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Compte rendu de la conférence sur la
Flore des trottoirs et des murs de Toulon,
dans le cadre de la Fête de la Science 2008
par Michel Démares
En consultant les Annales de la Société des Sciences Naturelles et dArchéologie de Toulon et du
Var j’ai été très intéressé par un article de Jean-Pierre Risterucci, intitulé Simples et autres des rues
de Toulon, (Annales 40 (2) p 91-98, 1988).
Ce texte m’a donné l’idée de regarder, à mon tour et plus
attentivement, les plantes poussant dans la ville. Je n’ai pas été pas
déçu. J’ai donc eu le plaisir de présenter, dans le cadre de la Fête de
la science 2008, pour le compte de la SSNATV et du Café-Culture (*),
une conférence illustrée donnant un aperçu de deux saisons
d’observations dans la cité. J’ai parcouru la ville au hasard de mes
déplacements domestiques, sans plan bien précis mais principalement
dans mon quartier de Claret et en direction du centre ville et du Faron.
J’ai effectué des relevés tout au long de l’année et ne me suis intéressé
plutôt aux plantes sauvages.
Un peu de statistiques
En parcourant 140 lieux (avenues, rues, impasses, rampes, places,), qui ne représentent finalement
qu’un très petit espace géographique, j’ai comptabilisé 1293 données pour 187 espèces appartenant à 54
familles. A titre d’information, environ 2800 plantes sont recensées dans le Var, (un des départements
français les mieux pourvus), classées dans plus de 180 familles.
Au-delà des nombres et de l’inventaire, il est intéressant de regarder la fréquence, la répartition,
les biotopes. Mais le nombre de données est-il suffisant pour tirer déjà des conclusions ? Je ne le crois pas.
Aussi faut-il ne voir pour l’instant qu’une approche qualitative, concrétisée par ce diaporama. Une
prospection plus poussée et plus systématique dans l’espace et dans le temps apportera des arguments pour
la rédaction d’un véritable article scientifique.
Une constatation
Il y a toujours quelque chose à trouver, même en plein mois d’août, même sur des places aussi
minérales que la Place de la Liberté.
Dans quels endroits alors trouve-t-on des plantes sauvages dans la ville ? Il est tentant de dire
partout mais je précise : au pied de poteaux électriques, de panneaux de signalisation, autour de plaques
d’égout, au pied des arbres et sur des arbres (notamment les palmiers), près de gouttières, dans des
caniveaux, au pied de murs, sur des murs, dans les fissures de murs, dans la moindre niche, dans ou sur du
mobilier urbain, sur des talus, sur des places de parkings, sur des places en terre ou très minéralisées et
même en pleine façade d’immeuble, au-dessus des portes ou des vitrines.
Papaver rhoeas Avenue de Claret
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Avenue de Claret Avenue Colbert Bd Joseph Antonin Borne Avenue de la Victoire
Boulevard Louvois Rue Alézard Impasse Barnier Rue Chevalier Paul
Présentation
Pour donner un aperçu de cette flore citadine j’ai choisi de présenter les plantes dans l’ordre
décroissant de leur fréquence, c’est-à-dire de celles que l’on peut rencontrer à peu près partout à celles qui
sont très peu citées, et d’évoquer quelques surprises (espèces inattendues, espèces protégées,…). Je
termine par les cas de l’Eygoutier et du Faron, deux lieux qui enrichissent notoirement les statistiques.
Espèces les plus courantes
-les Laiterons
-Sonchus oleraceus (Laiteron des maraîchers) et
-Sonchus tenerrimus (Laiteron délicat).
Sonchus tenerrimus Sonchus oleraceus
Ce sont des plantes qui émettent un liquide blanc comme du lait (latex), lorsque l’on casse les tiges
comme les autres espèces de la tribu des Cichoriées.
Famille des Astéracées (= Composées)
Genre-type : Aster,
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Caractéristiques : fleurs hermaphrodites, unisexuées ou neutres, réunies sur un réceptacle commun en
capitules entourés d’un involucre ; réceptacle nu ou pourvu d’écailles ; calice monosépale ; corolle
monopétale, tantôt tubuleuse, régulière, tantôt irrégulière, prolongée en languette (ligule, rayon) ; tube ou
ligule sont la fleur vraie, leur ensemble appelé capitule forme un sorte d’étoile d’où le nom de la famille ; 4-5
étamines insérées sur le tube de la corolle ; anthères soudées en tube et traversées par le style ; ovaire
infère, fruit sec, monosperme, indéhiscent ; plantes annuelles, bisannuelles ou vivaces.
Autres représentants de la famille : eupatoire, tussilage, vergerette, pâquerette, sénéçon, doronic,
pulicaire, edelweiss, armoise, népi, marguerite, matricaire, camomille, arnica, achillée, carline, chardon,
centaurée, bardane, chicorée, pissenlit, laitue, salsifis, laiteron, épervière, piloselle,…
-les Sisymbres
-Sysimbrium irio (Vélaret) et
-Sisymbrium officinale (Herbe au chantre).
Famille des Brassicacées (= Crucifères)
Genre-type : Brassica, (nom scientifique du chou)
Caractéristiques : fleurs régulières ou presque régulières ; 4 sépales libres ; 4 pétales en croix (à l’origine
du nom de famille traditionnel Crucifères) ; 6 étamines, dont 4 longues et 2 courtes ; stigmate entier ou
bilobé ; ovaire libre ; fruit sec tantôt allongé (silique) tantôt raccourci (silicule) ; graines disposées sur 1 ou
2 rangs ; fleurs en grappe simple s’allongeant à la floraison ; feuilles alternes ou toutes radicales ; plantes
herbacées rarement ligneuses.
