Programme de la saison 1991-1992

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GRANDE
SALLE
• à partir du 4 octobre
LE TEMPS ET LA CHAMBRE
• 18, 19, 20 décembre
AMPHITRYON spectacle en langue allemande surtitré en français
• 10 au 25 janvier
THÉÂTRES DE L'AUTRE EUROPE
Bulgarie • Pologne • Roumanie spectacles surtitrés en français
• 31 janvier au 23 février
AJAX et PHILOCTÈTE
* Cycle Hispanique
• 11 au 15 mars
TIRANO BANDERAS
spectacle en langue espagnole surtitré en français
• 7 avril au 31 mai
LA VIE EST UN SONGE
• 11 au 14 juin
DONA ROSITA BLEIBT LEDIG
spectacle en langue allemande surtitré en français
• 23 juin au 1er juillet
LA DEL MANOJO DE ROSAS
spectacle musical en langue espagnole
PETIT
ODÉON
FILMS DE THÉÂTRE • 26 septembre au 6 octobre
POKER À LA JAMAÏQUE et L'ENTRETIEN DES MÉRIDIENS • 15 octobre au 15 décembre
ODÉON
.
THÉÂTRE
direction Lluîs Pasqual
DE
L'EUROPE
LECTURES IRLANDAISES • 19, 20, 21 décembre
SUR LA CÔTE ET L'AUTRE BORD • 3 janvier au 2 février
CARTE BLANCHE À UN ACTEUR • 18 février au 8 mars
place de l'Odéon, 75006 Paris. Tél : 43 25 70 32
RC Paris B 784 27 61 80
Responsable de la Publication: Cécile PROST
Collaboration : Valérie SIX • Jean TORRENT
Conception graphique: Laurence DURANDAU
Crédits photographiques :© Albert Facelly-sipa-press • Ruth Walz • Gérard Rondeau • Roger Viollet
Léonard Zubler • Jésus Alcantara.
L'ÉTAU et JE RÊVE (MAIS PEUT-ÊTRE QUE NON) • 24 mars au 30 avril
★ Cycle Hispanique
LECTURES ESPAGNOLES • 4 au 17 mai
ENTRE LAS RAMAS DE LA ARBOLEDA PERDIDA spectacle en langue espagnole
BUFAPLANETES • 9 juin au 4 juillet
22 au 31 mai
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e théâtre, en son éternité, se bâtit d'éphémère. Et de cette fragilité essentielle, il tire
une paradoxale vigueur, vit à jamais de rêves que l'on porte avec soi, de désirs
. toujours nouveaux, de projets impatients. Ainsi suis-je emporté moi aussi par la
LI mouvance de notre microcosme. Tout coule, nous dit Heraclite. Mais je me tiens
aujourd'hui en ce seul point où tout semble pour un instant se figer, en ce temps où une
saison s'achevant à peine, je viens présenter celle qui s'avance. Acte ultime de création,
puisque ce que nous nommons, de façon assez inconvenante et disgracieuse "programmation," relève en priorité d'un souci et d'une activité artistiques, même si viennent les contraindre un certain nombre de considérations économiques, administratives ou techniques.
Après une année à la direction de l'Odéon-Théâtre de l'Europe, l'heure n'est pas aux bilans.
Inscrire cette seconde saison sous le sceau de la continuité, n'est-ce pas pourtant affirmer
que quelque chose, déjà, a été accompli ? Et tel est bien mon sentiment. Aux célébrations
ronflantes, je préfère l'anecdote discrète, celle qui m'a été rapportée tout récemment : une
femme appelle le service de location du théâtre, elle veut retenir trente places. Est-elle
animatrice, enseignante dans un lycée, responsable d'un comité d'entreprise ? Rien de tout
cela, seulement une épouse qui invente pour l'anniversaire de son mari ce cadeau somptueux : le convier, en compagnie de ses amis, à une soirée au théâtre. Quel directeur de
théâtre n'aurait pas rêvé|que sa maison soit élue pour et par ce beau geste?
Il serait tentant d'ordonnancer ce que je nommais tout à l'heure continuité selon trois ou
quatre grands axes. Ce serait appauvrir, puisque, par delà l'apparence première d'éclatement et le caractère hétéroclite de la saison que vous allez découvrir, il existe comme un lien
de coeur, un sentiment secret, qu'il soit d'amitié ou d'admiration, que j'éprouve envers tous
les êtres qui seront les hôtes passagers de ce que j'aime à nommer "la maison". Mais il faut
bien être clair et décliner, en un ordre successif artificiel, les directions majeures qui nous ont
aidé à composer notre menu. Feuilletant cette brochure, chacun tracera pour lui-même la
topographie d'un paysage varié.
Nous voulons d'abord actualiser de fait ce qui fut initialement l'expression
d'un rêve magnifique et audacieux, établir cette "maison commune du
EUROPE théâtre européen" comme le lieu singulier que les grands créateurs européens pourraient à loisir investir. Ils y travailleraient, donnant à voir et à
entendre, en des langues diverses, la conflagration de leur sensibilité avec
un grand texte dramatique. Cette saison, Aillaud, Calderon de la Barca,
mu
Caramitru, Chéreau, Engel, Garcia Lorca, Gombrowicz, Gomez, Griiber,
Hamlet, Jarocla, Kleist, Peduzzi, Pirandello, Semprun, Shakespeare,
Sophocle, Strauss, Tchékhov, Valle Inclân, Vinaver, Wajda, Wispyanski,...
mu
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Le second mouvement de notre partition imaginaire me tient spécialement à cœur, à cause sans doute du don qu'il implique forcément,
de cette dépossession à laquelle je me livre volontiers, afin que la communauté théâtrale européenne invitée s'approprie plus intimement nos murs, qu'on y respire un air d'ailleurs, que d'autres rires fusent. Des trois contrées hôtes de l'Europe centrale (Bulgarie, Pologne
et Roumanie), la Pologne tout particulièrement (en quelque sorte l'Angleterre d'une Europe qui, hier encore autre, devient aujourd'hui
presque la même) nous proposera sa richesse jaillie d'une tradition théâtrale immense et séculaire.
Fourbir, en collaboration avec une structure dramatique nationale "de province", un projet commun dépassant largement le simple
accueil ou échange de spectacles, c'est résolument nous inscrire en faux contre cette assertion selon laquelle la séduction terroriste
exercée par la capitale entraîne inévitablement une dessication culturelle lorsque l'on franchit les limites de l'Ile-de-France. Après "Le
Volcan" au Havre et son directeur Alain Milianti, la Comédie de Reims et son directeur Christian Schiaretti nous en donneront cette
année la preuve.
