Théâtre / Résidence à la Salamandre
Laurent Crovella : « Il faut élargir le
cadre »
Premières répétitions à La Salamandre pour « Les Méridiens ».
Les dernières semaines de l'année 2008, le metteur en scène Laurent Crovella et
les membres de sa compagnie « Les Méridiens » les ont passées dans la cité rose.
Plus précisément sur les planches de La Salamandre, histoire de peaufiner leur
dernière pièce, Le chemin des passes dangereuses, programmée à Vitry le 8 avril
prochain. Rencontre à l'heure des premières répétitions. Quel a été votre parcours
avant « Les Méridiens » ? « J'ai débuté comme comédien mais, même quand je
jouais, je voulais déjà faire de la mise en scène, c'est quelque chose qui m'est venu
très tôt. Deux choses m'intéressent particulièrement : comment on bâtit une
histoire et la manière de dire cette histoire. J'aime le théâtre qui vient nous
raconter quelque chose, un théâtre dans lequel le spectateur se reconnaît.
La compagnie Les Méridiens est née en 2004 comme une sorte de point de
rendez-vous, pour partager des projets avec des gens. » Aujourd'hui, vous montez
« Le chemin des passes dangereuses », une pièce de Michel-Marc Bouchard, l'un
des auteurs québécois les plus joués dans le monde.
Qu'est-ce qui vous a conquis dans ce texte ? « Avec Les Méridiens, nous avions
déjà monté Michel Tremblay, un autre auteur québécois. Avec Bouchard, j'ai eu la
même sensation de lecteur, j'ai fait un voyage littéraire et je me suis fait
embarquer par une langue haute en couleurs, drôle et profonde, simple et
complexe, le Joual (NDLR : langue populaire du Québec). Et cette pièce
questionne l'identité, le rapport à leur père de trois fils qui ne se sont pas vus
depuis des années. » Comment avez-vous travaillé lors de votre résidence à Vitry
et quel est l'intérêt de tels moments de création ? « Dans un premier temps, on a
réfléchi sur la dramaturgie et la scénographie de la pièce. Puis on a simplement
ouvert le livre ensemble avec les comédiens et fait un travail de table, en lisant.
On a découpé la pièce, nommé les parties, on en a trouvé la couleur. Ont suivi les
premiers pas sur le plateau. On profite vraiment des résidences, elles sont
primordiales pour tous les artistes : il n'y a que sur scène que l'on peut essayer tout
ce qu'on a dans la tête. » Avec le théâtre La Salamandre, vous avez aussi participé
à des lectures à domicile. Quelle est pour vous la place de la rencontre avec le
public ? « Elle est nécessaire. Il faut élargir le cadre, ça suffit de rester entre nous
! Après, on ne peut pas toujours aller prendre les gens par la main, il y a d'abord
des frontières dans les têtes qu'il faut faire tomber… »
Propos recueillis par Aurélie Julliard. Publié le mercredi 07 janvier 2009
Derrière le rideau
Le groupe des participants a pu se rendre compte du travail de « fabrication » du spectacle. (Photo DNA)
Le relais culturel de Haguenau organise des soirées-rencontres avec un groupe
d'une quinzaine de spectateurs privilégiés, «les passeurs», et des artistes autour
de la création du spectacle « Le chemin des Passes dangereuses » et de la
résidence de la compagnie Les Méridiens au théâtre municipal.
Après une entrée dans le théâtre québécois et des questions posées au metteur en scène
Laurent Crovella quant au choix du texte, une seconde intervention a réuni spectateurs et
comédiens (Xavier Boulanger, Éric Domenicone et Frédéric Solunto) pour des lectures
d'extraits de texte qui ont permis un éclairage particulier de la pièce de Michel Marc
Bouchard. En parallèle, une rencontre avec Laurent Crovella et Marc-Antoine Cyr à la
médiathèque (DNA du dimanche 18 janvier) avait permis de connaître l'histoire du théâtre
québécois.
Décor et costumes
Lundi soir, c'est avec le scénographe Gérard Puel, également plasticien et enseignant, et
Laurent Crovella, que des échanges ont eu lieu autour du décor, des costumes, du son et
de la lumière. Le groupe des participants a pu se rendre compte du travail de
« fabrication » du spectacle. C'est en fait une perpétuelle recherche, où les idées des uns
viennent nourrir les trouvailles des autres.
Pour cette pièce de Michel Marc Bouchard, il s'agit de chercher comment établir les
tensions profondes qui parcourent le texte. L'espace théâtral ici suggère plus qu'il ne
représente. L'objectif est d'ouvrir le sens de la pièce où la mémoire a une importance
cruciale : une mise en scène et une scénographie d'autant plus difficiles que le texte a été
maintes fois joué sur les scènes mondiales. Laurent Crovella veut aussi « instiller quelque
chose qui se construit et qui reste dans l'oreille du spectateur après la représentation ».
Pour l'instant il s'agit, avec les comédiens, de faire un « dessin » dans l'espace.
