000décès,
et la prise dalcool de 2 700 décès sur la route. Limportance du problème en termes
de santéet de sécuritépubliques nest donc plus àdémontrer.
Ce nest pourtant que trèsrécemment que lalcool a pris sa place parmi les
substances psychoactives considérées comme dangereuses du fait de ses effets
potentiellement sévères. Ainsi, depuis 1999, les compétences de la Mission inter-
ministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) ont étéétendues à
lensemble des substances psychoactives licites au rang desquelles gure lalcool, et
un partenariat très actif avec lInserm a permis le lancement de projets de recher-
ches nancés conjointement dans ce domaine.
Parce que lalcool affecte tous les organes, la recherche en alcoologie recouvre
lensemble des disciplines médicales et scientiques. LInserm contribue à
lavancée des connaissances par une approche pluridisciplinaire qui associe
biologie, neurobiologie, physiopathologie, génétique, sociologie, anthropologie,
psychologie, et s’étend également àl’épidémiologie et au domaine des sciences
sociales. Une vingtaine de laboratoires se consacrent àune thématique de
recherche sur lalcool, et notre Institut sest engagédepuis 2001, par une action
thématique concertée, àrenforcer ce potentiel de recherche en apportant un
soutien nancier àde nouveaux projets et en favorisant le travail en réseau des
équipes. En tant que Directeur général, cet effort mest apparu nécessaire en regard
du peu de travaux effectués en alcoologie en France.
Depuis plusieurs années, lInserm sest dotédune procédure dexpertise des
connaissances, dite expertise collective, qui permet dapporter ànos partenaires
une aide àla décision pour la mise en place dactions en santépublique. Lanalyse
critique et la synthèse des travaux de recherche au plan international par un
groupe pluridisciplinaire dexperts coordonnépar lInserm permet de proposer des
recommandations fondées sur des connaissances scientiquement validées. Àce
jour, plus dune quarantaine dexpertises concernant la santéont étéréalisées.
Cest àla demande conjointe de la Mildt, de la Cnamts et du Comitéfrançais
d’éducation pour la santé(CFES, devenu lInpes) que lInserm a réaliséen 2001 une
première expertise collective sur lalcool, qui a donnélieu àlouvrage intitulé
«Alcool. Effets sur la santé». Cette expertise sest attachéeàévaluer les effets de
lexposition àlalcool au niveau des différents organes, son rôle dans le développe-
ment de diverses affections (maladies cardiovasculaires, cancers, cirrhose du foie,
anomalies fœtales{) et les avancées réalisées dans la compréhension des méca-
nismes dapparition de ces pathologies. Effets néfastes de lalcool sur la santémais
aussi effets bénéfiques àpetites doses selon certains travaux. Cest dire combien il est
difficile d’établir des doses-seuil pour les effets de lalcool dautant que lexpertise
démontre la diversitédes effets selon le sexe, l’âge, la corpulence, et les facteurs de
risque associés comme par exemple une pathologie hépatique. Par ailleurs, lexper-
tise montre quil existe des différences inter-individuelles dans les effets de lalcool
sur la santétenant aux modes de consommation, aux habitudes alimentaires et àdes
prédispositions génétiques. Ainsi, il apparaît indispensable de tenir compte de ces
différents éléments dans les campagnes dinformation et de prévention.
Le présent ouvrage restitue les résultats dune seconde expertise, engagéeàla
demande des trois mêmes partenaires, et porte sur les différents contextes dusage de
lalcool, l’évolution des modes de consommation et les conséquences collectives
tant sociales qu’économiques de la consommation excessive dalcool dans notre
pays. Il présente également lensemble des données épidémiologiques, cliniques et
expérimentales sur labus et la dépendance, leurs déterminants et les traitements.
Les experts mettent laccent sur les différences entre les modes de consommation
des jeunes et des adultes, des lles et des garçons. Ils soulignent limportance de ces
connaissances pour définir des stratégies de prévention adaptées aux différentes
populations et aux différentes situations (conduite automobile, travail{).
De mieux en mieux compris, les mécanismes sous-tendant la dépendance révèlent
des similitudes entre les substances psychoactives, qui ont en commun dactiver des
réseaux de neurones bien identifiés. Pendant longtemps peu étudiés, les facteurs
génétiques de vulnérabilitéàla dépendance ouvrent de nouvelles perspectives.
Si lalcoologie clinique a souffert de la lenteur des progrès dans la connaissance du
déterminisme de lalcoolisation pathologique et de son traitement, elle a surtout
pâti pendant longtemps de la résistance des médecins àsengager dans la prise en
charge de cette pathologie. Cette expertise souligne en effet combien, encore
aujourdhui, la prise en charge des patients présentant un problème avec lalcool
est limitée en France, puisque moins de 20 % de ces personnes consultent un
professionnel de santé, et ceci généralement dix ans aprèsledébut des symptômes.
Cest donc làque se situe le vrai problème de santépublique qui, pour évoluer,
appelle un changement conceptuel et organisationnel des pratiques médicales.
Dans ce contexte, je souhaite apporter un soutien institutionnel aux équipes de
recherche en médecine générale et promouvoir la mise en place de réseaux de
médecins plus particulièrement sensibilisésàla prise en charge des patients ayant
un problème avec lalcool.
Il me semble essentiel de faire passer le message que lalcoolodépendance est une
maladie qui se soigne. Organisées par lAnaes, deux conférences de consensus, sur
les modalités du sevrage en alcoologie (1999) et sur les modalitésdelaccompagne-
ment du sujet alcoolodépendant après un sevrage (2001), ont apportédes éléments
de référence pour les soignants. En recherche clinique, des progrès restent àfaire
pour mieux adapter le traitement au prol de chaque patient. Si des raisons
biologiques peuvent expliquer linégalitédes personnes devant lalcool, les facteurs
psychologiques et socioculturels sont loin d’être négligeables. Appréhender
lalcoolodépendance dans sa complexitépour mieux la prévenir et la soigner, tel
est bien lenjeu des actions àvenir.
Les deux ouvrages consacrésàlalcool rassemblent une somme importante de
connaissances qui devrait fournir aux pouvoirs publics des arguments essentiels
pour engager des actions en santépublique et également servir de levier au
développement de travaux de recherche dans notre Institut. Je remercie les scien-
tiques qui ont contribuéàce travail collectif de grande valeur.
Christian Bréchot
Directeur général de l’Inserm
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