A travers le monde entier, 1992 sera marqué par les célébrations du Cincentenaire de la découverte de l'Amérique. Si nous nous associons à cette entreprise gigantesque, ce n'est pas tant le désir de commémoration qui nous anime, non plus que la mauvaise conscience
qui jaillit à l'évocation d'une colonisation tout à fait barbare. Il s'agirait plutôt du nécessaire témoignage de la naissance d'une culture
métis. Sous la dénomination générique cycle hispanique, qui s'ouvrira au printemps 1992 avec la présentation en langue espagnole
d'une adaptation théâtrale de l'œuvre maîtresse de Valle
Inclân, Tirano Banderas, que je mettrai en scène, les spectacles
et manifestations proposés jusqu'en décembre 1992 sont une
invitation à la découverte d'un continent culturel aux dimensions
formidables, s'étendant par delà les frontières nationales espagnoles et latino-américaines. La présence de l'Odéon-Théâtre
de l'Europe comme hôte d'honneur du Festival d'Avignon 92
constituera le point culminant et dense de cet important projet
dont il sera bientôt temps de vous entretenir plus longuement.
"Ce qu'on ne peut dire, il faut le taire". Ainsi s'achève, je crois, le
Tractatus logicus philosophicus de Wittgenstein. Comment
parlerai-je dès lors de tout ce qui relève de la folie, du sentiment
amoureux, de tout ce qui, forcément, demeure imprévisible ?
J'exprime seulement ce vœu, que l'Odéon-Théâtre de l'Europe
ait toujours l'espièglerie et la souplesse indispensables à ménager un espace à notre propre étonnement, à notre plaisir donc.
Deux mots, pour terminer, de notre petite salle. Elle demeure le lieu privilégié de la parole théâtrale contemporaine (lectures irlandaises
et espagnoles, quinzaine SACD, Joël Jouanneau met en scène deux textes d'Evelyne Pieiller). Elle se fait, pour quelques jours, le lieu de
la mémoire audio-visuelle, mémoire imparfaite et parfois cruelle, que le théâtre cependant ne saurait ignorer plus avant.
Elle est enfin, dans les limites extrêmes imposées par son exiguïté, le lieu où le rêve éclôt, dans la parole des poètes (Alberti ou
Rimbaud), ou la magie éphémère et fragile de quelques bulles de savon.
Lluis Pasqual
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OTHO
STRAUSS
texte français de Michel Vinaver
PATRICE CHÉREAU
mise en scene
RICHARD PEDUZZI décor
MOIDELE BICKEL costumes
DOMINIQUE BRUGUIÈRE lumière
PHILIPPE CACHIA son
KUNO SCHLEGELMILCH maquillages et perruques
III
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Né en Thuringe en 1944, Botho Strauss est avec Heiner
Mijller l'auteur dramatique allemand contemporain le plus
joué en Europe. D'abord critique à la revue Theater Heute,
Botho Strauss entre de plein pied dans la pratique théâtrale
en travaillant, dès 1970, à la Schaubijhne de Berlin-Ouest.
Engagé par Peter Stein en qualité de dramaturge, Botho
Strauss traduit ou adapte Ibsen, Labiche et Gorki. Il se met
bientôt à écrire ses propres pièces. Après deux textes créés à
Hambourg et Stuttgart (les Hypocondriaques et Visages
connus sentiments mêlésj, il conçoit une pièce spécialement
destinée à la troupe de la Schaubijhne. C'est La Trilogie du
revoir, pièce en 45 séquences pour 17 personnages, que
Peter Stein crée en 1977 avec un succès
fulgurant. Dès lors, chaque première d'une
pièce de Botho Strauss est un événement.
Parmi les metteurs en scène qui ont servi
son œuvre, citonsoutre Peter Stein, Claus
Peymann, Claude Régy et Luc Bondy qui
créa Le temps et la chambre en 1989 à la
Schaubuhne de Berlin.
Botho Strauss a également publié récits et
romans (Théorie de la menace, La Dédicace, Raffut, Couples, Passants, Le jeune
homme, Personne d'autre).
CREATION
Marc Betton,
Roland Blanche,
Marc Citti,
Laurence Côte,
Pascal Greggory,
Anouk Grinberg,
Jean-Pierre Moulin,
Bulle Ogier,
Bernard Verley
Coproduction ODÉON - THÉÂTRE DE L'EUROPE • FESTIVAL D'AUTOMNE À PARIS
AZOR FILMS • avec le soutien de la FONDATION MERCEDEZ-BENZ • FRANCE
FONDATION
MERCEDES-BENZ FRANCE
HOMME PARTICULIÈREMENT DOUÉ RÉUSSISSANT A ÉPROUVER UNE IMPRESSION DE VITESSE PAR SIMPLE ROTATION DE LA TERRE
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AMPHITRYON
spectacle en langue allemande surtitré en français
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HEINRICH
VON
KLAUS MICHAEL GRUBER
KLEIST
mise en scene
GILLES AILLAUD décor
RUDY SABOUNGHI costumes
HARALD GERNIG lumière
GISBERT LACKNER son
Imogen Kogge,
Jutta Lampe,
Udo Samel,
Otto Sander,
Peter Simonischek,
Gerd Wameling
III
L'Amphiiryon de Molière, dont Kleist répète assez
fidèlement la structure tout en prêtant à l'argument un
caractère nouveau, dérive lui-même de la comédie
latine de Plaute. Rappelons-en la fable qui connut au
théâtre, avec quelques autres mésaventures conjugales, une fortune assez grande : Jupiter s'est épris
d'AIcmène. En compagnie
de son fidèle Mercure, il
descend sur la terre et,
profitant de ce qu'Amphitryon guerroie sur
quelque champ de
bataille, revêt les traits de
l'époux absent, tandis que
Mercure prend ceux de
Sosie, le serviteur
d'Amphitryon. Toute
émue du récit de l'ardeur
déployée au combat, Alcmène s'abandonne à une
longue nuit d'amour. Au retour de guerre, de la
confrontation des vrais et faux époux efserviteurs, jaillit
chez Amphitryon et Sosie un intolérable doute quant à
l'identité et l'intégrité de leur personne physique et
mentale. La naissance de deux jumeaux, le fils
d'Amphitryon et le demi-dieu Hercule, fruit des amours
d'AIcmène et Jupiter, apporte à la comédie un dénouement quelque peu improvisé.
