Avant-propos
Le changement climatique met à l’épreuve les pouvoirs et la démocratie, en
Bretagne comme ailleurs. Aussi la Section Prospective du CESR s’est engagée
dans une réflexion qui peut, de prime abord, étonner.
La prochaine conférence de Copenhague sur le climat, en décembre 2009, et le
projet gouvernemental de réforme territoriale montrent que ces problématiques
sont concomitantes.
La « gouvernance » de l’atténuation du changement climatique comme de
l’adaptation à ses impacts pose une série de questions inédites. D’une part,
chacun sait qu’il est urgent d’agir et, d’autre part, les décisions efficaces ne
peuvent être prises que collectivement avec une adhésion du plus grand
nombre. Or, les problèmes à résoudre sont complexes, mal identifiés et leurs
effets sont rarement proches et immédiats. Par conséquent, la prise de
conscience individuelle est mal aisée. Dans ces conditions, les décisions
émergent d’autant plus difficilement. C’est pourquoi, l’analyse prospective nous a
semblé la plus pertinente. Elle n’impose pas, en effet, une solution, mais
présente différents « possibles » à partir d’hypothèses sur des variables. Celles-
ci portent, pour les unes, sur le changement climatique et, pour les autres, sur
les pouvoirs et la démocratie. Ces hypothèses sont réalistes, mais la Section
Prospective s’est autorisée à les pousser « jusqu’au bout », à « tirer sur le fil »
pour faire apparaître les principaux enjeux. Nous proposons, ainsi, quatre
scénarios : « un pilote pour la planète », « l’Etat climatiseur », « grâce à nous le
déluge » et « ensemble, contre vents et marées ».
Pour cette construction des scénarios possibles quant à la « gouvernance » à
l’épreuve des évènements climatiques ou de leur anticipation, l’échelle de temps
retenue correspond aux prévisions scientifiques à forte probabilité, soit 2030.
Nous constatons qu’en fonction des thèmes, la démarche prospective qui se
faisait sur 50 ans, se fait, aujourd’hui, plus souvent sur 25 ans et se fera,
prochainement, probablement sur 10 ans. Les cycles du temps étant devenus
plus courts, il est possible (sinon probable) que certains éléments de nos
hypothèses se produisent bien avant l’échéance de 2030. Rappelons qu’une
précédente étude de la Section Prospective du CESR de Bretagne (parue en
2005) avait fait l’hypothèse d’une grave crise financière à l’horizon... 2021.
Bien que s’appuyant fortement sur de nombreux travaux scientifiques, les
scénarios ne constituent pas des prévisions. La Section Prospective a auditionné
un nombre important de personnalités : que celles-ci soient, ici, vivement
remerciées. La validité du présent rapport repose sur un travail extrêmement