Autres représentants de la famille : radis, moutarde, alysson, isatis, ravenelle, giroflée, cresson, arabette,
monnaie du Pape, lar, drave, barbarée, tabouret, passerage, bourse-à-pasteur,…
Sisymbrium officinale Sysimbrium irio
Espèces courantes :
-Senecio vulgaris (Sénéçon commun), Astéracées,
- Malva sylvestris (Mauve sylvestre), plante ayant un port adapté : couchée au sol dans les endroits où elle
est fauchée ou bien dressée. Famille des Malvacées,
- Sagina apetala (Sagine), plante très discrète mais très commune, qui semble se plaire dans les endroits
piétinés,
-Stellaria media (Mouron des oiseaux) et
-Polycarpon tetraphyllum, (Polycarpe à quatre feuilles), espèce annuelle, fleurs en bouquet, feuilles par
quatre. Espèces de la famille des Caryophyllacées (famille de l’œillet),
-Euphorbia peplus, Euphorbiacées.
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Senecio vulgaris Stellaria media Polycarpon tetraphyllum
Espèces assez courantes (ni rares ni fréquentes) :
-Erodium malacoides (Herbe aux verrues), Géraniacées,
-Euphorbia helioscopia, (Réveil matin), Euphorbiacées,
-Papaver rhoeas (Coquelicot) et
-Papaver dubium (Pavot douteux), Papavéracées,
-Diplotaxis erucoides (fausse Roquette), Brassicacées,
Diplotaxis erucoides Euphorbia helioscopia Erodium malacoides
Espèces peu courantes :
-Allium roseum (Ail rose), Liliacées,
-Tribulus terrestris, Zygophyllacées,
-Urtica urens (Ortie brûlante), Urticacées,
-Ecballium elaterium (Cornichon d’âne), espèce des terrains vagues, des bords de routes. L’originalité de
cette plante réside dans ses baies explosives lorsqu’elles sont mûres. J’en ai fait l’expérience de débutant,
involontairement, en voulant prendre une photo du fruit. Il m’a projeté un liquide en pleine figure et sur
l’appareil. C’est sa façon d’envoyer ses graines à distance. Son nom vient du grec « ecballein » qui signifie
« jeter dehors ». Cucurbitacées,
-Aegilops ovata, Poacées,
-Ajuga iva,
Famille des Lamiacées (= Labiées)
Genre-type : Lamium, (du latin labium =lèvres),
Caractéristiques : fleurs irrégulières ; calice persistant, tubuleux ou en cloche, à 5 dents, plus rarement à
4-12 ou à 2 lèvres; corolle monopétale, parfois en entonnoir ou à 1 lèvre, le plus souvent à 2 lèvres, la
supérieure entière ou échancrée, l’inférieure trilobée ; 4 étamines insérées sur le tube de la corolle ;
anthère à 1-2 loges souvrant en long ; ovaire libre ; 1 style simple, naissant au centre de l’ovaire, stigmate
bifide ; fruit sec, formé de 4 carpelles monospermes, indéhiscents, libres entre eux, inclus au fond du calice
; fleurs de toute couleur, en grappes, épis ou capitules ; feuilles ordinairement simples, opposées ; plantes
ligneuses ou herbacées, à tiges rectangulaires.
Autres représentants de la famille : sauge, lavande, menthe, thym, hysope, agripaume, épiaire, ballote,
crapaudine, scutellaire, bugle, germandrée,…
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Tribulus terrestris Urtica urens Ecballium elaterium Ajuga iva
Espèces qui portent bien leur nom
Plantes qui se plaisent principalement sur les murs et au pied des murs,
-Cymbalaria muralis (Ruine de Rome), murale, mur.
Famille des Scrophulariacées
Genre-type : Scrophularia, du latin scrofulae (= scrofules), allusions à des propriétés médicales.
Caractéristiques : fleurs plus ou moins régulières ; calice persistant à 4-5 divisions ; corolle monopétale,
caduque, imbriquée dans le bouton, à 4-5 lobes inégaux, plans ou à 2 lèvres ; 2 ou 4 étamines insérées sur le
tube de la corolle ; 1 style simple, à stigmate entier ou bilobé ; ovaire libre ; fruit capsulaire, à 2 loges,
s’ouvrant par 2 ou plusieurs valves, rarement par 1-3 trous vers le sommet ; fleurs de couleurs variées ;
feuilles alternes, opposées ou verticillées, simples ou composées ; plantes presque toujours herbacées.
Autres représentants de la famille : muflier, linaire, gratiole, digitale, véronique, casse-lunettes,
pédiculaire,lampyre,…
-Parietaria judaica, (Pariétaire), pariétale, paroi. Famille des Urticacées, (famille de l’Ortie).
Espèces bien à leur place : trois espèces qui poussent d’ordinaire les pieds dans l’eau (ici de
l’Eygoutier).
-Alisma plantago-aquatica (Plantain deau commun), Alismatacées,
-Nasturtium officinale (Cresson des Fontaines), Brassicacées,
-Veronica anagallis-aquatica, (Cresson de cheval), Scrophulariacées.
Alisma plantago-aquatica Veronica anagallis-aquatica
Espèces inattendues :
-Linaria supina (Linaire couchée), sortant directement du macadam, Scrophulariacées,
-Consolida regalis (Dauphinelle), plante messicole, Renonculacées.
-Papaver somniferum, (Pavot), vu çà et là mais peu courant, de la famille des Papavéracées, donne l’opium.
Morphée, dieu grec des Songes, fils de la Nuit et du Sommeil, endort les mortels en les effleurant d’une
feuille de Pavot. La morphine est un alcaloïde de l’opium aux propriétés soporifiques.
-Lagurus ovatus (Queue de lièvre), plante plutôt littorale, Poacées (= Graminées),
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