Amphitryon, une comédie d'après Molière. Le titre
de Kleist, par-delà les apparences, dissimule plus
qu'il ne révèle. Il ne fait certes aucun mystère de ce que
l'auteur en use avec le texte de Molière plus librement
que ne l'autoriserait une traduction fidèle, mais promettant une comédie, il cache que la pièce, si elle l'est
encore par fragments, ne l'est plus dans son essence.
Une comédie exige une fin comique. Or, qu'en est-il ici ?
Si l'énigmatique "Ah !" d'AIcmène, par lequel Kleist
prend congé des spectateurs, laisse la voie libre aux
interprétations multiples, il en est une pourtant qu'il ne
tolère pas : celle qui affirmerait que la salle rit. Mais
peut-être le rire du spectateur se tient-il sur le fil de cette
dernière réplique. Du ciel, tonnerre et foudre de Jupiter
s'abattent comme accessoires de théâtre : par une irruption si baroque de la mythologie, un public éclairé n'estil pas déjà ici suffisamment
préparé à voir dans l'épiphanie
du dieu une facétieuse plaisanterie divine? A Amphitryon, le
maître de l'Olympe se révèle
avoir été l'amant nocturne de son
épouse. A quoi bon dès lors
l'annonce de la naissance d'Hercule ? Jupiter s'évanouit dans les
nuages tandis que le cortège des
dieux apparaît au sommet de
l'Olympe. En quel lieu plus qu'ici
Kleist chambarde-t-il la mythologie classique? Comédie? tragédie? ou mystère? La réplique
finale de Kleist, en tout cas, ne laisse
subsister aucun doute : Alcmène est
au centre de la pièce. Placée par
Jupiter devant l'alternative monstrueuse de désigner le véritable
Amphitryon, "à cette heure la plus amère de l'existence",
elle a fait le mauvais choix. De la traditionnelle comédie
d'Amphitryon, on a glissé vers le drame d'AIcmène.
(D'après Goft und Gaffe Zum Hinfergrund der Amphifryon-Komôdie
de Uvo Hôlscher à paraître in Kleist-Jahrbuch 1991)
Production de la SCHAUBUHNE A M LEHNINER
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spectacles surtitrés en français
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(sauf les spectacles bulgares*)
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Bulgarie
*du 18 au 29 septembre 1991 au Centre Georges Pompidou.
• Spectacles accueillis en collaboration avec le festival d'Automne et le Centre Georges Pompidou
TÉMOIGNAGES DE LUMIÈRE PENDANT LA PESTE d après Pouchkine et Atanassov
et EN JOUANT PETROUCHE VSKA d après Petrouchevska
mise en scène MARGERITA MLANDEVA
Productions du THÉÂTRE
SFUMATO
SOFIA
PÈRE UBU d'après Alfred Jarry et LA RONDE d'Arthur Schnitzler
mise en scène BORISLAV TCHAKRINOV
Productions du THÉÂTRE DERRIÈRE LE CANAL
SOFIA
Pologne
àLUB (Le mariage) de Witold Gombrowicz . mise en scène JERZY JAROCKI
et WESELE (Les noces) de Stanislas Wispyanski • mise en scène ANDREJ WAJDA
Productions du THÉÂTRE STARY DE CRACOVIE
POWOLNE CIEMIENIE MALOWIDEL d'après le roman Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry
mise en scène JERZY GRZEGORZEWSKI
Production du STUDIO THÉÂTRE DE VARSOVIE
Roumanie
HAMLET de William Shakespeare • mise en scène ALEXANDRE TOCILESCU
Production du THÉÂTRE BOULANDRA . BUCAREST
Après avoir accueilli les comédiens anglais et espagnols, l'Odéon • Théâtre de l'Europe invite cette saison des spectacles venus
de Pologne, Bulgarie et Roumanie.
L'identité théâtrale de ces pays a souvent été occultée par la trop commode et trop systématique référence au système idéologique
de leurs Etats. Seules quelques fortes personnalités artistiques sont parvenues à forcer le mur unificateur du cliché politique. Ainsi
Grotowsky et Kantor pour la Pologne. Or, pendant ce temps se forgeait une très forte expérience du jeu d'acteur traversant
plusieurs générations et permettant aujourd'hui de parler d'une véritable tradition de l'interprétation théâtrale propre à ces pays.
Ce sont ces générations d'acteurs que nous nous proposons de découvrir. Au-delà de notre curiosité, ces spectacles s'adressent à
notre perspicacité car il est temps de différencier ces pays et de cesser de les unifier dans le même moule idéologique comme les
boutons dans le grand chaudron des morts dont parle Peer Gynt. Temps également de saisir ce que signifie une tradition vivante,
sensible, capable de nous dire l'effervescence et les grands bouleversements plus justement sans doute que ne le fait un certain
terrorisme médiatique.
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traduction de François Rey
SOPHOCLE
CHRISTIAN SCHIARETTI
mise en scene
RENAUD DE FONTAINIEU décor
AGOSTINO CAVALCA costumes
(distribution en cours)
III
Après des études de philosophie et de lettres, Christian Schiaretti se forme au théâtre dans les
classes d'Antoine Vitez, Jacques Lassalle, Claude Régy. Comédien, puis enseignant à son tour au
CDN de Reims et au Théâtre National de Strasbourg, il est aujourd'hui l'un des metteurs en scène
de la jeune génération qui émerge et s'affirme sur les scènes françaises. Parmi ses réalisations,
Ariakos, de Philippe Minyana, Le journal d'un chien d'Oskar Panizza, Rosel d'Harald Mueller, et
un très remarqué Laboureur de Bohême de
Johannes von Saaz présenté à l'automne 1990
au TGP Saint-Denis. Il dirige depuis janvier 1991
la Comédie de Reims où il a donné au printemps
sa dernière création, Médée d'Euripide.
Ajax et Philoctète, deux héros bafoués, deux œuvres aux deux extrémités de
la vie de Sophocle, de l'artiste, mais de l'homme politique aussi : un homme de
quarante ans écrit la première, un vieillard de quatre-vingt-sept ans la seconde.
Homère compare Ajax à un âne têtu. L'Ajax de Sophocle n'est pas moins
entêté. A son père, qui lui dit toujours d'implorer le secours des dieux, il
répond : "Avec l'aide des dieux, père, cette victoire, même un homme de rien la
pourrait obtenir. C'est sans les dieux que, pour ma part, je suis bien sûr de
ramener la gloire." Ce géant "qui dépasse les Argiens de sa tête et de ses
larges épaules", qui refoula les Troyens d'un vaisseau "en brandissant dans ses
mains une pique d'abordage mesurant vingt-deux coudées", veut soudain être
responsable de sa vie et combattre le monde pour son propre compte. Il
semble être le premier héros moderne de la tragédie grecque. Sophocle fait
une lecture virulente d'Homère, il concrétise le tragique par le suicide du héros.
Longtemps le corps ensanglanté restera sur scène.
Philoctète a été exclu de la communauté des
hommes, abandonné avec un tas de haillons et une
poignée de nourriture sur l'île de Lemnos. Comme
les estropiés de Beckett, il se trouve réduit à la faim,
à la soif, à la souffrance. "Je regardais partout, et je
ne voyais rien que matière à souffrir, mais pour cela,
mon fils, matière en abondance". Ce déchet humain,
ce "mort parmi les vivants", possède toujours l'arc
invincible. Sans cet arc et sans cet homme, la guerre
ne peut être gagnée, c'est ce que révèle l'oracle.
Une fois encore, on a besoin de lui. Il doit être livré
vivant, par la ruse, la force ou la persuasion. Un
violent drame politique se joue maintenant sur l'île
déserte. Le banni doit devenir un sauveur, le
lépreux, un héros national. Philoctète ne peut opposer que sa blessure, un
témoignage puant de l'injustice divine et de la lâcheté humaine. Philoctète est
une blessure qui ne s'est pas refermée. Sa blessure est sa force.
D'Ajax à Philoctète, montrer la nécessité de l'apprentissage du politique, mais
aussi garder, dans le désarroi et la pureté du suicide, la nostalgie d'Ajax.
Christian Schiaretti
Coproduction O D É O N
THÉÂTRE DE L'EUROPE • COMÉDIE DE REIMS
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Cycle hispan
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spectacle en langue espagnole surtitré en français
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CREATION
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RAMON
DEL
VALLE-INCLÂN
adaptation de Jorge Semprun
LLUIS PASQUAL
avec
mise en scene
Alfredo Alcon
(distribution en cours)
En guise d'ouverture, une symphonie tropicale, tonitruante et discordante. A Santa Fe de Tierra Firme, sur un lointain rivage du Pacifique, la population célèbre dans la liesse la fête des Saints et Trépassés, et le vacarme des
fusées et des pétards se mêle au fracas des pelotons d'exécution. La République est en pleine révolution, les
"rancheros" rebelles et les péons insurgés s'agitent aux abords de la ville.
Sur cette scène pleine de bruit et de fureur, l'histoire se déchaîne, convulsive et brutale, et entraîne une multitude de
personnages dans une farce sanglante, un guignol tragique, une parodie bouffone.
Au premier rang d'entre eux, le général-président Don Santos Banderas, le tyran cruel et impitoyable, incarnation
grotesque et terrifiante du Césarisme politique. C'est lui qui mène la danse (chantage, corruption, espionnage,
répression), une danse macabre, et il a, comme il se doit, le masque de la mort. Momie taciturne et lugubre, le crâne
pelé et parcheminé, des mains de cire, il dissimule son regard mystérieux derrière des lorgnons noirs. Squelette au
profil d'oiseau nocturne, il promène sa stoïque cruauté d'indien à pas furtifs de rat fouineur, une salive verdâtre de
coca dégoulinant perpétuellenemt de sa bouche aux claviers édentés.
Publié en 1926 en Espagne, Tirano Banderas est donc le portrait abject et repoussant d'un dictateur, dont les traits
monstrueux renaîtront sous des plumes latino-américaines plusieurs décennies plus tard : pensons au Président de
Miguel Angel Asturias, au Patriarche de Gabriel Garcia Marquez et au Suprême d'Augusto Roa Bastos.
Mais c'est aussi, et surtout, une peinture féroce et précise d'une terre minée par la
tyrannie et, au-delà, une mise à nu des figures et des motifs de la tyrannie ellemême. Au moyen de courtes séquences pleines de vie et de théàtralité, qui ont
la densité et la mobilité de plans cinématographiques, Valle-lnclân esquive à
chaque instant la mécanique tragique, trop réductrice, trop humaine, au
profit de l'ironie cruelle, du grotesque impitoyable et du comique destructeur, pour faire apparaître au premier plan une autre mécanique, sauvage
et barbare, inhumaine en tout cas. La tyrannie est comme ces "trous noirs" de
l'espace sidéral dont la gravité est si forte que rien ne peut s'en échapper. Elle
est un virus qui pervertit et corrompt tout, et malgré sa revendication permanente d'ordre elle génère une incroyable pagaille, un formidable chaos. Et le
tyran est une "naine blanche", un astre froid qui ne se maintient en équilibre dans sa
solitute glacée que par la force de l'exclusion. Dès lors, suffit-il d'abattre le tyran pour
que la
tyrannie disparaisse avec lui ? L'esthétique de la déformation systémati que (le vfV fameux esperpento), que Valle-lnclân met en oeuvre avec une virtuosité stupé- .,i\v fiante et une cruauté redoutable, est au fond un geste moral qui
pion g e**V V
brutalement au coeur des choses à la recherche d'une vérité. Ici, le
une grimace, et la parodie exacerbe le documentaire. Comment
penser, à la lecture de ce roman, aux Caprichos ou aux Disparates de Goya, pour la noirceur du trait et le pessimisme de la
vision, aux Suenos de Quevedo, pour la férocité du regard
satirique et la verve dulangage, ouà Bosch, pourla beauté
paradoxale du chaos et du monstrueux.
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Gérard Richet
Coproduction S0C1EDAD ESTATAl QU INTO CENTENARIO .MADRID
ODÉON- THÉÂTRE DE L 'EUROPE
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Cycle hispanique
DON
PEDRO
JOSÉ LUIS GOMEZ
mise en scène
(distribution en cours)
José Luis Gomez a longtemps travaillé en RFA, où il a fait ses
débuts d'acteur, avant de revenir en Espagne au début des
années 70. Il commence par y produire des pièces du répertoire
germanique (Handke, Kafka, Weiss, Buchner) qu'il met en scène
et dans lesquelles il joue. A partir de 1975 il se consacre essentiellement au cinéma, sous la direction des plus grands réalisateurs
espagnols (Carlos Saura, Manuel
Gutiérrez Aragon) ou étrangers
(Joseph Losey). En 1976 il reçoit le
Grand Prix d'interprétation masculine du Festival de Cannes pour son
rôle dans Pascual Duarte. En 1978 il
prend la direction du Centro Dramaticô Nacional avec Nuria Espert et
Ramôn Tamayo, puis deux ans plus
tard celle du Teatro Espanol de
Madrid. Depuis plusieurs années, il
mène de front une carrière de
metteur en scène et d'acteur
de cinéma, de télévision et de théâtre. Récemment; il a joué le
rôle d'Hamletsous la direction de José Carlos Plaza et il a monté
Bodas de Sangre et Quimera y amor de don Perlimplin en su
jardin de Lorca. Il tourne actuellement dans le film Beltenebros
réalisé par PilarMirô. La vie est un songe est sa première mise en
scène en France.
Pedro Calderon de la Barca nous convie à un spectacle particulièrement pervers et troublant: il nous
invite à assister à une expérience in vivo réalisée sur un être humain, une expérience limite de savant
fou, qui a pour objet d'observer ce que l'homme a de plus profond en lui, la vie. Non pas la vie organique, nous ne sommes pas dans quelque amphithéâtre de la faculté de médecine, mais la vie essentielle,
la vie en tant que valeur à l'aune de laquelle nous mesurons notre humanité.
Que voyons-nous ? Un homme enfermé depuis sa naissance dans une tourobscure, enchaîné etvêtu de
peaux de bêtes, un enfant sauvage expérimental, un artefact humain, en quelque sorte. Losqu'on le tire
de sa geôle pour le plonger dans le monde, il y provoque une belle pagaille qui se termine par une
guerre civile (notre homme est prince héritier de Pologne). Spectateurs de multiples péripéties, des intrigues entrecroisées et des rebondissements de la pièce, nous sommes également les témoins médusés
du spectacle inédit que constitue le choc primordial du monde et de la nature humaine.
Le résultat de l'expérience nous est délivré par le "cobaye" lui-même :
"Qu'est-ce-que la vie? Un délire.
Qu'est-ce-que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction".
D'autres poètes, par la simple introspection, sont parvenus à une conclusion similaire.
Ainsi, Jacques de Vallée des Barreaux:
"Le dirais-je, Mortels, qu'est-ce que cette vie ?
C'est une songe qui dure un peu plus qu'une nuit."
Cette vérité forte n'a pas échappé à Thérèse d'Avila et elle l'a exprimée, comme il se doit, avec son
radicalisme habituel :
'Tout ce que je vois avec les yeux du corps me semble un songe, une moquerie; des yeux de l'âme, j'ai
vu au loin ce qu'elle désire, et c'est mourir."
Certes, la vie est un songe, mais au moins conservons-nous une faculté essentielle, celle de rêver notre
vie, et éventuellement d'en faire une œuvre d'art. Or, la science ne cessant de progresser, Jorge Luis
Borges nous a révélé que même ce rêve est une illusion :
"Avec soulagement, avec humiliation, avec terreur, il comprit que lui aussi était une apparence, qu'un
autre était en train de le rêver."
Cela dit, dehors comme au théâtre, la vie continue.
Gérard Richet
Production O D É O N
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THEATRE
L'EUROPE
DONA
ROSITA
CREATION
BLEIBT
spectacle en langue allemande surtitré en français
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Cycle hispanique
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FEDERICO
GARCIA
Dans une Grenade fin de siècle teintée de romantisme, Rosita attend pendant vingtcinq ans le retour de son fiancé qu'elle sait secrètement marié en Amérique. Sa vie
s'est figée en un destin borné par le mensonge et la dissimulation, la solitude et la
douleur. Son existence est une interminable agonie dont elle ne parvient pas à
mourir : elle vieillit, elle se flétrit, comme les fleurs du jardin de son oncle, et lorque la
pièce se termine, elle sort, c'est tout, et la scène reste vide. "J'ai tenu à suivre la ligne
la plus pure du commencement à la fin de ma comédie", précise Lorca. Comédie ?
On sait que, en éliminant par avance toute interprétation anedoctique et tout traitement réaliste, Lorca a voulu que les personnages de ses pièces renvoient à des
silhouettes et des caractères réels. Il définit le destin de Rosita comme "la vie paisible à l'extérieur, mais consumée en-dedans, d'une jeune fille de Grenade qui
devient peu à peu cette chose grotesque et émouvante, la vieille fille espagnole." Et
il ajoute : "Que de femmes espagnoles se verront reflétées dans Dona Rosita,
comme dans un miroir!"
Mais, au-delà du contexte social de l'Espagne de
1935, aujourd'hui lointain, et au-delà de la stylisation andalouse et de l'allégorie botanique, qui ont
le charme discret de l'exotisme, le personnage de
Rosita surprend par son intensité. Son acceptation est excessive aux yeux mêmes de la
conscience bourgeoise qui l'étouffé, et son renoncement est scandaleux aux yeux des tenants de
"la vie telle qu'elle est". C'est qu'elle n'est pas
seulement la petite bourgeoise provinciale,
soumise et résignée, victime malheureuse des
tabous du clan (la famille, le voisinage). Elle
exacerbe la soumission et la résignation jusqu'au
vertige. A la frustration qui lui est infligée, elle
répond par le radicalisme de sa solitude et de son
silence. Son désir fou de respect d'un ordre social
qui la mutile en révèle l'absurdité avec autant de
force que la révolte d'autres héroïnes de Lorca
(Adela ou la Fiancée des Noces de Sang, par
exemple) en révèle la violence. En définitive, le
théâtre de Lorca semble nous renvoyer à ce dilemme : la transgression conduit à la
mort ou à l'exclusion, et l'intégration au pourrissement.
LORCA
traduction allemande de Herbert Meier
WOLFGANG ENGEL
BERT NEUMANN décor
RENÉ HENDRIX costumes
mise en scene
Carmen Renate Kôper,
Cornelia Schmaus,
(distribution en cours)
Wolfgang Engel, dont le travail sera présenté en France pour la
première fois, a effectué l'essentiel de sa carrière dans l'ancienne RDA.
D'abord comédien, il se dirige rapidement vers la mise en scène. Après
des débuts en province, il travaille à Berlin-Est, au Theater der Freundschaft, en tant que metteur en scène et professeur, jusqu'en 1980, année où il est engagé au
Schauspielhaus de Dresde. C'est là qu'il monte
les spectacles qui lui valent sa réputation
actuelle : Penthésilée de Henrich Von Kleist,
Die Nibelungen de Friedrich Hebbel, Titus
Andronicus, Anatomnie Fall of Rome de
Heiner Muller, Faust I et II de Goethe, etc.
Depuis 1990, il travaille comme metteur en
scène indépendant dans divers pays européens, notamment au Burgtheater de Vienne
et au Schauspielhaus de Zurich. A partir de la saison 1991-92 il assumera la responsabilité artistique du Schauspielhaus de Francfort sous la
direction de Peter Eschberg, avec le projet de monter Torquato Tasso
de Johann Wolfgang von Goethe.
Gérard Richet
Production SCHAUSPIELHAUS
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FRANKFURT
9 2
LA
2 3
.1er
juillet
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9 2
Selon Calderon de la Barca, la zarzuela est "une petite
fable dans laquelle, comme en Italie, les comédiens chantent et jouent." Il s'agit donc d'une forme de spectacle, que
l'on pourrait nommer, sans s'éloigner trop d'une tradition
née au XVIIe siècle, la comédie musicale espagnole.
Au XVIIe siècle, les compositeurs introduisent dans leurs
oeuvres des éléments de musique et de danse populaires
espagnoles qui marqueront pour toujours le caractère de la
zarzuela. Le genre traverse une période de décadence et
d'oubli durant la première moitié du XIXe siècle, mais renaît
avec une force définitive sous l'influence de musiciens
comme Barbieri, Arrieta, mais aussi des grands compositeurs de la génération suivante, Chapi, Chueca et Breton, les
pères de l'important mouvement de tradition nationale
(Albeniz, Falla, Granados) qui portera au début du XXe
siècle le rayonnement de la musique espagnole bien
au-delà des frontières ibériques.
La production de zarzuelas prend fin lors de la guerre civile.
Depuis, l'engouement populaire formidable pour le genre,
rendu plus aigu encore par la contribution qu'apportèrent
de grands écrivains (Arniches, Perez Galdos, le Balzac
espagnol, et les frères Quintero) à la rédaction de nouveaux
livrets, n'a jamais faibli.
La del manojo de rosas fut créée à Madrid en 1934. Pablo
Sorozâbal, le compositeur, avait souhaité "une musique
simple, spontanée et gaie, susceptible d'évoquer pourtant
une riche variété de sentiments." L'argument du livret de
Francisco Ramos de Castro et Anselmo Carreno est simple :
Ascenciôn, une jeune fleuriste madrilène fière de ses origines ouvrières, aime le mécanicien Joachim. Un jour qu'elle le
surprend, vêtu comme un dandy auprès de Dona Rosita, à
qui elle apporte quotidiennement des roses, Ascenciôn
soupçonne Joachim d'avoir abusé de sa confiance. D'amertume, elle le repousse et tombe dans les bras de l'aviateur
Ricardo. Leurs amours seront malheureuses. Tout se résoudra cependant pour le meilleur lorsque la jeune femme aura
découvert ce qu'elle avait toujours ignoré : Dona Rosita est
la mère de Joachim.
Production THEATRO
O
LIRICO
NACIONAL
LA
ZARZUELA
•
MADRID
Zarzuela de
PABLO SOROZÂBAL
livret de FRANCISCO RAMOS DE CASTRO
et ANSELMO C. CARRENO
spectacle musical en langue espagnole
EMILIO SAGI
mise en scene
O
MIGUEL ROA
direction
sicale
CARMINA BURANA atelier décor
ALFONSO BARAJAS costumes
GOYO MONTERO chorégraphie
IGNACIO RODRIGUEZ chef de choeur
«I
(distribution en cours)
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15
FILMS
octobre
DE
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décembre
91
POKER
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avec Eric Doye, Marie Carré... (distribution t
THEATRE
AÏQUE
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EN ALTERNANCE
L'ENTRETIE
DES
EVELYNE PIEILLER
Sans doute pourra-t-on sourire du paradoxe: projeter, une semaine
durant, dans une salle de théâtre, des films consacrés au théâtre ! Et pourtant: rien de plus réjouissant, dit Peter Brook, qu'un paradoxe.
On l'a dit maintes fois : l'enregistrement audio-visuel d'un spectacle vivant
ne préserve pas l'émotion inaliénable du spectateur face à la scène.
La déperdition émotionnelle constituerait dont l'inévitable tribut que le
théâtre doit verser aux techniques audio-visuelles afin d'accéder à une
mémoire, fût-elle partielle, de soi-même.
Notre désir de donner naissance à un Festival de Films de Théâtre, a jailli
de la nécessité de faire connaître au plus grand nombre certaines œuvres
ou expériences théâtrales essentielles dont la pellicule a conservé un
souvenir. Pour quelques-uns, les images projetées redresseront en partie
l'injustice banale et brutale d'être nés un peu tard.
La notion de trace, si elle est fondatrice, ne saurait pourtant nous contenter tout à fait. Il nous importe d'engager, en amont, un débat esthétique
sur la relation entre théâtre et audio-visuel. A ce jour, l'indigence et les
limites de la réflexion se mesurent à l'aune de quelques idées reçues.
La nécessité s'imposerait alors d'elle-même que le rendez-vous devînt
annuel. Et c'est bien là notre vœu.
Coproduction:ODÉON - THÉÂTRE DE L'EUROPE . LA SEPT . SOCIÉTÉ D'ÉTUDE AUDIOVISUELLE .
UNION DES THÉÂTRES DE L'EUROPE.
JOËL JOUANNEAU mise en scène
JACQUES GABEL décor
FRANCK THÉVENON lumière
E R I D I
avec Pierre Ascaride et Jacques Pieiller
POKER A LA JAMAÏQUE
Ils ont décidé de regarder le temps passer. Pour savoir ce
qu'enfin ils choisiront d'en faire. A regarder le temps passer, ils ont vu les vieux morts s'agiter, et leurs nerfs à eux
faire de l'électricité. C'est fatigant, mais c'est stimulant. Ils
ne cherchent pas à être heureux. Ils cherchent à être
vivants: Théo et Capitaine, au complet, ou à peu près.
Quand viennent les déranger un homme qui veut gaillardement oublier qu'il se demande bien pourquoi il dure, et
un autre qui entreprend de préparer correctement sa fin,
Déclass et le Vieux, le poker peut commencer.
L'ENTRETIEN DES MÉRIDIENS
C'est la nuit.
Deux hommes sortent d'une maternité. On est donc papa,
dit le nommé Shakespeare. Ça a l'air simple. Mais c'est
quoi ? Ah, dit l'autre, présentement l'Acolyte, si on va par
là, ça risque d'être long. Pourquoi, tu as à faire, dit Shakespeare. Sans blague. Raconte. Il faut peut-être que tu
gagnes ta vie. Ta quoi? Oh là.
Ils s'entretiennent. Le long d'un méridien. Plus ou moins.
Pendant ce temps-là, la terre tourne. Et le sang dans le
circuit des veines en fait tout autant.
E
Evelyne Pieiller
Evelyne Pieiller
Poker à la Jamaïque a été lu dans le cadre de la Semaine
SACD en 1990 au Petit Odéon.
Coproduction : F E S T I V A L D'AVIGNON , ODÉON - THÉÂTRE DE L'EUROPE .THÉÂTRE DE
SARTROUVILLE .L'ELDORADO THÉÂTRE 71/MALAKOFF Avec l'aide du Ministère de la Culture, de l'ADAMI et de la Fondation
Beaumarchais • spectacles créés au Festival d'Avignon 91
S
19
.
20
.
21
décembre
91
18
LECTURES
IRLANDAISES
Il y a fort à parier que l'embarras naîtrait promptement chez l'interlocuteur français à qui l'on demanderait des nouvelles de
l'Irlande littéraire ou dramatique: Joyce et Beckett, bien sûr! - Mais encore?"
L'Odéon-Théâtre de l'Europe et le Centre International de La Traduction Théâtrale (Maison Antoine Vitez) invitent à la
découverte d'une "Irlande au théâtre": lectures en français de textes inédits d'auteurs irlandais contemporains (Thomas
Murphy, Colin Teevan, Steward Parker, Chris Nolan,...), débat réunissant des gens de théâtre français et irlandais autour du
théâtre irlandais au-delà de ses frontières.
ODÉON . THÉÂTRE DE L'EUROPE . CENTRE INTERNATIONAL DE LA TRADUCTION
THÉÂTRALE (MAISON ANTOINE VITEZ)
UR
LA
COTE
ET
(distribution en cours)
CARTE
UN
février
BLANCHE
ACTEUR
.
8
mars
92
À
GENEVIÈVE PAGE
La salle Roger Blin, ce lieu magique que nous nommons Petit Odéon, où tant de textes ont pris âme, corps et voix pour la première fois,
nous aimerions régulièrement l'offrir à un acteur. Galanterie oblige, il était naturel qu'une actrice ouvrît les feux : Geneviève Page, notre
Madame Irma du Balcon présenté la saison dernière. Pour quelques jours, elle sera maîtresse des lieux, elle vous y recevra. L'offre était
simple : "Vous auriez cette maison, son public. Vous en feriez ce qu'il vous plairait." La réponse ne le fut pas moins : "J'y dirai et lirai
les textes que j'aime."
Production: ODÉON . THÉÂTRE DE L'EUROPE
24mars.30avril92
JE
RÊVE
(MAIS
L'ET
PEUT-ÊTRE
QUE
G t
NON)
de L U I G I PIRANDELLO
L'AUTRE
3
janvier
•
2
BORD
février
92
d'après la correspondance d'ARTHUR RIMBAUD
PATRICK HAGGIAG : mise en scène . ESTELLE COURTOIS : décor . JEAN TORRENT : dramaturgie
Moi, il m'appelle parfois Djami, mais je sais que c'est parce qu'il le veut, et que cela rentre dans son rêve voulu; ainsi, au reste, il
mêle tout et... avec art. Nous sommes au Harar, nous partons toujours pour Aden, et il faut chercher des chameaux, organiser la
caravane; il marche très facilement avec la nouvelle jambe articulée, nous faisons quelques tours de promenade sur de beaux
mulets richement harnachés; puis il fauttravailler, tenir les écritures, faire des lettres. Vite, vite, on nous attend, fermons les valises et
partons. Pourquoi l'a-t-on laissé dormir ? Pourquoi ne l'aidé-je pas à s'habiller ? Que dira-t-on si nous n'arrivons pas au jour dit ?
On ne le croira plus sur parole, on n'aura plus confiance en lui I Et il se met à pleurer en regrettant ma maladresse et ma négligence :
car je suis toujours avec lui et c'est moi qui suis chargée de faire tous les préparatifs.
(Lettre d'Isabelle Rimbaud à sa mère, 28 octobre 1891)
Départ improbable. Projeté à l'heure où la paralysie gagne le corps mutilé et que la vie seule est en partance. Sur l'autre bord,
quelques traces, l'inconstante mémoire de ce qui fut mais demeura caché. Poussière de café dans l'angle d'un mur.
Production:ODÉON .THÉÂTRE DE L'EUROPE
DIDIER BEZACE
JEAN-LOUIS BENOÎT
mise en scène
avec
les Comédiens Français
(distribution en cours)
Co-production :
COMÉDIE FRANÇAISE
ODÉON .THÉÂTRE DE L'EUROPE
Un homme d'affaires entreprenant découvre qu'il est trompé par sa femme avec un
ami très proche, et en tire âprement vengeance par un châtiment préparé de sorte
à faire naître au préalable une atroce angoisse chez les coupables.
Entre deux assoupissements porteurs d'images terrifiantes et face à un amant qui
ne sait que refaire les gestes de la dévotion, rabacher ses obsessions de jaloux
infantile, une jeune femme répète minutieusement la scène de la jalousie qu'elle
redoute, suppute les mouvements de l'adversaire, invente les répliques ambiguës
les mieux capables de désarmer sa colère sans renoncer à le convaincre de lui
rendre sa liberté.
Entre la première et l'ultime pièce en un acte de Luigi Pirandello, il y a certes la
parenté thématique qui unirait deux pièces de l'inquisition jalouse. On mesurera
cependant l'espace vertigineux qui sépare Letau, d'inspiration presque vériste, de
Je rêve (mais peut-être que non) où la "réalité du rêve", chargée d'ambiguïtés et
constellée de menaces et d'images de mort, se rattache aux inventions pirandelliennes les plus saisissantes et novatrices.
cycle hispanique
LECTURES
BUFAPLANETES
ESPAGNOLES
4
9
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Si le cycle hispanique s'inscrit raisonnablement dans les célébrations du Cincentenaire de la découverte de l'Amérique, il est
naturel cependant qu'il ne se limite point à la seule évocation du souvenir. L'Odéon-Théâtre de l'Europe convie à la découverte
et l'exploration d'un espace littéraire dramatique que deux coordonnées suffiraient à définir: le temps présent et la langue
espagnole. Lectures seront données, en traduction française et en langue originale, de textes d'auteurs contemporains
espagnols et latino-américains.
ENTRE
DE
2 2
mai
.31
mai
LAS
LA
92
spectacle en langue espagnole
Rafaël Alberti. Presque un mythe. Le dernier survivant, en tout
cas, de "la génération de 27". Tous furent ses amis: Federico
Garcia Lorca, Miguel Hernandez, Luis Cernuda, mais aussi les
artistes de l'exil et de la guerre civile, Pablo Picasso, Antonio
Machado, Luis Bunuel, Salvador Dali.