L'assemblage de tous les éléments - décor, costumes, lumière et son - sera mis en place
définitivement lors de la résidence au théâtre de Haguenau. Des rencontres en milieu
scolaire se dérouleront courant février. Mardi 3 mars à 20 h, une répétition publique aura
lieu au théâtre. Mardi 10 mars à 20 h, une rencontre intitulée « Du texte à la scène,
regards croisés », permettra un échange avec l'auteur Michel Marc Bouchard. Les
représentations auront lieu les jeudi 12 et vendredi 13 mars à 20 h 30 au théâtre.
D. V.L.
© Dernières Nouvelles D'alsace, Jeudi 29 Janvier 2009. - Tous droits de reproduction réservés
Le « Chemin » en bonne voie
Pendant encore deux semaines, les acteurs et le metteur en scène Laurent Crovella (au centre)
répéteront tous les après-midi sur la scène du théâtre pour être fin prêts le jour J. (Photo DNA)
En résidence au théâtre de Haguenau depuis le début de la semaine, la compagnie
strasbourgeoise Les Méridiens peaufine son adaptation du « Chemin des passes
dangereuses » du dramaturge québécois Michel Marc Bouchard, qu'elle dévoilera
les 12 et 13 mars. Et permet au public de découvrir les coulisses de la création
d'un spectacle vivant.
L'intérêt de la formule est résumé en quelques mots par Laurent Crovella : « Une
scénographie comme celle-là, on n'aurait tout simplement pas pu la faire autrement. »
Depuis mardi et jusqu'au 11 mars, veille de la première, le metteur en scène strasbourgeois
et sa compagnie Les Méridiens sont en « résidence de création » au théâtre de Haguenau.
Ces trois semaines offrent aux artistes les conditions idéales pour mettre la dernière main
à la création du Chemin des passes dangereuses, une nouvelle adaptation de la pièce de
Michel Marc Bouchard, l'un des auteurs québécois contemporains les plus joués dans le
monde.
Trois frères, au carrefour de leur existence, vont vider leur sac.
« Pour tous les éléments qui composent le spectacle, les décors, les costumes, la
lumière, la scénographie, on sait ce qu'on veut, indique Laurent Crovella. La résidence va
nous permettre d'assembler tout ça, de faire en sorte que ça fonctionne dans les conditions
et sur les lieux des représentations. Pour une compagnie, c'est extrêmement précieux de
constater que les théâtres ne se contentent pas d'être des lieux de diffusion, mais qu'ils
sont à nos côtés pour accompagner la création de spectacles vivants. »
Depuis le début de la semaine, les matinées sont ainsi consacrées aux réglages techniques,
et les après-midi aux répétitions avec les trois acteurs. C'est la dernière ligne droite d'un
processus de deux ans (qui a déjà bénéficié de deux autres résidences), depuis la
découverte de la pièce par Laurent Crovella. « D'habitude, quand je lis un texte, mon
regard professionnel me pousse à en examiner la structure, les coutures. Là non : j'ai été
complètement embarqué par l'histoire, et j'ai pris une grosse claque. »
La pièce raconte les retrouvailles de trois frères après des années d'éloignement. Au matin
du mariage du plus jeune, ils se rendent au Chemin des passes dangereuses, le lieu où ils
allaient pêcher, enfants, avec leur père. « A cet endroit et à cet instant, ils sont à un
carrefour de leur existence, poursuit le metteur en scène. Là, ils vont vider leur sac, se dire
tout ce qu'ils ne s'étaient jamais dit. »
Les Méridiens, fondés en 2004, s'intéressent précisément à ce théâtre de la parole, qui fait
entendre la langue des auteurs d'aujourd'hui, qui raconte des histoires, petites histoires de
la vie - « le "Chemin", par exemple, montre qu'on a beau penser qu'on a chacun un destin
individuel, on n'échappe jamais à une identité collective, en l'occurrence familiale », détaille
Laurent Crovella.
Elle met un point d’honneur à aller à la rencontre du public.
La compagnie s'est du reste « spécialisée » depuis sa création dans les textes québécois,
en réalisant un cycle de lectures et de mises en scène de l'écrivain Michel Tremblay, et en
accompagnant la résidence du jeune auteur Marc-Antoine Cyr au défunt relais culturel de
Schweighouse-sur-Moder la saison dernière.
Surtout, elle met un point d'honneur à aller à la rencontre du public, à lui faire découvrir
son travail et les textes, ce qui constitue du reste l'autre but d'une résidence de création. La
présence de l'équipe des Méridiens à Haguenau sera ainsi rythmée par une série de
rencontres (lire ci-dessous), avant les premières représentations du Chemin des passes
dangereuses les 12 et 13 mars.
Florian Haby
Jeudi 12 et vendredi 13 mars. Le Chemin des passes dangereuses, par la compagnie Les Méridiens, à
20 h 30 au théâtre de Haguenau (à partir de 14 ans). Tarifs : de 5,50 € à 22,50 €, réservations au relais
culturel, 1 place Joseph-Thierry, Tél: 03 88 73 30 54. www.relais- culturel-haguenau.com (tout attaché)
© Dernières Nouvelles D'alsace, Samedi 28 Février 2009. - Tous droits de reproduction réservés
1 / 24 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !