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UE2 Santé, Société, Humanité
M. Savriama
Date : 20/11/2015 Plage horaire : 10h45-12h45
Promo : D1 Enseignant : M. Savriama
Ronéiste :
JALA Claudia
Bioéthique :
problématiques de l'autonomie, de la dignité, de l'acharnement
thérapeutique (dernière partie)
III. Le concept d'autonomie
A. Définition
B. Critique de l'autonomie vertueuse
C. Le principe de respect de l'autonomie
IV. Le concept de dignité
A. Définition
B. La philosophie des Lumières
C. La déclaration des droits de l'Homme
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III. Le concept d'autonomie
A. Définition
"Autonome" vient du grec auto : par soi, en propre et de nomos : la loi.
La personne autonome est capable de se donner sa propre loi. Lautonomie est le contraire de
lhétéronomie (hétéro : de lautre) qui est une loi imposée par autrui.
Le concept dautonomie a été mis en valeur par Emmanuel Kant « dautonomie de la raison ».
« Lautonomie de la volonté est le principe unique de toutes les lois morales et des devoirs qui
y sont conformes; au contraire toute hétéronomie du libre choix, non seulement nest la base
daucune obligation, mais elle est plutôt opposée au principe lobligation et à la moralité de la
volonté. »
Cette forme dautonomie kantienne renvoie à une éthique du devoir, cest-à-dire déontologique,
car la loi morale vient de sa raison mais elle simpose à soi.
Une personne (un patient en ce qui nous concerne) est dite autonome si elle est libre et capable
:
- Libre des interférences que pourrait avoir autrui sur elle-même : elle nest pas sous
influence, ou il a été vérifié quelle avait les moyens de sy soustraire. Par exemple, un
patient autonome peut imposer sa volonté de prendre ou non son traitement, peut faire
un autre choix thérapeutique.
- Capable = « compétente » : non entravée par des circonstances physiques,
psychologiques ou mentales, susceptibles dinvalider son jugement. Ainsi le patient
grabataire ne s'inscrit plus dans l'autonomie, entravé par des circonstances physiques,
il n'est plus soumis à sa propre volonté, mais à celle des autres. Pour certains patients,
il faut une personne de confiance.
Respecter lautonomie dautrui suppose quelques conditions :
- Que lon donne toute linformation nécessaire à une prise de décision éclairée.
- Que lon ait vérifié que cette information à été comprise. Il est souvent reproché aux
médecins de parler dans des termes trop compliqués, affectant ainsi la compréhension
et la capacité du patient à décider pleinement. Si lon dit à une patiente qu'elle a un
"nodule" au sein, ce n'est pas sûr qu'elle comprenne de quoi il s'agit.
- Que lon sassure de la capacité de la personne malade à vouloir décider.
- Que la décision prise soit cohérente avec ces trois préalables.
En fonction du contexte, il faut vérifier le degré d'autonomie du patient pour savoir ce qui peut
ou non lui être laissé comme choix. En réanimation par exemple, certains patients ne sont plus
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vraiment en état de décider, la famille n'est pas vraiment autour : dans ce cas là, c'est le
soignant qui est amené à prendre les décisions.
B. Critique de l'autonomie vertueuse
Aucune théorie de lautonomie nest acceptable si elle propose comme définition dune
conduite autonome, celle conduisant à des décisions idéales ou vertueuses, supérieures à ce que
sont capables de choisir communément des gens normaux. Ce qui est perçu comme la meilleure
décision d'un point de vue ne l'est pas forcément d'un autre.
Lautonomie qui nous intéresse en éthique clinique est celle qui mène à la prise de décision
médicale, sans jugement moral quant à la « qualité » de cette autonomie. En fait, quelque soit
la définition de lautonomie retenue, ce qui nous importe cest de vérifier que lautonomie de
la personne malade concernée soit respectée. Du principe dautonomie au principe du respect
de lautonomie.
C. Le principe du respect de lautonomie
Respecter quelquun en tant quagent autonome, cest lui permettre dagir de façon autonome.
Ne pas le respecter en tant quagent autonome, cest ignorer les souhaits quil exprime, ne pas
les considérer ou les comprendre, se comporter comme sil y avait des personnes méritant plus
que dautres que lon accorde du poids à leur parole. Il faut trouver le juste milieu entre ce qui
est exprimé et ce qui est possible à réaliser.
Exemple : un patient se plaint de douleurs au sinus, son médecin veut lui prescrire des
corticoïdes, mais il n'aime pas les corticoïdes. S'il y a d'autres alternatives, le médecin peut lui
proposer une autre solution, mais s'il n'y en a pas, il ne faut pas non plus faire l'impasse sur
les corticoïdes s'ils sont nécessaires il faut trouver le juste milieu et ce n'est pas forcément
évident.
Selon Kant : violer, cest-à-dire ne pas respecter lautonomie dune personne, cest la traiter
comme un moyen et non comme une fin.
Selon Mill : respecter lautonomie dautrui, cest ne pas interférer avec ses choix et agir pour
renforcer lexpression de son autonomie.
Conclusion :les questions relatives au principe du respect de lautonomie qui restent à
approfondir :
- Compétence : qui est compétent pour juger du degré d'autonomie ?
- Consentement du patient,
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- Linformation dont il dispose,
- Vérifier la compréhension,
- Volonté,
- Quel mandataire et quels standards pour guider la décision du mandataire ?
Dans l'idéal, il faudrait prendre en considération tous ces champs dans toutes les situations,
mais en pratique ce n'est pas toujours réalisable, et dans certaines situations c'est très
compliqué. Parfois, c'est la balance bénéfice/risque qui est mise en avant, ce qui peut choquer
d'un point de vue éthique. Dans des situations urgentes, il n'y a pas forcément le temps, face à
un patient inconscient, de concerter la famille pour savoir ce qu'ils souhaiteraient, il faut agir
sinon c'est de la non-assistance à personne en danger. Ensuite, une fois que la situation est plus
stable, il est possible de consulter la famille.
Parenthèse : en ce qui concerne la fin de vie, il arrive que la famille donne son accord puis change
d'avis et se retourne ensuite contre le soignant, "pris au piège". Il convient dans ce cas de choisir le
jugement qui semble le meilleur et le plus à défendre après. (On en revient ici à la morale : qu'est-ce
qui parait le plus moralement acceptable ?)
IV - Le concept de dignité
A. Définition
Le concept de dignité renvoie au terme latin : dignitas, qui qualifie :
- une fonction ou un titre éminent,
- une attitude empreinte de noblesse, de gravité, de retenue.
La dignité est rattachée au prestige (rang social, situation économique) Elle caractérise les
dignitaires par opposition aux « petites gens ».
La dignité
Le prix
Caractérise les personnes
Caractérise les choses
Valeur inconditionnelle
Ne dépend pas des conditions physique,
morale et financière de la personne.
Valeur relative (on peut payer un coca 80
centimes dans un supermarché, 1,60 dans un
distributeur, 3 sur la place du Trocadéro)
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Valeur qui ignore l’âge et la physionomie des
corps
Valeur indexée au taux de désuétude des
choses (le prix baisse avec laltération de
laspect matériel et de la fonction) (exemple :
la côte argus d'une voiture)
Donc la dignité ne change pas avec la dégradation des corps et des esprits. En d'autres termes,
la dignité c'est une valeur que l'on attribue à chaque être humain, qui la garde toute sa vie (et
même dans sa mort : thanatopraxie, respect de ses volontés concernant ses obsèques par exemple)
quelque soit l'évolution de celle-ci (un prisonnier a le droit au respect de sa dignité, même dans sa
privation de liberté).
B. La philosophie des Lumières
Emmanuel KANT :
La métaphysique des mœurs
- 1783 : La critique de la raison pratique,
- 1785 : Recouvrement de lidée de dignité et de lidée de personne humaine.
La personne humaine est investie dune valeur inconditionnelle : la DIGNITE. Cette idée va
aboutir à la 1ère déclaration des droits de lHomme (1789)
La dignité doit être attribuée à tous sans condition, elle ne varie pas en fonction du
comportement des personnes, même de ceux qui se sont rendus coupables dactes méprisables
ou réputés « indignes ». La dignité ne varie pas en fonction de caractéristiques des personnes,
rang social, état de santé ou âge, apparence Nous ne devons pas nous traiter comme des
moyens (nous-mêmes ou les autres) car alors nous porterions atteinte à notre dignité.
« Agis de telle sorte que tu traites lhumanité aussi bien dans ta personne que dans la personne
de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.
» Kant
Petite anecdote : M. Savriama connait un infirmier qui teste sur lui ce qu'il fait à ses patients, pour
mieux comprendre ce qu'ils ressentent. De la façon de positionner le masque à oxygène pour qu'il soit
le plus confortable possible au dextro Et peut-être la morphine, qui sait ?
C. La déclaration universelle des Droits de lHomme 1948
Rédigée aux lendemains de la Seconde Guerre Mondiale après la découverte des atrocités
perpétrées dans les camps de concentration.
Peut-on perdre sa dignité ?
En subissant des actes barbares ? En commettant des actes barbares ?
Volonté daffirmer que la dignité est inhérente à lHomme. Elle ne peut être enlevée.
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