Il y a quelques années, Alberti publia ses mémoires. Texte
riche, foisonnant à partir duquel José Luis Pellicena crée un
spectacle sensible, une promenade à travers la vie et l'œuvre
d'un grand poète, mais aussi le parcours d'une période de la
vie culturelle espagnole dont la fécondité et la brillance n'ont
peut-être d'égales que celles qui illuminèrent le siècle d'or de
Cervantes, Lope de Vega et Calderôn.
RAMAS
ARBOLEDA
P
E
R
D
I
D
A
d'après les mémoires de
Rafaël Alberti
JOSE LUIS ALONSO
mise en scène
DANTE FERRARI
José Luis Pellicena
Production OLGA MOLITERNO
de PEP BOU
juin
.
4
juillet
92
Pep Bou. Le nom rebondit dans la bouche. Boule de gomme,
bulles de savon. Emerveillements d'enfance.
De ces créatures impalpables, dont l'existence éphémère et fragile s'établit à l'extrême limite des lois physiques. Pep Bou dit
qu'elles sont simples et douces. "Comme les illusions, les bulles
de savon volent haut. Comme elles, elles sont délicates et ne font
aucun bruit lorsqu'elles se brisent." Pourtant, nos yeux se
ferment comme pour la plus formidable des explosions.
Pep Bou est-il clown, prestidigitateur, mage ? Sculpteur, peintre,
chimiste? Une réponse s'impose d'évidence en tout cas: il est
poète assurément.
et
4
.
14
février
aussi...
92
QUINZAINE DES AUTEURS CONTEMPORAINS
Si l'auteur de théâtre a la liberté de son processus de création, son œuvre en revanche doit séduire les êtres qui lui prêteront
corps et esprit pour l'incarner. Il y a des cas où le coup de foudre et l'empathie entre un auteur et un interprète (metteur en
scène ou comédien) ont généré des complicités artistiques et éthiques fondamentales pour l'histoire du théâtre (Stanislavski/
Tchékhov, Blin/Genet, Stein/Strauss, Chéreau/Koltès, pour en citer quelques-uns).
Mais il existe aussi d'autres manières de faire entendre la voix d'un poète : c'est dans une tradition classique allant des récits
orientaux aux salons littéraires en passant par l'agora grecque que s'inscrit la collaboration entre l'Odéon-Théâtre de
l'Europe et la SACD pour la Quinzaine des auteurs contemporains, dans la croyance que les mots qu'on va prononcer
pour la première fois au Petit Odéon produiront un écho dans l'esprit des spectateurs et provoqueront le voyage vers
leur destin ultime : l'incarnation sur un plateau pour un public qui en tout liberté recevra la pulsion vitale que chaque auteur
aura instillée dans son texte.
Production:ODÉON .THÉÂTRE DE L'EUROPE/SACD.
SÉMINAIRE DE FORMATION
L'Odéon-Théâtre de l'Europe, le D.E.S.S. de gestion des institutions culturelles de l'Université de Paris-Dauphine et l'Association Française d'Action Artistique ont décidé de conjuguer leurs efforts pour organiser un ensemble de rencontres
européennes et internationales sur le théâtre en Europe.
Ces journées d'études porteront sur les échanges de productions théâtrales dans les pays de la communauté européenne et
par la suite sur le statut des comédiens en Europe.
Le premier de ces séminaires se tiendra les 21 et 22 novembre 1991 à l'Université de Paris-Dauphine et s'adressera aux
professionnels du spectacle, aux journalistes, aux étudiants et à toutes autres personnes intéressées.
FORMATIO
Prix grande salle
PRATIQUES
Location
• PLEINS TARIFS
150F, 100F, 75F, 50F, 30F. Voir plan de la salle: lre, 2°, 3S, 4° et 5° catégories. (Tarif spécial pour
Amphitryon : 190 F, 130 F, 90 F, 60 F, 37F).
• TARIFS PREFERENTIELS
• Abonnement à 3 spectacles ou plus*: de 20% à 34% de réduction.
• Carte Odéon : laissez-passer à tous les spectacles de la grande salle*
54% de réduction.
• Abonnement spécial étudiants: 3 à 7 spectacles en langue étrangère
50% de réduction. Renseignements: 43 25 8626
■ GRANDE SALLE
• Aux guichets du théâtre et par téléphone au 43 25 70 32
• Par minitel : 3615 THEA; la location est ouverte deux semaines à l'avance jour pour jour de 11 h à 18 h 30.
• Par correspondance: les commandes doivent parvenir au service de location au moins trois semaines avant la date
choisie. Joindre le règlement et une enveloppe timbrée à la demande de réservation. Les demandes sont traitées dans leur ordre
d'arrivée et dans la limite des places disponibles.
• Pas de location pour les places du deuxième balcon 3/4 et de l'amphithéâtre, vendues 1/2 heure avant le début de
chaque représentation.
IEON
• Uniquement aux guichets du théâtre, 1/2 heure avant le début de la représentation. Pas de location à l'avance.
Possibilité de réserver des groupes pour certaines représentations.
*voir formulaire d'abonnement
• TARIFS REDUITS
• 120F, 80F, 60F : Pour les groupes à partir de 10 personnes le même jour:
réservations au 43 25 86 26.
Pour les titulaires d'une carte Vermeil.
• 95 F, 70 F, 55 F : Uniquement les samedis en matinée pour les personnes à la retraite et 48 F pour
les jeunes de moins de 26 ans qui les accompagnent.
• 48F
: Moins de 26 ans; 45 minutes avant le lever du rideau.
Pour Amphitryon, renseignements au 43 25 8626
Prix petit odéon
• TARIF UNIQUE: 67F (moins de 26 ans, carte Vermeil, groupes: 47F)
• ABONNEMENT A SIX SPECTACLES: 300Fau lieu de 402F
Renseignements
ODEON • THÉÂTRE DE L'EUROPE
1, place de l'Odéon, 75006 Paris
• Service des relations avec le public :
Annick Couapel 43 25 70 32 Minitel wài
• Bar ouvert avant le spectacle et à l'entracte.
• Vestiaire et placements gratuits.
Pourboires interdits.
• Métro: Odéon et Luxembourg.
• BUS: 21, 27, 38, 58, 63, 84, 85, 86, 87, 89, 96.
• Parking : rue Soufflot. La direction du parking
Soufflot consent une remise de 50% aux
spectateurs, sur présentation du billet daté du jour,
dans la mesure des places disponibles
(stationnement en soirée entre 20 h et 24 h, ou en
matinée, entre 14 h et 18 h).
Ve CAT. 2e CAT. 3e CAT. 4e CAT. 5e CAT.
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O D É O
EUROPE
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